- Eh salut le Dumol !! Lança-t-elle en s'avachissant sur le canapé en face de Theo qui était affairé à .. en fait elle s'en foutait...

La poufsouffle jeta son sac au sol et en sortit plusieurs objets : un objet parallélépipédique blanc flexible (une gomme), un petit bâton de bois avec à l'extrémité une sorte de ventouse en caoutchouc et pour finir un canard en plastique jaune. Elle avait trouvé ça au rayon moldu de la bibliothèque dans objets du quotidien et Proserpine n'avait aucune idée de ce à quoi ils pouvaient servir. Theo, né moldu était sa source officielle de connaissance à ce sujet, alors elle saisit le truc en bois et demanda le plus naturellement possible : - C'est quoi ça ?

Theo essaye en vain de compléter la face rouge de son Rubik's cube quand Proserpine se ramène et s'affale sur le canapé avec autant d'élégance qu'un Eruptif. Le Poufsouffle décale un peu ses jambes étendues pour lui faire de la place mais ne lève pas les yeux de son jouet moldu avant qu'elle ne lui mette un truc sous le nez.
« C'est quoi, ça ? » demande-t-elle.
Theo lève les yeux et se retient d'éclater de rire en voyant la ventouse. Sérieux, comment peut-elle ignorer l'utilité d'une ventouse ?
Theo s'empare de l'objet et fait mine de l'inspecter sous toutes les coutures. Il tourne et retourne le manche entre ses doigts, approche le caoutchouc de son visage, en tâte sa texture, le sent, puis le recule avant de le tendre à Poppy avec l'air de celui qui s'en tamponne le bézoard.
« C'est pour gonfler les lèvres, répond Theo en se remettant à son Rubik's cube. Tu poses la partie rouge sur ta bouche, tu pinces le caoutchouc, tu laisses comme ça pendant environ quarante cinq minutes et ça y est, t'es une vraie congolaise. »

Quand Theo lui prit l'objet des mains et l'inspecta, la quatrième année attendit avec impatience la réponse. Qui fut surprenante. Elle reprit la ventouse et la positionna comme il le décrivait sur sa bouche. Un peu sceptique, Proserpine pinça la partie rouge à plusieurs endroits sans parvenir à trouver la bonne inclinaison. En plaçant l'autre main sur le manche elle parla : - YHOHOMHER ? Ne comprenant même pas ce qu'elle disait elle-même elle enleva l'objet de sa bouche et recommença : - Il faut pomper ? Elle demandait comme ça parce que niveau bouche elle n'avait pas forcément besoin de la faire gonfler. Tandis qu'elle attendait sa réponse, elle arracha des mains le cube coloré et lui lança : - Eh t'es bouché ? Faut pomper ?. Machinalement elle fit tourner et retourner les carrés sur leurs axes sans les regarder faisant ainsi deux faces colorés.

Theo, en inventant une telle utilité à cette ventouse, pensait peut être qu'ainsi il aurait le droit à quarante cinq minutes de silence mais manque de pot, le silence est un mot que Proserpine ne connait pas, même avec une ventouse sur la bouche.
Lorsqu'elle lui retire le Rubik's cube des mains, le Poufsouffle soupire, agacé et amorce un mouvement pour récupérer son jouet avant de se laisser tomber à nouveau contre le dossier du canap'.
« Oui, bien sûr qu'il faut pomper ! Tiens, comme ça ! »
Il attrape la ventouse par le caoutchouc et la plaque contre la bouche de Poppy avant de pincer à plusieurs reprises comme lorsque l'on veut imiter un canard avec ses doigts. Mais quand il baisse les yeux sur les mains de la sorcière et remarque qu'en un rien de temps elle a réussi, par le plus grand des hasards ou par un coup de génie insoupçonné, à réaliser deux faces de son Rubik's cube, Theo lâche tout et attrape les poignets de Poppy, les yeux ronds comme des boules de pétanque (le beauf).
« Comment t'as fait ça ?! s'écrie-t-il en la secouant un peu avant de récupérer son cube qu'il tourne entre ses doigts. T'as usé d'un sort ? T'as triché ? C'est pas vrai, vous les sorciers, c'est dingue ! Vous faites jamais rien à la loyale ! Ça fait des heures que je me casse le fion a essayer de faire une face et toi tu arrives, l'air de rien, et regarde ce que tu fais ! C'est dégueulasse ! »
Et dans un excès de rage, il balance le jouet contre un mur de la salle commune et le cube vole en éclat dans une explosion de petites pièces colorées. Aussitôt, il regrette et se renfrogne, bras croisés, comme un gosse.
« Désolé, mais ça m'a saoulé » dit-il, bougon.

Proserpine ne s'offusqua pas le moins du monde lorsqu'il mima le geste adéquat sur elle, lui plaquant la ventouse sur la bouche et la pinçant, elle était bien trop curieuse de comprendre comment fonctionnait un tel objet. Mais Theo lâcha tout pour lui attraper les poignets. Elle ouvrit la bouche pour reprendre une inspiration digne de ce nom et écouta le monologue discriminatoire de son ami. Levant les yeux au ciel, elle souffla un peu exaspérée : - Genre c'est dégueulasse … Elle pointa son doigt dans sa direction répondant : - C'est un jeu de logique ton truc, non ? C'est pas sorcier !!! Dans son excès de rage, Monsieur explosa son jouet et finit par bouder. La poufsouffle se mit à rigoler et se leva pour aller ramasser les pièces. Après avoir sorti sa baguette, elle murmura machinalement un sort qui reconstitua le cube avec toutes ses faces. Proserpine revint vers lui et lui enfonça le cube dans le bide : - Tiens, Theodore ….. Tu as fini ton boudin ? Elle compléta son geste d'une chatouille sur le flanc et retourna s'asseoir en face de lui. - Dis moi plutôt à quoi sert ce truc là ! (gomme)

Les bras toujours croisés, le Poufsouffle plisse les yeux d'un air mauvais en imitant Proserpine dire « Tu as fini ton boudin ? » comme un gosse de CP super vexé. Puis il sursaute lorsqu'elle lui chatouille les côtes et la repousse mais ne peut pas s'empêcher de rigoler comme un âne.
« Lâche-moi, tu veux ? dit-il en reprenant là où il en était dans son Rubik's Cube, c'est à dire nulle part. Je suis pas un dictionnaire d'objets moldus, de l'air, j'essaye de me concentrer. »
Leur relation à tous les deux est assez tordue, tout est un bon prétexte pour faire chier l'autre.
Voyant qu'elle n'a pas l'air de vouloir s'en aller, Theo finit par lever les yeux et soupire lourdement devant la gomme qu'elle lui présente. Vraiment ?
« C'est de la gomme, dit-il en haussant les sourcils comme si c'était complètement ridicule de ne pas savoir ça. Enfin, tu le sais, non ? C'est comme des Ballongommes du Bullard, mais version moldue. Tu mets ça dans ta bouche, c'est un bonbon, et tu mâches jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de goût, soit environ une heure. Essaye, tu verras. »
Theo essaye de garder son sérieux mais dans sa tête, il n'entend qu'une prière « Pitié, faites qu'elle bouffe cette gomme, je veux voir ça ! »

- Ah mais si bien sur !!  Tu es mon encyclopédie, mon atlas, mon répertoire, ma ressource numéro 1 !! A qui d'autre pourrais-je bien demander ?? Répondit-elle du tac au tac avant qu'il ne lui expliqua l'utilité du deuxième objet. La poufsouffle rapprocha l'objet de ses yeux et l'inspecta avec attention. Mmmm. Un bonbon... - Chouette j'adore les bonbons ! Elle tenta de couper le parallélépipède en deux, mais n'y parvint pas. - C'est un peu dur ton truc là … Elle mit une extrémité dans la bouche de biais et tenta de le déchirer avec ses canines en tirant. Mais rien de vint et puis … Ça a pas de goût ton truc... Il vient qu'après peut-être ? pensa-t-elle à voix haute.... S'acharnant sur l'objet élastique elle finit par arracher un petit bout et à le mâchonner. Finalement elle le recracha dans sa main en grimaçant, voyant son camarade hilare : - T'es en train de te foutre de moi hein ?

Theo doit se pincer les lèvres avec son pouce et ton index pour ne pas éclater de rire, mais en vain, lorsque Proserpine met un bout de gomme dans sa bouche, le fou rire de Theo se déclenche instantanément et il précipite son visage dans le creux d'un coussin. Trop tard, Poppy a grillé l'entourloupe.
« Bien sûr que je me fous pas de toi, réplique-t-il en se redressant pour faire face à son amie, une main plaquée sur ses abdos douloureux. T'as trouvé ça où, aussi ? Peut-être qu'elle était périmée, ta gomme, ça se garde pas cinquante ans, ces bonbons-là. »
Le Poufsouffle pose ses talons sur la table basse et laisse tomber son Rubik's cube à côté de lui sur le canapé. Puis il s'empare du canard en plastique qu'à rapporté Proserpine et secoue la tête de droite à gauche, toujours aussi hébété de voir que les sorciers sont à ce point ignorant sur le monde des moldus.
« Et ça, dit-il en levant le canard à hauteur du visage de Poppy, tu vas pas me dire que tu sais pas ce que c'est, quand même ? Allez, je te laisse devenir ! »

Theo répondit par la négative... Alors pourquoi était il aussi mort de rire ? Sentant l'entourloupe à plein nez, elle reposa la gomme sur la table, pas franchement motivée à rire avec lui. Il ajouta un nouvel argument pour justifier le goût de la gomme et il fallait dire que ça se tenait. Si ce truc avait plus de cinquante ans, c'était franchement dégueulasse de l'avoir laissée manger … Qu'est-ce qui lui avait pris aussi à elle ? Elle avait perdu tout sens commun ou quoi ? Tout cela pour découvrir absolument tout sur les moldus.

- Je l'ai trouvé dans une boite carré, il y en avait bien une trentaine à l'intérieur. Il y en avait d'autres couleurs aussi et d'autres formes... J'ai pris la plus simple en fait... Peut-être que la rose et bleue aurait été meilleure ….

L'attention se porta ensuite sur le dernier objet apporté : le canard. Puisqu'il la laissait deviner, elle prit l'objet dans sa main et commença l'inspection. Elle le soupesa, le porta à son nez pour le sentir, le toucha pour en évaluer la consistance... Après cela elle répondit sur un ton plaisantin :

- Bon déjà ça se mange pas … Alors je dirais …. c'est un jouet pour vos animaux domestiques ? Ou alors ça se met dans une marre pour faire peur aux autres canards, comme les épouvantails dans un champ ..

« Peut-être, ouais, se contente de répondre Theo en haussant les épaules lorsque Proserpine lui dit que la gomme rose et bleue aurait peut-être été meilleure. Tu goûteras la prochaine fois, tu m'en diras des nouvelles ! »
Le sorcier regarde son amie tourner et retourner le canard en plastique entre ses mains, allant même jusqu'à sentir l'objet, ce qui provoque une nouvelle crise de rires que Theo tente tant bien que mal de contenir. C'est un putain de canard de bain ! a-t-il envie de crier à la jeune fille mais il se retient, la situation étant trop drôle pour qu'il n'en profite pas. Et puis la blague est toute trouvée lorsque l'on sait que ce jouet pourrait avoir une toute autre fonction s'il était muni de piles... (fonction que le Poufsouffle connait bien pour avoir déjà surpris sa mère en pleine utilisation un jour où il était rentré de l'école un peu plus tôt. Ou comment traumatiser son enfant pour la vie.)
« Bravo, bonne déduction Sherlock, fait Theo quand Poppy devine que ce foutu canard ne se mange pas. Mais pour le reste, t'as tout faux. Tu veux vraiment savoir à quoi ça sert, hein ? »
Et le Poufsouffle de s'avancer vers Proserpine pour lui chuchoter à l'oreille une explication tout à fait détaillée de ce qu'elle pourrait faire de cet objet si elle se décidait à le garder pour elle au lieu de le rapporter là où elle l'a trouvé. Enfin Theo se laisse retomber dans le fond du canapé et observe la réaction de la prude petite Rosier d'un air goguenard.

Proserpine commença à plisser les yeux en lui jetant un de ses regards lorsqu'il la traita de Sherlock, puis redevint intéressée. Bien sur qu'elle voulait savoir à quoi ça servait ! Sinon pourquoi elle lui aurait amené ces objets ? Alors Theo se rapprocha de son oreille et lui murmura son explication. A mesure qu'il détailla l'utilisation de l'objet, Proserpine grimaçait de plus en plus et finit par se reculer en lui jetant l'objet sur la tronche, faussement offusquée :

- T'es un gros dégueulasse !!!!  La tu me prends vraiment pour une nouille !! Vas te faire voir Theo !!!

Elle se leva et ramassa ses objets qu'elle fourra dans son sac et lui lança :

- Si t'en as marre que je te demande, t'as qu'à le dire, pas besoin d'inventer des utilisations à la noix à tes objets pourris ! … et puis tiens ….

Poppy saisit sa baguette et formula doucement un sort sur le rubikscub qui tourna sur lui-même de façon à restituer les faces de couleurs uniformes.

Theo esquive d'un geste le canard en plastique qui rebondit sur sa main et vient rouler sous la table basse. Le Poufsouffle s'écroule de rire sur le canapé. « Mais je n'invente rien ! » se défend-il. Poppy sort sa baguette et Theo, par réflexe, se cache le visage derrière ses bras. Mais ce n'est pas lui qu'elle vise, c'est son Rubik's cube qui se met à s'agiter en tout sens avant de s'arrêter, chaque face parfaitement unie. « Sale tricheuse ! » vocifère le garçon en perdant son sourire. « C'est bien facile pour toi, mademoiselle la sorcière ! Et puis tu te vexes toujours d'un rien, c'est fatiguant ! Voilà, tu me fatigues avec ton canard en plastique, ta gomme et ta foutue ventouse ! Pour info, ça sert à déboucher les chiottes ! Oui miss, t'as mis ce truc sur ta bouche alors que ça sortait probablement d'un cabinet ! C'est ce qu'on récolte quand on vient me déranger alors que j'essaye de muscler mon cerveau ! » Theo fait mine d'être en colère mais il ne peut garder son sérieux bien longtemps. Un sourire s'étire bien vite sur ses lèvres. « C'est bon, fais pas la tronche, je rigole ! Bon le coup de la ventouse, c'est vrai que c'est pour les toilettes, mais t'aurais vu ta tête, aussi... »

Bien sur qu'elle se vexait toujours pour rien, l'espace de …. 10 secondes.... Et puis il faut dire que le garçon avait tendance à la chercher constamment. Quand Theo lui révéla la véritable utilisation de la ventouse, la poufsouffle s'offusqua réellement. Son visage se tordit dans une grimace informe et elle regretta amèrement l'avoir positionnée sur sa bouche. Comment Theo l'avait-il laissé faire une bêtise pareille ? Elle rangea sa baguette et s'approcha à quelques centimètres du visage de son ami en le fixant et en pointant son index sur son torse :

- T'es qu'un « putain de connard » ...hein c'est comme ça qu'on dit chez toi !! Tu vois j'avais deux places pour le concert des « Beatles » pour que tu viennes avec moi....  et ben tu peux te la mettre là ou je pense ….

Mi énervée mi amusée comme toujours par la situation, elle continua en disant ce qu'elle pensait :

- Je ne te demanderais plus rien voilà ! C'est tout !

« Ouh qu'ils sont vilains, ces mots dans ta bouche... » fait Theo, moqueur. Il ne cille pas tandis que le visage de Poppy est à quelques centimètres à peine du sien. Quand elle lui parle de ses places de concert, le Poufsouffle ricane. « T'es bien une fille, toi, pour baver sur les Beatles ! Y'a que des nanas en chaleur à leurs concerts, donc non merci ! Surtout que je sais très bien pourquoi tu voulais me proposer cette place, t'es incapable de te repérer dans le monde moldu, tu te perdrais en moins de deux ! » Theo se tait et la fixe, les yeux pleins de malice. « Tu m'aurais proposé T-Rex ou les Buzzcocks, à la rigueur j'aurais pu faire un effort pour t'accompagner, mais là... faudrait me payer cher... » Et il approche encore un peu plus son visage du sien si bien que leurs lèvres se touchent presque, avant de détourner subitement la tête. « Et puis t'es pas très aimable avec moi, tu as vu comme tu m'insultes ? Moi, si j'avais des places de concert, pas sûr que j'irais avec toi. Je demanderais peut-être à, je sais pas, Marlene ? Elle est vachement fun, elle. Oh je sais, j'inviterais surement Hazel, tiens. »
Theo se retient de sourire tout en évitant le regard de son amie. Il ne sait pas pourquoi il prend toujours un malin plaisir à la faire enrager. Disons aussi qu'elle démarre au quart de tour, c'est trop drôle.

Touché ! Proserpine ne savait absolument pas se repérer dans le monde moldu et surtout utiliser leur moyen de transport. A part le Poudlard express, le co-transplanage avec ses parents ou les portoloins, elle était vierge de tout déplacement .. Alors le métro, le bus, le vélo ou .. comment ils appelaient ça déjà ? Les voitures …
- C'est vrai, j'en suis incapable ! Se contenta-t-elle d'acquiescer.
Elle écouta attentivement son argumentaire au sujet de ses deux groupes favoris aux noms improbables qu'elle ne connaissait absolument pas puis il détourna la tête. Sans le quitter des yeux, elle ruminait et il continuait à déblatérer sur sa grande gentillesse. Bien sur qu'elle était aimable, malgré les mots précédemment crachés. La fin de sa phrase l'acheva complètement en évoquant la sympathique Marlène et … l'insupportable Hazel.
- Tu as raison je crois que je vais demander à Dowey de m'accompagner... Je suis sûre que ça lui plaira à lui. Répondit-elle en insistant sur le dernier mot, juste pour le rendre la pareille.
En le fixant de ses yeux noirs, elle finit par lui dire, un sourire aux lèvres un brin provocateur :
- Je sais pourquoi tu cherches constamment à me faire enrager.... En fait tu es amoureux de moi ….