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Le froid ambiant ne semblait plus atteindre la jeune orpheline tant elle et Mara jouaient dehors depuis longtemps. Ses lèvres étaient désormais toutes gercées et presque bleues, et sa peau pâle de blonde encore plus livide que la neige elle-même. Mais pour rien au monde Elfyn n’aurait renoncé à la lutte acharnée qu’elle menait contre MacFusty, quand bien même des flocons givrés auraient commencé à tomber. Le mois de novembre, même tout juste initié, pouvait se révéler plein de surprise…
Fièrement dressée sous l’un des arbres du parc, Elfyn savourait son coup ; avec adresse, la boule de neige avait atteint la jambe de sa brune amie, la faisant basculer en avant, tête la première dans la neige. Un sourire satisfait vint flotter sur ses lèvres, ses yeux verts émeraude pétillaient de contentement et d’amusement, et sans se méfier, la blonde jubilait de cette petite victoire. Mais pas pour bien longtemps ; depuis le temps qu’elle connaissait Mara, elle aurait du savoir que cette dernière était pleine de ressources. A plat ventre elle dégaina sa baguette, faisant chuter sur Halstead l’épais manteau blanc qui recouvrait les branches de l’arbre sous lequel elle se tenait. Ensevelie, glacée et détrempée jusqu’aux sous-vêtements, elle ne put retenir un  petit cri de surprise qui lui échappa dans une volute de condensation.
— La glace est bonne Halstead ?
— Attend que je t’y fasse goûter, Fusty, tu le découvriras bien assez tôt… Grogna la blonde en enlevant les paquets de neige qui la recouvraient de la tête aux pieds. Secouant ses épais cheveux blonds en claquant des dents, elle ôta son bonnet qui goûtait dans son cou, et ses gants, qu’elle retourna pour en faire sortir la neige. Tu es fière de toi j’imagine ? Tu as gagné cette bataille, mais pas la guerre. Même si ses paroles paraissaient bravaches, Elfyn était plus amusée que courroucée. Au moins avec Mara pouvait-elle être vraiment elle-même, sans se cacher, sans revêtir sans cesse la carapace dont elle ne se séparait que très rarement. La brune tira de sa sacoche une flasque à l’effigie de sa famille et l’orpheline eut un pincement au cœur. Pour masquer son trouble, elle tendit la main lorsque Mara lui passa la flasque.
— Si tu penses m’acheter avec du chocolat chaud, et que je sois plus tendre avec toi lors de la prochaine manche grâce à ça, laisse-moi te dire que tu te fourres la baguette dans l’œil… Fit-elle pleine de morgue, les coins des lèvres frémissant de malice.

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— J’me bats pas avec les baguettes molles. Mais si t’en veux pas j’peux boire ta part Fyn…, fanfaronnait Mara comme un paon. Elfyn ouvrit grand la bouche, laissant à nouveau échapper un petit nuage de condensation et fit mine d’être verte de colère.
— Baguette molle ? Baguette molle ? C’est moi que tu traites de baguette molle ? Ok, c’est bon, tu as signé ton arrêt de mort. Dommage, je t’aimais bien Fusty.
Elle prit son temps tout en refermant la flasque de son amie, faisant mine de rien, l'air aussi innocent qu'un angelot. Pourtant, elle ne la lui tendit pas mais la lui lança, et profitant du vol dans les airs du chocolat chaud, elle fondit sur une Mara aux mains tendues pour récupérer son bien. La saisissant à la taille, elle la renversa en arrière dans la neige tout en poussant un cri qui se voulait de guerrière, bien que ressemblant plus à un feulement qu’à autre chose.
Le choc ne fut pas très douloureux car amorti par les bons centimètres de neige fraiche tombés, mais quand bien même le fut-il : MacFusty avait le cuir aussi solide que celui des dragons qui ornaient son blason et n’était pas de ses chochottes qui pleuraient pour un ongle cassé ou un genou tordu.
Avec vivacité, la blonde profita de l’avantage provoqué par l’étonnement de la brune pour farfouiller dans ses poches à la recherche de sa baguette. Sans elle, Mara ferait moins la maligne. Car réputée pour user aussi bien de son bout de bois que de ses poings, elle n’oserait jamais user de ses derniers envers son amie. Irritée de ne pas la trouver, elle feula à nouveau d’agacement, et d’un geste exaspéré ramena ses cheveux en arrière dans un ample geste.
— Nom d’un troll, où l’as-tu fichue ? Maugréa-t-elle d’un ton dépité.

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— Mais par les boules de Merlin pousses-toi ! J’ai la baguette qui m’rentre dans l’cul !
— Tout s'explique, je ne risquais pas de la trouver alors ! Mara la poussa sans ménagement, et Elfyn roula sur le côté, se retrouvant le dos dans la neige, écroulée de rire. Les larmes perlaient aux coins de ses yeux en y creusant des petites ridules gercées, et dans un flash de lucidité malgré son hilarité, elle se demanda depuis combien de temps n'avait-elle pas rit d'aussi bon cœur. Pourtant, les fou-rires étaient récurrents avec une amie telle que la si délicate et gracieuse Mara MacFusty, mais en cet instant même, elle se sentait si détendue et entière qu'elle avait l'impression d'assister à la scène en dehors de son corps, et de se regarder, comme au théâtre, rire à gorge déployée à s'en faire péter les amygdales.
— T’as de la chance qu’elle soit pas abîmé trollesse ! râla Mara en lui lançant une poignée de neige à la figure, faisant redoubler les éclats de rire de la blonde. Se calmant, sans perdre de sa malice, elle se releva sur un coude et lança à la brune une œillade pleine de complicité et de challenge, le menton fièrement dressé en l'air ;
— Et quand bien même l'aurait-elle été, tu sais aussi bien t'en servir que marcher avec des chaussures à talons ! Je te prends en duel où tu veux, quand tu veux, tu perdras à chaque fois...