Devant son miroir, chantonnant la musique tendance du moment dans le monde sorcier, Mary se demandait pourquoi elle faisait tout cela. Pourquoi prenait-elle la peine de se maquiller et d'arranger ses cheveux plus qu'à l'accoutumée pour aller à Pré-Au-Lard avec son ami Remus ? En effet, la jeune femme avait pris grand soin pour se coiffer et avait même mis une potion capillaire huileuse pour leur donner une légère odeur florale et une bonne brillance. Elle s'était également mis un peu de mascara, du baume teinté et un peu de fard à joues -made by Rosalyn Weasley, s'il vous plait- pour réhausser son teint qu'elle trouvait encore blafard -choses qu'elle ne faisait que très occasionnellement-. Elle venait d'avoir l'autorisation de sortir de l'infirmerie le matin même après y avoir passé une semaine sans voir le reste des murs de Poudlard suite à un incident auquel elle ne voulait plus penser. Pour cette occasion, malgré les réticences de Madame Pomfresh, son ami Remus l'avait invité à aller à Pré-Au-Lard afin qu'elle prenne l'air.  Le garçon, ainsi que le reste de ses amis proches, s'étaient relayés toute la semaine pour lui tenir compagnie et qu'elle ne soit jamais seule sans louper trop de cours. Mary avait une petite appréhension à sortir, même si elle n'y allait pas seule.
Sa meilleure amie Lily s'était étonnée de la voir ainsi en beauté avant de lâcher un léger sous-entendu quant au fait que le plus calme des maraudeurs en était peut-être la raison. Un peu gênée, la brune nia en disant qu'elle avait juste eu envie. Elle avait bien le droit de vouloir se faire belle pour elle-même et pas pour une autre personne, non ? Quand elle fut fin prête, d'un pas timide, elle parcourut les couloirs et les escaliers du château pour rejoindre Remus qui l'attendait là. Ils partirent directement. Le temps était pluvieux mais ils profitaient d'un moment d'accalmie pour sortir. Ils marchèrent jusqu'au village côté à côté, Mary les mains dans les poches de son manteau.
- Tu es sûr ? Le temps me semble encore bizarre, fit remarquer l'adolescente en regardant son ami.
On ne pouvait pas dire que la météo écossaise était du genre prévisible. Il pouvait faire un grand soleil et cinq minutes plus tard, pleuvoir des chiens et des chats.
Ils arrivèrent sur la place Oldridge qui grouillait de monde. Mary, peu confiante, regardait autour d'elle. A vrai dire, elle ne se sentait pas vraiment à son aise. Elle avait l'impression que ses gestes étaient guettés. Par qui ? Elle ne savait pas vraiment. C'était très bizarre et perturbant.
- Bien, j'imagine... J'ai un peu l'impression d'être observée mais je dois me faire des idées. Ca t'arrive aussi parfois ?
Il fallait dire que l'incident avec Cole Mulciber avait fait jaser une grande partie des élèves de Poudlard. La rumeur s'était propagée à une vitesse incroyable. Alors, très certainement, les impressions de Mary étaient fondées. Mais elle prenait sur elle, décidée à essayer de passer une bonne après-midi.

Malgré le fait qu'elle ne se sentait pas tout à fait à son aise, Mary se forçait à afficher un léger sourire. Elle essayait de se persuader que tout ces regards sur elle n'était que dans sa tête. Elle ne fut pas si étonnée que ça quand Remus lui avoua que des fois, lui aussi il avait l'impression d'être observé. Ca devait arrivé à tout le monde de temps en temps, non ? Quand par exemple on avait un affreux bouton qu'en vérité personne ne remarquait. Elle se sentit rougir quand le jeune homme lui dit qu'elle "avait l'air parfaitement bien". Jamais un compliment aussi bancal ne lui avait fait autant plaisir. Au même titre que lui, elle détourna un peu le regard après avoir lâché un léger:
- Merci.
Elle dirigea de nouveau son regard sur lui quand il complimenta la façon dont elle était coiffée. Alors il avait remarqué ? s'enquit-elle mentalement. Par Merlin, ce n'était pas comme si c'était d'avantage pour lui que pour elle qu'elle s'était un minimum apprêtée.
- Merci c'est gentil, j'avais juste un peu envie de changer de ce que je fais d'habitude... le remercia-t-elle avec un sourire timide.
Remus se pencha vers elle -et elle se rendait compte à quel point elle semblait petite à côté de lui- et lui proposa de s'éloigner dans la Grande Rue pour aller dans les petites artères de Pré-Au-Lard avant de l'entraîner dans ces dernières. Il lui demanda s'ils pouvaient aller à Honeydukes.
- Si tu veux, répondit-elle. Tu crois que c'est vrai que le chocolat donne l'impression d'être amoureux ? demanda-t-elle ensuite en regardant distraitement autour d'elle.
Le chocolat pouvait-il être aussi efficace d'un filtre d'amortensia ? Peut-être que quand un  moldu offrait des chocolats à la fille qu'ils aimaient à la Saint-Valentin, c'était dans l'espoir qu'elle finisse par ressentir des choses pour lui ? A défaut d'avoir de véritables filtres d'amour. Cette idée décrocha un petit sourire à Mary.
Ils arrivèrent rapidement à la devanture de la boutique Honeydukes, fameuse dans le monde sorcier. La vitrine était décorée par de multiples bonbons magiques d'exposition -dont les célèbres chocogrenouilles-. Mary, accompagnée de Remus, entra dans la boutique. Ils furent chaleureusement accueillis par le vendeur un peu rondouillard. Cet endroit lui rappelait un livre moldu qu'elle adorait étant enfant -et qu'elle appréciait toujours en tant qu'adolescente-. Elle avait l'impression d'être entrée dans le monde de Charlie et la Chocolaterie de Road Dahl. La Gryffondore avait une théorie comme quoi l'auteur s'était inspiré d'Honeydukes pour écrire son roman.
- Tu as essayé les oiseaux en chocolat ? Ils sont délicieux.
Tout comme dans Charlie et la Chocolaterie -comme quoi Mary était persuadée de sa théorie-, il s'agissait d'un oeuf en sucre que quand on le plaçait dans sa bouche, il éclot dévoilant un charmant piou piou en chocolat.

Mary avait des tas de théories  -parfois saugrenues- sur un tas de choses ainsi que des croyances qui pouvaient sembler enfantine du haut de ses presque seize ans. Ainsi, elle croyait au Leprechaun ou à l'existence de vie extra-terrestre sur Mars. C'était une fille indéniablement imaginative. Parfois, elle aimait croire de manière tellement sincère en des choses incroyables qu'elle allait pourtant oublier une heure plus tard. Si elle avait pu, elle aurait recréé le monde. Fabulations hystériques ou simples rêveries d'adolescente ? Elle écouta attentivement la théorie -encore bancale- de Remus à la quelle elle adhérait.
- Je pense que le fait de vivre, d'aimer, c'est de la magie. On parle de science, mais au final, est-ce que ce ne serait pas que de la magie ? Et ce qui donne la vie, c'est l'amour non ? Donc l'amour est magique.
Une de ces théories que Mary jugeait indéniable. L'origine de la vie et tout ce qui en découlait, c'était tout simplement la magie. Ainsi, même les moldus contenaient en eux de la magie, peu importe ce qu'aurait dit d'autres sombres trolls de pro-sang-purs. Selon la Gryffondore, il niait juste une vérité qui les dérangeait car elle remettait en cause la soit-disant supériorité des sorciers. Elle aimait voir le visage de Remus aussi éclairé, souriant. C'était une chose bien trop rare au quotidien et cela lui mettait du baume au coeur.

Ils arrivèrent chez Honeydukes et Mary ne tarissait pas de choses à raconter.  Ils traînèrent longtemps dans les rayons de la boutique, partageant leurs goûts et préférences en terme de friandise. Au côté du maraudeur, elle semblait d'humeur bien plus joyeuse que ces derniers jours, comme si elle était en train de tout oublier. Elle prenait un grand bol d'air frais pour son humeur. Remus attira son attention sur une tablette de chocolat aux couleurs rosées et orangées évoquant un soleil couchant.
- C'est fou, rien que l'emballage me donne envie d'acheter.
Elle prit le paquet et lut au dos pour savoir quel était le parfum "soleil couchant".
- C'est à la citrouille et à la fraise. J'ai trop envie de goûter, je prends !
Si elle s'écoutait, elle aurait acheté toute la boutique et aurait dépensé tout son argent de poche du mois. Mais elle avait tout de même su se rationner. Il allait falloir acheter de la potion dentaire pour prévenir les caries !
Quand ils sortirent du magasin, une averse monstrueuse leur tomba dessus ! Aussitôt, ils s'abritèrent sous leur cape en cherchant un auvent d'un pas rapide. Ils en trouvèrent rapidement sous lequel ils s'abritèrent. La coiffure de Mary était ruinée (mais son maquillage fut épargné) et que malgré leurs capuches, ils furent quand même totalement trempés. En reprenant son souffle, la jeune fille se mit à rire en même temps que son ami qu'elle regardait dans les yeux. Il admit qu'il s'était montré trop optimiste quant à la météo.
- Je savais que j'allais avoir raison, le taquina-t-elle, les yeux brillants.
Ce ne fut que maintenant qu'elle percuta la proximité entre elle et lui sous ce auvent étroit. Elle resta silencieuse de longues secondes, toujours le sourire aux lèvres, sans quitter le regard de Remus. Elle mit une de ses mèches de cheveux mouillés derrière son oreilles avant de prendre la main du jeune homme et la lever entre eux.
- Ta manche dégouline... fit-elle remarquer.
En effet, des gouttes d'eau tombait de la manche de la cape trempée de Remus.

- C'est pour ça que je pense que les filtres d'amour ne devraient pas avoir lieu d'être, ajouta-t-elle en réponse aux propos de Remus.
Contrairement à ce que l'on aurait pu penser en la voyant, Mary était une fille forte. Sa force ne résidait pas tant dans son physique que dans son mental. Sa nature optimiste l'aidait à toujours se relever quand elle tombait, même dans les moments les plus difficiles. Ces derniers temps, elle n'avait jamais autant broyé du noir au point qu'elle pensait ne jamais pouvoir se ressaisir. Elle s'était toujours efforcée de rester imperméable aux attaques de Mulciber et Avery, mais ce qui s'était passé avait été la goutte qui avait fait déborder le chaudron autant par la puissance de l'attaque qu'à l'accumulation et que ce qui en avait suivi. Mais elle ne souhaitait plus y penser, elle voulait laisser ce souvenir derrière elle et ne plus se retourner.
Aux côtés de Remus, elle se sentait invisible. Jamais le monde ne pourrait avoir raison d'eux. Et encore moins cette pluie torrentielle qui s'abattit sur le village de Pré-Au-Lard. Ils coururent se réfugier sous un auvent. Quand Mary fit remarquer que des gouttes continuaient à tomber sur l'épaule et la manche du jeune homme, ce dernier la prit par les épaules pour la replacer de façon à ce qu'ils soient tout les deux abrités, créant entre eux une encore plus grande proximité. En aucun cas leurs regards ne s'étaient quittés une seule seconde. A ce moment précis, la demoiselle ne pensait plus à rien et en même temps, tellement de choses lui passaient par la tête. Elle ne se rendit compte que Remus l'avait embrassée que quand il détacha ses lèvres des siennes et qu'il commença à se confondre en excuse. Elle, son coeur battait la chamade et elle regardait le garçon.
- N-non... Ne t'en fais pas... C'est pas grave... Ca ne m'a pas dérangé... Je... bredouilla-t-elle.
Elle ne savait plus quoi dire, quoi faire. En revanche, elle savait ce qu'elle voulait faire. Elle se sentait rosir, le regard fuyant -de peur que Remus y lise quelque chose-. Cependant, au bout de quelques secondes, elle se mit sur la pointe des pieds pour prendre le garçon dans ses bras.
- Merci... lui dit-elle d'une petite voix à son oreille. D'être là pour moi.
Elle le garda dans ses bras quelques instants avant de se détacher de lui, prenant néanmoins sa main dans la sienne, comme s'il y avait une nécessité de toujours conserver un contact physique.

La vie valait la peine d'être vécue. Mary l'avait toujours pensé. Elle valait la peine d'être vécu pour des moments comme celui-là. Ces regards, ces sourires... Ces moments précieux qui réchauffaient les cœurs les plus froids et austères. Tout était d'une simplicité. Le simple contact de la main de Remus suffisait à l'emplir de joie et de bonheur. En même temps que le jeune homme, elle dirigea son regard vers la pluie qui continuait à tomber, cependant un peu moins fort que tout à l'heure. Quand il parla, elle le regarda, assez perplexe. Qu'avait-il derrière la tête ? « Comment ça ? » demanda-t-elle naïvement. Remus lui demanda si elle était de nouveau prête pour une petite course ce qui lui valut un regard interrogatif de la part de Mary qui ne voyait toujours pas où il venait en venir.
Alors qu'il pleuvait de moins en moins, Remus entraîna Mary hors du auvent et la fit courir à travers les rues étroites  de Pré-Au-Lard jusqu'à un chemin hors du village sans lâcher sa main. De son bras libre, elle essayait vainement de protéger ses cheveux du peu de pluie qu'il restait mais arrêta quand ils furent arrivés sur un petit chemin car elle se rendait compte que ça ne servait à rien et que la pluie avait presque fini de tomber. Essoufflés, ils arrivèrent sur la Colline de la Cabane Hurlante et Remus invita Mary à ne pas la regarder pour regarder le ciel de l'autre côté. La jeune fille afficha un grand sourire en voyant l'arc-en-ciel qui s'était dessiné dans le ciel encore nuageux qui commençait à se dégager. Mary aurait voulu imprimer ce ciel dans sa rétine. Elle avait l'impression de vivre tout ces moments qu'elle avait lu dans des parchemins romantiques pour adolescentes qui l'avait fait rêvée plus d'une fois. Et cette fois, elle en était l'héroïne. Ca changeait tout.
N'était-ce pas ce qu'elle voulait ? Vivre une belle histoire pleine d'aventures... Vivre une vie de conte de fée. Mary était une rêveuse. Ce n'était pas nouveau.
« C'est magnifique ! » dit-elle sans décrocher son regard du ciel. « Ca me rappelle quand j'étais petite. Je m'amusais à chasser les arcs-en-ciels dès que j'en voyais un. Je me suis toujours demandée où commençait un arc-en-ciel. Mes parents me racontaient qu'ils prenaient sa source d'un chaudron magique holographique de l'autre côté du globe, comme au Japon. Je voulais aller jusque là-bas pour en attraper un. »
Elle tourna son regard vers Remus avant de lâcher un rire heureux en se remémorant sa naïveté enfantine. En grandissant, elle avait compris que les arcs-en-ciels étaient un phénomène météorologique -mais pas moins magique- et qu'ils ne venaient pas d'un chaudron au sommet du Mont Fuji.
« C'est un peu niais, non ? » tempéra-t-elle en détournant le regard, un peu rougissante mais toujours avec ce même sourire d'enfant émerveillée.
L'enfance de Mary avait été bercée de plein d'histoire de la sorte. Tout les soirs, avant de dormir, sa mère lui racontait des histoires -auxquelles elle croyait très souvent-, des contes sorciers ou moldus. Cela avait fait d'elle une jeune fille très imaginative, rêveuse et avec le goût pour l'aventure.