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| Etoffes et gallions | ASTORA | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: Etoffes et gallions | ASTORA Jeu 29 Mar 2018 - 22:21 | |
| Artemis portait une belle cape épaisse d'une couleur bleue profonde et roi. Ses cheveux roux ressortaient aussi bien avec sa peau blanche qu'avec sa cape, tandis qu'elle s'avançait dans le chemin le plus sorcier de Londres. Certains diraient qu'elle était le parfait prototype de la sorcière qui apparaissait dans les livres moldus. La délicatesse de ses gestes autant que son aisance, la mettait à part de cette agitation qui ne la touchait pas mais qui s'abattait sur le Chemin de Traverse. La rouquine se rendait chez Madame Guippure pour une obscure raison : elle avait ce jour-là, décidé de changer de cape parce que celle qu'elle avait, commençait à devenir vieille – entendez par-là qu'elle allait avoir un an dans le mois qui suivait – et Artemis, qui aimait suffisamment être propre sur elle-même, avait décidé de la changer. L'ancienne Serpentard vivait peut-être dans un couple aussi austère que le manoir des Black, elle n'en demeurait pas moins une femme coquette qui aimait prendre soin d'elle. La jeune femme poussa la porte de la petite boutique tout en souriant à la couturière, qui se précipita vers elle, les mains tendues : « Artemis, cela fait si longtemps ! ». Et elle se dandinait sur place en lui prenant les mains, en l'entraînant dans la boutique pour lui montrer les tissus et les couleurs qui iraient à son teint. La psychomage souriait de ces manières et riait de ses plaisanterie, guère agacée par une personne si invasive. Des années qu'elle fréquentait la boutique au point de devenir l'une des clientes préférée de Madame Guippure. Il fallait bien dire que les gallions qu'elle lui laissait toujours devait la convaincre d'essayer de faire d'elle, une cliente régulière. Lorsque la femme lui lâcha enfin les mains pour continuer de prendre les mesures d'une cliente mécontente – qui d'ailleurs, fixa la rouquine d’œil noir tout à fait désagréable – Artemis se dirigea vers les petites étagères pour voir ce qui y était entreposé. Elle commençait à faire ses petites recherches et y était depuis un moment lorsque la sonnette retentit à nouveau. Guère intriguée par la personne qui était entrée dans le petit magasin, elle ne se retourna pas et décida d'attraper une étoffe qui lui plaisait beaucoup, et qui valait par ailleurs, son pesant de gallions. Heureusement qu'elle avait une bonne situation. |
| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Mar 3 Avr 2018 - 12:09 | |
| Astora avait toujours eu une relation compliquée avec les vêtements. Elle appréciait s'habiller bien, mais voyait comme une perte de temps de passer des heures à chercher quelques tenues qui lui conviendraient. Soit quelque chose lui plaisait, soit quelque chose ne lui plaisait pas. Il n'y avait pas d'hésitation ou de remise en question. Elle savait ce qui lui allait, et ce qui ne lui allait pas, aussi n'avait-elle pas besoin de réfléchir longtemps aux implications d'un quelconque achat. Ce jour là, elle avait besoin de racheter des vêtements, notamment parce qu'elle avait finit par considérer que certaines de ses tenues étaient trop abîmées pour être portées plus encore, et s'était décidée à se rendre chez Madame Guipure. Elle savait qu'elle y trouverait des vêtements à la hauteur de sa personne Astora Fawley portait un manteau jaune d'or et un chapeau plat sur une coiffure impeccable qui retenait ses cheveux blonds en hauteur. Depuis qu'elle était directrice de la Gazette, il fallait bien qu'elle joue de son image, car qu'elle meilleure publicité pour son journal que sa propre personne dans les rues du chemin de Traverse.
Arrivée devant la boutique, elle poussa la porte avec précaution avant de s'infiltrer discrètement dans l'endroit. Pour dire vrai, elle n'appréciait pas tant que la gérante vienne la saluer ou la conseiller. Elle n'avait ni besoin de conseils, ni de fausses salutations. Alors qu'elle parcourait les rayonnages d'un regard analytique, choisissant mentalement ce qu'elle prendrait et ce qu'elle ne prendrait certainement pas. Cependant, alors qu'elle s'attardait sur les étoffes qui se trouvaient au fond du magasin, elle ne put avancer plus devant les rayonnages. Une femme adulte occupait l'espace, les cheveux roux et une superbe cape bleu roi sur les épaules. Astora fut tentée de lui demander de s'écarter, mais alors qu'elle hésitait à l'interrompre, elle attarda son regard sur ses traits, et réalisa l'identité de la femme en question. Il s'agissait d'Artemis Potter, Croupton depuis, une amie qui était issue de ses souvenirs lointains de Poudlard. Elles avaient perdu contact des années auparavant, notamment après son mariage désastreux avec Marcus, et Astora avait été bien trop occupée à se faire discrète après la mort « accidentel » de ce dernier, et à s'assurer une carrière d'avenir, pour retourner dans ses souvenirs et renouer contact avec ses vieilles amies.
« Bonjour ... » la salua-t-elle avec un sourire hésitant, ne sachant pas si l'épouse Croupton la reconnaîtrait : « Artemis Potter … ? Je suis Astora Nott » se présenta-t-elle, d'une voix intriguée, elle espérait sincèrement qu'il n'y avait pas erreur sur la personne, car elle aurait honte de passer pour une folle. |
| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Jeu 5 Avr 2018 - 19:52 | |
| Artemis se trouvait perdue dans la contemplation d'une matière qu'elle adorait mais dont elle ignorait le nom. Si elle demeurait une femme instruite et curieuse, la couture n'était guère quelque chose à laquelle elle vouait une passion. Elle aimait acheter de nouveau habits, les essayer, assembler les couleurs. Mais jamais il ne lui viendrait à l'idée d'acquérir de véritables connaissances en la matière. Aussi se retrouvait-elle a chercher une petite étiquette afin de savoir avec quoi cette cape était faîte. Elle avait retourné la chose et la tenait étendue devant elle, lorsqu'une voix qu'elle connaissait bien sans pourtant arriver à la replacer, l'interpella par son nom. La rouquine sursauta avant de tourner ses yeux clairs vers un fantôme de son passé. Artemis avait été une élève appréciée bien que parfois moquée à Poudlard. Elle avait eut son groupe d'amis, avait fréquenté des garçons, aussi. La Serpentard était sorti avec le Gryffondor Baldr Woodcroft, avant de se retourner vers celui qu'elle allait plus tard épouser. Puis, elle avait eut ses amies aussi, ses deux amies les plus proches, Melody et Astora. Garder contact avec la première n'avait pas été compliqué, même si la rouquine s'était d'elle-même un peu détachée d'elle. En grandissant et en mûrissant, les obligations n'étaient plus les mêmes. Avec sa famille et son travail, la Potter devenue Croupton n'avait guère plus de temps pour elle. Avec Astora, cela avait été différent. Mais les raisons étaient sensiblement les mêmes. La Nott avait été prise dans son mariage avec un homme – un Fawley, semblait-il à la rouquine – et elle avait tôt fait de disparaître de la circulation. Artemis aurait bien voulu rester proche d'elle, mais le destin semblait lui jouer aussi des tours, tant et si bien qu'il avait décidé de les réunir ici dans une boutique du Chemin de Traverse. En, entendant sa voix, la psychomage s'était d'abord dit qu'elle confondait avec quelqu'un d'autre. Mais il s'agissait bien d'Astora Nott. Elle ne put cacher sa surprise et si elle avait été plus extravertie, elle en aurait lâché sa cape : « Ca alors, Astora ! » s'écria-t-elle en laissant apparaître sur son joli visage, un grand sourire sincère. La rouquine laissa tomber ses bras le long de son corps. « Cela fait si longtemps, comment vas-tu ? » lui demanda-t-elle à brûle pourpoint. Elle était véritablement étonnée de la croiser ici. Des années qu'elle fréquentait la boutique et jamais pourtant, elle ne l'y avait vu. |
| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Mer 2 Mai 2018 - 18:37 | |
| La veuve Fawley laissa passer un regard voilé sur les étoffes bigarrées et multiples qui étaient disposées partout dans l'échoppe. Fut un temps, où son époux lui interdisait de venir en des lieux publics. Même ce magasin lui avait été interdit durant plusieurs années. Elle n'avait pu que commander par hibou des pièces de tissus, qu'elle assemblait pour former des tenues fades qui n'étaient jamais à la hauteur de celles des autres. Celles des maîtresses que Marcus entretenaient, celles des femmes de sa famille qui riait de son sort.
Elle était l'échec, et elle avait porté sa culpabilité sur ses vêtements. Elle avait été transparente et ignorée, elle avait été la fade potiche dont l'on se moquait. Mais désormais, elle ne revêtissait que les couleurs les plus gaies et plus visibles. Le rouge, le jaune, le bleu, le vert. Tout cela avec bon goût, mais surtout avec visibilité. De toutes les choses qu'Astora avait perdues dans son mariage, certaines n'étaient pas revenues par la suite. C'était notamment le cas de ses amies les plus proches, Artemis et Melody, que bien entendu elle avait eu interdiction de voir jusqu'à la mort opportune de son époux. Mais depuis ce temps, la veuve n'avait pas eu le cœur de rechercher et de retrouver ces anciens fantômes de son passé. Elle était trop occupée à se chercher un avenir, pour déterrer son passé.
Astora venait rarement en ce lieu, et elle fut surprise d'y trouver Artemis Potter. Sa rousse accolyte si douce et compréhensive, qui avait été le rayon de soleil de leur groupe d'ami. « Cela fait bien presque quinze ans ? Peut être un peu moins ... » Répondit la veuve Fawley avec un sourire désemparé, avant de poursuivre : « Et bien écoute je suis désormais directrice de la Gazette, et toi ? Tu dois avoir une famille ? » Demanda-t-elle avec un intérêt sincère.
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| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Sam 5 Mai 2018 - 20:57 | |
| Artemis avait apprit avec le temps que garder des regrets pouvait s'avérer très dangereux, autant pour la santé que pour le bonheur. Elle était heureuse, en bonne santé - bien qu'elle ne sache pas qu'elle allait décliner plus tôt que prévu - alors, à quoi bon appesantir son cœur de cela ? La psychomage avait, lui semblait-il, suffisamment de choses à traiter chez elle pour ne pas être obligée de se penser à eux. Pourtant, elle était une femme animée d'une profonde nostalgie de ces temps révolus, où elle avait su conjuguer amitié et amour, et où elle ne s'était pas isolée dans une relation austère. Artemis était très au courant des problèmes de son mariage. Cela ne signifiait pas qu'elle pouvait les arranger ou leur trouver une solution, bien au contraire, malheureusement. Si certains couples pouvaient trouver des solutions à leurs problèmes sans guère changer grand chose chez eux, elle savait que cela ne serait pas son cas, et elle n'était pas prête à affronter une telle révolution en marche. La rouquine n'avait pas été répartie à Serpentard pour rien, puisqu'elle était couarde comme une hyène. Se cacher derrière son époux lorsque les problèmes toquaient à sa porte était sa spécialité, depuis Poudlard. Elle en avait prit l'habitude, parce qu'elle savait qu'elle pouvait reposer sa tête sur son épaule sans craindre d'être jetée à terre. Elle avait la chance, à défaut d'être réellement heureuse dans son mariage, de se savoir tout de même aimée de l'homme qu'elle avait épousé. L'amour ne faisait jamais tout, le bonheur était un ensemble de pièces à assembler pour qu'elles fonctionnent entre elles, et cela ne marchait pas toujours. Astora, qui se trouvait devant elle, devait le savoir mieux que personne.
Sortir de l'Ecole de Sorcellerie et se marier par la suite avait fait perdre beaucoup d'amies à la rouquine, qui plaçait désormais sa loyauté en la famille Croupton. Comme elle, Astora s'était mariée et avait tracé sa route sans qu'elle n'en soit informée. Artemis ne lui avait pas couru après, et peut-être fusse là un de ses grands torts. Ne l'avait-elle pas laissé tomber ? "Quelque chose comme ça" sourit Artemis avec la gentillesse qui lui était commune. Peut-être avait-elle des regrets d'avoir laissé tomber une amie comme Astora Nott. Elle ne savait pas grand chose de ce qu'elle était devenue, mais elle allait le découvrir au détour de cette conversation pensait-elle avec espoir. Et justement, la blonde femme lui répondit qu'elle était la Directrice de la Gazette du Sorcier - journal qu'Artemis prenait le temps de lire tous les matins devant son thé à la verveine. La rouquine afficha une moue étonnée, mais non pas moins heureuse. Ce devait être fort intéressant, comme activité. Cela devait bouger. Si elle-même aimait son métier, elle ne pouvait guère lui prêter ce type de qualités. "Oh, oui" rougit-elle légèrement, "Bartemius et moi nous sommes mariés, et nous avons un fils, qui est désormais à Poudlard" l'informa-t-elle gentiment. Artemis replaça une mèche rousse derrière son oreille et observa la Directrice de la Gazette - Bartemius ne pourra plus dire que lui seul avait des relations désormais - pour évaluer les changements chez elle. Une manie de psychomage, sans doute. Astora semblait naturellement plus mature et mûre tout comme elle, à n'en point douter. "Tes occupations professionnelles doivent te prendre beaucoup de temps, mais être passionnantes" commença-t-elle en esquissant un léger sourire, "j'espère qu'elles ne te tiennent pas éloignées d'un bonheur personnel".
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| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Mer 6 Juin 2018 - 18:48 | |
| Depuis qu'Astora avait grandi et avait été confrontée au mariage et à d'autres relations, elle avait appris à prendre les sentiments et l'amour avec des pincettes. L'amour sincère était rare et précieux, mais les sentiments étaient parfois aussi fugaces que le printemps. Elle-même n'était pas tout à fait sûre que Marcus jusqu'à sa mort la détestait. Dans ses actions, on aurait pu dire qu'il y avait une sorte d'amour, d'amour vicié et malsain, qui s'exprimait. Les sentiments dépendaient de ceux qui les exprimaient. Lorsqu'une âme pure aimait, c'était d'un amour pur, mais lorsque l'âme était sombre et noircie, sa façon d'aimer l'était tout autant. Après s'être mariée, la jeune Nott avait laissé tomber beaucoup de choses, et notamment la totalité de ses amies. Toutes avaient pris un chemin différent, qui les avait toutes éloignées les unes des autres.
Son amie lui raconta la petite famille qu'elle avait fondé avec Bartemius Croupton, et la veuve échangeant un regard avec elle avant de lui répondre « Ah, d'accord ... » acquiesça-t-elle en forçant partiellement son sourire, elle avait espéré qu'Artemis avait laissé tombé cet infâme vampire émotionnel depuis le temps, mais de toute évidence cela n'avait pas été le cas. « Dans quelle maison a-t-il été réparti ? » demanda-t-elle avec un certain intérêt avant d'ajouter avec un sourire distrait : « Et ta belle-mère Black, elle ne te pose pas trop de soucis ? On m'a dit qu'elle était maniaque et d'une rare froideur ? » Ce qui expliquait le tempérament de Barty senior, les chiens ne font pas des chats. Astora garda son sourire sur ses traits alors que la discussion se dirigeait vers elle, et elle répondit d'une voix amusée tout en replaçant une étoffe qu'elle regardait sur l'étagère : « J'ai toujours considéré que mon bonheur personnel était circonscrit dans mes occupations professionnelles . » Elle passa une main nerveuse sur son tailleur pour le lisser avant de se retourner pour recroiser le regard d'Artemis : « Mais je n'ai personne qui m'attend à la maison, donc ça ne pose pas vraiment de problème » Depuis qu'elle avait tué son mari, et qu'elle avait acheté un appartement et donné un salaire décent à son elfe de maison, elle était seule dans sa demeure la plupart du temps. |
| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Mar 12 Juin 2018 - 10:11 | |
| Artemis n’était pas étrangère aux mauvais sentiments d’Astora à l’égard de Bartemius. Néanmoins la jeune femme espérait qu’avec le temps qui était passé, les deux adultes seraient capables de mettre du jus de citrouille dans leur vin. Elle avait passé bien des années à essayer de faire taire les querelles, tout comme elle avait souvent ignoré sciemment les conseils mal-avisés de son amie à l’égard de celui qui allait devenir son époux. L’élève puis l’adulte n’avait jamais réussi à comprendre pourquoi ils s’insupportaient l’un l’autre, et elle avait finis par conclure qu’ils se jalousaient mutuellement. De fait, cela rendait une résolution du conflit impossible. La jalousie était sans doute le pire défaut que l’on pouvait trouver chez quelqu’un aux yeux d’Artemis, car s’il pouvait être peu démontré, il pouvait également être dangereux. La jalousie, elle ne le savait que trop bien, détruisait des vies au sens propre comme au sens figuré. Pourtant, elle pensait qu’ils n’avaient rien à s’envier. L’un l’autre avait des qualités intéressantes, ainsi que des notes excellentes. Astora força son sourire pour lui répondre ce que la rouquine ne manqua pas de remarquer, mais elle se garda bien de lui faire toute réflexion à ce sujet. Elles venaient tout juste de se retrouver, pourquoi donc lancer si tôt les hostilités ? « Serpentard ! » claironna fièrement la psychomage en affichant un sourire profond sur son visage, « je suppose que c’est cela qui a calmé la grand-mère ! ». Artemis s’amusait assez de cette question. Bartemius avait sans aucun doute un sang plus noble que le sien, mais qui disait noblesse disait également l’austérité propre aux Black. Néanmoins, de mémoire, elle n’avait jamais vu cette femme. Son époux avait prit un soin tout particulier à détruire tous les liens familiaux qu’il pouvait avoir avec les familles conservatrices, et bien que curieuse, la fille Potter n’avait rien dis. Elle l’avait laissé prendre un plaisir malsain à mettre un coup de pied dans la fourmilière sans sourciller. « Mais je ne l’ai jamais vu, cependant » prit soin d’ajouter la jeune femme. Elle ne savait pas si la grand-mère était froide, irascible, mauvaise ou si elle était la douceur incarnée - ce dont elle se permettait de douter car Black ne rimait pas vraiment avec gentillesse que l’on soit clairs. Mais Astora, avec son nom de Nott, avait dû en entendre parler bien mieux qu’elle, et Artemis décida donc de se fier à son jugement cette fois-ci. Elle n’en parlera bien évidemment pas à Bartemius, car elle savait que le simple prénom de son amie pouvait lui donner des envies de meurtres. Cette conversation, elle comptait bien la garder pour elle.
La rouquine se détourna d’elle en voyant sa main nerveuse toucher une étoffe, comme dans l’idée de ne pas l’étouffer. Elle passa ses propores mains sur une robe poudrée avant de passer à une autre. « Le principal, c’est que pour toi ce soit vrai, non ? » lui demanda-t-elle sans la regarder. Si Artemis ne pouvait pas lier travail et épanouissement personnel, cela ne voulait pas dire que le monde entier réagissait de la même manière. Elle acceptait suffisamment bien les différences pour ne pas être choquée de ce genre de pensées. A ses yeux, le bonheur et l’accomplissement personnel était un tout dans lequel se trouvait le travail et tout le reste. On ne pouvait pas raisonnablement exclure un chiffre de l’addition et s’étonner après du résultat. La jeune femme demeura silencieuse à la phrase finale de son amie, comme mal-à-l’aise. Trouvait-elle la situation un peu triste ? Sans doute. Avait-elle perdu l’habitude de ce genre de confessions ? Sûrement. Néanmoins, elle se trouvait bien désolée d’avoir ainsi exposée son bonheur personnel à travers son fils alors que son amie ne pouvait elle-même pas vivre la même chose.
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| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Dim 17 Juin 2018 - 13:55 | |
| Les maisons de Poudlard avait toujours laissé de marbre la veuve Fawley. Bien qu'elle ait été à Serpentard durant sa scolarité, elle n'avait jamais tout à fait apprécié cette maison. Elle osait néanmoins espérer que le Poudlard qu'elle avait laissé derrière elle avait changé, car à son époque le conservatisme des serpents était profondément ancré. La jeune femme acquiesça donc distraitement, sans jugement, se contentent d'ajouter d'une voix neutre : « Il fait attention à ses fréquentations ? Tu sais comment c'était à notre époque ... » Car Astora ne doutait pas que ses anciennes camarades de classes extrémistes avaient donné naissance à des enfants, qui avaient eux aussi finit à Serpentard.
La jeune veuve tourna son visage vers Artemis en fronçant ses sourcils, d'un air consterné. Elle savait que Bartemius avait eu des relations tendues avec sa mère, c'était connu, mais elle ne pensait qu'il aurait empêché sa femme et son fils de la voir. Astora n'éprouvait aucune haine envers la grand-mère Black, bien que cette dernière était représentante d'une famille connue pour ses prises de possessions suprémacistes. La pauvre dame n'avait fait que suivre un chemin tracé pour elle, et comme beaucoup d'autres femmes, avait fait ce qu'on lui avait dit de faire. Cruelle destiné que de mourir sans revoir son fils et son petit-fils, pensa-t-elle. Sur trois de ses enfants, seule la cadette portant le nom Yaxley venait encore la voir vers la fin. L'aînée était morte depuis des années, et Bartemius avait déjà fait ses choix. Elle annonça d'un ton plat à Artemis, sans réellement montrer sa désapprobation : « Elle est morte. Depuis déjà trois ans maintenant. » Elle pinça ses lèvres en observant une tenue qu'elle inspecta d'un air intéressé : « La dragoncelle, elle a agonisé pendant plusieurs mois avant de succomber. » Elle pencha son visage sur le côté pour apercevoir le prix noté sur l'étiquette de la tenue. Deux gallions, ce n'était pas donné, mais ça semblait de bonne qualité. La jeune femme retourna son visage vers Artemis, les sourcils légèrement froncés : « Bartemius ne t'en avait pas parlé ? » Ce n'était pas surprenant, mais ce qui était surprenant, c'est que l'ancienne Potter l'ait toléré. Finalement, elle esquissa un sourire en changeant de sujet d'un air badin : « Enfin bon, le passé c'est le passé, ça parasite le présent. Comment trouves-tu cet ensemble ? » Elle lui montra d'un geste de main la tenue composée d'un tailleur mordoré et d'un haut de la même couleur.
Elle tourna son regard autour d'elle pour déceler d'autres choses qui pourrait l'intéresser dans le prêt-à-porter, car elle n'avait pas le temps de faire fabriquer sur mesure ses tenues. La réponse d'Artemis la fit sourire. « Le principal c'est que je m'en contente. Les choses sont ainsi, autant s'y faire. » répondit-elle simplement. Elle n'avait jamais désiré la solitude. Elle n'avait jamais rompu avec ses amants, aussi étonnant que cela puisse paraître. C'était eux qui s'écartaient et la délassaient, car elle était bien incapable d'affronter une vie seule. Car sans conversation autour d'elle, sans réelle affection, elle se fanait et plongeant dans l'introspection. Elle aurait tué bien plus tôt Marcus, si seulement elle avait eu moins peur de la solitude, car la compagnie douloureuse lui avait longtemps semblé plus douce que l'indépendance. Elle aurait aimé avoir une famille nombreuse, des cousins, des tantes, des enfants. Elle aurait voulu voir sa maison remplie de rire et de joie. Mais lorsqu'on voulait être une femme indépendante, autonome et ne dépendre d'aucuns hommes violents, on finissait seule, surtout à son âge. Elle avait fait son choix, et elle le payait cher. « Ce n'est pas comme si j'avais un époux, une sœur, ou un enfant pour lesquels me préoccuper. » murmura-t-elle avec un sourire forcé. |
| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Lun 18 Juin 2018 - 15:14 | |
| On disait souvent qu'un enfant était la combinaison parfaite - ou pas - des deux parents. Chacun donnait autant de ses gènes que l'autre, et en conséquence, l'enfant devait tirer des deux pour devenir un être unique. A son tour, lorsqu'il sera parent, il donnera un peu des deux grands-parents. Pourtant, certains enfants ne semblaient que ressembler au père ou à la mère au grand dam de l'un, ou de l'autre. Le déséquilibre effectué, il était bien difficile de changer certains tempéraments s'il n'y avait pas d'autre poids dans la balance. Certains en étaient une parfaite et une autre cassée, et Artemis se trouvait souvent bien triste de constater que le fils était le portrait craché du père, à quelques exceptions près. Bien entendu, elle retrouvait chez Junior certaines de ses caractéristiques, mais le caractère irascible de Bartemius prenait souvent le dessus sur leur fils unique. "Il est plutôt solitaire" confia la rouquine dans un souffle, "comme son père". En effet, s'il y avait bien quelque chose qui les différenciait - autre que tout le reste à dire vrai - c'était bien la sociabilité. Bien que représentante de la maison Potter - elle n'avait guère été très appréciée comme Serpentard- , elle s'était trouvée des amies, dont Astora. Celui qu'elle avait épousé avait été un tout autre animal qu'elle. Son amie avait raison et elle faisait bien entendu référence à leur jeunesse à Poudlard. La psychomage avait connu les railleries et les moqueries, et elle n'avait que trop entendue de propos racistes pour ne pas s'inquiéter de la place de son fils dans cette maison. Mais elle avait suffisamment confiance en Junior pour savoir qu'il serait assez intelligent pour ne pas se faire avoir par quelques propos illuminés.
Les propos illuminés étaient tout ce contre quoi son époux s'était battu toute sa vie. Il avait détruit les préjugés des familles desquelles il venait pour se créer son propre point de vue et sans doute que cela les avait aussi rapproché. Quoi de plus ironique pour quelqu'un qui combat les principes arriérés que de se marier avec une fille d'une des vingt-huit familles ? se disait-elle souvent, en souriant à moitié. Quoiqu'il en soit, il avait coupé les ponts avec eux, et Artemis avait été assez intelligente pour ne jamais lui poser de questions. Elle savait qu'il avait eut des relations tendues avec sa mère - car quoi que l'on puisse penser, il était aussi doué de parole - mais elle n'avait certes pas été au courant de sa mort. L'apprendre de la bouche de son amie la consterna mais elle ne laissa rien paraître sur son visage pâle. Elle se contenta de sortir un haut d'un rayon pour l'examiner. "C'est terrible" dit-elle en affichant un visage de circonstance, "mais non, il ne m'en a pas parlé. Ce n'est pas très étonnant". La dragoncelle était une maladie terrible mais elle ne lui en voulait pas de ne rien avoir dit sur sa mère. Après tout, s'il n'avait pas ressenti le besoin d'en parler, elle comprenait parce qu'elle n'était pas psychomage pour rien. Comme elle n'avait jamais vu personne de sa famille à lui, elle se demandait souvent d'où il tirait certaines manies, certaines caractéristiques physiques comme morales. Y avait-il seulement eut quelqu'un qui l'avait influencé dans sa vie ? se demandait-elle souvent. "J'aime beaucoup la coupe, mais moins la couleur pour ma part. Par contre, il t'irait sans doute bien" lui répondit-elle après avoir jeté un vif regard alternativement entre l'habit et son amie. "Je vais prendre ce haut" l'informa-t-elle en fronçant les sourcils pour chercher le prix quelque part sous le tissu sombre, "il ira avec ma cape".
La robe poudrée qu'elle venait de remarquer ne lui plaisait finalement pas. La coupe lui semblait vulgaire bien que la couleur était tout à fait jolie. Elle acquiesça silencieusement aux sages paroles d'Astora en se retournant pour examiner des gants. Artemis n'en portait plus depuis longtemps, mais les hivers se faisaient plus rudes et elle supportait moins le froid. Astora ajouta quelque chose qui fit bizarrement frémir la rouquine comme elle se sentait visée par une phrase bateau. Sa soeur était décédée l'année d'avant, elle ne pouvait plus vraiment compter sur elle, désormais. Bartemius rentrait tard, affichait une mine austère. Junior n'était là que pendant les vacances mais ne parlait guère. Artemis finalement, se sentait plus seule qu'elle ne l'avait jamais été. Sentant venir le malaise, elle répondit à son sourire forcé par un autre un peu plus enjoué : "Oui, enfin, tu peux toujours compter sur tes amies". Elle afficha ses dents blanches dans un sourire sincère, avant de se détourner d'elle.
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| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Mer 20 Juin 2018 - 23:34 | |
| Parfois, Astora se demandait de qui son père ou sa mère avait le plus apporté dans son être. Bien qu'elle aurait été tentée de répondre aisément que le sang maternel avait plus d'importance pour elle que celui de son père, elle n'avait eu d'autres choix que de reconnaître au fil du temps qu'elle avait hérité de la trempe de fer de son paternel. Sa mère était une femme d'une extrême douceur, très effacée, excessivement maternelle, et incapable de la moindre violence. D'une certaine façon, c'était cela qui avait causé sa mort. Sa fille, Astora, par contre n'avait pas hésité une fois dans la même situation. Elle avait tué le mari félon avant d'être liquidée, et cette force de caractère ainsi que son poing d'acier dans un gant de velours, était indéniablement issu du sang Nott. La jeune femme se passa de commentaires sur le fils d'Artemis, car elle se doutait bien que cette dernière savait ce qu'entendait d'être réparti à Serpentard. L'épouse Croupton était intelligente, et elle connaissait pertinemment les pièges que son fils devraient éviter. En espérant qu'il les décèle.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la jeune veuve n'avait jamais pensé un jour à ne pas faire le deuil de son père. Une part d'elle le haïssait, certainement, mais une autre part d'elle, celle de sa mère Prewett, aimait son père pour ce qu'il était, son père. La famille est la seule chose qu'on ne peut oublier, et qu'on ne pas renier. Même si l'on perd contact, même si l'on peut ignorer leur existence, le visage des parents est toujours là sur les traits de leurs enfants. Astora replaça une mèche blonde parfaitement bouclée dans sa coiffure d'une main experte avant d'acquiescer d'un air distrait : « Elle a failli finir à la fosse commune, paraît-il, mais finalement son veuf et sa fille survivante ont payé pour qu'elle soit enterrée dans une petite tombe. » renseigna-t-elle en passant une main intriguée sur le tissu d'une robe, poursuivant avec détachement : « Comme quoi, il vaut mieux avoir plusieurs enfants, on ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve. » La jeune veuve cilla, elle qui n'avait pas un seul marmot. Cela dit, elle préférait encore ne pas en avoir, et ne pas mourir en se sentait trahie par un des enfants qu'elle aurait mis au monde.
« Oh oui, cette couleur devrait m'aller, avec mes cheveux blonds. » approuva Astora à la remarque de son amie, se doutant que les cheveux roux de l'épouse Croupton auraient juré avec la couleur mordorée du tissu. L'ancienne Nott tourna son visage vers Artemis pour se figurer si le haut qu'elle souhaitait prendre lui irait. Bien qu'elle n'était pas tout à fait sûre que la coupe de ce dernier lui irait, elle acquiesça avec conviction : « J'adore ! Cela ira à merveille avec ta cape, effectivement, tu seras d'une rare élégance. » la complimenta-t-elle sincèrement. Les goûts vestimentaires de l'épouse Croupton, bien qu'un peu trop conventionnel aux goûts d'Astora, étaient irréprochables. Son amie lui sourit de toute ses dents en lui répondant qu'elle pouvait toujours compter sur ses amies, pour contrer sa solitude. Si seulement. Malgré tout les événements de sa vie, Astora restait profondément convaincue que les seuls liens humains qui ne s'effaçaient jamais étaient ceux entre les membres d'une même famille. Néanmoins elle acquiesça avec un grand sourire, car de toute façon Artemis était bien une lointaine cousine au cinquième degré ou quelque chose comme ça, comme la plupart des sorciers sang-pur d'Angleterre. « Effectivement, heureusement que je vous ai ! » répondit-elle avec joie, avant d'ajouter d'un air badin : « Et puis quand je m'ennuie, je vais poser des lys sur la tombe de Marcus le samedi, ça m'occupe. » Et c'était une sensation tout à fait jouissive de venir le harceler même dans la mort, puisque son atroce époux n'avait jamais pu supporter l'odeur ou la vue de ces fleurs, qui désormais ornaient continuellement sa tombe. |
| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Dim 24 Juin 2018 - 14:17 | |
| Il y avait quelque chose de tout à fait poétique dans la procréation, pour peu que celle-ci soit une réussite complète et non partielle. Pour l'œil extérieur, aucune procréation n'était parfaite sinon la sienne, et la subjectivité parentale avait cela d'hypocrite et d'insensé. Chaque parent trouvait plutôt des défauts chez les autres enfants que chez les leurs, et juraient volontiers sur tous les toits que leur fils ou leur fille, rendra le monde meilleur et sera, accessoirement, le ou la meilleure. Malheureusement, ils effaçaient directement ce qui faisait de leur enfant l'être unique qu'il se préparait à être, car tout être se trouvait en présence de défauts, et de qualités pour rattraper le tout. Telle était l'espèce humaine et retirer cela, serait au fond, retirer toute humanité de leur progéniture. Donner naissance à un Homme qui n'en était pas un, serait probablement la pire procréation de l'humanité, pour qui accordait un peu de crédits à la place que tenaient les sentiments dans la vie de quelqu'un. Cette passion pour ce qui faisait l'Homme Homme, avait poussé Artemis, très jeune, à s'intéresser à la psychomagie. Elle avait beau avoir déjà expliqué à Bartemius le fond de sa pensée sur la question, ils restaient deux être indissociables que tout semblait désunir et que les faits de la vie rapprochaient indubitablement. Chacun avait des qualités que l'autre percevait et faisait peut-être passer avant les défauts. Sans doute que cela était une erreur que le temps saurait effacer, ou sans doute que cela était un de leurs rares caractères communs. Leur propre vision de leur fils divergeait malheureusement, comme le père n'avait guère la fibre paternelle et que la mère l'avait trop. L'ironie de toute cette histoire, c'était sans doute que le fils était le portrait craché de ce père qui n'était que trop peu présent pour lui. Son asociabilité flagrante était en opposition avec l'ouverture d'esprit d'Artemis qui avait toujours à cœur de discuter avec quelqu'un, ou de rencontrer une nouvelle âme pour l'aider à s'ouvrir l'esprit. Elle n'était pas assez imbus d'elle-même pour penser tout connaître et pour penser être dans le vrai dans tout. Toutes les expériences du monde ne suffiraient pas à lui faire penser qu'elle était une spécialiste dans tous les domaines et plus particulièrement dans le domaine de la vie. Astora devait en connaître bien plus qu'elle de ce point de vue là. La rouquine avait toujours vécu dans un cocon douillé qui la protégeait du monde extérieur. Elle était bien peu au fait des us et coutumes qu'auraient dû lui imposer son nom, et elle était bien peu au fait de la rubrique morbide de la Gazette. Finalement, peut-être qu'elle vivait dans un monde où elle était épargnée de cela, et ce serait mentir que de dire que cela ne lui plaisait pas. "C'est déjà ça" se permit-elle comme seul commentaire à propos de la grand-mère qui avait faillit finir éparpillée dans un cimetière. Non pas que cela ne la touchait pas, mais elle voyait guère comment ne pas afficher son réel malaise. Non seulement elle n'avait pas été au courant de sa mort - car Bartemius s'était bien gardé de lui en parler - mais elle avait en plus l'impression de s'enfoncer à chaque paroles. Son honnêteté était sans doute trop manifeste pour le monde sans pitié des sang-purs. Au paroles suivantes de son amie, Artemis se contenta de tripoter un tissu hideux d'un air pensif. La psychomage avait bien trop foi en son sang pour penser un seul instant être trahie par celui-ci. Cette dévotion et cette confiance aveugle seront, bien entendu, sa triste perte. "Il ne faut pas non plus vivre la vie de manière pessimiste" corrigea la rouquine en esquissant un léger sourire pour cacher son malaise.
Finalement, il était sans doute plus facile pour elle de discuter mode que de discuter des affaires de famille avec Astora Fawley. Bien qu'elles aient passé leur adolescence ensemble, elles étaient deux femmes bien différentes que la vie avait forgé correctement ou non - tout dépendait une fois encore, de ce traître point de vue qui nous induisait en erreur à chaque moment de notre vie, ou presque. "Allons bon, vendu dans ce cas" fit-elle en tapotant son haut qui pendait sur son avant bras. Mais les conversations semblaient finalement toutes se rejoindre avec Astora, et Artemis aurait dû se rappeler de cela lorsque son amie l'avait abordé un peu plus tôt. "Marcus ? Il est décédé ?" demanda un peu niaisement la jeune femme devant les paroles qui confirmaient sa question stupide, "mais comment ?". Bien qu'elle trouvait la nouvelle terrible, elle n'avait jamais rencontré le Fawley et ne le connaissait que parce qu'elle avait entendu dire par quelqu'un qui l'avait lui-même entendu d'une autre bouche, qu'Astora Nott se mariait avec lui. Pourtant, il lui semblait bien étrange que son amie ne soit pas plus retournée que cela par la mort de celui qui avait partagé sa couche. Elle plissa les yeux sans rien dire et préféra attendre la suite sans la redouter.
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| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Lun 6 Aoû 2018 - 20:52 | |
| La veuve hocha sagement de la tête, en signe d'acquiescement. Artemis avait très clairement raison. Rien ne servait de vivre la vie en étant pessimiste. Il y avait deux écoles à dire vrai dans le monde, les stoïciens qui pensaient qu'il fallait prévoir les coups du sort et se préparer à les subir afin que lorsqu'ils frappent, l'on y soit habitué, et puis il y avait les épicuriens qui eux pensaient que la préparation à la destiné n'avait aucune utilité, et qu'il fallait vivre dans l'instinct présent. Astora, depuis déjà plusieurs années avait choisi son camps, et préférait regarder de loin les risques de l'infortune. « Oh non ! C'est certain. » approuva Astora d'un ton doux, avant d'ajouter avec un sourire en coin : « C'est bien mieux le déni de la réalité, c'est moins pessimiste je trouve. »
La veuve Fawley laissa échapper un petit rire en voyant Artemis convaincue par son achat. La superficialité de leurs achats rendaient leur conversation plus légère et définitivement moins grave. Et pourtant, dans le climat actuel, et au travers de leur vie, toute les raisons étaient présentes pour que leur discussion soit grave et morne. Ainsi, comme pour confirmer cela, Artemis s'étonna de la mort de Marcus. Astora ne chercha pas à feindre une peine qu'elle n'avait jamais ressenti, et qu'elle simulait bien trop souvent. Elle haussa des épaules blasées, en acquiesçant distraitement tout en fouillant dans une pile d'étoffe : « Et oui ... » ponctua-t-elle simplement, poursuivant d'un ton désintéressé : « Oh ce sont des choses qui arrivent, tu sais les gens meurent tout les jours … Il a juste fallu qu'il se tue en cramant avec le manoir ... » Elle soupira, se remémorant sa demeure. Dommage qu'il n'en reste plus rien, quand même. « Il n'a jamais rien fait comme tout le monde » D'un geste dédaigneux de la main, elle replaça l'étoffe qu'elle observait. Elle n'avait jamais apprécié le vert pomme.
« C'est comme ma voisine, Gwenneth Llywelin, elle a disparu l'année dernière du jour au lendemain. La veille elle était en pleine forme, et le lendemain ... » poursuivit-elle d'un air badin, claquant des doigts ensuite en ajoutant « Pouf, morte. » Astora secoua sa tête d'un air de dénégation, feignant une peine qu'elle ne ressentait pas, mais ne força pas le trait. Elle n'avait aucune envie de faire croire à Artemis que son mari lui manquait, elle n'avait pas envie de lui mentir sur ce point. La veuve laissa flotter une petite moue sur ses traits, en précisant d'une voix calme : « Tout ça pour dire que je suis terriblement affligée par sa perte, tu te doutes bien » Elle fronça néanmoins ses sourcils alors qu'elle regardait quelques prix distraitement, se retournant vers l'épouse Croupton pour la regarder dans les yeux en ajoutant d'une voix plus basse : « J'ai même découvert qu'il avait des dettes de jeux, et qu'il avait contracté plusieurs emprunts pour des filles de joies ... » Elle baissa encore sa voix, murmurant à son amie, alors qu'elle jetait un regard alentour pour être sûre de n'être pas écoutée : « Certains de mes bijoux que je tenais de ma mère étaient hypothéqués … J'ai payé le prix fort pour les racheter. » Astora passa une main à l'arrière de sa nuque, pour y rattraper des mèches qui se seraient hypothétiquement enfuies de son chignon banane, avant de conclure en relevant sa voix, sans honte mais avec un ton blasé : « En tout cas, me voilà veuve et sans enfants, si ce n'est pas pathétique »
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| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Mer 8 Aoû 2018 - 22:11 | |
| Vivre avec Bartemius Croupton avait au moins eu le mérite de tenir Artemis éloignée des tristes inquiétudes qui allaient de paire avec le monde social dans lequel ils évoluaient. Bien qu'elle repoussât farouchement l'idée selon laquelle son mariage l'avait tenu éloigné d'un monde qu'elle appréciait pourtant, le temps passant, la psychomage ne pouvait s'empêcher de contempler l'oeuvre tel le voyageur au dessus de la mer de nuage. Elle avait perdu beaucoup de monde pendant son propre voyage, et en avait abandonné d'autres en chemin, bien qu'elle se soit toujours promis de ne jamais le faire. Il y avait quelque chose dans l'étrange sentiment qu'était l'amour qui nous poussait aux pires folies et aux plus violents sacrifices. A ses dépends, sans doute, elle l'avait vécu. Pour autant, on ne pouvait pas franchement dire qu'elle regrettait les choses telles qu'elles s'étaient produites. La vie avait suivi son cours, son destin avait simplement déposé son cachet de cire. Aussi, lorsqu'Astora évoqua le déni de la réalité, la rouquine en vînt à la conclusion que c'était également ce qu'elle vivait. N'était-ce pas amusant, qu'à leurs échelles et avec des problèmes différents, elles vivent les mêmes choses ? Artemis se contenta de la gratifier d'un léger sourire. Pourtant, si Astora avait des regrets ou préférait vive dans un déni de réalité, elle ne semblait absolument pas y vivre à cause du tragique décès de son époux. La rouquine ne savait pas encore comme sa mort n'était pas un accident, et qu'il s'agissait au contraire, d'un bienheureux événement. Le geste dédaigneux de son amie lui fit froncer les sourcils. " Je suis désolée si je te vexe mais... Je rêve ou sa mort ne t'a pas impacté ?" demanda-t-elle, affichant un air mi-figue mi-raisin. Elle comprit enfin que ce ne devait pas être un homme très sympathique, et elle eu un élan d'empathie pour son amie de collège qui n'avait sans doute pas eu de vie de couple facile. Si elle-même ne pouvait pas dire qu'elle s'en sortait beaucoup mieux, elle avait au moins la chance de ne pas détester profondément son époux. Artemis toutefois, ne se rendait pas compte que la mort du Fawley n'avait pas indifféré son épouse, mais l'avait au contraire remplie de joie. Cela, elle ne pouvait pas le concevoir, comme elle avait une vision totalement romantique d'un mariage. C'était là quelque chose d'assez ironique pour peu que l'on se penche un peu sur le sien. Et la psychomage n'eu pas l'occasion de dire d'autres mots, qu'Astora enchaîna de manière tout à fait spontanée sur sa voisine. " C'est terrible" fit-elle remarquer avec une moue de conséquence. Celle qu'elle arborait était mi-attristée, mi-blasée par le sens profond de la chose. Il était vrai que la vie pouvait nous quitter du jour au lendemain, pensait-elle justement, mais ce n'était tout de même pas commun qu'il n'y ai aucun signe avant-coureur. La plupart des individus mourraient de maladie, mais certain c'était vrai, mourraient d'accidents. La conversation glauque la mena tout naturellement à se demander ce qui serait son trépas. " Il ne m'avait pas l'air très sympathique" commenta Artemis en fronçant les sourcils, " oh, regarde cette écharpe !". Elle lui tendit une belle écharpe de laine avant de grimacer devant le prix : " Mmh, je suppose qu'elle coûte au moins aussi cher que les dettes qu'il avait contracté..." se permit-elle de faire remarquer avant de la reposer, dégoûtée, " ce n'est pathétique que si tu penses sincèrement que ça l'est". Elle décida finalement de s'avancer vers la caisse comme elle pressentait qu'elle allait devoir vider sa bourse de gallion sur le comptoir pour s'acheter la cape de ses rêves. (658) - Spoiler:
Cette réponse n'a absolument aucun sens, mais j'ai pas dormi depuis plus de 24h ahahahah désolée
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| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Lun 20 Aoû 2018 - 17:47 | |
| La mort de Marcus avait impacté Astora, elle ne pouvait le nier. La moitié de sa garde robe avait brûlé dans l'incendie, et il n'y avait pas un jour sans qu'elle repense à ce manteau de vison sacrifié sur ce bûcher funéraire marital. Quelle tragédie. Pour le décès de son mari cependant, elle ressentait la plus pure indifférence lors des mauvais jours, et la plus grande satisfaction lors des bons. Au final, elle avait rayer de la surface de la Terre un fou qui torturait des moldus dans sa cave pour s'amuser, et martyrisait une femme stérile. Dans un monde équitable elle aurait reçu une médaille pour son action. Car si aucune âme juste ne tente de corriger les hommes pour leurs orgueils et leurs violences, comment espérer une meilleure société ? Mais tout cela, elle ne pouvait le dire à Artemis, car si cette dernière avait bien des qualités, elle ne possédait pas ce feu de la révolte qui lui eut permis de la comprendre. « Oh Darling, tu ne me vexes pas. Six ans à pleurer, c'est long, et l'on finit par s'en lasser. Surtout quand l'homme qu'on a perdu n'était pas le meilleur des maris. » répondit-elle sagement, feignant d'avoir acquis ce détachement depuis peu. La réalité était qu'elle avait ce détachement depuis qu'elle avait plongé sa baguette dans la jugulaire de Marcus. Sans regrets, jamais.
Astora haussa ses sourcils soudainement en apercevant différents lots de rubans et de foulards en toute sorte. D'un pas guilleret, elle s'y dirigea, et entreprit de poser chaque étoffe sur son poignet pour trouver celle qui flânerait le plus sa peau. Elle en trouvait une d'un bleu profond et sombre, rehaussé de quelques motifs dorés, et elle la plaça sur son avant-bras avec les autres trouvailles qu'elle avait faites dans l'échoppe. « Effectivement il n'avait pas l'air sympathique, et il ne l'était pas. » Acquiesça paisiblement Astora en redirigeant son regard vers Artemis qui l'avait suivie. Avec intérêt, la veuve Fawley vint lire le prix de l'écharpe en laine de boursoufflet sauvage de Formose, et secoua sa tête calmement, se contentant de lâcher : « Quadruple ce montant. » Par la suite elle affecta la même moue dégoutée que l'épouse Croupton alors que cette dernière reposait l'écharpe, elle aimait les choses qui valaient leurs prix, et elle n'avait jamais approuvé la chasse au boursoufflet sauvage. Alors qu'elle suivait son amie jusqu'à la caisse, la laissant passer en première pour payer ses achats, Astora répondit avec un demi-sourire de circonstance mais un regard plus terne : « Je ne m'étais pas mariée pour rien, donc je pense sincèrement que cette situation est ironiquement d'un pathétisme consommé. » |
| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA Mar 21 Aoû 2018 - 15:32 | |
| Artemis avait beau être une psychomage, il lui arrivait parfois de s'étonner de la complexité des sentiments des gens. Astora donc, ne faisait pas exception, et laissait la rouquine béate. Si elle portait le nom des Potter, il n'avait jamais fais de doute pour elle que son mariage serait un mariage d'amour, et non pas un mariage forcé. Mais elle ne pouvait certainement pas prétendre que tout le monde avait cette chance. Son amie de collège, de part le prestige de son nom, n'avait peut-être pas eu le choix comme elle. L'idée qu'on ai volé la jeunesse de Nott fit de la peine à l'ancienne Serpentard, qui ne partagea pas ses pensées malgré les explications que se força peut-être à lui fournir Astora. Ne répondre qu'un sourire circonspect lui semblait tout équivoque pour exprimer son état d'esprit. Ainsi donc, les voilà en train de s'intéresser à l'illusion, à la superficialité de quelques écharpes qui se vendaient, de toute évidence, au prix d'or chez Madame Guipure. Il était beaucoup plus simple pour Artemis de plaisanter sur le prix qu'elle allait devoir donner pour ce qu'elle avait choisis, plutôt que de parler du malheur de son amie, rencontrée au hasard dans une boutique. Car si elle était psychomage, et si elle entendait souvent de terribles choses, la trentenaire se trouvait mal-à-l'aise de voir que sa vie, finalement, n'était pas aussi terrible que cela. Elle avait beau être sincèrement malheureuse dans un couple qui ne tenait plus la route depuis des années, il valait encore mieux cela plutôt que d'être enchaînée à un homme malsain qui, en plus, avait des dettes aux jeux. Elle se sentait pathétique de s’apitoyer sur une existence qui n'était pas si sombre. Bien entendu, la rouquine parlait du montant comme une métaphore, et s'amusa donc de la réponse de son amie sur le prix. Quadrupler, ou quintupler le montant, le résultat serait sensiblement le même : dans tous les cas, l'homme s'était perdu dans les dédales des salles de jeux et entre les pions vicieux du croupier blasé. Le pathétisme qu'entrevoyait Astora dénotait d'une certaine acceptation de sa condition et de sa réalité. Sans doute qu'il s'agissait d'un réalisme que refusait de reconnaître la rouquine, car nul doute que si elle avait été à sa place, elle aurait eu bien du mal à avancer. Se tenir devant les cendres chaudes de son mariage était une chose, se tenir devant les cendres chaudes de sa maison qui avait brûlée, avec son mari avec, en était une autre. Surtout si l'homme était malsain tel qu'il semblait l'avoir été. Artemis paya son montant et attendit Astora à la sortie de la petite boutique : "C'était une surprise agréable dans tous les cas de te croiser ici" lui dit-elle en affichant un sourire sincère, "si tu veux qu'on aille boire un verre un jour toutes les deux, c'est quand tu veux. Peut-être avec Melody, également. Tu l'as revu récemment ?" demanda-t-elle en s'aventurant entre les divers passants qui, comme elles, étaient là pour perdre leur argent. |
| | | | Sujet: Re: Etoffes et gallions | ASTORA | |
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| | | | Etoffes et gallions | ASTORA | |
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