Keith, comme à son habitude, avait réussi à se perdre entre le camp et le feu magique. Ses grosses lunettes sur le nez, il tentait en vain de retrouver son chemin depuis un peu plus d'une heure. Intérieurement, il bouillonnait. Il était furieux contre ses parents qui avaient encore monté une stratégie pour tenter de le socialiser avec les autres enfants. Keith était d'une timidité maladive, il faisait des crises de mutisme dès qu'une personne qu'il ne connaissait pas venait lui parler: sa langue se nouait automatiquement et aucun son ne pouvait sortir de sa gorge. Mais ce phénomène n'avait rien de magique, il ne s'agissait pas d'une malédiction: c'était le tempérament de Keith, renforcé par le fait qu'il avait été violenté par les enfants moldus lorsqu'il était encore à l'école là-bas, à tel point que ses parents avaient fini par le retirer de l'école.
Keith, au bout d'une heure, décida de retourner au feu de camp d'où il était parti. Les larmes aux yeux, fatigué et ébouillanté par la chaleur épouvantable (avec sa peau de roux, Keith ne supportait pas le soleil, et son petit canotier le protégeait à peine du soleil), il releva ses lunettes pour essuyer la sueur qui perlait sur ses paupières d'un geste fébrile. Il allait se mettre à pleurer pour de bon, quand il remarqua une petite fille de son âge affairée d'une étrange façon autour du feu. Elle semblait danser, mais ses mouvements grossiers et inhabituels étaient plus qu'étrange. Keith était planté là, incapable de dire quoique ce soit, et sentait son sang battre dans ses tempes, et le rouge lui monter au visage (et ce n'était pourtant pas les coups de soleil qui recouvraient déjà les épaules du jeune garçon). Il eut le réflexe d'enlever ses grosses binocles qu'il haïssait pour les cacher dans sa poche avant que la petite fille se retourne vers lui.