Mary avait enfin pris une initiative. Ce livre moldu l'avait toujours un peu effrayé. Mais cette fois, elle était déterminée à le lire: Le Seigneur des Anneaux. Le premier volume. De cette initiative, elle se rendit à la salle de repos où elle s'installa confortablement près du feu. En cette fin du mois d'octobre, le froid commençait à pointer le bout de son nez et les élèves se couvraient d'avantage. On revoyait les pulls et les écharpes aux couleurs des maisons de Poudlard. Il pleuvait dehors quand la jeune fille regarda par la fenêtres depuis le fauteuil qu'elle avait pris d'assaut. La salle commune de Gryffondor était trop bruyante pour qu'elle puisse se concentrer sur sa lecture. Ce n'était pas une maison réputée pour son calme. Les élèves piaillaient, se chamaillaient, parlaient fort. De plus, à cette heure-ci, la salle de repos était occupée par des élèves calmes qui cherchaient la même chose qu'elle: la tranquillité.
Mary aimait beaucoup lire. Elle lisait autant des livres moldus que sorciers. Pour elle, la lecture n'était pas une activité passive. On n'était jamais aussi actif qu'en lisant un livre. On s'engageait à se plonger dans l'univers de l'auteur. On s'investissait dans la lecture tout entier. Alors non, ce n'était pas une activité passive. A travers ses lectures, elle vivait mille aventure, dans l'espoir d'un jour vivre la sienne.

Mary n'avait même pas lu quatre pages quand quelqu'un vint à elle pour lui parler de sa lecture. Après un léger sursaut, elle leva son regard vers le concerné. Elle reconnut Alexander qui semblait avoir plutôt bien apprécié Le Seigneur des Anneaux. Ainsi, c'était le genre de garçon à loucher sur les lectures des autres. C'était bon à savoir et ça amusait un peu la jeune rouge qui se sentait un peu moins seul à avoir ce réflexe de curieux.
« Si seulement on pouvait véritablement arrêter le temps. Je crois que le mieux que l'on puisse faire, c'est de suivre le soleil partout où il va pour toujours repousser l'heure du coucher. Et économiser des bougies. » commenta-t-elle avec un sourire timide. « A force, on aura fait le tour de la Terre et on sera rentré à Poudlard. »
Même si elle ne doutait pas de la qualité de l'œuvre de Tolkien, elle avait quand même un peu peur de n'avoir pas su se sortir de sa précédente lecture qui l'avait passionné: Henry Bloper à l'école des moldus de K. J Rawline. C'était l'histoire d'un jeune garçon qui apprit qu'il devait aller dans une école de moldu. La réplique « Tu es un cracmol Henry. » lui restait inlassablement en tête. La jeune fille baissa son regard vers le livre que tenait Alexander mais ne parvint pas à lire le titre.
« Ce que tu lis est intéressant ? C'est quoi ? » demanda-t-elle en passant sa main dans ses cheveux, curieuse.
De prime abord, la couverture du livre ne lui disait rien. Jamais vu dans les étalages de librairie ou bien cela n'avait pas attiré son regard.

Mary fut très étonnée quand Alexander lui avoua se poser sur son lit éclairé par la lueur des bougies avec un thé. Cette vision lui semblait très romantique, ce qui était assez rare chez un garçon. Mais elle se disait que venant du Serpentard, ça n'aurait dû la surprendre tant que ça. Elle savait qu'il s'intéressait beaucoup à l'art, le voyait comme quelqu'un de sensible. Mary était tellement accoutumée à être entourée de garçons qui avaient l'air d'avoir aucune sensibilité « féminine » à l'image de Sirius Black ou James Potter. Ils voulaient tous faire les bonshommes, montrer leur force d'homme. En tout cas, elle écoutait bien attentivement sa réponse en regardant le livre concerné.
« Ca a l'air cool. Tu ne trouves pas que le titre donne une atmosphère "magique" ? Et le fait que ça se passe en Antarctique. La neige donne toujours un air plus magique aux paysages je trouve. »
Mary avait toujours rêvé de voir une aurore boréale. Un jour, elle avait vu une image de ce phénomène dans un livre et l'envie de voir cela de ses propres yeux ne l'avait pas quitté depuis. Peut-être qu'un jour, elle allait pouvoir aller aux îles Shetlands ou en Islande pour voir ça et réaliser un rêve d'enfant.

Mary s'était toujours demandée comme les moldus n'avaient toujours pas réalisés l'existence des sorciers pour de bon. Ils étaient bien plus astucieux que ces derniers. Et évolués. Penser que les sorciers étaient plus avancés ne faisaient aucun sens aux yeux de la jeune fille. Cela démontrait un affreux manque de connaissance du monde moldu. Le seul avantage des sorciers reposait sur leur pouvoir. Mais sans baguette, ils ne savaient pas faire grand-chose.
« Et tu compterais publier ta réécriture ? » demanda-t-elle curieusement.
Alexander pouvait tout à fait essayer de la faire publier dans le Poudlard Mag. Ce n'était pas impossible.
« Vraiment ? Par exemple un personnage comme Dumbledore ? Ca doit être tellement perturbant. Peut-être qu'au fond, Tolkien était un sorcier aussi. Qui sait ? »
Cette hypothèse fantasque plaisait beaucoup à la jeune fille. On pouvait bien se laisser le droit de rêver et de fabuler. Sinon la vie serait d'un ennui mortel. Et si le monde qu'il décrivait dans le Seigneur des Anneaux étaient si similaires, cette théorie aurait un sens. Cela pouvait s'expliquer par le fait que l'auteur s'inspirait directement du monde sorcier.

Mary ne s'était jamais décidée à mettre sur papier les histoires qui émergeaient dans son esprit. Elle préférait les garder pour elle-même. C'était son jardin secret. Alors elle pouvait comprendre qu'Alexander ne veuille pas publier ses histoires et ne risquait pas de l'en blâmer. « Je vois. » répondit-elle alors simplement avant qu'ils ne rebondissent sur un autre sujet.
Dès qu'on lui disait « grande figure de Poudlard » ou « barbus », elle pensait à Dumbledore. Ce grand sorcier qu'on ne pouvait qu'admirer. Il avait l'air d'avoir eu une jeunesse tellement passionnante et palpitante. Mary en était presque jalouse ! Elle aussi voulait vivre des aventures dignes de romans épiques.
« En vérité, on ne se rend pas compte de l'étendue de l'imagination humaine. Je crois que le fait de ne savoir quasiment rien sur le monde qui nous entoure stimule notre imagination qui cherche des réponses qu'on ne parvient pas à avoir rationnellement. »
Même si Tolkien avait imaginé un tel univers aussi proche de celui des sorciers, on ne pouvait pas exclure l'hypothèse qu'il soit tout de même un moldu. Malgré tout, Mary était persuadée qu'il était un sorcier. Le contraire lui semblait tellement peu probable.