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| Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE Sam 13 Sep 2014 - 15:11 | |
| Dans le monde ordinaire des faits, les méchants ne sont pas punis, ni les bons récompensés. Le succès est donné aux forts, l’échec imposé aux faibles. Voilà tout. Cet été, je n'ai vu ma mère qu'une semaine. Une toute petite semaine. C'est peu, très peu, surtout pour une gamine de treize ans. Après deux mois de calvaire et d'angoisse passés dans un institut pour sang-pur, c'est déjà l'heure de reprendre le train direction Poudlard. Il y a des aurors partout sur le quai, des brigadiers de la police magique également. Les parents pleurent, les enfants aussi. Et si, une fois encore, le train était détourné ? La sonnerie du Poudlard Express retentit et résonne dans la gare. Maman m'attrape par les épaules, me serre dans ses bras en soupirant de chagrin. Ses trois enfants retournent à l'école, cette année, et je la connais assez pour savoir qu'elle se fait un sang d'encre. Lorsqu'elle me lâche pour aller embrasser ma soeur, je m'essuie la joue après qu'une de ses larmes ait coulé sur ma peau. — Soyez prudents... nous dit-elle en nous envoyant ses derniers baisers avec la paume de sa main. Puis nous montons dans le train, un à un. Mon frère m'aide a hisser ma valise, comme chaque année. Puis il me pince l'épaule en souriant avant de s'éloigner en silence. Alors que le train démarre, je jette un coup d'oeil à la fenêtre et remarque tous les parents mortifiés à l'idée qu'il arrive quelque chose à leurs enfants. Et ça ne me fait rien. Rien du tout. Suis-je devenue insensible ? — Jane, tu viens ? me demande une de mes camarades de classe. On va aller s'installer par-là.— J'arrive, je réponds en traînant ma grosse valise jusqu'à un compartiment où sont rassemblés des d'élèves de notre maison. Contre la vitre, une rouquine essuie ses joues humides. Je hisse ma valise sur le porte-bagages et je m'installe en face d'elle. Je la fixe un moment, sans qu'elle ne le remarque, alors que les conversations s'animent déjà autour de nous. Des conversations vides et qui suintent la peur qu'ils essayent de masquer en parlant de tout et de rien, mais surtout pas de cet été. Jusqu'à ce qu'un garçon se lance. — Eh ben, je suis bien content que tout ça soit fini... dit-il, le regard rivé sur ses mains posées à plat sur ses genoux. Silence dans le compartiment. Puis : — On n'est pas encore arrivés... rétorque une fille de ma classe. Nouveau silence, cette fois-ci beaucoup plus long. En prenant la parole, elle a finalement dit ce que tout le monde pensait tout bas depuis tout à l'heure. Sommes nous réellement en sécurité ? L'institut, les maltraitances, tout. Ça a été trop loin pour que nous puissions en ressortir indemnes. Les coups, les cris, les pleurs... Et ce sang, tout ce sang... Tous, nous en sommes sortis différents. |
| | | | Sujet: Re: Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE Sam 13 Sep 2014 - 18:56 | |
| Vous ne pouvez empêcher les oiseaux de la tristesse de passer au dessus de vos têtes mais vous pouvez les empêcher de faire leur nid dans vos cheveux. Cela faisait un moment que j'étais assise dans le compartiment. Les aurors, les brigadiers de la police magique qui avaient envahi le quai de la gare... Tout ça ne faisait que prolonger le sentiment d'insécurité que nous, élèves de poudlard, avions vécus cet été à l'institut Clevergrace. D'un commun accord, parce que c'était glauque et terrifiant, mes parents et mois avions convenu d'aurevoirs brefs. Pas que c'était moins dur, moins poignant, moins déchirant. Nous étions une famille unie, malgré la partie sur mon frère dont nous n'avions même plus le droit d'évoquer le nom. Non. Nous étions une famille unie, mais larmoyer sur le quai, devant tout le monde, et maintenir entre nous cette ambiance de sinistrose et de pathos ne réussirait qu'à nous faire passer à tout trois une très mauvaise année. Mes parents, loin, inquiets. Moi... Pensant être en sécurité à l'école, mais à l'intérieur, j'étais plus terrorisée qu'autre chose. Aussi après deux bises chacun, j'avais vaillamment hissé ma valise à ma traîne, et dégoté le premier compartiment complètement vide - l'avantage d'arriver dans les premiers. Cependant, il s'était vite rempli. Aussi m'étais-je poussée complètement à l’extrémité, collée à la fenêtre, le coude posé sur le rebord, le poing fermé contre ma bouche, les yeux dans le vague. Je devais avoir l'air d'un fantôme, avec mon teint pâle, mes yeux hagards et mes cernes. Mais voyez-vous, ça faisait des nuits que je ne dormais plus, ou peu. Tous commencèrent à discuter, de tout, surtout de rien. Je redoutais le moment où l'on viendrait à aborder ce que nous venions de vivre. Car après tout ; nous n'étions que des gosses curieux et flippés, mais surtout attirés par la bizarrerie et l’horreur. Et ça ne manqua pas ; — Eh ben, je suis bien content que tout ça soit fini... fit un garçon assis à ma droite, la tête bêche. Mon poing se crispa encore un peu plus contre ma bouche. Le silence accueillit cette constatation. Et une troisième année de renchérir ; — On n'est pas encore arrivés... Ce fut le coup de massue, l'estocade. — Est-ce qu'on ne pourrait pas... Est-ce qu'on ne pourrait pas, plutôt, juste faire comme s'il ne s'était rien passé ? Et simplement se concentrer sur l'année qui commence, sur l'à-venir ? J'avais dit ça avec le sourire, mais pourtant, mon ton était à la limite du cassant. Et je savais que je devais offrir un spectacle bien étrange, avec mes lèvres étirées, figées en un sourire presque effrayant, avec ma voix sèche et mes mots coupants. J'étais ainsi faite ; je riais à en pleurer lorsque j'étais triste, nerveuse ou en colère. Un bien navrant défaut qui m'attirait souvent des ennuis, pensez ! La seule fille qui rit lors d'un enterrement, lorsque tout le monde pleure sur la dépouille qu'on enterre. Mais je ne pouvais m'en empêcher ; mon manque de confiance en moi m'intimait de revêtir toujours un masque de désinvolture, de jovialité et d'assurance. C'était navrant, et la présente situation ne dérogeait pas à la règle. Parce qu'évidemment comme tout le monde, j'avais besoin de parler, de mettre des mots sur l'épisode traumatisant que nous venions de vivre. Et en même temps, je ne m'en sentais pas le courage. J'avais peur de me mettre à crier, peut-être à pleurer, à vouloir même faire stopper le train et lui ordonner de faire demi-tour et me ramener sur le champ chez moi, pour ne plus jamais en sortir. J'avais peur d'avoir à faire face à mes démons, mes angoisses, et je n'y étais pas prête. Pas du tout. — Et tu penses que c'est la solution, toi ? De faire « comme si de rien n'était » ? répliqua l'élève rousse assise à gauche du garçon, penchant dans ma direction sa bouille ronde et humide de larmes, les sourcils froncés. |
| | | | Sujet: Re: Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE Dim 14 Sep 2014 - 16:13 | |
| Le courage, ce n’est pas de vivre sans peur. Le courage, c’est d’avoir la peur de sa vie et quand même faire la bonne chose. Non mais voilà quoi, ma mère arrivait ENFIN à me laisser partir à Poudlard sans trop de larmes, mais après cet été elle veut plus me lâcher. Je soupire, fixe mon père avec un air désabusé, et attend la fin de la tornade : ma petite maman accrochée à moi, me répétant pour la dixième fois d'être prudent et de faire attention à moi. Bon, en vrai, je suis pas plus rassuré de repartir. Je suis resté seulement une semaine chez moi, après avoir passé un été pourri à Clevergrace. J'en suis sorti dégoûté et hors de moi. Ces enflures de première catégorie s'en étaient pris à tous ceux qui n'étaient pas impurs et d'une manière tellement cruelle que ces souvenirs étaient plus que dérangeants. J'avais passé la nuit suivant notre libération comme un griffon en cage, à hurler et jurer sur ces atrocités, ma lâcheté, en repensant aux hurlements, aux pleurs, aux blessures. Tellement de blessures... Le sang-pur que j'étais avait échappé à ce traitement, mais je n'avais jamais passé un été autant empli d'angoisse et de terreur. Je voulais l'oublier, mais c'était encore trop frais pour que je puisse être sûr qu'au coin du couloir, je ne trouve pas un mangemort en train de martyriser un impur. Ces embrassades durent trop longtemps. Je me dégage gentiment et regarde ma mère. "Allez, j'y vais maman, je t'envoie un hibou quand je suis installé. Ca va aller, d'accord ?" Je souris, alors que ma mère essuie ses larmes. Avec le temps, j'ai appris à être plus courageux qu'elle. Et puis papa est là, de tout façon. Je réponds à son accolade sans fioriture, avant de prendre ma valise et de partir vers le Poudlard express. Y a des Aurors et des brigadiers partout quoi, pour nous protéger et tout... Mais est-ce qu'il y en aura dans le train ? Et puis ça changera rien de toute façon, y avait des Aurors quand le train a été détourné... Bref. Je passe à côté d'une famille que je connais, des collègues de ma mère. Leur petite fille à du mal à partir pour prendre le train pour la première fois. Je m'accroupis face à elle et lui parle, avec un grand sourire. Après quelques instants, elle va mieux, alors je lui propose de l'accompagner jusqu'au train. Je la fais même grimper sur mon dos, elle est assez légère ! Je prends sa valise dans ma main libre, et pars vers la porte ouverte d'un wagon. Je grimpe maladroitement et laisse la valise de la petite dans un compartiment plein de nouveaux. Elle descend de mon dos et part s'asseoir, un peu tendue. Normal quoi ! Pour ma part, je reprends ma route vers un compartiment presque vide. A part ma petite préfère préférée. Je range ma valise et m'assoit lourdement à côté d'Aiden, et la décoiffe en souriant. J'essaye de paraître léger, parce qu'elle a vécu l'été de l'autre côté de la barrière. J'ai tenté d'aider mes camarades, mais je n'ai pas réussi à chaque fois... Je m'en veux affreusement. Mais avant que j'ai pu lui demander comment elle allait, des élèves arrivent et envahissent le compartiment. Les deux bras étendus le long du dossier, j'attends le départ du train en écoutant d'une oreille distraite les conversations anodines et un peu tendues. Jusqu'au moment où le sujet qui occupe tous les esprits arrive sur le tapis. — Eh ben, je suis bien content que tout ça soit fini... Le garçon dit ça d'un air faussement détendu, une légèreté de façade. Mais il est tendu et encore marqué par l'épisode. La réponse de la jeune femme en face fuse, tranchante et froide. Elle a raison, mais faut pas exagérer non plus. On ne va pas se faire avoir comme ça deux fois quand même... Aiden, un sourire figé aux lèvres, répond avec un ton peu avenant. Je la connais assez pour deviner que la Poufsouffle cache la plupart de ses émotions, surtout sa tristesse et sa peur, derrière un masque en apparence détendu. Nos escapades dans la Forêt Interdite m'avait montré que sa peur était toujours planqué derrière un rire ou une remarque bien trop détenu pour être honnête. Ma main placée derrière elle, sur le dossier, glisse et lui serre légèrement l'épaule, pour la soutenir. — Et tu penses que c'est la solution, toi ? De faire « comme si de rien n'était » ? je tourne la tête derrière la petite rousse qui pleurait tout à l'heure, avant de soupirer. "Eh, on respire un coup d'accord ? Déjà on va arriver à coups sûrs à Poudlard sans problème. Le train ne va pas être détourné une seconde fois, si c'est ce qui vous fait peur. Il a surement été sécurisé. Et si on reste paralysés par la peur, l'année qui va suivre va pas être joyeuse... Et puis mince à la fin, les craindre de la sorte, c'est les faire gagner." — Facile à dire pour toi, t'étais où cet été ? crache un sang mêlé de sixième année. J'ouvre la bouche pour lui répondre, puis la referme. Il a raison hein, mais je ne peux pas rester sans rien dire quand je vois tout le monde déprimer de la sorte. Je pouvais toujours assurer aux autres que tout irait bien, je guette avec une attention un peu trop soutenue les haut-parleurs du Poudlard express... - Spoiler:
• Faire un sujet à minimum 2 membres en plus de votre perso ▬ 2 dragées • Faire un post de 500 mots ▬ 2 dragées • Inventer une expression sorcière à partir d’une expression ou d’un proverbe populaire (ex : « La nuit tous les fléreurs sont gris », « Mêle toi de tes parchemins ») ▬ 2 dragées : Comme un griffon en cage
Dernière édition par Methias H. Goldsmith le Ven 26 Sep 2014 - 18:29, édité 3 fois |
| | | | Sujet: Re: Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE Dim 14 Sep 2014 - 18:09 | |
| C'est ça le pire, vivre une vie immobile où il ne se passe rien tellement tu as peur. Les 'au revoir' étaient loin d'être la partie préférée de Lillias. Cette année, ils semblaient encore plus difficiles que les années précédentes. Il n'y avait plus son grand frère pour monter dans le train avec elle et rendre la tâche moins compliquée. S'il avait simplement quitté Poudlard pour vivre sa nouvelle vie d'adulte, tout aurait été normal, mais ce n'était pas le cas. Il les avait quitté, définitivement, lors de la fuite de l'asile. Elle se sentait responsable, elle aurait dû rester à ses côtés. Mais ses parents ne lui reprochaient rien, comment pourraient-ils ? Ce n'était pas comme si une petite 4ème année pouvait avoir le dessus sur des sorciers plus que compétents. L'ambiance n'en restait pas moins lourde à côté d'eux et la gryffondor décida de partir un peu plus tôt que prévu. Elle n'hésita pas à utiliser son nouveau statut de préfète pour ne pas les rendre plus tristes encore. Dans un sens, il était normal qu'elle monte dans le train avant, elle devait recevoir des ordres de la part des anciens, mais également des aurors. Aujourd'hui, leur rôle était de rassurer tout le monde, de les faire sentir en sécurité malgré tout ce qu'il s'était passé. Elle avait donc pris sa valise et l'avait déposé dans l'un des premiers wagons. Après quelques minutes de discours, ils les avaient laissés filer aider les premières années à prendre place dans les différentes cabines. Lillias n'avait eu aucun problème pour ce point-là de son travail, mais elle avait eu du mal à faire face à tous ces visages souffrants, inquiets. Comment pouvait-elle les rendre plus heureux si elle même ne se sentait pas en sécurité. Alors, se sentant légèrement oppressée, elle décida de partir à l'avant du train. Elle ne se laissa pas démonter devant la garde à l'entrée de la locomotive et exigea de parler au chauffeur. On lui refusa clairement la demande au départ, mais quelques arguments de raison firent pencher la balance. Après tout, les aurors ne voulaient pas forcément gérer des centaines d'étudiants inquiets. Une fois avoir reçu une excellente nouvelle, c'était avec beaucoup plus d'enthousiasme qu'elle recommença à faire le tour des cabines pour voir si tout allait bien. Elle pouvait enfin répondre aux questions sans avoir à mentir. Son sentiment de sécurité se propageait avec facilité entre les élèves, les rires venant plus régulièrement sur son passage. Elle toqua discrètement à une des portes et n'entendant pas de réponse, elle l'ouvrit doucement. Tout va…Elle n'eut même pas le temps de finir sa question qu'un débat ou plutôt une dispute couvrait sa voix. Elle ne fut pas longue à comprendre le sujet de la conversation. En même temps, soit on évitait la question totalement, soit on ne parlait que de cela. Elle resta là, sans rien dire. Elle voulait voir ce qu'il se disait avant d'intervenir. Si un des poufsouffle essayait vaillement de calmer le jeu, c'était sans compter sur une réplique cinglante d'un sixième année. Ce n'est facile à dire pour personne, qu'importe dans quel camp on nous a placé. Tu crois que c'est parce qu'il était du 'bon côté' qu'il avait la vie tranquille. Quand tu es un traître à ton sang ou considérer comme tel, tu deviens un paria !
La gryffondor ne savait pas vraiment de quel côté était le poufsouffle, mais elle n'en avait que faire. C'était trop simple d'accuser quelqu'un à cause de son sang, ils avaient pu le voir cet été. Si on pouvait éviter de recommencer cette séparation, ce serait mieux pour tout le monde. Ah et vous pouvez vous détendre au moins sur ce voyage, je viens de voir le chauffeur. On devrait bientôt partir et la garde est plus que sûre. Comment elle peut être sûre s'ils t'ont laissée passer ? Répliqua de nouveau le sixième année. Il était vraiment en colère celui-là, trop pour réfléchir un minimum apparemment... |
| | | | Sujet: Re: Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE Lun 15 Sep 2014 - 10:34 | |
| Alors c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah! Quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer c'est les autres. Comme à mon habitude, je reste silencieuse. Mes yeux fusent de droite à gauche, observant chaque visage, chaque expression. Mais je reste en retrait, dans cette conversation. — Est-ce qu'on ne pourrait pas... Est-ce qu'on ne pourrait pas, plutôt, juste faire comme s'il ne s'était rien passé ? fait Aiden, une Poufsouffle. Et simplement se concentrer sur l'année qui commence, sur l'à-venir ?— Et tu penses que c'est la solution, toi ? De faire « comme si de rien n'était » ?Je me retourne vers la rouquine qui vient de parler, surprise de voir qu'elle participe. Mais après tout, elle semble assez chamboulée pour se sentir concernée. Moi, c'est tout le contraire. Cet été, et tout ce que j'y ai vu, c'est comme si ça m'avait ôté toute mon émotivité. Jusqu'à ce que je craque. Et ça va bien finir par arriver. — Eh, on respire un coup d'accord ? dit un autre Poufsouffle avant d'entamer un monologue que j'écoute à peine. Je revois les images de l'Institut. Les Doloris jetés comme des grains de sable sur des enfants. Des entailles, du sang, des cris, et ces pleurs, chaque nuit dans les dortoirs. J'ai pleuré moi aussi, au départ. Puis je me suis résigné, fataliste. Si nous devions mourir ici, eh bien qu'à cela ne tienne, nous n'y pourrions rien changer. Alors autant capituler, rendre les choses moins difficiles. Ai-je un instinct de survie proche du néant ? Je ne crois pas, ou peut-être. Et puis j'avais mon frère et ma soeur avec moi, ça aidait. Quelqu'un frappe à la porte, personne ne semble l'entendre. Seule moi me retourne vers les coups, avant que la porte du compartiment ne s'ouvre sur la nouvelle préfète de ma maison, Lillias qui, à peine entrée, prend déjà part à la conversation. Elle répond au sixième année avant de tenter de nous rassurer sur la sécurité du Poudlard Express. — Si on pouvait éviter de recommencer cette séparation, ce serait mieux pour tout le monde, dit-elle. Ah et vous pouvez vous détendre au moins sur ce voyage, je viens de voir le chauffeur. On devrait bientôt partir et la garde est plus que sûre. — Comment elle peut être sûre s'ils t'ont laissée passer ? réplique de nouveau le sixième année. — Josh, calme-toi... lui demande la rouquine qui se trouve être sa petite soeur. — Excuse-moi, lui dit-il d'une voix plus posée, en baissant la tête et en se renfrognant sur lui-même. Nouveau silence, dans le compartiment. Je soupire, avant d'oser prendre la parole à mon tour. — Je... Je crois qu'il ne faut pas faire comme si de rien était, dis-je, le regard rivé sur le sol. C'est arrivé et... Et quoi qu'on en dise, ça nous a changé. Enfin... Moi, en tout cas, et je pense que vous aussi. Si chacun reste dans son coin, on peut dire qu'ils ont gagné. Alors que si on s'unit tous... Ils pourront s'en prendre aux plus faibles, à un, deux, trois cas isolés. Mais pas à une masse d'élèves bien décidés à ne pas se laisser faire...Je me rend compte que j'ai monologué, moi aussi. Surprise de m'être laissé aller de la sorte, je me tais, relève la tête et inspecte tous les regards. J'ai beau n'avoir que treize ans, quand tu vis des mois avec une mère dépressive, un père devenu un vrai légume interné à St-Mangouste et quand tu passes deux mois dans une Institution de l'horreur, tu grandis beaucoup plus vite. |
| | | | Sujet: Re: Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE Jeu 18 Sep 2014 - 19:42 | |
| Dans le monde ordinaire des faits, les méchants ne sont pas punis, ni les bons récompensés. Le succès est donné aux forts, l'échec imposé aux faibles. Voilà tout. La conversation prenait de plus en plus un tournant qui ne me plaisait guère. J'essayais de garder la face, tant bien que mal, mais je sentais mon masque d'assurance s'effriter de plus en plus. Et même la main de Methias qui m'ébouriffa les cheveux ne réussit à me rasséréner. C'était pire, en fait ; j'avais l'impression d'être une enfant à qui l'on inculquer une leçon, à qui l'on faisait la morale. Cette infantilisation me dérangea et, mal à l'aise, je me tortillais sur mon siège. Comment rectifier le tire ? — Si on pouvait éviter de recommencer cette séparation, ce serait mieux pour tout le monde. Ah et vous pouvez vous détendre au moins sur ce voyage, je viens de voir le chauffeur. On devrait bientôt partir et la garde est plus que sûre, fit ma collègue préfète de gryffondor, Lillias. A laquelle répondit le vindicatif sixième année de tout à l'heure ; — Comment elle peut être sûre s'ils t'ont laissée passer ? Je me sentis lever les yeux au ciel. Je n'avais même pas envie de répondre. Chacun campait sur ses positions, notre discussion était stérile. Pourtant, je n'arrivais à me débarrasser de cette sensation de malaise, j'aurais tout fait pour que l'on parle d'autre chose, comme du buffet qui nous attendait dans la grande salle pour notre arrivée, ou quelle serait l'identité du nouveau prof de DCFM, ou même encore faire des paris sur le quota d'élèves qu'on récupérerait dans chacune des quatre maisons. Dix gallions que poufsouffle accueille vingt nouveaux sorciers cette année ! Mais non, ils n'avaient pas l'air décidés. La petite rouquine, qui se trouvait être la sœur du rebelle, calma son frère. Le garçon se renfrogna sur lui-même, ne broncha plus, et le silence envahit le compartiment. J'avais cependant la sensation que ce silence était tendu, palpable tant il électrifiait la pièce. Pourtant, il fut coupé par Janice, qui était restée jusque là bien silencieuse ; — Je... Je crois qu'il ne faut pas faire comme si de rien était. C'est arrivé et... Et quoi qu'on en dise, ça nous a changé. Enfin... Moi, en tout cas, et je pense que vous aussi. Si chacun reste dans son coin, on peut dire qu'ils ont gagné. Alors que si on s'unit tous... Ils pourront s'en prendre aux plus faibles, à un, deux, trois cas isolés. Mais pas à une masse d'élèves bien décidés à ne pas se laisser faire... Sa tirade fut accueillie par un silence étonné de prime abord. Mais c'était surtout le socle d'un nouveau débat. — Ça pour nous avoir changé, ça nous a changé ! Des nuits que je ne dors plus d'une traite, que je fais des cauchemars les uns à la suite des autres, je bredouille, d'une voix chevrotante que je manque de ne pas identifier comme étant la mienne, tant j'étais étonnée de me laisser aller à ce genre de confidence. Je me racle la gorge, tourne à nouveau la tête vers la fenêtre et fixe l'horizon, incapable de rencontrer le moindre regard. Ce que je veux dire, c'est que... On n'est que des ados ! Eux, ce sont des adultes ! On ne fait pas le poids, même si on se mobilise. Ils sont aguerris, entraînés, et déterminés. Et nous... On n'est pas assez forts. J'ai l'impression que c'est un combat perdu d'avance, je fais, déconfite, en totale perte de confiance. — Je ne suis pas d'accord ! fait un quatrième année avec l'écusson de serdaigle sur sa poitrine. On dit toujours que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir... Non ? Il regarde Janice, et d'un mouvement de la tête, l'apostrophe ; Toi, tu proposes quoi ? |
| | | | Sujet: Re: Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE Sam 4 Oct 2014 - 15:33 | |
| Le pire pêché envers nos semblables, ce n'est pas de les haïr, mais de les traiter avec indifférence ; c'est là l'essence de l'inhumanité. La tension dans le wagon est extrême quand la préfère Gryffondor se pointe pour nous informer de notre voyage. Alors que je m'étais décidé à ne rien répondre au sixième année, elle prend ma défense avec une force qui m'étonne. Elle a raison, dans le fond, même si je ne veux pas me faire épingler comme traître à mon sang. J'ai l'exemple de mon cousin en tête, et le statut de traître à son sang n'est pas très confortable. Je préfère ne pas me faire épingler du tout en fait. Mais je vais pas le préciser là, c'est pas le sujet. Mais au lieu de se taire, le sixième année reporte sa colère sur la jeune sorcière, et je m'apprête à lui dire de se taire quand la petite rousse de tout à l'heure lui dit de se calmer. J'y crois pas. La petite pleure, et ce qui semble être son frère ne la réconforte même pas. Je l'aime pas lui, c'est décidé. Mais alors que le silence s'abat, comme une chape de plomb sur le compartiment, Janice, une Gryffondor, se met à parler d'une voix hésitante mais claire. J'enlève mes bras du dossier et me penche un peu, pour poser mes coudes sur mes cuisses. Au final, nos deux avis se rejoignent, et je souris gentiment à la Gryffone pour la soutenir. Je me sens un peu à l'écart, ici. J'ai peur, bien sûr, moi aussi. J'ai l'angoisse qui me tord le ventre, mais pas en pensant à ce qui m'est arrivé. Je pense à ce qui nous attend. A cette puissance sombre qui monte sans qu'on puisse l'arrêter, et qui menace tous de nous engloutir. Et à ce moment là, je serais soit avec, soit contre eux. Je n'aime pas ça. Je ne veux pas me battre. Je suis lâche et peureux, et mener un combat de front ne me plait vraiment pas. Mais je préfère occulter cette pensée, et penser naïvement que tout s'arrangera. Mais quand Aiden se remet à parler, d'une voix tremblante qui ne lui ressemble pas, je la fixe avec douleur. — On n'est pas assez forts. J'ai l'impression que c'est un combat perdu d'avance. Sa raideur à mon contact, cette façon qu'elle a eu de se dandiner sur le banc, tout indique qu'elle n'était plus la même qu'il y a quelques mois. Comme tous, cet été a laissé une trace indélébile dans son esprit. Mais voir ma compagne d’excursions effrayantes à ce point déstabilisée me fait mal. Mon instinct protecteur, envers toutes les personnes qui traverse ma vie, s'éveille avec force et j'ai envie de l'éloigner d'ici, pour qu'elle puisse souffler, respirer, et l'aider à aller mieux. Mais je ne bouge pas, et baisse les yeux avec un mélange d'impuissance et de honte. Même la déclaration plus énergique d'un Serdaigle n'aide pas à réchauffer l'ambiance. Mais quand il demande à la Gryffondor ce qu'elle propose de faire, je relève la tête. Selon moi, ça n'est pas à elle, ou à un élève, de prendre la responsabilité de tout un groupe d'élève, sauf en cas d'urgence. C'est un lourd fardeau à porter, tout de même... "Peut-être qu'avant de proposer quoi faire, on devrait attendre que les professeurs nous exposent ce qu'ils comptent faire, eux. Je sais, ils nous pas été efficaces cet été, mais comme nous, ils ont pu apprendre de leurs erreurs. Je pense qu'ils méritent au moins qu'on les écoute." Un reniflement mesquin me vient de la droite. Je me tourne vers une Serpentard qui s'était faite discrète jusque là, et qui me regarde avec condescendance. — Quoi qu'ils disent, ça ne changera rien. Ils peuvent s'excuser tant qu'ils veulent, ça n'effacera pas ce qu'on a subi cet été ! J'ai au moins appris une chose, c'est qu'à partir de maintenant, on ne peut compter que sur nous-même. Ouais, bref, avec ce genre de réflexion, ça pue la révolution et les tables renversées pendant le banquet de rentrée. - Spoiler:
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| | | | Sujet: Re: Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE Ven 28 Nov 2014 - 12:48 | |
| C’est seulement quand on sait qu’on n’est pas inutile aux autres que l’existence prend un sens. — Ça pour nous avoir changé, ça nous a changé ! fait Aiden d'une voix tremblotante. Des nuits que je ne dors plus d'une traite, que je fais des cauchemars les uns à la suite des autres.Je la fixe un instant, puis je fais dériver mon regard tour à tour sur chaque visage peuplant ce wagon. Ils sont tous brisés, chacun à leur manière. Et moi aussi, d'ailleurs. Je comprends Aiden car ce qu'elle vit, je le vis également. — Ce que je veux dire, c'est que... On n'est que des ados ! Eux, ce sont des adultes ! On ne fait pas le poids, même si on se mobilise. Je ne suis pas d'accord, mais je reste silencieuse, les mains posées à plat sur mes cuisses. On peut toujours se battre, on peut toujours essayer, du moins. — Ils sont aguerris, entraînés, et déterminés, poursuit-elle. Et nous... On n'est pas assez forts. J'ai l'impression que c'est un combat perdu d'avance.— Je ne suis pas d'accord ! fait un Serdaigle. On dit toujours que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir... Non ? Toi, tu proposes quoi ?Son regard se tourne vers moi et me paralyse sur mon siège. Moi ? Je n'ai que treize ans, je regrette soudain d'avoir ouvert la bouche plus tôt pour donner mon avis. Mal à l'aise, je bafouille deux, trois "Euh..." avant que Methias ne me sauve la mise. — Peut-être qu'avant de proposer quoi faire, on devrait attendre que les professeurs nous exposent ce qu'ils comptent faire, eux. Je soupire de soulagement en remarquant que les têtes se sont tournées vers le Poufsouffle et non plus vers moi. Et puis, je suis d'accord avec lui, il faut attendre de voir ce que les professeurs proposent avant de s'avancer. Même si je doute qu'ils nous exposent leur plan, et encore moins qu'ils nous y convient. — Je sais, ils nous pas été efficaces cet été, mais comme nous, ils ont pu apprendre de leurs erreurs. Je pense qu'ils méritent au moins qu'on les écoute.— Je suis d'accord... dis-je timidement avant qu'une Serpentard ne prenne la parole. — Quoi qu'ils disent, ça ne changera rien. Ils peuvent s'excuser tant qu'ils veulent, ça n'effacera pas ce qu'on a subi cet été ! J'ai au moins appris une chose, c'est qu'à partir de maintenant, on ne peut compter que sur nous-même.Son discours est digne d'une rebelle, mais au moins, elle n'essaye pas de faire semblant qu'il ne s'est rien passé. Son avis "Fuck the system" est maladroit mais elle a le mérite de vouloir faire quelque chose. Même si... Même si ça va être difficile pour elle étant donné qu'elle partage sa maison avec, pour la plupart, des partisans de ces gens-là. Je tourne la tête en direction de la fenêtre et me rend compte que nous sommes partis de la gare depuis à peine quelques minutes. Pourtant, nous sommes déjà dans le vif du sujet, comme si chacun tenait à déballer le plus vite possible ce qu'il avait sur le coeur. Parler, toujours parler, pour éviter de penser à ce qui pourrait de nouveau arriver dans ce Poudlard Express qui fut, il y a deux mois de ça, transformé en train de l'horreur. — Avec ou sans les professeurs, il va falloir se serrer les coudes... dis-je d'une voix calme, le regard toujours rivé sur la vitre. Même si on décide de ne rien faire, de ne pas attaquer, il va probablement falloir se défendre. Et ados ou pas, il va falloir se préparer... Et ne former qu'un bloc.Puis je me retourne vers l'assemblée qui, une fois encore, me met mal à l'aise. Je baisse les yeux et renifle timidement. — Enfin... Ce n'est que mon avis. |
| | | | Sujet: Re: Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE Ven 26 Déc 2014 - 19:46 | |
| Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse. Je cogitais, et cogitais toujours. Sans m'en rendre compte, j'enroulais une mèche de cheveux autour de mon index car au fil des années c'était un geste qui m'était venu instinctivement et qui avait le don de me détendre. Je sentis mon regard se perdre, l'insécurité me coller toujours aux basques, et une irrésistible envie de me rapprocher de Methias, comme pour absorber de sa chaleur et de sa confiance. Car, figée sur mon siège comme un animal raide et apeuré, j'étais glacée et en proie à une paranoïa presque douloureusement palpable. Moi qui jusqu'à présent avait été une fille dont la joie de vivre était contagieuse, je ne me reconnaissais plus, je trouvais ça bien triste. Je me trouvais triste. Et lâche. Ce constat me fit prendre conscience que j'avais décroché de la conversation et n'écoutais plus que d'une oreille. La mauvaise, apparemment, car j'avais loupé pas mal des paroles échangées. Je découvrais même à l'instant la présence de cette serpentarde qui me mit encore plus mal à l'aise que ce que je n'étais déjà. Je relevais les yeux vers la petite Janice, et ses beaux et longs cheveux cendrés, et je la sentis plus courageuse que moi. J'en fus jalouse et émerveillée à la fois. Y avait-il encore de l'espoir, alors ? — Avec ou sans les professeurs, il va falloir se serrer les coudes... Même si on décide de ne rien faire, de ne pas attaquer, il va probablement falloir se défendre. Et ados ou pas, il va falloir se préparer... Et ne former qu'un bloc, fit-elle. Son discernement me frappa de plein fouet, tout comme sans doute il frappa le reste de l'assemblée. — Et par « ne former qu'un bloc » tu entends quoi ? Demandais-je doucement, curieuse. Un groupe de soutient ? Un... Escadron ? Je me sentis stupide, et ne pus, à nouveau, me dire intérieurement que quoiqu'on décide, quoiqu'on fasse, on ne serait jamais aussi forts qu'eux. |
| | | | Sujet: Re: Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE | |
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| | | | Nos valises cabossées empilées sur le trottoir {retour à Poudlard} #LIBRE | |
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