Le sérieux de la féminité [libre]

Laya était d'humeur fort guillerette. Elle sortait à l'instant de chez Mme Guipure et avait trouvé une délicieuse petite robe à fleurs en prêt à porter, ainsi qu'un chemisier d'un bleu qui la faisait rêver.
Une légère brise fit remuer quelques longues mèches noires, elle s'en amusa. Un mur d'affichage attira son attention sur les prochains spectacles et animations à venir pour l'été. Elle s'arrêta un instant pour consulter ces informations de première importance.

Brooklyn remontait le chemin de traverse, un paquet sous le bras. Il venait tout juste de quitter l'un de ses « collègues » pro sang-pur à la terrasse d'un Pub et s'apprêtait à retourner chez lui lorsqu'il remarqua une inscription qui attira son regard sur le panneau d'affichage situé non loin de la boutique de Madame Guipure. Sur une des affichettes, on pouvait lire « rassemblement de nés-moldus, soyez fiers de vos origines ! ». Brook grimaça et enregistra l'information, il devrait en faire part à son... « supérieur ».
Puis, il tourna la tête vers la jeune fille à côté de lui qui, elle aussi, semblait absorbée par les flyers.
« Je crois que c'est la première fois que je vois ce panneau d'affichage aussi rempli », dit-il dans un sourire, histoire d'entamer la conversation.
Cette tentative d'approche était bateau, il en avait presque honte.

- L'actualité est remuante en ce moment. Il y a tellement de gens qui n'ont rien à dire, mais veulent le dire très fort...

Le nez sur l'affichette que lisait son voisin, elle haussa les épaules. Non pas par dédain des racines, au vu de la condition de son père. Elle ne voyait juste pas l'utilité de se rassembler pour être fier de ses origines. Elle-même appréciait de fouiner dans les brocantes pour dénicher d'anciennes affiches publicitaires, pour sa décoration. Allait-elle lancer un rassemblement pour ceci?

Elle lança un regard poli et distrait à son voisin, en lui souriant aimablement.

- S'il y a du monde, c'est que l'affichage est assez varié pour que chacun y trouve son compte!

Brooklyn jeta un nouveau coup d'oeil au tableau d'affichage. En effet, c'était assez varié. On pouvait trouver des affiches de concerts ou de spectacles en tout genre, des petites annotations d'anciens élèves de Poudlard qui revendaient leurs grimoires, des annonces de nurses « garde vos petites monstres à domicile », des publicités, des rassemblements...
« Et est-ce-que vous y trouvez votre compte ? » demanda le jeune homme en posant son regard sur la demoiselle, sans quitter son léger sourire.
Si elle lui sortait qu'elle pensait participer au regroupement de nés-moldus, il se chargerait de son cas, au fin fond d'une impasse sombre et miteuse, si vous voyez ce que je veux dire.

C'était une bonne idée, cette revente de manuels. Quoique... elle en garderait quand même un ou deux sous le coude, qui lui étaient bien utiles. Son regard se porta sur les spectacles et animations de la ville. Des animations théâtrales en pleine rue? Des illuminations musicales des vieux bâtiments? Intéressant! Loin des considérations sociales et politiques, oui, c'était très sympatique!

- On dirait bien... Et de vôtre côté? Cette halte aura-t-elle été utile pour vous?

Le regard de Brooklyn se perdit un instant sur l'affichette des nés-moldus et une grimace se dessina sur ses lèvres. Oh que oui, ça avait été utile.
Puis il reporta son attention sur une affiche qui indiquait l'illumination de la banque de Gringotts et il la pointa du doigt.
« Très utile, je crois avoir trouvé quoi faire ce soir ! s'amusa-t-il avant de se retourner vers la jeune femme. Moi c'est Brooklyn. »
Il lui tendit la main et lui offrit son plus beau sourire. Ah, qui n'avait jamais craqué devant ce sourire si angélique ?

Sujet: n Ven 19 Juil 2013 - 22:30

"Toi, tu es un ancien Serpentard!" pensa-t-elle. Tellement fort même qu'elle sourit malicieusement pour ne pas que les paroles sortent. Ancienne préfète de la maison vert-argent, elle avait côtoyé pendant 7 ans ces gravures de mode, androgynes, glaciaux, arrogants et cultivés. Elle en avait même été suralimentée, alors non, les traits fins, le regard doux comme une couche de givre et le sourire railleur et poli, ça ne lui faisait plus trop effet.

- Laya, enchantée!

Mine de rien, c'était la première fois qu'elle se présentait à quelqu'un sans que ce soit entre 4 murs de pierre épaisse, dans son uniforme gris, et au garde à vous. Cette liberté nouvellement acquise conféra un éclat rêveur et satisfait à ses yeux dorés.
Ah vous avez un sourire, Monsieur? Eh bien moi, j'ai des yeux!

« De même » répondit-il en hochant la tête.
En plongeant ses yeux dans ceux dorés de la demoiselle, Brooklyn, grâce à ses facultés de legilimens, réussit à sonder son esprit. Alors ainsi, elle pensait qu'il avait étudié à Poudlard. Il est vrai que ça ne se lisait pas sur sa tronche, qu'il était moitié américain, moitié bulgare, même si son accent de l'est ressortait de temps à autre.
« Vous venez de quitter Poudlard, pas vrai ? demanda-t-il. Moi, j'étais à l'institut de Salem. »

Agaçant, de ne plus pouvoir se fier à ses préjugés pour connaître l'historique d'une personne... Il avait eu un bref instant un peu gênant où il avait fixé ses yeux sans ciller. Dans le doute, elle penserait moins fort et se réciterait une chanson des Beatles dans sa tête.

- Merlin, ça se voit tant que ça?

Salem, ce n'était pas en Amérique, ça? Un endroit qu'elle n'avait encore jamais eu l'occasion de visiter. Il était vrai que, tant qu'on ne parlerait pas d'elle sur l'affiche, son travail se cantonnerait au pays.

- Salem vous dites? Vous nous arrivez de loin! Et comment est-ce là-bas, par rapport à l'Angleterre?

« Disons que c'est assez flagrant, oui... » répondit évasivement Brooklyn, sans s'attarder sur la façon dont il en avait conclu sa situation.
Mais étrangement, à partir de ce moment, il lui fut plus difficile de sonder l'esprit de la jeune femme. Coïncidence, peut-être.
« Salem, c'est à l'image de l'Amérique, je dirais : très extravagant. Mais n'ayant jamais été à Poudlard, il me serait difficile d'en faire une comparaison. Quant à la ville en elle-même, c'est assez sympa, vous devriez y aller, un de ces jours. Vous y croiserez probablement des sorciers très intéressants. »
Salem était la ville sorcière par excellence, aux Etats-Unis. Si bien qu'on y croisait effectivement tout un tas d'hurluberlus venus profiter des énergies des sorcières de la ville.
« La séparation d'avec Poudlard n'a pas été trop dur ? » demanda Brooklyn en souriant.

- Ca laisse rêveur, en effet! Des gens intéressants sur quel plan?

Laya considérait par exemple son père comme formidablement intéressant car il savait lui raconter de merveilleuses histoires. En maternelle, elle avait trouvé un garçon haut comme trois pommes follement intéressant car il savait faire craquer son nez, et même remuer ses oreilles. La jeune sorcière aurait-elle elle-même assez de goût et d'esprit pour trouver son intérêt dans les habitants de Salem?

- Disons que je la vis plutôt comme un soulagement. Je n'ai jamais vraiment réussi à m'épanouir à Poudlard. Je n'en garde pas que de mauvais souvenirs bien sûr, mais j'ai hâte maintenant de découvrir ce qu'il y a à l'extérieur!

Avec un peu plus de maturité, elle se serait frappée le front de la naïveté de ses paroles. Même si elle ne l'admettait pas, Poudlard faisait partie des lieux les plus sûrs du monde, et elle en claquait joyeusement la porte tout en s'enfuyant à toutes jambes dans une capitale bourrée de faits divers. Elle devait vraiment avoir l'air d'une midinette godiche, émerveillée par le premier papillon qui passe.

Peut-être que l'avenir lui ôterai d'une manière bien brusque cette inconscience du danger. Ou peut-être qu'il lui ferait la faveur de ne pas se rendre compte des horreurs qui l'entouraient.

« Des gens intéressants par leur diversité, je dirais. C'est une ville qui accueille une communauté sorcière de tout horizon... Et de toute classe », ajouta Brooklyn plus discrètement.
Ça avait été un véritable cauchemar pour son père de devoir côtoyer des sangs-purs et des sangs-mêlés dans le même cercle d'amis. Salem était bien loin de toute cette haine des sangs-de-bourbe, bien loin de ce qu'avait connu Aleksandar Yordanov dans sa Bulgarie natale.
« Vous êtes bien la première à me dire que vous êtes soulagée de quitter Poudlard, fit Brooklyn en souriant. Qui plus est pour découvrir ce que les murs de l'école vous ont caché pendant sept ans. Etes-vous au courant de ce qui se trame, ces temps-ci dans le monde magique ?

- Oh, il faudrait être bien naïf ou entêté pour ne pas savoir ce qui se passe en ce moment. Mais après tout, les fauteurs de trouble d'aujourd'hui sont les élèves d'hier. Il se passe plus ou moins les mêmes histoires à Poudlard, à une bien moindre échelle. Je reconnais que je n'ai pas trop conscience des faits les plus tragiques, mais je ne sais pas vraiment s'il est utile que j'en sache plus.

Elle lisait les journaux, ses parents aussi. Elle avait décidé de plusieurs mesures de prudence à adopter, ses parents lui en avaient demandées certaines supplémentaires. Au-delà de ça, eh bien il fallait bien faire tourner le quotidien! Elle préférait encore s'occuper de mener sa vie plutôt que de songer aux morts des autres.

« Alors c'est en toute connaissance de cause que vous préférez le monde extérieur à Poudlard ? »
Brooklyn était impressionné. Laya semblait étrangement plus mature que toutes les autres jeunes personnes qu'il avait rencontré depuis qu'il vivait à Londres. Elle ferait une excellente recrue pour le Lord, à n'en pas douter.
« Vous vivez sur Londres, depuis ? » demanda Brooklyn.
Londres, la ville brouillard, celle qui se trouvait au coeur même de l'action et que Brook avait choisi comme ville d'hébergement pour être toujours au premier plan, en toute occasion.

Laya n'appréciait pas trop le ton de la question du jeune homme. Trop d'admiration et d'impressionnement, alors qu'elle se savait être inconsciente du danger. Elle marmotta dans sa barbe, son regard doré fuyant autre part l'espace d'une seconde.

- La solitude est simplement un peu plus supportable dans une grande ville.

Histoire de faire retomber le soufflet de charisme qu'il lui avait conféré. Point d'héroïne flamboyante, d'amazone farouche et indomptable, bourrée de principes, se battant pour des causes nobles et loyales. Juste une fillette qui venait de passer 7 ans à se faire snober par ses semblables, dans une crypte que toute l'Angleterre considérait comme le paradis sur terre. Impressionnante, l'amazone, pas vrai?

- Oh, depuis une éternité! Au moins un mois!

Les Beatles firent un couac dans sa tête. Etait-ce bien raisonnable de donner un tel renseignement au premier venu rencontré devant une affiche? Même si elle ne voyait pas trop comment il pourrait retourner l'information contre elle, elle commençait à bien trop se détendre.

Sujet: Re: Le sérieux de la féminité [libre]