Rebekka savait qu'elle n'aurait pas dû croire à de telles sortes de sornettes. Un arbre qui exauçait les vœux, quelle idée ! Et de toute façon, qu'est-ce qu'elle, Rebekka Hildegarde Lestrange, fille unique de la glorieuse famille Lestrange, sang-pur de son état, riche, et belle comme le jour, pouvait bien avoir à demander à une vieille branche ? Pourtant, à la nuit tombée, alors que les lumières commençaient à éclairer le marché de Noël de part en part, la jeune Serpentard remonta le col de fourrure de sa cape et se dirigea vers discrètement vers l'imposant arbre qui trônait au milieu de la place. Elle se faufila dans la fissure qui menait au cœur de l'arbre, et inspira profondément en relâchant les pans de sa cape. Puis sans hésiter, elle se mordit le doigt jusqu'au sang, réprima un gémissement lorsque la douleur, lancinante, se diffusa dans tout son corps, et appliqua son doigt meurtri contre l'écorce de l'arbre vénérable.
— Je veux qu'Ebenezer Alford soit mien à jamais, murmura-t-elle en faisant glisser son doigt blessé de manière à étaler un peu de son sang pur sur l'écorce. Après quelques secondes, Rebekka retira sa main, remonta de plus belle les pans de sa cape le long de son visage, et ressortit à l'air libre.

Lyleïa avait souvent entendu parler de l'arbre à voeux. Il possédait une grande réputation auprès de tout le monde. La jeune fille n'y était jamais allée, elle n'en n'avait jamais eu besoin jusqu'à présent. Petite princesse chérie que pouvait-elle vouloir de plus ? Le seul voeu qu'elle aurait pu faire était impossible à exaucer. Mais cette année là, elle en avait besoin, vraiment. Il fallait qu'elle y aille. C'était son dernier espoir de faire en sorte que les choses s'arrange. Elle avait tout essayé mais elle n'y arrivait plus et c'était de pire en pire. Elle ne dormait plus, accumulant les cauchemars, elle mangeait à peine, elle se refermait sur elle même, c'était devenu invivable. Rohan et elle s'étaient réconciliés mais cette situation ne pouvait plus durait. Plus elle essayait de s'accrocher et plus elle avait l'impression de se noyer.

Arrivée devant le grand arbre elle posa sa main sur son gigantesque tronc noir et le senti palpiter sous ses doigts. Alors, après une grande respiration elle entra dans le tronc. Elle mit quelques secondes à s'habituer à l'obscurité puis s'approcha d'une épine et s'y piqua le doigt. Non elle ne sombra pas dans un sommeil éternel mais elle laissa tomber une goutte de sang en murmurant son voeu le plus cher. - Je vous en prie faîtes que tout s'arrange. Annulez ce mariage et laissez moi aimer la personne de mon choix. S'il vous plaît ... murmura t-elle les yeux fermés et les mains jointes près de son coeur. Elle laissa une larme rouler sur sa joue puis la fit disparaître et quand elle sorti du tronc, elle avait l'air aussi glaciale et impassible que d'habitude.

Holden avançait d'un pas rapide, soufflant dans ses mains jointes pour les réchauffer. Comme il se maudissait d'avoir oublié ses gants ! Tout ça car il devait retrouver quelques amis au marché de Noël, et qu'il avait trop traîné à partir. Pourtant, le programme était plus qu'alléchant ; visite des chalets-boutiques joliment décorés - d'ailleurs, il lui restait des cadeaux à faire et le jeune homme espérait bien y puiser quelques idées -, avec un petit détour par la buvette pour une bonne boisson chaude et épicée pour se réchauffer les joues et les papilles, puis l'incontournable passage par la patinoire. S'il n'était pas très adroit sur un balai en plein vol, les deux pieds sur terre lui valaient d'avoir un peu plus d'équilibre. Il pressa le pas.
Pourtant, lorsqu'il passa devant l'arbre aux souhaits, il ne put s'empêcher de s'arrêter, intrigué.
Sa réputation n'était plus à faire, et son aspect mystérieux et lugubre n'avait rien à envier aux pouvoirs qu'on lui prêtait... La tentation fut trop forte !
Tant pis si Jazz lui ferait la tête au carré s'il était en retard, tant pis s'il mettait le reste de la bande en pétard. Le gryffondor franchit l'étroit passage en son tronc et se retrouva plongé dans une inquiétante et fascinante pénombre. Se posa alors un dilemme auquel il n'avait pas réfléchit.
Que désirait-il par dessus tout ?
Beaucoup trop de choses, malheureusement. La légende racontait que Merlin avait enchanté cet arbre, alors pourquoi ne pas souhaiter devenir un jour aussi puissant que lui ? L'adolescent revint sur terre ; au grand dam de son père, il n'avait pas tant d'ambition, ni la tête aussi gonflée qu'une citrouille. Que demander alors ? Plus d'argent de poche ? Son poids en chocogrenouilles ? Des Optimals toute l'année dans toutes les matières ?
Un bout d'écorce du tronc, plus effilé, plus pointu, dépassait des autres. Il s'y piqua le doigt juste assez pour qu'une goutte de sang n'y perle, le temps de réfléchir encore. C'eut été trop bête que de ressortir de là, la tête basse, sans avoir formulé de vœu.
Ce qu'on racontait aussi, c'est que dans ce même tronc, deux amants maudits y avaient établi leur nid d'amour. Le cliché le fit ricaner d'un rire typiquement bête et adolescent, jusqu'à ce qu'il considère véritablement ce que cela impliquait. Allait-il vraiment formuler un souhait romantique de gonzesse ? Il secoua la tête.
En même temps, caché ici, qui le verrait ? Qui le saurait... ?
— Je souhaite... Commença-t-il à chuchoter, l'image d'une jolie blonde se matérialisant dans sa tête, jolie blonde qui n'avait rien avoir avec sa brune petite amie, Rosamund. Que Prue... Se rende compte qu'ils étaient plus que deux amis ? Faits pour s'entendre ? M'offre... Son cœur ? Comme elle avait déjà prit le sien ? Holden avait le doigt collé sur le tronc de l'arbre. Il se rendit compte qu'il avait fermé les yeux et les rouvrit, se sentant soudain bien ridicule, à l'abris ou non des regards. Incapable d'en dire plus sur ce qu'il désirait le plus, il balbutia les premiers mots qui lui vinrent à l'esprit... Des moufles ! Puis, sans demander son reste, il se carapata bien vite.

Un arbre à souhait ? Pourquoi pas, Maya était bien une sorcière, elle avait une baguette, un chaudron, une robe, connaissait des dizaines de sorts et étudiait des créatures fantastiques. Elle vivait dans le monde de la magie alors oui, elle y croyait. Elle avait passé l'après midi à faire des emplettes dans la ville et ne voulait pas rentrer au château sans avoir fait son vœu annuel, elle y était allé depuis sa première année sans grand succès. Pourtant elle n'était pas du genre à demander l'impossible, elle disait juste que si ça ne se réalisait pas c'est que ce n'était pas son tour tout simplement. Ses amies avaient proposé de l'accompagner mais Maya avait préféré être seule. Elle adorait leur compagnie mais les moments de solitude étaient tellement rare qu'elle en profitait au maximum. Et puis quoi, elles n'auraient pas pu rentrer dans l'arbre, ça aurait annulé le vœu ! Elle s'approcha, sautillant à moitié, son sourire naïf aux lèvres. Elle s'engouffra dans l'antre et une fois dans l'obscurité, écorcha son index qu'elle plaqua contre l'écorce de l'arbre. Puis Maya joignit ses mains et leva les yeux au ciel innocemment. "J'aimerai bien, s'il te plait, joli arbre à souhait, qu'une petite boule de poil m'attende sous le sapin" Ses parents avaient toujours refusé qu'elle ait un animal, c'était peut-être l'année idéale. Elle avait hâte de rentrer et voir si la chance était de son côté cet hiver. Elle resta encore quelques secondes à apprécier le silence de l'endroit puis resserra l'écharpe autour de son cou et sortit du tronc, le vent frais lui picota le nez tandis qu'elle prenait le chemin pour rentrer au château.

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