Le mois de mai arrivait avec ses beaux jours et une gaieté qui se diffusait dans tout le château. Malheureusement pour les étudiants, il apportait aussi les examens de fin d'année pour certains et les célébres BUSES et ASPICS pour d'autres. Pour le plus grand plaisir de tous.
Lily était une boule de nerfs. Bien que l'une des mieux préparée de son année pour les épreuves qui les attendaient, elle ne pouvait s'empêcher de potasser ses cours, encore et encore. On lui parlait depuis si longtemps des BUSES qu'elle les considérait aujourd'hui comme la montagne absolue de ses priorités à franchir. Et à l'approche de cette date, une peur irrationnelle la saisissait. Après tout son travail et ses efforts, il eut été trop injuste que d'échouer.

Après avoir travaillé une partie de la soirée du vendredi et de la matinée du lendemain, la jeune fille s'était finalement laissé tenté par le beau temps et s'était posé dans le parc, contre un tronc d'arbre. Elle avait une jolie vue sur le lac et se laissait bercer par le clapotis de l'eau. A son habitude, elle avait emporté un livre avec elle. Tantôt manuel, tantôt simple lecture, il faut dire qu'on la croisait rarement sans l'un.
Le livre posé sur les genoux, elle se détendait peu à peu devant ce spectacle de la nature. Elle adorait ce changement de saison lorsque de printemps fleuri, la chaleur de l'été prenait peu à peu le dessus. Dommage qu'il y ait les examens !
Elle pouvait difficilement réviser tranquillement sans se faire apostropher par Potter dans la salle commune. Et dire qu'elle pensait jusque là qu'il ne pouvait pas être plus insupportable. A croire qu'il tentait toujours de l'en détromper.

Plongée dans ses pensées, la jeune fille n'avait pas tout de suite remarqué que quelqu'un s'approchait.

Le moi de mai arrivait et avec lui ses rempotages de plantes à tour de bras ! Le Professeur Chourave réquisitionnait chaque semaine des élèves -volontaires mais pour la plupart non- pour venir lui filer un coup de main dans les serres. Ce jour-là, Theo était de corvée dans la serre numéro trois où il devait repiquer plusieurs plants de valériane dans des pots plus gros. La serre était humide et chaude, Theo suait à grosses gouttes et c'est complètement noir de terre qu'il quitta son poste deux heures plus tard après sa mission terminée. Il était vanné et fit un détour par le lac pour rejoindre la salle commune des Poufsouffle dans l'intention d'aller se prendre une bonne douche lorsqu'il repéra les tentacules du Calmar géant qui semblait d'humeur joueuse au bord de l'eau. Jetant un coup d'oeil sur la rive, le garçon reconnut la chevelure rousse de Lily Evans assise au pied d'un arbre avec un bouquin et qui semblait perdue dans sa contemplation, loin de la petite danse aquatique du Calmar à quelques mètres de là. Et Theo savait que lorsque la créature était si près du bord, mieux valait ne pas rester trop à proximité sous peine de voir disparaître livres, sac et autre cape d'un coup de tentacule farceur.
— Salut Lily, l'apostropha Theo dont l'allure et la crasse donnaient l'impression qu'il sortait tout droit du derrière d'un éruptif, ça va ? Tu devrais te méfier, je crois qu'il a envie de jouer avec toi...
Et il pointa son doigt en direction du Calmar qui s'était approché encore davantage.

- Salut Lily !

Lily se retourna vers le nouveau venu. Cette voix, elle l’aurait reconnue entre mille ! Et il disait son prénom ! A elle ! Théo Wadge savait qui elle était, nom d’une goule enragée ! Sauf que…c’est totalement surprise qu’elle le vit se diriger vers elle…semblant sortir directement de terre. Il en était recouvert, à se demander ce qu’il venait de faire de son après-midi. Elle n’arrivait pas à décider ce qui était le plus étrange : sa tenue ou le fait qu’il se dirige vers elle pour lui parler. La rouquine, décida de faire fi du premier trop heureuse (bien que totalement paniquée) de le voir.

C’était ça qui était étrange avec le Poufsouffle. De loin, tout allait bien, mais trop prêt, elle se mettait souvent dans tout ses états, à perdre ses moyens. Alors quoi qu’elle fut heureuse de le voir, une petite voix dans sa tête ne cessait de lui rappeler de faire attention à ne pas dire n’importe quoi !

- Sal… Teuh Teuh Teuh, fit-elle soudainement prise d’une quinte de toux alors qu’elle le saluait en retour.

“Respirer. Dégluttir. Tu te souviens Lily ? Pas en même temps.” lui indiqua une petite voix moqueuse dans sa tête tandis qu’elle tentait de reprendre son souffle. Et voilà ! Même pas 2 minutes et elle faisait n’importe quoi !

- Salut Théo, parvint-t-elle enfin à aligner deux mots sans mourir asphyxiée.

Elle se contenta d’un hochement de tête pour signifier qu’elle allait bien. Mieux valait limiter les prises de paroles. Pourvu qu’il ne finisse pas par la prendre pour une retardée. A cette pensée, elle ne put s’empêcher de le dévisager, tentant de deviner ce que le jeune homme pouvait bien penser. Mais à peine croisa-t-elle son regard qu’elle détourna les yeux, gênée de s’être fait surprendre.

Se méfier de quoi ? Lily le regarda sans comprendre avant de repérer le calmar planqué non loin deux.
S’élançant aussitôt pour attraper son sac, elle entreprit aussi de ramasser les quelques livres qui gisaient non loin de lui.

- Merci, souffla-t-elle, enroulant ses bras autour du sac sans voir qu’un tentacule se rapprochait de l’un des livres qu’elle avait oublié.

- ça va toi ? Tu fais de la spéléo ? demanda-t-elle avec un sourire en jetant un oeil à sa tenue avant de reporter son regard sur le lac. Son coeur martelait dans sa poitrine comme s’il cherchait une issue de secours. Il ne manquerait plus qu’elle tombe dans les vapes pour parfaire le tableau !

— De rien, sourit Theo. J'ai fini par comprendre comment il fonctionne à force de me frotter à lui.
Plus d'une fois il s'est retrouvé à l'eau à trop titiller le calmar qui dort. C'en est même devenu un jeu.
Le garçon arque un sourcil à la question de Lily. De la spéléo ? Puis la lumière se fait, il comprend de quoi elle veut parler, alors il rigole et hausse les épaules.
— Chourave m'a pris en otage, lâche-t-il avec résignation, et tu sais bien, on ne dit pas non à son directeur de maison.
Il sourit, mais remarque du mouvement dans les buissons derrière Lily, juste au bord du lac. Il dégaine sa baguette, la braque sur l'eau. Un jet de lumière violette vient frapper le tentacule qui se rétracte aussitôt. Sa tentative manquée, le calmar frappe l'eau, éclabousse les deux élèves avant de disparaître dans les profondeurs du lac. Mouillé de la tête aux pieds, le Poufsouffle rigole en regardant les dégâts sur ses vêtements tâchés.
— Il est un peu susceptible, dit-il en tirant sur sa chemise collée à sa peau, mais il n'est pas méchant. Y'a bien une fois où il m'a tiré si profondément dans le lac que j'ai cru me noyer, mais je l'avais cherché.
Il se baisse, vient ramasser dans l'herbe le livre oublié par Lily. Puis il se redresse, en essuie la couverture de sa manche humide et lui tend dans un sourire.
— Tu avais oublié ça.

Lily sentit l'eau glacée s’abattre sur elle ce qui lui fit lâcher un petit cri aigu.

- Un peu susceptible, tu parles ! Quoique c'est pas pire que passer dans la salle de bain après certaines filles, blagua la Gryffondor avant de se répéter mentalement ses paroles.
Est-ce qu'elle voulait vraiment qu'il l'imagine lorsqu'elle allait à la douche ? Elle était si nulle que c'en était désespérant.

A chacun de ses mouvements, elle sentait le tissu de sa chemise se coller un peu plus à sa peau. C'est alors que son regard se posa de nouveau sur le garçon. L'eau rendait le tissu transparent, complètement collé à sa peau. Habitué à voir tout le monde en uniforme, il faut dire qu'ils avaient peu d'occasion de voir ce qui se tramait en dessous. Lily avait du mal à détacher son regard même si elle avait conscience que c'était plus qu'inconvenant.
Pourquoi Marlène n'inventait-elle que des club inutiles ? A la place de son truc sur la virginité, elle aurait bien pris quelques leçons pour "parler à un garçon sans bafouiller ou le fixer de façon dérangeante".

- Te tirer dans le lac ?
Elle se demandait ce qu'il avait pu faire pour que l'animal l'attire de la sorte. Heureusement qu'il ne lui était rien arrivé !

La jeune fille le vit se pencher, pour ramasser l'un de ses livres tombés dans l'herbe avant de le lui tendre. Elle bégaya un merci en le récupérant. Sa main frôlant légèrement la sienne, elle manqua faire tomber de nouveau l'ouvrage.
Son coeur tambourinait contre sa poitrine, si fort qu'elle craignit qu'il ne l'entende.

- Eh bien…cette douche forcée aura au moins eu le mérite de te débarrasser de cette terre. Enfin un peu.

Cela faisait un mélange mi-propre, mi-boueux en fait. Voyant une boulette de terre pendouillant de l'une de ses mèches, Lily l'attrapa délicatement.
- ça..ça allait tomber, murmura-t-elle un peu troublée par son geste.

Les yeux du jeune homme semblaient lui vriller l'âme. Et Lily n'avait aucune idée sur ce qu'elle pouvait dire. Elle aurait voulu lui sortir des blagues ou quelque chose de spirituel. Peu importe mais de quoi le retenir encore un peu auprès d'elle. Et alors qu'elle aurait pu noircir trois parchemins pour n'importe laquelle des matières, elle se trouvait muette sous le regard de Théo.
Il était décidément trop beau.

— Tu crois que les garçons sont mieux ? se marre Theo à l'évocation des salles de bain féminines.
Ils ont certes moins de produits de beauté à laisser traîner, mais il suffit de passer dans les derniers le matin avant le petit-déj pour se retrouver à devoir sauter entre les tas de serviettes humides abandonnées sur le sol, les vêtements sales, etc. A midi, plus rien. Les elfes sont passés par là.
— Oué, le Calmar est un petit joueur... lâche évasivement le Poufsouffle en hochant doucement la tête. Un conseil, n'essaye jamais de lui attacher des guirlandes de Noël au bout de ses tentacules, il n'apprécie pas trop.
Souvenir glacial pour le garçon.
Lorsque Lily lui fait remarquer que la douche improvisée lui a été bénéfique, Theo écarte les bras et baisse la tête pour découvrir l'étendue du désastre. Il ressemble à présent à un cochon qui vient de se rouler dans de la boue.
— Tu te moques de moi, c'est ça ? lui dit-il en riant. Ça n'a fait qu'empirer mon ét...
La main de Lily qui s'approche de son visage le fait taire. La jolie rousse balaye l'une des mèches de cheveu du né-moldu et celui-ci la regarde agir sans bouger. Elle semble gênée, ce qui fait sourire Theo.
— Merci, répond-il simplement. Je devrais aller me doucher, je crois. Tu me promets d'être vigilante avec Calie ?
Calie, c'est le petit surnom qu'il a donné au Calmar géant. Quand une complicité se crée, que voulez-vous...
Après un léger signe de tête, il tourne les talons, retrouve le chemin de petits cailloux et s'éloigne vers le château en laissant derrière lui la jolie Gryffondor.

Son rire était si beau. Il lui fit à son tour esquisser un sourire. Oui vous l'aurez compris, chaque geste, chaque mot émanant du jeune Poufsouffle rendait la jeune Lily toute chose. Après tout, un premier béguin, ça avait toujours son effet.
Lily ne put s'empêcher de piquer un fard, imaginant les salles de bains masculines. Elle n'avait jamais vraiment pris la peine d'y songer et tout compte fait, elle ne voulait pas franchement avoir à le faire avec Théo sous les yeux. Trop déroutant.

"Des guirlandes de Noël ?" S'exclama la rouquine ne pouvant retenir un rire. "En même temps, quelle idée ! Tu n'as pas eu mal au moins ?"

Mais le garçon évinça toute inquiétude d'un léger signe de tête. Véritable tête brûlée, il semblait ne souffrir de rien au yeux de la Gryffone.
Elle se sentit s'enhardir, osant même le taquiner à son tour, ce qui provoqua son hiralité pour son plus grand plaisir. Sa vie semblait tellement simple et insouciante. Lorsqu'il était prêt d'elle, elle avait envie d'y rester toujours, comme dans une bulle de bonheur. Bien que stressée à l'idée même de laisser échapper une pensée du genre en sa présence.

Il s'interrompt alors qu'elle remet sa mèche en place. Est-il troublé lui aussi ? Entend-il son coeur battre à tout rompre et se demande-t-il d'où provient ce bruit étrange ?

Mais non, déjà Théo doit repartir.
Tu me promets d'être vigilante avec Calie ?
Calie ? Répète la Gryffondor avant de soudain saisir. Oh oui, bien sûr, ne t'en fais pas. Murmure-t-elle heureuse de partager ce surnom avec lui.
Elle le regarde s'éloigner avant de bouger à son tour. De toute façon, elle ne pourrait rien lire de plus aujourd'hui, serrant contre son coeur le livre rendu par Théo, Lily remonte à son tour au château, un étrange sourire aux lèvres.