La première chose que l'on pouvait dire à propos d'Alexandre, c'était qu'il n'était pas très grand. Il n'était pas non plus très épais. Il n'était pas comme certains joueurs de quidditch grands et forts. L'adolescent ne pratiquait aucun sport. Ou plus exactement, aucun sport sorcier. Cependant, il pratiquait un sport moldu mais qui ne musclait pas vraiment le torse.
Le Serpentard s'était rendu à la bibliothèque pour effectuer des recherches sur le Sommet des Conseil des Sorciers au XIVème siècle pour un devoir. La barbe. Il préférait l'histoire des moldus, de toute façon. Sur sa table, il y avait une pile de livres presque plus grande que lui traitant sur ce sujet. Comme tout ces livres ne lui suffisaient pas, il avait aperçu un livre qui lui semblait intéressant pour son devoir. Aperçu car le livre en question était beaucoup trop haut pour le jeune sorcier qui tentait en vain d'attraper le livre en se hissant sur la pointe des pieds. Pourquoi les étagères étaient-elles si hautes ? C'était une école de géant ?

Juste après sa dernière heure de cours et avant le dîner à la grande salle, Saul décide d'aller faire quelques recherches à la bibliothèque pour son oncle concernant le temps et les possibles failles temporelles dans le monde de la magie. Sauf qu'il sait très bien que la plupart des ouvrages concernant cette magie très ancienne et très dangereuse se trouvent dans la réserve et que Mrs Pince n'acceptera jamais de le laisser passer. Qu'importe, le Serdaigle n'a pas fouiné dans toute la bibliothèque, celle-ci étant tellement grande ! Qui sait ? Peut-être est-il passé devant un grimoire sur le temps sans le remarquer ?
Il arrive donc à la bibliothèque et dépose ses affaires sur une table de libre. Puis il se met à fouiller les rayonnages avant d'apercevoir Alexandre Rozen un peu plus loin dans la même allée. Alexandre est un ancien ami de Saul, ils se sont connus dans le Poudlard Express lors de leur première année au château. Ils ont été très amis pendant un an puis lors de leur deuxième année, leur amitié s'est détériorée, sans que Saul n'y puisse quelque chose. Tant pis, c'est la vie.
Voyant le Serpentard visiblement en difficulté pour attraper un grimoire un peu trop haut, Saul décide d'aller lui donner un coup de main et s'approche de lui.
« C'est ce livre, que tu veux ? fait Saul avec un sourire en attrapant le livre en question et en le tendant à Alexandre. "Histoire de la sorcellerie au XIVe siècle", ça a l'air passionnant, ajoute le Serdaigle en le pensant réellement. C'est pour le devoir de Binns ? »

Alors que le petit Serpentard s'efforçait à s'étirer le plus possible pour parvenir à attraper le livre, une grande silhouette se plaça à côté de lui.

« C'est ce livre, que tu veux ? » demanda la voix masculine en attrapant le livre qu'Alexandre essayait d'atteindre depuis cinq minutes.

Sans même regarder de qui il s'agissait, Alexandre aurait reconnu cette voix entre mille. Saul Funestar. Il se tourna vers ce dernier qui lui tendait le livre. Cela faisait des années qu'ils n'étaient plus amis. Alexandre avait décidé de rompre les liens. Il l'empêchait de s'intégrer à sa maison. C'était un intello. L'adolescent avait aussi l'impression que le Serdaigle faisait tout pour le rabaisser. Dans sa maison, on lui en avait souvent fait la remarque: "Il te prend pour un abruti, tu es son faire-valoir. Tu vaux mieux que ça." La preuve en était à ce moment là.

« Histoire de la sorcellerie au XIVe siècle, ça a l'air passionnant. C'est pour le devoir de Binns ? »

Ça te regarde ? aurait eu envie de répondre Alexandre. Ce dernier lui prit le livre des mains et alla le poser sur sa table. Il était bien le seul à trouver ce sujet intéressant. Et Saul n'avait toujours pas compris que le Serpentard ne voulait plus lui parler ? En même temps, pourquoi louper une raison pour le rabaisser ? Il se rassit en face de son parchemin sur lequel il avait marqué quelques mots.

« Non non. Je fais ces recherches pour le plaisir. C'est vrai que le Sommet des Conseils des sorcier au XIVème siècle me passionne ! » dit-il d'un ton ironique et véhément.

Alexandre leva les yeux au ciel en prenant sa plume qui faisait encore n'importe quoi. Elle bavait de l'encre partout sur son parchemin et sur ses doigts. Il fallait qu'il l'a change. Le jeune Serpentard devait avoir une tête à claque à ce moment là.

« Tu sais, j'avais pas besoin de ton aide. Je pouvais me débrouiller tout seul. Mais c'est tellement facile de prendre les gens de haut pour toi ! »

Alexandre avait du mal à supporter le fait que Saul fasse tout mieux que lui. Même pour attraper un livre dans sur une étagère il le faisait mieux. En même temps, c'était facile pour une perche comme lui. Le Serdaigle faisait tout pour le ridiculiser, pour le faire sentir inférieur en faisant semblant d'être gentil. Hypocrite.

Saul sourit, loin de saisir toute l'ironie dans les propos d'Alexandre lorsque celui-ci lui répond qu'il se passionne pour le sujet. Puis Alexandre rejoint sa table et le Serdaigle le suit, enfonçant ses mains dans les poches de sa cape.
« C'est vrai que c'est un sujet intéressant, dit-il en se souvenant de toutes les recherches qu'il avait eu à faire pour le cours du Professeur Binns. C'est un moment clef dans l'histoire de la magie. »
Saul doit probablement être le seul de tout Poudlard à apprécier les cours d'Histoire de la magie. Certes, le Professeur Binns est loin d'être passionnant mais ces cours le sont, enfin aux yeux du Serdaigle, en tout cas.
« Tu sais, j'avais pas besoin de ton aide, fait Alexandre, tandis que sa plume répand de l'encre sur ses parchemins. Je pouvais me débrouiller tout seul. Mais c'est tellement facile de prendre les gens de haut pour toi !
— Qu'est-ce que tu racontes ? dit Saul en riant doucement, sans une once de méchanceté. Pourquoi est-ce que je prendrais les gens de haut ? C'est absurde, tu le sais bien. »
Le garçon l'observe un instant sans se départir de son sourire et ses sourcils se froncent alors que la plume d'Alexandre ne veut décidément pas coopérer.
« Dis, est-ce que tu veux que je te prête une plume ? Tu as l'air de... »
Saul se tait, comprenant qu'il a encore été trop loin cette fois-ci. Alors il lève les mains à hauteur de son visage en signe d'excuse.
« Non, laisse tomber, tu n'as pas besoin de mon aide, je suis désolé ! C'est un réflexe. »
Et c'est vrai que c'en est un. C'est dans sa nature, Saul veut toujours aider et se rendre utile, en s'oubliant un peu, parfois. Ses amis lui font souvent des remarques à ce propos. « Tu ne devrais pas faire les devoirs de ce type, il profite de toi ! » ou encore « Pourquoi as-tu donné deux gallions pour le club de bavboules de l'école ? Tu n'y es même pas inscrit ! » sont des choses qu'il entend à longueur de journée.

Saul souriait. Qu'est-ce que ce garçon était gentil ! On pourrait lui cracher dessus, il continuerait à sourire ! Enfin, il cachait bien son jeu !

« Qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi est-ce que je prendrais les gens de haut ? C'est absurde, tu le sais bien. »

Alexandre regarda Saul, sidéré. Maintenant il faisait le garçon parfait. Il l'énervait. Il détournait son regard du Serdaigle pour se replonger dans son devoir, espérant le faire partir. Cependant, il ne partit pas. Alexandre sentait qu'il a allait devoir le supporter jusqu'au repas.

« Dis, est-ce que tu veux que je te prête une plume ? Tu as l'air de... »

Le Serpentard tourna de nouveau son regard vers Saul, le regard noir. Cela le coupa dans sa phrase. Il leva les mains, l'air désolé.

« Non, laisse tomber, tu n'as pas besoin de mon aide, je suis désolé ! C'est un réflexe. »

Il continua de le regarder, les sourcils froncés et le regard noir. Une vrai tête à claque ce gars ! Cependant, une idée vint à l'esprit d'Alexandre. Saul aimait trop aider les autres. Et ça, il pourrait facilement l'exploiter. Son regard s'adoucit. Par contre, il ne souriait pas. Il ne fallait pas forcer, cela aurait eu l'air complètement faux. Saul savait qu'Alexandre ne souriait que très rarement.

« C'est pas grave. C'est moi qui suis un peu dur. »

Le Serpentard doutait que cette technique marcherait. Mais au point où en était leur relation, cela ne pouvait pas être pire. Et Saul était trop gentil et altruiste pour refuser. Il connaissait plein de Serpentard qui avait recours à cette technique pour leurs devoirs.

« Je suis un peu tendu en ce moment. Avec tout ces devoirs... Mes parents qui me mettent la pression par rapport à mes notes. Ils tiennent absolument à ce que j'ai au moins cinq BUSEs dont trois Efforts Exceptionnels... Et l'histoire de la magie, ce n'est vraiment pas mon truc... »

Alexandre était assez bon acteur. Il mêlait la réalité au mensonge très bien. Cependant, il savait que Saul était observateur. Il craignait qu'il devine tout de suite son petit jeu. Il avait quand même été ami un peu plus d'une année avec lui. Le Serdaigle avait pu apprendre à le connaître plus que quiconque.

Saul arque un sourcil, surpris de voir Alexandre aligner trois mots sans le remballer. C'est une bonne chose, peut-être sont-ils sur la bonne voie, qui sait ?
« C'est pas grave, fait le Serpentard. C'est moi qui suis un peu dur.
— Aucun problème », répond Saul avec sincérité.
Puis Alexandre se met à expliquer au Serdaigle les raisons de son comportement. Les devoirs, la pression de ses parents, et les BUSEs qui arrivent à grands pas. Saul compatit, lui aussi a bien l'impression de crouler sous les devoirs, cette année mais il gère visiblement mieux la situation que son camarade.
Cependant, le Serdaigle n'est pas dupe... Le comportement d'Alexandre est un peu trop louche pour être honnête. Saul a été habitué à se faire repousser à chacune de ses tentatives pour arranger les choses entre eux, et là, maintenant qu'Alexandre a besoin d'un coup de main en Histoire de la magie, il joue les gentils. Qu'importe, si ça peut aider à leur réconciliation, Saul est prêt à jouer le jeu avec plaisir. Dans sa tête, la voix de Mairead lui tonne de ne pas se faire avoir mais il la fait taire en prenant place devant le Serpentard.
« Je sais que tu peux parfaitement te débrouiller tout seul, fait Saul, mais si tu as besoin d'un coup de main, n'hésite pas. On a eu à faire ce devoir, la semaine dernière, c'est encore frais dans mon esprit. Enfin c'est comme tu veux. »

Quand Saul s'assit en face de lui, Alexandre sut directement qu'il allait obtenir ce qu'il voulait. Le Serpentard manipulait le Serdaigle ? Bien sûr que non ! C'était ce dernier qui s'était assis pour l'aider, sans qu'il n'est rien demandé. Il ne l'avait forcé en rien. Qu'est-ce qu'il y avait de mal là-dedans ?

« Je sais que tu peux parfaitement te débrouiller tout seul, mais si tu as besoin d'un coup de main, n'hésite pas. On a eu à faire ce devoir, la semaine dernière, c'est encore frais dans mon esprit. Enfin c'est comme tu veux. »

Certes, Alexandre n'avait peut-être pas besoin d'aide. Mais quand on avait un garçon tel que Saul en face de nous, il fallait en profiter. Et il se fichait de ce que le Serdaigle pouvait penser de lui.

« Ce serait vraiment gentil de ta part de m'aider. Je dois rendre ce devoir demain et j'ai été malade ces quatre derniers jours. Et il y a une tonne de devoirs qui s'est accumulé, je ne m'en sors plus. » dit-il avec désarroi.

Ce n'était pas vraiment faux. Il était bel et bien tombé malade: une rhinopharyngite. Mais il exagérait un peu sur les devoirs: il n'était pas déborder. Il ne se noyait clairement pas dans les feuilles de cours. Mais ça, Saul ne pouvait pas le contredire: il n'en savait rien. Cependant, au fond de lui, Alexandre se sentait mal de faire cela. Une partie de lui disait que c'était mal de faire ça, qu'auparavant, c'était presque son meilleur ami. Et une autre lui assurait qu'il faisait le bon choix. Saul l'avait manipulé, l'avait pris pour son faire-valoir, ill ne méritait pas d'être son ami.

« Pas de problème, répond Saul, un sourire au coin de ses lèvres. Je dois encore avoir mes brouillons, je vais aller vérifier. »
Alors il quitte la table du Serpentard et se dirige vers sa propre table où il a posé son sac quelques minutes plus tôt. Un peu plus loin, il croise le regard d'Emmeline qui secoue vigoureusement la tête de droite à gauche, les sourcils froncés, comme pour le mettre en garde qu'il est en train de faire une connerie. Saul hausse les épaules, lui sourit puis se détourne avant de s'emparer de son sac et de ses grimoires. Peut-être qu'il a tord de faire ce qu'il fait, bien sûr, mais peut-être que non.
Il revient à la table d'Alexandre et reprend place là où il s'était installé avant. Il ouvre son sac et en sort quelques parchemins, tous bien ordonnés car Saul est très méticuleux quant à ses affaires de cours, et pas que, d'ailleurs.
« Alors, laisse-moi regarder... dit-il en inspectant chaque parchemin. Ah, voilà ! Toutes mes notes sur le Sommet du Conseil des Sorciers. »
Saul hésite. Il pourrait lui tendre le parchemin et le laisser se débrouiller tout seul à recopier tout ce que le Serdaigle y a noté. Ou ils pourraient travailler ensemble et ainsi avoir l'occasion de discuter un peu plus longuement, car c'est le but recherché par Saul en se faisant avoir volontairement par son ancien ami.
Le Serdaigle opte alors pour l'option deux.
« Où est-ce que tu as du mal ? demande Saul. Où en es-tu, exactement, dans tes recherches ? »

« Pas de problème, répond Saul, un sourire au coin de ses lèvres. Je dois encore avoir mes brouillons, je vais aller vérifier. »

Saul se leva et se dirigea vers sa table. Alexandre avait réussi à obtenir ce qu'il voulait, il était satisfait. Le Serdaigle revint rapidement avec son sac. Le Serpentard savait qu'il était très ordonné, contrairement à lui qui avait tendance à tout laisser traîner. Bien que des fois il lui arrivait d'avoir des pulsions ménagères. Dans ces cas-là, il ne faisait pas que ranger son désordre. Non ! Il réorganisait toutes ses affaires, passait le balais, le plumeau, nettoyait les carreaux, refaisait la décoration...
En parlant, Saul sortit ses parchemins de brouillon et trouva rapidement ce qui l'intéressait. Alexandre aurait voulu que l'élève modèle lui donne son brouillon et parte. Mais il en fut autrement. Il resta pour l'aider. Il devait s'y attendre: le Serdaigle avait toujours espoir de renouer une amitié ! Mais maintenant, Alexandre ne pouvait plus reculer et dû le supporter.
Le Serpentard expliqua où il en était. Il avait pris quelques notes mais n'osait pas les lui montrer. Elles étaient bourrées de fautes d'orthographe. Il avait la malchance d'être dyslexique. Il n'en avait jamais parlé à Saul en première année, ni en deuxième. Il ne voulait pas donner au Serdaigle une raison pour le ridiculiser.

« J'ai commencé par parler du contexte historique du XIVème siècle. Mais je ne suis pas sûr que j'aie été assez précis. Donc si tu pouvais me montrer ce que tu as fait, pour voir si j'ai pas oublié des trucs. »

Le Serpentard s'efforçait d'avoir l'air gentil en Saul et en évitant de montrer ses notes. Pour l'air gentil, ce n'était pas trop ça: il était extrêmement froid. Il aurait vraiment voulu que le Serdaigle le laisse tranquille.

Lorsqu'Alexandre lui demande de lui donner ce qu'il a rédigé (d'une voix plutôt froide mais Saul n'y prête guère attention), le Serdaigle se contente de sourire, d'un sourire qui veut dire qu'il a très bien compris le petit manège de son camarade mais qu'il va faire comme s'il n'avait rien demandé. En temps normal, peut-être qu'il aurait cédé et qu'il lui aurait même donné tout son devoir à recopier sans rien dire mais les sermons de Mairead résonnent encore dans les oreilles du jeune sorcier, peut-être que les méthodes de son amie sont en train de porter leurs fruits, après tout.
« Tu n'es pas sûr d'avoir été assez précis ? demande Saul en fronçant les sourcils, en prenant bien soin de garder son parchemin de son côté de la table. Qu'est-ce que tu as mis, exactement ? Pour ma part, je me suis pas mal aidé de ce bouquin... »
Il attrape l'un des nombreux grimoires déjà présents sur la table d'Alexandre, lit le titre pour être sûr qu'il s'agit bien du livre dont il parle, puis le tend au Serpentard par dessus toutes leurs affaires.
« Il m'a beaucoup aidé, ajoute-t-il en hochant la tête. J'y ai trouvé le plus gros de ce que je recherchais. Tu l'as déjà lu ? »
Saul essaye de rester positif et souriant, même s'il a l'impression de discuter avec un mur. Pas un mur avec une jolie tapisserie fleurie comme on peut en trouver dans certaines maisons, non, un véritable mur de pierre, gris et froid. Et c'est assez déstabilisant. Mais Saul tient bon, il a toujours l'espoir de retrouver son ami de première année.

Le Serdaigle souriait. Alexandre le savait, il n'allait pas obtenir les réponses de Saul aussi facilement. Ce dernier ne semblait pas décider à tout simplement donner son devoir. Le Serpentard en était sûr, c'était à cause de Mairead ! Qu'est-ce qu'elle l'énervait comme fille !
Saul prit un des livres dans la pile, regardait de quoi il s'agissait. Puis il le lui recommanda. Le parchemin du Serdaigle valait tout les livres. Alexandre faisait un peu la tête. Saul était quand même entrain de lui apprendre à faire des recherches, comme si le Serpentard était stupide.

« Mais je vais pas lire tout ça ! T'as vu la taille du livre ? »

Il prit le livre pour le feuilleter. Le Serpentard était à peu près sûr que ce livre était plus lourd que lui. Il essayait toujours de convaincre Saul mais c'était peine perdue ! Il le savait. Mais cela coûtait quoi d'encore essayer ?

« Tu sais, Saul, je n'ai pas envie que ça me prenne toute la soirée. Je pense que tu peux comprendre. »

Alexandre jouait la carte de l'honnêteté (mais pas trop). Et on notera l'utilisation du prénom de son interlocuteur. Etait-ce une technique de manipulation ou la preuve d'une certaine affection ? On ne pouvait être sûr de rien, bien que la première option semblait plus vraisemblable au vu de leur relation. A quel point Alexandre avait-il été influencé pour devenir comme cela ? En première année, Saul était quand même un de ses amis les plus proches à Poudlard.

« Mais je vais pas lire tout ça ! se plaint Alexandre. T'as vu la taille du livre ?
— Je l'ai lu, moi », rétorque Saul d'une voix un peu sèche, sans toutefois se départir de son sourire.
D'ordinaire il n'est pas du genre à être un peu froid avec les autres, au contraire, il est toujours positif et enclin à aider mais l'attitude d'Alexandre, qui n'y met pas du tout du sien, commence à irriter un peu le Serdaigle qui se demande si tous les efforts qu'il est en train de déployer ne sont pas vains.
« Tu sais, Saul, reprend Alexandre, je n'ai pas envie que ça me prenne toute la soirée. Je pense que tu peux comprendre. »
Saul ne répond rien pendant quelques secondes, tiraillé qu'il est entre les deux choix qui s'offrent à lui : soit aider son ancien ami et lui donner son devoir (et dans ce cas là il se fait avoir), soit prendre son courage à deux mains et refuser d'aider Alexandre qui, soyons honnête, ne mérite pas du tout que Saul lui donne un coup de main. Après tout, le Serdaigle est à peu près certain de n'avoir rien fait de mal pour qu'Alexandre soit aussi odieux avec lui. Il n'a jamais changé, c'est Alexandre qui est devenu différent en traînant avec quelques Serpentard de mauvaises réputations. Mais Saul ne le juge pas, il voudrait juste pouvoir retrouver son ami.
Finalement, il décide que cette fois-ci, il ne se fera pas avoir.
« Tu as raison, je te fais perdre plus de temps qu'autre chose, dit Saul en commençant à ranger ses affaires. Je vais te laisser travailler, je suis sûr que toi aussi tu réussiras à avoir un Optimal à ton devoir, de toute façon. »
Puis Saul se lève et s'apprête à quitter la table du Serpentard...

Saul semblait un peu froid à l'égard d'Alexandre. Son silence en disait long. Le Serdaigle commença à ranger ses affaires.

« Tu as raison, je te fais perdre plus de temps qu'autre chose. Je vais te laisser travailler, je suis sûr que toi aussi tu réussiras à avoir un Optimal à ton devoir, de toute façon. »

Ce fut à ce moment là que le Serpentard se rendit compte qu'il était allé trop loin. Il regrettait de ne plus avoir Saul comme ami. Ce n'était pas pour faire ses devoirs, il s'en fichait même un peu. Mais il regrettait d'avoir perdu une bonne personne. Alors que Saul se levait et s'apprêtait à partir, Alexandre le retint en levant brusquement et en attrapant son poignet.

« Non reste ! » supplia presque le Serpentard en regardant le Serdaigle dans les yeux.

Il avait l'impression de faire pitié, ce qui était certainement le cas. Mais il ne voulait pas laisser partir Saul. Quelque chose l'empêchait de le laisser partir. En tout cas, dans ces circonstances. Peut-être la culpabilité ? Une quelconque affection ?

« Je vais faire le devoir seul. Mais reste avec moi, s'il te plait. »

Pour une fois, Alexandre était sincère. Il n'essayait pas de manipuler Saul. Le Serpentard avait peur d'être devenu complètement mauvais. Il avait peur de se retrouver seul. Peut-être que le jeune homme n'était pas si irrécupérable que cela ? Il y avait de grande chance qu'il fasse comme si il ne s'était rien passer et continue à traiter le Serdaigle de la même manière que depuis un peu plus de deux ans.

L’ « Anthologie des Enchantements au XVIIIe Siècle » allait bientôt retrouver les rayons poussiéreux de la bibliothèque d’où Mairead l’avait sorti. Emprunté pour un devoir qu’elle devait rendre à Flitwick la semaine suivante – et auquel elle n’avait plus qu’à ajouter une conclusion digne de ce nom, elle avait tout intérêt à le ramener à Madame Pince le jour-même si elle ne voulait pas être en retard et déclencher les foudres de la bibliothécaire.

Une fois sa tâche accomplie, elle se mit en quête d’autres ouvrages qu’elle souhaitait parcourir. Elle sortit un bout de parchemin de la poche de sa robe de sorcière et commença à déambuler dans les allées. Elle venait de dénicher le « Guide du Guérisseur » quand elle entendit une voix familière. Jetant un oeil à travers les rayonnages, elle reconnut la chevelure et la silhouette de Saul. Ne l’ayant pas vu de la journée, elle sourit et s’apprêta à aller le saluer quand elle vit qu’un autre élève était assis près de lui. Son profil fit grincer les dents de la jeune fille. Qu’est-ce que ce manipulateur voulait encore à son ami ? Elle continua à les espionner brièvement et eut un moment de fierté quand Saul se leva, manifestement prêt à partir. Mais le perfide en face de lui ne semblait pas l’accepter. Connaissant les faiblesses de ce garçon, souvent trop gentil pour exprimer un refus, Mairead, énervée, décida de les rejoindre.

« Oh, que vois-je ? Un serpent et sa proie… » elle détestait les bruits parasites dans la bibliothèque habituellement calme et répugnait à y faire du vacarme. Elle n’hésiterait cependant pas à tout retourner si le besoin se faisait sentir.

Elle abandonna son ton faussement enjoué, teinté d’ironie et ajouta d’une voix sèche : « Bon. Qu’est-ce que tu veux, Rozen ? » N'attendant pas sa réponse, elle poursuivit, en se retenant beaucoup pour ne pas monter le ton : « Tu as un devoir à faire faire à Saul ? Un service à lui demander ? Peut-être que tu pourrais aussi lui demander sa robe et sa baguette, là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. À moins que tu ne veuilles récupérer ton jouet ? Et puis si tu t’en lasses dans deux semaines, tu pourras toujours le jeter sur les murs et lui marcher dessus pour voir comment il réagit. Ça devrait être amusant ça, pas vrai ? »

Alors qu'Alexandre tenait le poignet de Saul pour l'empêcher de partir, un élément perturbateur se fit entendre, pour le plus grand malheur du Serpentard. C'était cette tête à claque de Mairead. C'était bien l'une des personnes qu'il avait le moins envie de voir.

« Oh, que vois-je ? Un serpent et sa proie… » dis la jeune fille d'un ton ironique et teinté de mépris.

Alexandre lâcha le poignet de Saul, fortement agacé et tournait son regard vers la nouvelle et pas bienvenue arrivante. Heureusement que le Serpentard n'eut pas été un basilic, la jeune Aubrey aurait déjà rendu l'âme.

« Bon. Qu’est-ce que tu veux, Rozen ? » dit-elle plus sérieusement « Tu as un devoir à faire faire à Saul ? Un service à lui demander ? Peut-être que tu pourrais aussi lui demander sa robe et sa baguette, là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. À moins que tu ne veuilles récupérer ton jouet ? Et puis si tu t’en lasses dans deux semaines, tu pourras toujours le jeter sur les murs et lui marcher dessus pour voir comment il réagit. Ça devrait être amusant ça, pas vrai ? »

Le ton de la Serdaigle ne lui plaisait pas du tout. D'autant plus que sa relation avec Saul ne la regardait pas. Il se redressa pour faire face à Mairead. Alexandre fit le sourire le plus hypocrite et le plus faux de toute l'histoire de Poudlard, laissant apparaître ses fossettes tout en cachant ses dents. Ces déformations musculaires lui donnaient un charme que personne n'aurait pu dénier. Ce n'était pas un vrai sourire sincère, sinon, on aurait pu voir ses dents.

« Tu te prends pour une justicière, Aubrey ? »

Son ton était des plus cassants, son regard des plus froids. Qu'est-ce qu'il n'aimait pas cette fille ! S'il aurait pu, il lui aurait fait cracher des limaces. Mais c'était bien trop petit d'agir ainsi. Et puis, cela lui aurait apporté des ennuis. Et il devait se montrer plus digne que cela.

« Tu devrais te mêler de tes affaires. Ce qui se passe entre Funestar et moi ne regarde que nous. Et il peut se débrouiller sans toi, c'est un grand garçon. Il n'a pas besoin que tu sois dans ses pattes. Ne crois pas que tu as tout les droits sous prétexte que c'est ton "ami". »

Il faut dire qu'Alexandre censurait le chapelet d'insultes et de paroles méchantes qui lui venait à l'esprit. De toute façon, cela n'apporterait rien, cela aurait juste été une preuve de sa haine et d'un manque d'argumentation. L'objectif était de casser en restant à peu près correct.