C’était déjà le 23 décembre et Marlene n’avait pas du tout respecté le calendrier qu’elle s’était fixée : elle avait à peine avancé dans ses devoirs et n’avait pas du tout commencé à préparer les BUSE. Entre les batailles de boules de neige, la préparation d’une revanche avec Ange et Moïra, les courses à Pré-au-Lard et le vilain rhume qui s’était invitée, elle était complètement à la bourre ! Ni une ni deux, ce matin-là, elle s’était préparée un thé à base de plantes qui aidaient à la concentration, et avait dévalisé la bibliothèque avant de s’enfermer dans la grande salle pour réviser. Ses bouquins formaient autour d’elle une forteresse impénétrable et elle ne leva la tête que tard dans la soirée en se rendant compte qu’elle plissait les yeux depuis déjà longtemps pour lire dans l’obscurité. Nuit ! Il faisait nuit réalisa-t-elle en levant la tête hors de ses remparts en papier. Elle fit un crochet rapide par son casier et rejoint les dortoirs avant le couvre-feu. Encore un jour comme ça et elle finirait tous ses devoirs ! La préparation des BUSE, eh bien, ce serait le problème de tous ses autres week-ends de l’année …

Matin du 24 décembre et Marlene enfila ses chaussons en geignant comme une enfant avant de filer se préparer ! Si elle voulait s’adonner aux fêtes de famille l’esprit tranquille dès le lendemain, il fallait à tout prix qu’elle termine ce soir tous ses devoirs et la pile était haute comme un géant. Elle esquiva avec grâce toutes les invitations matinales emplies de promesses et d’excitation qui lui parvinrent : traîner à pré-au-lard, dans le parc, parties de bavboules, d’échecs sorciers et autre joyeusetés incompatibles avec son programme … et passa dans le hall avec autant de joie qu’un pénitencier qui se rend à la prison d’Azkaban ! Elle s’arrêta quand même à son casier au cas où le bienveillant barbu à la tête du château ait décidé de lui offrir ce matin là connaissance universelle.

C’est Noël, l’unique jour de l’année où Marlene se réveille avant tout le monde et en profite pour réveiller … eh bien … tout le monde ! Elle avait couru dans la salle commune pour échanger quelques cadeaux au pied du sapin avec ses meilleures copines restées au château pour les fêtes en instituant ainsi ce qui serait peut-être une nouvelle tradition. Elle avait senti son coeur se serrer lors des moments de silence où ses copines lisaient les cartes de vœux de leur famille, le manque de la sienne se faisait douloureusement ressentir. Elle les avait donc abandonnées pour le petit-déjeuner et avait remonté les marches du dortoir pour enfouir son linge sale en boule dans une petite valise qui avait bénéficié d’un sort d’extension. Elle fit ses aurevoirs - qui seraient cette année très courts - à ses amies des autres maisons dans la grande salle et appella Rufus sur les marches du château. La petite chouette chevêche entra dans sa petite cage en lui pinçant le doigt pour marquer son désaccord. Et Marlene rit doucement, elle était joyeuse à l’idée de retrouver sa maman et son imbécile de petit-frère ! Dans l’excitation du départ, elle faillit presque oublier d’ouvrir pour la dernière fois la porte de son casier …