Tu étais vraiment un troll quand tu t’y mettais, Ewan Forks. Un vrai troll ! Comment avais-tu pu oublier de faire signer par tes parents l’autorisation de sortie à Pré-au-Lard ?! C’était tout simplement inimaginable ! Tout le monde en parlait, que ce soit dans la salle commune ou n’importe où dans le château. Mais toi, non, il avait fallu que tu penses à autre chose, que tu te dises que tu avais encore le temps jusqu’à ce que tu oublies totalement.

Alors tu étais là, sur ton lit certes confortable mais bien moins accueillant que les ruelles étroites au charme typique de Pré-au-Lard, à ruminer ton désarroi, ton dégoût et ta colère qui n’était pas uniquement dirigée contre toi-même. En effet, ton frère méritait amplement que tu lui fasses la gueule pendant au moins une semaine vu que lui avait pensé à donner son autorisation. Mais ce botruc n’aurait pas pu te rappeler de la donner aussi ?! Non ! Il avait fallu qu’il n’en fasse qu’à sa tête et voilà qu’il arpentait les rues de Pré-au-Lard sans toi. Rhaaaa ! Tu étais en colère. Vraiment en colère.

Ça faisait peut-être une heure voire même plus que tu étais couché sur ton lit, les yeux rivés au plafond, incapable de faire quoi que ce soit d’autre que de ruminer ta rancœur. Il fallait que tu fasses quelque chose, que tu oublies tout ça. Il fallait trouver de quoi t’occuper. Lire un livre ? Oh non, tu n’aimais pas ça du tout. Réviser tes cours ? Tu avais bien mieux à faire même si ç’aurait été une belle revanche que de prendre de l’avance par rapport à tous ceux qui passaient du bon temps hors des murs du château.
Alors peut-être était-ce le meilleur moyen de te vider l’esprit : aller dehors toi-aussi. Certes, pas à Pré-Au-Lard mais faire un tour du Lac te changerait grandement l’esprit. Soudainement décidé à faire quelque chose, tu te levas d’un bond, attrapas ta cape et ton écharpe jaune canari car en cette fin octobre, l’air devenait frisquet et te dirigeas vers les portes de la salle commune.

C’est alors que, dans l’escalier, un élève manqua de te renverser alors qu’il montait les marches quatre à quatre. Aussi surpris que toi, il s’arrêta net. C’était Sturgis. Ou Pod’, oui Pod’ c’est bien mieux.
- Tiens Forks ! T'est pas allé à Pré-au-Lard ? Tu y allais à chaque fois l'année passée pourtant !
Tu lui adressas un regard interdit. La question te surprenait bien trop pour que tu lui répondes sèchement.
- Heu bah …
- Tu voudrais pas m'accompagner ? J'ai vraiment besoin d'y aller. On passe par la statue de la sorcière borgne et ni vu ni connu ! Faut juste pas se faire repérer.
Tes yeux s’illuminèrent soudain d’un éclat nouveau. Aller à Pré-au-Lard ? Pod’ connaissait un moyen ? Y aller ensembles ? Genre en mission d’infiltration ? Tu en oublias aussitôt toute ta rancœur alors qu’un sourire malicieux s’étira sur ton visage.

Tu passas vivement ton écharpe autour du cou et descendis les escaliers quatre à quatre. Tu te retournas alors vers Pod’ et lui lanças :
- Vas vite chercher ta cape, on a pas de temps à perdre !
Si vous vous dépêchiez, vous pourriez encore avoir largement le temps de trainer chez Zonko, acheter quelques patacitrouilles chez Honeydukes et profiter d’une bièraubeurre aux Trois-Balais. Mais encore fallait-il que vous ne soyez pas interpelés par Picott ou McGonagall …

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Spoiler:

Enfreindre les interdits, désobéir aux règles, ce n’était pas franchement dans tes habitudes mais il fallait croire que trainer avec Theo commençait à avoir un certain effet sur toi. Et puis, on n’allait pas se le cacher, tu étais bien trop frustré de ne pas pouvoir aller à Pré-au-Lard légalement pour refuser la proposition de Pod’. Il y aurait des risques, tu en étais conscient mais par Merlin ! Il fallait bien s’amuser un peu (et surtout refaire ton stock de bonbons avant que tu ne retournes sur ta charmante mais très petite île où tu ne risquais clairement pas de trouver patacitrouilles et autres chocogrenouilles).

Tu avais donc dévalé les escaliers à l’instant-même où Pod’ te demanda de l’accompagner. Tu pensais que ta réaction était évocatrice et que le cinquième année allait te suivre dans la foulée mais ce n’était pas le cas. Ton imprévisibilité l’avait comme stupéfixé. Ne tenant plus, tu te retournas et l’enjoignit sans vraiment de discrétion (car de toute façon, ça n’avait jamais été ton fort) de se dépêcher pour te rejoindre.

En moins de temps qu’il n’en faudrait pour dire "Quidditch", Sturgis était de nouveau en bas de l’escalier, équipé de sa cape et de son écharpe bariolée, prêt pour cette mission d’infiltration à Pré-au-Lard.
Vous sortîtes de la salle commune avec l’air le plus naturel du monde et tu laissas alors Pod’ te guider à travers le dédale de couloirs jusqu’au dit-passage secret qu’il ne tarda pas à mentionner.
- Baaah en fait j’en ai déjà entendu parler, lui expliquas-tu d’un air un peu vexé que quelqu’un de plus jeune que toi soit plus au fait des recoins cachés de Poudlard. Mais j’ai jamais su où il se trouvait. Et de toute façon, comme j’avais toujours les autorisations auparavant …
Tu étais un peu idiot de lancer ton acolyte sur le sujet de l’autorisation parentale. Il allait forcément te demander pourquoi alors, cette fois, tu n’avais pas eu le droit de partir comme un peu près les quatre cinquième de l’école à Pré-au-Lard et tu allais avoir le droit de lui expliquer toute l’histoire. Bien sûr, tu insisterais bien sur le fait que ton troll de frère avait refusé de te prévenir à temps alors que lui avait déjà rempli toutes les autorisations.

Alors que Pod’ te désignait une vieille statue d’une sorcière tout aussi vieille et bossue, le professeur Binns apparût au détour d’un couloir. Ton cœur s’emballa aussitôt. Tu imaginais déjà le petit fantôme vous demander ce que vous faisiez, accoutrés ainsi, à l’autre bout du château par rapport à la grande porte. Et bien sûr, tu te voyais déjà lui bégayer quelque chose de très très peu convaincant.
Toutefois, Pod’ adopta une démarche des plus naturelles, comme s’il était tout à fait normal de déambuler les couloirs avec une écharpe et un gros manteau et à ton grand soulagement, Binns passa à côté de vous sans même vous remarquer. Vous pûtes rejoindre la statue de la sorcière borgne en vous assurant, néanmoins, que le fantôme ne vous guettez pas d’une quelconque manière spectrale.

Sturgis n’attendit pas plus longtemps pour s’engouffrer dans le passage caché par le piédestal de la statue et, de peur que Binns ne revienne sur ses pas, tu suivis ton camarade dans la seconde alors que ce dernier riait sans que tu saches s’il se moquait de votre professeur ou de toi et de ta réaction très naturelle en le voyant.
- On a eu vraiment chaud, t’exclamas-tu une fois que tu eus refermé le passage secret. Heureusement que ce n’était pas McGo ! Elle nous aurait déjà trainés dans son bureau ! Lumos, prononças-tu pour allumer le bout de ta baguette. Le tunnel était assez étroit et sombre. Un bon nombre de toiles  d’araignée barraient le passage et tu fus bien heureux que Pod’ ouvrait la marche.

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« T'as au moins pas oublié ton argent ? » pensa à te demander Pod’ alors que vous veniez de vous engouffrer dans le tunnel et qu’il était difficile de faire demi-tour maintenant que vous aviez réussi à échapper aux rondes de Picott.
Soudainement affolé, tu plongeas une main dans une poche de ta cape. Rien. Une autre poche alors. Rien non plus. Oh non ! Tu pris ta baguette entre les dents pour te libérer les deux mains et ainsi fouiller toutes les poches de ta cape jusqu’au moment où tu entendis le doux tintement de quelques piécettes au fond d’une d’entre elles. Ouf, te voilà sauvé !
« Oui, c’est bon ! t’écrias-tu avant de soupirer de soulagement. » Ce ne serait certainement pas suffisant pour t’acheter tout ce que tu avais prévu mais au moins, tu pourrais tout de même revenir avec quelques patacitrouilles. Et de toute façon, tu n’allais pas dire à Pod’ de faire demi-tour uniquement parce que tu étais trop étourdi.

Soulagé, tu continuas alors de poursuivre ton compagnon à travers la pénombre et les toiles d’araignées. Jusqu’à ce que celui-ci s’arrête sans crier gare. Tu n’osais pas lui demander pourquoi il se stoppait ni même faire un bruit. Sturgis avait l’air d’écouter. Ce pouvait-il que Picott se soit aperçu que le passage secret venait d’être emprunté et qu’il se soit lancé à votre poursuite ? Oh non … Tout ça était une très mauvaise idée ! Tu eus envie de faire demi-tour mais la seule perspective de tomber nez-à-nez avec le concierge te poussa à rester aux côtés de ton compagnon d’aventure qui se remit en route sans un mot. Apparemment, rien de suspect. Mais ce n’était pas pour autant que tu étais rassuré …

Heureusement, voilà que vous arriviez au bout du passage.
Une minute plus tard, vous pouviez à nouveau vous tenir droit dans la réserve de chez Honeydukes. Pod’ avait des airs de vieux vampire sorti tout juste de son cercueil tant il était couvert de toiles d’araignées. « Sympa le look momie mais Halloween, c’est pas tout de suite, lui lanças-tu en retrouvant un brin de courage maintenant que vous étiez sorti du passage secret. » Comparé à lui, tu t’en tirais plutôt bien. Tu époussetas un peu ta cape qui était devenue grise de poussière et rajustas ton écharpe jaune vif.
Déjà Pod’ s’était approché de la porte menant à la boutique qu’il avait entr’ouvert, guettant une opportunité pour rejoindre la lumière. Tu posas une main sur son épaule et lui chuchotas pour te faire le plus discret :
« Peut-être qu’il vaudrait que j’y aille en premier, nan ? Je … passe plus inaperçu, tu crois pas ? Il fallait dire qu’avec autant de poussière et de toiles dans les cheveux, même s’il se faisait discret, Pod’ allait vite se faire remarquer, quand bien même Halloween était à moins d’une semaine de là. Restes là. Je te ferai un signe quand la voie est libre, lui indiquas-tu juste avant d’ouvrir la porte lentement en priant pour qu’elle ne grince pas –ce qu’elle ne fit pas, bien heureusement- et de t’engouffrer dans l’ouverture. »
Ton cœur battait la chamade mais tu fis ton maximum pour paraître le plus naturel possible. La boutique était pleine à craquer et c’était une chance car tu réussis à te fondre dans la masse sans que personne ne te remarque. Parfait. Pod’ pouvait monter sans problème. Jetant un coup d’œil à droite puis à gauche, t’assurant qu’aucun regard indiscret zieutait en direction de la réserve, tu lui fis un signe de la main, lui indiquant de se dépêcher.

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