Quirinus Quirrell, voilà le nom que le destin (poussé par son amie Moïra) avait sélectionné pour elle. Moïra, elle, avait évidemment tiré le nom de Sirius Black ! Parlez d’une injustice ! Depuis la rentrée, Marlene avait tout fait pour se défaire de ce gage dont elle avait cruellement été l’initiatrice. C’est que le but de la manœuvre était de les débarrasser, l’une comme l’autre, de l’embarras de ne jamais avoir embrassé aucun garçon. Sauf que Marlene l’avait déjà reçu entre temps son premier baiser, ainsi que son second, et son troisième ... L’obsession de Joseph Wilkes pour ses lèvres étaient devenues épuisantes. Elle se disait quant à elle qu’elle avait déjà embrassé pour toute une vie et se serait bien arrêtée là. Mais Moïra ne voulait rien savoir et Marlene la soupçonnait même de prendre un malin plaisir à la voir ainsi torturée. La dragonnière avait été clair. La seule chose qu’elle puisse faire pour se débarrasser de ce gage, c’était de l’honorer.

Marlene n’avait rien écouté du cours de potions qui venait de se terminer car elle était bien trop obsédée par cette histoire enfantine. Elle avait intérêt à vite corriger cette situation si elle ne voulait pas lamentablement échoué ses ASPIC l’année prochaine. Aussi la nécessité de se débarrasser de ce baiser le plus rapidement possible lui apparut nécessaire à sa réussite scolaire quand elle sortit du cours. Si Quirinus Quirrell n’était pas vraiment son genre de garçon car il était à la fois trop petit et trop timide ; elle était quant à elle persuadée d’être le genre de tous les hommes car souffrait, depuis qu’elle s’était débarrassée de son acné, de quelque problème d’égo. Alors elle se disait que l’affaire serait vite pliée si elle déployait le grand jeu. Elle sortit dans les premières du cours et attendit, appuyée contre le mur du cachot, que le brillant aiglon sorte de classe. Elle l’attrapa par la cravate dès qu’il passa sa tête hors de la porte d’une manière sans doute un peu plus violente que sensuelle (mais bon elle essayait hein !). « Wahow … Quirinus … Je n’avais jamais remarqué comme cette cravate bleue va si bien avec … hum … tes yeux … marrons ? ». Laaaaaaame. Elle voulut jouer un peu avec sa cravate de manière glamour mais envoya par maladresse le bout dans l'œil du garçon. De toute évidence, elle avait un peu surestimer son mojo et s’excusa de son plus beau sourire. A son sourire, il ne pourrait sans doute pas résister, si ?

Si la réputation couarde de Quirinus le précédait, Marlene fut malgré tout surprise qu’il l’incite à le frapper d’une manière aussi directe. Elle lança un regard innocent au Professeur Slughorn qui refermait la porte de la salle de classe et ne s’intéressait somme toute pas plus à elle qu’à aucun autre élève extérieur à son club. Cela l’aurait tout à fait ennuyée de perdre son badge de préfète à cause d’un gage aussi stupide. Elle lâcha la cravate du garçon pour serrer le grimoire de potions qu’elle maintenait contre son ventre et s’assurer ainsi que ses mains ne provoquent plus aucun incident. « Alors quoi ? Une fille ne peut pas décider de venir discuter avec toi sans mauvaise pensée ? - l’interrogea-t-elle avec un doux sourire et un regard cajoleur - Enfin mauvaise pensée … aucune de nature à te déplaire en tout cas ! » ajouta-t-elle avec un clin d’oeil. Sa tentative de séduction n’était évidemment pas sérieuse et elle se trouvait au final bien cruelle de lui poser de but en blanc une telle question. Elle se pinça les lèvres pour se retenir d’en dire plus. Il est vrai que le jeune Quirrell n’était pas son type de garçon mais McKinnon espérait quand même qu’il soit le type d’autres femmes. Lesquelles ? Elle ne savait pas mais enfin il en fallait pour tous les goûts après tout ! Puis maintenant qu’il ne bégayait plus, nul doute que cela lui faciliterait la chose. Elle espérait que son petit jeu avec Moïra reste secret car cela l’aurait malgré tout attristée que le Serdaigle ait l’impression, certes correcte, d’être l’objet d’un stupide défi. « Tu es mignon et drôle - enfin peut-être ? C’était la première fois qu’elle lui parlait ! - et intelligent - ajouta-t-elle dans un éclair de génie car s’il avait été réparti dans l’illustre Maison de Rowena sans doute devait-il l’être plus qu’elle ! - Toute fille devrait s’estimer heureuse de parler avec toi ! On marche un peu ? » lui proposa-t-elle en jouant à passer un doigt dans l’une de ses boucles blondes. C’est qu’elle n’aimait pas vraiment rester trop longtemps dans les cachots, l’endroit était humide et sombre, et il lui semblait qu’elle pouvait trouver un autre endroit aussi discret et plus agréable en même temps pour se débarrasser de ce baiser. Car une fois qu’il serait rassuré sur ses bonnes intentions, aucun doute qu’il voudrait l’embrasser, se disait-elle sans chercher l’erreur. Ils sont tous comme ça les garçons après tout …