Que le rêve devienne votre réalité + Holden C.

Sujet: Que le rêve devienne votre réalité + Holden C. Jeu 8 Oct 2015 - 0:40

∇ QUE LE RÊVE DEVIENNE VOTRE REALITÉ ∇ HOLDEN & ALIX

Le soleil se levait sur les falaises enneigées de l'île de Wight, tandis que Portsmouth baignait encore dans une brume nocturne. Un banc de poissons volants argentés traversa le ciel, laissant derrière lui une traînée de confettis qui vinrent recouvrir les hautes herbes des pâturages à moutons. Dans l'une des maisons aux volets roses et aux portes en pain d'épice, s'éveillait une adolescente blonde. Elle s'étira et descendit en rappel les baldaquins qui entouraient, tels des remparts, les quatorze matelas formant son sommier. Un petit pois glissa de son oreiller, trouvant refuge sous l'armoire en bois massif de saule pleureur. La blondinette gagna le rez-de-chaussée et passa au jardin, récupérant au passage une tasse de thé en forme de cartable dans lequel elle plongea un scone à la confiture de jus de pied. Elle réprima une grimace en avalant le scone à l'amère agrément et fit demi-tour pour rejoindre la maison. En quittant la terrasse pour le salon, elle ne vit pas un pan de mur qu'elle se prit de plein fouet...

« Bouse de troll » pesta l'adolescente en se frottant le front. Elle récupéra ses esprits et regarda autour d'elle. Où était son lit ? Où étaient ses amies ? Où était son dortoir ? « Pas encore... » soupira-t-elle en cherchant dans le couloir le moindre signe qui lui indiquerait à quel étage elle se trouvait et dans quelle partie du château. En longeant plusieurs salles, elle comprit rapidement qu'elle était bien plus loin de la salle commune que de coutume. C'était bien la première fois que son somnambulisme la menait si loin de ses repères habituels. Les autres nuits, elle n'avait qu'à remonter un couloir ou tourner à un croisement pour rejoindre la salle commune des serdaigles et retrouver le confort de son lit. Visiblement, ce ne serait pas aussi facile.

En marchant au hasard dans un couloir, Alix tourna la tête et se retrouva face à un vitrail dont les couleurs sombres et peu illuminées par une lune cachée derrière les nuages lui permettaient de percevoir son reflet. « Génial » souffla-t-elle en découvrant que pour couronner le tout, elle avait sorti la chemise de nuit ultra-confort mais ultra-mémère qu'elle ne portait qu'en cas d'extrême nécessité, lorsque son pyjama habituel passait son tour. Elle se retrouvait donc vêtue d'une chemise de nuit coquille d’œuf à col de dentelle et fanfreluches ostentatoires – un vrai plaisir pour les amoureux du romantisme de gare. L'adolescente jura de sacrifier aux dieux de toutes les religions si elle rejoignait sa salle commune sans faire de rencontre intempestive et continua sa marche nocturne. Il faisait froid et malheureusement pour elle, la mode automne-hiver nocturne venait sans manches et sans petit cardigan de laine – là, tout de suite, elle n'aurait pas craché sur une paire de chaussons, tout sauf le contact de ses pieds nus avec les pierres glaciales du couloir.

Un bruit se répercuta alors dans le couloir, la faisant sursauter. Elle se retourna aussitôt, le cœur battant la chamade. Qui pouvait donc se trouver au même endroit à cette heure indue ? Quelle heure était-il, d'ailleurs ? Il pouvait parfaitement n'être que minuit, comme six heures et demi – et la journée ne tarderait pas à commencer, avec une Alix en pyjama magistralement hideux dans les couloirs. Le bruit revint, cette fois plus proche. « Qui est là ? » lança l'adolescente d'une voix qu'elle voulait forte et claire mais qui ne parvint qu'à ressembler à un miaulement de chaton effrayé.

Dernière édition par Holden Cassidy le Ven 23 Oct 2015 - 19:47, édité 1 fois

Pour la énième fois, Holden tirait sur le col du pull de son uniforme en soupirant. Que n'aurait-il donné, à l'heure qu'il était, pour être en pyjama dans son lit ? Il aurait même joyeusement troqué les sonores ronflements de son voisin de litée contre le mauvais sort qu'il subissait présentement !
Et d'ailleurs, quelle heure pouvait-il bien être ?
Sans doute pas bien loin d'une heure du matin. Cela faisait si longtemps qu'il était là ! La journée avait pourtant bien commencé. Les cours lui avaient été agréables, le déjeuner tout autant, la leçon de vol s'était bien passée, et l'heure d'étude et de devoirs en fin d'après-midi, passée à la bibliothèque à bécoter Rosamund sa petite amie, avait été la cerise sur le pudding.
Enfin non, c'est plus tard qu'est survenue la cerise...
Lorsqu'après le repas, seul parce qu'il avait tardé à la tablée de sa maison, il s'en était retourné mains dans les poches en sifflotant vers son dortoir, prêt à entamer une partie d'échecs sorciers avec ses camarades rouge et or. Cependant le destin était une entité bien malicieuse qui souvent prenait plaisir à dévier les plans les plus simples. Aussi n'avait-il fallut que d'une minute pour que les capricieux escaliers du Château de Poudlard ne déjouent les projets pantouflards du jeune Cassidy qui se vit... Ni plus ni moins que pris au piège dans les marches usées des maudits édifices facétieux.
Alors avait commencé son cauchemar.
Il avait eu beau pester, râler, jurer, vitupérer, éructer, maugréer, pourparler, cajoler... Rien n'avait fonctionné. Tels étaient les vils escaliers ; inconstants, arbitraires mais surtout versatiles. Avaient-ils seulement une conscience propre ? Holden en aurait parié ses maigres économies à Gringotts, tant ils lui faisaient l'effet de se régaler de son désarroi...
A cours d'idées et d'énergie, l'impétueux gryffon n'avait eu d'autre choix que de prendre son mal en patience tout en croisant les doigts pour avoir les malheureux à l'usure. Ils étaient cependant coriaces, car les heures passaient, et la fatigue d'Holden croissait. A tel point qu'il finit par s'asseoir. Il dut même, à un moment, somnoler. Car il fut tiré de ses quelques minutes de sommeil par un mouvement des escaliers. Pas pour sagement le reconduire aux couloirs comme il l'espérait - à quel étage se trouvait-il d'ailleurs ? - mais pour se balancer dans le vide.
Ainsi dura le petit manège encore quelques temps, jusqu'à ce que de nouveau le mouvement de balancier le fit bondir sur ses pieds. Solidement amarré à la rambarde, les avants-bras aussi tendus que des arcs, Cassy était prêt à en découdre. Doucement, son escalier remua, pivota, se dirigea droit vers un couloir. Tel le félin ornant son blason, il était prêt à s'élancer. Et lorsque ce fut le moment, il n'hésita pas. Enfin ! La fin du calvaire, le bout du tunnel ! Trop heureux, il se rua dans le dédale du quatrième étage, laissant échapper une sorte de cri de guerre indien pour manifester sa joie triomphante. D'ici dix minutes, il serait dans son lit, sans souvenir de son périple nocturne, sans témoin pour attester de la honte cuisante qu'il venait d'essuyer.
A ceci près que témoin il y avait.
Car au bout du couloir, il crut d'abord rencontrer la silhouette d'un des nombreux spectres de Poudlard... Avant de décider que l'immonde pyjama jaune froufroutant que revêtait la silhouette ne pouvait décemment avoir suivi son propriétaire d'entre les morts... Plissant les yeux, il discerna peu à peu les traits de sa fortuite rencontre... Pour enfin reconnaître le visage d'Alix Folkhart. Il eut instantanément l'envie d'exploser de rire devant le tableau qu'elle offrait. Mais se rappelant que la jeune fille était du genre pas commode.... Voire même carrément coincée de son point de vue, il eut la décence de s'abstenir. Par contre, rien ne l'interdisait de faire preuve d'un peu d'effronterie.
— Quelle divine apparition ! Pouffa-t-il, creusant deux fossettes de chaque côté de ses joues. J'ai loupé l'invitation de la pyjama party du siècle ?

∇ QUE LE RÊVE DEVIENNE VOTRE REALITÉ ∇ HOLDEN & ALIX

La Terre fit quarante tours sur elle-même et un salto arrière, laissant Alix étourdie et déconfite face au visage du gryffondor qu'elle estimait le moins. C'était un véritable cauchemar. Non seulement, elle se retrouvait perdue dans le château, vêtue d'un pyjama absolument abominable et il avait fallu que son chemin croise celui d'Holden Cassidy. Avait-elle offusqué les divinités de l'intégralité de l'histoire humaine, pour mériter ça ? Le rouge et or semblait ravi de la situation et ne tarda pas à l'exprimer.

Alix s'empourpra. Pour cacher son malaise, elle se para du plus de froideur possible et arqua un sourcil méprisant. « Ah, ah, très drôle. C'est tout ce que t'as en magasin ? » lança-t-elle pour se donner contenance. Elle pivota sur elle-même, fit un pas et se prit les pieds dans le tapis couvrant le parquet au sol. Son équilibre s'envola – en même temps que sa dignité – et elle plongea en avant, terminant sa course à plat-ventre.

Elle se releva aussi vite que possible, les joues rouges de honte et les cheveux en bataille, se traitant de tous les noms d'oiseaux magiques et moldus de son répertoire. Pouvait-on être aussi gourde ? Des éclats de rire entrecoupés de quintes de toux s'élevèrent des murs : les occupants des tableaux parant le couloir semblaient avoir apprécié son numéro d'acrobaties et le lui faisaient bien savoir.

« Bref » dit-elle d'une voix tremblante de colère. « Tu m'expliques ce que tu fais ici, Cassidy ? » demanda-t-elle au rouge et or avec agressivité, l'accablant dans ses paroles de tous les maux du monde – et surtout des siens. Ben oui, si elle était perdue dans le château, de nuit et en robe de nuit immonde, c'était forcément sa faute ! Tout comme il était responsable de sa chute et de la honte qui lui cuisait les joues à petit feux.

Que ça en magasin ? Cette fois-ci, il explosa vraiment de rire. Les épaules secouées, Holden ne cachait plus son hilarité.
— Écoute, ne m’en veux pas, fit-il en s’essuyant les yeux du revers de la manche de son uniforme, Mais tu devrais te voir ! Ce… Ce truc est si… Et toi t’as l’air si… Il n’arrivait même pas à finir sa phrase. Si quoi ? Ridicule ? Ennuyée ? Endimanchée ? Embourbée dans son orgueil bafoué ? Les mots lui manquaient, tant pour dépeindre l’immonde pyjama coquille d’œuf qu’elle avait osé mettre pour dormir que pour décrire l’expression courroucée de son visage. Et ces fanfreluches ! Mais pourquoi donc n’avait-il pas un appareil photo sur lui pour immortaliser le spectacle ? Personne ne le croirait jamais, sans preuve à l’appui, lorsqu’il décrirait la chose froufrouteuse à ses amis !
Il gloussa, et le regard qu’il posait sur elle était sans équivoque, à tel point que s’en rendant compte, Alix fit mine de tourner les talons et, dans un malheureux mouvement maladroit, s’étala de tout son long comme une crêpe, ventre par terre. Le fou-rire du garçon redoubla, rejoint cette fois-ci par les quelques portraits aux murs. Pouvait-on ajouter plus dramatique à la scène ? Elle se releva, rouge et mortifiée, et le jeune homme eut presque de la peine de se bidonner ainsi comme une baleine. Presque, car après tout il s’agissait d’Alix, miss-je-sais-tout par excellente, toujours hautaine et si froide, en particulier le regardant. Et bien, ça lui faisait les pieds ! Lui, il s’amusait follement, et ne prenait plus de gants ni la peine de le cacher.
Verte de rage, la voix vibrante comme une corde, et lui demanda d’un ton peu amène ce qu’il faisait là. Avec un sourire railleur, il croisa les bras sur son torse et s’adossa de l'épaule à l’un des murs ;
— Pourquoi je te le dirais, Folkhart ? T’es préfète ? Son sourire se fit plus malicieux encore. Je ne crois pas non, donc tu n’es pas en train de faire ta ronde… C’est quoi ton excuse à toi pour traîner dans les couloirs parée de tes plus beaux atours ?

∇ QUE LE RÊVE DEVIENNE VOTRE REALITÉ ∇ HOLDEN & ALIX

Holden la baleine se gaussait bien de son ridicule et dans sa tête, Alix imaginait les pires scénarios de vengeance dont une serdaigle bien pensante était capable – c'est-à-dire pas grand chose à côté des plans machiavéliques des serpentards pour prendre le contrôle du monde. Mais tout de même.

Drapée dans le peu – très peu – de dignité qu'il lui restait, l'adolescente attendait la réponse du gryffondor comme un sésame qui mettrait fin au silence fort gênant, seulement troublé par les gloussements de pintade de l'autre baleine. La réponse ne se fit pas attendre et fut incisive. Alix déglutit et tenta de contenir sa frustration – oui, bon, c'était pas sa faute si on ne l'avait pas désignée comme préfète cette année. Ce n'était pas faute d'avoir espéré parer son poitrail de cette distinction si honorifique que son grand frère avait portée, comme tant d'autres Folkhart avant lui en ces murs.

« Attends de voir l'an prochain, tu riras moins quand je te collerai un week-end de retenue » lança l'adolescente avec la plus mauvaise des fois du monde – quelle certitude avait-elle d'être nommée préfète à sa rentrée en sixième année ? « Et puis cette horreur, c'était un pari » mentit-elle en pointant son pyjama. « Et je suis somnambule » ajouta-t-elle. « Content ? » demanda-t-elle en croisant les bras, sacrément énervée. Il était très rare qu'elle perde son sang-froid et son calme mais certaines personnes avaient le don de la faire sortir de ses gonds en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire potiron. Et le gryffondor en faisait partie.

« C'est tes aventures de super-héros rouge et or qui t'ont mené jusqu'ici ? Je suppose que tu sais donc où on est ? » demanda-t-elle avec agressivité. « Parce que moi, j'en ai absolument aucune idée » avoua-t-elle, se traitant de tous les noms de devoir ainsi afficher une faiblesse. Mais il fallait bien le reconnaître, Alix n'avait pas la moindre idée d'où les escaliers et son sommeil l'avaient menée. Et la nuit apportait de biens étranges alliés...

Le fait que son hilarité ne faisait qu’enrager pire encore le joli poussin rendait Holden plus rieur que jamais. On ne pouvait au moins lui enlever la témérité qu’elle avait de puiser dans les tréfonds de son honneur et son orgueil pour garder la tête haute – enfin, tenter – quand bien d’autres auraient déjà versé dans l’hystérie. N’empêche… Rien n’y faisait, le spectacle était trop tordant !
Le menacer de lui ficher une colle lorsqu’elle deviendrait préfète – parce qu’en plus elle se prenait pour une legilimens – fut l’apothéose. La cerise sur le cupcake. Jouant le jeu, il prit un air outré et de ses bras croisé sa main droite se posa sur son cœur.
— Tu n’oserais pas ! S’exclama-t-il, faussement choqué. La vérité c’est qu’il était persuadé que si, si elle était un jour nommée préfète. Puis elle désigna du doigt l’horreur qu’elle portait et déclara que c’était pour un pari. Le gryffondor n’en croyait pas un mot. C’était une fille intelligente, beaucoup trop pour accepter de porter pareil accoutrement pour un simple pari ! Ou alors, c’est que l’enjeu était énorme. Quoique, coincée comme elle était, il ne devait s’agir de rien de bien folichon. Tu m’en diras tant ! Un pari que tu as fait… Avec ta couette et ton oreiller peut-être ?
Bien qu'il avait bon dos de se moquer ainsi. En parlant de pari, il lui était arrivé d’en faire des biens bêtes… Dont un qui remontait à près de trois ans, où il s’était retrouvé perdu au beau milieu de la forêt interdite avec Arthur, face à un Pitiponk !
Quant à son présumé somnambulisme, jamais il n’avait entendu excuse plus bidon. Typiquement le genre de truc qu’il aurait put sortir lui-même… Et qu’il s’apprêtait à faire, d’ailleurs. Tant pis, il allait devoir improviser. Elle lui demanda s’il était content.
— Ravi ! Dit-il en zyeutant son corsage tandis qu’elle croisait les bras. Par la barbe de Merlin, que cette chemise de nuit était laide… Et qu’Alix était vexée ! Tellement, qu’elle pensait que lui chercher des poux dans la tête suffirait à faire passer sa gêne. D'une voix cassante et agressive, elle lui demanda à nouveau des comptes. Super-héros rouge et or ? C’est donc l’image que tu as de moi ? Je n’étais pas au courant que je te faisais tant d’effet… Oh qu’il adorait l’agacer. Le truc c’est que par contre, niveau géolocalisation, il n’était pas très au point. A force d’être bringuebalé par ces maudits escaliers, il ne savait plus trop où il avait atterrit. Mais ça, impossible qu’il le lui dise. Pas plus qu’il était piégé entre les marches depuis la fin de son repas dans la grande salle. Bien sûr que je sais où on est, fit-il en s’approchant d’elle les mains dans le dos, la regardant de haut avec un air moqueur. A sa hauteur, il se tourna de côté et désigna du doigt un des portraits. On est dans le couloir du tableau du chevalier du Catogan. Dans le cadre, le petit poney gras s’ébroua, et le chevalier à la grosse épée bomba le torse en entendant qu’on parlait de lui. Holden Cassidy, empereur de la mauvaise foi ?