« L’avenir appartient à ceux qui se lèvent à l’heure où je me couche »
La lueur de la lune enveloppait le château de sa pâle clarté depuis plusieurs heures déjà, poussant un à un les élèves de Serpentard à troquer le calme de leur salle commune contre la douce chaleur de leurs couettes. Une salle commune vide, une luminosité chancelante, faiblement maintenu en vie par les lueurs tremblantes de quelques bougies, il n’en fallait pas plus à Nkiru pour se sentir pleinement à l’aise. Bien qu’elle s’accommodait de la compagnie des autres élèves de sa maison, il n’y avait que dans cette ambiance feutré qu’elle se sentait véritablement bien.
Si ses camarades constituaient un rempart artificiel, mais non moins efficace contre les quolibets et les moqueries, ces mêmes camarades pouvaient s’avérer aussi inutiles que des boursouflets et aussi acerbes que des chartiers, en quelques occasions. Comme… en cours de sortilège, par exemple. Ratez votre sort devant une classe d’adolescents attardés, et vous serez sûre que votre exploit sera accueilli par une nuée de rires. Nuée à laquelle Nkiru elle même prenait volontiers part, d’ailleurs. Mais c’était justement parce qu’elle comprenait ces mécanismes sociaux qu’elle se devaient d’éviter au maximum d’en être la cible.
Pour cette raison, elle s’attelait à apprendre convenablement chaque sortilège pour le prochain cours. Elle n’excellait pas dans cette matière mais elle n’était pas une piètre élève pour autant. Non, elle se maintenant tout simplement dans la moyenne, avec une justesse et une précision digne d’une funambule, marchant sur sa corde au dessus du vide. Marchant, seulement. Car elle savait pertinemment que si elle était meilleure que les autres, sa prouesse serait rabaissé et là encore, les remarques acerbes jailliraient.
Pour cette raison, il lui fallait trouver le juste milieu entre l’élève parfaite et le dernier de la classe. Maîtriser un sort suffisamment pour que son exploit se dilue dans la masse.
Être normale.
Ces mots sonnaient comme une injonction, un mode de vie vers lequel elle devait tendre, encore, toujours. Se mêler au troupeau, camoufler son pelage noir - sans mauvais jeu de mots - courber l’échine avec les autres, suivre leur cadence, ne pas être trop en avant, ni à la traîne.
Viser juste.
Lentement, elle posa sa tasse de thé, vide, à côté de ses jambes.
Elle était assise, recroquevillé sur elle même sur le bord intérieur d’une des fenêtre de leur salle commune. Quelques rayons de Lune filtraient faiblement au travers de cette eaux sombre, projetant des reflets verdâtres et dansant le long des murs. Elle se laissa glisser sur le sol avec une souplesse féline, et telle une frêle panthère noire elle dégaina sa baguette. En reculant de quelque pas, elle se mis en position, visant sa tasse de thé tout en prononcant nettement :
-Amplificatum ! Soudain, elle se retourna.
Il y avait eu un bruissement, derrière elle. N’était-elle pourtant pas seule ? Imprudente, elle n’avait pas pris la peine de vérifier, trop confiante quant à ses propres certitudes.
Et trop occupée à chercher un éventuel intrus des yeux, elle ne pensa même pas à vérifier si son sortilège avait fonctionné...
- Spoiler:
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