Quand Adam William James Chester naquit, une grande fête fut organisée dans la manoir de son père. Tous les nobles furent invités à venir rencontrer le nouveau-né qui faisait, déjà si jeune, partie de leur monde. La jeune mère, réticente à cette idée, avait néanmoins dû laisser cette soirée mondaine se faire, parce que son mari avait déjà envoyé les invitations quand il lui a dit, c'était donc trop tard pour refuser... Elle aurait pourtant aimé profiter des premiers jours de leur fils dans leur maison, avec son mari, seulement et simplement tous les trois, loin des menteurs de la cours et des beaux-parleurs... Pour le protéger un minimum de toutes ces personnes, Madame Chester l'avait gardé dans ses bras pendant tout le début de la soirée et l'avait rapidement mis au lit, restant de longs moments à côté de son landau pour le regarder dormir. Il avait l'air d'un ange. Au moment même où elle avait su qu'elle était enceinte, elle l'avait aimé. Et depuis qu'il était sorti de son ventre, ce sentiment d'amour profond ne faisait que s'accroître.
Pouvait-on aimer quelqu'un plus que sa mère aimait Adam ? Surement pas...

Adam William James Chester était aimé et adoré de tous. Les gens trouvaient que c'était un beau bébé, qu'il avait les yeux de son père et le nez de sa mère. Foutaise, bien sûr, puisqu'on ne peut pas voir ce genre de détails alors qu'il était si jeune. Mais bon, cela faisait plaisir à ses parents de l'entendre... Tout le monde était au petit soin pour lui, sauf ses grands parents maternels mais il avait assez de personne autour de lui pour ne pas s'en préoccuper, et de toute façon il était trop jeune pour ça. La reine elle-même s'était penchée sur son berceau et avait sourit face à sa jolie petite frimousse, c'est pour dire ! C'était un bébé ravissant et ses gazouillis plaisaient à tout le monde. Il pleurait peu et a rapidement fait ses nuits, ce qui était parfait pour ses parents et ses serviteurs.
Adam grandi rapidement. Sa première année était passée très rapidement, trop rapidement aux yeux de sa mère. Il s'était rapidement haussé sur ses petits jambes potelées et avait marché dans son grand manoir, faisant quelques frayeurs à Mary Elizabeth...
Sa vie commençait sous les meilleurs auspices : il était entouré et on le couvait d'amour, que demander de mieux ?

Adam William James Chester a très vite été convié à participer à des bals avec ses parents, même si les nobles se débarrassaient souvent de leurs enfants dans ce genre de soirée en les laissant à leur gouvernante. Au contraire, les parents Chester étaient plus qu'heureux de l'amener avec eux, de la présenter à tout le gratin anglais. Ils étaient fiers de leur fils et l'aimaient plus que tout au monde, il leur semblait donc tout à fait naturel qu'il vienne avec eux lors des soirées mondaines. L'enfant s'était rapidement habitué aux bruits, aux danses, aux belles tenues et à être parfois le centre d'attention. Cette ambiance lui plaisait et il s'endormait toujours sur les genoux de sa mère, ce qu'il aimait particulièrement. Ensuite, plus grand, il s'est mis à jouer avec les autres enfants, et c'était toujours aussi bien !

Dès son plus jeune âge, Adam a prouvé qu’il était capable d’apprendre beaucoup de chose. A ses trois ans, il commençait déjà à apprendre les échecs, son père tenant à ce qu’il devienne un vrai maître en la matière. Sa mère, quant à elle, lui apprenait à danser. A ses yeux, il était particulièrement nécessaire pour un jeune Lord de savoir se tenir et mener une danse lors des réceptions bourgeoises. Heureusement pour le jeune Chester, il apprenait et assimilait particulièrement vite, et ses parents en étaient plus qu’heureux. Le tir et l’équitation faisaient également partie de ses leçons, dès ses quatre ans. Adam aimait apprendre des choses, prouver à ses parents qu’ils pouvaient être fiers de lui, qu’il était digne de leur amour et de leur reconnaissance…
Il pensait que ça suffirait, que sa vie se passerait toujours avec cette harmonie parfaite qui régnait dans sa famille…

Malgré tout ce bonheur apparent, qu’Adam ressentait au plus profond de lui, quelque chose se brisa lorsqu’il eut cinq ans… Quelque chose se passa, mais il ne se souvenait plus quoi. Quelque chose de grave, surement, car sa mère prit une décision qu’il n’aurait jamais cru être possible, qu’il n’aurait jamais imaginée.
Sa mère avait toujours été une femme aimante, douce, protectrice et qui aimait vraiment très fort son trésor, son fils unique, l’amour de sa vie. Elle le mettait au lit tous les soirs, venait le réveiller le matin, l’habillait, le lavait, sans jamais laisser les serviteurs le faire. C’était son rôle, parce que c’était son fils chéri. Comment aurait-il pu en être autrement ?
Un matin, ce fut Chris qui vint le réveiller. Adam n’avait que cinq ans, mais il sentit tout de suite qu’il y avait quelque chose d’étrange. Son majordome ne lui dit rien, ne répondant pas à ses questions. Le jeune Chester s’était alors précipité dans la chambre de ses parents, qu’il avait trouvé vide. Le petit garçon criait « maman » mais n’avait aucune réponse. Il descendit dans le petit salon, et trouva son père assis dans son fauteuil, la tête entre ses mains. Aucune trace de sa mère. Il chercha dans toutes les pièces, hurlant et pleurant. Il continua jusqu’à ce que son père arrête sa course effrénée en venant le prendre dans ses bras. Il le serra longuement contre lui en murmurant à son oreille que tout irait bien, qu’elle finirait surement par revenir, qu’elle l’aimait, qu’il l’aimait…

Les jours après le départ de sa mère, sans aucune explication ni au revoir de celle-ci, furent particulièrement dur pour Adam. Chaque matin, il allait dans la chambre de ses parents, espérant trouver sa chère et tendre maman, mais elle n’était jamais là. Il n’y avait que son père, seul, triste, en colère, désespéré… Il n’était que l’ombre de lui-même. Il tentait de garder la tête haute devant son fils, qu’il couvrait d’amour à cette période pour pallier au manque de sa mère, mais ce n’était pas très bien réussi, il fallait l’admettre.
Le jeune Chester attendait devant la porte d’entrée, encore et encore, espérant voir sa mère ouvrir la porte avec un grand sourire en disant « Je suis de retour », mais la porte ne s’ouvrit pas, sa mère ne revint pas, sa vie ne retourna pas à son cours normal. Rien ne fut plus jamais pareil…

Elle n’avait laissé aucune lettre, aucun mot, pour expliquer son geste, pour rassurer son fils, pour faire comprendre ses intentions. Adam avait cru comprendre, en écoutant les conversations de son père, qu’elle était partie avec un homme, qu’elle avait fui son couple, cette vie étriquée et bourgeoise. Le garçonnet ne comprenait pas. Elle semblait pourtant aimer les soirées mondaines, ou même son mari, mais surtout lui. Pourquoi était-elle partie sans lui ? Pourquoi l’avait-elle laissé derrière elle sans même se retourner ? Avait-elle vraiment pu faire ça ? On parlait de sa mère là, la femme la plus tendre, la plus douce et la plus aimante qu’il connaissait. Était-ce vraiment possible ?
Un mois passa, et rien ne changea. Elle ne revint pas, elle n’envoya pas de lettre, elle ne donna aucune nouvelle. Plus le temps passait et plus la tristesse d’Adam se transformait en colère sourde. Il n’était plus malheureux d’avoir perdu sa mère, il était en colère contre une femme qu’il ne reconnaissait pas de l’avoir abandonné sans rien lui dire, sans rien lui expliquer.
Adam n’était plus triste, il était plongé dans une profonde haine.

Adam grandissait à vue d’œil, passant du mignon petit garçon au beau jeune-homme. Il se perfectionnait dans toutes les matières qu’il étudiait, il chercher à atteindre les meilleures places dans le classement des élèves, il cherchait à montrer qu’il était le meilleur.
Depuis le départ de sa génitrice, car oui il ne l’appelait sa « mère », nombre de nobles étaient venus le voir en lui demandant s’il allait bien, s’il n’était pas trop triste… La pitié qu’ils exprimaient à son égard le dégoûtait, et il avait donc décidé de prouver qu’il n’avait pas besoin de la présence de cette femme pour briller en société, pour être heureux et un bon futur duc. Son père, quant à lui, s’était peu à peu enfermé dans son travail, pour ne plus penser à son chagrin, disparaissant peu à peu de la vie de son fils. C’était donc Chris, le majordome personnel d’Adam, qui avait fait son éducation, qui se comportait comme un père pour lui.

Adam 2tait dans une école privée très renommée, n'accueillant que des garçons, ce qui l'arrangeait bien vu qu'il détestait les filles depuis la disparition de sa mère. Au départ, ses camardes de classe ne parlaient que de ça, venaient lui demander s'il avait des nouvelles, si c'était à cause de lui qu'elle était partie, si son père était u mauvais mari... Les enfants pouvaient être méchants, mais Adam les calmait rapidement avec quelques coups bien placés. Très vite, ils ont donc arrêtés et ont même commencé à le respecter, devenant pour certaines des proches amis.
Ses notes étaient toujours excellentes, les remarques sur son carnet un peu moins : bavardage, bagarre, insolence envers les professeurs...

Adam s'est battu. Ça devait arriver un jour ou l'autre, tant il avait du mal à gérer sa colère...
Evidemment, il a gagné. Bon, il était blessé, mais il a envoyé l'autre à l'hôpital.
Autant dire que son père était très en colère, il a été puni quelques mois.

La mère d'Adam... Comment était-elle, déjà ? Parfois, il avait du mal à s'en souvenir. Le son de sa voix avait disparut de son esprit, comme son parfum d'ailleurs. Il n'avait pas oublié son beau visage, enfin pas encore. Combien de temps encore avant que cela aussi ne finisse pas disparaître ? Ce qui ne risquait jamais de s'en aller, et ça l'adolescent en était sûr et certain, c'était la colère qui était en lui depuis qu'elle les avait abandonnés, lui et son cher père.
Parfois, il pensait à elle sans être en colère, juste triste, mais ça jamais il ne l'admettrai. Il pensait à ses beaux cheveux bruns, à ses yeux marrons, ou peut-être noirs... Qu'importe, en tout cas il y avait un éclat au plus profond de ses yeux, quand elle riait... Une flamme semblait danser dans son regard et Adam adorait ça. Il voyait ça avec ses yeux d'enfant, et pensait que c'était de la magie...
Mais la colère revenait vite, remplaçant la tristesse, qui allait se terrer au plus profond de lui.

Le père d'Adam, ou plutôt les pères d'Adam. Oui, le jeune homme différenciait son père avant, et son père après. Deux personnalités différentes, deux hommes distincts, deux façons d'être opposées.
Avant la disparition de sa génitrice, parce qu'on ne pouvait plus vraiment appeler ça une mère, son père était doux, tendre, présent, protecteur... Il passait beaucoup de temps avec son fils et sa femme, déléguant au travail. C'était un père vraiment parfait.
Puis il y avait eut le "après". Après l'abandon, après le désespoir, avec la tristesse. Il s'était enfermé dans son travail, dans son bureau, ne voyait plus Adam ou seulement en coup de vent, dépérissait à vue d'oeil, ne s'occupant plus d'autre chose que sa société. Il restait présent, mais absent en même temps. Adam avait tout perdu, au final, ses deux parents, en une seule fois...

Autant dire, une fois sa mère partie, Adam ne se sentait plus chez lui au manoir des Chester. La maison n'abritait plus les éclats de rire de sa famille ou les notes de musique de son piano sur lequel il jouait souvent avec sa mère. Sa famille n'était plus, et le manoir lui rappelait bien trop de souvenirs douloureux.
Son premier jour à Poudlard, même si tout le monde magique était inconnu et que cela lui faisait peur, fut une vraie délivrance pour lui. Déjà, il avait rencontré Alexander dans le train, avec qui il pensait pouvoir nouer une grande et belle amitié. Ensuite le château était magnifique, la vue, le lac, les gens... Tout était si excitant !

La découverte de la magie, des matières, des potions, du choixpeau, des maisons, du jus de citrouille, des animaux magiques, des balais volants, du quidditch... Bon sang, tout était si merveilleux ! Les gens étaient, pour la plupart, sympas et ouverts, enfin les garçons quoi, parce que les filles il ne prenait même pas la peine de leur adresser la parole : pas le temps pour les menteuses manipulatrices !
Il se faisait des amis, des connaissances, apprenait plein de choses... Le retour chez lui pendant les vacances était difficile, mais heureusement ça passait vite !

La deuxième année, qu'il avait attendu à peu près durant toutes les vacances d'été, arriva rapidement.
Il était temps de participer à la cérémonie de rentrée, et voir les premières années passer un à la répartition, avec la fameux Choixpeau magique ! Il devait bien admettre que c'était drôle à regarder, ils l'air tous si inquiets de savoir dans quelle maison ils allaient atterrir...
En bref, tout se présentait bien, jusqu'à ce qu'une espèce de petite blonde, tout juste répartie chez les Serpentard, lui gâcha sa soirée à cause d'un simple jus de citrouille !