Raven sourit face à la comparaison du jeune. Evidemment, si l’on pouvait sauver deux personnes, autant sauver les deux à la fois. Même si, dans la vraie vie, cela n’était pas aussi simple. En théorie, cela pouvait se passer, mais leur monde n’était pas théorie. Il n’était que réel, pur et dur. Mais ce garçon était un peu comme une bouffée d’air frais au milieu des tensions qui prenaient le Bureau en otage. Il fallait des personnes comme Adrian, insouciantes et pleines de joie de vivre avant qu’ils ne sombrent tous dans le sérieux et dramatique comme pouvait l’être Raven la majorité du temps. Après, c’était son trait de caractère. Elle n’était pas dans les débordements et toutes ces choses-là, ce depuis toujours. Ainsi, lorsque la sorcière croisait quelqu’un de ce type, soit extraverti, cela la changeait un peu sans qu’elle trouve cette personne impolie. Chacun était comme il était.
L’auror esquissa une petite moue en réfléchissant à la question posée par le Serdaigle. Il était clair que cela pouvait être une bonne idée et le jeune homme aurait pu avoir du succès si les temps avaient été plus propices. Vendre ce genre de photos montages à des extrémistes n’était pas la meilleure des idées, malheureusement. Et Merlin savait combien de temps allait durer cette guerre.
« Cela pourrait être une bonne idée, fit cependant l’aînée Fawkes en jetant un coup d’œil au prix d’un vêtement, mais certains sorciers pourraient être choqués de ne pas voir une image bouger, de même qu’un moldu pourrait l’être en voyant un personnage se mouvoir. Elle tourna la tête vers lui. Cela serait comme bouleverser l’ordre des choses. »
Elle ne mentionna pas la guerre actuelle. Mais elle y pensait très fortement. L’auror ne savait même pas si, au sein de Poudlard, certains élèves étaient au courant de ce qui se déroulait par-delà les murs du château. Et ce doute avait des chances de s’avérer vrai.

L’étudiant s’écria alors que ses parents étaient arrivés et l’auror, avec un regard attendri, le vit les rejoindre. Une famille. C’était bien un mot qu’elle ne connaissait pas. Les liens de solidarité entre fratrie ? Si conseiller à sa sœur d’aller à Serpentard rentrait cette catégorie, alors oui elle pouvait imaginer ce que c’était. Mais pas tout le reste. Raven ne connaissait rien de l’amour d’un parent et pouvait presque envier celui qu’elle venait de rencontrer.
La sorcière sourit lorsqu’Owen la présenta à ses parents.
« Enchantée. Raven Fawkes, fit-elle en tendant sa main pour la leur serrer à tour de rôle, votre fils est adorable, je tiens à vous le dire, » annonça-t-elle honnêtement.
Ce n’était pas souvent que l’auror faisait face à des moldus. Plusieurs questions pouvaient venir en tête, à savoir s’ils s’étaient habitués au monde magique de leur fils ? Ou s’ils trouvaient tout ça encore bien étrange et bizarre ? Dans tous les cas, ils formaient une bien heureuse famille, au premier coup d’œil.

Les idées étaient importantes dans ce monde. Avoir ses propres idées et les assumer était encore plus important. C’est pourquoi, en entendant l’argument d’Adrian, Raven sourit. Plus de satisfaction qu’autre-chose d’ailleurs, mais elle était contente qu’un être aussi jeune puisse parler de ce qu’il pensait avec autant de détermination. Cela promettait pour l’avenir.
« Et vous avez raison, Mr. Owen. Soyez maître de vos idées et ne laissez jamais personne vous influencer sur ce que vous êtes. » L’auror l’encourageait réellement dans cette voie qui, visiblement, l’enthousiasmait, même si elle ne connaissait absolument pas le domaine. Cependant, elle se doutait bien que cela devait être difficile de percer et d’être reconnu par le reste des citoyens. Surtout en temps de crise comme maintenant. Mais après tout, qui sait, peut-être bien que les œuvres du garçon allaient être exposées plus tard ? Après la guerre ? C’était tout ce que la sorcière pouvait lui souhaiter de toute manière.

L’auror Fawkes sourit face à la remarque des parents d’Adrian. Ils avaient l’air d’être une petite famille soudée et aimante, elle leur enviait presque cela. Mais Raven s’approchait bientôt de la quarantaine et avait passé des années à prendre du recul par rapport à ce sujet pointilleux. Elle ne pouvait qu’être heureuse pour les autres, à présent. L’ex-Poufsouffle émit un léger rire cristallin face à la mine désespérée de la mère et à la remarque indignée de son fils. Cela devait donner, à la maison.
Elle inclina légèrement la tête lorsque la famille Owen lui adressa leur départ et dit au revoir au jeune Adrian avec qui Raven avait pris plaisir à discuter. Ils n’allaient probablement jamais se revoir, mais après tout le monde des sorciers était assez petit. Tout le monde se connaissait, au moins de nom. Si le jeune homme avait l’habitude de traîner ici, alors elle ne pariait pas très cher sur leur prochaine rencontre en ces lieux grouillant de vie.