Si les couloirs du château connaissaient une Bertha Jorkins trop curieuse, ils ne la savaient pas si investie. Car oui, elle aimait râler, tout remettre en question, s'exprimer à la moindre occasion surtout lorsqu'il s'agissait de quelque chose d'inintéressant mais dès qu'elle se sentait un peu concerné c'était une autre personne et elle mettait tout son cœur à l'ouvrage. Hestia avait peur de ne pas trouver de cavalier pour le bal de fin d'année ? Pas de soucis, Bertha avait sous la main des listes longues comme son bras regroupant tous les charmants et potentiels garçons qui pourraient s'y rendre avec elle. Elle avait donné rendez-vous à sa meilleure amie dans la salle de repos, lieu propice pour leur manigance bien que la rouge trouve qu'il y ait un peu trop d'oreilles indiscrètes. Quoique, si la rumeur disait qu'Hestia Jones cherchait un petit chéri pour la soirée, peut-être n'auraient-elles pas besoin l'une comme l'autre de faire autant d'efforts. Combien étaient-ils à l'admirer en secret ? A lui écrire des poèmes dans leur lit qu'ils ne lui donneraient jamais ? A s'imaginer main dans la main avec elle ? Elle ricana intérieurement s'imaginant poster dans tous les coins du château ou sur le panneau d'affichage une annonce pour faire avancer le cas Jones.

En arrivant sur les lieux, Bertha avait fait déguerpir 2 premières années d'un canapé pour s'installer tranquillement dessus et préparer la sélection. Hestia n'allait pas être déçue, il y en avait pour tous les goûts. Elle salua à peine la jaune lorsqu'elle l'eut rejoint, c'est qu'elle trouvait tout ça vraiment excitant et avait hâte de s'y mettre ! "T'as conscience que TU risques de devoir inviter l'heureux élu ?" L'agressa t-elle d'entrée, de quoi bien la mettre en confiance. Parce que si la jaune craignait autant d'y aller seule, il faudrait qu'elle prenne son courage à deux mains pour faire une invitation. Bertha avait beau être parfaite, elle ne pouvait pas assurer partout. "A moins que tu veuilles que je le fasse à ta place ?" Ça ne l'a dérangeait pas vraiment mais elle avait peur d'une mauvaise réaction de la part du jeune homme. Il aurait pu penser qu'Hestia n'assumait pas ou pire encore que ce soit une blague montée de toutes pièces par ce duo de copines et qu'elle ne soit pas prise au sérieux. Elle avait suffisamment confiance en la jaune pour savoir qu'elle se débrouillerait parfaitement bien. "Bon. Bon. Bon. Déjà est-ce que tu avais une idée ?" La gryffondor n'était pas très ordonné mais pour ce genre de mission mettait le paquet. Elle avait fait différentes listes où elle triait les garçons par la couleur de leurs cheveux, la couleur de leurs yeux, leur classe ou leur maison. Elle voulait trouver LE garçon idéal et pour cela il fallait se donner les moyens. Mais avant cela, elle devait savoir les préférences de son amie. "Plutôt blond ? Brun ? Serdaigle ? Poufsouffle ?" Finalement, elle trouvait son plan assez fourbe bien que très amusant.

Le bal de Noël approchait à grand pas, et Hestia n'était pas particulièrement impatiente. Elle n'avait pas de cavalier, aucun garçon ne lui avait proposé, et elle songeait donc sérieusement à passer la soirée bien tranquillement dans sa salle commune, devant la cheminée, avec un bon livre et un chocolat chaud. Cette idée ne lui déplaisait pas, car le bal ne se passait pas toujours bien pour ceux qui y allaient et elle ne voulait pas passer une mauvaise soirée. Elle y serait bien allée pour être avec ses copines, mais Bertha sortait depuis peu avec Peter Pettigrow et irait surement avec lui au bal, Maya quant à elle, flirtait avec Alexandre Rozen, et celui-ci lui a vraisemblablement demandé de l'y accompagner, et elle avait accepté, quant à ses autres amies, elle n'en savait rien. Marlène la tenait un peu à l'écart en ce moment, Luzia avait un prétendant, et Amélia n'irait surement pas, ce n'était pas vraiment son genre... En bref, le bal serait le point de rendez-vous des jeunes couples prêts à roucouler, Hestia n'y aurait donc pas sa place. Lorsque Bertha lui avait parlé de la soirée, elle lui avait avoué qu'elle songeait ne pas y aller, afin que sa meilleure amie se prépare mentalement à ne pas la voir ce soir là. Celle-ci avait tout de suite répondu qu'elle l'attendrait  le soir-même dans la salle de repos. Connaissant sa meilleure amie, Hestia ne sera pas couchée avant au moins minuit... Elle lui parlerait surement de garçon, mais elle espérait quand même que ce ne serait pas le sujet principal de cette soirée...
Bertha l'attendait sur un canapé, l'air complètement perdue dans ses pensées. Elle s'approcha de son amie. "Bonsoir Bertha !"la salua-t-elle joyeusement. Elle leva à peine les yeux vers elle et l'invita à s'asseoir rapidement. "T'as conscience que TU risques de devoir inviter l'heureux élu ?". Hestia était alors fixée, elles allaient parler du bal et des garçons toute la soirée... Bertha ne lâchera pas l'affaire, à son grand désarroi. "Bertha... Je n'inviterai surement personne tu sais, alors bon... expliqua-t-elle. Mais sa copine ne l'écoutait absolument pas, puisqu'elle continua "A moins que tu veuilles que je le fasse à ta place ?". Hestia se tourna vers elle, presque choquée. Jamais elle ne laisserai faire une chose pareille, c'était la honte assurée à vie ! "Mais non enfin !".
"Bon. Bon. Bon. Déjà est-ce que tu avais une idée ?". Hestia devait se faire une raison, Bertha ne cesserait de la harceler à ce propos... Il fallait entrer dans son jeu si elle voulait être débarassée. "Aucune... Personne ne m'as proposé, personne ne m'a dragué, enfin bref c'est le néant sentimentalement, tu le sais bien.". Il était vrai qu'Hestia n'avait pas forcément beaucoup de succès auprès des garçons. Un seul avait craqué sur elle, mais sans la connaître. Puis, depuis Saul, elle n'avait pas vraiment envie de penser aux garçons... "Plutôt blond ? Brun ? Serdaigle ? Poufsouffle ?" demanda la rouge. Ce genre de questions, Hestia ne se les était jamais posées. Soit elle tombait amoureuse, soit pas. Mais elle n'avait pas vraiment de style... Elle avait ressenti des choses pour deux garçons qui ne se ressemblaient absolument pas : Moran Powell et Saul Funestar. En effet, ces deux garçons n'avaient rien avoir l'un avec l'autre.
Hestia haussa alors les épaules avant de dire "Je n'en sais rien... Désolée", s'excusant de faire perdre du temps à sa meilleure amie, qui tentait tant bien que mal de l'aider.

Lorsque Hestia entendit les fameux mots "Parole de Jorkins", un frisson parcouru son dos. Bertha était une vraie tête de mule et tenait toujours ses promesses. Sa meilleure amie savait très bien de quoi elle était capable, et cela ne la rassurait pas du tout. Si Bertha mettait sa menace à exécution, si c'était elle qui invitait un garçon pour Hestia, ça serait la catastrophe ! Tout Poudlard ne parlerait que de la pauvre petite Pouffy incapable de proposer à un sorcier de l'accompagner au bal et demandant à sa meilleure amie, la tempête brune, d'aller harceler un garçon à sa place... Décidément, ce n'était vraiment pas une bonne idée et Hestia allait tout faire pour que cela ne se produise pas. "D'accord d'accord... souffla-t-elle. Je m'en chargerai, si jamais je trouve quelqu'un qui n'a pas déjà de cavalière."
Hestia haussa les épaules : non, elle n'avait pas vraiment de "style de mecs". Elle cherchait juste un garçon gentil, drôle, attentionné, et surtout, vraiment amoureux d'elle. La couleur de cheveux, des yeux, de la peau, ou encore de la maison ne comptaient pas. "Me mettre des battons dans les roues ?" répéta-t-elle bêtement. Bertha prenait décidément tout cela bien trop au sérieux. Ce n'était qu'un bal, après tout, non ? Bien-sûr que cela chagrinait un petit peu Hestia de ne trouver aucun cavalier, mais ce n'était pas non plus obligatoire ! "Tu es sûre ?" demanda Hestia alors que sa copine griffone lui promit qu'elle riait. Elle la connaissait quand même pas mal, et c'était bien le genre de Bertha de dire ça.
Bertha décida de commencer à passer en revue les garçons de sa maison. Hestia n'en connaissait pas des masses, mais le premier nom prononcé par son amie était un de ceux là, pas le second. "Remus est un gentil garçon, on est souvent ensemble à la bibliothèque et je l'aime bien. Mais je ne suis pas sûre qu'il soit du genre à aller au bal, ou même d'y aller avec moi... Quant à Potter, je ne le connais pas, on ne s'est jamais parlé. Et, à vrai dire, il ne m'attire pas vraiment.". Pour dire totalement vrai, les maraudeurs n'étaient, aux yeux d'Hestia, que des enfants cherchant à attirer l'attention en faisant des bêtises. Elle avait l'impression de retrouver en eux son petit frère Will quand il avait neuf ans. De loin, ces jeunes-hommes semblaient être tout de même attachants, la preuve puisque l'un d'eux sortait avec sa meilleure amie et un autre, Remus, était très apprécié par la Poufsouffle. Mais non, elle ne se voyait pas aller au bal avec l'un d'eux...
Hestia regarda la feuille des sorciers "pré-sélectionnés" pour l'accompagner au bal, et elle n'était pas bien grande... "Au moins on aura vite fait le tour !" tenta-t-elle de plaisanter, espérant que cela ferait rira son amie. "Tu sais, je pense que si aucun garçon ne m'a demandé, c'est qu'ils n'ont pas envie de m'avoir comme cavalière, c'est aussi simple que ça" affirma Hestia, un sourire étrange aux lèvres, entre dépit et tristesse. Mais elle était sûre que, malgré cette vérité, sa meilleure amie avait encore des noms à proposer.

Hestia haussa les épaules alors que son amie lui disait à quel point cela lui faisait plaisir qu'elle se décide à aller elle-même voir celui qui serait l'heureux élu pour l'inviter au bal. Evidemment qu'elle n'allait pas demander à Bertha d'y aller pour elle, cela faisait vraiment trop désespérée, elle ne l'était pas, contrairement à ce que pensait la rouge et or.
Le jeune blairelle se retint de rire lorsque Bertha tenta de lui expliquer l'expression "se mettre des bâtons dans les roues". Ce n'était pas l'expression en elle-même et son sens qui posait problème à Hestia, c'était son emploi dans une telle situation. Généralement, c'était utilisé quand il y avait quelque chose de très important à faire, comme une mission, et que quelqu'un de malfaisant tenter de tout faire échouer. Mais là, en l’occurrence, ce n'était pas aussi important que cela pour utiliser une telle expression. Mais c'était peut-être plus compliqué encore à expliquer que le sens de celle-ci, alors Hestia préféra ne rien dire.
Bertha déclara que, de toute façon, James et Remus étaient trop jeunes pour son amie, ce qui fit sourire cette dernière. "Rappelle-moi quel âge à Peter deja ?" demanda-t-elle avec un sourire en coin. Bertha et Peter allaient bien ensemble, ils semblaient s'aimer profondément, bien qu'ils soient l'un comme l'autre un peu niais, et leur différence d'une année ne changeait rien. Hestia les trouvait très mignons tout les deux et ne cherchait pas du tout à charier sa copine sur le sujet de l'âge, mais elle n'avait pu retenir sa question alors que celle-ci trouvait les amis de son petit copain "trop jeunes" pour Hestia. A vrai dire, la jeune fille ne se préoccupait pas vraiment de ça. Hestia pensait que l'âge n'était pas vraiment important, lorsque l'on tombait amoureux c'était d'une personne, pas d'un âge, d'un nom ou d'un sang, juste d'un esprit. D'un autre côté, il était vrai que James Potter ne lui plaisait de toute façon pas. Elle ne lui avait même jamais parlé. Quant à Remus... Il aurait pu lui plaire, il fallait bien l'avouer. Mais Hestia sentait que lui ne pourrait pas vraiment s'intéresser à elle ou même à une autre. En le voyant et en lui parlant, elle avait cru déceler quelque chose en lui : un combat intérieur profond, quelque chose qui l'empêche quelque peu d'aller vers les autres. Peut-être se trompait-elle totalement, elle n'en savait rien après tout, mais c'était son ressentit des choses.
Soudain, Berthe se mit à lui crier dessus, ce qui fit ouvrir des grands yeux ronds de surprise à Hestia. Elle ne s'attendait pas à ce que son amie prenne ça tant au sérieux qu'elle élèverait la voix sur elle. Quand elle parla du potentiel de la Poufsouffle, celle-ci ne put s'empêcher de sourire. "Merci", murmura-t-elle. Hestia avait beau regarder la fiche de son amie, elle était bel et bien vide. Bertha s'en rendit compte et lui reprit des mains rapidement. Elle commença à vouloir parler des Serpentards, ce qui provoqua un frisson dans le dos d'Hestia. Après tout, elle n'avait pas énormément de lien avec les sorciers de la maison de Salazar Serpentard, sauf peut-être... Bertha prononça le prénom du seul vert que sa meilleure amie appréciait : Moran. "Non !" s'écria alors Hestia, qui n'avait pas pu se contrôler. Leur amitié était secrète depuis quelques années déjà, et ça serait dangereux pour lui de se rendre au bal avec une sang-mêlée, il avait assez de problème comme ça avec ses camarades de classe ! "Enfin, je veux dire... Les Serpentards et moi, tu sais bien que ce n'est pas le grand amour..." dit-elle en tentant de noyer sa réaction bien trop virulente pour être normale.

Lorsque le mot maturité fut prononcé pour décrire le petit ami de Bertha, Peter, Hestia faillit lâcher un rire sonore et franc, mais elle se retint devant la mine presque vexée de sa meilleure copine.  Il était clair que cet adjectif ne collait pas vraiment avec le jeune blondinet, qui était plus gauche et enfantin qu'autre chose, mais bon, l'amour était, parait-il, aveuglant, et Hestia ne pouvait pas dire l'inverse. Puisque Bertha respirait le bonheur, malgré quelques disputes, depuis qu'elle était en couple avec son camarade de maison, la Poufsouffle ne disait rien lorsque son amie idéalisait le jeune homme encore et encore. C'était presque mignon de la voir comme ça, elle qui était habituellement plus une langue de vipère qu'une fille amoureuse ! Cela lui changeait beaucoup, ce qui faisait du bien à voir. La jeune lionne était plus joyeuse, douce et même plus ouverte !
Alors que le nom de Moran venait d'être cité, Hestia ne savait plus où se mettre. Bertha su déceler le malaise de sa meilleure amie et lui lança un regard perplexe. Il fallait bien avouer que le vert avait un certain charme, une présence qui avait, il y avait de cela quelques années, fait chavirer le cœur de la jeune Hestia Jones. Il l'avait surprise au détour d'un couloir pour lui poser des questions sur le travail de son père dans la Gazette de Sorcier. Elle avait été impressionnée, presque apeurée, et avait finalement fini charmée. Tout avait commencé dans ce couloir : une belle amitié était née par la suite, mêlée de sentiments amoureux secrets, de lettres cachées, de rendez-vous dissimulés... Bref, leur amitié était secrète depuis bien trois ans, et même Bertha, la fouineuse de service, n'était pas au courant. Si les verts l'apprenaient, ils en feraient baver à Moran, ce que ne voulait absolument pas Hestia. Pour protéger son ami, elle s'était résolue à rester le cadavre caché au fond du placard. "Oui, il est véritablement charmant" murmura alors la blairelle. "J'ai été amoureuse de lui pendant un petit moment..." finit par avouer la jeune fille, rougissant et baissant les yeux vers ses pieds. Non pas que c'était encore d'actualité, mais avouer cela à sa meilleure amie après autant de temps sans rien lui dire... Bertha lui en voudrait-elle ? Peut-être pas, l’excitation du scoop nouveau passerait peut-être au dessus du ressentiment. Mais rien ne devait se savoir, il fallait qu'elle garde ce secret, c'était déjà bien trop révélateur de proximité des deux sorciers, car Hestia n'était pas du genre à tomber amoureuse d'une personne qu'elle voyait seulement de loin et Bertha le savait très bien. La Gryffondor allait surement déceler ce qui se tramait réellement entre les deux, Hestia devait simplement s'assurer qu'elle comprenne bien que tout cela devait rester secret, mais elle continuait à croiser les doigts pour que Bertha ne capte pas. D'ailleurs, elle détourna le sujet de conversation dans ce sens "Il y a d'autres personnes sur ta liste ?" demanda-t-elle comme si c'était maintenant devenu la chose la plus importante du jour.

La nouvelle Bertha Jorkins, celle que Peter Pettigrow avait réussi à transformer par on-ne-savait-pas-quel-miracle-et-on-ne-le-saurait-jamais en une fille presque sympathique, n’était tout de même pas dupe. Et lorsque quelque chose clochait, que ce soit dans une tenue, un acte ou une parole, elle ne passait pas à côté. Oh que non. Hestia Jones lui cachait vraisemblablement un truc et Bertha qui avait promis de ne pas quitter la salle de repos sans lui avoir trouver un cavalier venait de changer d’objectif. Alors quoi, Moran Powell était son petit crush ? Bon, ça pouvait tout à fait se comprendre, ce n’était pas non plus un drame. Sur combien de garçons la rouge avait-elle craquée ? Elle était sûre de ne même pas se souvenir de la moitié. Poudlard, au-delà dans la Grande Ecole de Magie bla-bla-bla, était en fait un lieu horriblement propice aux histoires d’amour. La Bertha célibataire connaissait bien les coins à éviter en soirée puisque c’est comme ça qu’elle avait commencé à alimenter les bruits de couloirs. Ah, la bonne époque !

Elle hocha la tête en direction d’Hestia pour la pousser à se confier puis s’exclama : "Je le savais !" quand cette dernière avoua son ancien amour pour le garçon. Quelques visages s’étaient encore tournés vers elle et une nouvelle fois Bertha adressa aux curieux un regard noir. "Enfin non je le savais pas mais c’était pour la réplique, ça sonnait bien." Rigola-t-elle. Bizarrement elle ne prenait pas trop mal le fait que sa meilleure copine lui ait caché ça, il fallait bien avoir un petit jardin secret, non ?

Où était donc passée Bertha Jorkins ?

Elle balança ses fiches, ses listes, peu importe comment on appelait ça quand Hestia lui parla des autres personnes envisagés, qui volèrent dans les airs avant de se disperser autour d’elle. L’action était tout à fait inutile et Bertha ramasserait les feuilles dès la conversation terminée mais elle aimait bien l’effet que ça avait rendu. "On s’en fiche des autres ! Je veux TOUT savoir !" Quand même, une bonne commère ne disait pas non pour des petits détails. "Allez, dis moi tout." Elle s’installa confortablement dans son fauteuil pour se concentrer sur son amie. "C’était quand ? Ça a duré longtemps ? Tu lui as déjà parlé ? C’est quoi qui t’as plu ? Ses cheveux ? Je suis sûre que c’est ses cheveux quelle question ! Elle marqua une pause, sa posture, ses questions, elle avait un peu l’impression d’être une psychomage. Hestia ? Tu l’aimes encore ? Pitié Merlin dis-moi que non ? C’est pour ça que tu trouves pas de cavalier ? Tu ne veux que Moran ?" Pas qu’elle trouve grave le fait d’aimer Moran Powell, la pauvre Greta Catchlove s’en sortait à merveille, mais toutes les complications qui tournaient autour du garçon ne lui inspiraient pas confiance. Pas touche à sa copine.

Bertha Jorkins était la meilleure amie de la blairelle. Elles s'étaient rencontrées, par hasard au détour d'un couloir, dès leur première année et ne s'étaient plus jamais quittée. Elles s'adoraient. Même si Bertha était une vraie langue de goule et que bon nombre de personne la détestait, Hestia était toujours présente pour défendre sa copine, même si pour cela elle devait parfois se mettre à dos d'autres de ses amis... La jeune Jones était plus que fidèle en amitié ! Mais... Car oui, il y avait un mais, elle n'avait jamais parlé de sa relation secrète, amicale bien sûr, avec Moran à la lionne, de peur que tout Poudlard soit au courant et que le jeune homme s'attire des problèmes... Mais ce secret ne pouvait pas continuer à être caché. Bertha posait bien trop de questions, et Hestia se sentait bien trop coupable face à son binôme. Elle sourit néanmoins lorsque sa copine assura qu'elle savait, enfin que cette phrase sonnait bien.
La rouge et or bombarda de question la jaune et noir, balançant ses fiches en l'air et ne lui laissant pas le temps d'en placer une. Hestia attendit donc que le flot de questions se calment et décida de répondre d'une voix douce "Non, je ne suis plus amoureuse de Moran. C'est juste un très très bon ami..." expliqua-t-elle. Elle s'assit sur un canapé et fit signe à son amie d'en faire de même. Elle avait du mal à lui dire que, pendant tout ce temps, elle lui avait caché quelque chose... Le prendrait-elle mal ? Ou comprendrait-elle ?
"Tout d'abord, promets moi que ce que je vais te dire restera entre toi et moi, et seulement entre toi et moi Bertha ! Je compte sur toi, vraiment." supplia-t-elle presque, espérant que l'affection que lui portait la jeune fille le retiendrait de tout dévoiler.
"Cela fait quelques années maintenant que Powell et moi sommes amis, en secret... Pour éviter qu'il ait des ennuis avec ses camarades de maison vis à vis de mon sang, on fait comme si on ne se connaissait pas en public et on se voit à côté..." expliqua-t-elle à son amie en cherchant à déceler ses moindres réactions. D'accord, elle devrait avoir confiance en sa meilleure amie, c'était quelque chose de normale, mais cette histoire datait de sa troisième année, lorsqu'elle était encore timide et apeurée par les ragots qu'il pouvait y avoir sur elle, et depuis le temps était passé. En tout cas, ce n'était pas forcément contre la Gryffondor. "Il voulait des informations sur le travail de mon père au sein de la Gazette du sorcier, du coup il m'a posé des questions et de fil en aiguille on est devenus amis. Je suis tombée amoureuse de lui quelques semaines après notre rencontre, ça a duré quelques mois, et puis ça s'est finit..." déclara-t-elle sans donner les détails inutiles car, après tout, ce n'était pas vraiment ce qui cherchait à savoir son amie, elle voulait les grandes lignes. Toujours fan de ragot, cette Bertha !

Même si l’information lui faisait un choc assez conséquent -on en apprenait pas des comme ça tous les jours !- Bertha ne se sentait pas l’âme de la grande commère qu’elle était. Les copines avant les ragots était une politique de vie qu’elle cherchait tant bien que mal à mettre en place. C’était parfois compliqué et il y avait des situations où les choix étaient durs à prendre. Par exemple balancer qu’Ewan avait été cocu par l’intermédiaire de son frère de cœur Alexandre. Elle n’avait rien dit mais bon sang ce que ça avait été difficile ! Hestia et Moran de bons amis ? Wahou. Elle avait sous-estimé sa meilleure copine qui la surprenait de jours en jours. Suivant l’invitation, Bertha s’installa sur le canapé sans jamais quitter la poufsouffle des yeux. Fierté se mêlait maintenant à la surprise.

Si la rouge fut un peu vexée de si peu de considération (elle, trahir son binôme, sa chair, son sang, son âme, son double dans Poudlard ?) elle n’en montra rien, parfois il pouvait arriver qu’avec un malentendu certaines choses censées être secrètes soient légèrement rendues public. C’était toujours la faute de Jorkins, bien sûr. "Je te le promets, Hestia Jones, commença-t-elle l’air solennel montrant ses doigts croisés, je ne dirai à personne que tu es amie avec Moran Powell et que vous avez probablement déjà flirter ensemble. Elle gloussa telle la bonne cruche qu’elle était. Je plaisante". Elle avait pleinement conscience d’être d’une lourdeur assez intense.

D’abord excitée de l’existence de leur relation amicale, Bertha ne put que froncer les sourcils et grimacer tant elle était perplexe de ce qu’elle entendait. "T’es sûre que vous êtes amis Hesty ? Elle n’aimait pas trop ce discours sur le sang et cette obligation de se cacher auprès des serpentards. Désolée de te le dire mais être « amis en secret » ce n’est pas vraiment être amis". ajouta-t-elle tout d’un coup un peu rageuse. Oh, elle ne manquerait pas d’aller chercher quelques informations sur Moran Powell dès cette conversation terminée. Peut-être trainait-il d’autres bagages compromettants du genre « relation avec une impure » ? Elle roula des yeux, exaspérée. "Il t’assume pas en fait." Bertha pas contente.

La suite n’arrangea pas le proche état de nerfs de Jojo qui, plus elle en entendait, plus avait envie de mettre son poing dans la tronche du capitaine des verts. "Il se sert de toi ! s’exclama-t-elle d’une voix forte. Mêlez-vous de vos affaires, vous !" hurla-t-elle sur ces stupides élèves qui, une nouvelle fois, s’intéressaient de trop près à leur conversation. Elle ne comprenait pas pourquoi elle n’arrivait pas à se réjouir pour son amie. De base, elle n’avait rien contre Moran, elle ne se souvenait même plus lui avoir déjà adressé la parole mais son attitude ne l’enchantait pas. Ou alors… Anh ! Bertha rougit violemment en se rendant à l’évidence, elle était jalouse. Parce qu’il était un septième année, beau garçon, joueur de Quidditch, irlandais… non, non, non, elle avait Peter qui était tout aussi bien. Quoiqu’elle était de sang pur, elle… NON. Elle chassa cette horrible idée de sa tête, honteuse d’avoir pu une seule seconde envisager d’être en concurrence avec sa meilleure amie. "Tu devrais faire attention à toi. J’ai pas envie de devoir lui casser les deux jambes." Puis, elle lui sourit, sincèrement.

Moran Powell était un garçon formidable, si on prenait le temps d’apprendre à le connaître et de discuter avec lui, ce qu’Hestia avait fait. Cela faisait maintenant plusieurs années qu’ils se connaissaient et la jeune Poufsouffle était plus qu’heureuse de pouvoir le compter parmi ses amis, même si, en effet, c’était quelque peu compliquer de se cacher… La jeune Jones n’avait jamais aimé cette facette de leur relation, trouvant cela ridicule de devoir faire semblant de ne pas s’apprécier en public alors qu’en coulisse ils étaient complices et s’aimaient beaucoup. Hestia ne pensait pas être une fille que l’on cachait, déjà parce qu’elle n’avait pas particulièrement d’ennemis, car elle ne causait jamais de problème, mais aussi parce qu’elle était bienveillante envers tout le monde, même les pires Serpentards. La preuve, elle avait bien réagi lorsque son amie Luzia lui avait avoué avoir un début de relation avec le serpent Evan Rosier, qui n’était pourtant pas quelqu’un de fréquentable.
Lorsque Bertha, sa meilleure amie, parla de flirt, le rose monta aux joues de la jeune blairelle. Avaient-ils déjà flirté ? Peut-être après tout elle ne pouvait pas vraiment le savoir car elle n’avait jamais vraiment saisi ce que signifiait concrètement le fait de flirter. Hestia sourit lorsque son amie lui avoua qu’elle plaisantait. En effet, derrière cette réputation de langue de goule se trouvait une jeune fille drôle et gentille, et ça elle avait le privilège de le savoir depuis leur première année. Hestia ne changerait de meilleure amie pour rien au monde, et elle espérait sincèrement que Bertha soit au courant et s’en rende compte.
« Bien-sûr que nous sommes amis enfin ! » s’écria Hestia en oubliant qu’elles n’étaient pas seules. Moran et elle s’entendait particulièrement bien et s’appréciait beaucoup, pourquoi donc la lionne disait-elle ça ? Celle-ci expliqua alors que se cacher n’était pas vraiment être ami et que le jeune homme vert ne l’assumait finalement peut-être pas, ce qui blessa quelque peu Hestia, qui ne sut que répondre à cela. Devait-on se montrer avec les gens pour prouver qu’ils étaient nos amis ? Etait-ce comme cela que ça fonctionnait ?
« Mais enfin il ne se sert pas de moi ! » déclara la jaune sans faire attention à sa voix qui montait dans les aigus sans qu’elle ne le veuille. Elle regarda sa meilleure amie rembarrer des jeunes sorciers en se demandant comment elle pouvait croire cela. Il était vrai que, au départ, Moran avait cherché à rencontrer Henry Jones par le biais de sa fille, et c’était seulement pour ça qu’il l’avait abordé. Mais depuis, tout avait changé. Le Serpentard savait pertinemment comment fonctionnait la Gazette et n’avait plus besoin de l’historien de la magie, alors il était ami avec Hestia seulement pour elle, non ? Pourquoi commençait-elle à douter ? C’était ridicule ! Elle n’avait pas besoin qu’on lui dise qui était ou non son ami. Bien que, à ce moment précis, la Poufsouffle était un peu énervée contre sa chère meilleure amie, ce sentiment changea du tout au tout lorsqu’elle comprit qu’elle s’inquiétait pour elle. « Promis, tu n’auras besoin de casser les jambes de personne. D’ailleurs, en parlant de jambes cassées, comment ça va avec Pettigrow ? » demanda Hestia en changeant de sujet, pour que Bertha oublies quel était le sujet de départ...

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