L’enseignement n’était pas ce qui plaisait le plus à Christian. Le jeune sorcier était instrumentiste avant tout et ne tenait pas tant que ça à assister aux progrès d’un éventuel élève. Il jouait pour lui et pour les autres en de rares occasions. Il était bien évidemment conscient des efforts des professeurs et du niveau de pédagogie que certains détenaient – Karl en était la preuve – mais n’avait pas assez de parlotte pour passer une heure avec un élève, même pour parler et enseigner musique. Les enfants, ce n’était pas que Travers n’aimait pas ça, mais il avait cette tendance à les voir davantage comme des mauvais garnements qu’autre-chose. Il sentait qu’il n’aurait tout simplement pas la patience que Graves, visiblement, avait, ce qui semblait plaire à son élégante amie. Cela importait peu à Chris qui, non mécontent qu’elle apprenne la musique, resta totalement indifférent à la question que la jeune Yaxley lui posa. Elle avait donc deviné qu’ils se connaissaient. En même temps, ce n’était pas bien difficile. Tout le monde se connaissait chez les sorciers, de près ou de loin. Etre tous passés par la case Poudlard avait l’heureux malheur de mettre tout le monde dans le même panier même si on ne le souhaitait pas forcément. Le monde était tellement petit.
Mais toujours se méfier de la perspicacité d’une femme. Toujours.
« Nous ne partageons aucun autre sujet, » fit Christian en restant insensible au sourire que lui lança son amie.
Néanmoins, peut-être conscient qu’il se faisait trop froid envers elle, il lui communiqua son intérêt pour les progrès qu’elle avait pu faire ces derniers temps. Après cette passion du droit et de la justice magique ainsi que celle de la littérature sorcière, les voilà qui se réunissaient autour de la musique. Tellement de points communs qu’on pouvait se demander pourquoi les Yaxley et les Travers ne s’étaient pas unis au lieu d’officialiser les fiançailles de Christian et d’Aliénor.
« Nous verrons. Partons. »
Les deux Sang-Purs passèrent à la caisse et Christian, après avoir payé, attendit son amie en remettant gracieusement ses gants, ne faisant guère attention au regard que certains clients pouvaient leur lancer. Leur visage n’était pas inconnu du reste de la population sorcière. Une fois que Cassiopeia eut payé, ils sortirent tous deux dans la rue et le musicien se retint de mettre sa main devant son nez pour empêcher l’odeur nauséabonde de pénétrer dans ses sinus. Décidément, ce n’était pas un endroit bâti pour lui.
« Il commence à se faire tard, je vais rentrer au manoir afin de réviser un peu notre cours pour demain, déclara-t-il en se tournant vers elle, rentre bien et salue tes parents de ma part. »
En homme galant de sa maison, il s’empara de la main de Cassiopeia Yaxley et posa délicatement ses lèvres dessus avant de se redresser.
« Milady, » salua-t-il.
Puis, il transplana.