Assis face à une large table couverte de poussière, Erwan lisait La Gazette en buvant une bière au beurre absolument exquise. Personne ne semblait le reconnaître dans ce bar miteux. En même temps, ce n'était pas pour rien qu'il avait choisi de la retrouver ici !
Il lâcha son journal, pensif. Elle était en retard, peut être même ne viendrait-elle pas. Après tout, il lui avait envoyé une petite lettre lui demandant de le rejoindre, alors qu'il ne l'avait vu qu'une fois. Par les temps qui courraient, peu de gens voudraient accepté un rendez-vous avec un quasi-inconnu. Erwan lui-même avait longuement hésiter avant de la contacter, mais il était en danger, et elle était la seule en qui il pensait pouvoir faire confiance. Il avait découvert tellement de choses ces sept derniers mois, tout ce temps, toutes ces recherches, cela ne pouvait avoir été fait en vain !

Le jeune homme tâta sa poche, les papiers étaient toujours là, il soupira de soulagement puis termina sa bière d'une traite avant de commander un jus d’œillet tout en se plongeant dans d'intenses réflexions.




Erwan était assis dans une petite salle, il ne savait plus vraiment comment il s'était retrouvé ici. Après la mort d'Augustus les choses s'étaient déroulées si vite, il en avait oublié ce qui l'avait décidé a suivre Mr Miller ce jour là, puis pourquoi il avait préféré défendre cette femme que le laisser la tuer.
Les souvenirs qu'il avait d'Augustus Miller revenaient sans cesse le hanter. Il se souvenait du jour de ses neuf ans, Augustus et George étaient venu les chercher, lui et sa grand-mère, pour les inviter à manger. Les Miller, déjà très proche d'Erwan à se moment, devinrent ceux qu'il considéra comme sa famille dés ce moment.

Une larme coula le long de la joue d'Erwan. Il se leva, prit d'un excès de rage, il avait tué celui qu'il aurait pu appeler « père » ! La crise de folie se stoppa dés qu'il aperçu la ravissante jeune femme qui se tenait face à lui. Il la fixa abasourdit, puis baissa les yeux en murmurant :

« Il était comme un père pour moi, je n'avais pas le choix... Je... Je m'en veux tellement... »



Erwan avala son jus cul-sec, cette fois il était certain qu'elle ne viendrait pas ! Il enfila la veste qu'il avait posé sur le dossier de la chaise voisine tout en se relevant, puis secoua ses manche pour faire tomber la poussière qui s'y était déposée.

7 mois plus tôt, ministère de la magie.

Mafalda fronça les sourcils et dût se faire une raison : il n'y avait vraiment rien à faire aujourd'hui. Un dimanche matin des plus habituel mais, ce jour là, le travail manquait cruellement au service des usages abusifs de la magie. La belle rousse aurait pu prendre sa journée mais elle préféra se balader dans son département, écoutant les rumeurs qu'elle pouvait glaner ça et là. Elle était vraiment de bonne humeur ce jour là, et marchait d'un pas légèrement sautillant, sous les regards attentionnés de ses collègues. Mafalda était certe très insouciante mais la plupart du temps, seul la fatigue marquait ses traits d'ange.

Un bruit de couloir se répandit bien vite, sur un important témoignage qui devait avoir lieu. Mafalda n'avait pas eu souvent l'occasion d'assister à cela et pensa demander à son père de lui obtenir une place. Charles Hopkirk... Membre éminent du Magenmagot, Il serait ravi de lui montrer une facette de son métier. La sorcière se dirigea donc vers la salle d'attente, pensant arriver à temps pour croiser son père. Mais il n'y avait personne à part un jeune homme dont elle s'approcha avec curiosité. Celui-ci ne l'avait pas remarqué, et une larme dévala sa joue. Se rendant brusquement compte de la présence de l'ancienne Serdaigle, il déclama des phrases sans queue ni tête pour la jeune femme. Perplexe, Mafalda esquissa un sourire et lui parla d'une voix douce.

- Calme-toi... Écoute je ne sais pas qui tu es mais si tu as besoin de parler je suis là hein ?

Elle lui offrit un nouveau sourire éblouissant, et d'un gracieux geste de la baguette, fit apparaitre une théière fumante qu'elle posa sur la petite table de la salle.

- Tu veux une tasse de thé ?

Son cerveau fonctionnait à toute vitesse. Cet inconnu diablement mignon en face d'elle devait être le fameux témoin. Il y allait avoir un bon moment d'attente avant qu'il ne passe devant la justice magique. Alors autant tromper son ennui en essayant de le consoler. Donner un peu d'espoir aux autres, face à cette époque sinistre, était bien normal.

Aujourd'hui :

Mafalda courrait, son long manteau noir claquant derrière elle. La jeune femme piquait un véritable sprint à travers le petit village, retrouvant des souvenirs d'une adolescence heureuse en passant devant certains bâtiment. Le temps où elle était élève lui paraissait si loin et si proche à la fois. Mais tout cela n'avait pas d'importance pour l'instant. Ce qui comptait c'était le bout de parchemin froissé dans sa main et la peur d'arriver trop tard. L'enseigne familière commençait à apparaitre dans son champ de vision et la sang mêlé accéléra. A bout de souffle elle posa la main sur la poignée et poussa doucement la porte, juste à temps pour voir Erwan saisir sa veste.

- Attends ! Je suis là.

Elle s'agrippa à sa manche et lui adressa un regard d'excuse. Mafalda avait beaucoup hésité à venir, se demandant si c'était sérieux et si le jeune homme voulait vraiment la revoir. Et il était, devant elle, après 7 mois sans nouvelles.

- Je suis désolée du retard, j'ai été retenue.

Aujourd'hui :


La poussière chuta lentement, tout d'abord en voltigeant dans tous les sens, guidée par le léger courant d'air, puis en se déposant tranquillement sur le sol de la salle. Erwan était fasciné qu'une si petite chose puisse, dans une simple chute, durer si longtemps. C'est certainement ces secondes qu'il passa à regarder la poussière tomber qui lui permit de ne pas transplaner avant qu'elle n'arrive.

" Attends ! Je suis là. "

Erwan leva les yeux, plein d'espoir. Mafalda était face à lui, le regard plein d'excuse. Il la fixa bouche bée. Elle était différente, pas comme ses souvenirs, trompés par la tristesse du moment, lui en avaient laissé l'image. Son propre regard se perdit dans les yeux profond de la jeune femme. Il eu l'impression, un bref instant, de traverser un océan juste en s'y plongeant.
Aussi vite que cette sensation lui était apparu, elle s'évanouit. Plus grâce à la détermination du garçon qu'autre chose...



7 mois plus tôt :


Les mots étaient sortis tout seul, il ne savait trop pourquoi. La femme eu l'air intriguée, lui proposant de parler. Il resta muet, ne lui jetant pas un regard de plus. Elle ne pourrait le comprendre de toute manière.

- Tu veux une tasse de thé ?

Il fit non de la tête, à quoi bon boire du thé? A quoi bon parler? Les fait étaient là, il avait tué un homme. Le visage d'Augustus au moment de mourir le hantait, tout comme celui de George quand il lui avait apprit la nouvelle.
Le fait de penser sans cesse à toute cette histoire empêchait tout contact avec l'extérieur à Erwan, si cette nouvelle venue voulait le faire parler, elle aurait du mal, beaucoup de mal. Pourtant, au fond de lui, Erwan n'avait besoin que d'une chose : de parler.


Aujourd'hui :

" Je suis désolée du retard, j'ai été retenue. "

Erwan sourit à Mafalda, il quitta ses yeux  du regard, et fixa sa belle chevelure rousse tout en répondant, hésitant.

-Pas de problème, j'ai eu un peu peur que tu ne veuilles venir après sept mois sans nouvelles. J'avais besoin de parler avec quelqu'un de confiance, même si on ne se connait pas vraiment. Après ce que tu as fait pour moi, je pense que tu es la personne en qui je peux avoir le plus confiance.

Erwan fit signe à la femme, qui il ne pouvait plus le nier maintenant était vraiment à son goût, de s’asseoir. Il retira sa veste à nouveau, sachant que la poussière allait très vite reprendre sa place dessus. Une fois assis, gêné, Erwan essaya d'éviter le regard de Mafalda, de peur de s'y perdre à nouveau. Ses yeux glissèrent alors sur ses joues, sa bouche, son cou. Il se ressaisit très vite, espérant qu'elle n'aurait rien remarqué. Il n'était pas là pour un rendez-vous galant, d'ailleurs le lieu aurait été très mal choisi.

Elle lança un nouveau sourire à Erwan et se mordilla la lèvre inférieure avec une certaine nervosité. Le jeune homme ne semblait pas lui en vouloir, c'était déjà ça. Mafalda détestait être en retard. Il était prêt à partir pourtant, et la sorcière se demanda s'il l'aurait recontactée. Probablement pas. Toujours haletante, la sang mêlé respirait profondément pour calmer les battements affolés de son coeur. Erwan était bouche bée, était-il si surpris de la voir débarquer ? Mafalda avait peu hésité en lisant sa lettre pourtant. Le souvenir du jeune homme la poursuivait et elle voulait le revoir. La rousse n'aurait manquée ce rendez vous pour rien au monde. Il lui fit signe de s'assoir et Mafalda regarda les chaises crasseuses en soupirant. S'asseyant elle lui fit un clin d'oeil.

- Tu n'as pas honte d'inviter une demoiselle dans un endroit si sordide ?

C'était bien évidemment de l'humour, comme le montrait clairement ses yeux pétillants. Appuyant ses coudes sur la table et se tenant le menton, Mafalda écouta attentivement ce que lui racontait Erwan.

- Je n'ai pas fais grand chose Erwan, je t'ai juste fait parler. Et ça va être la même chose aujourd'hui alors dis moi tout ce que tu as découvert.

Les regards insistants du jeune homme faillirent la mettre mal à l'aise, mais ce n'était guère la première fois qu'on la dévisageait. Elle avait hâte d'entendre les révélations d'Erwan, et surtout de savoir s'il allait mieux.

** 7 mois plus tôt **

Mafalda haussa les épaules et se servit une tasse de thé. Ses yeux parcoururent le visage du garçon avec intensité et une expression de tristesse passa sur son visage. Il semblait souffrir, et sans qu'elle sache pourquoi, ça lui faisait mal. Repoussant une mèche derrière ses oreilles, et se calant contre une des chaises et lui parla.

- Je suis pas douée pour les beaux discours et tout le reste. On ne se connait pas c'est vrai mais... Je n'aime pas te voir dans cet état là. Dis moi ce qui ne va pas.

La voix presque suppliante, Mafalda regarda de nouveau le jeune homme. C'était un témoin, pas un criminel. Il lui semblait presque être devant un ami de longue date qu'elle ne pouvait aider. Mais elle ne connaissait même pas son nom.

- Je m'appelle Mafalda Hopkirk.