- Talya Ange Fitzpatrick viens par là ! s'écria une voix familière à la jeune fille qui se retourna pour voir son frère aîné Liam, arriver droit sur elle. Elle arqua un sourcil et un petit sourire espiègle se dessina sur ses lèvres. - Oulà, tu t'es levé du pied gauche ce matin ou quoi ?! lança t-elle amusée. Son frère se planta devant elle bras croisés. - Paraît que tu sors avec quelqu'un ? demanda son aîné sans sourire à sa taquinerie. Talya pencha la tête sur le côté en perdant son sourire. - Heu oui. Et ? répondit-elle en se demandant où il voulait en venir. - Qui ça ? Comment il est avec toi ? J'espère qu'il ne t'oblige à rien parce que sinon je vais m'énerver, rétorqua son frangin, le regard sombre. Il avait l'air tellement sérieux que Talya s'en voulu presque quand elle piqua son fou rire. Elle posa une main sur sa bouche et une sur son ventre, son corps fin secoué par son rire. Les larmes lui montèrent aux yeux mais elle se calma net en voyant le visage de son frère s'assombrir encore plus. - Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle ! s'énerva Liam. - Attends tu ne plaisante pas là ? Tu es vraiment sérieux ? rétorqua sa soeur d'un air ébahi voire carrément choqué. Tu me fais quoi là ? demanda t-elle surprise. - Avec qui tu sors Talya ? répéta le Gryffondor. Sa soeur soupira mais finit par répondre. Elle connaissait son frangin, elle savait que si elle ne lui donnait pas ce qu'il voulait, il ne la lâcherait pas. - Nate. Je sors avec Nate, répondit-elle. Son frère arqua un sourcil. - Nate de Gryffondor ? Le muet ? La blondinette leva les yeux au ciel. - Oui, le muet. Et arrête d'imiter papa je sais que tu aime beaucoup Nate, fit-elle. - Ouais. Je préfère Fearghas mais t'a raison. J'l'aime bien. Il est cool. Il se détendit et sourit. Ca fait longtemps que vous êtes ensembles ? demanda t-il moins agressif. Tal' sourit. Elle préférait son frère comme ça. - Quelques temps Liam la serra dans ses bras, caressant ses cheveux blonds. - Je suis content pour toi ma Taly'. Mais si il te brise le coeur ou si il te fais du mal, le fait que je l'aime bien ne comptera pas quand je lui mettrais mon poing dans la figure, rétorqua son frère. Talya leva les yeux au ciel. - Ouais. Bon je peux filer maintenant ? Son frère la lâcha et elle fila en maudissant tout ce qu'elle pouvait maudire pour avoir des frangins aussi sur-protecteur.

La jeune femme grimpa dans la Tour des Gryffondor et discrètement fila en douce vers le dortoir des garçons. Elle frappa à la porte pour prévenir, attendit quelques secondes puis entrouvrit la porte et y passa la tête pour voir qui était présent. Nate était allongé sur son lit, seul. Parfait. La Gardienne des Rouge & Or se glissa donc dans la chambre et alla s'allonger près de son petit ami. - Coucou, fit-elle en déposant un rapide baiser sur sa joue. Tu lis quoi ? demanda t-elle en regardant ce qu'il lisait. Puis elle se redressa. - Peu importe. On est tous les deux, et j'ai une mission à accomplir avec toi ! Elle lui sourit d'un air carnassier qui pourrait faire peur sans la lueur pétillante de ses beaux yeux caramel. Elle le taquinait. C'était comme ça entre eux. Leur relation était très forte. Plus que la plupart des couples. Parce qu'ils partageaient plus en même temps. - Je vais te faire parler mon amour. J'ai promis que j'y arriverais un jour. Et je tiens toujours mes promesses ! lança t-elle en virant sa BD pour se mettre à cheval sur lui, le regard espiègle. Puis elle se mit à le chatouiller sans pitié.

Spoiler:

Les BUSE approchaient. Nate le savait pertinemment ; ce matin-là, il avait même reçu un hibou de la part de son père qui lui prodiguaient maints encouragements pour la dernière ligne droit avec ces fameux examens. Si le garçon ne s'inquiétait pas trop pour la métamorphose, les sortilèges et le cours de Soins aux Créatures magiques, il craignait davantage les épreuves de potions et d'Histoire de la Magie. Ces derniers temps, alors que tout Poudlard s'était mis aux révisions, Nate préférait jouer de la guitare ou se promener dans le parc. Il lui arrivait aussi d'emprunter un des balais de l'école pour aller s'entraîner avec Fearghas et Talya pour le prochain match de quidditch qui opposerait les Rouges aux redoutables Poufsouffle.
Le cinquième année n'avait pas forcément l'esprit très disponible pour le travail scolaire. Il en voulait toujours à Philippa pour ce qu'elle avait fait à Lillias et se demandait toujours comment il devait prendre son baiser. Il n'en n'avait pas soufflé mot à Talya – ça lui ferait du mal et, de toute façon, il considérait qu'il n'avait nullement encouragé la serpentard. Et puis... Il y avait le fait que, bientôt, il lui faudrait rentrer s'enterrer à Galston... Retourner chez lui ne le mettait jamais en joie.

Pourtant, ce samedi-là, Nate était remonté dans le dortoir, un manuel de potion à la main, afin de réviser les bases. Il s'était efforcé de se concentrer et avait, en une heure et demie, parcouru plusieurs chapitres. Mais il ne fallait point abuser de sa patience : l'aide mémoire sur les propriétés du mucus de veracrasse lui passait au dessus de la tête. Et puis quoi ! Il pouvait bien s'autoriser une pause – surtout que la BD de Danny, bien en évidence sur sa table de nuit, lui faisait de l’œil depuis un petit moment. D'un bond, éparpillant ses notes et ses livres, Nate se saisit de l'exemplaire de Martin le Moldu Fou, et entama la lecture, s'allongeant sur son lit à baldaquin pour savourer davantage cette récréation bienvenue. Il en était à la dixième page lorsque la chambre du dortoir s'ouvrit sur un visage rayonnant. Talya. En quelques enjambées, cette dernière se trouva sur le lit de Nate, l'embrassa avec tendresse sur la joue et, sans lui laisser le temps de faire quoi que ce soit, elle lui demanda ce qu'il lisait.

- Peu importe. On est tous les deux, et j'ai une mission à accomplir avec toi !

Nate, intrigué, fronça les sourcils. Il n'était pas sans savoir ce que pouvaient faire deux amoureux lorsqu'ils se trouvaient tous seuls, mais, là, maintenant, tout de suite, alors que n'importe qui pouvait se ramener... Son esprit, qui vagabondait à toute vitesse, fut néanmoins mis au pas par la jeune fille.

- Je vais te faire parler mon amour. J'ai promis que j'y arriverais un jour. Et je tiens toujours mes promesses !

Me faire parler ?, mima Nate, l'air interloqué. Depuis que Talya avait compris qu'il s'agissait d'un traumatisme et non d'une quelconque malformation, elle pensait venir à bout du mutisme de Nate. Ce dernier, évidemment, caressait l'espoir de pouvoir reparler un jour, même si, bien-sûr, il avait conscience que ça ne se ferait pas comme ça. Le garçon avait vu défiler quantité de psychomages, sans succès. Depuis la mort de Lydia, il n'avait pas dit un seul mot, ni laisser échapper un seul son. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé. Nate se demandait qu'elle serait le son de sa voix si jamais il la recouvrait. Parlerait-il d'une voix grave ? Ou aurait-il la voix stridente du professeur Flitwick ? Pourrait-il chanter, rire, gémir ? Arriverait-il à imiter les cris de certains animaux ? Il avait déjà parlé, auparavant, et pourtant, désormais, il craignait de ne pas réussir à moduler sa voix, à lui donner des intonations différentes, comme lorsque l'on pose des questions.

Arrachant la BD des mains du Gryffondor, Talya poussa Nate sur le dos et se mit à califourchon sur lui afin de lui chatouiller les côtes. Déjà, le garçon se cambrait, frissonnant sous les doigts froids de Talya qui s'attaquaient à sa peau. Nate riait, mais en silence, ne laissant échapper de ses lèvres qu'un souffle difficile. Il n'en pouvait déjà plus ! Il se saisit alors des poignets de Talya et les leva, pour les mettre hors de portée de nuire. Et, par une petite impulsion, Nate roula sur le côté, entraînant sa petite-amie, semant le désordre dans ses notes et dans ses draps, pour se retrouver, à son tour, à califourchon. Sans perdre un instant, il se mit à chatouiller Talya tout en prenant soin d'éviter les petits coups de poings qu'elle lui donnait.
Le sourire aux lèvres, Nate secoua la tête – comme si elle pouvait quelque chose contre lui. Elle avait failli l'avoir par surprise, mais ne l'aurait en tout cas pas par la force. Et, tandis qu'elle protestait, il lui plaqua les poignets contre le lit, se pencha sur elle pour l'embrasser. Qu'elle essaye de s'échapper, avec ça !

Spoiler:

Me faire parler ? signa Nate d'un air interloqué. Le sourire carnassier de sa petite amie lui répondit. Elle savait parler en langage des signes, sa soeur était muette elle aussi. La différence était que pour Jenifaël, c'était irrémédiable alors que pour Nate il s'agissait d'un traumatisme. Il pouvait parler. Il ne le voulait simplement pas. Et au fur et à mesure que les années passaient il avait oublié comment faire. Mais Talya était têtue. Elle s'était donné comme mission de le refaire parler et elle n'abandonnerait pas comme ça. Ces derniers temps, Nate lui avait paru distant, comme dans une autre dimension et elle voulait lui montrer qu'il n'était pas seul. Qu'il ne le serait jamais. Et puis elle avait envie de le taquiner aussi. Aussi attaqua t-elle aux chatouilles. Il se débattit mais pas un mot, pas un son ne filtra à travers ses lèvres. Tal' plissa les yeux l'air de dire "je t'aurais un jour, je t'aurais". Et puis soudain, alors qu'elle relâchait son attention le temps d'une seconde et demi, Nate en profita. D'un coup de rein il la désarçonna et bascula au dessus d'elle, la chevauchant comme elle l'avait fait peu de temps auparavant avec lui. Talya se mit à rire et se tortilla sous lui alors qu'il se mettait à la chatouiller, aussi impitoyable qu'elle, quelques minutes auparavant. Elle tenta de se défendre en lui donnant des coups de poings - quoique pas puissants - mais il les dévia tous et finit par plaquer ses bras au dessus d'elle, sur le lit avant de se pencher vers elle pour l'embrasser.

Talya ferma les yeux, son coeur s'emballa. Elle lui rendit son baiser, lui mordillant la lèvre inférieure. Et puis, elle crocheta ses jambes autour de la taille de Nate et le fit basculer, revenant au dessus de lui. Elle s'éloigna de lui juste assez pour lui offrir un sourire malicieux avant de l'embrasser de nouveau. Puis elle se blotti contre lui, se redressant juste sur un coude, caressant sa joue, dessinant le contour de son visage comme si elle voulait l'apprendre par coeur. Il n'y avait sur son visage et dans son regard que douceur et tendresse. Les fois où elle avait été ainsi, sans malice, sans vouloir s'amuser en permanence, hyper active comme à son habitude, se comptaient sur les doigts des mains. Et le plus souvent c'était avec Nate. Il avait ce don de faire ressortir le meilleur d'elle même. Il avait le don de faire ressortir Ange. Personne ne savait ici. Enfin, ses plus proches amis savait qu'elle avait été adoptée par les Fitzpatrick et qu'elle avait perdu ses parents très jeunes mais personne ne savait pour Talya et Ange. Un sourire étira ses lèvres, doux, un peu triste. - Parle moi de Lydia, s'il te plaît, demanda t-elle avec douceur. Elle voulait savoir pourquoi il ne parlait plus. Ce qui s'était passé. Et comment était sa soeur. Elle était curieuse de connaître cette petite fille à laquelle Nate tenait tellement.

Spoiler:

Talya lui rendit son baiser, le rend plus chaud et passionné. Nate glissa sa main sous son tee-shirt pour caresser la taille fine de son amoureuse, se rendant compte sur le moment à quel point il était bien avec elle. Et c'était bien parce que c'était simple. Il dû relâcher son attention car Talya parvint à reprendre le dessus. Mais au lieu de reprendre la bataille de chatouilles, elle vint se lover contre lui et Nate la prit dans ses bras. Il se laissa caresser le visage du bout des doigts, fermant les yeux pour savourer l'instant, oubliant pour Talya était venue, ses notes de potion, ses BUSE, tout. Lorsqu'il ouvrait les yeux, par moment, c'était pour croiser le regard de sa belle, doux et paisible.

- Parle moi de Lydia, s'il te plaît, lui demanda cette dernière.

Nate, sans le vouloir, fronça les sourcils. Pourquoi faire allusion à elle à cet instant précis ? Pourquoi évoquer un souvenir si douloureux alors qu'ils étaient si bien ? Mais il comprit, en voyant Talya, que ce n'était pas de la curiosité malsaine, qu'au contraire elle y attachait une grande importance. Nate avait toujours été discret à propos de sa soeur - même si tout le monde avait plus ou moins saisi que son mutisme était lié à la mort de Lydia. Il pensait souvent à elle, mais il lui était douloureux d'en parler. Le garçon se rendit compte que Talya n'était pas plus au courant que les autres, malgré la grande complicité qui les liait ; il devait lui raconter ce qu'il s'était passé, lui dire comment était sa sœur, ce qu'elle aimait, ce qu'ils faisaient ensemble. La démarche de Talya était sincère et, au nom de la relation privilégiée qu'ils entretenaient tout les deux, Nate devait tout lui dire.

Il déglutit. Déjà, il sentait son estomac se tordre. La sensation de bien être qu'il avait ressenti tout à l'heure était bien loin désormais. Il se força à inspirer profondément et, au bout de quelques secondes, ses mains remuèrent, hésitantes au départ, pour devenir de plus en plus précises.

Lydia avait cinq ans quand... Elle courait toujours partout et ne tenait jamais en place. Il fallait toujours qu'elle regarde ce qu'il y avait dans les placards, dans les tiroirs, et parfois, elle trouvait même des choses compromettantes.

Nate faisait allusion à la fois où, jouant tous les deux dans la chambre parentale, Lydia avait déniché des dessous très sexy appartenant à sa mère. Ils avaient tenté d'habiller les poupées de Lydia avec ce qu'ils considéraient comme de très longues chaussettes pas très chaudes - Nate avait même fait d'une des poupées un pirate avec un string en guise de bandeau de borgne. En fait, ils s'amusaient très bien jusqu'à que John les découvre et leur demande de déguerpir !

Je me souviens d'une de ses poupées, continua-t-il, une toute petite, qu'elle amenait partout et qu'elle parfumait avec le parfum de ma mère, Amélia, comme d'autres enfants l'auraient fait avec un doudou.

Cette même poupée qui avait assisté à son geste fatidique...

Lydia est morte en... buvant une potion contre les gnomes. J'avais huit ans et ma grand-mère m'avait demandé de la surveiller. Je regardais la télé, je n'ai pas fait attention au fait qu'elle ne soit plus dans le salon.

Nate cessa d'agiter ses mains. Il pleurait contre Talya, mouillant ses cheveux blonds. Lydia lui manquait, mais il avait appris à vivre sans elle. En revanche - et le Gryffondor en avait conscience - il n'avait pas appris à vivre avec sa culpabilité. Car il savait que s'il avait détaché les yeux de ce foutu écran de télévision, Lydia serait en train de réviser ses examens de deuxième année. Et c'était pour ça qu'il pleurait : il se sentait responsable de la mort de sa sœur, et cette pensée le poursuivait depuis ses huit ans.

Et depuis, conclut-il, je n'ai plus dit un mot.

Spoiler:

Ils étaient là tous les deux, si bien. Talya frissonna quand les mains de Nate se glissèrent sous sa chemise, caressant sa peau nue. Elle mordilla sa lèvre inférieure et bascula au dessus de lui. Ils auraient pu continuer longtemps comme ça voire même aller plus loin peut-être - après tout c'était aussi de leur âge, quoiqu'ils étaient peut-être un peu jeunes - mais Talya avait besoin d'aborder un autre sujet. Un sujet plus grave, plus important. Elle avait besoin d'en parler, et de le faire parler. Elle voulait voir si elle pouvait l'aider. Elle savait ce que c'était que de perdre quelqu'un à qui on tenait. Elle savait que Nate avait sûrement besoin d'en parler mais qu'il ne le ferait pas à moins qu'on l'y force un peu. Elle était pareille. Le jeune homme fronça les sourcils mais il finit par lui parler de sa soeur. Lydia avait cinq ans quand... Elle courait toujours partout et ne tenait jamais en place. Il fallait toujours qu'elle regarde ce qu'il y avait dans les placards, dans les tiroirs, et parfois, elle trouvait même des choses compromettantes Talya rit doucement en imaginant la petite fille en train de fouiller partout. Sa jumelle était pareille elle aussi. Elle écouta la suite. Il lui parla des poupées et elle sentit à quel point il aimait sa petite soeur, à quel point il avait tenu à elle, y tenait encore. Elle lui manquait ça crevait les yeux. Et puis il lui raconta l'accident. Il regardait la télé, il n'avait pas fait attention à sa soeur. Elle avait bu une potion mortelle. Il s'en voulait. Il se sentait coupable. Il pensait que c'était de sa faute si Lydia était morte. Et depuis, je n'ai plus dit un mot. Talya prit sa main et déposa un baiser dans sa paume. Son regard brillait de compassion. - Ce n'est pas ta faute Nate. Tu étais trop jeune. On n'aurait jamais du te demander ça. Mais ce n'est pas ta faute. Lydia ne voudrait pas que tu le crois j'en suis persuadée, lui murmura t-elle avant de se pencher pour l'embrasser. Il faut que tu parle mon amour. Il faut que tu l'accepte. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Elle l'embrassa une nouvelle fois puis elle se releva et s'assit en tailleur, le visage baissé. Puis elle prit une grande inspiration.

Je ne m'appelle pas Talya. Je m'appelle Ange. Talya c'était ma soeur jumelle, signa t-elle finalement. Elle ne le dis pas à voix haute. Elle ne voulait que personne d'autre ne soit au courant. C'était son plus lourd secret. La seule autre personne au courant c'était Sean. C'était difficile pour elle d'en parler. Autant que Nate en avait eu pour parler de Lydia. Mais ils avaient besoin de briser les barrières entre eux. Il y avait toujours eu cette complicité entre eux mais il y avait toujours eu des barrières, des secrets cachés derrière des murs. Dorénavant il n'y aurait plus rien. La Gryffonne prit une inspiration et leva les yeux vers Nate. C'était la fête de ma mère. Tal et moi on avaient huit ans. On avait prévu de faire un dessin et de cueillir des fleurs. Talya voulait cueillir les fleurs mais j'ai tellement insisté. Normalement c'était toujours moi qui dessinait et elle qui faisait les autres trucs. Elle était tellement pétillante. Elle bougeait tout le temps, elle ne tenait jamais en place. Elle était curieuse de tout, elle voulait toujours tout connaître. Son mot préféré c'était "pourquoi". Elle rendait mon père complètement dingue. La jeune fille se mit à rire doucement malgré les larmes qui coulait sur ses joues. Le contraire de moi qui était toute douce, toute tranquille. Je préférais lire et dessiner que de sortir. J'étais une petite fille tranquille bien que curieuse. Je crois que Serdaigle aurait été ma maison. Elle haussa les épaules. Ce jour là j'ai tellement insisté qu'elle a cédé. Elle m'a laissé y aller. Papa était en train de faire la cuisine. Maman était avec lui. Elle était enceinte. J'aurais eu un petit frère. Je me rappelle que Tal et moi on posait nos têtes et nos mains sur son ventre et on le sentait bouger. C'était magique. Elle essuya les larmes sur son visage mais elles continuaient encore et encore, en continue. Je suis sorti dans le jardin cueillir des fleurs. Clarisse est alors arrivée. C'était la meilleure amie de maman. Et puis soudain on a senti la fumée, on a vu le feu. Le Manoir entier était en train de se consumer. On n'a rien pu faire. Je me rappelle avoir senti la peur de Talya, sa douleur, sa panique comme si c'était les miennes. J'avais l'impression qu'on me broyait le coeur, qu'on m'arrachait une partie de mon âme. Et je l'ai senti mourir. Je me suis évanouie. Je suis restée dans le coma pendant deux semaines. A mon réveil j'ai décidé de laisser tomber Ange pour devenir Talya. J'ai tout pris de ma jumelle. Sa personnalité, son prénom. Je m'en voulais tellement d'être vivante alors qu'elle était morte. C'était ma faute. Si je n'avais pas insisté, elle serait encore vivante aujourd'hui. Ou alors je serais morte avec eux ... et je ne serais pas seulement une moitié de moi même ... Elle baissa de nouveau la tête, la gorge nouée par des sanglots. Je suis Ange. Elle cessa de signer. Et attendit le verdict.

Spoiler:

Le discours de Nate avait secoué Talya. Ses yeux étaient rouges et humides tandis que, doucement, elle l'embrassa sur la paume de la main.

- Ce n'est pas ta faute Nate, dit la jeune fille avec douceur. Tu étais trop jeune. On n'aurait jamais du te demander ça. Mais ce n'est pas ta faute. Lydia ne voudrait pas que tu le crois j'en suis persuadée.

Talya se pencha sur lui pur l'embrasser et Nate se laissa aller à cette caressa, posant sa main dans le dos de son amoureuse pour l'avoir tout contre lui.

- Il faut que tu parles mon amour, reprit-elle. Il faut que tu l'acceptes. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

Nate secoua la tête. Non, il ne pouvait pas parler. C'était peut-être parce qu'il n'acceptait pas la mort de sa sœur - Talya avait peut-être raison sur ce point là. Elle et tous les psychologues qu'avait rencontré Nate. Même s'il n'aurait jamais dû avoir à surveiller sa sœur, même si la grand-mère aurait dû jeter sur la potion un sortilège repousse-enfant... Il n'avait que 8 ans, certes, mais à 8 ans, on est capable de dire à sa sœur de rester jouer près de soi. Il avait failli... Et résultat, il avait perdu sa sœur, sa grand-mère avait fait plusieurs années à Azkaban et, maintenant qu'elle était rentrée, ses parents refusaient tout contact avec elle. Les psychologues lui avaient dit que pour lui, ne pas parler lui permettait de ne pas oublier sa sœur. Ils avaient sûrement raison. De toute manière, Nate ne pouvait pas faire comme si de rien n'était.

Talya, de son côté, s'était redressée et, le visage empreint d'une profonde tristesse, commença son histoire. Nate retint son souffle. Jamais il n'avait vu Talya agir de cette manière. Elle était grave et paraissait tendue. Nate essuyant ses larmes, se redressa sur un coude, prêt à écouter Talya de façon à ne rien laisser échapper. Je ne m'appelle pas Talya. Je m'appelle Ange. Talya c'était ma sœur jumelle, signa la Gryffondor.


Nate tiqua et se redressa tout à fait, imitant la position de Talya. Elle s'appelait Ange ? Il ne comprenait plus, là... Mais il ne posa aucune question, lui laissant le soin de poursuivre son récit comme elle l'entendait. Et c'est ce qu'elle fit : elle raconta la fête de sa mère, le dessin, les fleurs, et, terrible, les flammes, la mort de Talya - de la vraie Talya. La jeune fille pleurait en le disant, les joues rougies par les larmes. Et Nate ne pouvait que pleurer, lui aussi. Il se rendait compte à l'instant à quel point Talya avait vécu la même chose que lui, à quel point tout cela l'avait fragilisé. Contrairement à lui, elle avait perdu toute sa famille. Elle avait senti sa soeur mourir - quoi de plus effroyable ?

Je suis restée dans le coma pendant deux semaines. A mon réveil j'ai décidé de laisser tomber Ange pour devenir Talya. J'ai tout pris de ma jumelle. Sa personnalité, son prénom. Je m'en voulais tellement d'être vivante alors qu'elle était morte. C'était ma faute. Si je n'avais pas insisté, elle serait encore vivante aujourd'hui. Ou alors je serais morte avec eux ... et je ne serais pas seulement une moitié de moi même ...


Nate souffla longuement. Talya n'était donc pas Talya. Mais... Ange ? Les larmes continuaient de dégouliner le long de ses joues, mais ses yeux étaient braqués sur ceux de Talya, stupéfaits. Ange était devenue Talya. A côté, être muet, c'était dérisoire.

Je suis Ange, termina-t-elle.

Elle laissa reposer ses mains sur ses cuisses et Nate, qui ne savait pas quoi dire, s'en saisit et les frictionna avec tendresse. Il comprenait son chagrin, sa culpabilité. Pour tous les deux, il y avait eu la possibilité de dire ou faire quelque chose pour empêcher le drame et ils ne l'avaient pas fait. Ils avaient été touché en plein e jeunesse et devaient désormais faire sans la personne qu'ils aimaient le plus. Ils restèrent un moment ainsi. Nate finit par caresser la joue de Talya pour en essuyer les larmes.

Comment dois-je t'appeler, désormais, signa-t-il ? Ange, ou Talya ?

C'était ça, en fait, qui le perturbait le plus. Comment avait-elle pu, pendant tant d'années, se faire passer pour quelqu'un d'autre - être quelqu'un d'autre. Tout sorcier qu'il était, Nate ne croyait pas en la réincarnation. Mais du coup, de qui était-il amoureux ?

Il se reprit. Ces pensées étaient inutiles. Il était beaucoup trop ahuri pour dire quelque chose de cohérent.

Spoiler:

C'était étrange. Elle n'avait jamais raconté son histoire à personne. Même ses parents adoptifs ne savait rien, ni ses frères. Et pourtant en l'espace d'une semaine elle la racontait à deux personnes. Sean et Nate. Et si pour Nate c'était voulu, un acte délibéré parce qu'elle ne voulait plus rien cacher à son confident et petit ami, pour Sean ça avait été un peu un accident. Provoqué par un autre accident. Un incendie pour tout avouer. Le feu était la seule chose capable d'effrayer Talya au point de la paralyser. Au point qu'elle s'évanouisse et qu'elle ne sache plus comment elle s'appelle. Le feu était destructeur au possible. Il avait détruit sa vie. Sa famille. Mais Nate méritait de connaître la vérité sur elle, son passé, qui elle était réellement. Alors elle lui confia tout.

Elle lui parla de ses parents, de sa jumelle, lui racontait l'histoire de A à Z puis elle aborda l'incendie et la mort de Talya. Puis son coma et son changement de prénom. Et de caractère aussi. Nate semblait totalement abasourdi. Et là où Sean l'avait soutenue, serrée contre lui et bercée, elle sentit qu'il mettait une distance entre eux. Elle releva ses genoux contre sa poitrine et regarda son petit ami.

Comment dois-je t'appeler, désormais ? Ange, ou Talya ? signa Nate.
Talya soupira. Il n'avait pas comprit.
C'est une seule et même personne Naty. Il n'y a pas de Ange ou de Talya, il y a juste moi. J'ai toujours été moi.
Elle soupira et se leva finalement en cachant ses larmes.
Je pensais que tu comprendrais. Laisse tomber. Oublie.

Et elle commença à se diriger vers la porte abandonnant la Talya pétillante et pleine de vie qu'elle était habituellement. Elle se retourna pourtant une dernière fois.

- Cesse de te sentir coupable Naty. Ce n'était pas ta faute, fit-elle quand même/

Nate venait de demander comment il devait appeler Talya ; il avait à peine reposé ses mains sur ses cuisses que sa petite-amie, levant les yeux au ciel, laissa ses épaules s'affaisser. Il crut tout d'abord que c'était parce qu'il avait posé une question complexe et douloureuse pour la jeune fille avant de lire sur son visage de la déception.

- C'est une seule et même personne Naty, soupira-t-elle alors. Il n'y a pas de Ange ou de Talya, il y a juste moi. J'ai toujours été moi.

Les pensées de Nate s'enchaînèrent alors à toute vitesse. Bien-sûr que c'était elle : jamais il n'avait douté de la sincérité de ses sentiments, jamais il n'avait pensé que Talya jouait sur deux tableaux. Nate savait qu'il estimait Talya parce que c'était une personne pleine de vie et aussi parce qu'il sentait qu'elle était la seule à le comprendre et à pouvoir communiquer avec lui. Nate n'avait pas dit un mot depuis ses huit ans et pourtant il allait mieux. Aujourd'hui, l'attrapeur savait qu'il devait cette amélioration à la jeune fille qui pleurait devant lui.
Sauf que l'histoire de Talya, malgré le fait qu'elle rejoigne en partie la sienne, lui paraissait dingue. Talya et Ange étaient une seule et même personne. Il y voyait une grande preuve d'amour et de fidélité : la sœur jumelle de Talya n'était donc jamais morte, justement parce que Talya avait accueillit Ange - enfin, non, c'était l'inverse...

Talya, séchant ses larmes, se levait. Nate fut tiré de ses pensées en sentant le matelas bouger sous les mouvements de la Gryffondor.
- Je pensais que tu comprendrais. Laisse tomber. Oublie.

Puis, sans un regard, elle se dirigea vers la porte du dortoir. Le cœur de Nate tomba plus bas que terre. Hééééé ! Avec la rapidité digne d'un attrapeur, le garçon sauta du lit en baldaquin et s'élança vers la porte.

- Cesse de te sentir coupable Naty. Ce n'était pas ta faute, ajouta Talya.

A peine avait-elle terminé sa phrase que le cinquième année l'avait attrapée par la taille et lui bloquait la porte. Elle ne pouvait pas partir comme ça. Pas en pensant qu'il ne la comprenait pas ! Nate était juste... abasourdi. Certes aussi peut-être un peu long à la détente...

Tu ne peux pas dire que je ne te comprends pas, Talya, signa Nate avec précipitation. Je découvre seulement maintenant à quel point nous sommes semblables.

Les explications de Talya expliquaient bien des choses. Nate comprenait maintenant pourquoi il accrochait tellement avec elle : Talya avait toujours été pleine de vie, de créativité et de malice. Elle avait cette force et cette douceur qui avaient toujours mis le garçon en confiance.

Je ne sais juste pas comment réagir, s'excusa-t-il en silence, parce que je crois que ton histoire me parle autant que la mienne. Je n'arrive pas à mettre à distance ce que tu me dis. Je n'arrive pas à voir cela d'un œil neuf. J'ai l'impression d'avoir aussi mal que toi. Et que cette douleur me paralyse.

Il embrassa Talya, la serrant contre lui. Il lisait dans ses yeux qu'elle était déçue et s'en voulait d'avoir loupé le coche. Les filles, même si c'était Talya, avaient un fonctionnement qui lui échappait. Or Nate avait besoin d'elle : il ne pouvait la laisser s'échapper.
Il rompit l'étreinte pour continuer.

Tu dis que Talya et Ange sont une même personne. Je comprends ça comme le fait que ta soeur et toi n'avez jamais voulu être séparées. Imagine que...

Il devenait fébrile. Ses mains s'agitaient devant leurs visages comme si elles avaient été frappées par l'électricité.

Imagine que le fait que je sois muet soit aussi un moyen d'avoir toujours Lydia avec moi, culpabilité ou pas.

Au moment où il signait cela, le Gryffondor comprit que c'était vrai. Son mutisme, c'était peut-être essentiellement pour ne pas oublier sa sœur.

Spoiler:

C'était difficile pour elle d'en parler. Et ça l'était encore plus quand son interlocuteur la pensait folle. Talya savait qu'elle n'était pas folle. Elle était elle, elle était saine d'esprit. Il manquait juste une partie d'elle. Tout le monde disait que l'amour pouvait venir à bout de toutes les douleurs du monde. Mais personne ne pourrait jamais prendre la place de sa jumelle, personne ne pourrait jamais combler le vide que sa mort avait laissé en elle. Mais hormis ça, Talya allait bien. Elle allait mieux. Elle vivait. Pour deux, peut-être, mais elle était quand même vivante ! C'était le principal non ? Mais Nate n'avait pas l'air de comprendre. Alors pour la première fois, la Gryffonne baissa les bras se leva et commença à sortir. Mais son petit ami ne la laissa pas partir comme ça. La Gardienne senti ses bras se poser sur sa taille alors qu'il l'a tournait vers lui.

Tu ne peux pas dire que je ne te comprends pas, Talya. Je découvre seulement maintenant à quel point nous sommes semblables, signa le jeune homme.
La jeune fille fronça les sourcils mais le laissa parler jusqu'au bout.
Je ne sais juste pas comment réagir, parce que je crois que ton histoire me parle autant que la mienne. Je n'arrive pas à mettre à distance ce que tu me dis. Je n'arrive pas à voir cela d'un œil neuf. J'ai l'impression d'avoir aussi mal que toi. Et que cette douleur me paralyse.

La Gryffonne voulu tourner la tête mais à ce moment là, Nate l'embrassa. Talya se raidit encore déçue et furieuse mais elle finit par s'abandonner à son étreinte. Elle lui rendit son baiser avec autant de tendresse et de fougue qu'il ne lui en offrait. Elle se laissa aller contre lui, profitant de sa présence. Parce que au final, c'était Nate. Elle ne pouvait pas lui en vouloir longtemps, parce qu'elle l'aimait. Elle l'aimait si fort que rien ne pourrait jamais la séparer de lui qu'ils soient amis ou qu'ils soient plus. Nate était son double. Ils étaient plus proches que personne avant. Il n'y avait qu'avec lui que la jeune fille avait l'impression que le vide se comblait. Il était la seule personne à la stabiliser totalement. Ils finirent pourtant par se séparer.

Tu dis que Talya et Ange sont une même personne. Je comprends ça comme le fait que ta soeur et toi n'avez jamais voulu être séparées. Imagine que...
Il se tu et la blondinette arqua un sourcil en attendant la suite.
Imagine que le fait que je sois muet soit aussi un moyen d'avoir toujours Lydia avec moi, culpabilité ou pas.
Talya fronça les sourcils et se mit à réfléchir. Puis elle hocha la tête.
Je comprends ça, signa t-elle. Mais Nate, ma manière de me souvenir de ma soeur, c'est de porter son prénom et de vivre ma vie à deux cent pour cent, de profiter de tout ce qu'elle peut m'apporter, de tout essayer, comme si elle vivait aussi. Toi, tu te braque, tu te tais, tu ne dis rien. Ce n'est pas un bon souvenir de ta soeur. Te connaissant, je devine que Lydia était pleine de vie et qu'elle découvrait le monde. Elle n'aurait pas voulu que tu te referme et que tu ne parle plus.

Elle ne savait pas comment lui dire que pour elle, ce n'était pas une bonne chose de se souvenir de sa soeur comme ça. Ca donnait une mauvaise image. Mais elle l'aimait et elle ne voulait pas le blesser. Elle leva la main et caressa la joue du jeune homme avec un sourire infiniment tendre.

- Tu sais, tu es le seul qui me connaisse réellement. Le seul qui fait ressortir tout ce que j'avais enfoui. Quand Talya est morte, j'ai pris en grande partie sa personnalité parce qu'elle était plus forte que moi. Tellement plus forte. Elle vivait à deux cent à l'heure, elle ne s'arrêtait jamais, elle était flamboyante. Moi à côté j'étais invisible. Toute douce, silencieuse, discrète. J'avais peur de ne pas pouvoir affronter la vie sans Talya. Alors j'ai pris tout ce qu'il y avait de bon en elle. Et de moins bon aussi parce qu'elle avait un fichu caractère. Elle rit un peu en se souvenant de sa soeur. Puis regarda de nouveau son petit ami, plongeant son regard dans le sien. Mais toi ... tu fais ressortir celle que je suis vraiment. Appelle moi Talya. Appelle moi Ange. Je m'en fiche. Avec toi je suis juste moi. Et je pense que tu devrais faire pareil. Lydia sera toujours là, elle posa la main sur sa poitrine, à l'endroit de son coeur, tu ne l'oublieras jamais. Le meilleur moyen de montrer à quel point tu aimais ta soeur c'est de donner son prénom à ta future fille. Pas de rester muet.

Et sans lui laisser le temps de répondre, pour lui laisser celui de réfléchir elle l'embrassa avec une tendresse infinie, caressant doucement sa nuque, glissant ses mains dans ses cheveux noirs. Ils finirent par se séparer et elle lui sourit avec douceur.

- Je t'aime Nate Curtis.  

Talya paraissait sceptique - au point que Nate, qui pourtant se livrait à cœur ouvert, avait l'impression de ramer, de ne pas réussir à la toucher. Elle était comme un mur, tandis que ses prunelles dardaient sur le garçon un regard un peu sombre. L'attrapeur décida de continuer sur sa lancée. Il savait que cette conversation était douloureuse pour tous les deux et pardonnait déjà à Talya ses mouvements d'humeur. Elle était vive et laissait transparaître ses émotions. Quand il l'embrassa, il sentit qu'elle se rendait à lui et repris confiance : elle l'écoutait et était avec lui, il en était sûr. D'ailleurs, la voilà qui hochait la tête à ce qu'il signait. Sa réponse, néanmoins, coupa l'herbe sous les pieds du garçon.

Toi, tu te braques, tu te tais, tu ne dis rien. Ce n'est pas un bon souvenir de ta soeur. Te connaissant, je devine que Lydia était pleine de vie et qu'elle découvrait le monde. Elle n'aurait pas voulu que tu te refermes et que tu ne parles plus.

Nate écarquilla les yeux. Cela était dur, mais ça avait au moins le mérite d'être clair. Il n'avait jamais vraiment vu les choses sous cet angle là - ou bien peut-être n'avait-il jamais voulu les voir ainsi. Il se sentait un peu vexé. A croire qu'il avait choisi d'être muet ! Comme si jamais il n'avait essayé de retrouver sa voix et de vivre normalement ! Bien-sûr que Lydia n'aurait jamais voulu ! Mais déjà, jamais elle n'aurait voulu mourir... Nate était piqué de la réponse de Talya et ne voulait pas voir le soupçon de vérité qu'elle contenait. Et que répliquer ?
La jeune fille vint doucement lui caresser la joue - ce contact eut pour effet immédiat de calmer Nate. Il avait comprit, Talya ne lui reprochait rien. Elle essayait juste de lui montrer une autre façon de voir. Une autre façon de vivre, presque radicalement opposée à celle qu'avait inconsciemment choisi Nate.

Elle lui parlait, à présent. Sa voix résonnait à ses oreilles et il se concentra pour l'écouter. Le regard de la jeune fille débordait de tendresse et de sincérité. Nate en était troublé. Il sentait que cette discussion serait importante pour leur relation. Ce n'était pas facile, mais il savait que ça ne pouvait que leur faire du bien.

- ... Mais toi ... tu fais ressortir celle que je suis vraiment. Appelle moi Talya. Appelle moi Ange. Je m'en fiche. Avec toi je suis juste moi. Et je pense que tu devrais faire pareil. Lydia sera toujours là.


Elle posa sa paume sur son torse. Le contact fit presque tressaillir Nate.

- Tu ne l'oublieras jamais. Le meilleur moyen de montrer à quel point tu aimais ta soeur c'est de donner son prénom à ta future fille. Pas de rester muet.

Le Rouge et Or hocha la tête, même s'il n'était pas convaincu de pouvoir vaincre un jour son mutisme. Talya l'embrassa alors avant de lui dire qu'elle l'aimait.

Je t'aime aussi, Talya Ange Fitzpatrick, signa Nate. Et je suis désolé de ne pas réussir à... être aussi fort que toi.

Spoiler:

Elle avait essayé. Parfois on ne pouvait pas faire mieux. Elle ne pouvait pas forcer Nate à parler, elle ne pouvait que l'aimer et lui montrer qu'elle était là pour lui. Il lui avait conté son histoire. Elle lui avait conté la sienne. Et aujourd'hui, ils étaient plus proches qu'ils ne l'avaient jamais été.

Je t'aime aussi, Talya Ange Fitzpatrick. Et je suis désolé de ne pas réussir à... être aussi fort que toi, signa Nate.
- Oh mon amour, soupira la jeune fille.

Elle caressa sa joue avec tendresse et posa son front contre le sien, plongeant son regard dans le sien. Elle adorait se noyer dans les yeux de Nate. Ses yeux d'un bleu si profond, aussi bleu que la mer es caraïbes, aussi doux qu'un bonbon, aussi brillant que les étoiles au firmament.

- Tu es fort, murmura t-elle. Tu es très fort. Ne t'excuse pas. Ne t'excuse plus. Je t'aime.

Il fallait qu'il se sorte ces idées stupides de la tête. Bien sûr qu'il était fort sinon il ne serait pas ici, muet peut-être mais sain d'esprit, mais plutôt à Sainte Mangouste complètement fou ou alors pourrissant dans une tombe parce qu'il n'aurait pas supporté. Il était fort. Si fort. A ses yeux, il était quelqu'un d'extraordinaire. Et puis il arrivait à la supporter, si ça ce n'était pas un tour de force elle ne voyait pas trop ce que ça pouvait être !! Doucement, elle prit sa main, entrelaçant leurs doigts et le ramena vers son lit. S'allongeant près de lui, elle posa la tête sur son épaule, regardant leurs doigts entrelacés. Elle pensa alors au précédent week-end où elle était partie faire un tour à Londres.

- Tu sais, j'ai retrouvé mon parrain, fit-elle soudain en y repensant.

Aaron était différent des autres hommes lui aussi. Talya avait bien comprit qu'il avait beaucoup souffert de la mort de sa mère. Carolyn avait été une soeur pour lui et elle l'avait aussi beaucoup aimé. Mais c'était quelqu'un de formidable et la blondinette se sentait fière d'être la filleule d'un tel homme.

- C'est le bras droit du chef des Aurors. Il fait un peu penser à un grizzli aux premiers abords. Il ne sourit pas beaucoup, il est taciturne, renfermé, grognon. Mais c'est quelqu'un de formidable ! Il faut juste apprendre un peu à le connaître. Ma mère biologique était comme une soeur pour lui. Il m'a dit que je lui ressemblais beaucoup. Il faudra que je te le présente, raconta t-elle avec cette pointe d'admiration dans la voix. 

Nate fondit lorsque Talya lui assura qu'il était fort. C'était peut-être idiot, mais il avait besoin d'être rassuré de ce côté-là, qu'on lui dise qu'il valait quelque chose, même s'il était incapable de dire un seul mot. C'était ce qu'il aimait, chez Talya, cette faculté de voir le bon chez tout le monde et de rassurer. La reconnaissance de la jeune fille lui était plus chère que de l'or car elle ravivait son estime de soi. Le quidditch, ses quatre cents coups avec les copains, c'était peut-être pour se prouver quelque chose, montrer aux autres qu'il n'était pas un garçon sans défense, mais qu'il était tout simplement un mec.

Sa petite-amie se mit alors à jouer avec sa main, entrelaçant leur doigts, caressant sa paume contre la sienne et l'entraîna vers le lit, où ils s'allongèrent. Talya vint se blottir contre lui et tous deux accueillirent le silence avec douceur, savourant ce moment de tendresse qui contrastait avec la discussion à cœur ouvert qu'ils venaient d'avoir. Nate était encore tout tourneboulé, mais se sentait aussi soulagé. Il avait dit ce qu'il avait à dire et entendu ce qu'il y avait à entendre, avec tout ce que la vérité a de plus dur à accepter.

- Tu sais, j'ai retrouvé mon parrain, dit tout d'un coup Talya.

Ah ? Comment ça ? Nate bougea un peu, pour dire qu'il avait entendu et qu'il voulait savoir de quoi cela retournait. Un parrain, comme ça ? Celui de Nate n'était autre que son oncle, le frère de son père, avec qui il s'entendait bien.

- C'est le bras droit du chef des Aurors. Il fait un peu penser à un grizzli aux premiers abords. Il ne sourit pas beaucoup, il est taciturne, renfermé, grognon. Mais c'est quelqu'un de formidable ! Il faut juste apprendre un peu à le connaître. Ma mère biologique était comme une sœur pour lui. Il m'a dit que je lui ressemblais beaucoup. Il faudra que je te le présente, termina-t-elle alors.

Nate sourit et lâcha la main de Talya pour signer, ses doigts s'agitant en l'air, comme s'il avait voulu, avec de la lumière, projeter des arabesques au plafond. D'ailleurs, il faudrait qu'il essaye cela une fois avec Talya, qu'ils aient une conversation en langage des signes projeté sur le plafond. Ça pourrait être drôle, et beau, et changer un peu.

Le bras droit du chef des Aurors ? Pratique, si un jour tu as besoin d'être protégée. Mais j'espère que tu te tourneras d'abord vers moi si un jour tu es en danger.

Bah oui, quoi. C'était lui le petit copain, c'était à lui de la défendre ! Comment trouverait-il grâce aux yeux de Liam Fitzpatrick, si Nate n'était pas capable de gérer Talya.

C'est cool s'il connaissait ta mère, reprit le Rouge et Or, il pourra te parler d'elle. Quant à le rencontrer, je veux bien. Moi aussi j'ai plein de gens à te faire rencontrer. Tous mes potes de Galston, par exemple. Ils sont moldus, mais ils sont trop cool ! Ils patinent comme pas deux, si tu voyais.

Nate, avec malice, faisait allusion à ce samedi où lui et ses amis avaient patiné sur le lac, celui où Talya l'avait embrassé...

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