Assise sur son lit, Lyleïa tentait de trouver la force de se lever et de se rendre dans les Quartiers Résidentiels des adultes. Elle devait retrouver son père dans sa chambre et discuter avec lui. Pour sauver Swann plus tôt dans la journée, elle avait ravalé sa fierté et sa rage pour dire à son père ce qu'il avait envie d'entendre. Qu'elle comprenait les raisons qui l'avait poussé à assassiner sa mère ainsi que ses mensonges, qu'elle acceptait ses convictions et qu'elle était prête à reprendre sa place d'Héritière au sein de la famille Romansky. Elle se haïssait pour avoir dit tout ça, pour tout  ce qu'elle avait dit et ce qu'elle allait faire ce soir. Mais c'était pour aider Swann, Luzia et les autres. Alors, elle allait faire taire sa colère et dissimuler sa haine pour devenir celle que son père attendait qu'elle soit. Elle redeviendrait la parfaite petite sang-pur en apparence.

Pour une fois, la jeune femme ne mit pas l'uniforme approprié. Son père n'accepterait jamais qu'elle se présente à lui comme ça. Alors elle passa une longue robe noire bustier qui faisait ressortir la pâleur douce de sa peau et la blondeur de ses cheveux qu'elle coiffa comme elle pu en un chignon serré. Puis elle passa une cape noire - c'est qu'il ne faisait quand même pas chaud - et sorti du dortoir. Elle ne rencontra aucun obstacle sur sa route. Ses doigts fins de pianiste effleuraient les murs délabrés alors qu'elle s'avançait dans les couloirs sombres jusqu'au Quartier Résidentiel. Elle savait où logeait son père. Kir à ses pieds ne la lâchait pas d'une semaine et étrangement, elle se sentait réconforté par la présence du petit chat noir. Arrivée devant la porte, elle prit une grande inspiration et frappa.

De son côté, Andreï était retourné dans ses Quartiers d'un air ravi et très satisfait. Sa fille était enfin revenu à la raison, il en avait fallu du temps. Il avait bien cru qu'elle serait comme sa défunte mère et qu'il l'avait définitivement perdue mais elle lui ressemblait plus qu'il ne le pensait. Fière et orgueilleuse. Belle entre toutes. Il ne l'avait pas vu depuis un an et la trouvait changé. Elle ressemblait à sa mère au même âge, la même flamme brillant dans ses yeux aux multiples couleurs. Au passage, le Mangemort passa par la chambre de son collègue et meilleur ami, Edgar Blackstone pour lui annoncer la nouvelle.

- Edgar ? C'est Andreï.
Son ami lui ouvrit alors sa porte.
- Je ne sais pas ce que tu as dit à ma fille mais elle a accepté de me parler ce soir. Elle dit qu'elle a comprit. Enfin. Elle doit venir dans mes Quartiers dans la soirée. Je pensais demander aux Elfes de nous préparer un repas pour l'occasion. Tu te joins à nous ? proposa le Mangemort.

Ils se quittèrent donc en se donnant une heure de rendez-vous. Andreï vaqua à diverses occupations en attendant l'heure, dont demander aux elfes de leur préparer un dîner pour trois dans ses quartiers. Son ami le rejoignit un peu plus tard. Ils entamèrent une bouteille de vin rouge. Un excellent cru. A dix-neuf heures quarante cinq précisément on frappa à la porte. Un elfe alla ouvrir à la jeune Romansky qui entra et lui donna sa cape, dévoilant la belle jeune femme qui avait prit la place de l'adolescente qu'elle était.

- Je suis ravi que tu sois venue ma fille. Ton parrain s'est joint à nous pour la soirée.
Lyleïa sourit.
- Parfait.
 

Face à la porte, Lyleïa hésita. La simple idée de se retrouver face à son père et très certainement face à son parrain qui la connaissait tout aussi bien, l'effrayait autant qu'elle la dégoûtait. Elle se dégoûtait. Elle avait l'impression de trahir sa mère. Après, c'était son père qui l'avait tuée tant d'années auparavant. Il la lui avait enlevée. Dire que la russe avait fait le serment de venger sa mère. Et aujourd'hui la voila qui pactisait avec le Diable. Elle se détestait de le faire. Mais elle le devait. Elle le devait à ses amis, a ces pauvres gamins que les soit disant "sang-pur" martyrisait comme bon leur semblait. Elle le devait à Swann. Aussi frappa t-elle à la porte et se retrouva face à Winnifred, Winny comme elle l'appelle, son elfe à elle. Elle écarquilla ses yeux vert doré, surprise. Winny secoua sa petite tête et Lyl hocha la tête. Elle avait confiance en l'elfe. Elle l'avait quasiment élevée quand sa mère était morte et toutes les deux avaient un lien particulier. Mais il y avait autre chose, Winny était son elfe, pas celui de son père ce qui voulait dire que si elle donnait un ordre à Winny et lui disait de ne rien dire derrière, elle ne dirait rien. C'était bon ça. Mais elle ne montra rien, ça alerterait son père. Alors elle s'avança, le port de tête altier, fière, digne fille de son père. Et elle avait raison. Son parrain allait les rejoindre. Il ne tarda pas d'ailleurs et après avoir salué son meilleur ami, il s'approcha de sa filleule.

- Lyleïa, c’est un plaisir de voir que tu as enfin entendu raison. Tu ne le regretteras pas, fit-il d'un ton presque chaleureux.
- Bonjour parrain. Il faut dire que j'ai eu des arguments convaincants, répliqua t-elle avec un petit sourire presque espiègle.

Un de ses anciens sourires qu'elle ne réservait qu'à ses proches. Elle était presque naturelle quand Winny leur servit trois verres de vin rouge. Lyleïa le prit délicatement puis se tourna vers son père et son parrain. Ils la fixaient comme deux ombres jumelles. Ca en devenait presque flippant.

- Je suis heureux de te voir ici, ma fille. A ta véritable place, commença son père.
- Tu l'a vraiment tuée pour une bonne raison ? attaqua sa fille sans prendre de gant.
Son père la fixa en silence un bon moment avant d'hocher la tête.
- Oui.
- Je suppose que je n'aurais pas d'autres réponses ?
- Non. C'était entre ta mère et moi bébé. Toi et moi avons une autre histoire. Il faut que tu laisse les ombres de passé là où ils sont avant de te faire dévorer par leurs fantômes, déclara alors son père.

Leurs regards s'affrontèrent, se confrontèrent puis la jeune femme hocha la tête en silence. Elle acceptait cette réponse. Elle bu une gorgée de vin.

- Maître Andreï, Maîtresse Lyleïa, Monsieur Edgar, le repas va être servi, déclara la voix douce de l'elfe.

La russe, son père et son parrain allèrent s'asseoir à table. Le repas débuta en silence avant qu'Andreï ne le brise.

- Alors tes examens ? demanda t-il.
- Ca c'est très bien passé. Je pense les avoir réussi sans problème, répondit la belle blonde.

Elle priait pour qu'il ne lui demande pas si elle voulait faire des études, elle n'était pas sûre que la réponse lui plaise.