Jamais ça ne cessera! Mon ventre gargouillait depuis maintenant un bon quart d'heure. Comment était-ce possible d'être traité de la sorte? Avions-nous choisi d'être impur? Sûrement pas! Honteux était le seul mot qui me venait à l'esprit. Mon estomac criait famine. En effet, durant le repas, nous avions eu le droit à une sorte de bouillie remplie de grumeaux et au goût plus amère que l'anis. Tandis que nous étions forcés à manger cette tambouille ridicule, la table des nobliaux, elle, avait le droit à une cascade de bonne bouffe. Bacon, œufs frits, tarte, crumble et bien d'autre choses plus ragoûtantes les unes que les autres. Je rêvais d'avoir un bon sandwich que faisait ma mère entre mes mains. Je le dévorerais probablement en une bouchée.
Le but de nos ravisseurs était donc de nous affamer? Ces hommes n'ont-ils pas un cœur? Et bien, d'un premier abord, il était en option à la naissance! J'avais beau chercher comment obtenir à manger, je ne trouvais malheureusement pas de solution. Et je tentais donc d'oublier les cris terribles provenant d'au dessus de la ceinture pour essayer de rejoindre Morphée et son royaume. Chose pas évidente lorsque l'on est allongé sur un lit dur comme du béton. Je m'efforçais à faire abstraction de cela et quand ma vue laissait place au développement de mes autres sens, j'entendis un bruit de pas dans le couloir. Pourtant le veilleur dormait. Qui est-ce qui était dans le couloir? Bonne question!
Malgré l'heure tardive et la fatigue qui commençait à se faire sentir, je décidais de partir à la rencontre de ce mystérieux vadrouilleur. Je me levais doucement, en faisant bien attention à n’émettre aucun son. J'enfilais ma robe de chambre que m'avait offert mon paternel pour le dernier Noël, et je filais à toute allure vers la porte du dortoir. En observant par l’entrebâillement de la porte ancienne, j'aperçus une silhouette féminine et décidai de m'en approcher. Je sais, c'était risqué. Je ne savais pas sur qui j'allais tomber. Mais la surprise fut de taille quand je compris enfin de qui il s'agissait.
Sans réfléchir préalablement, j'attrapais le poignet de la blonde qui se trouvait désormais à moins d'un mètre de moi. Quand je vis qu'elle faillit pousser un cri d'effroi, je n'hésitai pas à étouffer son cri en posant ma deuxième main sur ses lèvres. Quand elle eut l'air de se calmer, je lâchai doucement la pression afin de la libérer. Elle se retourna,et me chuchota:
"- Andy ! Qu'est ce que tu fais là ?!" Elle avait l'air furieuse malgré la voix basse qu'elle avait employé.
"- Je te renvois la question! Tal'! Nom d'une licorne! J'ai pas envie de te voir partir à l'isoloir! Qu'est-ce que tu fais là ?!" J'étais furieux. Furieux de la voir là! J'attendais impatiemment sa justification, et j’espérais, au plus profond de moi, pouvoir la convaincre de retourner dans sa piaule. Peine perdue.