Une journée comme les autres, et pourtant si différents. Cela faisait environ un mois maintenant qu’elle fréquentait Elwïn – ou plutôt Abraxas, comme le connaissaient les autres. Il n’était pas son petit, pas officiellement en tous cas. Pas encore. Elwïn semblait être quelqu’un de timide, quelqu’un qui voulait prendre son temps. Ils avaient déjà brûlé des étapes au tout début, elle supposait qu’il voulait à présent prendre un peu de temps, de recul.  Elle, en revanche, elle brûlait d’impatience. Si il ne se décidait pas à faire sa confession, peut-être qu’elle devrait le faire elle-même ? Il n’était pas traditionnel qu’une femme avoue ses sentiments la première, mais après tout, elle n’avait jamais une grande fan des traditions.

Une chose était certaine, en revanche, c’est qu’elle avait la tête dans ses étoiles. Heureusement, cela tombait pendant une période où les gosses étaient tous à Poudlard. Du coup, l’ambiance du magasin était beaucoup plus calme, le rythme bien moins rapide, et beaucoup plus reposant. Posée à son comptoir dans l’arrière-boutique, peignant des gants de Quidditch pour une commande, elle avait la radio en fond, et chantonnait le sourire aux lèvres. Elle pensait à ce soir, quand elle allait dîner avec son écrivain, et lui confier encore mille choses qu’il ignorait.

Absorbée par son travail, elle n’entendit même pas la cloche teinter à l’ouverture de la porte de la boutique. Ce n’est que lorsque le client prit la parole qu’elle secoua la tête, reposa précautionneusement le gant sûr son plan de travail, et ouvrit la porte pour retourner dans la boutique. Elle devait se souvenir de laisser cette porte ouverte la prochaine fois qu’elle s’absentait de la pièce principale. « J’arrive, j’arrive. » Dit la blonde, encore de dos, refermant la porte.

Lorsque finalement elle se retourna pour regarder son client, son sang se glaça dans ses veines. Elle l’avait reconnu dès le premier coup d’œil. Un homme blond d’environ 40 ans, pas forcément désagréable à regarder, mais avec un regard aussi dévastateur que celui d’un Basilic. Alasdair Nott, un des mangemorts notés par l’Ordre, et dont la blonde avait retenu le visage. Elle se donna une gifle mentale, essayant de se reprendre. Elle le connaissait, mais avec un peu de chance, il ne la connaissait pas. Après tout, elle n’était dans l’ordre que depuis 10 mois, donc même pas un an…

Elle déglutit et produit le sourire le plus crédible qu’elle puisse afficher. « Bonjour Monsieur, bienvenue au Vif d’Or Acharné. Comment puis-je vous aider ? » Elle demanda, l’air aimable – enfin, le plus possible. La jeune sorcière avait beau être très bonne au combat, Nott était un véritable fou, et elle doutait de pouvoir faire le poids. Il la tuerait sans ciller, s'il savait.

Mais comment ne pouvait-il pas savoir, après tout. La famille Moon était réputée dans les sang-purs, et elle les avait reniés. Cela avait forcément fait le tour de toute la bourgeoisie sorcière. Mais il ne savait peut-être pas qu’elle était dans l’Ordre… Trop de questions se bousculaient dans sa tête, et elle arrivait à peine à tenir devant son client. Mais l’ancienne poursuiveuse était une femme forte, et même si elle était intérieurement terrifiée, elle n’en laissait rien paraître, malgré ses doutes.

Défis :

Spoiler:

Il fallut un moment à la jeune femme pour reprendre ses esprits. Le grand blond ne semblait pas savoir qui elle était, et c'était tant mieux. Elle n'aurait probablement pas supporté de devoir affronter qui que ce soit maintenant. Elle se détendit un peu, son visage de décrispant doucement. Elle restait sur ses gardes, car c'est ce qu'on lui avait appris. Elle était constamment vigilante à présent, encore plus depuis sa malencontreuse rencontre avec Dolohov. Elle ne voulait pas se faire prendre par surprise, alors elle faisait tout pour que cela n'arrive pas.

Elle savait aussi, cependant, que rester trop tendue risquait d'alerter le mangemort et de le mettre sur la piste, alors elle gagnait largement à se détendre. Sa baguette restait à portée de main dans sa poche au cas où, même si elle doutait largement d'avoir le temps de se défendre si elle était attaquée par Nott. Elle passa derrière le comptoir, face au blond. Le comptoir était une maigre protection, mais elle se sentait tout de même plus en sécurité derrière ce meuble en bois.

Sans aucune salutations ni quelconque preuve de politesse, l'homme posa sur le comptoir les restes d'un balais brisé. Rien qu'à la vue de l'objet, l'ancienne poursuiveuse grimaça. Il allait être difficile de faire quoi que ce soit pour ce balai. Tout était à refaire : tailler les brindilles, remettre le bois, le poncer, le vernir, et remettre l'enchantement. La jeune femme prit les différentes pièces entre ses doigts délicats un moment, puis leva la tête vers son client. « Pour être honnête avec vous, il vous coûterait moins cher d'acheter un balais neuf. » Elle dit, l'air un peu désolé. « Mais si vous tenez vraiment à ce balais et que vous souhaitez vraiment que je le répare... » Elle réfléchit encore un moment. « Cela coûtera 30 gallions. A quelque mornilles près. » Elle dit. Le balai était en piteux état. Connaissant la réputation du sorcier qui se tenait devant elle, elle ne voulait même pas imaginer pourquoi le balai avait fini ainsi. Rien que d'y penser, cela lui donnait la chaire de goule. « La décision est vôtre, je vous annonce juste vos possibilités. »

Défis :

Spoiler:

Avril 1979, Chemin de Traverse, Angleterre.

30 gallions, rien que ça! Ce balai valait-il encore seulement 30 gallions ? Probablement pas, mais Nott demeura de marbre lorsque la jeune femme au regard de chat lui annonça le tarif. A quelques mornilles près... Il considéra son balai un instant, triste victime de son brutal accès de colère, tendit sa grande main, le caressa, avec douceur, avec amour. Il jeta un coup d'oeil aux balais vendus dans cette boutique, pensif, avant de reporter son attention sur son malheureux comète 180.

- Il vous faut combien de temps ? lâcha-t-il au bout d'un moment, la voix rauque, le regard toujours aussi immobile et froid.

Ah qu'importe l'argent! Elle pouvait lui en demander 30 ou 100 il s'en fichait du moment qu'elle lui rendait son bon vieux comète entier et au top! Il ne pouvait se résoudre à se séparer de son balai, et tant pis s'il lui coûtait 30 gallions et un elfe. C'était son tout premier achat de valeur, des années d'économies pour se payer ce rêve, ce luxe, mais aussi le fruit de ses premiers succès. Les Nott avaient longtemps été modestes, et même pauvres, alors son comète 180 c'était tout ce qu'il possédait et avait possédé de valeur. Pour rien au monde il ne s'en serait séparé.

Spoiler:

Le balai ne valait certainement pas 30 gallions maintenant. Au mieux, un neuf coutait 15 gallions, et encore, s’il était dédicacé par un joueur connu. Il était certain que Mr Nott ne gagnerait pas au change en faisant réparer son balai. Mais bon, la jeune femme était bien placée pour connaitre la valeur sentimentale d’un balai. Elle avait elle-même un très vieux modèle de comète suspendu au mur de son appartement qu’elle chérissait par-dessus tout. S’il venait à être brisé, elle mettrait certainement tout l’argent qu’elle avait économisé à Gringotts dans la réparation. Heureusement pour elle cela dit, elle était capable de faire ça toute seule, et s’il devait un jour se briser, elle n’aurait alors rien à payer. Mais tout le monde n’avait pas cette chance, malheureusement.

Elle releva ses grands yeux bleus vers lui quand il lui donna la réponse en lui demandant combien de temps il lui faudrait. Elle regarda les débris à nouveau, parcourus ses doigts fins le long des bouts de bois cassés, perdue dans ses pensées, calculant le temps qu’il lui faudrait pour remettre en état un tel balai.

« Une heure et demi, je dirais. » Elle finit par annoncer, tentant un sourire aimable. Ton son être lui criait de partir en courant et d’être prudente, mais elle savait qu’en faisant ça, la seule chose qu’elle accomplirait serait de faire tomber sa maigre couverture et de se rendre simplement plus vulnérable.

La jeune fille commença par trier les bouts de bois dans l’ordre dans lequel ils devaient être réassemblés, puis sortit ensuite du matériel de sous le comptoir pour se mettre au travail. Elle ne savait pas si son client comptait rester là à la regarder faire ou pas, mais elle se doutait qu’il n’était pas du genre patient, alors elle préférait s’y mettre sur le champ. Le plus gros travail était indéniablement à faire sur le manche. Un simple réparo recollerait certes les morceaux, mais ne ferait pas revoler le balai.

« Je vais faire le plus vite possible. Si vous avez d’autre courses à faire en attendant, ne vous embêtez surtout pas pour moi. » Elle dit.

Défis :

Spoiler:

Que pouvait-elle bien lui dire de toute façon ? Refuser, et lui dire que c’était tout maintenant ou rien ? Elle ne voulait certainement pas prendre le risque de l’énerver. L’avoir en face de lui était déjà suffisamment stressant comme ça pour la jeune femme. Elle n’allait certainement pas prendre le risque de l’énerver ou de se frotter à lui de trop près. Elle savait que le temps viendrait pour elle de se battre, elle n’en avait pas peur. Mais chercher des noises à Nott maintenant, c’était stupide, pas courageux. Elle hocha donc la tête poliment.

« Très bien. Au re- » Elle ne finit par sa phrase puisque son client avait déjà passé la porte. Elle laissa s’échapper un soupir de soulagement. Il était évident qu’il ne savait pas qui elle était, ni sa position dans la guerre, sinon cela aurait été bien pire. Elle savait pertinemment qu’il allait revenir pour chercher son balai réparé, mais elle était déjà plus détendue à l’idée. Il n’était là que pour être un client.

Après le départ du blond, elle ne perdit pas un instant pour se mettre au travail. Comme en ce moment les jeunes étaient tous à Poudlard, la boutique était assez calme, et en dehors des commandes et des quelques clients qui venaient faire du lèche vitrine, ou des étudiants à l’université de magie, il n’y avait pas grand monde. Alors cela lui laissait champs libre pour travailler en paix. Elle monta un peu le volume de la radio et se mit au travail – elle répara d’abord le balais avec un Reparo tout bête. Après, elle se mit à poncer le bois irrégulier, le vernir, tailler les branches, tout cela avec une grande précision. Puis venait la partie un peu plus délicate : ré-enchanter le balai afin qu’il puisse à nouveau voler. Cela lui prit la plus grande partie de son temps, mais finalement, elle réussit. Après quelques tests de routine, le balai était finalement comme neuf, et peut-être même un peu mieux que neuf. La jeune sorcière faisait vraiment du bon travail, il fallait bien l’avouer. Et même si il coûtait un peu cher de faire réparer son balais, elle était persuadée que ça valait le coup, surtout si Alasdair accordait tant de valeur sentimentale à son balai. Elle jeta un coup d’œil à sa pendule, et comme il restait encore un peu de temps, elle se donna pour tâche de lancer quelque sortilèges de renfort sur le balai, afin qu’il soit plus résistant et se brise moins facilement.

Peu de temps après, le mangemort entra à nouveau dans la boutique, posant le reste du paiement sur le comptoir. Elle sourit et posa le balai resplendissant sur le comptoir. « Il est comme neuf. J’ai ajouté quelques sortilèges pour renforcer sa constitution, il devrait être bien moins fragile à présent. » Elle annonça, comptant les gallions avant de les encaisser. « Si vous avez à nouveau un quelconque problème, n’hésitez pas à revenir me voir, je vous aiderais du mieux que je peux. »

Défis :

Spoiler:

D’autre vendeurs ou réparateurs auraient sûrement mit plus de deux heures pour réparer un balai dans cet état. Mais la blonde était douée, et elle aimait ça. Et de toute façon, elle n’avait pas grand-chose d’autre à faire ce jour-là. C’était bien trop calme à son goût, alors ça l’avait occupée. Quand il était revenu, et qu’elle lui avait rendu son balai, elle ne put s’empêcher d’observer son expression.

Sur le visage habituellement glacé et figé du mangemort, l’ombre d’une émotion apparut. Au fond, se dit la jeune femme, peut-être qu’il était une personne comme les autres. Une personne qui avait simplement choisit le mauvais chemin, la mauvaise voix. Les spéculations tournoyaient dans la tête de la blonde alors qu’il lui adressa à nouveau la parole, d’une voix moins agressive qu’auparavant. Il lui demandait son nom, et Marlène savait que c’était un moment très délicat de le lui révéler. Avec un peu de chance, il n’aurait aucune idée de qui elle est et tout irait bien. Mais elle ne se faisait aucune illusion. Il était un mangemort, et un sang-pur. Il connaissait forcément ses parents, et la famille Moon. Et la famille McKinnon. Et il avait forcément entendu parler d’elle, le rejeton de la famille qui s’était faite la malle sous prétexte de ne pas soutenir les idéaux familiaux.

Mais d’un autre côté, elle ne pouvait pas non plus lui mentir. Si elle lui mentait, il finirait d’une façon ou d’une autre par le savoir un jour, et ça serait encore pire pour elle. Elle prit une longue inspiration et sourit avant de se mettre à parler, avec le plus de confiance en elle possible. « Je suis Marlène. Marlène McKinnon. »

Bien qu’elle n’en ait jamais eut le cœur net, la blonde s’était toujours douté que son histoire avait fait le tour des sang-purs. Cependant, comme elle n’avait jamais rencontré Alasdair avant, elle n’était pas sûre d’à quel point exactement il était impliqué dans ce genre d’affaires. Et c’était la raison pour laquelle elle se disait qu’avec un peu de chance, elle pourrait s’en sortir sans qu’il ne cherche midi à quatorze heures sur son identité. Il ne semblait pas avoir eu de réaction particulière après qu’elle lui ait donné son nom, alors un éclair de soulagement passa dans ses yeux. Invisible à une personne normale, mais peut-être visible à quelqu’un qui chercherait un signe.

« Enchantée. » Elle dit, toujours un peu nerveuse, mais Aladair était un homme intimidant à toute occasion, il n’était pas surprenant que la blonde soit angoissée en sa présence. Et puis il devait avoir l’habitude de ce genre de réactions. La McKinnon était une jeune femme courage, et si elle était mal à l’aise en présence du sorcier, n’importe quelle personne lambda devait être dans un état bien pire que le sien.

« Pas besoin de me remercier, c’est mon travail. » Elle répondit avec un sourire. Elle regarda la main tendue vers elle quelque secondes avant de tendre la sienne pour serrer celle du mangemort. Comme elle s’y attendait, sa main était fraiche, malgré la température printanière dehors. «  Merci d’avoir choisi mon magasin. »

Défis :

Spoiler: