Lorsqu'Alexandre le serre dans ses bras, l'estomac du Serdaigle se noue et le rouge lui monte aux joues. S'il est novice dans le relationnel avec les filles, il l'est encore plus avec les garçons. Il a déjà encaissé un baiser fougueux, il est peut-être encore trop tôt pour les accolades... Alors il se recule de quelques centimètres et prend soin de serrer son sac de cours contre son ventre, ses deux mains cramponnées à la sangle de cuir. Bien sûr il ne se départit pas de son sourire. Alexandre semble recouvrer sa bonne humeur et sa joie est communicative. Même s'il sait que ses amis l'attendent à l'extérieur, après un rapide coup d'oeil vers la porte de la salle, Saul décide de rester un peu en compagnie du vert et argent. « Eh bien, je pense avoir trouvé, oui. Tu te souviens quand je te racontais la passion de mon oncle pour le temps ? Je crois qu'il m'a contaminé ! C'est devenu mon sujet de prédilection, si tu savais comme le sujet est vaste et riche dans le domaine de la magie ! Mais... Et toi alors, raconte-moi ? Où en es-tu dans ta vie, à présent ? »

C'est avec attention que j'écoute mon ami parler. Je trouve ça vraiment super qu'il ait commencé à trouver sa voie. Je me souviens encore quand il me parlait de son oncle. Il avait les yeux qui brillaient à son évocation. Je pense sincèrement qu'il l'admirait et c'est encore certainement le cas aujourd'hui. Et je le comprends, j'ai envie de dire. Il a été notre professeur de défense contre les forces du mal cette année et je pense qu'il m'a tout l'air d'un homme admirable. De toute façon si Saul l'admire, c'est qu'il y a une bonne raison.
Le temps. Vaste sujet, en effet. Même si j'ai envie de contredire Saul en lui disant que ce n'est pas seulement un sujet vaste d'un point de vue magique. Il est aussi un sujet très vaste d'un point de vue philosophique. -Tu vas trop loin.- Je ne lui dis rien sur cela, je le ferais peut-être plus tard. De toute façon, il n'est pas bête. Il sait que le temps n'a pas seulement une dimension magique. J'esquisse un sourire.
Il me demande alors où j'en suis dans ma vie. Vaste question, aussi.
« Bah écoute... Ma vie n'a pas beaucoup changée. A part qu'elle est plus nulle qu'avant. Mais je pense aussi avoir trouvé ma voie. Ça risque de pas plaire à mon père. Je t'avais parler qu'il voulait que je sois auror, tu vois. Je commence à avoir d'autres projets. Tu vois, la mort est pour moi ce qu'est le temps pour toi. P*tain, je m'intéresse à un sujet tellement glauque par rapport à toi ! »
Quoique la notion de temps telle que les Hommes l'ont pensé n'existerait pas sans la mort, d'une certaine façon. Ça me mettrait presque mal à l'aise de parler de mon intérêt pour la mort. Je n'ai pas envie de passer pour quelqu'un qui n'aime que les trucs glauques. Je laisse mes doigts s'entremêler entre eux.

Dragées:

Saul hoche la tête lorsqu'Alexandre lui fait part de son attirance pour ce sujet vaste et passionnant qu'est la mort. Il est vrai que c'est un sujet intéressant qui est bien loin d'avoir dévoilé tous ces mystères et Saul comprend aisément que l'on puisse se pencher dessus avec un vif intérêt.
« La mort en soi, ce n'est pas glauque. C'est la suite logique à la vie, je dirais même que c'est la vie, tout simplement. C'est un peu comme le temps, la mort en est la fin et je paraîtrais bien prétentieux si je te disais que c'est justement ce à quoi j'essaye d'échapper. Enfin, échapper, non. Disons que j'aimerais la contourner. Faire en sorte qu'il n'y ait plus de ligne conductrice, un début et une fin et nous sur cette ligne allant d'un point à un autre sans jamais pouvoir revenir en arrière. Ce que je veux, c'est modifier la courbe du temps, et la magie le permettra, j'en suis persuadé. »
Puis Saul se tait soudainement, grimace, fixant Alexandre pour tenter de sonder ses sentiments, choses que le Serdaigle a toujours du mal à déceler chez les gens. Il se demande s'il n'a pas trop parlé, c'est ce qu'on lui reproche très souvent, d'être soporifique lorsqu'il se met à déblatérer durant de longues minutes sur ses recherches qui le passionnent lui et pas forcément les autres. Alors il serre un peu plus fort la sangle de son sac entre ses doigts.
« Peut-être que nous pourrions nous retrouver un de ces jours afin de confronter nos recherches, comme elles sont complémentaires, peut-être que ça nous aiderait mutuellement, dit-il en souriant doucement. D'où t'est venu cette passion, d'ailleurs ? »

J'écoute attentivement le discours de Saul. Un discours très éloquent, je ne dirais pas le contraire, même si je pense que certains points mériteraient d'être approfondis. Des questions restent sans réponse. Je me doute bien qu'il n'a pas forcément le loisir de me faire une conférence de deux heures sur le sujet. Parce que est-ce que la mort marque vraiment la fin du temps ? Est-ce que le temps a une fin même ? Si nous, humains, disparaissons de la surface de la terre, cela ne veut pas dire que le temps s'arrêtera. Ce sera juste la notion de temps qui n'existera plus. Saul me dit qu'il veut échapper à la mort, cela me fait fortement tiquer. Mais il se rectifie donc ça passe.
Puis, il se tait soudainement en me fixant. Ah, il veut que je réponde quelque chose ? Je crois qu'il veut s'assurer qu'il n'est pas entrain de m'ennuyer. C'est gentil de s'en soucier, mais ce n'est pas le cas.
« Modifier la courbe du temps me paraît être une chose très ambitieuse. Et dangereuse par dessus le marché. J'ai de moins grandes ambitions. Je me pose juste un tas de question. Si notre corps et notre esprits sont amenés à mourir, qu'en est-il de notre âme ? L'idée courante est de dire qu'elle est immortelle mais je doute de la véracité de cette affirmation. Quel est le réel lien entre l'amour et la mort ? Le temps et la mort ? Enfin bref, le sujet est vaste. »
C'est sûr que cela serait intéressant de confronter nos recherches, comme le dit Saul. C'est une proposition qui m'intéresse, forcément. On réfléchit mieux à deux cerveaux. Je lui souris.
« D'où t'est venu cette passion, d'ailleurs ? »
« Bonne question ! C'est peut-être en lisant des livres sur le sujet... Je crois que mon arrière-grand-père m'influençait déjà de son vivant. »
J'ai déjà parlé de mon arrière-grand-père à Saul, surtout après sa mort. Avant notre deuxième année, je ne lui en avais pas plus parlé que ça. Mon père a toujours vu d'un mauvais oeil ma relation privilégiée avec son grand-père, je n'ai jamais compris pourquoi. Faut dire que j'étais le seul à pouvoir le tutoyer.

Dragées:

Saul hoche la tête d'un air entendu, car il est d'accord sur le fait que le sujet est vaste. Puis lorsque le Serpentard mentionne son arrière grand-père, il sourit, se souvenant bien de tous les éloges qu'Alexandre a pu lui faire au sujet de son aïeul. Il s'apprête d'ailleurs à en faire la remarque lorsqu'une voix se fait entendre derrière lui.
— Saul ? Tout va bien ?
Saul sursaute, se tourne vers la porte de la salle qu'il découvre entrouverte, la tête de Mairead dépassant par l'entrebâillement.
— Euh, oui oui, tout va bien, répond-il dans un sourire qui se veut rassurant.
— On va être en retard pour le dîner, si on doit repasser par la salle commune d'abord...
Saul ne remarque pas le regard noir qu'elle lance en direction d'Alexandre ou s'il le remarque, il ne l'interprète pas comme tel. Lui-même se tourne vers le vert et argent et d'un haussement d'épaules couplé d'un sourire, il lui fait comprendre qu'il n'a pas le choix de filer.
— On se voit plus tard ?
Pendant un instant, il hésite, se demande s'il doit lui serrer la main, lui faire une accolade ou quoi, alors dans le doute, il se contente d'un petit signe timide de la main avant de quitter la petite pièce et de rejoindre ses camarades de maison.
— Alors, qu'est-ce qu'il voulait ? demande Emma.
— Il ne t'a pas embêté, hein ? s'inquiète Mairead. Sans quoi, je vais le voir tout de suite, et...
— Non, c'est bon, la coupe Saul, il voulait juste s'excuser.
— S'excuser ? Rozen ?! s'exclame les filles d'une même voix et Saul pouffe de rire.
Et tous de déblatérer sur les possibles mauvaises intentions du Serpentard tandis qu'ils montent les marches menant à la salle commune des bleus et bronze. Le sorcier ne les écoute pas vraiment, peine à garder son attention sur la conversation quand dans sa tête il se repasse en boucle le baiser inattendu qu'il vient d'échanger avec Alexandre.