Attentive, elle l'écouta décrire pourquoi sa proposition au sujet de quidditch n'était pas envisageable. C'est vrai que cela devait être assez stressant de devoir être assez performant pour ne pas être dégagé de l'équipe, sachant qu'une centaine de gars attendait pour prendre ta place. Il évoqua ses projets professionnels avec franchise, jamais elle n'aurait songé en apprendre autant en une soirée que depuis qu'ils se connaissaient. Moran était en quête de vérité et cela était louable, mais le monde était fait de mensonges, de manigances, de trahisons. Comment pouvait-il chercher ce qui n'existait pas ? La vérité c'était que les faits sont toujours subjectifs. La vérité c'était que les gens sont viles, menteurs et individualistes... Et prêts à tout pour que leurs agissements ne soient jamais dévoilés au grand jour. Elle se remémora une soirée entre son père et le directeur de la gazette et lui répondit avec une égale franchise :

- Il est arrivé que mon père arrose grassement le directeur en chef pour ne pas voir un article publier.. Et le ministère en fait tout autant …

Et voilà qu'elle reparlait de son père. Edgar Blackstone était décidément omniprésent dans la vie de Daisy. Contrairement à Moran, elle n'était pas maître de son destin (ni le capitaine de son âme … ) et elle n'aurait pas vraiment le choix d'exercer un métier. Femme « de » et mère « de » seraient ses seuls saluts.... Ces pensées la faisaient un peu redescendre de son trip et la rendirent un peu mélancolique. Son sourire s'effaça pour laisser place à un visage plus neutre. Elle avait un peu perdue l'envie de chercher ce qu'il souhaitait et écouta Moran faire une première proposition. Le signe de l'infini qu'elle traçait au sol se transforma bien vite en un serpent qui se mord la queue. « Être libre ».... C'était sans doute ce qu'elle souhaitait le plus au monde. Mais résignée elle n'en aurait jamais fait un vœu, c'était perdu d'avance.

- Peut-être … Peut-être pas … Répondit-elle un peu énigmatique de sorte à éluder la question.

- C'est ce que tout le monde souhaite au fond …. ?

Daisy acquiesçait machinalement à la première réponse du serpentard. Il faut savoir se taire pour sauver sa place. Il faut savoir s'écraser aussi, et cela Daisy savait le faire. Son regard se perdit un peu dans le vague, tandis qu'il continuait sa tirade sur la liberté. Quel serait son prix à payer à elle ? Pour quelques heures ? Pour une vie ? Aucune réponse ne pouvait franchir à l'instant son esprit embrumé … Mais souhaitait-elle réellement le savoir ? Elle n'eut pas vraiment le temps de trop se pencher sur cette question puisqu'elle fut asperger de sable. La bouche ouverte de stupéfaction, elle se mit à rire comme une enfant. Le sable collant à sa peau et à ses vêtements, elle était absolument dégoûtante. Si son premier réflexe fut de se protéger derrière son bras, le second fut d'empoigner généreusement le sable devant elle et de lui balancer en pleine figure.

- Je vais te dégommer !!

Puis, elle bascula sur les genoux, se rapprochant de lui et posa une main sur sa tête dans l'idée de le mettre au sol.

Daisy riait tellement qu'elle en avait mal aux côtes... et aux joues. Ils étaient absolument dégoûtants, tout de sable vêtu. Tandis qu'il se relevait, la jeune fille épousseta tant bien que mal ses mains, puis ses bras et ses jambes. Voyant que rien ne partait comme elle le souhaitait, elle s'approcha du lac pour récupérer un peu d'eau dans ses mains et se rinça le visage, puis grossièrement le reste de son corps. Il proposa de rentrer, mais Daisy n'en avait aucune envie. La dose de substance absorbée faisait encore effet et la compagnie de Moran lui allait à merveille. Elle percuta tout à coup que plus aucune lumière si de bruit ne parvenaient de la scène, ni de rien d'autres aux alentours à vrai dire. Il devait être minuit passé... La cherchait-on ? L'avait-on même vu partir ? Elle s'en moquait, elle n'était pas fatiguée. Alors elle décida en elle-même que la soirée n'était pas terminée.

- Il est tard en effet .. Mais si tu ne peux te passer de moi … je veux bien faire nuit blanche … Répondit-elle en miroir à sa proposition.

Elle se posta devant lui et récupéra sa baguette au sol. La gardant en main, elle commença à marcher en direction de leurs chaussures et marqua un arrêt pour l'attendre.

- J'ai toujours voulu dormir à la belle étoile....

Tout en entamant leur marche nocturne le long de la berge, Daisy répondit machinalement à son interlocuteur :

- Si tu parles de mes cousins, je crois que savoir ou je suis est le dernier de leur souci.

En effet, Daisy partageait la tente des enfants Avery, puisque les adultes ne festoyaient certainement pas à ce type de festival … Ses sœurs étant également trop jeunes, elle était donc la seule représentante de la famille Blackstone. De toute façon, Fluvia, sa compagne de méfait, la couvrirait sans doute sur son absence ; elle trouvait toujours des mensonges crédibles et des excuses pour tout.

- Quant à mes parents .... Daisy marqua une pause comme si tout à coup elle réalisait la portée de ses actes …. J'espère simplement qu'ils n'apprendront jamais ce que j'ai fait ce soir. Conclut-elle d'une voix soudainement douce.

La jeune fille se laissa guider par la lumière qui émanait de la baguette de Moran tandis qu'il évoquait de nouveau son père. Imperceptiblement, elle se rapprocha du garçon comme pour y chercher une bouée de sécurité et pensa aux conséquences de son escapade. « Des problèmes » .. Il était loin du compte. Il ne valait d'ailleurs pas y songer. Elle afficha un sourire de façade et lui répondit au sujet de la première partie de la question :

- Je pense que certains sorts sont autorisés dans l'enceinte du festival. Le Lumos par exemple, tu as vu comme toutes les baguettes se sont illuminées devant la scène ….

Le silence se fut quelques instants tandis que les deux adolescents s'approchaient de leurs chaussures. Moran ramassa sa paire mais Daisy ne trouva qu'une des siennes …

- Je crois bien que l'autre a été emportée par le courant ….

Elle n'enfila pas son unique chaussure et la garda en main lorsque ….(je te laisse trouver une péripétie )





(minuit, perte d'une chaussure... ça me rappelle quelque chose .. Dis moi que tu ne vas pas te changer en rat ahaha)

Je trouvais ça vachement triste que sa famille ne se fasse pas plus de soucis. Je ne voyais pas trop mes cousins, mais je passais du très bon temps avec eux lorsque je les voyais, et je ne pouvais même pas penser à m'éclipser quelques minutes. Après ils se voyaient tout le temps et pas nous… Peut-être que c'était pour ça. Parce qu'ils se voyaient trop souvent.
Je pu une nouvelle fois constater qu'elle ne voulait pas parler de ses parents et encore moins de son père. Je la sentis se rapprocher de moi et je dû me faire violence pour ne pas passer mon bras autour de ses épaules. D'ailleurs, je ne voyais pas pourquoi j'en avais eu envie. La fatigue, sans doute. Oui, ce devait être ça.
Quant aux sortilèges, j'hochais la tête, plutôt d'accord avec elle. Cela semblait assez logique en fin de compte et j'aurais dû m'en rendre compte plus tôt.

- Au pire j'utilise un Accio pour ta chaussure…

Je n'avais pas finis de dire le reste que j'entendis brusquement des éclats de voix non loin de nous. Je tournais la tête pour voir avec horreur les dits cousins de Daisy qui semblaient bien s'amuser. S'ils nous voyaient on était finit.

- En parlant de tes cousins, ils ne devraient pas être couchés, eux ? On verra plus tard pour ta chaussure, hein. On devrait déguerpir.

Oui bon, je remontais bien vite en la tenant par la main vers les arbres pour ne pas être vus mais en fait, je n'avais pas pensé que si eux trouvaient sa chaussure elle allait avoir des problèmes quand même. Sauf que forcément, je réalisais cela une fois à l'orée des arbres. Je m'assis derrière un buisson, déterminé à sauver notre cause.

- Capitaine Moran va tout régler tu vas voir.

Je pointais ma baguette vers la berge.

- Accio chaussure disparue de Daisy Blackstone.

Le problème étant qu'elle ne vînt pas du bon côté, et que je me la pris en pleine figure.  



(J'espère que ça te va. J'avoue que je me suis bien marré sur la fin )

(ahah c'est très bien;)

Avant qu'il ait pu finir sa phrase, Moran la traînait déjà vers le bois. Par Merlin, ils l'avaient échappé belle. Quelques secondes de plus et les garçons Avery se retrouvaient nez à nez avec eux. Daisy plaqua sa main contre sa bouche pour étouffer son rire nerveux et s'appuya contre l'arbre à côté du buisson où se cachait le serpentard. Essoufflée, elle appuya une main sur ses côtes qu'elle massa vigoureusement. Elle observa Powell qui tentait de récupérer sa chaussure et explosa de rire lorsqu'il la reçut en pleine face. De nouveau elle porta sa main devant sa bouche pour masquer le bruit qu'elle faisait. Elle se ressaisit instantanément et dans un instinct de protection elle se posta rapidement devant lui, à quelques centimètres de son visage afin de l'inspecter. Prendre soin de ses sœurs était une seconde nature, les protéger, s'assurer qu'elles vont bien au détriment même de son propre bien-être était une des rares qualités de Daisy. Elle posa délicatement ses doigts sur son visage et ausculta brièvement le front, puis le nez et les pommettes du garçon. Il n'avait rien. Elle poussa un soupir et rigola de plus belle :

- Capitaine Moran va finir par se blesser … !!

Des éclats de voix plus lointain se firent entendre et Daisy resta immobile et aussi silencieuse qu'elle le put. Elle ne bougea pas jusqu'à ce que le silence se fut à nouveau. Relâchant la pression, elle récupéra sa chaussure sur le sol et la posa à côté de son homologue gauche. Finalement, la serpentard repéra juste à côté d'eux une souche d'arbre qui ferait un parfait abri pour leur nuit à la belle étoile.

- Eh regarde ! Commença-t-elle tout en s'asseyant contre l'écorce.

Le sol était tapi d'une mousse peu confortable mais cela suffirait. Dans le bois, mais proche de la berge, ils pourraient encore admirer les étoiles de ce point de vue.

Le sourire aux lèvres de sa dernière remarque, Daisy le regarda la rejoindre. Il s'allongea et pendant quelques secondes elle resta à le regarder. Ce n'était pas de la contemplation, c'était simplement du contentement d'avoir passer une bonne soirée. C'était comme si elle le voyait pour la première fois. Loin du château, loin du tumulte de leurs rixes, et surtout imbibée au sang d'une boisson désinhibitrice, elle le détailla sous un nouveau jour. Des mots s'échappèrent sans qu'elle ne les arrête :

- Tu es moins crétin que ce que je pensais, Moran …..

Elle le fixa pour voir l'effet de sa phrase sur lui et continua :

- Je peux même dire que j'ai passé une bonne soirée …. Je ne sais pas si je me souviendrais de tout au petit matin  mais je pense que …

La fatigue commença à la gagner, sa tête commençait à tourner et bascula en arrière. Elle ne la retint pas... Ses yeux se fermèrent et elle s'endormit d'un sommeil sans rêve, épuisée.


(on joue le réveil ?)

C'est avec un mal de crâne intense que Daisy reprit conscience. Elle porta machinalement sa main à sa tête, les yeux fermés et éblouis par la clarté du jour. Où se trouvait-elle au juste ? Ses sens reprirent vie les uns après les autres et lui donnèrent peu à peu assez d'indices pour analyser la situation : l'odeur d'écorces humides, de la mousse, de la vase … Des bruissements de feuilles, des craquements de branches, des clapotis léger dans l'eau … Un arrière goût dans sa bouche un peu pâteuse … Sa peau sèche qui la tiraillait, ses habits un peu rigides à moitié collés contre sa peau .. Son flanc sur un sol dur, sa tête et son bras contre quelque chose de moelleux et chaud, confortable et réconfortant … un coussin … non, un corps … le corps de qui ? Elle ouvrit les yeux subitement, le temps de faire le point et se dégagea lorsqu'elle comprit dans les bras de qui elle était. Ce n'était pas la réalité .. impossible, elle écarquilla les yeux d'incompréhension et tenta de donner du sens à cette scène. Son cerveau marchait pourtant au ralenti et Daisy était incapable de retrouver le souvenir entier de la soirée. Quelques bribes lui parvenaient mais elles n'avaient aucun sens. Et ce mal de crâne qui la lançait n'aidait pas à assembler les images qui arrivaient par dizaine. Confuse, elle marmonna quelque chose comme :

- Je ... Qu'est-ce que......

Elle toucha ses vêtements comme pour y chercher la preuve de sa vertu restée intacte et continua de bafouiller, honteuse :

- On n'a pas … Je veux dire …. Tu .. Je n'étais pas dans mon état normal … Conclut-elle pour donner une excuse à un quelconque comportement dégradant qu'elle aurait pu avoir.

Daisy écouta attentivement son discours tandis qu'elle se massait doucement les tempes dans l'idée d'en adoucir un peu la douleur lancinante. Malgré elle, elle poussa un soupir de soulagement. Discuter et dormir. Elle resta un peu perplexe parce qu'en réalité discuter, ou plus précisément se faire des confidences, pouvait parfois se révéler plus dangereux qu'un rapprochement physique. Et elle redoutait plus que tout s'être mise à nu psychologiquement face à un garçon qui avait pour habitude de se servir des paroles des autres contre eux.  La suite de sa phrase la décontenança. Pensait-il vraiment qu'il pourrait la toucher dans les circonstances de la sobriété et du consentement ? En avait-il même l'idée ou l'envie ? Tout cela était confus, mais pas sa considération. Cette idée la flatta un peu. Il avait probablement plus d'estime pour elle qu'elle n'en avait elle-même. La serpentard le fixa tandis qu'il se levait et se débarbouillait. Elle encaissa sa remarque sans ciller. Sûrement qu'elle était plus sympathique la veille, Daisy était surtout complètement pétée, plus du tout lucide, ne contrôlant plus ses actions, ni même ses pensées vagabondes.

- Quoi qu'il soit arrivé …. quoi que je t'ai dit … ou non …. Je t'interdis de parler à qui que ce soit de ce qui s'est passé .. Lança-t-elle sur le ton de la menace en pointant machinalement sa baguette dans sa direction.

Elle ne voulait pas être particulièrement méchante, mais elle se sentait menacée et son ton n'en avait été que plus sec. Et puis elle avait peur. S'en rendant compte, elle s'adoucit et poursuivit tout en baissant son bras armé le long de son corps :

- Écoute Moran, je sais qu'on s'aime pas toi et moi, mais s'il te plaît, ne dis rien à personne …. Si ma famille l'apprend je peux dire adieu au peu de liberté qui me reste. Tu ne sais pas qui ils sont … ce qu'ils font …

Après le mal de crâne, la gêne et la honte l'envahirent à nouveau. Puis la peur et l'effroi. Elle devait rentrer, discrètement, se laver et se fourrer dans son lit, elle était épouvantable. Qui l'avait vu partir ? Qui l'avait vu avec lui ? Qui ne l'avait pas vu rentrer ?
Toutes ces questions se bousculaient et alimentaient son désarroi. Et Moran dans tout ça ? Serait-il son allié ou bien le messager responsable de son malheur ?