La nuit tombe sur le château en ce soir de 31 Octobre 1974. La lune brille par son absence et la brume s'installe peu à peu dans le parc de Poudlard. Le bal d'Halloween est dans les préoccupations de tous les élèves, à l'exception de deux serdaigles : Saul Funestar et moi-même. A 23h23 ce soir, la plus mystérieuse des fleurs de la serre numéro 2 « l'immortelle » éclora. Cela ne durera que quelques minutes alors autant vous dire que je ne dissimule pas mon excitation. Toute la journée, j'ai pensé à la façon dont je me débrouillerai pour rejoindre mon ami sans éveiller les soupçons de quiconque. D'ailleurs je trouve cela étonnant que le Professeur Chourave ne propose pas un cours spécial à cette occasion. C'est tellement unique. Bref, Saul et moi voulons garder l'exclusivité de cet événement. Vers 23h, je me décide alors à y aller. Se faufiler dehors n'est finalement pas aussi difficile que cela. Tout le monde est accaparé par le bal d'Halloween. Élève et Professeur.  Bien emmitouflée dans ma cape et mon écharpe, je cours en direction de la serre numéro 2. Il n'y a absolument personne. Je pose la main sur la poignée quand …

« Emma ! »
Saul sort de la pénombre des arbres et s'avance vers son amie.
« Je t'attendais, dit-il en lui souriant. Personne ne t'a suivi ? Tu es prête ? »
Au son de sa voix, on sent que le jeune Serdaigle est vraiment excité à l'idée de voir l'éclosion de l'Immortelle. Il est comme un enfant le matin de Noël qui trouve caché sous le sapin un paquet en forme de balai volant. Non, il est même plus que ça. Ce qu'il ressent va bien au-delà.
Au loin on entend la musique, les rires, les éclats de voix en provenance du château mais l'ambiance autour de la serre numéro 2 est calme et paisible. La beauté de ce qu'ils s'apprêtent à voir n'en est que renforcée.
Emmeline tourne la poignée de la porte de la serre mais celle-ci ne s'ouvre pas. Saul, s'en doutant un peu, avait déjà sorti sa baguette. Il la pointe en direction de la serrure et un cliquetis se fait entendre. La porte s'ouvre alors et les deux Serdaigle s'y engouffrent sans plus tarder.
Saul sent son coeur battre la chamade dans sa poitrine. Il sait que le spectacle qui se prépare ce soir est unique, il n'y a que la science pour vous en mettre plein les yeux comme ça.
« C'est par là ! » dit-il en attrapant la main d'Emmeline et en l'attirant dans l'une des rangées de la serre.

Je suis si concentrée que lorsque Saul m'interpelle, je sursaute. Mon cœur s'emballe mais je suis bien vite rassurée par la voix de mon ami.
-
Non, c'est bon ! Chuchote-t-elle, Oui allons-y.

Bien sur, je suis prête. J'attends cela depuis tellement longtemps. En Avril dernier, je suis tombé sur ce livre de botanique sur les fleurs et plantes rares de Primrose Crysanthym. Il regorgeait d'indications et d'anecdotes sur des plantes exceptionnelles et parfois dangereuses. Je repense encore à la page de l'Immortelle. Elle n'éclot que le 31 octobre à 23h23 en phase de nouvelle lune. Ce soir, toutes les conditions sont réunies. Si elle est difficile à observer, certains botanistes la décrivent comme la fleur la plus magnifique qu'ils ont vu. Je farfouille dans ma mémoire. Elle a des propriétés curatives si elle est mixée et cuite avec de l'asphodèle, mais peut être très dangereuse crue ou associée à de l'écorce d'if. Mmmm... Ma baguette est en bois d'if. Dois-je y faire attention ? Je sors de mes pensées quand le cliquetis de la porte se fait entendre. Saul me saisit la main et m’entraîne à l'intérieur. Mon cœur s'emballe à nouveau, l'excitation et un petit autre chose que je commence à déterminer. Son contact me fait de l'effet, je rougis. Nous passons devant plusieurs établis et je l'arrête devant un petit amas de terre qui semble infertile. L'écriteau nous indique son emplacement mais il n'y a rien. Surprise mais excitée, je lui dis :

- Il n'y a plus qu'à attendre .. Tu as pris ton appareil ?

Je lui jette un coup d’œil en attendant qu'il me réponde puis je sors ma baguette. Mon sort murmuré nous éclaire, nous et la future fleur.
-

Emmeline et Saul s'arrêtent devant un petit tas de terre, tout ce qu'il y a de plus basique. Le seul détail en plus, c'est l'écriteau qui prouve que l'Immortelle va bien éclore ici-même.
« Il n'y a plus qu'à attendre... fait Emma. Tu as pris ton appareil ? »
Saul tapote son sac en cuir de dragon qu'il porte en bandoulière et dans lequel il a rangé un appareil photo sorcier pour immortaliser le moment et également quelques parchemins et une plume si l'envie lui vient de prendre des notes. Puis il se met à fixer l'emplacement d'où va jaillir la plante... Et se rend compte que ce n'est pas encore pour maintenant, en fait. Il jette un coup d'oeil à sa montre puis se retourne vers son amie.
« Il nous reste vingt deux minutes à attendre, dit-il d'un air dépité, rongé par l'impatience. Si seulement on pouvait avancer dans le temps... Oh regarde, un Mimbulus Mimbletonia ! Incroyable, je ne savais pas que le professeur Chourave avait réussi à en dénicher un. »
Le jeune homme, curieux, tend la main en direction de la plante mais se ravise à temps.
« Non, je ferais mieux de ne pas y toucher sinon ça va péter, dit-il en ramenant sa main à lui. Si ça explose sur l'Immortelle, tu imagines. »
En fait, la serre numéro deux regroupe toutes les plantes rares et/ou dangereuses qui se trouvent en possession du professeur Chourave. Peut-être va-t-il s'en passer des choses, en vingt deux minutes...

Les vingt deux minutes vont être les plus longues de toute ma vie. Je souris lorsqu'il évoque l'avancement de temps. Saul est obnubilé par le temps. Il en parle sans arrêt. Retourner en arrière, savoir ce qu'il va se passer demain. S'il n'était pas mon ami, je le prendrais pour un fou. Je détourne ma baguette en direction du Mimbulus pour le voir au moment où il tend sa main pour l'approcher. Je me contente de lui répondre :

- Sage décision, mon cher, tu risquerais de faire gicler de l'Empestine dans toute la serre. Je n'ose imaginer son effet sur l'Immortelle.... Bref ne touchons à rien … contentons nous de regarder …

Je finis à peine ma phrase que je repère sur l'établi derrière nous un filet du diable sous une cloche en verre d'1m de haut. A mon approche, la plante s'anime armant ses tiges contre le verre. Je murmure un « waow » de stupéfaction. C'est la première fois que j'en vois un de si près. Je mets ma main contre la surface vitrée et la plante se plaque littéralement de l'autre côté. Je jette un coup d’œil vers Saul pour voir sa réaction lorsque des bruits de pas précipités se font entendre dehors.

- Nox ! Dis-je tout en me baissant et en me rapprochant de mon partenaire.

Les bruits de pas laissent place à des rires qui finissent par s'éloigner. Ouf...


(Mon prochain post c'est 23h23 ok ?)

Saul se retourne lorsqu'Emma repère le Filet du diable installé derrière eux. Le Serdaigle s'en approche, collant presque son nez contre la cloche de verre pour le voir de plus près, fasciné par la beauté de cette plante si étrange. Sa camarade pose une main sur la cloche et la plante recule, se collant contre la surface opposée de la vitre. Emma regarde alors Saul et celui-ci lui sourit à pleines dents. Face à toutes ses merveilles, il est le plus heureux des hommes.
Des bruits se font entendre à l'extérieur de la serre et Saul, par réflexe, plie les genoux pour se dissimuler tandis qu'Emmeline éteint sa baguette et se rapproche de lui. Les bruits s'éloignent, mais les deux Serdaigles restent immobiles, épaule contre épaule, éclairés seulement par la lumière de la pleine lune qui donne aux plantes de la serre numéro 2 des reflets nacrés.
« Je crois que c'est bon... » murmure Saul au bout d'un moment.
Il se redresse, soupire de soulagement et jette un coup d'oeil à sa montre qu'il lève bien devant ses yeux pour distinguer les aiguilles à la lueur de la lune. Alors il lâche un hoquet de stupeur et essaye d'attraper sa baguette dans sa poche pour éclairer la serre d'un Lumos sauf que dans la précipitation, celle-ci lui glisse des mains et vient rouler sous les établis. Tant pis, il y a plus grave !
« Par Merlin ! s'écrie-t-il. Vite, il est déjà 23:22 ! Emma, lance un Lumos, ça va commencer ! »
Saul fouille dans son sac et en extirpe le petit appareil photo qu'il a apporté pour l'occasion. Incapable de contrôler sa surexcitation, ses mains tremblent comme des feuilles.

Saul soupire et je l'imite, soulagée d'entendre les intrus s'éloigner. J'aurais été littéralement dégoûtée si d'autres personnes étaient venues nous voler notre intimité avec la fleur des morts. On avait attendu cela depuis tellement longtemps. Bref, je me retourne vers notre tas de terre quand Saul laisse tomber sa baguette. A la hâte je susurre un lumos à la mienne qui nous plonge tous les deux dans le moment le plus unique de nos vies.
23h23. Une pointe verte apparaît à fleur de terre et grandit tout à fait exceptionnellement. Lorsque la tige arrive à environ trente centimètre, à mi hauteur quatre feuilles se déroulent délicatement sur elles-mêmes, formant volutes et arabesques. Le bourgeon grossit puis s'ouvre dans une explosion de senteurs et de couleurs.  Des pétals rose, rouge, orange, bordeaux et violine viennent s'épanouir les unes après les autres dans une floraison qui semble interminable. Je suis émerveillée, cet instant est magique.

Magnifique ! Chuchoté-je pour moi-même.

Au bout de 50 longues secondes, les derniers pétals se mettent à flétrir et une odeur pestilentielle vient remplir mes narines. C'est si  insoutenable que je me cache le nez et la bouche, au bord de l'évanouissement. Subitement, la plante noircit et s'effondre sur elle-même, laissant un petit amas de cendre et une odeur de fumée..
Je suis stupéfaite, subjuguée, tout à la fois. Je n'ai plus de mots ... Il est 23h24 ...

Emmeline prononce un Lumos, juste à temps car ça y est, le spectacle commence. La plante grandit sous les yeux ébahis des deux Serdaigle. Saul est subjugué, la bouche entrouverte, face à ce phénomène si rare et pourtant si beau. La tige atteint une trentaine de centimètres puis quatre feuilles apparaissent. Et c'est alors que la fleur s'ouvre, découvrant sa beauté devant Emmeline et Saul. Ils sont comme des privilégiés, autorisés à assister à cette sublime naissance. Une odeur envoûtante se répand tout autour d'eux tandis que les pétales continuent d'éclore.
« Magnifique ! » chuchote Emmeline et Saul sursaute, comme de retour à la réalité.
Complètement déconnecté du reste du monde, Saul en a oublié de prendre des photos ! Il s'empare alors de son appareil photo et immortalise l'instant, juste à temps avant que les pétales ne se mettent à flétrir, répandant alors une odeur insupportable, en contraste total avec l'odeur que la plante dégageait encore quelques secondes auparavant. Puis la plante s'effondre en un petit tas de cendres, laissant les deux Serdaigle pantois devant le pot de terre.
Le silence s'installe alors dans la serre, aucun des deux élèves ne souhaitant revenir à la dure réalité des choses après un tel spectacle. Et puis il faut dire qu'il est difficile de trouver les mots après ça. Mais Saul finit par rompre le silence, assez gauchement.
« Eh bien... dit-il en soupirant, essayant de se remettre de ses émotions. Je peux mourir tranquille, je crois. »

Saul me sort littéralement de ma béatitude lorsqu'il soupire. C'est vrai qu'après ce que nous avons vu, j'ai l'impression d'avoir accompli une grande chose. Je peux à présent barrer cet événement unique de ma liste des 10 choses à faire avant de mourir. Il n'en reste plus que 9 .. Entre assister à la naissance d'un bébé licorne et voler à dos d'un dragon-lune, ce sera certainement l'expérience la plus marquante de toute ma vie.

- Tu dis cela mais tu as encore des milliers de choses à découvrir avant de mourir ! Me contenté-je de répondre à mon ami lorsque tout à coup je suis prise d'une migraine intense.

- Je crois que je ne me sens pas très bien ….

Je finis tout juste ma phrase lorsque la nausée me fait régurgiter mon repas sur le sol. Je suis en sueur et je tremble. Est-ce un effet secondaire de notre magnifique expérience ? Je regarde Saul et (…. tu vomis aussi ou pas??) Tout à coup, je me retrouve à nouveau devant l'amas de terre, la baguette allumée et je regarde ma montre. 23H23. La fleur pointe le bout de son nez et se développe à nouveau sous nos yeux ébahis … … … La floraison continue, j'ai comme un goût de déjà vu … Les odeurs se succèdent et enfin la plante s’effondre.
Je fixe Saul et regarde à nouveau ma montre … 23h24 …. Sommes nous coincés dans une boucle temporelle ? Comment en sortir ?

(Et hop un ingrédient que Saul pourra se servir plus tard )

« Tu dis cela mais tu as encore des milliers de choses à découvrir avant de mourir ! » fait Emmeline.
Saul rit doucement à sa remarque.
« C'est vrai, tu as raison, dit-il en hochant la tête. La vie est incroyable, elle a encore tellement à n... »
Le Serdaigle ne termine pas sa phrase, trop occupé qu'il est à vomir ses tripes sur le sol de la serre. Visiblement, il en est de même pour Emmeline et Saul a tout juste le temps de se décaler sur le côté pour éviter qu'elle ne souille ses chaussures. Les mains crispées sur le ventre, il en a même des sueurs froides.
Alors l'incroyable se produit et la plante repousse sous les yeux sidérés des deux élèves, trop captivés par ce spectacle pour essayer de comprendre ce qui est en train de se passer. Cependant, Saul jette un coup d'oeil à sa montre et constate la même anomalie qu'a observé Emma. Involontairement, ils ont remonté le temps.
La plante s'effondre une nouvelle fois devant eux. L'odeur pestilentielle de sa mort envahit les lieux et Saul est obligé de se cacher le nez avec sa manche tellement la puanteur est insupportable. Le garçon se retourne vers Emmeline, l'air inquiet de celui qui ne sait pas si l'expérience va se reproduire ou pas. Mais il n'a pas le temps de se questionner qu'il est déjà repris par un violent mal de ventre. Il a tout juste le réflexe de se détourner qu'à nouveau, il régurgite son repas à l'endroit où s'était trouvée sa première peau de niffleur* une minute plus tôt, à présent disparue.
« La plante va encore éclore, dit-il d'une voix un peu paniquée, il ne faut plus la regarder. Emma, sortons d'ici, dépêchons-nous ! »
Saul empoigne le bras de son amie et l'oblige à quitter les lieux le plus vite possible, son appareil photo bringuebalant autour de son cou. Arrivés à la sortie, la main du sorcier sur la poignée de la porte, un phénomène étrange se produit. En un clignement d'oeil, les deux Serdaigle se retrouvent à nouveau devant le petit amas de terre qui présage une nouvelle naissance de la plante, pour la troisième fois consécutive...

Hors-Jeu :

Les deux élèves régurgitèrent encore leur repas puis Saul tenta de mettre fin au manège en quittant la serre. En un battement de cil, ils se retrouvèrent de nouveau devant la plante. Ce qui ressemblait à un rêve commençait à prendre une allure de cauchemar … Voilà pourquoi le Professeur Chourave ne proposait pas l'observation de cette plante et qu'elle était répertoriée dans cette serre. Puisque la vue du spectacle n'était pas responsable de la boucle temporelle dans laquelle ils étaient coincés, peut-être était-ce l'odeur ? Emmeline cacha instantanément son nez en s'exclamant : « L'odeur ». Puis elle retint sa respiration aussi longtemps qu'elle put jusqu'à tirer Saul jusqu'à l'extérieur de la serre. A peine eurent-ils franchi la porte qu'elle comprit qu'ils avaient réussi. Elle prit une grande bouffée d'air sain et se mit à rire sans pouvoir s'arrêter :

- ça c'était unique !!! J'ai bien cru qu'on allait rester bloqués. T'imagines !!

Le cerveau de Saul réfléchit à toute vitesse, essayant de trouver une issue possible à ce cauchemar que les deux Serdaigle sont en train de vivre. Puis Emmeline tire sur la manche de Saul, en s'écriant « L'odeur ! » Aussitôt, le sorcier se cache le nez dans son écharpe, appliquant une pression telle qu'il lui est impossible de respirer quoi que ce soit. Il retient son souffle, donc, et se dirige vers la sortie de la serre en compagnie d'Emmeline qui continue de le tirer par le bras.
Une fois à l'extérieur, Saul libère ses narines et inspire profondément. Ses jambes flageolent et il doit se tenir au mur de la serre pour garder son équilibre. Néanmoins, le Serdaigle est heureux comme un druide et ça se voit sur son visage, ses yeux sont brillants d'excitation et un grand sourire s'étire sur ses lèvres.
« A quoi est-ce qu'on vient d'assister ?! s'écrie Saul en levant les bras au ciel. OUAH ! C'était... MAGIQUE ! Est-ce que tu savais que cette plante avait ces propriétés ? C'est dingue, incroyable ! On a remonté le temps à deux reprises ! Emma, tu imagines ça ? ON A REMONTÉ LE TEMPS, WOUHOUUU ! »
Dans l'euphorie du moment, Saul attrape Emmeline par les épaules et l'attire dans ses bras avant de sautiller sur place. Puis il l'éloigne de quelques centimètres, pose ses deux mains froides sur ses joues et la regarde, le visage illuminé.
« Incroyable... » répète-t-il en se mordant la lèvre pour contenir un rire de joie.

Saul avait du mal à cacher son enthousiasme et son euphorie était plus que communicative. Emmeline n'eut pas le temps de répondre que déjà il l'étreignit. Complètement stupéfaite, elle se laissa manipuler comme un pantin dans les mains de son ami. Lorsqu'il posa ses mains sur ses joues, la jeune fille s'empourpra en passant par toutes les nuances de rouge. Elle avait tout à coup très chaud sans vraiment savoir pourquoi.

- Je … C'est …. Bredouilla-t-elle avant de reprendre un peu contenance

- J'ai pas souvenir d'avoir lu ça sur l'immortelle … C'est stupéfiant … Tu as les mains froides …

Alors ça c'était de la réplique, mais c'était sorti tout seul. A cet instant elle ne pensait plus du tout à l'immortelle ou bien au remontage de temps. Emmeline était absolument hypnotisée par son contact.

Lorsqu'Emmeline lui fait part du fait qu'il a les mains froides, Saul les retire brusquement en riant naïvement.
« Oh, excuse-moi, tu as raison ! dit-il en reculant d'un pas, l'excitation toujours audible dans sa voix. C'est que c'est tellement invraisemblable, ce qu'on vient de vivre ! Si j'avais cru un jour... Ouah, je n'en reviens toujours pas. Quand je vais dire ça à mon oncle ! »
Dans la pénombre, il ne remarque pas les joues d'Emmeline qui ont soudainement pris une teinte rouge vif.
Le Serdaigle attrape son appareil photo, toujours suspendu à son cou, et se met à l'inspecter pour être sûr qu'il a fonctionné pendant la naissance de la fleur et qu'il n'a pas grillé durant le voyage spacio-temporel. Car oui, ce n'était pas qu'un voyage dans le temps, ils ont carrément disparu d'un endroit pour se matérialiser dans un autre et tout ça, sans même l'avoir décidé !
« Tout semble correct, dit-il en tournant et en retournant l'appareil entre ses mains. J'ai hâte de voir ce que ça va donner sur papier ! Tu veux qu'on aille les tirer tout de suite ? »
Rien qu'à cette pensée, Saul en frémit déjà.

Saul retira ses mains et s'excusa en reculant. Elle le fixa un peu bêtement, heureusement qu'il faisait sombre. Et heureusement que Saul avait du mal à décrypter les émotions des autres car sinon il aurait remarqué la gène de son amie. Elle le regarda un peu inattentive inspecter son appareil et fut rassurer de savoir qu'il était intact.

- Mais bien sur mon cher !!! Répondit-elle avec une impatience non dissimulée dans la voix, finie la gêne, l'excitation de l’expérimentation et du développement de la pellicule reprit le dessus.

Alors là, ça allait être la photo de l'année... de la décennie même !! Elle la garderait sûrement précieusement sous son matelas, hors de la vue de tous, car après tout ils avaient fait quelque chose d'absolument inédit et surtout interdit !

- Eh mais attends, tu as récupéré ta baguette ? Lui lança-t-elle tout à coup comme si elle avait un éclat soudain de lucidité. Il l'avait faite rouler sous un établi tout à l'heure avant que l'éclosion n'aie lieu. Fais attention de ne pas nous bloquer à nouveau dans le temps hein ? Plaisanta-t-elle. Je t'attends.