Ce n’était pas dans ses habitudes, mais aujourd’hui Soyle fuyait. Bon, pas comme on peut fuir en courant face à un grave danger. Disons simplement qu’il y avait quelqu’un ici qu’elle préférait éviter. Le château était grand après tout, ce n’était pas si difficile. Et pourtant, c’était sans doute un hasard, mais il avait l’air de la suivre partout. Horace Slughorn était un vrai pot de colle. Même quand il ne le faisait pas exprès. C’était presque certain, ils se croisaient juste par hasard. Mais Soyle n’avait juste pas envie, pas aujourd’hui, elle n’avait pas envie de le voir ou de lui parler. Il ne l’inspirait pas, il arrivait même qu’elle le trouve assez peu supportable. Ils avaient parfois des conversations plates que l’on peut avoir entre collègues. Mais pas aujourd’hui. Sauf qu’à force de chercher à l’éviter, elle y avait passé la matinée entre ses cours. Et au final, elle n’avait pu aller dans le hall ouvrir sa petite boîte comme tous les jours qu’en début d’après-midi. Et en quatrième vitesse, on ne sait jamais !

La vie suivait son cours à l’école. Les choses se passaient simplement, paisiblement. Et toujours autour de ces boîtes dans le hall, ce grand calendrier de l’avant qui donnait le sourire à tous ceux qui l’ouvraient. Chaque jour sa petite surprise. Certains avaient même l’idée de glisser de petites surprises chez les autres. C’est vrai que c’était une bonne idée, il faudrait que Soyle y réfléchisse. Pas grand-chose, un petit mot d’encouragement par exemple, ou un petit rappel à l’ordre gentil pour certains. Oui, cela pourrait être une idée. Mais en même temps, seraient-ils bien contents de trouver un mot d’un professeur dans ces boîtes ? Certainement pas tous, évidemment. Mais peut-être certains tout de même. Il y avait parmi ces jeunes gens quelques personnes pour l’apprécier alors peut-être que cela leur ferait plaisir. Ou pas du tout. C’était difficile à dire avec des jeunes gens de leur âge. Et Soyle était peut-être l’une des pires personnes pour savoir ce qu’ils pouvaient penser, surtout d’elle. Elle verrait, il restait encore quelques jours avant la fin du calendrier.

Décembre et son lot de surprises. Soyle adorait cette période de l’année, elle réunissait tout le monde. Tout le monde se laissait emporter par cette bonne humeur collective et cette joie de se retrouver. Il existait bien quelques personnes pour ne pas apprécier. Mais en règle générale, tout le monde aimait. Et c’était un vrai bonheur ! Soyle était encore sur son petit nuage aussi blanc que la neige qui couvrait le château et ses alentours. Un paysage qui la ravissait d’ailleurs. Heureusement d’ailleurs, parce qu’une polonaise qui n’aime pas la neige, c’était quand même dommage… heureusement elle aimait ça et tout ce qui s’en approchait. Et elle n’était pas la seule ! La bonne humeur régnait ici et cela l’enchantait !

Il était assez rare au final que tout ne soit pas qu’un joli chemin plein de petits cœurs en sucre pour Soyle Hoover. Et pourtant cela pouvait arriver. Très rarement donc, mais tout de même. Surprenant, je sais. Mais non moins vrai. Il arrivait qu’il se passe quelque chose qui la mettait de travers. Et l’un de ces rares moments était arrivé en ce jour de 13 décembre 1974. Une altercation dans un couloir s’était soldée par un encrier renversé. Mais pas n’importe où, oh non, juste sur les chaussures et une partie de la robe de Soyle qui avait été si motivée à essayer de les séparer. Elle avait encore heureusement le temps d’aller se changer avant les cours. Mais autant dire qu’elle était un  peu plus irritée que d’autres jours. Enfin, cela ne l’empêchait pas de toute de même vouloir aller découvrir ce que pouvait bien lui réserver le calendrier de l’avant !

Un nouveau jour de décembre, un jour de moins avant noël, c’est que le temps passe. Plus qu’une petite dizaine de jours. Soyle allait sans doute rester au château pour les fêtes. Au final c’était sans doute le plus agréable. Elle était aussi chez elle ici. Mais elle avait encore le temps. Quelques jours du coup.
Alors qu’elle avait pris la bonne résolution de se lever plus tôt qu’elle n’aurait pu le faire aux vues de ses horaires de cours en ce 14 décembre, Soyle arriva juste à temps dans le hall pour regretter amèrement sa décision. Le calendrier de l’avant était une idée qu’elle trouvait formidable depuis le début. C’était un peu de joie à chaque ouverture, de quoi bien commencer une journée. Et bien non, pour le coup, cela serait plutôt une excellente façon de se donner envie de retourner se coucher. A peine était-elle entrée dans le hall qu’une explosion se fit entendre et qu’elle reçut une substance inconnue un peu partout. Elle n’avait pas eu le temps de voir ce que c’était ni même ce qui s’était passé. Il lui avait fallu quelques secondes de plus (heureusement qu’elle n’était pas cardiaque !) pour comprendre que l’explosion venait de l’une des boîtes, celle de Thomas Avery. Encore quelques instants et elle comprenait de quoi il s’agissait. Une bombabouse… Super… une petite blague visiblement mais qui s’était vite retourné contre un paquet d’autres personnes. Y compris elle. Et cette odeur en plus de la texture déjà peu engageante, une véritable infection. En entendant Mr Avery proférer ses menaces (presque justifiées), Soyle se dit qu’elle devait sans doute intervenir… sans compte que le directeur lui-même, loin de se préoccuper de leur sort, se contentait de pouffer en partant. Un homme plein de mystère que Soyle n’appréciait plus tellement actuellement… Un petit coup de main quoi, ça lui aurait pris tant de son précieux temps ?
- Mr Avery, pas de telles menaces s’il vous plaît…
Sur ces bonnes paroles elle avait lancé un petit sort afin de nettoyer tout ça. Surtout que le jeune homme était vraiment très touché alors il en avait bien besoin. Une fois tout le monde un peu plus propre, cela se calmerait sans doute. Mais une enquête serait ouverte, c’est certain… Et en attendant, Soyle n’avait plus qu’à retourner prendre une douche ou deux parce que l’odeur ne semblait pas vouloir partir…

Cela faisait deux jours que Soyle devait repasser par ses appartements pour se changer en pleine journée. Le premier jour elle avait reçu de l’encre. Bon, c’était embêtant, mais rien de complètement irréparable. Le second jour, un élève avait été victime d’une bombabouse particulièrement violente, assez pour qu’elle aussi soit parmi les victimes collatérales. Là encore rien de complètement irréparable mais par contre c’était franchement ignoble. Elle avait retiré les tâches assez facilement, mais alors l’odeur… il avait fallu plusieurs douches et des shampoings renforcés à coups de potions pour la faire partir à peu près correctement. Une horreur. Elle avait eu une petite pensée pour Mr Avery qui avait clairement reçu le plus gros…
Du coup, aujourd’hui, c’était d’un pas pressé et vif qu’elle était allé jusqu’au calendrier de l’avant. On ne sait jamais, au cas où cela aurait donné des idées à d’autres. Jamais deux sans trois qu’on dit. Et bien Soyle n’avait pas envie de confirmer cette règle. Alors elle était vite allé ouvrir sa boîte avant de repartir tout aussi vite !

Bon, hier il ne s’était rien passé de grave, Soyle n’avait pas eu de problèmes particuliers. Mais elle n’avait pas perdu du vue que le responsable de l’immonde explosion devrait un jour être retrouvé. Cette bombe infecte avait touché tout de même pas mal de monde, et elle ne le chercherait pas uniquement parce qu’elle-même avait été touchée pas l’immonde substance. Mais quelqu’un avait bel et bien posé cette chose affreuse dans la boîte de l’un de ses camarades (le pauvre avait vraiment du souffrir avec une telle odeur) et il faudrait que le responsable soit puni. Mais pour ça, encore fallait-il le trouver. Et ils étaient assez peu nombreux dans le corps enseignant à réellement s’y intéresser. Ils étaient d’accord pour dire qu’il méritait une punition, mais de là à le rechercher activement… là c’était peut-être effectivement la fierté de Soyle qui parlait, et elle pouvait être rancunière. Mais elle ne perdait pas de vue qu’il faudrait le retrouver. Même si les indices étaient assez minces… pour ne pas dire inexistants. Mais elle y arriverait ! Enfin c’était encore avec une certaine méfiance qu’elle était allé ouvrir sa propre boîte…

Soyle avait enfin réussi à se décider. Ou plutôt elle avait reçu une réponse qui l’avait aidé à prendre cette décision. Cette année, elle passerait noël avec Basilius Carrow. Ou plutôt Basil, comme il préférait être appelé. Elle lui avait envoyé une lettre pour lui proposer de se retrouver quelque part. Au final, elle avait eu envie de faire autre chose que le traditionnel dîner de noël avec les élèves ou alors le repas de fête avec quelques amis. Et visiblement elle avait eu raison. Il ne semblait rien faire ce soir-là. Il lui avait dit être ravi de son invitation et prêt à la retrouver où elle le voudrait. Une très bonne nouvelle. Et puis, cela lui changerait sans doute les idées à lui aussi en même temps alors c’était plutôt une bonne idée. Elle était toute contente d’avoir un projet fixe. C’est qu’avec tout ça la date se rapprochait. La belle irait lui répondre et lui donner un point de rendez-vous après avoir ouvert son calendrier.