Septembre 1974

Cela faisait deux semaines qu'elle travaillait pleinement en tant que médicomage au service des empoisonnements par potions et plantes. Les premiers jours avaient été compliqués. Il fallait s'adapter rapidement pour suivre le rythme et assurer le suivi des patients. A 22 ans, Carina ne manquait pas d'énergie et de bonne volonté. D'autant plus que ce travail servirait également à accomplir un autre projet ambitieux : adopter sa nièce. Ce qui n'était pas une mince affaire également. Ainsi, elle prenait ses marques. Elles connaissait les noms de certaines des secrétaires et infirmières. Elle avait en tête les noms des différents services avec leurs étages quoiqu'il lui arrivait encore de se perdre entre les bureaux et descendait même au mauvais étage. Elle avait hâte que les habitudes s'installent. Car cela la fatiguait plus qu'autre chose et lui faisait perdre un temps précieux. Mais ce qui l'inquiétait davantage, c'était les repas. Elle ne savait pas quoi choisir ou se préparer. Ainsi, elle se retrouvait souvent devant le menu du self de l'hôpital à hésiter longuement et relire encore et encore les différents plats. Ce jour-là ne fit pas exception.

Elle se retrouva plantée devant le menu qui défilait sous ses yeux. La vérité était toute simple. Elle ne savait absolument pas. C'était comme lui demander d'arrêter de respirer. Choisir lui était important. Rien d'étonnant que la veille, elle se soit retrouvée avec une salade de tomates et une salade de carottes râpées, et le midi d'avant encore avec un jus de fruit et une limonade. Pourquoi ne proposaient-ils pas un menu type pour tous les employés de l'hôpital ? Au moins, elle n'aurait pas du mal à se décider. Elle avait déjà fait attendre au moins cinq minutes les gens derrière elle... Il fallut admettre que ce problème devenait particulièrement encombrant. Cela se produisit encore. Quelqu'un la stoppa dans son introspection. Elle reçut un coup dans le dos. D'habitude on lui tapotait sur l'épaule.  “Je sais que je prends du temps, mais ce n'est pas une raison pour me frapper !” Dit-elle simplement pour faire face à une superbe blonde. Une superbe blonde qui lui était familière et qu'elle reconnaîtrait entre milles ! “Alba ? C'est bien toi ?” L'une des rares personnes à lui avoir parlé à Poudlard. Plus encore, une des rares à lui avoir accordé son amitié. Elle n'en croyait pas ses yeux, ni vraiment ses oreilles. Elle fronça les sourcils. Quelle ironie. Elle pensait l'avoir perdue à tout jamais, et à présent, elle se tenait devant elle avec son plateau. De toute évidence, elle l'avait frappé avec elle. Peut-être bien involontairement. Elle la connaissait... enfin ! “J'ignore si tu me reconnais, mais je suis Carina. Nous étions amies à Poudlard. Nous suivions le même cours d'étude des moldus.” Avant que son père ne la force à abandonner cette matière et ne la coupe d'Alba. Sa meilleure amie, il fut un temps. Et c'était bien elle. Avec quelques années de plus et des yeux toujours éclatants. “Je... Je ne savais pas que tu travaillais à Sainte Mangouste.” Dit-elle timidement comme l'enfant qu'elle avait été à Poudlard. Parfois, l'adolescente réapparaissait. Pas longtemps certes. Mais il y avait quelque chose qu'Alba lui inspirait ce jour-là qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps : la nostalgie de Poudlard, de la culpabilité également...