Ces quinze derniers jours, dès que Marlene traversait le hall d’entrée, son attention était détournée par des batailles de boules de neige, des comptines du Moine Gras, un vivet doré en train de préparer son nid sous la charpente … Et ses amies ne l’aidaient pas, un jeu s’était mis en place chez les Gryffondors, curieux de découvrir combien de temps il faudrait à Marlene pour découvrir la centaine de petites boîtes décorant les murs du hall. Elle ne pouvait pourtant pas s’empêcher de remarquer que tout le monde avait des accessoires super cools : des décos de noël, des paires de chaussettes rouge et or, des éditions spéciales de ses friandises favorites. Mais chaque fois qu’elle demandait à ses camarades où ils avaient trouvés ça, ils haussaient les épaules avant d'étouffer un rire, le complot était devenu général. Ce matin-là, elle s’était réveillée plus tôt que tout le monde pour aider M. Brûlopot et quelle ne fut pas sa surprise en découvrant, après avoir ingurgité un gigantesque bol de café, un casier à son nom à la sortie de la grande salle. « Trop génial ! »

* 1, 2 : cinq dragées
* 3, 4 : cinq points de maison
* 5, 6 : cache-oreilles en forme de souaffles

Une deuxième vague d’élèves avait quitté Poudlard ce matin pour rejoindre leur famille, et Marlene avait été très tentée de les suivre. Seulement, elle avait plus de travail que les années précédentes et les BUSE à préparer, et elle savait pertinemment qu’à l’instant où elle poserait un orteil à la maison, un mélange d’odeur d’épicéa et de gingerbread, les accolades de sa mère et les disputes avec son frère, l’empêcheraient de s’adonner à toute activité scolaire. Elle avait pris la décision studieuse de rester à Poudlard pour travailler jusqu’à noël, et avançait fièrement vers la bibliothèque quand un troupeau d’élèves avait débarqué pour la prévenir qu’il y avait une bataille de boules de neige d'anthologie dans le parc entre les Gryffondors et les Poufsouffles. Ne prenant pas la peine de recouvrir ses cheveux mouillés d’un bonnet, elle les avait suivis jusqu’à la grande halle où elle avait marqué un arrêt devant son casier. Méfiante depuis l’explosion de cotillons qui avait bien failli lui déclencher une crise de coeur, elle resserra sa main sur sa baguette en l’ouvrant.

Les vacances avaient déjà débuté depuis deux jours et Marlene qui découvrait Poudlard en fête pour la première fois s’était déjà trop longtemps laissée distraire de ses studieux objectifs. Elle évita soigneusement M. Brûlopot au détour d’un couloir et remercia les escaliers de la détourner de la voie des Khmers Blancs - un groupe d’élèves toujours fourré dans le parc et bombardant les autres élèves de boules de neige - pour arriver enfin au temple du savoir ! Après avoir emprunté tous les manuels dont elle avait besoin pour ses devoirs et révisions, elle fila à la Grande Salle qui avait toujours été son espace privilégié pour travailler, bâtit autour d’elle une palissade de livres et tira mille traits de sa plume vers le plus redoutable des ennemis : l’ignorance. Marlene avait enfin commencé à travailler et ne quitta pas la Grande Salle avant l’heure du couvre-feu. Elle s’arrêta devant le casier par automatisme ce soir-là.

Marlene n’était pas une grande travailleuse. Et quand son fourbe de cerveau essayait de lui faire croire le contraire, son corps la rattrapait ! Elle n’expliquait pas autrement la nuit agitée qu’elle avait passée et ne sortit de son lit que sur les coups de midi le nez rouge et le crâne douloureux. Elle avait la flemme de se doucher, la flemme de s’habiller, et ne réserva ses efforts que pour enfoncer ses pieds glacés dans des bottes fourrées et se recouvrir d’un poncho en laine à motifs écossais. Elle traîna ensuite ses savates vers la Grande Salle pour descendre un grog à la groseille et voler une part de tarte à la mélasse, Professeur Slughorn qui passait par là retira cinq points à sa maison, il était apparemment intolérable pour une élève de Poudlard de se promener en pyjama à une heure aussi avancée et bla bla, parle à ma plume. En quittant la Grande Salle, elle ouvrit son casier avec l’espoir de retrouver ces points … ensuite, elle irait se recoucher.

Ca allait de mal en pis pour Marlene qui n’avait pas l’habitude de tomber malade et vivait très mal sa convalescence. Elle était persuadée qu’elle avait attrapé la fièvre de la goule et criait haut et fort qu’elle allait mourir avant la fin de l’année ! Son amie Luzia osa finalement percer la barrière de microbes qui l’entourait pour la forcer à aller à l’infirmerie et Madame Pomfresh lui diagnostiqua « un petit rhume de rien du tout » avant de s’occuper de ses patients plus sérieux. Complètement rassurée, Marlene décida de remercier Luzia en lui offrant la surprise qu’elle gagnerait peut-être ce jour-là dans le calendrier de l’avent.

Aujourd’hui était un grand jour qui ouvrirait un nouveau chapitre de ‘L’Histoire de Poudlard’, le château connaîtrait aujourd’hui la scission la plus inégalitaire possible : celle des femmes (magnifiques licornes) et celle des hommes (trolls abrutis). Marlene était peut-être encore enrhumée mais son esprit ne s’en trouvait en rien diminué quand il s’agissait d’aider Ange à donner une bonne leçon au sexe faible. Avec Moïra, elles accompagnèrent leur amie jusqu’à son casier et s’amusèrent en découvrant le livret Zonko ! Les étoiles étaient alignées dans le ciel comme dans leurs yeux ! Elle se rendit à son propre casier le nez encore pris mais le sourire aux lèvres.