Le froid commençait à tomber sur l'Europe et plus particulièrement sur l'Angleterre. C'est emmitouflé dans une cape de mi-saison que Moran venait de transplaner depuis la maison de ses parents, à Callender. Direction, Godric's Hollow. Des cernes visibles s'étendaient sous ses yeux comme le voile noir d'une veuve, vestiges des jours difficiles qu'il vivait depuis quelques temps. Le jeune homme dormait bien peu, travaillait tard, et buvait, malheureusement, beaucoup. Autant pour noyer le même chagrin qui l'avait conduit à commettre une grosse erreur que pour oublier tous ses problèmes. Il trouvait finalement un réconfort terrible dans les verres de scotch qu'il se servait toujours. Mais, ce jour-là, à la nuit tombante, il ne transplanait pas pour aller boire une pinte au pub. Non, il allait chez Gardenia. Si un an auparavant, il aurait pu prévoir ce qui se passait en ce moment, il n'aurait pas fait les mêmes choix. Le jeune homme réalisait que sa vie était terriblement en suspens. Mettre sa meilleure amie enceinte avait été la plus belle connerie de sa vie. Il ne poussa pas le vice, en arrivant au village, à s'allumer une cigarette provocatrice le temps d'arriver jusqu'à la maison de la jeune femme. Pourtant, quelques bouffées de fumées l'auraient sans doute aidé à comprendre, et surtout à assumer ce qu'il allait demander à la jeune femme.
Depuis qu'ils avaient appris l'"heureuse" nouvelle, Moran cogitait, bien malgré lui, sur la question de l'enfant. Il n'était pas question pour lui de ne pas prendre ses responsabilités, il avait affirmé à Gardenia qu'il le ferait, et il comptait le faire. Non, maintenant, il s'agissait de savoir s'il était prêt à faire sa vie avec elle et elle, avec lui. Cette question le taraudait terriblement comme il n'avait absolument aucun sentiment pour son amie. La jeune femme avait toujours été sa meilleure amie et sa partenaire de crime, au mieux, son amante. Pas sa femme. Pas, normalement, celle qui devait accoucher de son enfant. Il toqua à la porte de la maison Potter l'esprit lourd, tout en priant pour ne pas croiser quelqu'un d'autre qu'elle. Car il avait entendu qu'elle désirait vendre et se retrouver idiot devant un visiteur le mettrait tout à fait mal-à-l'aise. "Salut" la salua-t-il bien simplement en s'engouffrant dans la maison lorsqu'elle s'effaça pour le laisser rentrer, "tu vas bien ?".

Godric's Hollow était une petite ville semi-magique du sud-ouest de l'Angleterre, une bourgade où la demoiselle avait passé l'une des plus grandes parties de sa vie, après Poudlard. Pourtant, depuis quelques temps l'idée de continuer à y vivre s'y faisait pesante pour de nombreuses raisons comme celle qui se nichait actuellement en son sein, à vrai dire c'était la principale. Elle ne voulait pas débuter une nouvelle vie dans un endroit contenant des souvenirs aussi toxiques et Merlin le savait. Cela faisait quelques semaines que la demoiselle avait mis la maison en vente et les acheteurs présumés se faisaient nombreux et parmi eux, les indiscrets l'étaient encore plus et ceux-ci étaient directement mis hors-jeu. Cent cinquante et un mille, sept cents trente-neuf allions et cinq mornilles soit un million cent mille cent dix euros moldus, telle était la somme à laquelle était évaluée cette maison appartenant à feu Eden Potter et Galahad Ollivander. La jeune fille serra la main des derniers visiteurs qui venaient de se placer en tête des choix d'acheteurs, ancien capitaine de l'équipe de Serdaigle et donc son prédécesseur de cinq années, Dan McLloyld venaient d'acheter cette maison avec sa femme et leur enfant en bas-âge. Cette vue, lui avait tant fait regretter d'avoir bu ce soir-là et d'avoir fait ce qui était certainement la pire connerie qu'ils aient fait à eux deux jusqu'à aujourd'hui. Cette vue lui faisant penser, qu'elle n'aurait jamais le plaisir d'avoir une famille si aimante pour son enfant, elle l'aimerai oui, mais elle doutait de pouvoir aimer Moran de la même manière que le couple qui venait de visiter la maison le faisait.
Rien que tout cela lui donnait envie de plonger dans l'alcool, mais elle se devait de rester sobre pour qu'au moins l'un des deux tienne la route et puisse s'occuper de l'autre quand celui-ci acceptait de rentrer dans leur repaire provisoire, parce que non, ce n'était pas "la maison" et cela ne le serait plus d'ici quelques semaines le temps de trouver autre chose. Nouvelle vie, nouvel arrivant et nouveau "couple", c'était ce qui les attendait. Un couple n'ayant pourtant jamais ressenti quoique ce soit l'un pour l'autre, elle ne pouvait s'empêcher de penser que quelques années plus tard, avec un autre homme elle aurait pu dire adieu correctement à son adolescence, ce qui n'était pas le cas pour le moment.
Perdue dans ses pensées, elle revint à la réalité lorsque quelques coups retentirent dans la maison. Elle n'eut aucun mal à s'imaginer la personne derrière la porte et fut plus mal-l'aise que surprise en voyant l'ancien serpentant à la porte. « Hey... » fit-elle en se décalant pour qu'il puisse entrer convenablement dans le hall, « On va dire que ça va, et toi ? » finit-elle par lui répondre en fermant la porte. Il fallait dire qu'étant donné les circonstances elle doutait qu'il aille mieux qu'elle, si ce n'était pas pire. Elle lui fit signe de faire comme chez lui et de la suivre au salon, avant de lui servir un fond de verre de scotch. L'ancienne bleue avait l'habitude de lui en servir un et ce depuis le début de leurs ébats, puisqu'on ne pouvait qualifier ceci de relation. La demoiselle pris place en face de lui et lui tendit deux dossiers. « Avant quoique ce soit... J'ai retenu deux couples qui sont venus visiter la maison, mais je voulais que tu puisses avoir ton mot à dire alors... euh... voilà. » Le second couple étant une femme enceinte d'environ trente-sept ans et son compagnon cherchant une maison pour commencer leur vie à quatre puisque celle-ci attendait des jumeaux, mais ne les connaissant pas plus que cela, il fallait dire qu'elle n'avait pas de réelle opinion sur eux.

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Moran ne savait pas trop quoi penser de la situation actuelle. Il la sentait pénible, et il s'en voulait particulièrement d'être celui qui arracherait Gardenia à sa maison. Elle y avait grandi, avec son père puis avec sa mère, et il lui enlevait cela à cause de ce qu'il lui avait fais. On ne pouvait pas dire donc, qu'en arrivant à Godric's Hollow ce jour-là, le jeune homme avait un pas de conquérant. Il n'était pas un petit empereur aux envies expansionnistes, simplement un garçon à peine sorti de l'adolescence et déjà crucifié pour ses mauvaises actions. Ce jour-là, plus que jamais, il avait l'impression de gâcher sa vie. En témoignait relativement bien sa gueule de bois du matin, qui expliquait également les cernes sous ses yeux. Le jeune homme fut accueillit par une jeune femme de toute évidence aussi éprouvée que lui, et sans qu'il ne puisse s'en empêcher, il ne pu rien faire d'autre que de baisser ses yeux vers le ventre de la jeune femme, d'un air timide. Il détourna le regard, car il était immensément désolé. Autant pour elle que pour lui. "Je garde la tête hors de l'eau" commenta-t-il difficilement, sans ajouter "plus pour longtemps". Il ne savait pas très bien combien de temps il allait tenir avec cette cadence malsaine. Gardenia était enceinte, et ils devaient commencer à penser à un troisième individu. Ils n'avaient pas de travail. Lui était encore étudiant. Et pire que tout encore, ils ne s'aimaient pas.
Moran suivit silencieusement l'ancienne bleue sans rien dire. Depuis cette fâcheuse affaire, il avait tendance à se perdre dans le silence. Étonnant pour un garçon qui avait une réputation de moulin à parole. Ils s'assirent ensemble et la jeune femme lui dit qu'elle avait retenu deux dossiers qu'elle voulait qu'il étudie. "Tu veux vraiment vendre, alors ?" demanda-t-il. L'Écossais était, pour ainsi dire, penaud, assaillit de toute part par le remord froid et piquant. "C'est ta maison, Gardenia, je ne veux pas interférer là-dedans encore plus que ce que je ne l'ai déjà fais" lui expliqua-t-il doucement avant de se retrouver avec un verre de scotch entre les doigts. Il fixa pendant de longues secondes le liquide ambré avant d'en prendre une gorgée. Il était bon, ce scotch, mais il ne pu s'empêcher de formuler : "Je devrais vraiment arrêter de boire". Il finit son verre comme si c'était de l'eau avant de le reposer sur la table, sans, cependant, toucher aux dossiers. Il était inhabituel disons, voire incongru, de l'entendre dire cela. Lui qui aimait tant l'alcool, qui avait eu tant de beaux moments et de merveilleuses gueules de bois, commençait à songer qu'il était victime là, d'un mal bien écossais.

Les cernes de Moran, étaient identiques aux siens, bien qu'elle se doutait fortement que la provenance ne pouvait être que tout autre, à vrai dire elle avait pris l'habitude de ses gueules de bois autant que des siennes avant l'annonce de "l'évènement", ou plutôt "le milkshake"* comme elle l'était mise à l'appeler récemment. Garder la tête hors de l'eau était devenu leur phrase favorite, bien qu'à certains moments elle se demandait réellement si elle n'avait pas coulé depuis bien plus longtemps qu'elle ne voulait l'avouer. Le silence qui régnait entre eux était devenu habituel bien que pesant, alors qu'il y a deux ans encore leur conversation pouvait débuter tôt dans l'après-midi et se terminer au petit matin après avoir réalisé un énième coup foireux dans le château. Il fallait croire qu'ils en étaient encore au coup foireux, le pire de leur carrière, mais que la discussion s'était évaporée. Les dossiers posés sur la table, elle faisait son possible pour ne pas changer d'avis, mais le ton du garçon lui ôta tout doute, elle ne voulait plus qu'il se sente responsable de la situation. Ils l'étaient autant l'un que l'autre et savoir l'état dans lequel le "milkshake" mettait Moran la rendait presque malade. « À vrai dire, cela fait un moment que je pense quitter le navire. » dit-elle en pensant à la mort de sa mère plus d'un an auparavant. « Mais il faut croire qu'il aura fallu que tu "interfères", comme tu dis, pour que j'arrive à me défaire de cette maison toxique, Moran. » dit-elle en le regardant porter le verre à ses lèvres avant de faire un stupéfix sur image lorsqu'il prononça une phrase qu'elle n'aurait jamais cru entendre de la bouche de l'ancien capitaine des serpents. Arrêter de boire, vraiment ? Elle voulait se convaincre qu'il tiendrait, mais doutait sérieusement de la chose, pour autant elle ne lui en fit pas part. Un sourire taquin apparut sur ses lèvres, en repensant à leurs années à Poudlard. « Je n'aurais pas pensé que mon maître dans l'art de boire du scotch prononcerai ces mots un jour ! » dit-elle taquine en prenant une gorgée d'eau minérale. « Mais si c'est une résolution... je ferais de mon mieux pour te soutenir. » termina-t-elle encourageante. Cela ne pourrait qu'être bénéfique au jeune homme de ralentir sur la boisson et il pourrait peut-être garder la tête hors de l'eau avec plus de facilité... « Quoi qu'il en soit, j'aimerai réellement que tu consultes ces deux dossiers, ton choix m'aiderai beaucoup. ». La jeune femme avança les dossiers plus près du jeune homme, ils devaient se soutenir et dorénavant, il allait falloir qu'ils deviennent une équipe.


*(cf. Jane The Virgin)

Garder la tête hors de l'eau. Nager pour s'épuiser. N'était-ce pas ce qu'ils s'efforçaient tous les deux de faire alors qu'ils avaient un poids qui n'avait pas encore de nom, attaché à leur cheville et qui les traînait vers le fond ? N'avaient-ils pas heurtés le même iceberg que le Titanic ? Cette situation n'allait-elle pas les tuer ? Moran se sentait d'humeur mélodramatique depuis qu'il avait réalisé que d'ici quelques mois, il allait être un père. Il n'avait rien dis à ses parents, rien dis à ses amis et pire que tout, il n'avait rien dis à Darius. Pourquoi ? Parce qu'il mourrait de honte. Ils avaient détruis leurs vies alors qu'ils auraient simplement coucher ensemble comme la plupart des étudiants de leur âge. Mais non, il avait fallu que ça dérape. La métaphore de la jeune femme, le mit profondément mal-à-l'aise. L'océan dans lequel ils étaient perdus semblait être le seul horizon qu'ils ne verront jamais. Il ne saisit pas tout à fait les mots de Gardenia, lorsqu'elle sembla essayer de la réconforter. "Mais, tu y as tous tes souvenirs. En quoi cela serait-ce toxique ?" demanda-t-il. Il fronça les sourcils en cherchant à comprendre, mais le manque de sommeil et la gueule de bois du matin suffisaient à expliquer son incompréhension. "Partir, c'est dire adieu à tout cela. Enfin, si tu le fais, pitié ne le fais pas pour moi, je peux transplaner jusqu'à Londres tous les matins, tu sais" ajouta-t-il sans quitter son verre des yeux. Il lui devenait de plus en plus difficile de faire face au regard scrutateur de la jeune femme.
Les hommes avaient la réputation de ne pas assumer leurs actes, mais la très noble et sage Madame Powell lui avait toujours enseigné à le faire. Et sans doute prenait-il trop à coeur ces leçons de l'enfance. C'est que Moran avait eu tristement le temps de réfléchir à tout cela. Réfléchir à son avenir, celui de Gardenia et celui de leur enfant. Leur avenir. C'est donc, tout naturellement qu'il en était venu à la conclusion qu'il devait arrêter de boire. Il prenait doucement conscience qu'il s'aventurait sur une pente bien trop glissante pour qu'il ne s'y casse pas un pied. Le ton amusé de la jeune femme, ne suffit pas à lui accrocher un sourire sur le visage. Il était bien vrai cependant, que quelques années auparavant, il aurait ri de lui-même. "Je suis en train de virer alcoolique, Gardenia" dit-il sans exagérer son air fataliste. Gabin lui même lui en avait parlé pendant l'été. "C'est un fait, et cela dure depuis plus longtemps que depuis qu'on a appris notre... Erreur" continua l'Écossais en cherchant ses mots. Une "Erreur". Cet enfant n'était qu'une erreur, et Moran se trouvait encore plus mal-à-l'aise pour lui, qui n'avait rien demandé, et qui pourtant allait voir le jour dans une famille qui ne voulait pas en être une. Aucun enfant ne méritait cela. Il se pencha vers la table pour attraper les dossiers, qu'il ouvrit. "Ah, McLloyd" commenta-t-il comme un commentateur blasé le ferait d'un joueur de Quidditch, "c'est un garçon sympa à ce qu'on m'en a dis". Il délaissa le dossier pour regarder le second d'un oeil songeur. "Mmh" se contenta-t-il de statuer, les yeux fixés sur les caractéristiques de ces gens, "ce sont des sorciers, eux ?". Il préféra refermer ses dossiers pour ne pas se rappeler que ces gens avaient une plus belle perspective d'avenir que lui et elle réunis.

En y repensant, il était véridique que pour beaucoup les souvenirs étaient bons, mais ceux qui venaient en tête à la jeune femme lorsqu'elle entrait dans la bâtisse depuis la mort de sa mère elle ne voyait plus que des images noires et de deuils. Elle voulait arrêter de penser à tout cela et de broyer du noir, elle ne voulait pas de ça ni pour Moran qui en avait suffisamment à supporter ni pour le "Milkshake". Partir c'était dire adieu comme il le disait si bien et dire adieu c'était pouvoir mettre fin à ce deuil qui durait depuis bien trop longtemps maintenant. Un souvenir rejailli dans la mémoire de la jeune femme dont la main se crispa sur le verre qu'elle posa peut-être trop brusquement, la reprise d'elle-même fut rapide, elle ne voulait plus penser à cela et comptait bien en finir dans les prochaines semaines. « J'en suis consciente. J'ai besoin de partir. Je le fais pour... nous. » dit-elle difficilement. "Nous". Un mot qu'elle n'avait jamais prononcé pour parler de leur situation difficile à accepter pour chacun d'eux. "Nous", c'était lui, c'était elle, mais aussi le Milkshake. C'était eux trois. « J'aimerai un nouveau départ, sincèrement. » avoua-telle à mi-voix.
La réaction de Moran face à sa tentative d'humour ne fut pas celle espérée, mais elle n'en fit pas cas, inquiète de ce que venait de lui révéler le jeune homme qui lui avait souvent parlé des problèmes de boissons de son père lorsqu'ils étaient au château. Erreur. Milkshake. Cette chose qu'ils avaient conçue sans en être conscient et qui portait déjà le poids de tant de regrets et sacrifice alors qu'elle n'avait rien demandé. « Je ne ferai pas l'erreur de te demander pourquoi, mais si tu as besoin... », elle hésita, le jeune homme avait peut-être déjà dû entendre cette phrase et elle ne voulu pas prendre le risque d'aggraver leur situation. La jeune fille soupira avant de prendre une profonde inspiration, le regard perdu dans son verre d'eau. « On aurait peut-être pu éviter cette situation si... peu importe. » finit-elle par se reprendre, parler de cela ne ferait que lui donner envie de partir de cette maison encore plus vite qu'auparavant. Elle s'intéressa de nouveaux aux dossiers que son... ami ? Décida finalement de prendre, vaincu. McLloyd n'était pas inconnu dans les couloirs de Poudlard : playboy, bon joueur, intelligent, et elle comprenait parfaitement que l'on ait pu parler de lui à l'ex-serpent. Tandis que la seconde famille était... « ... des moldus, ce sont des moldus. » dit-elle en pensant à ô combien il aurait été plus simple en ces heures sombres d'être dénué de pouvoirs magiques et de vivre sur un autre continent quand un Milkshake venait à naître.

Depuis qu'il avait appris qu'il allait être papa à dix-neuf ans, Moran déconstruisait son avenir. Brique par brique et pierres par pierres. Lui qui avait pour une fois tout prévu se trouvait contraint à ajuster grandement ses plans. Il ne sera plus seul désormais. En un sens, peut-être que cela avait des bons côtés qu'il refusait cependant de voir. Car voir les bons côtés de ce foetus, ce serait accepter que tout n'était pas complètement une erreur. Pourtant, coucher avec sa meilleure amie, détruire son avenir à elle et à lui, c'était une sacrée erreur. Et il était tant tiraillé par ses diverses émotions que le jeune homme s'était un peu plus réfugié dans la boisson, sans que ses parents ne s'en rendent compte. "Pour nous" appuya-t-il le regard absent. Ce "nous" n'existait pas il y avait de ça deux mois et maintenant pourtant, c'était ainsi qu'ils devaient tous les deux parler. Ils étaient deux bientôt trois. Cette situation était grotesque. "D'accord" préféra-t-il s'avouer vaincu. Si c'était ce qu'elle voulait, alors qu'ainsi soit-il. Il ne pouvait rien dire, ce n'était pas sa maison, et c'était même là qu'ils avaient conçu la chose. Le jeune homme ne parvenait à parler de son futur enfant d'une manière agréable. Il avait quitté Daisy parce qu'il savait qu'ils n'auraient aucun avenir, alors que lui désirait fonder une famille. Voilà la dite famille qui toquait à sa porte un peu trop tôt à son goût.
L'humour ne le faisait guère plus rire, désormais. Il n'y avait rien pour le faire sourire, ou oublier sa situation. Il se disait que peut-être, il réagissait encore plus mal que Gardenia, alors que la pauvre était celle qui se trouvait en ligne de mire. "Non, ne demande pas" se contenta-t-il de répondre vivement. Le jeune homme n'avait vraiment pas envie d'en parler. Comme toujours. Il ravalait difficilement ses sentiments pour son ex et ses remords pour ce qu'il avait fais avec la Serdaigle. La suite qu'elle n'osa pas finir, le mit mal-à-l'aise. En effet, s'il n'avait pas été là dans ce bar à se lamenter autour de verres de scotch, ils ne seraient pas dans cette situation, puisqu'ils n'auraient rien fais. Il toussota, gêné de ce qu'il lui avait avoué, et préféra se plonger dans la lecture des dossiers. "Mieux vaut que tu la vendes aux sorciers, alors. Certaines baraques ont des histoires et des liens avec la magie que des moldus ne comprendraient pas. Ce serait peut-être, d'une certaine manière, retirer le charme et l'âme de ta maison" se permit-il de donner son avis avant de se lever pour se poster à la fenêtre. Mieux valait mille fois regarder dehors plutôt que de se plonger quelques secondes dans les yeux bleus de Gardenia Ollivander. "J'ai une proposition à te faire" lui dit-il subitement. Il n'était pas certain que cela lui plaise, mais c'était à ses yeux, le meilleur moyen de limiter la casse et surtout de ne pas admettre que tout n'était qu'une erreur.

« Hm. » acquiesça la jeune fille lorsque Moran répète la fin de sa phrase. "Nous" était encore une notion que ni lui, ni elle n'avait réussi à appliqué à leur situation actuelle. Pronom qu'ils avaient pourtant utilisé maintes et maintes fois par le passé : pour leur groupe, leur amitié, leur fraternité passée même. Mais jamais elle n'avait imaginé qu'ils l'appliqueraient ainsi. Elle fut néanmoins ravie qu'il accepte sa décision sans s'opposer plus que cela, bien qu'elle sente autre chose derrière l'attitude de Moran, un petit quelque chose qu'elle sentait depuis plusieurs mois maintenant mais sur lequel elle n'avait jamais réussi à mettre de nom. En voyant son attitude à l'instant, elle se disait qu'il avait beaucoup de choses à supporter en plus de ce "désagrément" de parcours et ne chercha pas plus loin de peur qu'il ne parte et ne revienne pas avant plusieurs jours. L'ex-capitaine ne voulait en aucun cas se demander où il était passé et se faire un sang d'encre en plus de la charge d'hormones lui faisant manger plus de tarte à la mélasse qu'elle n'en avait mangé auparavant.

Elle écouta attentivement les dires de son ami, changeant de sujet et s'étant enfin décidé à saisir les dossiers. Il était vrai que laisser sa maison à des mordus lui faisait quelque peu peur, puisqu'elle ne connaissait pas le moindre coin de cette maison et ne savait pas ce qu'il pourrait à des moldus seuls dans l'endroit. Elle attrapa le dossier des McLloyd tandis qu'il rejoignit la fenêtre. « Tu as sûrement raison. Je leur enverrai une lettre dans la soirée pour prévenir Dan et sa femme. »  Il ne leur resterait plus qu'à trouver une nouvelle maison avec l'argent de la vente qui leur servirait également d'économies pour quelques temps, ils devraient être à l'abri du besoin le temps qu'ils terminent leurs études puisque oui, elle comptait les terminer. Elle était enceinte, pas mourante. Elle reporta son attention sur le jeune homme qui regardait à la fenêtre et évitait son regard, la mettait plus mal à l'aise qu'autre chose, ce qui était fait était fait et actuellement il était impossible pour eux de le défaire. La blonde fronça les sourcils, elle ne savait pas ce qu'il voulait, mais cela ne sentait pas bon. Pas bon du tout. « Je t'écoute ? »

Moran fut particulièrement reconnaissant à Gardenia de ne pas insister comme son cousin l'avait fait. Il ne méritait pas d'être harcelé, pensait-il fermement, et ne désirait pas l'être. Il avait besoin de se soigner seul, que ce soit moralement parlant, ou alcooliquement parlant. Le jeune homme comptait bien régler toute cette histoire seul. Cependant, il trouva la capitulation de l'ancienne Serdaigle étonnante, bien qu'honorable, et il ne pu que comprendre que la propre situation dans laquelle elle était plongée, l'avait fais mûrir, peut-être et sans doute d'ailleurs, plus tôt que prévu. S'il s'agissait du côté poli de la médaille, l'autre facette était malheureusement bien pourrie, et ne portait pas encore de nom. Cela aussi, ils allaient devoir en discuter. Mais pour l'instant, c'était la maison des Potter qui retenait leur attention, au grand dam du jeune homme qui voyait en cette vente, un terrible gâchis. Gordric's Hollow était un village charmant, peuplé de beaucoup de sorciers comme de beaucoup de moldus, et la cohabitation n'était pas insurmontable, elle était même agréable. Le jeune homme appréciait les arbres boisés du village et regrettait forcément la décision de la jeune femme de vendre sa maison familiale. Mais c'était un choix qu'elle avait exprimée, et il n'était personne - sinon le père de son enfant - pour lui refuser cela. "Problème réglé dans ce cas" déclara-t-il en regardant la rue au dehors. La nuit tombait tôt, et il s'était trouvé surpris d'apprécier les soirées dans ce village. Il y avait, bien entendu, un pub animé, quelques enfants dans les rues. C'était un lieu paisible, Moran et Gardenia devaient bien l'admettre. Malheureusement, la vue tranquille de la petite rue ne l'empêcha de prendre son courage à deux mains.

Il y avait quelque chose qu'il n'avait pas encore dit à la jeune femme. Il y réfléchissait depuis quelques temps, sans pourtant savoir que dire. Comment le dire ? Comment exposer l'idée ? Ce n'était pas une idée révolutionnaire et plus il y pensait, et plus il la trouvait stupide. Mais la garder pour lui paraissait malhonnête s'imaginait-il. Si elle n'y avait pas encore pensé, il se devait d'exposer l'idée. Mais comment ? "En fait, c'est sans doute une très mauvaise idée" commença-t-il, pensif, avant de se passer une main dans ses cheveux, "mais je me disais qu'on va habiter ensemble, et de toute évidence avoir une vie ensemble" - il ponctua le dernier mot par un geste dans la direction de la jeune femme, ou plutôt de son ventre qui n'était pas encore celui d'une baleine, " alors, on pouvait peut-être se marier". Moran n'avait pas été envoyé à Serpentard uniquement parce qu'il était un garçon rusé et ambitieux, mais également parce qu'il était un garçon profondément couard. En d'autres termes, il était lâche. Il avait été lâche face à Daisy, il avait été lâche toute sa vie, et le voilà lâche au point de ne pas être capable de se retourner pour jauger l'expression de Gardenia. De toute évidence, il n'y croyait pas lui-même, à ce mariage. C'était là un mot important, qui donnait un sens à une vie. C'était un mot qui ne s'accordait, de leur temps, qu'aux gens qui s'aimaient. Mais à ses yeux, ils étaient dans le même bateau, et le mieux pour eux, c'était de s'attacher tous les deux pour couler ensemble.

Gêne. C’était l’un des sentiments qui s’était installé entre eux depuis l’annonce du problème qui ferrait de leur duo, un trio. Mais pourtant cette gêne avait fait d’eux des sorciers plus réfléchis et à même de prendre des décisions. Moran était devenu un pilier sur lequel elle s’appuyait sans pour autant savoir si ses fondations étaient assez solides pour supporter les épreuves qu’ils allaient devoir traverser ensemble dans les mois à venir. Son problème d’alcool étant l’une des causes possibles d’effondrement, Gardenia décida pourtant de ne pas chercher à aller dans les détails, certes elle avait toujours aimé tout savoir de chacun et pourtant l’ex-serpentard était devenu une exception depuis les évènements de leur sixième année. Un énième jour où elle avait tenté d’en savoir plus sur le jeune homme et elle l’avait amèrement regretté.
La vente de la Maison décidé, elle rangea le dossier McLloyd et envoya l’autre rejoindre ses comparses dans l’âtre de la cheminée qu’elle alluma d’un coup de baguette. Le regard plongé dans la cheminée, elle ne prêta pas attention au silence s’étant installé jusqu’à ce que Moran avance sur une zone dangereuse. Elle pensa tout d’abord qu’il parlait de la vente de la maison, il était possible qu’il s’agisse là d’une mauvaise idée, mais elle ne pouvait se résoudre à rester vivre à Godric’s Hollow après les derniers évènements. La demeure ne lui rappelait que de mauvais souvenirs, qu’il s’agisse des enterrements, ou encore de la visite d’Artemis, elle était prête à ouvrir la bouche avant qu’il ne reprenne la parole.

Gardenia commença soudain a y voir plus clair. Non… Les mains sur son ventre suite au geste du jeune homme, elle fronça les sourcils en espérant qu’ils ne disent pas ce qu’elle pensait qu’il allait dire. Les yeux rivées sur la cheminée, elle avait l’impression qu’ils étaient deus étrangers essayant de se tirer d’une situation peu avantageuse voir aucunement et ce pour aucune des deux parties. Et il le dit. Mariage. Un mot qu’elle n’aurait cru pouvoir utiliser en parlant d’eux. Jamais et en aucun cas. La situation prenait une tournure à la fois inattendue et presque prévisible. La blonde resta interdite face au mot du futur père de son enfant, son cerveau tentant de calculer chaque possibilité existante pour eux, tentative qui ne mena qu’à la solution qu’il proposa. Jusqu’à peu elle s’était imaginée en robe de mariée, oui, mais jamais avec son meilleur ami qui avait vu se titre disparaître au titre de celui d’amant après sa rupture avec Ewan. La demoiselle se pinca l’arrête du nez, accablée par un as de pensées qui lui paraissait futile. « Se marier. Tu parles d’une idée catastrophique… » commença-t-elle avant de reprendre, de peur qu’il ne l’interrompe. « Mais, c’est sans doute l’idée la plus censée que l'un d'entre nous ait eu depuis la fin de Poudlard. » fit elle en passant sa main dans ses cheveux, le regard toujours posé sur les feuilles se consumant au fur et à mesure dans l’âtre brûlant devant elle. Passer ses nuits dans des bars et couches multiples pour terminer par coucher avec Moran avaient été les pires décisions qu’elle ait prise récemment et là encore, ils allaient en rajouter une à la liste. Elle prit son courage à deux mains, il allait bien falloir qu’ils se fassent face un jour ou l’autre, alors autant le faire maintenant. « Néanmoins… Je veux que tu saches que si tu veux partir, je comprendrais parfaitement, Moran. » C’était maintenant ou jamais. Il pouvait récupérer sa liberté à n’importe quel moment plutôt que de sombrer avec elle.

Moran était un garçon profondément manipulateur et calculateur, qui n’aimait pas perdre son sang-froid ou agir sur un coup de tête. Ces derniers mois, ces dernières années, même lui avaient pourtant prouvé que son bouillonnant sang des Highlands était bel et bien présent dans ses veines et qu’il venait de le rattraper au dernier virage de son adolescence. Car le garçon avait toujours en mémoire cette soirée d’hiver pendant laquelle il s’était disputé avec Gardenia Ollivander. Il avait longtemps regretté la dispute, et ils s’étaient réconciliés. Mais force est de reconnaître que s’ils ne l’avaient pas fais, ils ne seraient sans doute pas dans cette fâcheuse situation.  Situation qui le faisait réfléchir, mourir. Moran n’aimait pas les imprévus, pourtant, là, caché avec sa meilleure amie, s’en trouvait un. Leur relation avait beaucoup évolué dans le temps, plus qu’il ne l’acceptera jamais et plus qu’il ne pouvait le reconnaître. Il était douloureux pensait-il, de se rendre compte qu’ils n’étaient plus des enfants, mais deux adultes prêts à commencer leur nouvelle vie avec un nourrisson dans les bras. Lui qui avait quitté Daisy par désir d’avoir cette vie-là, se trouvait désolé de voir qu’elle arrivait si vite. Peut-être était-ce d’ailleurs, un terrible boomerang du destin. Voilà ce que l’on gagnait à briser le coeur de la fille qu’on aime. Le spectre de son ex semblait flotter à côté de lui comme si elle était morte et qu’elle le hantait.

Rien ne lui permettait de débarrasser de son esprit la douloureuse image de la jeune femme brisée qu’il avait laissé dans la salle commune, rien ne lui permettait de se débarrasser du regard de déception qu’il avait entr’aperçu dans ses yeux. Maintenant, il devait faire face à ses démons, et aux nouveaux problèmes qui d’ici quelques mois allaient pointer le bout de leur nez. L’alcool lui-même, - bien qu’il s’y enfonçât plus que de raison - ne l’aidait pas à aller mieux. Il l’entraînait dans un siphon qui le faisait couler irrémédiablement. Gardenia devant le feu, lui devant la fenêtre, et aucun d’eux pourtant, n’osaient se regarder dans les yeux. Sa proposition de mariage n’était pas en bon et due forme et la jeune femme méritait mieux. Elle méritait mieux qu’un garçon téméraire qui ne l’aimait pas, alcoolique de surcroît, incapable par ailleurs, d’assumer correctement ses erreurs. Elle méritait qu’il posât au moins un regard sur elle. Mais il n’osait pas. C’était en effet-là, une idée catastrophique à laquelle il avait longuement réfléchit. Il ne lui serait jamais venu à l’idée de proposer cela de but en blanc. Moran ne savait pas s’il était prêt à lier sa vie à celle de l’ancienne Serdaigle, et il était persuadé qu’elle ne le savait pas plus que lui. Mais il ne s’agissait plus seulement de leurs deux seules vies, désormais. La troisième du lot, imprévue mais innocente, était à prendre en considération. En ces années qui se libéraient, le jeune homme réalisait pourtant que le poids des traditions lui étreignaient la poitrine bien malgré lui. “L’idée la plus censée qu’on ai jamais eu, tu veux dire” corrigea-t-il sans pourtant sourire. Il n’y avait pas là d’idée de plaisanterie, car l’ancien Serpentard se trouvait bien incapable de rire depuis qu’il avait appris la nouvelle. Il n’était qu’un fantôme à Callender et essayait tant bien que mal de cacher son désarroi à la future mère de son enfant - sans succès cependant. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle ajoute quelque chose, la conversation était close. Ils voulaient être libres mais venaient de décider tous les deux, d’un commun accord, de lier leurs vies pour le meilleur et pour le pire, jusqu’à ce que la mort les sépare. La perspective de  s’enchaîner si tôt provoquait de furieuses baisses de tension au garçon. L’Écossais était un jeune homme libre, un oiseau chapardeur et malin. Il n’était pas prêt et n’était pas encore, un père. La proposition de Gardenia, loin de le faire s’énerver, le plongea dans un silence d’autant plus pesant qu’aucuns d’eux ne parlaient. Il venait de lui proposer de s’enfermer avec elle dans une cage et la voilà qui lui proposait d’ouvrir la petite porte pour qu’il batte des ailes et s’enfuie. Jamais n’aurait-il pu penser que la proposition serait si alléchante, tant et si bien qu’il la considéra sérieusement, pendant quelques instants au moins. Sa moralité - bien que douteuse parfois entendons-nous bien - venait cependant de lui rappeler qu’il avait sa part de responsabilité comme il se le rappelait toujours si bien. Il était autant sinon plus fautif qu’elle. Qui serait-il pour se dérober ? “Non, Gardenia” souffla-t-il entre ses dents, “ne me propose pas cela”. Ne me propose pas cela parce que je pourrais accepter ne prononça-t-il pas. Moran se retourna dans sa direction pour enfin, la toiser du regard. Ainsi postée non loin de lui, dans la lumière de la cheminée qui brûlait les vestiges du dossier, il la contempla. Peut-être comme s’il la voyait pour la première fois, sachant ce qu’elle était pour lui sans néanmoins être attiré par elle. Qu’il était malheureux pensait-il, de s’enfermer de lui-même dans une cage et de l’entraîner avec lui dans sa terrible et fastidieuse décadence. Finalement, il lui tendit simplement la main, car par ce geste, Moran acceptait tout : il perdait sa liberté, il perdait sa vie. Mais il gagnait aussi stabilité et vie de famille. Le tableau avait peut-être des défauts que sa raison ne pouvait ignorer, il n'en demeurait pas moins un plus beau que celui que la plupart des gens avaient.

Gardenia avait presque dégluti sa proposition, mais loin de vouloir obliger Moran à rester à ses côtés elle était prête à le laisser partir à n'importe quel moment. Elle le connaissait depuis tant d'années qu'elle connaissait par coeur ses envies, ou plutôt ses besoins, de liberté qui le rendaient si inaccessible et pourtant si proche à cet instant précis. Elle ne l'aimait pas au sens romantique du terme et savait que la réciproque était vrai. À vrai dire, elle ne savait plus réellement ce qu'ils représentaient l'un pour l'autre alors que dans d'autres circonstances elle n'aurait pas hésité un seul instant. Il avait été un étranger, un ami, un frère puis était redevenu un étranger, un ami et un amant. Tous ces termes le qualifiait depuis qu'ils s'étaient rencontrés et pourtant elle ne regrettait pas leur rencontre et ce même si ils en étaient arrivés à ce stade : futurs parents et futurs mariés. Gardenia avait toujours pu compter sur le jeune homme, plus qu'il n'avait voulu compter sur elle au fur-et-à-mesure des années, et en lui posant cette question. En mettant en évidence sa liberté qui serait toujours à sa portée si il le souhaitait. Le silence pesant avait été la première réaction du jeune homme à ses mots, ce qu'elle comprenait parfaitement, la jeune femme savait purement et simplement que la réaction qu'elle aurait du avoir était tout sauf celle-ci. Ne pas poser la question et ce contenter de condamner un homme à ses côtés aurait été logique, mais elle n'avait jamais été une femme de logique ou de normes. À aucun moment de sa vie elle n'avait été autre chose que libre, indépendante ou ne s'était pliée aux règles et c'était peut-être pour cela qu'ils s'étaient aussi bien entendu, ils étaient trop similaires pour être autre chose que ce qu'ils avaient été. Et pourtant le rejet de sa proposition était clair bien qu'inattendu. Il resterait jusqu'au bout et elle comptait faire tout son possible pour qu'il ne regrette pas son choix. Elle était surprise, certes, mais à présent tout était possible et sur tout les points. Nia quitta le feu et les restes de dossiers brûlés des yeux pour diriger son regard sur Moran qui semblait être sûr de sa décision, ils étaient tout deux condamnés à suivre cette voie de laquelle ils ne sortiraient certainement pas. La main tendue de Moran avançait un pacte, la promesse de se soutenir et se s'entraîner l'un dans la chute de l'autre. Ce n'est que lorsqu'elle se leva, hésitante, qu'elle scella le pacte, les yeux plongés dans les siens.

Ils étaient liés, jusqu'à ce que la mort les sépare.