Maëlyn sourit et hocha la tête en réponse à ce que venait de lui dire Jaimie. C'était samedi après-midi et elle avait retrouvé son frère depuis une semaine. Ils avaient prévu de se retrouver a Pré-Au-Lard cette après-midi là et Maëlyn avait trépigné toute la semaine en priant pour que samedi arrive plus vite qu'en temps normal. Bien sûr ça n'avait pas avancé le temps mais elle s'en fichait. Elle avait retrouvé son frère. Quoi de plus beau pour une soeur qui a cherché son petit frère tant d'années durant avec acharnement sans jamais baisser les bras, que de le retrouver enfin, si grand, si beau. Maëlyn trouvait qu'il était le portrait craché de leur père mais elle revoyait leur mère dans ses mimiques. Pas qu'elle l'ai connue énormément d'années mais on n'oublie jamais la femme qui vous a donné la vie.

Cette après-midi là, ils avaient flâné dans les ruelles et avait acheté une tonne de bonbons qu'ils étaient allés manger au bord de l'étang en regardant le ciel bleu, profitant des rayons du soleil qui caressaient leur peau. Ils avaient rit. Beaucoup. Maëlyn lui avait parlé de leur parents, de leur enfance, de sa vie aujourd'hui. Elle lui avait raconté des anecdotes de son passage à Poudlard - qui avait été plutôt mouvementée bagarreuse comme elle l'était - et il lui avait parlé de sa famille d'accueil, de sa scolarité, de ses amis. Ils n'avaient pas abordés l'idée qu'elle puisse reprendre sa garde mais elle l'avait lu dans son regard, cet espoir qui avait enflé en elle gonflant son coeur d'amour. Elle avait sourit. Elle avait comprit. Elle ferait tout pour le récupérer. C'était son petit frère. Elle ferait n'importe quoi pour lui. Elle avait déjà tout mit sans dessus-dessous pour le retrouver à commencer par le bureau des Aurors. Elle avait tellement insisté, elle les avaient gonflés les pauvres. Mais pour Jaimie, que n'aurait-elle pas fait ou plutôt que ne ferait-elle pas ?

On était la fin d'après-midi. Elle raccompagna Jaimie jusqu'au portail de Poudlard puis transplana jusqu'à Londres. Elle flâna un peu puis se rendit au Ministère de la Magie. Il était prêt de dix-huit heures trente mais elle savait qu'il était probablement encore là. En ce moment, tout le monde faisait des heures sup' à cause de la guerre qui grondait. Alors elle ne se gêna pas pour aller le déranger un petit peu. En arrivant à l'entrée elle croisa le bleu à l'accueil et sourit.

- Bonjour. Je voudrais voir l'Auror Kingsley Shacklebolt s'il vous plaît, demanda t-elle poliment.
- Vous avez rendez-vous ? demanda le bleu d'un air blasé.
Maëlyn arqua un sourcil.
- Pourquoi vous croyez qu'à dix-huit heures quarante cinq il est débordé ? ironisa t-elle. Laissez tomber, je connais son bureau.
- Mais vous ne pouvez pas ... tenta le gamin.
- Oui oui, lança t-elle d'un ton désinvolte en se dirigeant vers le bureau de Kingsley.

Elle avait toujours du mal a respecter les Aurors. Elle leur en voulait encore à cause de son père. Mais Kingsley et elle avait une histoire spéciale. A la base, elle ne cessait de l'envoyer balader quand ils étaient dans l'Ordre. Le simple fait qu'il soit Auror ne le faisait pas entrer dans les bonnes grâces de la Capitaine des Harpies. Un soir ils s'étaient disputés. Violemment. Et puis Maëlyn avait raconté toute l'histoire à Kingsley. Il s'était assit et avait écouté sans broncher. Puis il lui avait tendu la main et proposé de l'aider. Pour son père. Pour son frère. Personne n'avait jamais fait ça pour elle. Ce soir là, était né quelque chose. King avait été le premier Auror que Maëlyn avait respecté et apprécié. Ils avaient fini par devenir amis. Elle l'aimait bien. Sous ses airs sérieux et responsable, il était quelqu'un de drôle et de sympa. Aussi n'hésita t-elle pas à frapper à la porte de son bureau avant d'y passer la tête.

- Salut. Je te dérange ? Il faut que je te parle, fit l'italienne avec chaleur.

Kingsley l'invita à entrer, ce qu'elle fit en fermant la porte derrière elle. Elle s'assit en face de lui et lui sourit d'un air de conspiratrice. Puis elle n'y tient plus et lâcha la bombe sans prendre de gant. Délicatesse n'est pas vraiment le second prénom de Maëlyn.

- J'ai retrouvé mon frère. J'ai retrouvé Jaimie, annonça t-elle.
 

Maëlyn avait toujours les Aurors en haute opinion. La preuve elle venait de squizzer le pauvre bleu à l'entrée comme si il portait une cape d'invisibilité. Et puis zut il l'avait agacée. Et elle était du genre à venir quand elle voulait. Surtout avec King. C'était l'un des seuls qu'elle appréciait réellement. Aussi frappa t-elle à sa porte et ouvrit quand il l'accueillit.

- Maëlyn ! Non tu ne me déranges pas du tout, entre je t'en prie. Et bien, c'est rare que les gens rentrent dans mon bureau avec un tel sourire !
L'italienne eu un sourire rayonnant qui fit pétiller ses beaux yeux.
- Tu sais, il n'y a pas que des mauvaises choses ces derniers temps ! Sinon ce serait l'enfer ! plaisanta la belle brune.

Et puis finalement elle lui balança la bombe. Elle avait enfin retrouvé son petit frère. Kingsley avait été le seul a lui venir en aide et il avait tenté de retrouver Jaimie, de l'aider à blanchir son père, et il avait tout fait. Mais le système était bouché, la justice corrompu et il n'avait rien trouvé concernant Jaimie.

- Whoua c'est génial ! Enfin ! Comme ça s'est passé ? Raconte-moi tout.
Maëlyn rit doucement.
- Et si je t'en parlais autour d'un verre non ? Ou ta trop de boulot ? demanda t-elle avec chaleur.
Elle était tellement heureuse d'en parler et puis ça se voyait. Epanouie, elle rayonnait littéralement comme un soleil.
- Je suis sincèrement heureux pour toi, vraiment. Pour lui aussi. Il est censé être encore à Poudlard, non ?
L'italienne acquiesça.
- Oui, sixième année à Gryffondor. Bizarrement ça ne m'étonne pas qu'ils soient chez les casse-cou ! s'écria t-elle en riant sincèrement.

Son père aussi avait été comme ça. Sans parler de sa mère qui avait été flic. Etait-elle la seule raisonnable de cette famille ? Très ironique quand on pensait à quel point elle était volcanique et impétueuse.
 

- Excellente idée ! Le travail attendra demain, j'ai bouclé le plus important. Et j'ai bien envie d'un petit verre ou deux, ça faisait longtemps. Enfin... pas si longtemps que ça en fait.
Maëlyn sourit et le regarda fermer ses dossiers avant de se lever pour le suivre.
- Mais ce n'était pas en si bonne compagnie. D'ailleurs un petit conseil en passant : si un jour Maugrey ramène une bouteille de sa cave personnelle en ta présence, n'y touche pas.
Sa grimace n'échappa pas à l'italienne qui se mit à rire doucement.
- Très bien je m'en souviendrais ! acquiesça t-elle amusée.

Ils se dirigèrent vers l'entrée du bureau des Aurors. Au passage Mae' lança un regard à la fois triomphant, moqueur et totalement puéril au bleu de l'accueil comme pour lui dire "effectivement il était débordé !" Le jeune homme la foudroya du regard en faisant marrer la Capitaine des Harpies qui suivit son ami le long des couloirs du Ministère. Elle lui raconta alors que Jaimie était chez les Gryffondor. Les casse-cou de première. Ca ne l'étonnait pas. Leur père avait été pareil lui aussi.

- Il faut toujours se méfier des Gryffondor, j'en sais quelque chose, rétorqua l'Auror.
Le regard de Maëlyn se fit espiègle.
- N'imagine pas que les Serdaigle sont plus sages ! Elle fit mine de réfléchir. En fait si, les Serdaigle sont plus sages. J'y ai fichu un bazar monstrueux quand j'y étais. Je suis sûre que Poudlard et la tour des Serdy gardent un souvenir des fêtes clandestines, des bagarres et des bêtises que j'ai accumulée ! lança t-elle le regard pétillant de malice.

Elle n'était pas du genre à regretter ses frasques d'adolescentes bien au contraire. Elle était plutôt du genre à se dire qu'au moins, elle avait profité à fond de ses années d'innocence bien qu'elles aient déjà été bien mises à mal par l'arrestation de son père et ses voyages incessants de famille d'accueil en famille d'accueil. Ils transplanèrent sur le Chemin de Traverse et discutèrent en marchant vers le Chaudron Baveur.

- Mais j'y pense ! Jaimie doit connaître mon petit frère ! Même année, même maison ! Par Merlin, toute cette enquête alors que ton frère a toutes les chances d'être camarade de dortoir du mien...
Maëlyn arqua un sourcil. Elle ne savait même pas que Kingsley avait un petit frère. C'était de pire en pire. Il fallait qu'elle cesse de se braquer contre le monde entier. Un sourire amusé apparu alors sur ses lèvres.
- On ne pouvait pas savoir. Il pouvait tout aussi bien être dans un autre pays. Mais a y réfléchir c'est quasiment comme ça que j'ai retrouvé Jaimie.

Ils arrivèrent à ce moment là et s'installèrent à un table, tranquilles. Rejetant ses cheveux en arrière, elle enleva sa cape qu'elle posa sur la banquette à côté d'elle puis s'assit. La serveuse vint prendre leur commande et la jeune femme prit un verre d'hydromel aux épices pour commencer. La serveuse revint rapidement avec leurs commandes. Il fallait dire qu'il y avait peu de monde. La guerre ne poussait pas aux grands fêtes et aux sorties nocturnes. La vie sorcière semblait bien triste ces derniers temps. A la demande de Kingsley, Mae' commença à lui raconter comment elle avait retrouvé son frère.

- Il y a quelques années, juste quand je commençais chez les Harpies, une journaliste est venue nous interviewer et elle avait emmené sa fille Daithe. Je me suis liée d'amitié avec elle, elle est devenue ma protégée en quelque sorte et elle a fini par connaître mon histoire. Il y a quelques temps elle m'a envoyée une lettre pour me donner rendez-vous a Pré-Au-Lard elle avait une surprise me disait-elle. Alors j'y suis allée et là elle était avec un jeune garçon et quand je te dis que j'ai eu l'impression de voir mon père à l'âge de seize ans je ne plaisante pas. C'est son portrait craché. Du coup on a discuté et on s'est retrouvés. C'est un peu difficile, on a été séparés quinze ans. Il s'en passe des choses en autant d'années. Alors on apprend à se connaître, on se parle beaucoup. On a pas mal de points communs aussi. Je l'ai vu d'ailleurs cette après-midi.

L'italienne semblait heureuse, épanouie mais plus que ça elle semblait comme apaisée. Comme si enfin, les blessures de son enfance commençaient à cicatriser après tant d'années. La jeune femme bu un peu d'hydromel puis regard Kingsley avec un doux sourire.

- Alors comme ça tu as un petit frère a Gryffondor ? Comment s'appelle t-il ? Peut-être que c'est un ami de Jaimie. Tu as d'autres frères ou soeurs ? demanda t-elle curieuse.
 

- On a du se dire que le Choixpeau s'était trompé de Maison pendant ta répartition ! Enfin, c'est pas plus mal que les Serdaigles se fasse secouer les plumes de temps en temps, rit Kingsley.
Maëlyn sourit mais secoua la tête.
- Oh non. J'étais bagarreuse et fêtarde mais j'étais bel et bien une Aigle. J'aimais beaucoup étudier et entre toi et moi j'ai passé plus de temps à la bibli que tout le monde - prof compris - ne le pense. C'était mon refuge, fit-elle complice.

Ils finirent par arriver à leur point de rendez-vous. Tranquillement attablés au Chaudron Baveur les deux amis commandèrent leurs boissons et commencèrent à discuter. Maëlyn raconta à Kingsley comment elle avait retrouvé Jaimie. En même temps elle repensa à la jeune Daithe qu'elle connaissait depuis toute jeune. Daithe avait été comme une petite soeur depuis ce temps là. Elles avaient d'ailleurs un peu ce genre de relation. Parfois, Mae' recevait une lettre de la jeune Mullet lui demandant conseil sur tel ou tel truc ou lui racontant tout simplement ce qui se passait à Poudlard. Et la Capitaine des Harpies prenait toujours et avec plaisir, du temps pour lui répondre, lui raconter. Elle lui faisait part des prochains matchs des Harpies, faisait en sorte d'avoir assez de billets pour l'inviter elle et ses amis. Et elle assistait aussi à ceux de Poudlard parfois. Daithe avait envie de rejoindre les Harpies après son diplôme, et Maëlyn serait enchantée de l'avoir dans son équipe. C'était une très bonne joueuse au demeurant.

Finalement, l'italienne lui demanda de lui parler de son frère et le questionna sur sa famille. Il parla de son petit frère Joseph, et de sa petite soeur Johanna avec des étoiles dans les yeux. Il avait l'air de les aimer plus que tout au monde ce qui fit complètement fondre l'ex Serdaigle. Son regard se fit à la fois doux et malicieux. Elle comprenait l'amour que l'on pouvait porter à sa famille. Il semblait aussi très fier d'eux et il avait de quoi. Finalement il s'arrêta, mangea quelques cacahuètes que Mae' piquait depuis tout à l'heure dans le bol.

- C'est de ta faute si je parle trop, tu n'avais qu'à pas me lancer sur le sujet de mes frères et sœurs !
Maëlyn se mit à rire de bon coeur. Ce rire sincère, légèrement grave, chaleureux. Un de ces rires qui se faisaient de plus en plus rares et qui réchauffait les coeurs tristes.
- Mais ça ne me dérange pas au contraire ! C'est rare de t'entendre parler autant, le taquina t-elle gentiment. Médicomage sans frontières, Gryffondor sociable, tu peux être très fier King', fit-elle d'une voix douce en baissant le regard sur sa boisson.

Elle était heureuse de savoir que toutes les familles n'étaient pas totalement brisées que ce soit par cette guerre ou par des erreurs judiciaires. La sienne avait été éclatée, éparpillée aux quatre vents et oubliée. Jusqu'à ce qu'elle relève la tête, qu'elle prouve qui elle était et qu'elle retrouve Jaimie. A eux d'eux, ils reconstruiront cette famille dont leur parent avait tant rêvé. Relevant la tête vers Kingsley, la belle italienne plongea ses yeux bleus dans les siens et s'y perdit. Sa première pensée fut qu'il avait des yeux magnifiques. Sombres, graves et pourtant infiniment doux. Sa deuxième pensée fut qu'il était beau. La troisième qu'elle ne savait absolument pas d'où lui sortait les deux premières. Troublée, elle se contenta de boire une ou deux gorgées de son hydromel.

- Merci d'avoir essayé de m'aider. Tu es le seul à l'avoir fait. J'essaye depuis tant d'années tant pour Jaimie que pour mon père mais tout le monde me rejetait, me traitait de folle. Comme mon père.

Il y avait tant d'amertume, tant de rancoeur dans sa voix. Elle en voulait au Ministère et à l'Administration en général. Son père avait été accusé injustement, tout ça parce qu'il pensait que sorciers et moldus devaient se mélanger pour perpétuer la race. Ils allaient s'éteindre sinon ou alors ce serait tous des consanguins. Allez savoir ce qui était le pire.

- Toi tu m'a crue. Alors merci, finit-elle avec un sourire chaleureux.
 

- Oui, je suis fier d'eux et ils le savent. Maintenant, j'essaye juste de dissuader mon frère de suivre mes traces. Un auror dans la famille, c'est déjà trop.
Maëlyn pencha la tête sur le côté curieuse.
- Tu as peur pour lui ? Ou tu en veux a l'administration ? demanda t-elle.

C'était une question plus ou moins rhétorique. Qui n'avait pas peur pour sa famille au jour d'aujourd'hui ? Mais l'italienne comprenait que Kingsley puisse ne pas vouloir que son frère s'embarque dans les Aurors. La seconde question était moins "normale" mais toute aussi logique. Maëlyn haïssait les Aurors parce qu'ils donnaient l'impression de ressembler à des soldats sans réflexion. Ils obéissaient un point c'est tout. Tous n'étaient pas comme ça bien sur. A commencer par Kingsley ou Maugrey pourtant ils étaient tout deux parfois obligés de suivre les règles. L'italienne se demanda alors si l'un d'eux avaient déjà eu envie de démissionner pour protester contre ce régime. Mais après tout, ils étaient tout de même plus utiles dans le camp adverse pour donner des renseignements pour l'Ordre. Et puis, quelques fois ils leurs arrivaient d'en sauver des vies. La conversation dériva sur le père de la jeune femme, accusé injustement d'un crime qu'il n'avait pas commis et qui lui avait valu de mourir à Azkaban.

- Personne n'aurait dû accepter à l'époque qu'on traite ton père de fou... C'est moi qui te remercie de m'avoir fait confiance. Je sais que ça n'a pas été facile pour toi.
- Tu es bien le seul à le penser, soupira la jeune femme. Elle finit son verre puis sourit. Non. Tu as raison ça n'a pas été facile. Mais tu as été le seul qui m'a offert quelque chose que j'avais perdu depuis longtemps. Elle plongea son regard dans le sien. De l'espoir. Personne ne m'a jamais cru, tout le monde m'a rit au nez et toi tu t'es juste assis, tu m'a écouté jusqu'au bout et tu m'a aidée. Elle eu un sourire espiègle. Effectivement j'ai d'abord du te détester et te hurler dessus mais après c'est passé et aujourd'hui je réussi même à te supporter avec beaucoup de patience et d'effort !

Elle le taquinait. Et c'est comme ça qu'on savait que Maëlyn appréciait une personne. Parce qu'elle taquinait gentiment cette personne là et qu'a contrario, elle pouvait être très méchante avec quelqu'un qu'elle n'appréciait pas. Kingsley en avait fait les frais au tout début et puis tout le monde le voyait bien avec Magnus et Ariena. L'italienne avait la rancune tenace. Elle pouvait pardonner. Mais jamais elle n'oubliait.

Le regard que l'Auror et elle échangèrent effaça toutes leurs anciennes disputes et réchauffa la jeune femme. Cela faisait longtemps que personne ne l'avait regardée ainsi. Ou qu'elle même avait regardé quelqu'un ainsi d'ailleurs. C'était une sensation étrange, à la fois douce, réconfortante et totalement angoissante. Elle ne savait pas trop ce qui se passait mais en tout cas, elle pouvait dire qu'elle appréciait beaucoup la présence de Kingsley. Et elle était heureuse d'en apprendre plus sur lui.

- Je n'ai pas été un super enquêteur pour le coup, je ne t'ai pas été d'une grande aide pour retrouver Jaimie mais... Je peux t'assurer que tu peux continuer à compter sur moi.
Maëlyn sourit alors.
- J'ai toujours pu compter sur toi King et sache que c'est réciproque, rétorqua t-elle alors avec une franche sincérité.

Puis elle décida de changer de sujet. Elle recommanda d'abord deux verres puis se lança.

- Alors, comme ça tu as fichu le bazar a Poudlard chez les Gryffons ? le taquina t-elle curieuse d'en apprendre plus sur lui.
 

- Je comprends.

Et c'était vrai. Elle pouvait comprendre le pourquoi il n'était pas fan de l'idée de métier de son petit frère. Maëlyn eu soudain la vision d'un Kinglsey miniature et ça la fit sourire. Un sourire qu'elle dissimula rapidement. Elle aurait bien aimé connaître la famille de Kingsley. Ils semblaient être géniaux et si ils étaient comme leur frère, alors les parents Shacklebolt avaient fait un travail formidable avec leurs enfants. On n'était pas dans un monde où les Aurors étaient en sécurité bien au contraire. Les temps étaient sombres et on souhaitait souvent que le chemin de ce que l'on aimait soit moins semés d'embûches que le notre avait pu l'être. On voulait toujours le meilleur pour ceux qui nous étaient chers.

- Mais même si on le souhaiterais on ne peut pas toujours les protéger de tout. Il faudrait pour ça les enfermer dans une tour d'ivoire sans porte et sans fenêtre et ça c'est quelque chose d'impossible, répondit l'italienne avec un petit sourire.

Le sujet dériva. La famille. C'était le noyau central de la nature humaine. Sans elle on n'était rien. Pourtant, Merlin sait qu'on avait essayé de lui prouver le contraire. Depuis qu'elle était gamine on avait essayé de la briser, de l'étouffer. Gosse, elle n'avait pas voix au chapitre et alors même qu'elle clamait l'innocence de son père et le retour de son frère, ils avaient voulu la faire taire, la trimbalant de famille d'accueil en famille d'accueil. Et si elle avait espéré que ça change à Poudlard, elle en avait eu pour ses frais. On lui avait balancé que vu qui était son père, elle ferait mieux d'être une élève modèle, qu'elle ferait mieux de se faire la plus discrète possible. Et une fois grande, on lui avait souvent sorti le refrain du "tel père telle fille", qu'ils étaient aussi fous l'un que l'autre, qu'elle ne réussirait à rien dans la vie, qu'elle n'était que la fille d'un assassin et qu'il lui faudrait bien l'accepter un jour ou l'autre. Mais ils n'avaient jamais pu la faire taire. Jamais. Elle s'était toujours battu comme une lionne pour ne pas se noyer et pourtant, elle avait été une aigle. C'était dans son sang, dans ses veines, dans ses gênes. Ses origines italiennes lui avaient donné une force de caractère hors du commun. Elle avait hérité de son pays, un tempérament fougueux et impétueux qui lui avait valu bien des problèmes mais qui lui avait aussi offert la force et les ressources dont elle avait besoin pour survivre. Mais ils n'avaient jamais pu la briser.

- Un véritable exploit... Je ne sais pas qui est le plus méritant entre nous deux, sourit Kingsley.
Maëlyn rit doucement.
- Toi, très certainement ! s'exclama t-elle le regard pétillant.

Et ce n'était pas faux. Elle avait un fichu caractère et elle même savait pourquoi elle n'avait que des coups d'un soir ou des relations courtes. Qui pourrait la supporter plus longtemps qu'une semaine ou deux ? Elle avait un caractère enflammé, impétueux, elle agissait parfois avant de réfléchir, elle était parfois trop franche, trop cinglante, elle était bornée, insupportable, irritante, farouche, elle ne se donnait pas non plus facilement trop effrayée à l'idée de se retrouver de nouveau seule. Quel homme aurait la patience d'apprivoiser une femme pareille ?

- Ça a l'air de t'étonner ? D'ailleurs, ce n'est pas vraiment chez les Gryffondors que j'ai pu éventuellement mettre le bazar. Je m'entendais bien avec la plupart de mes camarades de maison, peut-être trop bien d'ailleurs... Il est possible qu'on ait faire quelques fêtes clandestines en effet, et que MacGonagall ait dû intervenir quelques fois... Par contre je pense qu'on n'a pas vraiment participé à apaiser les tensions avec les Serpentards... raconta Kingsley.
Maëlyn éclata alors franchement de rire.
- C'est pas grave, ils méritent qu'on leur remette les idées en place de temps en temps sinon ils commencent à se prendre pour les rois du monde, répliqua l'italienne d'un ton qui laissait deviner qu'elle même n'avait pas du arranger les choses avec les Serpentard.

Elle bu une gorgée de son deuxième verre. La chaleur commençait à monter, elle avait les joues rosées et le regard bien pétillant.

- Une fois, avec Malik et Ian on a réussi à verser une potion dans le jus de citrouille des Serpentard. La plupart se sont retrouvés avec des cheveux colorés toute la journée ! Je te promets un véritable arc-en-ciel. Personne n'a jamais sût qui était responsable. Qu'est ce qu'on a rigolé ! Ils étaient tous fous ! J'ai jamais vu Slughorn aussi en colère ! Rien que de se souvenir de cette journée mémorable la faisait marrer. Mamma mia, que de souvenirs, murmura t-elle. Elle bu encore un peu. Ca me manque parfois. Pas toi ? demanda t-elle doucement.

Elle releva la tête vers lui en se perdant une nouvelle fois dans son beau regard noir.

Quand Kingsley lui raconta son exploit lors d'une des soirées de Slughorn, Maëlyn rit encore. Elle imagina l'Auror plus jeune et plus enflammé aussi se venger d'un Serpentard en faisant une blague des plus horribles à un abruti d'élève. Elle imagina aussi la tête du prof de potions et se marra un peu plus. Elle aussi en avait fait de belles à Poudlard. Combien de retenues n'avait-elle pas eu ? Combien de punitions, de réprimandes, de regards exaspérés n'avait-elle pas déclenché chez ses professeurs ? Elle s'était souvent battu aussi. Elle réglait plus facilement les conflits avec ses poings qu'avec sa baguette. Quand à la diplomatie n'en parlons pas. Elle était si enflammée à cette époque, si impétueuse. Elle ne réfléchissait pas, elle répondait à la moindre provocation. Elle était en colère, tellement, tellement en colère. Une haine bouillonnante contre tout ceux qui lui avait fait du mal, qui avait détruit sa famille, son monde, son enfance. Elle avait été si explosive, si caractérielle qu'elle avait fini deux ou trois fois dans le bureau de Dumbledore. Il avait été le seul à la comprendre vraiment.

- Poudlard ont été des années fantastiques. Mais j’en ai profité à fond, donc je ne peux pas les regretter n’est-ce pas ? J’ai dû retourner au château quelques fois pour des missions ces dernières années… C’était assez étrange.
Maëlyn sourit doucement.
- J'y suis retournée aussi il n'y a pas longtemps pour voir un match de Quidditch. Daithe jouait et m'avait demandé de passer. C'est vrai que c'était assez étrange, acquiesça t-elle. Mais ça m'a rappelé de merveilleux moments.
Kinglsey changea alors de sujet.
- Dis-moi, tu as toujours voulu être joueur de Quidditch pro ? demanda t-il soudain.

Maëlyn prit le temps de réfléchir à sa question. Elle croqua à son tour dans quelques cacahuètes et mâcha d'un air à la fois distrait et concentré. Elle se souvint alors de son premier match de Quidditch ainsi que de la première fois qu'elle était montée sur un balais. Un sourire étira ses lèvres alors qu'elle regardait de nouveau Kingsley.

- Oui je crois. La première fois que j'ai vu un match de Quidditch, j'avais six ans. Mon père m'y avait emmenée et j'avais été tellement impressionnée par les joueurs. Et puis la foule, l'excitation, les applaudissements et les cris de joie et d'encouragements. Je me suis vue à la place des joueurs, j'ai ressenti leur excitation, la montée d'adrénaline. Je me rappellerais à jamais de ce moment magique. Sans oublier la première fois où je suis montée sur un balais. J'avais onze ans. Premier cours de vol. Ce jour là j'ai sût que j'en ferais mon métier.

Elle sourit, rayonnante. Elle adorait son boulot. C'était épuisante, frustrant, stressant mais pour rien au monde elle ne le changerait.

- Et toi ? demanda t-elle en lui retournant la question, curieuse.
 

Maëlyn se rappellerait toujours son premier match de Quidditch. C'était une journée gravée dans sa mémoire à jamais. Sa mère était enceinte de Jaimie à cette époque et elle les avaient laissé partir son père et elle pour le stade de Quidditch de Florence. Elle se rappelait la chaleur du soleil ce jour là, mais la brise fraîche permettait de ne pas s'étouffer. Le Aquile di Firenze jouait contre Le Cani di Roma et son père avait dessiné les couleurs de leur équipe, les Aigles de Florence, sur ses deux joues. Ses cheveux bruns coiffés en deux couettes hautes, elle portait une robe aux couleurs de son équipe fétiche. Son père avait eu de super places et elles voyaient tout. Ce match. Ce match ! L'adrénaline presque palpable, les cris, les encouragements, les rires, les commentaires du Commentateur. Ce jour là, les Aigles avaient gagnés pour le plus grand plaisir de la petite fille qu'elle était qui était rentrée chez elle, les yeux pétillants, une photo de l'équipe avec un autographe de chaque joueur et la tête dans les étoiles. Et la première fois qu'elle était montée sur un balais à Poudlard. Le bois vibrant sous ses doigts d'enfant, le vent qui jouait dans ses cheveux et caressait sa peau, la sensation de liberté ressenti. Oui. Elle avait toujours su qu'elle ferait du Quidditch, son métier.

- Tu as accompli un rêve de petite fille alors... dit Kinglsey en souriant.
- Tout à fait, répondit la jeune femme en hochant la tête, rayonnante.

Elle était passionnée par son métier même par les mauvais côtés ou les mauvais jours parce qu'il y en avait forcément, il y en avait dans tout. Mais cette passion ne l'avait jamais quittée depuis ses six ans et c'était ce qui, aujourd'hui, l'avait conduit jusqu'au rang de Capitaine malgré son jeune âge. Sa passion, son esprit stratégique et sa force de caractère. Mais curieuse, elle relança la question. Elle voulait savoir comment Kinglsey avait eu envie d'être Auror.

- Le moins qu'on puisse dire c'est que ce n'est pas à mon père que je dois l'idée d'être Auror ! On n'a pas eu une éducation habituelle pour des sang purs, mes frère et soeur et moi. Mon père était un... comment dit-on, anti-conformiste ? Il se méfiait de tout ce qui touchait de près ou de loin au Ministère, nous a fait pas mal voyagé et laissé en immersion chez les moldus pendant des étés entiers. Jamais il n'aurait imaginé que son fils aîné veuille devenir Auror...
Maëlyn éclata de rire.
- Tu m'étonne ! Il a du faire une attaque non ? s'amusa t-elle en imaginant la tête du père de King.

Son ami lui parla ensuite de l'endroit ou plutôt de la personne qui lui avait donné cette idée de métier. Elle l'écouta en souriant doucement. Cet homme devait être vraiment spécial vu le ton employé par Kingsley. Maëlyn regretta de ne pas l'avoir eu comme professeur mais c'était vrai que le poste de professeur de DCFM était maudit. Personne n'y restait plus d'un an. C'était carrément flippant. Disons que c'était le dernier métier que ferait la jeune femme.

- Il est décédé l'année ou j'ai fini mes études d'Auror et où j'ai eu mon premier poste au Bureau. C'était déjà un vieil homme quand je l'ai eu à Poudlard, et il était malade... Mais ça reste le meilleur prof que je n'ai jamais eu.
- Je suis désolée, fit la jeune femme par rapport à sa perte.

C'était triste de perdre quelqu'un qu'on appréciait même si c'était de mort naturelle. Et elle en savait quelque chose. Elle décida alors de changer de sujet presque aussi brutalement qu'il l'avait fait quelques instants auparavant.

- Dis moi, pendant tes voyages, tu a déjà visité l'Italie ? s'enquit-elle en finissant son deuxième verre.