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| VACARESCO | Dear old Romania | |
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Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Sam 21 Déc 2019 - 12:07 | |
| 15 1977 extrait choisi « Maman... ». Son doigt pointé sur sa silhouette ne fit pas vaciller son arme sorcière alors qu'il incantait : « Incarcerem ». Des cordes s'agrippèrent aux deux victimes de Razvan de manière violente pour les enserrer profondément et laisser leur marque. Ses sortilèges étaient toujours diablement bien réussis. Ses yeux sombres se portèrent naturellement, non pas sur la victime qu'il devait tuer et qui était sa mission, mais sur l'enfant, à peine plus jeune que sa propre fille sans doute. La vie qu'il allait lui enlever ne connaissait-elle pas ce destin pour sauver celle de son propre enfant ? Tuer ne plaisait pas au roumain, mais tuer des enfants, c'était pire que tout. Sa conscience se trouvait paralysée devant le geste qu'il devait faire, tant et si bien qu'il n'entendait même pas les cris de détresse de la sorcière. Ses pupilles avaient accroché celles étonnamment calmes du petit garçon comme si, figés ainsi, ils se parlaient silencieusement. Razvan vit dans les yeux de l'enfant un amour de la vie qui ne désirait pas s'arrêter si brusquement. Pas comme cela, pas avec tant de violence. Qui était-il, lui, un homme de trente-deux ans, pour retirer la vie d'un petit garçon de même pas cinq ans ? Si sa baguette ne tremblait pas en visant son visage pour lui ôter brusquement la vie, sans souffrance, tout le corps du mangemort semblait le retenir de faire une chose pareille. Sa conscience pleurait dans son esprit qu'il lui suffisait d'effacer sa mémoire pour le garder en vie. Mais qu'arriverait-il si ses collègues l'apprenaient ? Qu'est-ce qu'ils lui feraient ? Bien pire. Le roumain lui faisait une faveur essayait-il de se convaincre vainement, alors pourquoi se bloquait-il ? Des pas précipités derrière lui l'arrachèrent pourtant de sa contemplation morbide pour se poser fugacement sur un visage qu'il connaissait assez pour l'avoir assez côtoyé. Médusé, Razvan faisait face à un Octavius Martens vraisemblablement fou de rage. Ou peut-être était-ce de la peur dans ses prunelles claires ? Sans doute était-ce un étrange mélange des deux
Dernière édition par Razvan Vacaresco le Jeu 8 Oct 2020 - 13:47, édité 1 fois |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Sam 8 Fév 2020 - 20:32 | |
| 16 1er janvier 1976 Haletant comme un asthmatique cherchant désespérément de l'air, Razvan transplana de suite après son meurtre chez lui, dans son appartement à Londres. Il n'avait pas prévu de réagir ainsi. Pourtant, c'était bien prévisible. Il venait d'assassiner un homme, que diable, un être humain en ce premier jour de l'année, qui seulement commencée l'avait déjà fini. La culpabilité ravageait ses membres tremblants alors qu'il laissait tomber sa baguette au sol pour se précipiter jusque dans la salle de bain. L'appartement, silencieux si l'ont excluait ses souffles enragés, semblait être habité du fantôme de cet homme vivant encore dix minutes auparavant. Les oreilles bourdonnantes du roumain se remplirent de ces cries qu'il imaginait venir de la maison qu'il venait d'endeuiller. Les gerbes d'eau qu'il se jetait sur la figure, le visage penché au dessus de son évier, ne pouvaient pas calmer les tremblements énervés de ses mains. Il s'agrippa à son mobilier pour relever la tête et faire face à ses traits. Tout ce qu'il voyait ce soir-là, c'étaient les traits d'un meurtrier. Un meurtrier en regardait un autre dans la glace, yeux noirs contre yeux noirs. Le verre ne pouvait qu'être un pont entre ces deux êtres, l'un plus vivant que l'autre, l'autre plus vivant que le mort laissé par le premier. Razvan avait été d'un calme olympien pendant toute sa mission, probablement que cela expliquait son bon travail. L'adrénaline qu'il avait ressenti en incantant le mortel sortilège redescendait maintenant pour le laisser errer sur les ruines de sa profonde culpabilité. Tout cela en valait-il la peine ? Oh il savait bien que oui, que pour Mihaela, il tuerait n'importe qui, qu'il irait jusque dans les nimbes des enfers pour y trouver Merlin lui-même et réduire à l'état de néant le résidu d'existence qui lui reste. Oui, il ferait tout cela pour sa fille, pour qu'elle, contrairement à lui, ait une vie sans soucis, une vie heureuse de petite sorcière qui n'a pas à payer pour les erreurs idiotes de son père. Mais cela n'enlevait pas le fait qu'il ait tué un homme, dont le visage choqué pesait sur la conscience de son meurtrier. Le roumain ne savait pas combien d'individus il allait être amené à assassiner pour le compte de ce groupuscule de fanatiques. Il préférait même ne pas savoir, mais restait convaincu, d'une manière ou d'une autre, que le regret puissant qu'il ressentirait à chaque instant, il le mériterait d'autant plus.
Dernière édition par Razvan Vacaresco le Jeu 8 Oct 2020 - 13:46, édité 3 fois |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Dim 19 Avr 2020 - 0:42 | |
| 17 17 mars 1976 partie 1 Alors que la nuit était avancée au dehors, une lumière était éclairée dans la chambre du roumain qui se précipitait d'un bout à l'autre pour attraper ses affaires. Il aurait pu préparer son sac d'un coup de baguette mais préférait ne prendre que le minimum. En Roumanie, il avait ce dont il avait besoin pour s'habiller, chez ses beau-parents. Il avait reçu, plus tôt dans la soirée, une lettre paniqué d'Aniela, la grand-mère de Mihaela. Sa fille avait contracté la dragoncelle, et tout bon médicomage qu'il était, il savait combien la maladie pouvait être mortelle. Un poids sur son cœur semblait l'avoir brisé en deux, comme si le coup d'enclume qu'il venait de recevoir lui faisait réaliser, enfin, à quel point il était passé à côté d'elle. Razvan s'était toujours inquiété pour la sécurité de Mihaela. Mais elle avait un système fort, et l'imaginer tomber malade n'avait pas traversé, curieusement, son esprit tourmenté d'homme qui ne cherche qu'à protéger sa fille de quelques hommes dangereux qui pourraient la tuer. Il ouvrit en grand son armoire pour prendre un pantalon malgré tout, et une chemise pour les balancer sur son lit. Sous celui-ci, il ouvrit sa mallette médicale. Il n'avait pas besoin de grand chose à priori, sinon des plantes qu'il pourrait trouver facilement en Roumanie. Pour l'heure, il avait surtout de quoi palier aux situations d'urgences, mais n'en était-ce pas une ? Il n'avait pas le temps de réfléchir, il n'avait le temps de rien ! Il attrapa toutes les fioles qu'il avait qui pourraient lui servir pour les faire glisser dans son sac de voyage. Il prit une pomme, croqua simplement dedans avant de l'abandonner sur la table, et il transplana avec son sac, laissant la lumière de sa chambre totalement allumée. Tant pis. Il arriva à deux-heures quarantes en Roumanie, épuisé du transplanage, mais bien éveillé. Dans la petite maison d'Aniela et Jacek, le roumain pouvait voir la lumière du salon toujours allumée. Le coeur de Razvan se serra tellement fort qu'il cru un instant faire un arrêt cardiaque. Il ne prit pas la peine de toquer et ouvrit directement la porte. Assise en train de tricoter, avec un air pensif sur les traits, Aniela leva ses yeux bruns vers lui pour afficher une mou soulagée. « Razvan ! » s'écria la bonne femme en posant son tricot pour serrer son beau-fils dans ses bras, « viens, viens, Jacek est resté avec elle... » ; « vous ne devriez pas l'approcher. Si vous contractez la maladie vous risquez de... » ; « Tais-toi va ! Ne dis pas de sottises ! Jacek est immunisé, il l'a déjà attrapé ! ». La porte de la chambre de la petite fille était entr'ouverte et il vit le dos courbé de son beau-père assit à côté du lit de Mihaela. Le teint de Razvan était livide là où celui de Mihaela commençait à devenir vert. « Jacek ? » l'interpella le médicomage, alors que le vieil homme aux cheveux pourtant encore nombreux sur le crâne, mais blancs comme neige, se retournait pour afficher le même air soulagé que sa femme lorsqu'il aperçut son beau-fils. Après une discussion rapide sur l'état de la petite fille, ses deux grand-parents le laissèrent seul avec elle. Il se sentit impuissant devant l'état de l'enfant. Son sac de voyage sur l'épaule, il s'approcha doucement d'elle sans faire de bruit pour s'asseoir à la place que Jacek lui avait laissé. Il ouvrit doucement le sac pour en tirer un termomètre magique qu'il posa doucement sur la peau de son poignet pour évaluer sa température. Dans un petit bol d'eau, un gant, qu'on avait visiblement posé sur son front pour faire baisser la température. Il posa lui-même la main sur celui de la petite fille, d'un air pensif. Quelques secondes passèrent, puis elle ouvrit difficilement les yeux : « Pa-papaaaaa ? ».
Dernière édition par Razvan Vacaresco le Ven 28 Mai 2021 - 1:44, édité 4 fois |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Sam 2 Mai 2020 - 0:31 | |
| 18 10 avril 1978 Razvan transplana dans son appartement en urgence en explosant dans sa chute un petit meuble non loin de son fauteuil. A genoux par terre, le torse en sang, sa main gauche tenait fébrilement l'éclat de tuile qu'il avait reçu dans cette partie de son corps. Il avait eu de la chance. Aucune difficulté respiratoire, il avait évité le poumon. Ce n'était pas pour autant que la douleur était davantage supportable, bien au contraire. Il pissait le sang sur son carrelage et il se leva péniblement en se tenant à son fauteuil qu'il salit de la même manière. Le roumain tituba péniblement jusqu'à sa salle de bain où il dû se raccrocher au lavabo pour ne pas tomber de nouveau au sol. Le miroir lui renvoyait une blessure épouvantable et un juron slave franchit la barrière des lèvres de Razvan qui retira son haut pour avoir une vue d'ensemble. La douleur lui parcourait tous les membres mais il devait garder son calme de médicomage. Sa survie le demandait. Il extirpa le morceau de tuile de sa blessure à l'aide de sa baguette tremblante sans se blesser davantage - ce qui relevait honnêtement du miracle le plus profond. La tuile tomba par terre juste à côté de ses bottes et il s'affaissa sur le rebord de sa baignoire en se tenant l'abdomen qui l'inondait toujours plus de sang. Sa respiration se faisait de moins en moins soutenue, sa panique accélérait les battements de son coeur, et s'il ne se reprenait pas très vite, il allait mourir dans sa baignoire. Devant ce terrible constat, il se balança d'avant en arrière pour se donner de l'élan afin de se mettre sur pied. Il avait besoin d'alcool. Il commençait vraiment avoir la tête qui tournait et il semblait au roumain qu'il lui avait fallu une demi-heure pour retourner dans sa cuisine, attraper un sucre, l'imbiber d'alcool et l'avaler directement. L'effet fut direct. Razvan eut une violence poussée d'adrénaline qui le remit sur pied suffisamment longtemps pour qu'il ouvre sa mallette contenant ses fournitures médicales. Bien heureuse avait été l'idée de l'oublier sur la table de sa cuisine. Il chercha frénétiquement ses herbes qu'il pilla grossièrement pour faire un onguent et se l'appliquer sur l'entaille. La brûlure qu'il ressentit en la mettant avait le mérite de prouver que l'onguent était utile, et bien fait, mais lui faisait également comprendre à quel point l'entaille était profonde. Appuyé de tout son poids sur la table de la cuisine, Razvan attrapa sa baguette pour jeter un sortilège à sa blessure et empêcher, de ce fait, que l'onguent ne s'enlève. Maugrey ne l'avait pas raté. Il avait de la chance de ne pas avoir été touché au poumon. Sinon, soit, il s'effondrait sur le toit, et était emmené par les Aurors, soit il mourrait chez lui, car incapable d'aller à l'hôpital. Un violent frisson lui traversa le dos, pour réaliser qu'il était en sueur, en sang également. Avec son bandage, il revînt à la salle d'eau pour se nettoyer, autant que possible le torse. Ce n'était pas très glorieux, il souffrait le martyr en plus de cela. Mais au moins, la douleur physique l'empêchait de se souvenir des hurlements qu'il avait déclenché dans la ruelle avec ses bombes. Il enroula son bandage du mieux qu'il pu autour de son abdomen, mais le travail était bâclé. Il n'y pouvait pas grand chose à ce niveau là. Le lendemain serait sans doute un jour meilleur, ou tout du moins, il l'espérait.
Dernière édition par Razvan Vacaresco le Jeu 8 Oct 2020 - 13:46, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Lun 15 Juin 2020 - 20:13 | |
| 19 18 mars 1976 partie 2 La nuit semblait s'éterniser sur la Roumanie. Razvan n'arrivait pas à trouver le sommeil. Comment aurait-il pu ? Il était arrivé quelques heures auparavant en Roumanie. Mihaela s'était brièvement réveillée pour lui dire bonjour, avant de sombrer de nouveau dans un sommeil malade. La gamine fronçait les sourcils dans son sommeil et son père se trouvait bien démuni face à sa dragoncelle. Il avait l'habitude de s'en faire pour elle, et il savait que cette maladie était surtout fatale lorsqu'elle était contractée par des personnes âgées. Mais on est à l'abri de rien, n'est-ce pas ? C'était cette phrase qu'il se répétait inlassablement. Il attendait qu'elle se réveille réellement pour lui administrer une potion apaisante. Mihaela avait un système fort, mais la dragoncelle c'était autrement plus virulent qu'une petite grippe. Ses grands-parents avaient eu la bonne idée de le prévenir rapidement. Il s'en voulait de ne pas être venu plus tôt mais il n'avait pas eu trente-six solutions. Une partie de lui se disait que s'il ne l'avait pas laissé en Roumanie, il se serait rendu compte plus rapidement qu'elle était malade. Pire, en Angleterre, elle ne serait peut-être pas tombée malade. Ces pensées le tourmentaient d'autant plus qu'il voyait le spectre de ses angoisses se métamorphoser en affreuses pensées funestes. Ses yeux noirs ne parvenaient pas à se détacher de la petite fille, dont la petite main droite tenait celle immense à côté de la sienne, de son père. La petite avait une fine pellicule de transpiration sur le front qu'il épongeait mais qui réapparaissait toujours. Le teint de la gosse devenait de plus en plus vert sans qu'il ne puisse guère rien y faire. Il n'y avait pas de remède miracle contre la dragoncelle. N'importe où dans le monde, cette maladie tuait les sorciers, parfois les plus combatifs, bien que souvent les plus âgés. Et personne n'y pouvait rien. « Papaaaaaa » - il reporta son regard sur son visage fatigué et elle enchaîna en commençant à pleurer - « j'ai maaaaaaal ». Razvan esquissa un petit sourire autant pour la rassurer elle que le rassurer lui avant de lever sa main pour lui caresser le front : « Je sais... Rendors-toi, Miha. Je serai toujours là à ton réveil ».
Dernière édition par Razvan Vacaresco le Ven 28 Mai 2021 - 1:52, édité 3 fois |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Mer 22 Juil 2020 - 16:24 | |
| 20 30 avril 1977 « J'en sais plus que vous ne voudriez bien le croire » répondit-il de son air laconique. Mais la jeune femme le prit par surprise. Elle s'enfuit, et il la poursuivi. Razvan fut tenté, pendant un long instant de la stupéfixer dans son dos. Pourtant, quoique l'on dise et quoique sous-entende la marque sur son bras, il restait un homme d'honneur. Et à ses yeux de trentenaire, l'héritière restait une enfant. Aussi fit-il quelques pas avant de transplaner juste devant elle, pour lui saisir brusquement les mains en donnant un coup sec sur le poignet qui tenait sa baguette pour la faire tomber par terre. « Calmez vous, bon sang. Je ne vous veux pas de mal ! » siffla-t-il tout en essayant de la maîtriser. C'était pourtant exactement ce que dirait quelqu'un qui lui voulait du mal et Razvan comprenait bien que son attitude physiquement agressive voulait dire autre chose que des mots. « Je souhaite que nous discutions, Miss Vassiliev, c'est tout » Lorsqu'il lui lâcha les mains, elle fit un commentaire auquel il ne répondit pas. Bien sûr qu'il était bizarre. C'était évident, non ? N'était-ce pas évident que le statut de mangemort ne définissait pas qui il était ? N'était-ce pas évident qu'il n'était pas à sa place ? Comme un adolescent de douze ans dans une classe d'enfants de trois ans, c'était risible, et infaisable. Un homme tel que lui n'avait rien à faire dans un groupuscule pareil, rien du tout. Mais qu'y pouvait-il ? Ses yeux sombres tombèrent sur les poignets de la russe et il demanda : « Vous ai-je fait mal ? ». Il était conscient que sous l'impulsion de l'adrénaline, sa force pouvait avoir tendance à être... Exagérée. Et cela n'était pas arrangée par ses années de pratiques sportives moldues en Roumanie. Ce n'était pas le mangemort qui posait la question mais le médicomage qu'il était. Razvan était censé sauver des gens, pas les blesser ou pire, les tuer. La jeune femme se montra assez revêche et vindicative à son grand dépit. « Votre père ne m'a dit que ce qu'il voulait bien dire, Miss Vassiliev » Razvan ne voulait pas savoir, mais il posait la question quand même. Avec cet espoir fou qu'elle ait fuguée dans une simple crise d'adolescence, et qu'il prêchait la bonne action en rassurant ses parents inquiets. Une partie de lui-même lui soufflait pourtant qu'il ne devrait pas se faire de pareils espoirs. Une jeune femme de l'éducation de Svetlana ne fuyait pas de chez elle pour si peu. L'avait-il frappé ? Peut-être. Il avait cependant l'impression que le problème était davantage moral, comme un blocage psychologique. Qu'avait-il bien pu se passer ? Et là elle lui répondit, comme le couperet qui tombe sur le cou d'un condamné qu'elle voulait profiter de la vie avant de mourir. Razvan ne pu cacher autrement sa surprise qu'en lâchant abruptement : « Je vous demande pardon ? ». Le cynisme dont faisait preuve la soviétique le heurta d'autant plus que ses paroles suivantes lui retournaient la question. Un rire défait franchit ses lèvres devant ce trait de psychologie inversée. Néanmoins, pressentant qu'il aurait besoin de sa confiance pour avoir une réponse plus complète et moins évasive, le roumain se montra étonnamment sincère : « Je suis comme vous, Svetlana. Je fais des choses parce que je n'en ai pas le choix ».
Dernière édition par Razvan Vacaresco le Jeu 8 Oct 2020 - 13:43, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Jeu 8 Oct 2020 - 13:41 | |
| 21 Semaine du 28 septembre au 4 octobre 1978 En sortant de l'immeuble, la tête rentrée dans les épaules cette soirée-là, Razvan ne réalisait pas très bien ce qui venait de se passer. En revanche, il savait très bien ce qu'il avait perdu. La manifestation de sa colère avait été, comme toujours lorsqu'il s'énervait, explosive. C'était probablement le résultat de ses sentiments contenus en permanence. Il était rare qu'il se laisse aller, pourtant ces derniers mois, il avait semblé enchaîner les déboires de ce genre. Ce soir n'était que le couronnement de son incapacité à se contrôler. Et c'était dur à admettre pour lui qui avait parfois tendance à être trop dans le contrôle, trop réservé. Qui aurait pu croire que ce serait lui qui briserait une vieille amitié ? Il ne se l'était pas figuré, bien qu'il ait été parfaitement conscient des mots qu'il avait employé. Maintenant, il fallait assumer. Les pavés de Londres étaient humides de la pluie qui tombait presque incessamment sur la capitale londonienne. Les tempes trop battantes, Razvan prit la mauvaise décision de ne pas rentrer se morfondre dans son appartement. Il rentra, certes, pour prendre ses affaires et filer à la salle de boxe souterraine où il allait toujours se défouler. La soirée difficile n'était que le début d'une trop longue lignée. Abattu par ce qu'il avait provoqué, en colère contre lui-même et même contre elle, le roumain gagna son match, ce soir-là. Comme le reste de la semaine qui allait suivre. Ce qui était beau avec cet homme, c'était qu'il était bien facile de voir lorsqu'il n'allait pas bien. Son regard se faisait plus noir si tant est que ce fut possible, ses attitudes peut-être plus méfiantes, il devenait plus mutique. Mais il dormait mal, en plus de cela, sous ses yeux se crevassaient des cernes qui ne disparaîtront pas de sitôt. Le dos plus voûté que d'habitude parce qu'il ne voulait pas qu'on lui adresse la parole, Mihaela, en revenant chez lui dans la semaine, se fendit même d'un « pourquoi tu es triste papa ?! ». Phrase innocente qui avait suffit à lui éclater le cœur, Razvan l'avait simplement prit dans ses bras en lui faisant un grand sourire pour lui prouver que non, il n'était pas triste, puisqu'elle était là. L'anniversaire de Neolina, le 28 septembre, s'était donc très mal déroulé. Le sien, le 4 octobre, fut du même acabit. Après une énième soirée passée dans cette cave pour se défouler à coups de poings, il était rentré chez lui assez tard dans la soirée. « Merci, Svetlana » la remercia-t-il pour sa patience alors qu'il fermait la porte sur elle. Sa voix basse s'éteignit en même temps que le craquement qu'il entendit et qui signifiait que la slave avait quitté le hall pour transplaner jusque chez elle. Le roumain balança négligemment ses clés sur la table avant que son regard ne soit malheureusement attiré par un bout de papier qui traînait dessus. Papier qui n'était pas là dans la matinée lorsqu'il avait été travailler. A un mètre d'elle, il reconnu l'écriture et il sentit sa gorge se serrer. Razvan regarda l'enveloppe pendant quelques secondes avant de se résoudre à l'attraper pour l'ouvrir de ces gestes brusques d'homme qui ne s'embarrasse pas de choses superficielles. Le 4 octobre 1978.
Razvan,
Je te connais assez pour savoir que tu es toujours en colère. Mais tu me connais assez pour savoir qu'il est impensable pour moi de ne pas t'écrire aujourd'hui. J'aurais aimé t'offrir quelque chose, mais toutes les idées qui me venaient en tête sonnaient faux. Sans doute me rattraperai-je l'année prochaine, quand nos cœurs seront apaisés et que la rancœur sera passée - je l'espère.
Bon anniversaire, Razvan. Neolina. Le roumain regarda pendant quelques instant la lettre d'un oeil interdit avant de laisser un souffle sec sortir de son nez. Il remit la lettre dans l'enveloppe et la mis au dessus d'une pile d'autres missives qu'il laissait abandonné dans un coin. Razvan aurait voulu lui répondre, c'était une ouverture pour lui afin d'apaiser les choses. Mais non seulement c'eut été forcé, mais il savait en plus que sa maladresse risquait de faire empirer les choses. De ce fait, il ne gaspilla même pas de temps à prendre du papier et de l'encre pour lui répondre. Il savait qu'il n'y parviendrait pas, de toute manière. Dans tous les cas, il passait vraiment une journée épouvantable et sa conclusion ne l'était que davantage. Le médicomage ne pouvait que louer la témérité de Neolina de lui envoyer un courrier après ce qui s'était passé. Mais en une semaine, les choses ne s'apaisent pas et les coeurs réfléchissent vitesse grand V. Il avait coupé les ponts ce soir-là. Peut-être et sans doute parce qu'il était lâche. Mais il était le seul à avoir compris ses propres mots de cette façon-là. Par sa courte lettre - qui ne ressemblait pas à la sorcière - la roumaine lui montrait qu'elle n'avait pas saisi le sens de ses paroles ou tout du moins, qu'elle n'en avait tristement pas saisi leur poids. (837)
Dernière édition par Razvan Vacaresco le Mer 14 Avr 2021 - 14:17, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Mar 1 Déc 2020 - 18:43 | |
| 22 30 novembre 1978
« Allez viens Miha » ; « j'ai pas envie ». C'était la quatrième fois que la petite fille lui disait cela depuis le pas de la porte de sa chambre, les bras croisés, l'air grognon. Razvan n'avait définitivement plus la patience pour ça. Fatigué d'une nuit blanche qu'il avait passé à cogiter, le roumain avait posé un jour pour ramener sa fille en Roumanie chez ses grands-parents. Et Mihaela avait pris soin de lui faire comprendre qu'elle n'était pas du tout contente. Mais alors pas du tout. Elle avait même essayé de s'enfermer dans sa chambre mais que pouvait faire la force d'une enfant de sept ans face à celle d'un adulte de trente-quatre ? Elle avait pleuré, supplié et maintenant, elle boudait. La relation qu'il avait avec la petite fille s'était drastiquement dégradée depuis qu'il lui avait annoncé sa décision de la ramener dans son pays. Mihaela n'en était pas encore arrivée au stade final de la colère et le roumain savait très bien que cela arriverait une fois qu'ils seraient chez ses beau-parents. Le médicomage s'approcha de la petite fille pour se baisser à sa hauteur et lui décroiser les bras alors qu'elle le regardait avec les yeux mouillés de larmes. « Je ne fais pas ça parce que j'en ai envie, ma chérie » - Mihaela lui jeta un regard de défi qui laissait entendre qu'elle ne le croyait pas pour trois kopecks, « je continuerai de venir te voir aussi souvent que possible. Et puis, tu seras avec mamie Aniela et papy Jacek. Ils ont hâte de te revoir ! ». L'entrain qu'il essaya de mettre dans sa voix n'eut pas l'effet escompté et la gosse détourna le visage, le menton vers le plafond. Lorsqu'ils arrivèrent en Roumanie, Mihaela avait adopté la stratégie de tenir sa main tellement fort qu'il ne lui serait pas possible de la décoller de lui. Contrairement à leurs visites habituelles, la gamine ne se précipita pas dans les bras de son grand-père aux cheveux plus blancs que neige. Cela ne l'étonna pas, d'ailleurs. L'homme au sourire si chaleureux délivra une étreinte à son beau-fils avant de se pencher vers la petite fille pour lui parler : « Tu as pris au moins dix centimètres depuis la dernière fois, mini-pouce ! ». Mais la plaisanterie de l'homme ne fit face qu'à un mur et Mihaela ne répondit même pas. Il releva un regard bleu perçant à son beau-fils qui répondit par une grimace. Ils s'avancèrent tous les trois à l'intérieur de la maison et la grand-mère de la petite-fille s'extasia devant elle, sans lui attirer encore une fois, de réaction. Au bout d'un moment, l'atmosphère était tellement tendue à cause du mutisme de la gosse qu'Aniela finit par se fendre d'un : « Lâche la main de ton père, Mihaela, tu es ridicule ». La gamine lâcha tellement brusquement la main de Razvan que c'en était purement insultant pour lui, mais il préféra ne pas jeter plus d'huile sur le feu. Un peu plus tard, Jacek avait emmené Razvan dehors pour fumer avec lui alors qu'Aniela essayait d'obtenir une réaction de la part de sa petite-fille. « Tu vas mal, Razvan ». La phrase venait de sortir de nulle part après un long moment de silence et les deux roumains tirèrent en même temps une taffe sur leur cigarette. Le médicomage digérait la phrase et son beau-père se préparait à dire la suivante : « Je ne sais pas ce qui t'arrive pour être dans cet état » - il le désigna d'un vague geste de la main, celle qui tenait sa cigarette - « mais si tu continues comme ça, tu ne t'en remettras pas. Parle moi ». Le silence assourdissant du roumain répondit à la phrase de Jacek, alors que le regard perdu au bout d'une clairière, il intégrait ses paroles. Il savait très bien qu'il n'allait pas aller mieux. Il n'allait pas aller mieux du tout, ça serait pire et il le savait très bien. Mais il ne voulait pas l'inquiéter non plus. A quoi ça servirait, sinon à attirer un regard de pitié ? « Je sais » soupira-t-il finalement en évitant le regard bleu du père de feue son épouse qui le détaillait silencieusement et surtout, en esquivant la demande d'aveux, « c'est pour ça aussi que je la ramène ici. Je ne suis pas en état de m'occuper d'elle et je ne veux pas qu'elle soit malheureuse ». Razvan reporta sa cigarette à ses lèvres pour en prendre une longue taffe avant de continuer : « Elle s'en remettra ». Oh oui, Mihaela se remettrait de cette séparation. Peut-être pas aussi vite qu'il le pensait, mais il savait très bien qu'il serait celui qui souffrirait le plus de cela. Une fois rentré au Royaume-Uni, il serait totalement seul. Il n'aurait plus sa fille. Il n'avait pas d'amis. Neolina n'était plus là. La solitude qu'il encaisserait le rendait déjà malade et c'était comme si un poids supplémentaire s'affalait sur ses épaules. Jacek ne répondit rien, parce que rien ne saurait le faire changer d'avis. Il commençait à le connaître, depuis le temps, il savait combien il était têtu. Et que faire face à un homme qui ne pense qu'à se détruire lui-même ? Lorsque finalement, il fut temps pour lui de partir, Razvan salua ses beaux-parents avant de se baisser vers la petite fille en souriant faiblement. « Je reviens bientôt Mihaela, promis ». La gosse qui s'acharnait à ne pas vouloir le regarder, se fendit aussitôt d'une phrase si mauvaise qu'il en eut le coeur brisé : « Tu m'abandonnes. Comme d'habitude ! Je te déteste ! ». C'est sur ces dernières paroles que le roumain parti, le coeur tambour battant. Elle n'avait pas voulu lui faire de câlin, malgré la grosse voix prise par son grand-père. Elle n'avait pas voulu le regarder. Le médicomage garderait en mémoire pour le mois ou deux à venir, l'air austère de la petite fille qui ressemblait tant au sien. Il avait l'impression d'avoir définitivement brisé quelque chose et se demanda, tristement, si ce qu'il avait dit plutôt à Jacek était vrai. Peut-être que Mihaela ne s'en remettrait pas si facilement, après tout. Peut-être qu'il venait d'exploser la relation la plus importante de sa vie, comme il avait explosé celle avec Neolina. Razvan apparemment ne savait que tout détruire sur son passage et l'ampleur de ses propres décisions stupides le heurta violemment. Une fois de retour dans son appartement rendu sombre par la faible luminosité du dehors, le roumain regarda autour de lui d'un air hagard. Pas de Mihaela. Personne. Il se pinça l'arête du nez alors qu'il se sentait brusquement bien faible. Il n'avait pas accepté de manger en Roumanie parce qu'il n'avait pas faim. Il n'avait plus faim ces derniers temps. Le médicomage se tint au mur en sentant le sol tanguer sous ses pieds avant de poser son front contre ce dernier en attendant que ça passe. Les yeux clos, il se repassait toutes les décisions stupides de cette année 1978 et il y en avait beaucoup. En un an, il avait détruit son amitié avec Octavius. Détruit son amitié avec Neolina. Peut-être brisé la relation avec sa propre fille. Tué beaucoup de monde. Il était un monstre. Il était encore trop tôt pour aller boxer. Sans aller manger quoique ce soit, Razvan se contenta d'aller se jeter sur son lit, en regardant le plafond. Il n'avait pas sommeil. Il n'avait pas faim. Il allait désespérément mal.
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| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Jeu 17 Déc 2020 - 1:39 | |
| 23 Nuit du 24 au 25 décembre 1978 Razvan était de garde. Razvan était toujours de garde pendant les fêtes. Très pudique sur sa vie personnelle, il était communément admis par les autres et par sa hiérarchie que la bague à son doigt ne signifiait pas grand chose et qu'il n'avait de toute façon pas d'enfant à occuper. Pas de photo dans son bureau à l'étage. Pas un mot sur sa fille, jamais. Partant de là, on lui demandait toujours de se charger des gardes les soirs de fêtes. Et il acceptait toujours, parce que de toute façon, entre être chez lui ou être à l'hôpital, la soirée serait merdique quand même. Le roumain n'était pas nécessairement un animal de fête, c'était connu. Mais les noëls, il les passerait plus volontiers avec Mihaela qu'avec la vieille secrétaire rabougrie qui lui parlait toujours de ses petits-enfants ingrats qui ne venaient la voir que pour le jour de l'an : « Et toi alors ?! Tu n'as donc personne de qui te plaindre ? ». Le silence répondit simplement à la vieille dame qui ne s'en formalisa pas et enchaîna en lui parlant de sa dernière trouvaille, un pull bleu en grosse mailles tricoté par une de ses amies dont elle lui parlait toujours. Lorsqu'il se fut soustrait à son ennuyeuse discussion pour aller fumer en cette calme soirée de réveillon, Razvan avait l'esprit ailleurs, comme souvent ces derniers temps. Il faisait des gardes pour rattraper aussi les boulettes qu'il enchaînait parce qu'il ne voulait pas qu'on le force à poser un arrêt de travail. Le roumain ne voulait pas qu'on l'assiste comme s'il était un gamin qui avait un problème. Il était un adulte, un adulte de trente-quatre ans qui pouvait gérer ses problèmes. Non ? Pas si sûr, quand on voyait ses traits ravagés par la fatigue, ses cernes bleues et ses rides enfoncées dans sa peau. Sorti dehors aux alentours de 23h50, il s'assit sur les marches en sortant une cigarette alors que le froid lui glaçait les os. Une pluie fine tombait, comme tous les jours semblait-il dans ce pays. Il n'avait pas franchement le temps de fumer un cigare et plutôt mourir que d'en gaspiller un. Il avait dit à Svetlana en milieu d'année qu'il essayait de se calmer là-dessus. Il semblait pourtant que ses vices, autant que ses problèmes, l'avaient rattrapé. La fumée qui s'évacuait de ses poumons attira son regard et il ne put s'empêcher de se demander ce que faisait Neolina pendant ce temps. Elle devait être avec sa famille. Le médicomage espéra qu'elle passe un bon réveillon, peut-être avec sa mère et ses sœurs en Roumanie. Penser à son pays l'amena nécessairement à penser à ses beaux-parents et à sa fille. Ils lui avaient demandé de venir mais il avait préféré ne pas les écouter. Mihaela était très rancunière et il savait très bien qu'elle ne lui avait pas pardonné de l'avoir renvoyé là-bas. Qui plus est, faire deux voyages dans le même mois dans son pays serait risqué et il ne tenterait pas le diable. A la place, donc, il était assit sur les marches de l'hôpital, à fumer une cigarette en regardant le ciel gris qui surplombait Londres. Le roumain entendit le carillon plus haut dans la rue qui lui indiquait l'heure. « Crăciun Fericit* Vacaresco » marmonna-t-il à sa propre intention en tirant une dernière fois sur sa cigarette. *Joyeux Noël. |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Mer 17 Fév 2021 - 0:24 | |
| 24 Le 17 février 1979, Cher Razvan,
J'espère que tu vas bien. Cela fait longtemps que nous ne t'avons pas vu et Aniela et moi nous inquiétons. Tout va bien ? Mihaela passe beaucoup de temps avec Irina ces derniers-temps. On dirait deux petites jumelles tellement elles ne se quittent pas d'un mètre ! Bien que tu ne me croiras sans doute pas, Mihaela se languit de ta visite. Quand passeras-tu ? Tu lui manques et ton absence nourrit ce dangereux ressentiment qu'elle porte à ton égard et que tu souhaites tant éviter.
Avec toute mon affection, Jacek.Razvan replia la lettre de façon bien carrée pour la glisser sous la pile de son courrier. Il ouvrit la vitre, cala une cigarette entre ses lèvres. Le froid qui caressa sa peau ne l'atteignait pas tant son cœur était congelé par la lettre. Les tympans battants, il tira une taffe, une seconde, avant de se fustiger de son propre comportement. Il n'était pas allé en Roumanie depuis qu'il avait ramené sa fille là-bas, et depuis qu'elle lui avait craché qu'elle le détestait. Les mots, durs, bruts, pensés, l'avaient profondément blessé et il redoutait une nouvelle confrontation avec Mihaela qui tuerait définitivement son cœur. Le roumain recracha la fumée au dehors avant de se pincer l'arête du nez. Il ne pouvait pas continuer à repousser. Clope coincée entre les lèvres, il prit un papier, une plume et rédigea une lettre d'une seule phrase à l'attention du grand-père de sa fille : " Je passerai en fin de semaine prochaine". En espérant que ça suffise.
Dernière édition par Razvan Vacaresco le Ven 28 Mai 2021 - 1:48, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Dim 21 Fév 2021 - 21:55 | |
| 25 27 février 1979 « Mihaela, viens s'il-te-plaît. Ton père est là ». La voix douce d'Aniela se teintait d'une certaine autorité lorsqu'elle s'adressait à sa petite fille et elle avait probablement raison de l'avoir. Dans le petit séjour, l'homme accrochait sa veste alors qu'aucun pas ne se faisait entendre. Mihaela, bien entendu, ne voulait pas le voir. Mal-à-l'aise, il se passa une main dans ses cheveux noirs, la semaine avait été longue et difficile. Il était fatigué et ne souhaitait que dormir. Pourtant, il était venu, parce qu'on le lui avait tacitement demandé. Jacek était à côté de lui, il combla le silence de plomb en lui proposant un thé et Razvan accepta. Aniela, pendant ce temps, disparu dans la petite pièce où dormait Mihaela. « Merci, Jacek » fit le médicomage en enroulant ses mains autour du thé. Il savait que tant qu'Aniela n'hausserait pas la voix, sa fille ne viendrait pas. C'est qu'elle était monstrueusement rancunière - comme sa mère - et qu'elle avait une sale manie de bouder pendant des lustres - comme son père. Alors, aucune chance qu'elle ne vienne d'elle-même. « Je savais qu'elle ne voudrait pas me voir » souffla Razvan avant de prendre une gorgée de thé, « elle a été assez explicite la dernière fois qu'on s'est vu ». Sans s'être servit lui-même, l'ex beau-père regardait son ex beau-fils, assit, les bras ballants. Il était un peu médusé du comportement de sa petite fille. « Je ne comprends pas » avoua-t-il, « elle avait l'air contente de recevoir un cadeau de ta part à Noël ». Razvan haussa les épaules pour toute réponse, en reprenant silencieusement une gorgée de thé. Un cadeau n'effaçait pas un ressentiment. « Si elle ne veut pas me voir, qu'on ne la force pas » demanda-t-il à l'homme alors qu'Aniela ne revenait pas, « ça pourrait nourrir son ressentiment et ce n'est pas ce que je veux ». Il avait l'impression terrible que le cordon était définitivement coupé depuis le 30 novembre dernier. Jacek lui jeta un regard indéfinissable avant de se lever en prenant appuis sur la table avec ses grandes mains. Il passa à côté de son ex beau-fils en posant brièvement la main sur son épaule. C'était une preuve de soutien si légère, mais à la fois profondément indéfectible. Finalement, Mihaela avait fini par venir. Avec sa moue d'enfant triste. Ses grands-parents avaient eu la bonne idée de ne pas la forcer mais de la convaincre, et surtout de rester en retrait. C'était un moment un peu intime finalement, alors qu'il se tenait dans l'entrée. Il allait repartir quand la petite brunette avait pointé le bout de son nez pointu. Un beau sourire avait finalement inscrit ses traits sur le visage fatigué de Razvan qui s'était agenouillé dans l'entrée, devant elle, en lui prenant les mains. « Ça va ma chérie ? » lui demanda-t-il d'une voix douce alors que ses pouces caressaient ses mains égratignées à quelques endroits à cause de ses multiples chutes. Sans qu'il ne s'y attende trop, la petite fille fondit en larmes en s'accrochant à son cou. Le médicomage avait lié ses mains sous les fesses de l'enfant pour la soulever et la tenir contre lui alors qu'elle trempait son pull. Elle lui répétait qu'elle ne voulait pas qu'il parte encore, qu'il la laisse encore toute seule. Qu'elle voulait habiter avec lui. Comment se détacher d'elle pour lui dire qu'il ne pouvait pas accéder à ses demandes (supplications) ? Comment lui expliquer que ce n'était pas quelque chose qu'il voulait faire que de la laisser ici ? Après cinq grosses minutes à lui souffler de se calmer, à la bercer gentiment, la bouche contre sa tempe, Razvan s'était finalement assit sur le fauteuil en la mettant sur ses cuisses, en fasse de lui. « Mihaela » commença-t-il d'une voix toujours aussi douce en levant une main pour attraper entre ses doigts une mèche brune de cheveux rebelles pour la caler derrière son oreille, « je n'ai pas le droit de rester en Roumanie. C'est impossible pour moi. Si je reste ici, j'aurais des problèmes et tu ne me verras plus. Plus jamais, tu comprends ? ». Mihaela se mit à se mordre la joue et son père avait le coeur en miettes. « Mais si je te fais venir en Angleterre, ce sera pareil. Sauf que ce sera moi qui ne te verrais plus » - la gosse se faisait physiquement violence pour ne pas lui couper la parole, il le sentait. « Ne pense jamais que je ne t'aime pas, Miha. Jamais, tu m'entends ? » - elle détourna le regard. « Les autres ils ont leur papa et leur maman. Moi j'ai ni l'un ni l'autre ». Razvan accusa violemment le coup. « Je sais... Ça va s'arranger, d'accord ? Je vais passer plus souvent te voir ». Quelques heures plus tard, il avait fini par devoir rebrousser chemin. Après avoir longuement promis à sa fille de lui envoyer une lettre (elle apprenait à lire, alors elle voulait s'exercer disait-elle, pour lui montrer ses progrès la prochaine fois qu'il viendrait) et lui avoir juré qu'il reviendrait bientôt, l'homme avait transplané. Mais pas pour l'Angleterre, non. Razvan transplana pour un village perdu de Roumanie profonde. Un village où il avait vécu. Il était apparu dans un bois dans lequel il avait prit soin de se jeter un sortilège de désillusion sur le dos. Le soleil commençait à décliner et il n'y avait plus grand monde dehors. Parce que ce n'était pas conseillé de rester trop longtemps dehors, justement. Il croisa pourtant quelqu'un, un jeune homme dont les traits lui disaient quelque chose, sans qu'il ne soit réellement capable de le replacer. Il posa ses yeux sur lui sans le voir, alors que Razvan continuait de marcher. La sortie du village n'était pas bien loin, il y avait peu d'âmes dans le coin. En passant devant la rue où il habitait, il vit de la lumière à la maison de la vielle Lupescu. Et une fenêtre noire à ce qui était sa maison. Vide. Complètement vide. Il ne s'arrêta pas. A quoi bon ? Ne vivait-il pas assez dans le souvenir ? Mais voilà, il n'était pas venu pour voir sa maison, il n'était pas venu pour se faire taper dessus par Madame Lupescu. Il était venu parce que, sept ans après, il avait besoin de voir Mara. De voir l'ersatz de son existence. Comme pour être certain qu'elle avait existé, qu'il ne l'oubliait pas. C'était un curieux besoin, celui d'aller au cimetière comme ça. La décision, il l'avait prise au moment de transplaner, en regardant une dernière fois le visage humide de sa fille. Bien entendu, il n'y avait pas grand monde. Il se rappelait très bien de cette journée d'été ensoleillée où il était venu, pour la mettre en terre. Pas grand monde. Les parents de Mara, lui. Quelques voisins. Madame Lupescu gardait le nourrisson. Depuis, il était assez peu venu, parce que venir lui rappelait ses erreurs et le mettait face à ses regrets. « Je suis désolé, tellement désolé » murmura-t-il alors que les genoux pliés, il se tenait à la petite pierre marquée du nom de sa femme. Il appuya la tête contre, les yeux clos, comme si d'une façon débile, ça le rapprochait d'elle. « Désolé d'avoir fait toutes les erreurs à ne pas faire, d'avoir provoqué la situation actuelle. De ne pas élever Mihaela comme je le devrais » continua-t-il à se fustiger. Razvan ne pleurait pas, ça non, il ne pleurait jamais de toute façon. A quoi bon pleurer, puisque ça ne changerait rien ? « De lui donner l'impression de l'abandonner ». C'était peut-être ça le plus dur au fond. Cette impression que toute sa vie était un gâchis sans nom, qu'il ne faisait rien correctement. Le roumain se prit la pluie sans bouger d'un pouce. La pierre était glaciale, si glaciale qu'elle ne ressemblait en rien à la douce chaleur qui émanait toujours d'elle lorsqu'elle était en vie. Il se rappela avec beaucoup de précision son sourire. Mais la honte le submergeait que d'admettre que les tonalités de sa voix commençaient à disparaître. Le temps faisait son œuvre dans son cœur et dans sa tête, comme il mettait à l'épreuve la pierre sur laquelle il s'appuyait. |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Sam 27 Mar 2021 - 21:46 | |
| 26 27 avril 1978 La situation s'éternisait et Razvan sentait sa patience s'amenuiser au fur et à mesure sur ses sortilèges rataient leur cible. Il était bien conscient que sa baguette en bois de noyer noir était capricieuse lorsqu'il faisait quelque chose qui était contre sa nature. Il n'empêche que là, elle exécutait ses sortilèges mais il ratait sa cible. Le roumain fut passablement étonné d'entendre un doloris être jeté par l'Auror lui-même, et il s'étonna que la mangemorte ne se moque pas de sa moralité douteuse. Lui-même n'avait pas le coeur à ce type de plaisanteries. Elise se montra donc plus inventive et beaucoup plus sadique également. Elle propulsa des couteaux dans la direction de Maugrey mais Nora eut la merveilleuse idée de se mettre entre eux. Le médicomage qu'il était grimaça devant l'absurdité du geste et son regard se porta, comme s'il ne pouvait s'en empêcher, sur les couteaux plantés dans le corps de la sorcière. Quelle idiote ! Visant la tête de l'Auror, Razvan marmonna derrière son masque : « Diffindo ». Le sortilège était violent et percuta Maugrey en pleine tête en propulsant une grosse giclée de sang.
Razvan avait tué du monde, maintenant. Il ne comptait plus les cadavres bien qu'il se souvenait largement de leurs visages. La tuerie avec Rosier l'année précédente, il s'en souvenait. Maintenant, il venait probablement de défigurer un homme qu'il avait lui-même soigné et renvoyé sur le terrain. L'ironie de la situation était aussi intenable que cette dernière. La giclée de sang ne l'avait même pas fait sursauter, à dire vrai, il avait regardé cela avec un regard de détachement froid derrière son masque en pleurs, alors même qu'au fond, le roumain s'horrifiait de son terrible geste. Si cela avait été un sortilège de la mort, l'Auror serait raide au sol. En l'occurrence, il était bien par terre, mais il gémissait en se tenant le visage, et à juste raison. |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Ven 28 Mai 2021 - 1:42 | |
| 27 1950 « Je ne me sens pas très bien ». A la lumière tamisée d'une petite lampe, Razvan s'approcha de la chambre de sa tante, laquelle s'asseyait sur le lit, sa robe mauve qui lui arrivait aux tibias tombant mollement dans le vide. Il l'avait entendu faire tomber un objet et il était sorti de la petite chambre qui était la sienne pour voir ce qu'elle avait fait tomber. Déjà à l'époque, il n'avait pas l’œil aussi fugace que les autres enfants, il tendait à lancer certains regards concernés, concentrés. Presque à croire qu'il y avait dans ses yeux une maturité adulte, déjà. Mais non, Razvan restait un enfant de six ans, certes pas aussi prompt que les autres à démarrer au quart de tour, certes, aussi, plus calme et avec beaucoup moins d'amis. Et pas vraiment de famille non plus, sinon sa tante, qui semblait se sentir bien mal sur son lit. A l'entrée de la porte entrebâillée derrière laquelle le petit garçon aux cheveux noirs se cachait, on pouvait voir son regard inquiet, autant que ses mains qui tenaient le bois si fort que ses jointures en étaient blanches. Razvan avait certes beaucoup de cousins et cousines éloignés, moldus comme sorciers. Mais sa tante l'élevait. Et orphelin, il était tristement conscient, à l'époque déjà, de la signification de la mort. Aussi laissait-il parfois un regard déjà mélancolique se poser sur la figure d'autorité de la maison. Razvan ne partageait peut-être pas son nom, il partageait au moins une partie de ses gènes. Sa tante restait sa tante et il l'aimait tendrement. « Tu as mal où ? » demanda-t-il sans savoir s'en empêcher. Le petit roumain n'était pas entré, parce qu'il attendait toujours qu'elle l'invite à le faire. C'était pire quand il n'arrivait pas à dormir et qu'il voulait un câlin, le petit garçon avait parfois tendance à rester des heures devant la porte sans oser rentrer alors même qu'il avait peur de rester tout seul ! Un souffle comme fatigué s'échappa des lèvres de sa tante qui tapota le lit à côté d'elle pour l'inviter à venir et il ne se fit pas prier, grimpa sur le lit en posant sa tête contre le torse de sa parente, les mains ramenées contre lui. « Rien qui ne soit grave » tempéra-t-elle d'un ton tout à fait maternel. Sa main tannée par le temps passait dans le dos de son petit-neveu avec tendresse. « J'aime pas quand t'as mal » avoua Razvan sans verser pourtant aucune larme, « tu apprendras qu'avec le temps, les douleurs sont de plus en plus courantes ! ». La phrase avait sans doute vocation à le faire rire, mais il n'en comprit pas vraiment le sens. Parce que pour lui, on ne devait pas avoir mal, la douleur était contre-nature et sujette à l'inquiétude. La vieille dame eut pourtant un geste un peu brusque vers sa cuisse et le petit garçon sursauta un peu en s'écartant d'elle, de peur d'être à l'origine du mal. Mais comment un enfant si doux pouvait-il lui faire ne serait-ce qu'un bleu ? Sans très bien savoir pourquoi il fit ça, le petit roumain posa ses deux mains à l'endroit où la main de la vieille femme avait sauté pour apaiser ce qui devait être une pointe un peu banale. Mais tout de même. Elle grimaçait un peu, sans qu'il ne sache pourquoi. Et puis, pouf, voilà. La grimace sur le visage de sa tante disparu sans qu'il ne sache pourquoi. « Eh bien ça alors ! ». Elle semblait estomaquée. « Je ne sens plus rien ! » - elle regarda son petit-neveu d'un air qu'il ne parvenait pas à déchiffrer, « tu as des doigts magiques, Razvan ! ». Bien entendu, il était au fait du monde magique, quand bien même sa tante était une moldue. Elle lui en avait parlé et il savait qu'un jour où l'autre viendrait cet étrange moment de la manifestation première de ses pouvoirs. Peut-être était-ce ça, au fond. Ce besoin d'aider les autres, en passant par la magie, ou non. Troublé par ses mains qu'il regardait d'un air curieux, sa tante lui pinça la joue d'un geste affectueux : « Allez ! J'ai préparé une cozonac ! ». |
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| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Ven 11 Juin 2021 - 22:27 | |
| 28 13 janvier 1979 Il n'entendit même pas le son de la cloche, retentissant, ni le bruit des bouches qui plaignaient ou acclamaient leur vainqueur. Razvan ne sentit guère que la fraîcheur du sol contre sa joue, l'écoulement sur son visage. Sueur ou sang il serait bien incapable de le dire alors que sa conscience frôlait l'inconscience. Il sentit vaguement qu'on le bougeait, sans très bien savoir si on le relevait sur ses jambes ou si on le trainait pour le pousser ailleurs. Le médicomage se sentit tomber brutalement par terre, une rasade de sang supplémentaire sortit de son nez. Dans sa demi-conscience, il ouvrit vaguement les yeux. Il vit des chaussures, beaucoup de chaussures, s'activer devant lui sans trop savoir ce qu'ils faisaient là. Black out. Où était-il ? Pourquoi y avait-il autant de monde ? Pourquoi cette sensation poisseuse sur le visage ? Pourquoi ce mal de crâne ? Pourquoi ses mains le faisaient-elles souffrir ? Dans sa demi-conscience, Razvan était incapable de comprendre qu'il était venu boxer ce soir-là, comme tous les soirs presque depuis quelques semaines. Son rythme ahurissant était auto-destructeur, serait sa perte s'il continuait à glisser sur la pente dangereuse de la mélancolique dépression. Ses mains avaient une triste couleur violine. C'est lorsque le silence se fut installé dans la cave, que les derniers spectateurs étaient partis et que les boxeurs avaient quitté la salle pour s'asperger le visage d'eau et rentrer chez eux que le roumain reprit réellement connaissance. Il se releva avec difficulté sur ses coudes, regarda le sol qu'il avait maculé de sang. Rien, rien, rien, pas de bruit, plus de bruit, sinon sa respiration difficile, ses douleurs sur la poitrine et dans la mâchoire. Ses cheveux collants de transpiration pendaient mollement dans le vide alors qu'il s'agenouillait péniblement. Se relever ensuite sur ses pieds fut une épreuve qui lui valut cinq bonnes minutes de concentration. Et que dire, que dire, lorsqu'il se traina jusqu'aux vestiaires, pour voir qu'on avait dépouillé son sac de sport. Plus rien, plus de dictame, plus de potions, juste sa baguette abandonnée là. Il défit avec difficulté ses bandages aux mains avant de lever la tête vers le miroir cassé. En regardant le reflet, Razvan y vit une fierté éclatée. Il avait la gueule des mauvais jours, des cernes qui ressemblaient à des plages, des joues creusées, le regard hagard, et noir. S'asperger le visage d'eau n'y fit rien. Se rincer les mains non plus, mais il eut mal. La journée avait été merdique. Merdique, merdique. Et forcément, toute la fatigue qu'il avait emmagasinée, tout ce qu'il avait traversé lui éclatait à la gueule avec une violence qu'il n'avait pas envisagée. S'être fait congédier sèchement de chez Neolina lui avait miné le moral encore plus que ce qu'il aurait pu ressentir en général. Le roumain en allant bien, aurait simplement été vexé, serait rentré chez lui et aurait fait sa vie mais pas là. Pas alors qu'il se sentait constamment au bord du précipice mais qu'il essayait de faire bonne figure. Parce que bon... A quoi bon alerter les autres, ses collègues, son amie ? Ça n'y changerait guère rien de toute manière. Et après une fin d'année 1978 pénible, voilà que l'aube de 1979 semblait être pire. Ou en tout cas, la juste continuité d'une vie en pleine déliquescence. Razvan se laissa tomber sur le sol en face du banc où reposait son sac noir, jambes étendues, mains abandonnées de part et d'autres de lui. Ecchymoses sur les poings et le visage, le roumain entama une partie de sa nuit là, dans cette cave mal famée, baguette loin de lui. Qu'est-ce qu'il avait à perdre de toute manière ? |
| | | Razvan Vacaresco MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 1178 | AVATARS / CRÉDITS : Pedro Pascal | vesnaproduction | signa par okinnel | icons par undeadtodds et Ethereal | SANG : Inconnu | Sans doute mêlé.
| Sujet: Re: VACARESCO | Dear old Romania Lun 26 Juil 2021 - 21:37 | |
| 29 Mars 1979 Lorsqu'il avait finalement pu arracher cette petite fille des bras d'Hermes, Razvan se retrouva face à ce qu'il avait lui-même provoqué. Des traits tordus par la douleur, la panique de ne plus rien voir, l'angoisse d'entendre des voix que l'on ne connaissait pas, dans une langue qui n'était pas la sienne. Il se mit à la place de cet enfant comme il le faisait toujours. Le roumain s'était toujours mis à la place de ses patients, pour les comprendre et ne pas leur faire quelque chose qu'il n'aimerait pas qu'on lui fasse. C'était aussi pour cela que beaucoup le considéraient comme étant un excellent médicomage. Essayer de comprendre les sentiments de l'autre, se glisser dans ses bottes l'espace de quelques instants, lui paraissait nécessaire pour que tout se passe pour le mieux. Que pouvait donc s'imaginer cette petite fille qui en plus, ne voyait plus rien ? C'est avec une infinie délicatesse qu'il s'était éloigné du mangemort, qu'il avait transplané cette fois-ci pour son propre appartement où il vivait seul. Parler la langue de la gamine sembla la rassurer assez pour qu'elle ne gigote pas, et il appris qu'elle s'appelait Martha. Elle lui demanda, beaucoup, qui il était, ce qu'il voulait d'elle, ce qu'il allait lui faire. Et Razvan, en même temps qu'il préparait mixtures et potions, essayait de lui répondre avec le plus de gentillesse possible. Elle ne méritait pas d'avoir peur de lui, quand bien même il était l'artisan de son malheur. Le roumain l'avait finalement convaincu qu'ils étaient toujours en Roumanie, et puisqu'elle n'y voyait plus rien, elle pouvait bien le croire sur parole. Il fit son possible pour lui faire penser à autre chose, pour la faire se confier à lui. Elle était apparemment en vacances chez son grand-père pour deux semaines. Il n'osa pas lui dire qu'elle ne le verrait plus. « Vous êtes qui...? ». « Je m'appelle... ». Razvan eut un arrêt. Il ne pouvait pas lui dire cette vérité-là. « Je m'appelle Mihai. Je suis médecin. J'habitais le même village que ton grand-père, avant ». « Vous le connaissez ? ». « Non ». Ce n'était pas un mensonge, il ne l'avait jamais vu. C'était sans doute mieux d'ailleurs. Le pauvre homme avait fini par mourir par terre dans la neige et laissait derrière lui une petite fille qui risquait de devenir aveugle. Le roumain fit apparaître gentiment une peluche qu'il glissa entre les petites mains de la gamine qui serra machinalement la chose entre ses bras. Razvan se mit au travail. Patiemment, tranquillement, sans cesser de parler à la petite fille qui s'inquiétait de ce qu'il adviendrait de sa vue. « Mais je vais y voir, pas vrai ? Je vais y voir ? ». Et que pouvait-il répondre à cela sinon un sourire triste qu'elle ne pouvait pas voir ? Le roumain avait beau avoir des gestes tendres sur ce joli visage, il ne savait pas s'il récupérerait sa vue. Les lésions pouvaient bien être définitives qu'il n'y pourrait rien. Il passa trois heures à s'occuper d'elle, à allier sortilèges et potions, mixtures et pauses. Finalement, il lui banda les yeux et lui demanda d'attendre, montre en main. Elle ne savait pas encore que le reste de sa vie, probablement, se jouait maintenant. « Et où ils habitent tes parents ? » ; « A Aiud ». Aiud. D'accord. Il connaissait vaguement cet endroit pour y avoir été quelques fois avec Mara. « Je vais te ramener chez eux, d'accord Martha ? ». Un hochement de tête un peu timide. La montre de Razvan siffla comme un oiseau et il retira délicatement le bandage de ses yeux, qu'il découvrit verts comme un cours d'eau. Les yeux ne le cherchèrent pas, pas vraiment. Mais il vit qu'elle y voyait un peu. Plus de cicatrices sur son visage d'enfance. Pour autant, elle plissait sacrément des yeux. « Tu me vois ? ». « Un petit peu... ». La gamine semblait sceptique et de grosses larmes franchirent la barrière de ses yeux. Elle essayait de lui demander entre deux hoquets de larmes pourquoi elle n'y voyait plus aussi bien, pourquoi tout était flou autour d'elle. Et une pierre s'effondra dans le cœur malmené du médicomage. Elle n'était plus aveugle mais malvoyante, alors qu'elle était en parfaite santé quelques heures auparavant. Des lunettes régleraient peut-être le problème, mais pas en Roumanie. Pas à Aiud. Après l'avoir consolée, et amadouée avec un chocolat chaud, Razvan consentit finalement à la transplaner pour son village. Il ne prit pas soin de lui effacer la mémoire. C'était une petite fille et les petits enfants étaient connus pour leur imagination fantasque. Lorsqu'il la vit, un peu plus loin, appeler sa mère, une seconde fois, son cœur se brisa. Parce qu'il avait une petite fille d'environs le même âge qui ne pouvait même pas faire cela avec son père. Une femme très maigre habillée d'un tablier jaune sortit d'une maison minuscule alors que la petite fille, qui tenait toujours sa peluche en forme d'ourson, se réfugiait dans ses bras. Et lorsqu'il vit qu'elle essayait d'expliquer la situation à sa mère, il transplana. Juste avant que le regard de cette dernière ne se pose sur son affreux visage qui avait détruit la vie de sa propre fille. |
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