- Il est où le petit Thomas à sa Daisy ?? Disait-elle à répétition avec une voie un peu niaiseuse.

Et c'est dans les sanitaires qu'elle le trouva. Elle avait reconnu les chaussures du jeune Avery en regardant en dessous des portes des sanitaires. Il était là et elle le cherchait.

- Allez sors de là, Thom ! Je t'ai trouvé un truc super !

Personne ne répondit, mais elle attendit bien sagement devant la porte, un cintre tendu en avant portant un délicieux costume de dieu grec, c'est à dire un tout petit morceau de drap blanc avec une couronne doré et un cordon de la même teinte en guise de ceinture.

« Il est où le petit Thomas à sa Daisy ? »
La voix de cette chère Blackstone, de l'autre côté de la cloison, me fit presque sursauter alors que j'étais en pleine lecture d'un bouquin sorcier tout à fait passionnant sur l'art d'étrangler des moldus rien qu'avec un tour de baguette. Soupirant doucement, j'haussai les sourcils en essayant d'ignorer sa voix de harpie en me disant qu'au bout d'un moment, elle finirait bien par se tirer. En vain.
« Allez sors de là, Thom ! dit-elle, impatiente. Je t'ai trouvé un truc super ! »
Je restai silencieux puis après quelques minutes, me sentant presque gêné d'être comme épié sur ce lieu intime qu'est le trône, je me décidai à sortir, après avoir usé du papier-toilette et de la chasse d'eau. Mon bouquin sous le bras, j'ouvris la porte des WC et, ignorant totalement Daisy comme si elle fût été invisible, je me dirigeai vers les lavabos et me passai les mains sous l'eau.

Quand Thomas sortit, Daisy élargit son sourire d'excitation. Mais l'adolescent l'ignora. Sans attendre, elle se dirigea vers lui et lui mit la tenue sous le nez. Elle était si près qu'il aurait pu en manger l’étoffe.

- Regarde moi cette petite tenue de Dieu grec ! Elle est taillée juste pour toi ! Je l'ai trouvée sur le stand de Karl LeGriffeur ! Enfile moi ça Thom, on va trop rigoler !

Oui enfin c'est surtout elle qui allait rigoler, Thomas, lui, devait en avoir ras le choixpeau de se voir accoutré et enguirlandé depuis qu'il était tout petit, c'était lui au final qui avait toujours l'air ridicule.

« Regarde moi cette petite tenue de Dieu grec ! fit Daisy en agitant son déguisement ridicule juste sous mes yeux. Elle est taillée juste pour toi !
— Gggrrrr... fis-je en regardant le costume à travers le miroir.
— Je l'ai trouvée sur le stand de Karl LeGriffeur ! ajouta-t-elle. Enfile moi ça Thom, on va trop rigoler ! »
Je soupirai, essuyai mes mains humides sur la serviette accrochée au porte-serviette puis me retournai vers Daisy, bien décidé à déballer tout ce que j'avais sur le coeur.
« Bon, écoute Day, dis-je en poussant d'un geste de la main la tenue qu'elle agitait toujours sous mon nez, c'est fini ! J'en ai ras la barbe de faire le pitre pour te faire rire ! J'ai plus dix ans, j'en ai douze, maintenant ! Bientôt treize, même. Donc, ça suffit, je ne suis plus un gamin ! Terminé les déguisements, les perruques, les spectacles où je passe pour l'idiot du village. Trouve-toi un autre jouet car je rends mon tablier ! »
Satisfait, j'étais bien décidé à ne pas me laisser faire cette fois-ci.

Mais qu'est-ce qu'il lui prenait au petit Thomas ? Depuis quand il répondait à son ainée ? C'était la première fois que le jeune serpentard manifestait son opinion et Daisy en fut littéralement stupéfaite. Son visage se figea dans une expression un peu ahurie, mais elle se reprit assez vite.

- Même pas la petite couronne ? Demanda-t-elle d'une petite voix mielleuse en élevant les sourcils.

C'est vrai qu'il avait bientôt treize ans, mais pour la quatrième année, il resterait ce petit bonhomme joufflu de cinq ans, habillé comme mémé Javotte dans des vêtements et chaussures trop grands. Déçue mais bien décidée à avoir le dernier mot elle répondit :

- Mais comment ça tu rends ton tablier ? T'es un bébé Avery !! Arrête de jouer au grand et enfile moi ça tout de suite.

Son ton était devenu aussi autoritaire que celui de son père. Elle s'approcha de lui et commença à lui enlever son chandail de force. Ça commençait à virer mal cette affaire, mais Daisy n'aimait pas vraiment qu'on lui tienne tête !

« Mais comment ça tu rends ton tablier ? fit Daisy de sa voix autoritaire que je connaissais que trop bien, ce ton qu'elle employait pour envoyer balader ses elfes de maison dans la demeure Blackstone.
— T'as très bien compris ! lui répondis-je. Je suis pas ton elfe, d'abord !
— T'es un bébé Avery !! répliqua-t-elle avant d'essayer de me retirer mon pull contre mon gré. Arrête de jouer au grand et enfile moi ça tout de suite.
— Non, lâche-moi espèce de sale peste ! »
Je me tortillai dans tous les sens pour qu'elle me laisse tranquille et notre combat de lutteurs gréco-romains prit fin lorsque mon pull se déchira et que Daisy se retrouva avec une de mes manches dans sa main.
« Super ! T'es fière de toi ? » lui dis-je, rouge de colère.
J'avais maintenant l'air d'un épouvantard avec mon chandail, difforme à force de tirer dessus, et ma manche manquante. J'étais en rage, Daisy m'énervait !

Passée la surprise, Daisy était vexée comme un scrout. "Sale peste !" Bien sur qu'elle était une sale peste, mais ça n'avait jamais dérangé Thomas jusqu'à maintenant. Qu'est-ce qu'il lui prenait à la fin ? Lui qui était si docile... Il se débattait et était tout rouge, tandis que les cheveux de Daisy s'ébourrifaient. Les dents serrées, elle finit avec un morceau de pull dans les mains. "Fière" c'était pas vraiment le mot à vrai dire. Contrariée et lasse plutôt !

- Puisque c'est comme ça je vais envoyer une lettre à ton père, Thomas !

La serpentarde rendit la manche au garçon en enfonçant son poing dans son ventre, et continua sur sa lancée.

- Il m'avait demandée de te surveiller et bien tu vois .... c'est ce que je fais, et je ne suis pas satisfaite de ton comportement. Pas du tout !

« Puisque c'est comme ça, fit Daisy, je vais envoyer une lettre à ton père, Thomas ! »
Et elle m'enfonça son poing dans l'estomac en me rendant ma manche.
« Fais donc ! lui criai-je en lui postillonnant involontairement au visage.
— Il m'avait demandée de te surveiller, poursuivit-elle, et bien tu vois... c'est ce que je fais, et je ne suis pas satisfaite de ton comportement. Pas du tout !
— T'es pas ma mère ! hurlai-je en balançant ma manche par terre comme le petit capricieux que j'étais. T'as pas à me surveiller ! Je suis plus un bébé, tu m'énerves ! »
J'étais vraiment en colère. C'était un fait de me ridiculiser devant mes parents en m'affublant de tenues grotesques mais c'en était un autre de le faire devant mes amis. Il était hors de question que je passe pour un idiot devant mes camarades de maison, je tenais à ma réputation. Comment se faire respecter quand la seule image que vos amis ont de vous c'est dans un déguisement de dieu grec ?
« Je dois me forger une réputation digne de ce nom si je veux faire honneur à mon père, lui dis-je, mon regard planté dans le sien. Et franchement, tu ne m'aides pas avec tes gouleries ! »

Mais c'est qu'il s'énervait vraiment le petit Thomas à sa Daisy. Offusquée par tant d'opposition, lui qui n'avait jamais rien dit, Daisy sentait la moutarde lui monter au nez.

- Heureusement que je suis pas ta mère !! Mais toi, Thom, t'es un bébé.

Daisy s'approcha de lui et passa sa main sur sa joue, à rebrousse poil.

- Regarde, t'as même pas de poil au menton. Et ta voix ? La vipère l'imita avec une voix aigüe: "T'es pas ma mère"

Elle écouta tout de même son argument et se ressaisit. C'est vrai qu'elle l'aidait pas vraiment à être un homme.

- Tu as raison, Thomas. Tu ne deviendras jamais un homme si je continues à te faire ça...

Tandis que Daisy se fichait ouvertement de moi, je la fixai d'un regard noir, espérant la voir brûler en enfer sous mes yeux, cette sale harpie. Mais elle finit par se reprendre, et elle eut bien raison car j'étais à deux doigts de l'étrangler.
« Tu as raison, Thomas, dit-elle. Tu ne deviendras jamais un homme si je continue à te faire ça...
— Ça, tu peux le dire, lui dis-je en enfonçant mon doigt dans son épaule. Tu devrais plutôt me soutenir au lieu de me ridiculiser, dire à tout le monde à quel point je suis un sorcier brillant et tu devrais faire en sorte qu'ils aient tous peur de moi. »
C'est à cet instant que j'eus une illumination. Mais oui, Daisy pouvait être mon faire-valoir ! Encore fallait-il qu'elle accepte. Mais je savais être persuasif et au pire, j'avais de l'argent, beaucoup d'argent.
« J'ai une idée, dis-je en frappant du poing dans la paume de ma main. C'est ce qu'on va faire. Je veux dire, tu vas m'aider à redorer ma réputation ! Tu me dois bien ça, pas vrai ? »

Le cerveau de la vipère réfléchissait à 1000 à l'heure. Redorer sa réputation, Le soutenir, faire de lui un sorcier craint dans tout Poudlard. C'était dans ses cordes ... Mais qu'y gagnait-elle elle ?
Elle positionna sa main sous son menton tout en le dévisageant :

- mmmmmm .... Je ne te dois rien du tout .. mais dans ma grande bonté je vais tout de même t'aider !

Elle laissa planer quelques longues secondes puis reprit toujours en le fixant :

- Je peux effectivement raconter aux autres tout ce que es capable de faire, on peut aussi te mettre en scène devant public pour montrer l'étendue de tes compétences ... Mais cela ne sera pas .... gratuit ...

Daisy ne parlait pas forcément d'argent, même si elle n'était pas contre un petit revenu régulier en plus de sa fortune actuelle. Non elle parlait d'autre chose et Thomas ne tarderait pas à le découvrir.

J'affichai un petit air satisfait alors que Daisy acceptait ma proposition et, mieux, énumérait quelques idées qui me plaisaient bien afin que les autres élèves se rendent compte de ma toute puissance. Puis mon sourire disparut et mon regard se figea.
« Mais cela ne sera pas... gratuit... » fit Daisy qui reprenait l'avantage.
Je reniflai avec dédain et attendit quelques secondes avant de répondre. Je connaissais la jeune fille et savais qu'une simple Chocogrenouille n'allait probablement pas suffire. Mais j'étais curieux, et surtout très tenté par l'idée que tout le château puisse me craindre. Le jeu en valait-il la chandelle ?
« Dis-moi ton prix » dis-je un peu sèchement, sur la défensive.

Daisy jaugea son acolyte tout en réfléchissant. Au sujet de l'argent, elle devait viser haut mais pas trop. Les Avery avait de l'argent, il pouvait bien l'arroser généreusement, mais ce n'était pas de cela qu'il s'agissait, juste d'un peu d'argent de poche :

- Et bien pour commencer, tu me donneras 10 gallions par semaine ! Annonça-t-elle

Mais ce n'était pas suffisant :

- Je veux aussi que tu fasses en sorte que mon père aient des échos positifs de mon comportement et de ma scolarité à Poudlard, prends toi y comme tu veux... Je m'en moque.

- Et pour finir, je veux que tu te tiennes à ma disposition pour un jour en particulier si j'en ai besoin, sans poser de question..

Elle n'avait pas d'idée particulière, c'était juste au cas où, il arriverait bien un jour ou l'autre où elle aurait besoin d'un soutien quel qu'il soit, et Thomas pourrait servir ...
Le regard sombre, elle tendit sa main tendue en avant attendant la sienne, scellant leur accord. A moins qu'il ait d'autres revendications ?

« C'est bon, t'as fini ? » dis-je les sourcils froncés face à toutes ses revendications.
C'était bien une fille, ça. Elle en voulait toujours plus ! Cent balles et une Fizwizbiz aussi ?
Je baissai les yeux vers sa main tendue. Elle avait beaucoup d'exigences et je savais que si j'acceptais, j'allais devoir tenir parole. Elle n'était pas du genre à se laisser pigeonner facilement, il fallait lui reconnaître cette qualité. Mais moi non plus, et j'étais confiant. Quant au fait de disposer de moi un jour à sa guise, ça ne me faisait pas peur. J'avais déjà fait pas mal de trucs que le commun des mortels qualifierait de bizarres et je doutais que la future requête de Daisy ne soit si terrible.
« 5 gallions, pas plus, dis-je en enfonçant ma main dans la sienne. Vendu. »

- J'ai fini oui ! Répondit-elle à son exclamation.

Elle le laissa mariner. 5 gallions. Bon c'était raisonnable, elle s'en accommoderait.

- Vendu ! Fit-elle en écrasant la main de Thomas afin d'annoncer sa supériorité.

Sans attendre, elle repartit dans la direction opposée, laissant le déguisement de dieu grec au sol. Arrivée à la porte de sortie elle se retourna :

- Tu vas pas être déçue .... Conclut-elle en quittant les sanitaires.

Sa phrase en suspens pouvait être interprétée de différente manière. C'était le but !
C'était drôle quand même. Elle était venue pour s'amuser de lui et était repartie avec un accord dont les deux élèves pourraient tirer avantage. Les sanitaires c'était vraiment un lieu plein de surprise.