Assise sur le lit qu'on lui a attribué, le dos contre le mur, Elsa regarde les autres s'affairer autour d'elle. Ca chuchote, ça s'énerve, ça monte des plans pour aller chercher de la nourriture, pour faire passer des SOS à la Volière, pour essayer de trouver un moyen de sortir de cet asile. Les Gryffondor étaient les plus vindicatifs. Elle était plus calme, plus pragmatique. Elle voulait bien mettre à disposition la froide intelligence des Serdaigle mais elle n'allait pas s'énerver comme ça. Pour l'instant il n'y avait pas besoin. Son regard fit le tour du dortoir. Quel bordel. Comment en étaient-ils arrivés là ? A un point tel que les Mangemorts s'en prennent à des gamins et que les adultes ne puissent rien faire. C'était lamentable. Une première année de Serdaigle terrorisée, craqua et se mit à pleurer en serrant contre elle un vieux lapin qui devait lui rappeler des souvenirs. Elsa la regarda tendrement et tendit les bras. La gamine vint s'y réfugier et Elsa la serra contre elle, la berçant doucement. Il ne fallait avoir aucun coeur pour priver des enfants de nourriture, de chaleur ou de sécurité. La petite fini par s'endormir contre elle, à bout de nerfs. Il fallait dire que le manque de nourriture, les tortures physiques ou psychologiques, les abus et les lits inconfortables n'aidaient pas à la sécurité d'esprit ou au sommeil serein. Le regard de la Serdaigle se posa sur Andy qui était allongé sur son lit et son coeur se serra d'inquiétude. Il n'avait pas l'air très bien. Il avait l'air épuisé, il était si pâle. Et il ne voulait pas qu'il l'aide. Le regard de la jeune fille s'assombrit. Elle était amoureuse de lui. Elle avait eu du mal à le comprendre, à l'intégrer, du mal à l'accepter aussi. C'était Andy merde ! Ils se connaissaient depuis qu'ils étaient nés, ils avaient grandis ensembles, ils étaient comme un frère et une soeur !! Et elle, elle était amoureuse de lui. Comme une imbécile. Elle était sûre que ce n'était pas réciproque. Après tout, lui il aimait les filles comme Ashton Doyle. Et elle n'était pas comme Doyle. Elle était moins jolie, moins entreprenante, moins "fille". La Serdy soupira. Comme si c'était le moment de penser à ces conneries. N'importe quoi. Mais par contre ... Prenant la petite dans ses bras, elle la déposa sur son lit et la laissa au bon soin de ses amis puis elle se leva et se dirigea vers le lit d'Andy et le força à se pousser pour s'allonger près de lui, posant sa tête près de la sienne. Puis elle lui sourit.

- Hey mon beau. Comment tu te sens ? demanda t-elle d'une voix douce.  

Such a long road we've been walking on

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Andy se tourne, se retourne, incapable de s'endormir dans son lit dur comme de la pierre. A côté de lui, il entend Woody ronfler doucement. Ça le rassure de savoir que son frère est avec lui, même s'il ne sait pas s'ils vont réussir à sortir vivant de cette aventure.
Il a chaud, repousse la couverture trop rêche qu'il a sur le dos. Décidément, il n'arrive pas à trouver le sommeil et en même temps, comment pourrait-il s'endormir dans des conditions pareilles. Ils sont comme du bétail, alignés, tous bien rangés, certains dorment, d'autres pleurent et d'autres encore parlent trop fort de rebellions qui n'ont pas la moindre chance de fonctionner.
Andy désespère, serre les poings et enfouit sa tête dans l'espère d'oreiller pour s'empêcher de crier. Il en a marre, de tout ça, de cette poisse qui lui gâche la vie depuis sa naissance. Il est maudit, c'est pas possible autrement. Et se dire que « demain est un autre jour » est juste inutile quand on sait que demain sera encore pire qu'aujourd'hui.
Elsa le rejoint, Andy sursaute. On ne sait jamais avec ces mangemorts qui rôdent tout le temps dans les couloirs. Elle le pousse un peu, il se décale pour lui laisser de la place et, instinctivement, il jette un coup d'oeil en direction du lit d'Ashton. Il remarque qu'elle est retournée, dos à eux, il en est soulagé sans trop savoir pourquoi. Après tout, il n'y a plus rien entre eux, ni de près, ni de loin.
« Hey mon beau. Comment tu te sens ? demande Elsa.
— Comme une souris en cage... répond doucement Andy, avant de se retourner vers elle et de lui adresser un sourire. Et toi, tout va bien ? »
Leurs fronts se touchent presque, l'étroitesse du lit les poussant à se rapprocher. Même si, depuis la rupture d'Ashton avec Andy, Elsa et lui n'ont eu de cesse de se rapprocher, provoquant même des sentiments assez troublants et confus dans l'esprit du Serdaigle. Mais Elsa est son amie, il ne peut se permettre de ressentir ce genre de choses. Surtout avec sa maladie... A quoi bon se lancer dans une aventure quand on n'est même pas sûr d'être encore là à la fin du premier chapitre ?

Il ne va pas fort. Elle le sait. Elle le sent. Ils se connaissent depuis qu'ils sont nés. Elle le connaît mieux que lui même après toutes ces années. La perte d'Ashton lui a fait autant de mal que leurs disputes du temps où ils étaient ensembles. Il ne veut juste pas avouer à quel point il l'aime encore. Et puis sa maladie le ronge. Elle le voit bien. Il n'a plus la force de se battre. Et elle a si peur de le perdre. Elle ne veut pas le perdre. Elle ne peut pas. Elle ne sait pas comment survivre sans lui. Il est plus que son meilleur ami, plus que son confident, plus que son frère. Il est l'autre moitié d'elle même. Il la connaît si bien.

- Comme une souris en cage.. Et toi, tout va bien ? 
- Comme un oiseau dont on a brisé les ailes, qu'elle répond dans un murmure.

Leurs front ses touchent presque. Ils sont si proches. Mais Elsa surprend le regard d'Andy. Elle le suit jusqu'à une forme endormie. Mais elle n'a pas besoin de demander qui est endormi juste là. Elle a reconnu la chevelure blonde étalé sur l'oreiller. Son regard s'assombri. Elle est heureuse qu'il fasse noir et qu'Andy ne puisse le voir.

- Elle te manque pas vrai ? demande t-elle.

Son coeur se serre. Elle se sent mal. Pour la première fois elle a envie de s'éloigner d'Andy. Elle a envie de le secouer et de lui hurler dessus. De lui hurler qu'Ahston n'est pas la fille qu'il lui faut, qu'il peut l'oublier le monde ne s'en portera que mieux. Elle voudrait le traiter d'imbécile, lui dire qu'elle est là, elle, qu'elle ne le laissera jamais tomber. Mais elle ne dit rien. Elle se contente d'attendre la réponse avec appréhension. Et elle sait que c'est stupide. Qu'il s'agit d'Andy. Qu'ils sont amis depuis la nuit des temps. Qu'il est comme un frère pour elle. Mais c'est plus fort qu'elle. Plus fort que tout. Ce qu'elle ressent pour Andy ne ressemble pas du tout a ce qu'elle ressent pour ses frères. Et elle lui en veut de ne pas le voir. Et elle s'en veut de le ressentir. C'est tellement stupide. Ils ne sont plus des enfants. Ca ne devrait pas les effrayer. Et pourtant c'était le cas.

- Ca ira, murmure t-elle tout de même, la gorge serrée.

Elle ne sait pas trop qui de lui ou d'elle, elle veut rassurer. Elle fait comme elle peut. Ca ira. Elle l'espère au plus profond d'elle même.

« Elle te manque, pas vrai ? » demande Elsa et Andy comprend tout de suite de qui elle parle.
Il fuit le regard de son amie, baisse les yeux, soupire. Ashton lui manque, oui. Mais pas comme un manque affectif. C'est autre chose, comme... Comme le manque d'une habitude, peut-être. Ils sont restés longtemps ensemble, si longtemps qu'au final, Andy n'arrivait plus à imaginer la vie sans elle. Et puis un jour, l'histoire s'est terminé, et on doit faire face au vide qu'a créé l'autre en quittant notre vie. Alors oui, elle lui manque et il ressent encore de la jalousie en lui lorsqu'il la voit avec un autre garçon. Puis il se souvient qu'elle n'est plus à lui, qu'il doit se faire une raison, que la page est tournée. Pour de bon.
Et puis... Avec ce qu'il commence à ressentir pour Elsa, Ashton lui manque de moins en moins.
« Non. Non, c'est terminé, c'est du passé, dit-il avant d'adresser un sourire tendre à son amie. Elle ne me manque plus, maintenant. »
Andy sent bien qu'Elsa a besoin d'être rassuré. Mais il ne soupçonne pas pourquoi.
« Ça ira, dit-il.
— Bien sûr que ça ira », lui répond Andy avant de lui déposer un baiser sur le front, sa main caressant la joue froide de la jeune fille.
Il n'en pense pas un mot. Il ne voit pas comment ça pourrait aller, mais c'est tout lui, ça. Voir toujours le verre à moitié vide. Il a toujours été le pessimiste de la famille, et c'est aussi pour ça qu'il a tant de mal à accepter les sentiments qu'il peut ressentir pour Elsa. Elle est si positive, il a peur de la gâcher.
« On est ensemble, non ? tente-il de la rassurer. Alors ça ira, ça ne peut qu'aller. »