La fin d'après-midi tombait doucement sur la forêt et le territoire, et, assis sur le rebord de la fenêtre d'une des chambres du premier étage, en train d’affûter un couteau, je respirais à pleins poumons. C'était mon moment préféré de la journée, celui où l'air humide s'imprégnait d'une forte odeur d'herbe et de tourbe, où le soleil pâlissait et baignait les environs d'une lumière tamisée qui me convenait bien mieux que l'éclairage cru d'un soleil plein et rond haut dans le ciel. Tout semblait paisible, et je profitais d'un moment de solitude tandis que chacun des miens vaquait à ses propres occupations. Les jumeaux et Denver étaient partis avec mon père et mon oncle en tout début d'après-midi et ne devraient plus tarder à rentrer. Ma tante et ma sœur Dallas étaient d'ailleurs parties à leur rencontre, pour les accompagner sur le chemin du retour. Ne restaient donc dans la demeure que ma tante Daphné, quelque part occupée à passer le temps avec les triplettes et peut-être même Ariena, venue nous rejoindre peu après le départ de mon père et des garçons. Et ma plus jeune sœur, Delilah. Que je n'avais pas entendue depuis un moment, un phénomène pour le moins inhabituel et vaguement inquiétant. J'entendais le rythme régulier de son petit cœur et savait qu'elle n'était pas bien loin, seulement je décelais aussi celui... De quelqu'un d'autre. Intrigué, je jetais mon attirail sur le lit le plus proche, et dévalais les marches jusqu'au rez-de-chaussée, puis jusque sur le perron. A quelques mètres de là, derrière la maison, un chemin s'enfonçait encore plus profondément dans la forêt, et je savais que ma sœur aimait à s'y promener et y jouer. Je décidais de m'y rendre, pas vraiment sûr d'avoir été vu par Ariena ou quelqu'un d'autre, quittant la maison. Quelques enjambées sur le sentier me menèrent à ma sœur qui, figée sur place, observait devant elle un gamin, hésitante. Je m'approchais et, parvenu derrière elle, je posais une lourde main réconfortante sur son épaule. Delilah leva la tête vers moi pour me sourire, puis revint au garçon. Je le jaugeais d'un air soupçonneux. Il ne devait pas avoir plus de dix ans, peut-être même pas dix tout à fait. Moins. Je n'en étais pas sûr. Mais ce dont j'étais sûr, c'est que je sentais sur lui l'odeur reconnaissable entre toutes de Fenrir Greyback.
« ▬ Il dit qu'il s'appelle Will » déclara ma sœur. Mais moi qu'il s'appelle Will, Peter ou Jack, je m'en fichais. Je me demandais plutôt ce qu'il faisait là, seul, et pourquoi.

La pleine lune n'aurait pas lieux avant au moins deux semaines, ce n'était donc pas pour cette raison que la jeune femme s'était permise de rendre visite au clan Fairbrother. Elle avait longuement réfléchi aux paroles du médicommage Jones. C'était la première qu'elle voyait tant de sincérité et de... de la compréhension. En générale les mages qu'i l'avaient soigner avait toujours eu un regard de pitié voir de dégout, mais pas lui. Sa raison lui enjoignait toujours de se méfier mais son coeur, pour une fois touché, lui assurait qu'elle pouvait lui faire confiance.  Elle était donc venue en parler avec eux, et surtout avec Derek puisque d'après les dire du docteur Jones, il était intermédiaire. Ils avaient passé l'après-midi à en discuter et Derek l'avait convaincu. Il a aussi promis qu'il l'accompagnerait aux rendez-vous de test pour les remèdes quand ils seront au "point" et cela suffit à la rassurer.

La louve avait passé le reste de la journée à aider en cuisine puis à discuter avec Daphné, la tante de Derek de la prochaine pleine lune, tandis que les triplettes jouait ensemble un peu plus loin. Au bout d'un moment elle s'absenta pour trouver un coin plus isolé. Les pleines lune en leur compagnies, se passait de mieux en mieux, mais pour que ça continue sur la même voies elle devait continuer à méditer.
Elle entra dans un des bureaux, celui qui donnait sur la porte d'entrée, laissais la porte entrouverte, et s'installait sur le sol, en tailleur, le dos contre le bureau. Elle commença à respirer et à analyser les signes pré-pleine lune qui commençait déjà à se faire sentir. Au bout d'un moment, elle aperçut la jeune Delilah sortir. Elle n'y prêta pas plus attention sur le coup, concentrer sur sa méditation.  Ce ne fut que quand Derek sortit à son tour, un peu plus tard, que suspicieuse elle sortis du bureau et  se stoppa à la porte d'entrée, pour observer. Un jeune garçon, à peine dix ans se tenait devant Delilah. L'esprit sans doute encore un peu en méditation La louve ne capta pas tout de suite, l'odeur qui aurait pourtant du lui sauter au nez. Le jeune garçon avait sur lui l'odeur de Greyback ! Elle s'avança rapidement vers Derek. Un coup d'oeil, vers lui, fit comprendre à la jeune femme qu'il avait aussi comprit. Ce petit garçon appartenait à la meute de Greyback, et à voir son visage tiré, les guenilles qui lui servait de vêtements.

Delilah semblait confiante, mais la louve savait, et Derek tout autant, qu'il ne fallait se laisser par son âge et sa bouille. Elle avait eu à faire à Greyback mais elle 'étais encore loin de se douter de quoi était vraiment le loup-garou.

-"Delilah" Dis-elle doucement en s'approchant de la jeune fille. Un regard à Derek, une approbation indiscernable pour qui n'avait pas l'habitude, et elle la tira légèrement en arrière. "Tu devrais rentrer et rester avec ta tante, ma puce." Elle lui lança un regard d'incompréhension et l'ainée des deux compris qu'elle allait résister. Fichue caractère Fairbrother parfois ! La jeune femme tirai un peu plus, doucement mais fermement. "On va s'occuper de ce ... jeune garçon" Le "on" la rassura puisqu'elle ne résista plus et entra dans la maison. Elle était encore visible derrière la porte, mais au moins elle était en sécurité à l'intérieur, si jamais danger il y avait.

-"Will , c'est bien ça ? D'ou viens -tu ? "

dragées:

Je n'avais toujours pas bronché, toujours occupé à jauger l'enfant d'un œil inquisiteur, la main sur l'épaule de ma jeune sœur, lorsque je sentis Ariena arriver. L'oreille fine, la louve avait sans doute du deviner que quelque chose se tramait, et je la laissais éloigner ma sœur du gamin, franchement pas contre. Bien évidement, je ne comptais absolument pas m'en prendre à un enfant, mais je préférais de loin savoir la cadette de notre meute aussi éloignée que possible de toute menace extérieure à notre clan. Delilah s'éloigna, hésita un moment sur le perron, fit signe de la main à Will et entra à l'intérieur. Pourtant la chipie croyait peut-être pouvoir nous berner, Ariena et moi, en tendant l'oreille à ce qui se passait à l'extérieur, hors de portée de vue. Je ne m'en formalisais pas, bien conscient qu'être têtu est un trait de caractère récurent parmi les notres, et écoutais plutôt Ariena essayer de tirer les vers du nez du gamin, d'une voix douce. De mon point de vue, elle y allait beaucoup trop gentiment, et j'aurais déjà rué dans les brancards bien plus tôt, car j'estimais que le pousser verbalement dans ses retranchements était la meilleure solution pour obtenir des réponses rapidement. Mais sans doute le jeune âge du louveteau face à nous avait raison de la brusquerie d'Ariena. Or, je ne pu cacher mon amusement lorsque la verve du garçonnet claqua comme un fouet dans l'air lorsque celui-ci lui répondit.
« ▬ Entre nulle part et là-bas, y a une différence gamin, alors décide-toi, fis-je en croisant les bras, tandis que Will affirmait qu'il ne retournerait pas d'où il venait. Je le trouvais bien sûr de lui. Et puis quoi, qu'espérait-il ? Rester avec nous, peut-être ? Avec l'odeur de Greyback qui transpirait par tous les pores de sa peau, je doutais que ce ne soit possible. A ce stade du débat, pile au moment où le garçon désignait du doigt le chemin d'où il venait, la voix d'Hitchens résonna à nos oreilles. Farkas, évidemment...
Le loup apparut soudain, et l'enfant recula jusqu'à se cacher derrière Ariena et moi. Un comportement bien étrange lorsque l'on se doutait que les deux lycans appartenaient à la même meute. Farkas avança les mains en l'air en gage de sa bonne foi, en affirmant ne pas vouloir d'ennuis et récupérer le gamin pour repartir. Je me retournais vers l'enfant dans mon dos, et jaugeait les hochements de tête négatifs et catégoriques de Will.
▬ On dirait que le petit n'a pas vraiment envie de repartir avec toi, Farkas... », lui répondis-je narquoisement.

Ce jeune loup lui faisait irrémédiablement pensé à elle. Sur la défensive, brusque dans ses paroles. Ariena avait l'impression de voir sa version masculine au même âge. Quoique elle devait avoir un an de plus à peine au moment ou elle devint louve. Mais qu'est-ce que cela changeait vraiment ?
Elle laissa Derek renchérir, essayant d'analyser la situation avec ses yeux de sorcières. Ce garçons semblait quelque chose, mais si il appartenait à Greyback, il était potentiellement dangereux de le garder parmi eux. Pourtant, La jeune femme répugnait à penser à ça, mais le jeune garçon, serait peut-être un bon otage pour le bureau des aurors, pour tenter d'attraper Greyback ou l'un de ses bras droits. Surtout qu'elle savait bien, quelle importance l'alpha portait à SES loups. Ce fut la voix de Farkas Hitchens qui la sortit de sa reflexion.
Immédiatement, il ne fut question de rendre le petit. Petit qui s'était d'ailleurs caché derrière les deux adultes.
Dans un geste mué par un reflexe travailler des centaines de fois, elle glissa la main vers sa baguette avant de pousser un juron. Les Fairbrother n'étant pas ultra fan de la magie, elle laissait toujours sa baguette dans le bureau. Elle se maudit de tout les noms et se promit qu'elle rediscuterai de cette clause avec Derek.

-"Approche d'un seul millimètre, et je te jure que Greyback devra se passer de son bras droit." Lança-t-elle. Elle n'avait pas sa baguette et elle n'était pas idiote, Farkas avait été élévé dans la sauvagerie, contrairement à elle qui l'avait toujours fuit. En corps à corps il aurait un gros avantage.
"On dirait que le petit n'a pas vraiment envie de repartir avec toi, Farkas... " La jeune femme s'était toujours demander, ce qu'il serait arrivé si elle avait été récupérer aussitôt par la meute de Greyback. A y voir la tête effrayer du petit garçon, elle sut que sa vie avait été plus heureuse, malgré son isolement. Elle lança un regard à Derek. Impossible de savoir ce qu'il voulait faire cette fois. La protection du petit semblait évident, mais il était aussi dangereux de le garder et de renvoyer Farkas. La prochaine fois, Greyback en personne viendrai peut-être. J'étais attaché à ce clan qui m'avait accueillit comme leur famille.
La haine pour Farkas bouillait sous le crâne de la jeune femme, mais elle ne devait pas perdre son sang-froid.
-"Pourquoi, on te le rendrais ? Greyback est-il si diminuer qu'il utilise des gamin pour le défendre ?" Elle savait que c'était faux, qu'en les choisissant jeune, le loup-garou garantissait leur fidélité. Pourtant cette dernière question était purement stratégique, la moindres expressions, ou un mot de travers pourrait trahir Farkas et son chef par la même occasion.

Puisqu'Ariena avait décidé de jouer au mauvais flic et tenait son rôle à merveille, je me contentais d'occuper celui du pseudo gentil et me tenais droit, bras croisés sur le torse, les sourcils légèrement haussés en une expression qui ne laissait aucun doute quant à mon total scepticisme face à toute cette mascarade. Je n'arrivais à comprendre si tout ceci n'était encore que le fruit de l'imagination retorde de Greyback et une ruse pour faire diversion, mais je me souvenais aussi ma dernière rencontre avec Farkas. Je me rappelais avoir pensé exactement la même chose, or il ne s'était rien passé, si ce n'est quelques jetés d'insultes et autres joyeuses contrariétés, mais rien de plus. L'affrontement n'était peut-être pas passé bien loin, mais ni Farkas ni moi-même n'avions outrepassé nos forces en ce lendemain de pleine lune, et le loup avait quitté nos terres comme il les avait gagné, à savoir ; une main devant, une main derrière. Hitchens semblait néanmoins beaucoup moins agité que lors de notre dernière rencontre, mais ses nerfs avaient l'air d'être mis à rude épreuvre. Pas qui ? Le gamin ? Je me retournais lentement vers Will et le regardais un moment. Tout ce que son visage me laissait transparaître était celui d'un petit garçon inquiet et tout sauf désireux de repartir avec l'autre lycan. Les yeux scannant son visage, je ne pouvais néanmoins me défaire d'un élément qui me troublait ; son rythme cardiaque. Comment se faisait-il qu'un garçonnet au visage si préoccupé bénéficia d'un pouls aussi calme ? Les battements de son cœur auraient dut être aussi affolés que l'air de son visage, mais il n'en était rien. Intrigué, je lui tournais à nouveau le dos et revenais à Farkas en grande conversation avec une Ariena bouillonnante. Hitchens, lui, cherchait un appui qu'il pensa trouver en moi, lorsqu'il me regarda et me demanda ;
« ▬ Tu ne peux pas rester là Will, ils ne veulent pas de toi ici. N'est-ce pas ? Je ne répondis pas tout de suite, restant silencieux tandis que je fixais Farkas des yeux, comme si grâce à ce seul contact j'arriverai à savoir ce qu'il avait réellement en tête. Évidemment, c'était impossible. Dans mon dos, le petit se manifesta.
▬ C'est vrai ? demanda-t-il en plantant ses prunelles noires dans les miennes, et j'ouvrais la bouche pour lui répondre, lorsque...
▬ Attend Derek ! Delilah sortit de sa cachette mais n'avança pas jusqu'à nous. Cependant, depuis le perron, je distinguais nettement son petit minois suppliant et sa voix déterminée. Je crois... Je crois qu'il y a de la place pour lui ici. Et il ne m'a rien fait de mal, au contraire. J'étais dépité, il n'y avait pas d'autres mots. Revenant à Farkas, je lui décochais un regard atterré, puis me tournais vers Ariena.