Une réception d'anniversaire ~ Jeremiah, Minerva, Julius + libre

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Toute la journée, le manoir Avery avait connu une agitation particulière. Le salon de réception, la veille ordonné et calme, grouillait à présent de vie. Les elfes de maison s'affairaient aux derniers préparatifs, montant une pyramide de coupes de champagne, envoyant des cuisines des amuses-gueule à peine sortis du four et ajustant les dernières guirlandes de fleurs.

- Laissez davantage de place pour l'orchestre, ordonnait Fluvia à deux elfes de maison qui s’inclinèrent jusqu'au sol.

Seul Tyrion, le maine coon, étendu de tout son long sur un des canapés, contemplait l'agitation d'un air lointain et désintéressé, ponctuant son observation de quelques longs bâillements. Tout était à peu près près. L'orchestre devait arriver d'une minute à l'autre et les invités également. Minerva lui avait fait savoir qu'elle arrivait dans quelques minutes : elle tenait à être la première.

Fluvia avait fini de se préparer. Elle s'était parée d'une robe fourreau rose qui arborait un gros nœud à l'arrière et avait noué ses cheveux blonds en un chignon fouillis. Un rouge colorait et attirait tous les regards sur ses lèvres. Elle était prête pour fêter dignement ses vingt-deux ans. Son père, Tiberius, finissait de se préparer, en bon perfectionniste qu'il était.

L'orchestre arriva et s'installa à l'emplacement que Fluvia leur montra. Très vite, une fois les instruments sortis et mis en place, les musiciens entreprirent de régler les accords.

La sonnette retentit alors : les premiers invités arrivaient.

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La jeune sorcière sourit, ravie de voir sa longue chevelure rousse mise en valeur par les mains si habiles et compétentes de son elfe. Ils brillent, sentent merveilleusement bon et ses longues boucles sont plus douces encore que la soie. Un monarque étend ses ailes d'argent dans sa chevelure rousse tandis qu'elle dépose un peu de rose sur ses lèvres. Elle se sent prête à fêter les vingt-deux hivers de Fluvia Avery, sa future soeur. Moon ouvre une dernière fois le coffret de velours gris pour admirer tout cet or et ces pierres fines. Comment ne pas fondre devant tant de trésors ? C'est sur cette pensée rassurante qu'elle pose sur ses épaules sa cape d'hiver vert bouteille. Une fois sur le perron le froid lui fouette le visage, le sang coule plus vite et ses yeux se mettent à briller lorsqu'elle contemple le ciel étoilé de Londres. C'est la dernière vision qu'elle conserve avant de transplaner pour apparaître face au manoir Avery, toujours écrasant de grandeur. Moon jette un dernier regard à la lune argentée qui se reflète sur son visage et fait scintiller l'unique diamant à son cou, comme pour se rassurer avant de frapper à la porte. Un elfe l'accueille et la conduit jusqu'à sa future soeur, radieuse dans sa belle robe. Son assurance crève les yeux, pas comme la jeune Moon qui esquisse un sourire faussement confiant en tendant à la blonde le coffret de velours.

- Joyeux anniversaire Fluvia.

Et voilà! La jeune femme se sent entraînée par l'autorité de son aînée, pauvre papillon fatalement attiré par la lumière.

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C'est un mystérieux sourire vissé au coin des lèvres que l'héritier Orwell passa le pas de la porte de la demeure Avery : il se sentait d'humeur particulièrement joyeuse, ce soir-là. Il avait d'abord été surpris, lorsque Fluvia Avery, sa cousine, lui avait rappelé d'une voix sans appel qu'elle comptait sur sa présence (et son cadeau) à la soirée qu'elle comptait donner pour fêter ses vingt-deux ans. Avant de s'étonner lui-même d'avoir pu oublier cet événement incontournable de l'année : tous les ans, il était devenu coutume que le gratin des sorciers se retrouve au milieu de l'hiver pour rivaliser de cadeaux hors de prix pour l'unique héritière de la fortunée lignée Avery. Jeremiah abhorrait cette mise en scène mielleuse, mais devait bien reconnaître qu'il s'y amusait toujours beaucoup, même si c'était au dépend des autres. Il y avait bien longtemps qu'il ne se retrouvait plus dans cette société, et qu'il l'observait à présent de l'extérieur, du regard aiguisé de celui qui connaît le milieu et ne l'en critique que mieux. Seule l'affection qu'il portait sincèrement à Fluvia le poussait à se rendre à ce genre d'événement et à y faire bonne figure, même s'il ne pouvait s'empêcher chaque année d'y aller de son petit grain de sel : l'an dernier, il avait amené Rita Skeeter avec lui, sachant pertinemment que l'impertinente journaliste était haïe de tous. Autant dire qu'il s'était amusé comme un petit fou. La colère de Fluvia - que dis-je, sa fureur - avait été telle que Jeremiah cette année avait décidé de se montrer plus sage, et s'était contenté de décider qu'il ne porterait ni chemise, ni cravate. Son elfe Primus s'était lamenté pendant tout l'après-midi, allant même jusqu'à essayer d'enfiler par surprise le conventionnel morceau de tissu autour du cou de son cher maître, mais sans succès. Jeremiah avait opté pour un sous-pull noir décontracté et sobre, qui tranchait de manière flagrante avec son teint d'albâtre : la provocation n'était pas bien grande, et même cette bonne vieille Sygrid, pourtant très à cheval sur les convenances, n'y trouverait sans doute rien à redire. Depuis toujours, elle vouait un culte à son petit-fils, et lui pardonnait la moindre de ses frasques.

Nous partons, Primus, lança-t-il légèrement à son elfe en descendant le monumental escalier du manoir Orwell. Son elfe de maison, qui l'attendant en bas, se dépêcha d'aller chercher les trois elfes chargés comme des mules qui devaient amener les cadeaux destinés à la vorace héritière croqueuse de diamants. Il devenait chaque année plus délicat de trouver un cadeau digne de ce nom, mais cette fois Jeremiah pensait avoir fait un choix à la fois élégant et parfaitement pratique, tout en restant horriblement cher. Bref, c'était à son avis un excellent cadeau.

Au moment où l'héritier Orwell posait un pied sur le perron de la demeure Avery, la porte d'entrée s'ouvrit et un elfe s'inclina profondément en s'effaçant pour les laisser passer, lui et ses trois elfes. Jeremiah se débarrassa de sa cape d'un coup d'épaule et la tendit sans cérémonie à il-ne-regarda-même-pas-qui, avant de lancer un regard à la ronde, à la recherche de la reine de la soirée. Celle-ci étincelait au milieu de la salle, déjà entourée d'une horde d'admirateurs rivalisant de courtoisie pour lui donner leur cadeau en premier. Parmi eux, Jeremiah eut la surprise de reconnaître la chevelure flamboyante de Minerva Moon, et esquissa un sourire ravi et entendu. Bien sûr, tout Londres ne parlait plus que de cela, le vieux Avery s'unissant en secondes noces à la matrone Moon. Il était donc naturel que l'ancienne fiancée de l'héritier Orwell soit de la partie, voilà qui promettait bien des réjouissances. Sans plus attendre, Jeremiah fendit la foule et parvint sans rencontrer la moindre résistance à hauteur de sa cousine, devant laquelle il s'inclina légèrement.

Joyeux anniversaire, ma douce, lui glissa-t-il d'une voix légèrement amusée en se redressant de toute sa hauteur. Je vais te décevoir, mais non, je ne t'offrirai pas de bague de fiançailles cette année encore. J'espère que mon cadeau te satisfera quand même, même s'il est bien inférieur à la perspective de te marier avec moi.

Jeremiah s'effaça alors pour laisser apparaître une collection complète de luxueux bagages, depuis la malle d'ébène jusqu'à la délicate pochette de soirée. Tout cet étalage de cuir noir aux reflets d'émeraude n'était que qualité et simplicité, et ne clamait qu'une chose, son prix parfaitement démesuré.

Cuir de Magyar, et détails en peau de Sombral. Bien entendu, ne te fie pas à leur taille. Je n'ai pas pris la peine de les remplir, je crois savoir que tu es douée pour le faire toi-même, d'autant plus que tu as maintenant des compagnes toutes disposées à t'aider à le faire.

Sur ces entrefaites, Jeremiah adressa un hochement de tête courtois à Minerva, dont le goût pour la mode était bien entendu connu de tous.

La première arrivée n'était autre que Minerva, la nouvelle sœur de Fluvia. Les deux jeunes femmes ne se connaissaient pas depuis longtemps, mais, dès que leurs parents leur avaient annoncé leur fiançailles, elles ne s'étaient plus quittées; Et pourtant, elles étaient si différentes. Minerva la réservée passait presque inaperçue aux côtés de Fluvia qui ne cherchait qu'à être au centre de l'attention de tous. Mais quand elles se retrouvaient toutes les deux, la jeune femme accordait tout son temps à la rousse, ravie d'avoir une sœur et d'échanger avec elle sur les dernières tenues à la mode.

- Miiin, lança Fluvia lorsqu'elle l'aperçut à l'autre bout du salon.

Elle s'avança pour embrasser chaleureusement la nouvelle venue, qui avait les joues encore fraîches, et eut un large sourire lorsque Minerva lui tendit un coffret en lui souhaitant un joyeux anniversaire. Vingt-deux ans, ça méritait forcément un cadeau des plus imposants.

- Merci, de quoi s'agit-il ?

Sans attendre la réponse, Fluvia déballa son cadeau et découvrit une parure magnifique, dont les améthystes étincelaient plus que ses yeux. Elle ne put s'empêcher de s'exclamer, caressant les pierres précieuses du bout des doigts, avant de demander à sa sœur de lui passer le collier et de coincer le monarque dans sa coiffure compliquée. Voilà qui complétait parfaitement sa tenue.

Les deux jeunes femmes passèrent en revue les derniers détails, tout en sirotant leur premier verre de champagne ou de jus de citrouille de la soirée et en échangeant les derniers potins - la robe de Morgan qui était en cours de confection, le magasin qui tournait bien, blablabla.

Puis les invités influèrent par petits groupes, si bien que le salon résonnait à présent des conversations et des rires des convives. Fluvia était aux anges, papillonnant d'un groupe à l'autre, un sourire aux lèvres, pour saluer tout le monde et récupérer ses cadeaux. Ils s'étaient surpassé, ce soir-là. Entre les bijoux, les voyages, une collection de grimoires originaux sur les villages sorciers, un cottage au bord de mer et une kyrielle de robes les plus extravagantes les unes que les autres. Il fallait, désormais, l'aide de plusieurs elfes de maisons pour transporter les présents du salon à la chambre de Fluvia, qui de son côté remerciait avec effusion ses invités. Elle échangeait un commentaire avec Narcissa Malefoy sur le dernier Sorcière Hebdo lorsqu'elle fut interpellée par une voix qu'elle ne connaissait que trop bien. Jeremiah Orwell, son cousin.

Elle lui colla deux bises affectueuses, la main sur l'épaule, riant à sa boutade sur leurs fiançailles.

- Toujours aussi incorrigible, Orwell, répliqua-t-elle. Et moi qui disais justement à Minerva que rien ne me ferait plus plaisir.

Réplique à double tranchant, sachant pertinemment que Minerva et Jeremiah avaient été promis l'un à l'autre. Son cousin s'effaça pour laisser place à une somptueuse collection de bagages en matériaux travaillés et précieux. Le bois et les tissus brillaient sous la lumière des lustres.

- Cuir de Magyar, et détails en peau de Sombral, précisa Jeremiah. Bien entendu, ne te fie pas à leur taille. Je n'ai pas pris la peine de les remplir, je crois savoir que tu es douée pour le faire toi-même, d'autant plus que tu as maintenant des compagnes toutes disposées à t'aider à le faire.

Fluvia ria avant de presser l'avant bras de son cousin pour le remercier.

- C'est un très bon cadeau, je me demandais justement comment je transporterais mes robes lors de mon prochain voyage...

D'un signe de la tête, elle ordonna aux elfes de ranger tout cela puis entraîna Jeremiah vers le buffet pour lui tendre un verre de champagne, venant directement des caves de Père et lui demanda :

- Qu'as-tu fait de Rita ? Elle s'est étouffée avec sa plume ?

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La beauté du manoir Avery éblouit la jeune sorcière. Tiberius n’avait pas regardé à la dépense. C’était une belle fête où l’argent coulait à flots, chaque convive pouvait admirer la puissance du clan Avery, elle-même, pourtant habituée à cet univers luxueux, s’étonnait de tant de belles choses. Sa future sœur étincelait, ses lèvres rouges étirées en un sourire radieux. Visiblement elle était parfaitement à l’aise, comme une sirène dans l’eau. Et dire que bientôt elle aussi ferait partie de ce clan. Comme si appartenir aux Moon n'était pas déjà assez compliqué à gérer! Fluvia fondit sur elle avec chaleur, ce qui lui redonna un peu de courage. Ils n'allaient tout de même pas la manger! C'est avec soulagement qu'elle vit une myriade d'étoiles se déployer au fond de ses yeux, signe que son cadeau lui plaisait. Elle s'exécuta avec joie lorsque la blonde lui demanda de parer sa gorge d'or et d'améthyste.

- Je suis heureuse que ça te plaise.

C'était plus merveilleux encore que dans ses rêves, lorsque enfant elle songeait à la soeur qu'elle aurait pu avoir. Les deux jeunes femmes se lancèrent alors dans une discussion frivole. Elles commentaient les derniers potins, s'échangeaient des ragots encore frais et tout naturellement spéculaient sur la robe de la future mariée. Robe qui resterait jusqu'à la dernière minute un secret. La salle se remplit ainsi petit à petit d'invités, et c'est à regrets qu'elle vit Fluvia s'éloigner et gratifier les convives de sa présence. Moon surprenait régulièrement des regards curieux tournés vers elle. Toute la bonne société sorcière se préparait aux futures noces de Tiberius Avery et Morgan Moon. Elle saisit une coupe de cocktail non alcoolisé, la honte de son dernier excès encore en mémoire, et manqua de s'étrangler en assistant à l'entrée remarquée d'Orwell. Il ne manquait plus que lui! Drapée de son air le plus digne, elle répondit froidement à son salut en priant pour qu'il ne lui rappelle pas leur dernière rencontre.

Ou pire, qu'il le confie à Fluvia...

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Descendant l'escalier qui menait à la salle de réception redécorée spécialement pour l'anniversaire de Fluvia, Tiberius fit une entrée remarquée. Il faut dire qu'il avait, comme à son habitude, une allure des plus élégantes et impressionnantes. Son ensemble d'un rouge sombre, presque noir, miroitait légèrement à chacun de ses mouvements, donnant encore un peu plus d'aristocratie à son air altier. Le maître des lieux alla embrasser sa fille, avant de s'intéresser au reste de l'assistance. Il salua chaleureusement Minerva, sa futur belle-fille, qui avait définitivement hériter de la beauté et de l'élégance de sa mère. Son salue à Jeremiah Orwell fut plus formel. Sans animosité aucune, mais Tiberius ne pouvait s'empêcher en voyant Jeremiah de regretter qu'il ne ressemble pas un peu plus à son père, un homme que le Mangemort avait fréquenté fut un temps, et dont il appréciait la trempe.

Faisant le tour des invités, qui remplissait bientôt la salle pourtant vaste, il fit signe à Kritina, leur elfe de maison et accessoirement divine cuisinière (comment en témoigner l'impressionnant buffet qui attendait les convives), d'apporter le cadeau qu'il lui avait fait emballer. Sa somptuosité méritait une audience digne d'elle, et d'un raclement de gorge, Tiberius Avery fit se former un cercle dans l'assistance autour de sa fille qu'il avait rejoint, prenant des mains de l'elfe le paquet haut de 50 cm environ.

- Pour ma chère fille, un présent à peine digne de sa beauté.

Il laissa Fluvia dévoiler une cloche en verre contenant une incroyable rose magique. De la taille d'une main ouverte, la fleur déployait des pétales qui changeaient sans cesse de couleurs, offrant toujours de nouvelles harmonies de teintes toutes plus sublimes les unes que les autres. Tiberius l'avait fait faire par un sorcier spécialiste de la magie floral spécialement pour sa fille.

- Évidemment, elle ne fanera jamais, au contraire de ton vieux père.

Aux murmures admiratifs que reçurent le dévoilement de la rose arc-en-ciel, il sut qu'il avait fait son petit effet, et avec un large sourire, il s'écarta pour laisser les amis de sa fille s'approcher pour admirer son présent.

Un petit sourire satisfait s'étala sur le beau visage de Jeremiah lorsqu'il remarqua la sécheresse avec laquelle Minerva Moon répondit à son salut : manifestement, la flamboyante héritière Moon n'avait pas digéré leur dernière entrevue. Très brève, et déjà éloignée dans le temps, celle-ci gardait dans l'esprit du jeune homme une saveur particulière... Un parfum d'insouciance qu'il ne sentait plus, ces derniers temps, et qui lui manquait terriblement. Un parfum dont ce soir, à force de badinerie, il comptait bien retrouver quelques effluves : sans se faire prier, Jeremiah laissa la reine de la soirée s'emparer de son bras et la suivit galamment tandis qu'elle se dirigeait loin de son cercle d'admirateurs, vers le buffet.

Qu'il est impoli de planter ainsi tous ces gens venus te rendre hommage, déplora-t-il d'une voix railleuse en jetant un coup d'oeil au milieu de la salle, tes admirateurs ne savent plus autour de quel soleil se mettre en orbite.

C'est alors que Fluvia lui demanda des nouvelles de cette chère Rita, et Jeremiah partit d'un éclat de rire joyeux : bien sûr que non, Fluvia n'avait pas oublié, et lui ferait très certainement un jour payer au centuple cet affront. Rita avait passé sa soirée à tout critiquer, du champagne jusqu'à la musique en passant par la robe de Fluvia, et n'avait pas manqué de rédiger un article assassin sur "ces jeunes personnes qui croient que tout ce qui est cher est de bon goût"... Jeremiah ne s'en était toujours pas remis.

Rita te transmets ses hommages, prétendit-il fort sérieusement en levant la coupe que Fluvia venait de lui tendre, et se joint à moi pour te souhaiter un merveilleux anniversaire, tchin, conclut-il en entrechoquant sa coupe avec celle de la jeune femme.

C'était un merveilleux mensonge, car il y avait déjà bien longtemps que Jeremiah avait cessé de s'infliger l'insupportable présence de Rita Skeeter : la presse avait fini par cesser de faire des gorges chaudes de leur pseudo-relation amoureuse, aussi avaient-ils décidé d'un commun accord de cesser la mascarade. L'héritier Orwell ne s'en portait que mieux, il fallait bien le reconnaître. Il était dangereux de fricoter avec un tel personnage quand on avait tant que lui à cacher... et à perdre.

C'est alors que le père Avery en personne décida de faire son apparition, et Jeremiah, tout sérieux retrouvé, le suivit du regard tout en trempant les lèvres dans son verre tandis que le patriarche descendait les escaliers en direction de sa glorieuse progéniture. Depuis toujours Tiberius Avery l'impressionnait, certes moins que son père à l'époque, mais toujours aujourd'hui, Jeremiah continuait de vouer à cet homme une sincère admiration. Il n'ignorait rien de ses opinions - il était bien connu des membres de l'Ordre du Phénix - mais il n'en restait pas moins l'un des modèles du jeune Orwell, pour tout un tas de raisons. Un modèle qu'il comptait bien rejoindre, voire dépasser, se promit-il en rendant son salut à son oncle.

Jeremiah partit dans un éclat de rire qui égaya son visage. Fluvia ne put s'empêcher d'éprouver une pointe de satisfaction - s'il riait de Rita ainsi, c'est bien qu'elle n'avait pas beaucoup de valeur à ses yeux. Et elle était d'autant plus satisfaite qu'il venait de la flatter en la qualifiant de soleil. Elle jeta à son cousin un regard en coulisse, un sourire au coin des lèvres avant de lever la coupe de champagne pour trinquer avec l'homme.

- Rita te transmets ses hommages, glissa-t-il, et se joint à moi pour te souhaiter un merveilleux anniversaire, tchin.

Ce fut au tour de la blonde de lâcher un rire moqueur. Jeremiah déconnait et elle le savait parfaitement. La dernière personne à qui Rita aurait eu envie de souhaiter l'anniversaire était bien Fluvia et cette dernière en avait parfaitement conscience. D'ailleurs, l'héritière Avery n'avait pas oublié l'article que la journaliste avait fait paraître sur elle. Elle n'en revenait toujours pas d'avoir été traité ainsi ! De toute façon, Rita était jalouse.

- Je n'en crois pas un mot, répondit Fluvia après avoir but une lampée de champagne, mais si tu le dis, c'est bien aimable de sa part. Je lui enverrai les restes par hiboux, histoire qu'elle voit ce qu'elle a loupé et qu'elle se mette quelque chose sous la dent.

Fluvia allait alors se tourner vers Minerva, qui se faisait encore plus discrète que d'habitude tout en sirotant son cocktail, lorsque Tiberius fit son entrée, par l'escalier d'ébène. Un murmure parcourut l'assemblée, avant d'être suivi par un silence respectueux. Même au bout de vingt-deux ans, Fluvia appréciait cette réaction. Son père était connu et reconnu. Il était adulé par beaucoup, tant d'autres se méfiaient de lui, mais il ne laissait personne de marbre. Fluvia l'aimait plus que tout. Il était son père, mais aussi son modèle. Elle savait bien qu'elle ne serait jamais comme lui - elle était bien trop impulsive pour pouvoir prétendre à être aussi calculatrice que lui.
D'emblée, lorsqu'il s'avança vers elle, les invités formèrent autour d'eux un cercle.

- Pour ma chère fille, un présent à peine digne de sa beauté.

Kritina, leur elfe, tendit au paternel le présent, qui avait une forme si étrange que Fluvia se demanda de quoi il pouvait bien s'agir. Sans plus attendre, elle défit le paquet, pour découvrir, ébahie, une splendide rose, exposée à la vue de tous sous une cloche de verre, et dont les pétals se paraient tour à tour de couleurs chatoyantes, sans cesse renouvelées.

- Évidemment, elle ne fanera jamais, au contraire de ton vieux père.

Fluvia eut du mal à s'arracher de ce qu'elle contemplait. Toute l'assistance avait également les yeux braqués sur cette rose extraordinaire, dont la splendeur se passait de tout commentaire. Elle finit tout de même par confier le présent à l'elfe avant d'entourer de ses bras le cou de son père et de l'embrasser sur les deux joues.

- Merci, père, lui murmura-t-elle à l'oreille. Sachez que vous serez toujours assez vert pour trouver de merveilleux cadeaux d'anniversaire.

Elle avait officiellement vingt-deux ans, mais, lorsque Tiberius la regardait, elle se sentait encore telle une fillette de sept ans à qui un présent faisait rougir les pommettes. Elle récupéra des mains de l'elfe la cloche de verre.

- Regarde, Min, dit Fluvia à sa sœur, elle sera magnifique dans ma chambre, n'est-ce pas ?

Se tournant vers la rousse, elle exécuta un parfait demi-cercle afin - et uniquement afin - de montrer la rose magique à ceux qui n'avaient pas encore pu la voir réellement.

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La sorcière n'eût pas le loisir de se soucier d'Orwell plus longtemps car un murmure agita l'assemblée avant de laisser place au silence. Un silence empli de respect, un silence digne d'un monarque tandis que Tiberius Avery faisait une entrée remarquée. Par le grand escalier, majestueux, surplombant ainsi les sorciers et sorcières, les dominant tous, son regard d'aigle balayant la foule. Ce rouge sombre, presque noir, flattait le teint du sorcier et lui conférait un air plus altier. Comme quoi l'apparence n'était jamais à négliger, elle même avait choisi de porter une robe qui mettait en valeur sa silhouette élancée et gracile, mais sans pour autant chercher à faire de l'ombre à la reine de cette soirée. C'est avec joie qu'elle accepta le salut chaleureux de son futur beau-père, les yeux emplis de fierté et de tendresse, mais aussi d'une lueur d'envie et de chagrin. Jamais Tiberius ne lui porterait autant d'amour qu'à sa propre chair, et jamais elle ne pourrait se réfugier dans les bras de son père. Aussi lorsque Fluvia sauta au cou de son père, c'en fut trop pour la sorcière qui détourna le regard, empli d'amertume, les yeux brillants de larmes qu'elle refoulaient. Elle battit des paupières pour chasser ces gouttes malvenues, un sentiment de culpabilité au fond de la gorge. Il ne servait à rien d'envier sa future soeur dont le bonheur l'aveuglait, son passé était ainsi fait, et son père avait choisi de ne pas errer sous la forme d'un fantôme. Il était mort à 30 ans en la laissant orpheline. Il n'y avait pas de quoi pleurer, et encore moins gâcher la fête de Fluvia.

Aussi, lorsque la blonde, radieuse, se tourna vers elle, la superbe rose dans les mains, la rouquine sourit de toutes ses dents, éblouie par la beauté de cette oeuvre florale.

- Oui, elle sera superbe! Mais pas autant que toi.

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