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Passion is the genesis of Genius | Desmond

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MessageSujet: Passion is the genesis of Genius | Desmond Passion is the genesis of Genius | Desmond 129196351Sam 5 Juin 2021 - 21:01

Du noir. Encore du noir. Pas aussi intense et soutenu que Pierre Soulages, mais y ressemblant fortement. Dans sa forme la plus pure et la plus primale. Comme un retour à l’essence intrinsèque de toute chose. De tout être. C’était cette envie de créer, qui l’avait tenue éveillée. Toute une nuit durant. A tenter d’immortaliser un portrait, dont son Don avait été fort heureux de le lui concéder. A moitié nue, enveloppée dans un linceul de draperie blanche, Alexis peignait. Donnait un sens à un visage, qu’elle connaissait et qu’elle avait déjà vu. De nombreuses fois, dans des saynètes différentes mais néanmoins floues. L’observant dans son monde à lui, à travers une fenêtre tenue et timide. Cette peinture allait probablement rejoindre les autres, celles qui étaient à terre et que la micro sorcière n’avait jamais montrées. Non pas qu’elle avait honte, mais la petite brune aimait conserver son Art. Qui était une extension d’elle-même.

Néanmoins, plus elle avançait dans son processus, plus elle avait envie que lui aussi le partage. Parce que c’était à lui et à lui seul, que se destinait les furieux coups de pinceaux attestant du génie créatif et bouillonnant. Là, l’inspiration était telle, que la jeune Peintre restât prostrée durant de longues heures sans manger et en ne s’abreuvant que de café. Pour rester éveillée. Pour créer et avoir les idées claires. Passant ses mains colorées de peinture noire sur ses tempes, elle en recouvrit une partie de son visage. Essuyant son front, quand le dernier coup de pinceau vint la prendre et la satisfaire. Elle en avait décidément partout, grimée comme une guerrière. Mais, en proie à l’exaltation la plus primale, qui soit. Car elle avait terminé, juste avant que le soleil ne daigne darder ses rayons minces à travers la haute fenêtre de son Atelier.

Enfilant rapidement une robe blanche vaporeuse, avec seulement un dessous foncé confortable et sans nulle entrave pour sa poitrine ainsi que des sandalettes, la minuscule sorcière américaine dévala les quelques escaliers de son Atelier situé nouvellement sur le Chemin de Traverse pour rejoindre le Londres moldu. Sans se soucier un seul instant, des quelques regards interloqués qui, quelquefois, venaient se perdre sur sa silhouette à peine coiffée et sur le noir dense obscurcissant son visage. Sa toile à la main, la jeune femme brune se fraya un chemin parmi les quelques passants présents à cette heure très matinale. De toute manière, Alexis était certaine qu’il l’était aussi. Pour l’avoir côtoyé. Avec un soupir de soulagement, la sorcière américaine lilliputienne apparut devant l’immeuble tant recherché. Quartier de Soho. Face à cet édifice très ancien, la petite américaine eut un sourire énigmatique.

Avant de s’approcher, toujours en regardant en l’air, parce qu’elle savait qu’il habitait au troisième étage de ce bâtiment, reclus dans ce dernier comme dans une tour d’ivoire. Et ça, ça plaisait à la petite Artiste, qui emprunta sans sourciller le vieil escalier qui la conduisit jusqu’à la porte d’entrée de cet homme à qui était destiné la toile, qu’elle tenait dans une main. N’ayant pas pris la peine de l’envelopper. Car trop pressée de la lui apporter. Qu’il la découvre. Et qu’elle la lui remette pour ensuite repartir, comme elle était venue. Bien qu’elle ait eu envie de transplaner dans son appartement, elle se retint. Toquant à la porte trois coups brefs. Impatiente.
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MessageSujet: Re: Passion is the genesis of Genius | Desmond Passion is the genesis of Genius | Desmond 129196351Mar 8 Juin 2021 - 18:15

Desmond se réveilla en sursauts. Aussitôt, ses articulations protestèrent. Il grimaça. Puis, il comprit les raisons de cet inconfort : il s’était endormi sur le clavier de son piano. Une partition avait glissé du rebord et s’était collée à sa joue. Il l’enleva d’un geste maussade ; quelques notes de musique dessinées au crayon noir s’étaient décalquées sur le coin de sa joue. Il ne s’en rendit pas compte car il croisait très peu son reflet dans les miroirs.  

Soudain, il réalisa qu’on frappait à la porte. C’était sans doute ce bruit qui l'avait réveillé. Quelle heure était-il ? Quel jour ? Quelle saison ? Hagard, le pianiste cligna plusieurs fois des yeux sur le fatras de la salle de séjour. Son tempérament dépressif le rendait indifférent à ce qui l’entourait. Il n’en avait pas toujours été ainsi. Lorsqu’il se sentait d’humeur créative, il était capable de se montrer beaucoup plus organisé. Ces derniers temps, les abysses le happaient. Le néant l’enveloppait de plus en plus. Peut-être était-ce dû à l’annulation des concerts par le Ministère ? Il n’aurait jamais pensé qu’il accorderait autant d’importance aux représentations publiques. D’une certaine manière, c’était à travers elles qu’il existait. Reclus dans son appartement, il jouait pendant des heures pour libérer son mal-être, mais cela faisait plusieurs jours qu’il butait sur la composition d’une chanson.  

Plusieurs feuilles de partitions noircies par ses multiples corrections glissèrent sur le sol. Il laissa échapper un soupir puis se leva, les piétinant sans aucun état d’âme. Tout juste bon à allumer un feu de cheminée. Des disques jonchaient le plancher poussiéreux Des vêtements traînaient çà et là. Depuis le coin cuisine, on voyait s’entasser la vaisselle sale. Des livres et des partitions étaient rassemblés sur le rebord des fenêtres ou à même le sol. Le piano à queue était le seul objet impeccable dans ce capharnaüm. Un Steinway que Desmond affectionnait tout particulièrement. Rien n’était posé sur l’instrument de musique qui trônait dans la pièce principale d’une manière presque royale.  

Il passa une main sur son visage dont les yeux soutenaient de sacrées valises. Il avait dormi mais ne se sentait pas reposé pour autant. Le sommeil lui était rarement salvateur. Ses cheveux décoiffés lui donnaient une allure négligée qui allait de pair avec les bretelles rouges qui tombaient de chaque côté de son pantalon. Sa chemise blanche, déboutonnée au col, était froissée.  

Bien qu’il eût les moyens de s’acheter une maison huppée, Desmond préférait vivre dans un taudis. Les manoirs aux mille pièces lui rappelaient son enfance. Vivre dans l’opulence le mettait mal à l’aise.  

Il commença à s’éloigner dans l’intention de se préparer un café, pensant à tort que la personne allait se lasser et s’en aller. Au contraire, les coups se répétèrent. Desmond se crispa. S’agissait-il de Stubby qui décidait de s’incruster ? Cela lui arrivait, parfois. C’était d’ailleurs l’une des raisons qui poussait le pianiste à rendre son habitat inhospitalier au possible, afin que le chanteur se lasse de faire des visites inopportunes.  

Indécis et méfiant, Desmond s’approcha de la porte close. Il l’ouvrit dans un geste sec et... cligna des yeux de plus belle en découvrant qui se trouvait de l’autre côté.  

— Mademoiselle Calloway
, articula-t-il, perplexe.  

La peintre. Ici. Pourquoi ? Il l’enveloppa d’un regard perçant et rapide, de bas en haut. Son visage était noirci de peinture noire par endroits. Sa robe blanche vaporeuse était également tâchée mais elle ne semblait pas s’en soucier. Il nota qu’elle portait un tableau, sombre lui aussi, sous le bras.  

Il la fixa pendant une longue minute sans ciller avant de réaliser qu’elle allait vouloir entrer. Sans un mot de plus, il lui claqua la porte au nez. Nerveux, il se mit aussitôt en quête de sa baguette magique. Il lui semblait impératif de faire un brin de rangement avant qu’elle ne pénètre chez lui. Ne souhaitant pas s’attarder sur le motif de ce coup de tête, il fouilla sous les coussins du canapé, dans les tiroirs, regarda même à l’intérieur du piano. Nom d’un gobelin, où avait-il bien pu la mettre ?  

Soudain, il l’aperçut près du tourne-disque. Il se précipita dessus et referma ses doigts autour à l’instant où il entendit la porte s’ouvrir. Il réprima un juron et pivota raidement vers la jeune sorcière. Pourquoi se sentait-il honteux de montrer son appartement en désordre ? Peut-être parce qu’elle était une demoiselle et qu’il aurait voulu paraître un peu plus gentleman.  

— Bonjour, marmonna-t-il enfin d’un ton froid, bien plus en raison de son embarras que de son agacement. Que me vaut ce plaisir ?  

Cela n’aurait pas été différent s’il avait prononcé : “Vous me dérangez. Allez-vous-en”. La sociabilité et lui faisaient deux. Puisqu’elle avait avancé de quelques pas dans la salle de séjour, il tenta un sortilège informulé de nettoyage sur le fauteuil à moins d’un mètre d’elle, auquel elle tournait le dos. Il agit avec autant de discrétion que possible.  

— Asseyez-vous, je vous en prie.  

Le fauteuil ensorcelé chassa les vêtements et la poussière qui le recouvraient d’un coup d’accoudoir puis, enthousiaste, trottina jusqu’à elle pour la heurter derrière les genoux. La jeune femme tomba en arrière dessus et se retrouva en position assise. Le fauteuil frétilla d’aise.  

Desmond se mordit les lèvres et tenta de faire comme s’il ne s’était rien passé.  

— Café ? Café, marmonna-t-il sans attendre de réponse.  

Machinalement, il porta la main à sa baguette –qu'il avait rangée dans sa poche de pantalon- mais préféra y renoncer. Il était encore trop groggy pour utiliser la magie, preuve avec le fauteuil un peu trop exubérant.  

Il se rendit donc jusqu’à la cuisine ouverte sur le séjour et mit en marche la cafetière, après l’avoir remplie d’eau du robinet. Puis, il se posta près du comptoir et fixa l’appareil. La présence de la jeune peintre le déroutait. Une personne ordinaire aurait sûrement demandé à voir la toile qu’elle avait apportée, mais Desmond attendait qu’elle s’explique. Peut-être que la peinture n’avait rien à voir avec lui. Peut-être que Miss Calloway n’était que de passage à Soho. Il cherchait mille et une justifications à sa présence dans le coin. Il n’en trouva aucune suffisamment satisfaisante. La raison de sa présence demeurait une énigme qui le dévorait de l’intérieur.    
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MessageSujet: Re: Passion is the genesis of Genius | Desmond Passion is the genesis of Genius | Desmond 129196351Ven 11 Juin 2021 - 9:44

La petite Artiste sorcière trépignait d’impatience. A l’idée de montrer, au principal intéressé, ce qu’elle avait pu créer dans un moment de frénésie et d’exaltation créatrice. Or, l’homme qui était représenté sur la toile aux teintes sombres se faisait désirer. Peut-être, avait-il découché ? Ou n’était-il simplement pas présent à son appartement ? Tel une ombre, il devait être ainsi. C’était comme cela que l’imaginait la micro sorcière, évoluant dans une époque qui n’était pas la sienne. Ou un plan, qui n’était pas le sien. Tout comme elle, le Pianiste des Croque-Mitaines vivait à contre-courant, déplorant par moments, cette société dans laquelle ils évoluaient tous les deux. Alexis en peignait les rouages, lui tentait d’en composer une mélodie. La petite américaine, connaissait Archie Davidson, le Guitariste des Croque-Mitaines, qui était une pierre angulaire dans ce groupe où l’Art régnait en maître absolu. Bien qu’elle s’imagine toutefois, qu’il devait y avoir des désaccords. Parce que Desmond Lowe, -le sorcier dont elle attendait qu’il daigne lui ouvrir la porte-, n’avait pas le même processus de pensée que son ami.

Il était plus sombre, plus solitaire aussi. Par ailleurs, la solitude maudite, n’était-elle pas l’apanage des Artistes ? C’était dans la douleur la plus pure, que la Création pouvait être transcendée. Qu’il fallait de la Mélancolie, du Spleen et des Ombres, pour en faire sortir quelque chose de fabuleux. Car, c’était comme cela que la petite brune fonctionnait. Il fallait qu’elle soit dans une vague ténébreuse pour produire la meilleure œuvre possible. Son apogée, étant quand son Lenny l’a quittée. Jamais, son Art ne fut plus authentique qu’à cette période. Rosa, ayant été encensée de par le monde. Se mordant la lèvre inférieure, ses pensées dérivèrent vers Lenny. Peut-être, que le revoir lui apporterait de nouveau, un souffle créateur ? Malgré que la toile noire présente dans sa main, soit un élément très important.

Le regard gris s’attarda de nouveau sur les nuances qui dessinaient ce visage d’homme torturé. Homme dont, elle entendit en tendant l’oreille, qu’il était toujours de ce monde. Les pas rapides dans l’appartement ne la détrompèrent nullement. Il était bien là, et au fond d’elle-même, celle qui se faisait surnommer Rosa, était rassurée. Un sourire flottant sur les lèvres, tandis qu’elle entendit la porte s’ouvrir promptement, trouvant face à elle, le Pianiste dans une interrogation silencieuse. Comme bon nombre d’individus avant lui et après lui probablement, il ne s’était sûrement pas attendu à ce qu’elle apparaisse ainsi. Au seuil de sa porte. Telle une apparition fantomatique. Alors que la bouche de la petite Peintre, s’entrouvrit pour produire une réponse polie à la salutation effectuée, la jolie brune se retrouva au point de départ. Porte close, devant son fin nez.

Il était bien présent. Elle ne l’avait pas rêvé. Elle aurait pu, mais là n’était pas le moment. Déterminée à le voir cependant, Alexis ouvrit la porte. Délicatement. Pour ne pas qu’il en soit brusqué. Bien que cela fût le cas, si elle en croyait la façon rigide dont le Pianiste s’était tourné vers elle, pour la contempler. Pour sa part, les prunelles argentées étudiaient déjà la pièce. Assortie d’un désordre, qu’elle aimait tout particulièrement. Car cela rendait vivant. Et offrait alors à Desmond Lowe, ce titre de Poète maudit, qui corroborait merveilleusement avec cette agitation ambiante. Il fallut un temps certain à la petite brune, pour consentir à une réponse, parce que ses iris gris étaient captivés par le piano, qui trônait tel un joyau, en plein centre de l’appartement. Et qui, tout comme ses chevalets en acajou pur, devait être la chose la plus précieuse aux yeux du Pianiste.

- Je suis venue vous voir, j’ai quelque chose pour … Son petit laïus fut interrompu par un fauteuil qui daigna la prendre sur son assise confortable. Avec un petit hoquet de surprise, elle sentit le mobilier être contenté par son postérieur. Avec un petit rire, elle se laissa faire, touchant les accoudoirs. Comment s’appelle ce charmant ce jeune homme ? Ou jeune femme, je ne sais pas. Un nouveau petit rire flûté.

L’hôte de la maisonnée, avait posé une question qui n’attendait nulle réponse. Si ce n’était seulement un hochement de tête brune. Quoiqu’il y avait assez de café dans le mince corps d’Alexis Calloway pour en satisfaire tout le quartier de Soho. Mais, elle n’était pas contre une nouvelle tasse de ce breuvage. Observant l’homme tout à sa tâche, les prunelles grises le contemplaient. Allait-il se reconnaître sur l’œuvre qu’elle lui avait apporté ? Et qui était spécialement pour lui ? A l’intérieur d’elle-même, elle en était certaine. C’était une évidence. Il ne pouvait en être autrement, de toute manière …

- Comme vous avez pu le voir, je ne suis pas venue seule en votre appartement. Commença la petite voix douce de l’Artiste, tentant de se redresser de ce grand fauteuil qui était en train de l’avaler tout entière. Je vous ai peint, vous. Une nuit entière. Et c’était cela, que je suis venue vous apporter. Un mince sourire, alors qu’elle était enfin parvenue à s’extirper du mobilier qui en demeura fâché. Pour s’approcher du Pianiste.
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MessageSujet: Re: Passion is the genesis of Genius | Desmond Passion is the genesis of Genius | Desmond 129196351Mar 15 Juin 2021 - 11:24

Par la barbe de Merlin ! Miss Calloway avait remarqué le comportement étrange du fauteuil. Elle venait même de poser une question à ce sujet. Desmond se mordit l’intérieur des joues et garda la tête résolument tournée vers la cafetière qui émettait un bruit diffus. Il sembla ignorer les propos de la jeune peintre tandis qu’il cherchait deux tasses dans les placards intégrés. Il y versa ensuite le café et posa la cafetière dans un claquement sec.

Ses muscles se tendirent instinctivement tandis qu’il percevait du mouvement dans son dos. La jeune femme s’était levée et approchait. Ne pouvait-elle rester à sa place ? Il se détourna brusquement des deux tasses fumantes posées sur le plan de travail près de l’évier encombré, pour sortir sa baguette de sa poche. L’espace d’un instant, on aurait pu croire qu’il tenait Miss Calloway en joue. Finalement, avec un mouvement souple du poignet, il marmonna tout en jetant un coup d’œil oblique en direction du fauteuil :

— Finite incantatem.

Ce dernier, qui trottinait déjà, mécontent, derrière la sorcière dans l’intention de la faire se rasseoir, s’immobilisa instantanément.

— Les choses n’ont pas de nom, déclara le pianiste d’un ton sec. C’est d’ailleurs pour cela qu’elles occupent cette fonction.

Il répondait tardivement –et à sa manière- à la question de la peintre. Tout en gardant sa baguette en main, il lui tendit une tasse fumante d’un geste raide. Puis, il consentit enfin à observer le tableau qu’elle avait apporté. Penchant la tête, il le détailla avec attention.

Je vous ai peint, vous. Une nuit entière. Et c’était cela, que je suis venue vous apporter.

Les paroles de la jeune sorcière lui revinrent à l’esprit. Elles étaient empreintes d’exaltation et de fierté. Il se crispa davantage.

— Une nuit entière... articula-t-il sans cesser de fixer la toile. Une sacrée perte de temps.

Il ne méritait pas autant de considération. Comment avait-elle pu se montrer inspirée à ce point ? Il n’avait rien d’exceptionnel. Il se contentait de composer des musiques qui seraient sans doute oubliées avec le temps. Rien de comparable avec les virtuoses de jadis, comme Chopin ou Mozart. Il n’avait pas la prétention de partager leur talent. Son œuvre ne lui survivrait probablement pas. Il ne dénigrait pas ses chansons ; il se montrait seulement réaliste. Certains monuments du rock étaient appelés à demeurer dans les mémoires. Desmond, lui, savait qu’il amusait seulement la galerie.

— Vous avez fait mon nez moins grand. C’est délicat de votre part.

Il adressa un bref regard à la peintre, nanti d’un tressautement au coin de la bouche qui aurait pu s’apparenter à une esquisse de sourire. Puis, il se refocalisa sur la toile. Le portrait était envahi par l’obscurité. Le noir, couleur dominante, faisait partie intégrante du tableau, glissait par vagues successives sur sa chevelure, créait des ombres sur sa peau, accentuait les cernes et ne faisait que ressortir davantage la profondeur de son regard. La peintre avait un talent certain pour dessiner les yeux. Il avait l’impression que le portrait posait un regard lointain et perçant sur lui. Saisissant et absent à la fois. Un étrange mouvement de pinceau donnait l’impression que le visage peint était balayé en partie par un sombre brouillard. Seuls les yeux parvenaient à le traverser. Deux pupilles vert émeraude. Brillantes d’un éclat que le véritable Desmond ne possédait pas.

— Ce portrait ne me rend pas justice, articula-t-il finalement, glacial.

Il détourna enfin le regard du tableau pour le poser sur Miss Calloway. Laconique, il ajouta :

— Il est beaucoup plus réussi que le modèle original.

De la pointe de sa baguette, il se désigna d’un air désenchanté. Il la rangea dans sa poche, saisit une tasse de café qu’il porta à ses lèvres. Le liquide lui brûla la langue. Grimaçant, il expliqua :

— Vous avez la capacité de sublimer l’ordinaire. C’est un don très rare, Miss Calloway. La plupart des gens regardent sans voir. Vous, vous allez au-delà : vous imaginez du merveilleux à partir d’une base sans intérêt.

Était-ce pour cette raison qu’elle s’était déplacée en toute hâte ? Obtenir un avis sur sa toile ? Il était fasciné par ses peintures. Ce n’était pas nouveau. Elles avaient quelque chose qui le touchait en plein cœur. Peu de personnes avaient le mérite d’éveiller son attention ; Alexis Calloway faisait partie de ce cercle restreint.

— Je ne suis pas un professionnel en peinture. Je crains de ne pouvoir vous donner une opinion plus pertinente.

Il jeta un bref coup d’œil vers la porte d’entrée, comme pour lui faire comprendre qu’elle pouvait partir, à présent qu’elle avait eu ce qu’elle était venue chercher.     
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MessageSujet: Re: Passion is the genesis of Genius | Desmond Passion is the genesis of Genius | Desmond 129196351Jeu 24 Juin 2021 - 11:51

C’était ainsi qu’était faite la micro sorcière américaine, elle, elle aimait donner des prénoms à des choses inanimées qui n’avaient alors fonction que de servir l’humain qui s’en emparait. Le fauteuil du Pianiste des Croque-Mitaines n’aurait pas dérogé à cette règle implicite, si et seulement si, il s’était laissé convaincre. Or, la petite brune n’eut pas le temps de formuler des arguments intéressants que le pauvre mobilier se trouva privé de libre-arbitre pour revenir à sa place initiale. Lui, qui aurait tant aimé recevoir de nouveau le séant de la minuscule Peintre. Cependant, Desmond Lowe ne partageait pas cet avis, sa baguette en main pour réduire à l’état de silence, le fauteuil un peu trop impétueux. Avec un léger soupir, Alexis fut contrainte d’obtempérer aux faits et gestes de son hôte, non sans avoir une petite pensée pour le gentil fauteuil qui était bien aise de faire son travail.

S’étant approché à pas feutrés de cet homme qui était plus grand qu’elle de par sa taille et sa renommée, la jeune femme put à loisir le contempler à travers ses prunelles grises d’Artiste. Il était ‘beau’ ainsi. Merveilleusement parfait, comme si une symétrie éloquente et explicite avait rendu l’original bien plus intriguant que le croquis à jamais figé sur la toile sombre. Hochant sa petite tête brune maculée de peinture noire, -elle était à mille lieues d’y faire attention de toute manière-, la microscopique Peintre allait contredire celui qui l’avait laissée entrer. Au-delà même de sa frénésie créatrice qui occultait tout. Observant un court instant ce monument d’ébène aux touches blanches et noires, l’invitée se dit que ce dernier devait avoir au moins une signification. Un prénom. Il se devait d’être personnifié. Car, à quoi bon en jouer, finalement ? Ce piano avait une âme, elle en était sûre et certaine. Et, c’était le musicien qui savait la sublimer.

- Osez me dire seulement que votre beau piano n’a pas une identité. Sachez que mes chevalets et mes pinceaux en ont chacune une. Certains se voient être plus dociles que d’autres, lorsque je les manipule. Certains sont même réfractaires à ce que je les utilise. Mais, je les écoute. Un silence, tout en reportant ses prunelles argentées sur l’homme non loin d’elle. Votre instrument, tout comme vous, contribuez à magnifier des notes de musique.

Un autre silence. Parce qu’il fallait toujours faire montre de silence, et ne pas trop s’épancher. Là, la petite sorcière, ancienne étudiante à Ilvermorny avait épuisé son quota. Elle, qui d’ordinaire ne s’employait nullement à converser durant des secondes qui lui paraissait devenir des heures, préférait s’adonner à ce, à quoi elle était douée. Comme cette peinture, pour laquelle, elle avait œuvré une nuit entière et qui l’avait faite venir jusqu’en ces lieux. Alexis Calloway était généralement fière de ce que son Art pouvait produire, mais non d’elle. Parce qu’en tant qu’Artiste, elle n’était jamais satisfaite. Jamais. Combien de ces toiles avaient fini, incomplètes ? Sans même avoir l’envie de les reprendre ou de leur redonner vie ? Des centaines, voire des milliers. Toutes abandonnées dans une zone d’ombre de l’esprit de la petite Peintre. Zone d’ombre, autant physique que mentale.

- Je ne dirais pas cela. Ce ne fut pas une perte de temps, en ce qui me concerne. J’ai voulu vous ‘voir’, alors je vous ai peint. Un petit son qui ressemblait à un rire. Votre nez est tel, que la Nature vous l’a octroyé. C’est vous, qui pouvez avoir une vision faussée. Vous êtes beau. Très beau. Un ton glacial, cependant, qui vint la saisir à la fois dans le cœur et dans l’âme. Il n’était pas heureux, d’être ainsi représenté ? Il vous rend justice, c’est vous, qui ne savez pas le comprendre. Seulement vous.

Son ton et son regard d’argent clair étaient doux. Contrastant avec l’étonnement qui survint sur ses traits, par après. Selon Desmond Lowe, Alexis Calloway pouvait rendre le réel meilleur. Parce qu’elle l’idéalisait peut-être un peu trop. Qu’à travers son regard de Peintre, elle pouvait s’offrir pareille conclusion ? Non, elle dessinait la Réalité comme cette dernière pouvait lui apparaitre. Se satisfaisant d’une gorgée de café aussi noir que l’humeur de son interlocuteur, la petite voix ne s’échappa pas des lèvres entrouvertes de la minuscule Artiste. Minuscule Artiste, qui selon les palabres de son vis-à-vis était exhortée à prendre congé. Une dernière gorgée de café, avant de poser la tasse sur le plan de travail, derrière l’homme, bien trop grand pour elle. Non sans le fixer une dernière fois, ou plutôt ses mains. L’essence intrinsèque de ce que lui, pouvait être. Car, là était son talent. Inspirant et expirant un court instant, la sorcière américaine prit la tasse du musicien, qu’elle déposa à côté de la sienne, pour venir prendre ses mains dans les siennes. Constatant, qu’à elles seules, elles pouvaient conter tellement d’histoires. Tellement de scénarios. Et, elles étaient belles.

- Laissez-moi, peindre vos mains. A la fois au repos et en action, lorsque vous jouez. Et là, vous comprendrez que le modèle original est exceptionnel. Même si, vous en pensez le contraire. Conclut la petite Américano-Irlandaise avec une tonalité éthérée, à l’image de cette robe blanche, qu’elle arborait.
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MessageSujet: Re: Passion is the genesis of Genius | Desmond Passion is the genesis of Genius | Desmond 129196351Jeu 5 Aoû 2021 - 16:10

Desmond fronça son nez qu’il trouvait si quelconque. Les propos de la jeune peintre l’avaient légèrement froissé. Elle prétendait qu’il était incapable de comprendre le tableau qui le représentait. Après tout, peut-être, puisqu’il s’agissait de la vision de la sorcière, sans doute tronquée par ses passions fantasques et excentriques de jeune femme. Il ne souhaitait pas débattre à ce sujet car il craignait de s’aventurer sur un terrain glissant. Il connaissait la susceptibilité des artistes – il en était un – et il ne préférait pas se frotter à celle de la gent féminine. Chacun pense ce qu’il veut. Convaincre, c’est outrepasser la liberté d’autrui. Le pianiste n’évitait pas les conflits, il était capable de tenir tête à quelqu’un en cas de litige. En revanche, il respectait les avis contraires (sauf quand il les jugeait idiots). Par exemple, il ne manquait jamais de remettre sa “chère” cousine Sinistra à sa place, ou Archie Davidson.  

Après une seule gorgée de café, Miss Calloway posa sa tasse pour prendre les mains du pianiste dans les siennes. Desmond frissonna à ce contact inattendu. Il appréciait modérément qu’on se permette de telles familiarités. Il n’avait jamais été habitué aux marques d’affection. Son père était plutôt un adepte des coups de canne. Quant à sa mère, il se souvenait seulement de ses ongles qui lui griffaient les joues, les rares fois où elle avait tenté un geste “tendre”.  

Solitaire dans l’âme, il avait rarement partagé de moments intimes avec quelqu’un d’autre. La musique le comblait beaucoup plus que la chaleur corporelle. Il était sans nul doute la seule rock star qui profitait le moins de sa situation. Dans les bras d’une femme, il éprouvait une brève sensation de plénitude avant que le néant l’entoure à nouveau. Rien ne pouvait combler le vide qu’il ressentait constamment. Rien, hormis la musique.  

Les oreilles bourdonnantes, il écouta la proposition d’Alexis. Peindre ses mains. Au repos et en action. Il baissa les yeux sur leurs mains jointes. Le vide le happait de nouveau, lui donnant presque le tournis.  

— A quoi bon ? articula-t-il finalement. Vous allez perdre votre temps. Vous verrez ce que vous voulez sur votre tableau et moi, je serai incapable d’en saisir l’essence.  

Un rictus quelque peu narquois crispa les traits de son visage tandis qu’il braquait un regard perçant sur la petite sorcière. Ce faisant, il lâcha brutalement ses mains.  

— Qui plus est, comment comptez-vous peindre sans votre matériel ? ajouta-t-il d’un ton cassant. A moins que vous ne le cachiez sous vos jupes ?  

Tout en parlant, il baissa les yeux vers sa tenue, comme pour se moquer. Malgré lui, son attention se porta quelques secondes de trop sur la jupe blanche légèrement transparente qui laissait deviner les courbes de la jeune femme. Réalisant son impolitesse, il détourna brusquement le regard et s’éclaircit la gorge.  

Où était Daisy ? Son amie imaginaire n’était jamais là quand il avait besoin d’elle. Elle aurait su quoi lui souffler à l’oreille pour se sortir de ce mauvais pas. Ou elle aurait pris un malin plaisir à le mettre encore plus mal à l’aise. Peut-être était-ce mieux qu’elle ne soit pas présente, tout compte fait.  

Les pensées du pianiste produisaient des notes dissonantes dans son esprit. Il porta une main à sa nuque, ébouriffant davantage ses cheveux bruns. Il avait une vague idée de la suite des évènements s’il ne coupait pas court immédiatement : Miss Calloway allait faire apparaître son matériel de peinture. Elle était artiste et obstinée, deux facettes à ne surtout pas prendre à la légère. Cependant, Desmond ne souhaitait pas accéder à sa requête. Il n’était pas une marionnette qu’on actionne selon son bon plaisir.  

Depuis que le Ministère avait enchaîné les interdictions, il s’était beaucoup replié sur lui-même. Il jouait du piano dans l’intimité de son minuscule appartement. Il l’insonorisait, ce qui relevait de l’exploit. Personne n’était digne de l’écouter. Son ego se renforçait - de la mauvaise manière - dans l’isolement. Aussi déclara-t-il d’une voix hautaine :  

— Je ne vais pas jouer pour vous. La musique, ça se mérite. Beaucoup trop de gens la prennent pour acquis. Je ne vous ai pas commandé cette toile, je ne vous ai rien demandé, alors bon vent, mademoiselle.  

Il estimait son mépris suffisant pour doucher les bonnes intentions de la jeune peintre. Il préférait la solitude au risque de se confronter à une personne en chair et en os. Qui plus est, le Ministère avait mis les gens comme lui au rebut. Autant qu’il y reste. Qu’on lui fiche la paix ! Au diable l’humanité, au diable la vie !     
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