Le plaisir fut de courte durée. Même si Brûlopot me laissa le temps de profiter du moment privilégié avec les poulains, lorsqu’il continua le reste du cours, je ronchonnai abondamment. Ce n’était clairement pas assez pour moi. Des trois qui avaient tenté une approche, j’étais le seul à y être arrivé. J’aurai dû avoir un peu plus de temps et de reconnaissance. Car oui, même si j’essayais de ne pas entendre mes camarades, je savais très bien qu’il y en avait qui étaient jaloux et mécontents. Surtout Will et Minerva, forcément. Mais bon, je restais tout de même très heureux d’avoir pu caresser ne serait-ce qu’un instant le poil soyeux et doré des poulains.

Encore un peu rêveur, je revenais près du groupe et le retour à la réalité fut dur. Je perdis immédiatement mon sourire béat et niais en entendant les mots du professeur. - Mister McLane avec Miss Moon. Owh. Brûlopot devait avoir une très bonne définition de l’expression "Mettre le feu aux poudres". Mettre ensembles une fille potentiellement jalouse et indubitablement impure avec celui qui lui avait volé la vedette devant toute une assemblée, ce n’était pas très recommandé. Mais voulant faire bonne figure, je m’approchais de Minerva en souriant gentiment. - Bon, on fait quoi pour notre fortifiant ? Je regardais la table où étaient amassés des monceaux de produits. Hmmm … Du lait forcément. De l’herbe et des pommes broyées, non ? Peut-être aussi du sang de dragon et quelques gouttes de jus de raisins couleuvre pour combattre le feu par le feu.
Je pris un chaudron et m’installais à une paillasse, attendant que mon binôme me fasse un signe même si j’en doutais fortement. Puis j’eus une illumination. Enfin pas vraiment car ce n’était pas important dans la préparation du fortifiant mais ça restait tout de même un plus. Je me dirigeais à nouveau vers la table et pris une bouteille de mucus de véracrasse pour lier tous les ingrédients de la potion et qu’elle soit plus facile à avaler pour les bébés licornes. - On se met au travail ?

Spoiler:

Si l’excitation de Cassy avait fait exploser son baromètre de la joie à l’idée de voir des licornes – même dans la forêt interdite et avec quelques serpentards à la mine taciturne –, le soufflé était très vite retombé lorsqu’il ne fut pas désigné par le professeur Brûlopot pour une première approche, bien qu’il avait levé la main bien haut à s’en déboîter l’épaule et le bras. Cependant Arthur, son meilleur ami, avait été désigné et le gryffondor se rassura en se disant qu’il vivrait ça par procuration, un peu comme si c’était sa main à lui et non celle d’Arthur qui toucherait la belle robe immaculée de l’équidé. D’autant qu’en plus il fut le seul à parvenir à approcher le poulain, sans l’effrayer. Cassy regarda son ami avec fierté, se mêlant à quelques autres pour ricaner à l’affront que venez de vivre Moon. Décidément, elle faisait même fuir des créatures aussi pures que les licornes ! Il fut conforté dans son sentiment qui l’incitait à se méfier de la rousse, surtout lorsqu’elle tournait autour de Rosamund…
Ce fut ensuite le moment pour le reste de la classe de se relever les manches. Ils devaient tous, par groupe de deux, composer un fortifiant pour les poulains. Génial ! Par automatisme, Holden se rapprocha de Prue, avec qui il était persuadé qu’il formerait binôme comme c’était souvent le cas.
— … Mister Rosier avec Mister Cassidy. Douche froide. Cassy jeta un regard dépité à Prue, puis se tourna vers Rosier. Ah, tout un poème ! Le mercure du baromètre de la joie avait chuté sous le zéro. A contre cœur, il s’approcha de lui. Décidé à y mettre du sien, il sourit et se lança dans l’exercice.
— Okay ! Alors, dans la liste ce qui m’interpelle tout de suite, c’est le  whisky pur feu, le lait de vache et les carottes. Partant du principe que les chevaux les adorent, je pense que c’est un ingrédient indéniable. On peut supposer qu’il faut ajouter le lait de vache au lait de licorne pour le rendre plus riche en nutriments et plus complet, et le whisky ça doit être l’ingrédient mystère pour les attirer ! A moins que ça n’ait des vertus insoupçonnées, qu’en dis-tu ? On peut tenter d’ajouter un peu d’eau et le sucre aussi, car c’est comme les carottes, mais je pense qu’on devrait s’arrêter là…

Apparemment, Moon n’était pas spécialement d’humeur à travailler. Je pouvais bien la comprendre mais quand même ! Être révélée au grand jour comme adepte de la magie noire était une chose mais … Ah non. En fait, je ne pouvais pas la comprendre. S’il y avait bien une chose qui différait entre elle et moi, outre le fait qu’elle soit de sang pur, à Serpentard et tout un tas d’autre chose, c’était bien ce point particulier : Jamais je ne tremperais dans la magie noire. Ainsi salir son âme, brr, ça faisait froid dans le dos. Et foi de McLane, j’avais beau avoir des grands-parents aussi barges que la plupart des sang-purs, ça n’allait certainement pas m’arriver. D’ailleurs, je crois que Minerva avait réussi à me dégoûter ou presque. Dire que j’imaginais Travers comme le pire des Serpentards … Enfin quoi que. Lui aussi avait déjà dû tremper dans des affaires louches.

Lorsque je suis revenu à notre table de travail avec ma bouteille de mucus de véracrasse, j’avais demandé à ma si coopérative partenaire si elle voulait bien se mettre au travail. Ce à quoi elle répondit : - Nourris les si tu veux, ils peuvent crever de faim, ce n’est pas mon problème. Pardon ? Sérieusement ?! Elle avait tout bonnement décidé de me pourrir la fin de ce cours qui avait pourtant si commencé. Magnifique. Si encore elle s’était mise au travail, j’aurai pu accepter d’avoir été fourré avec elle par le prof pour faire un binôme qui allait fonctionner merveilleusement bien. Mais là … C’était comme si on me demandait de courir avec une jambe en moins. Alors qu’elle me traite de ce qu’elle veut, que je remplisse à merveille le cliché des Serdaigles travailleurs mais en tout cas, ça n’allait pas passer ! – C’est toi qu’on devrait laisser mourir de faim … C’est pas de leur faute si tu fais tes petites expériences dans ton coin, lui dis-je sur un calme posé qui contrastait avec les mots que j’avais. Il n’y avait pas de sous-entendus possibles. Elle comprendrait forcément ce que j’avais voulu dire par ses petites expériences. Mais toutefois, elle ne pourrait pas se plaindre de quelque chose. Qui avait dit que ses expériences traitaient sur la magie noire ?

- Si t’as pas envie de bosser, alors arrange-toi pour quitter le cours. Moi, j’ai pas envie de me taper un partenaire de mauvaise humeur. Autant que je travaille seul, ce sera plus productif. J’avais regardé Moon droit dans les yeux pour bien lui faire comprendre que je n’accepterais pas qu’elle me pourrisse le cours. Quoi ? J’irais me plaindre au professeur si elle le faisait ? Il n’y avait pas que les serpents qui étaient capables de susurrer et de trouver les mots justes pour faire réagir.

Sans plus attendre, je me remis au travail. Je pris une botte d’herbe bien fraiche et bien verte et la posais sur le plan de travail. Armé de ma baguette, j’entrepris de l’hacher menue à l’aide d’un sortilège difindo parce que j’étais bien plus à l’aise avec une baguette à la main et que ça allait plus vite. Une fois ceci fait, je m’occupais des pommes sans me soucier de Minerva et de sa réaction.

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Les yeux émerveillés par les deux animaux magiques, Alix n'avait rien perdu des trois essais et applaudit avec empressement lorsque son ami parvint à les caresser. Et encore plus lorsque le professeur donna 10 points à leur maison. C'était une bien belle journée ! Les réjouissances continuèrent quand Brûlopot annonça les binôme, l'envoyant avec Aurora. Certes les deux filles n'avaient pas l'amitié la plus calme du monde mais cela ne faisait rien. Alix appréciait Aurora lorsqu'elle ne se comportait pas en insupportable garce. Elle la rejoignit donc devant leur établi et leur chaudron. « Je suis d'accord pour le lait de licorne. Par contre, je ne suis pas certaine que le whiskey-pur-feu soit une bonne idée. C'est des bébés » objecta Alix en arquant un sourcil, ses turbines tournant à plein régime. « Pourquoi pas d'herbes ? J'suis d'accord pour gingembre et bois. J'te propose un mélange de céréales et des herbes en plus » ajouta l'adolescente en posant son regard sur un immense panier où s'entassaient nombre d'herbes naturelles, liées en fagots. « Du romarin et on ajoute un mélange de seigle, d'orge et de son ? » proposa Alix en regardant les jarres de céréales debout près des tables.

C’était comme si mes paroles acerbes envers la Serpentard ne provoquaient aucun remords en moi. J’étais calmement installé à la table en train de découper des brins d’herbe le plus finement possible. On aurait presque pu me voir en train de tirer la langue, signe d’une concentration extrême. Non vraiment, ça ne me dérangeait pas le moins du monde que Minerva prenne mal ou non ma remarque. Pour l’instant, elle me fichait la paix et c’était tout ce qui comptait. Je pouvais travailler tranquillement et essayer de me démerder dans la préparation de mon fortifiant.

Le travail avançait d’ailleurs bien. J’avais rapidement fini de trancher l’herbe et m’attaquais désormais à quelques pommes. Le silence était d’or. Enfin, c’était un silence relatif bien sûr. A côté, ça jacassait allègrement entre binômes. Mais ici, entre Moon et moi, il n’y avait pas un mot et ça me remplissait de satisfaction. C’était pourtant étrange car je n’étais pas du genre à m’attirer avec des Serpentards et à me permettre des réflexions désobligeantes ni même à m’en satisfaire ensuite. Mais peut-être prenais-je la grosse tête parce que j’étais arrivé à approcher les bébés licornes et elle non ? Qui sait ?

- Diffindo. La voix de mon binôme claqua comme un fouet. Il y avait tant de rancœur dans cet unique mot que je levais la tête de surprise et eut un mouvement de recul. Dans la seconde, mes quartiers de pommes se retrouvèrent hachés menus. A un tel point que c’était à présent devenu de la compote. Et heureusement pour moi que j’avais enlevé mes doigts à temps ! Sinon, la purée de pommes aurait été entachée de rouge écarlate. Pendant un instant, je fus incapable de réagir. Je regardais simplement la bouillie en essayant de comprendre si elle l’avait volontairement visée ou si c’était mes mains qu’elle cherchait à réduire à l’état de pulpe. Je déglutis.
Mais finalement, je préférai voir le bon côté des choses. Les pommes étaient coupées et Minerva semblait vouloir se mettre au travail. Parfait. Il ne restait plus qu’à espérer que sa main ne dérape par au lancement de son prochain sort. Je ne tenais pas vraiment à finir en tas de chaire sanglante.
- C’est bien mieux comme ça, lui répondis-je en esquissant un sourire forcé. Sans plus attendre, je pris le récipient qui contenait déjà l’herbe fraichement coupée et y déposa la compote de pommes. On peut aussi ajouter de l’orge ou du seigle, non ? Ça aime ça, les licornes normalement. J’avais dit ça en espérant que Minerva allait en chercher. Je désirai l’impliquer dans le travail mais les ingrédients qui restaient à ajouter étaient le sang de dragon et le raison de couleuvre. Je n’avais aucune envie que Moon s’en occupe vu comment elle avait craché son fiel sur les licornes. Avec parcimonie, je versais quelques gouttes de sang sur la compote et prit exactement la teinte dont elle se serait parée si mes doigts avaient été eux aussi hachés menus. Et comme s’il s’agissait d’une préparation pour gâteau, je remuais le tout.

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On va pas se mentir, avec mon rhume et tout ça, j'ai pas été très actif pour ce début de cours. En même temps, j'allais pas proposer d'aller câliner de la licorne si c'était pour lui filer tous mes microbes, ça aurait vraiment pas été très sympa de ma part, on est d'accord de ce côté-là. Mais au moment de commencer les travaux pratiques, je me marre, parce que Brûlopot, ce grand malade, décide de m'associer à Angie. Angie c'est ma binôme habituelle, mais quand on est ensembles, c'est rare qu'on obtienne la moyenne. Par contre, on se marre toujours bien, et finalement c'est ça le plus important, parce que bon, on va pas se mentir, le cours de soins aux créatures... Ben c'est une option quoi.
— Alala le prof ne pouvait pas mieux choisir hein ? me balance la Gryffondor en s'approchant de moi, un grand sourire aux lèvres.
— Ah c'est sûr que s'il veut faire exploser ses bébés licornes, c'est à nous de les nourrir, c'est clair ! je lui rétorque en me marrant avant de tousser violemment. Pardon, pardon, entraînement de Quidditch qui a terminé tard.
Finalement, je décide de m'intéresser aux ingrédients qui s'étalent devant nous. Y'a de tout, et je dois bien reconnaître que je n'y connais rien, je sais pas ce que ça aime, moi, les bébés licornes !
— Bon, les licornes c'est mange de l'herbe, arrête-moi si je me trompe, je me mets à réfléchir tout haut en attrapant une feuille dont je suis bien incapable de dire de quel arbre elle provient, donc le sang, on peut oublier. Des carottes, peut-être ? Ah, c'est compliqué ! je me lamente avant de jeter un coup d'oeil vers mon grand copain McLane, qui a l'air bien plus inspiré que moi. Discrètement, j'essaye de regarder ce qu'il rassemble autour de lui (de l'herbe, des pommes...), et soudain, c'est surtout le sort de la gamine qui s'est tapé la honte tout à l'heure que je vois frôler les doigts de mon ami et manquer de l'amputer.
— Eh mais t'es folle, toi, ma parole ! je m'exclame en attirant sur moi l'attention de la classe, t'as failli l'amputer ! Quand on sait pas viser, on jette pas de sorts !

Bertram fut assez satisfait d'entendre leur Professeur annoncer qu'il ferait équipe avec son cousin Nate. La rivalité était féroce entre les deux, notamment depuis qu'ils étaient tous les deux Capitaines de l'équipe de Quidditch de leurs maisons respectives, mais tant qu'ils étaient dans la même équipe, en général ça allait. Et on parlait de Soins aux Créatures : tout ne pouvait qu'aller bien. C'est donc avec un grand sourire que le Serdaigle rejoignit son cousin de chez les Rouges et s'installa près de lui.
— Eh ben, vu comme on fait des étincelles, toi et moi, pas de doute que ces bébés licornes vont péter le feu ! plaisanta-t-il à voix basse, parce que Brûlopot passait pas loin. Il reprit son sérieux dès que Nate commença à signer. Bertram nota les différents ingrédients que Nate énumérait, et au bout d'un moment de réflexion, s'éclaircit la gorge.
— Pas mal cousin, pas mal, apprécia-t-il en relisant ses notes, je dis oui pour les pommes réduites en jus, mélangées à une infusion d'orties ça serait pas mal. Les carottes ça me semble pas nécessaire, mais les céréales carrément ouais, orge, très bien. Et si, le sorbier, t'as raison Pomfresh en distribue à la ronde. Quant au whisky, quelques gouttes, pas plus, ça donne du courage. Pour le sang, pareil, quelques gouttes, faut pas qu'ils sentent le goût, ça risque de pas leur plaire, ils boiront pas, argumenta-t-il en fronçant les sourcils, ouais, il faut penser au goût. Et puis ça doit rester liquide, évidemment. Pour moi faut garder environ la moitié du biberon de lait de licorne, histoire que le poulain boive ça sans trop s'en rendre compte. Tu te souviens des ingrédients qui entrent dans la composition de la solution de Force ? On a vu ça la semaine dernière. Y'a du sang, mais pas du sang de dragon... Ah, mince ! grogna-t-il en se redressant, agacé de ne pas retrouver.

Spoiler:

L'enthousiasme de Bertram était tel que Nate se laissa gagner par sa bonne humeur. Après tout, il n'était pas question de quidditch et là, ils avaient tout intérêt à travailler ensemble. Lorsque Nate énonçait ses idées, le jeune Aubrey hochait la tête, observant lui aussi ce qu'ils avaient à disposition.

▬ Pas mal cousin, pas mal, commentait-il.

Nate, aussitôt, nota sur un morceau de parchemin les idées qu'ils retenaient : pommes réduites en jus, sorbier, ortie, grain moulu, gouttes de whisky et de sang.

Oui, il faut que ça reste liquide, confirmait le sixième année en ajoutant sur la feuille "lait de licorne" qu'il souligna de plusieurs traits de plume.

▬ Tu te souviens des ingrédients qui entrent dans la composition de la solution de Force ? On a vu ça la semaine dernière.
Tandis que Bertram soupirait d'agacement, Nate haussait les épaules. Ce qu'il retenait des cours de potion fondait comme neige au soleil dès qu'il quittait les cachots. Il essaya sincèrement de se mémoriser le cours de potion de la semaine précédente mais son cerveau lui fit l'effet d'une coquille vide. Pfff...
Puis il bondit presque, saisit son sac de cours - dans lequel régnait un bazar monstre - et y farfouilla. Puis, trouvant ce qu'il voulait, il brandit son manuel de potion dans un geste victorieux. Nate ne faisait jamais son sac d'un jour sur l'autre et se trimbalait très souvent des affaires dont il n'avait pas besoin. Visiblement, c'était une aubaine. Le Gryffondor disséqua le sommaire, trouva la page de la préparation et tourna les feuilles de son manuel jusqu'à la page 148.

Son index descendit jusqu'à trouver le fameux ingrédient. Il montra la mention "sang de salamandre" à son cousin tout en vérifiant qu'un échantillon se trouvait sur la table.
Effectivement, quand ils le voulaient les cousins formaient un duo de choc.