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'le dé ' : 2

Faire du violon son métier ? Marcus n’avait pas tort… il venait d’allumer une flamme d’intérêt dans son esprit. Pourquoi n’y avait-elle jamais pensé ? La musique qu’elle produisait l’enchantait depuis l’enfance. Il ne se passait pas une seule journée sans qu’elle ne joue. Plus qu’un simple entrainement, c’était une passion. Elle ne pouvait pas s’en passer. Svetlana resta pensive. Restait le problème de sa famille, elle ne pouvait se permettre d’être trop visible à l’extérieur. « En vérité, je pense voyager loin d’ici pendant quelque temps. » Prendre le large ne pourra lui faire que le plus grand bien.

Quand il lui avoua, plein d’espoir, qu’il aimerait l’entendre jouer un jour, le regard de Svetlana se porta sur la salle commune. Encore trop de monde. Et puis, la radio diffusait encore de la musique, ravissant les oreilles de leurs camarades. « Une fois que les autres auront fini avec la radio et qu’ils partiront dans les dortoirs, je jouerai un peu. » Svetlana, pour l’instant, n’aimait pas jouer en public. Elle travaillait dessus avec le groupe et Adam mais elle aimait le fait que sa musique soit destinée à une seule personne. En fonction de l’être en face d’elle, Svetlana pouvait jouer différemment.

Quant à l’Angleterre… « Je connais succinctement. » Elle retourna quelques cartes. « Disons que j’ai accompagné ma famille dans des déplacements diplomatiques. » Elle était encore jeune mais surtout, à cette époque, elle détestait l’Angleterre. « Jeune, je ne m’intéressais pas trop au pays et depuis Poudlard, je voyage moins vu qu’on revient à Moscou à chaque vacances. » Mais aujourd’hui, les choses avaient un peu changé. Svetlana était beaucoup plus ouverte.

Jeu a écrit:

1.2. Elle fait une bonne série et aucune carte n’explose

3.4.5.6. Une carte explose, elle manque de se faire griller les sourcils.

Bien, la chance lui souriait à nouveau.

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'le dé ' : 2

Le garçon haussa machinalement les épaules, continuant alors sur le même ton, « Bah, de toute façon la vie est longue. T’as le temps de faire tes armes en parcourant le monde avant de devoir te décider sur quoi faire comme métier ». Avec Svetlana, la conversation était facile, fluide, agréable, il sentait qu’il pouvait parler de tout. Lorsqu’il prononça le mot « métier », le jeune homme fit de rapides guillemets avec ses doigts - ca lui donnait l’air bête et insupportable pendant un à deux secondes mais au moins, son aversion du métier était présente. Marcus n’aimait pas devoir se dire que sa vie future se limitera à un travail qu’il fera du matin jusqu’au soir, et ce cinq jours de la semaine.  Lui, il devait de ne rien faire, de profiter du temps qu’il avait devant lui pour être libre et heureux.

Il jeta un rapide coup d’œil autour de lui, puis à l’heure sur son poignet. La soirée était déjà bien entamée et d’ici peu de temps, la grande majorité des élèves iront rejoindre leurs parties respectives des dortoirs. « Parfait alors, j’attendrais » dit-il en hochant la tête comme pour sceller l’espèce de promesse que venait de lui faire la soviétique. « De toute façon, je pense qu’ils ne vont pas tarder à y aller » continua Marcus en voyant l’une de ses camarades bailler à l’autre bout de la pièce. Là, sur son canapé, isolé des autres qu’il désignait par de simples « ils » froids et monocordes, le Serdaigle pouvait donner l’impression d’être méprisant vis à vis des autres. Mais il n’en était rien.

« L’Angleterre est souvent monotone et morne à de nombreux endroits, mais il y a quelques coins qui doivent valoir le coup d’œil, je pense ». Il n’avait pas presque jamais voyagé, même au sein de son propre pays. Ses destinations se limitaient à Liverpool, Poudlard et une partie bien isolée de la campagne anglaise où il allait passer de déprimantes vacances dans la maison de campagne que possédait la tante de son père.

Alors qu’ils parlaient, quelques élèves avaient quitté la salle commune des bleus et bronzes. L’ambiance s’était davantage détendue et la danse autour du transistor n’était plus de la partie. D’ici une demi-heure tout au plus, ils seront seuls. Marcus posa une carte sur la table. Avec la discussion, il n’avait plus suivi le fil du jeu si bien qu’il ne savait plus où ils en étaient. En réponse à son manque de sérieux face aux cartes, celles-ci se mirent à vibrer, bourdonnant les unes avec les autres. Marcus arqua un sourcil et les cartes explosèrent, une étincelle volant jusqu’au nez du Serdaigle pour y brûler quelques poils  le jeune homme sursauta avant de rapidement porter la main à son nez en poussant un léger cri de surprise.

Son coeur n’avait jamais été aussi léger. Pourquoi n’avait-il jamais engagé la conversation auparavant ? Une bien fâcheuse erreur. La discussion était aisée, fluide, sans filtre. Son regard embrasa la pièce en même temps que son adversaire. Effectivement, de plus en plus de leurs camarades s’échappaient de la salle commune pour se réfugier dans les dortoirs.

Puis, ils reprirent leur partie de carte bien que Svetlana devait bien avouer ne pas être entièrement impliquée dans le jeu. Alors lorsque Marcus joua, elle s’apprêtait à poser à son tour une carte lorsque les cartes se mirent à vibrer. La soviétique eut le réflexe, merci le quidditch, de s’écarter lorsque le jeu explosa. En voyant le jeune homme se tenir le nez en pestant, Svetlana ne put s’empêcher de rire. Mais d’un geste malencontreux, elle posa ses cartes sur le bateau qui crut bêtement à une nouvelle manche et il explosa une deuxième fois. Touchée ! Le nez aussi. Ils avaient l’air fin comme cela. Alors, pour la deuxième fois, elle éclata de rire. « Là » dit-elle en s’essuyant le nez, lui indiquant qu’il avait un peu de suie sur l’arrête du nez. « Je crois qu’on ferait mieux de s’arrêter là. » dit-elle en essuyant les petites larmes qu’elle avait au coin des yeux.

Puis, elle se rendit compte qu’ils étaient seuls. « Chose promise… » Svetlana prit son étui et le posa sur la table basse. Avec une infinie précaution, elle sortit le violon de son écrin. « Que veux-tu que je te joue ? Quel type de mélodie ? » Elle cala l’instrument dans le creux de son cou et l’accord en faisant quelques notes avec son archet.

Marcus riait alors qu’il s’époussetait le visage à l’aide de l’une de ses manches. Le bout de son nez était encore noirci par de la cendre ce qui le faisait loucher lorsqu’il tentait d’en cerner les contours. Le karma se vengea sur sa partenaire, projetant le jeune homme dans une nouvelle tornade de rires qui eut raison de lui, d’ordinaire si sérieux, « ne pas vendre la peau de la bataille volante avant de l’avoir gagnée ! » lança-t’il alors dans un rictus joueur, presque triomphant alors qu’il avait pourtant perdu.  

Admirateur, il regardait la jeune femme sortir son instrument. Il n’avait jamais vu de violon d’aussi prêt, en vrai. Comme un enfant, il se mit à écarquiller les yeux. Marcus adorait les instruments de musique. Il lui arrivait de rester le nez collé à la vitrine de certains magasins de musiques moldus, en totale admiration devant les guitares électriques qu’on présentait. Mais pour un violon, ce qu’il ressentait était différend. D’une étrange façon, le violon lui apparaissait plus noble et précieux. En l’équipant, la soviétique semblait s’être élevée à quelque chose de supérieur. Le cœur du garçon se pinça alors qu’elle était sur le point de créer de la musique. Bien qu’il soit passionné de musique, Marcus n’avait jamais assisté à de concert. Le son était souvent décevant et ne rendait pas hommage au travail du musicien ; il préférait largement profiter d’une œuvre musicale à travers ses vinyles. « Joues-moi ce que tu veux » dit-il en hochant la tête. S’il le pouvait, il aimerait tout entendre. Il replia ses jambes prêt de lui, sur le canapé, et laissa son bras s’étendre contre le dosser. Les yeux rivés sur la jeune femme, Marcus était sûrement l’un des publics les plus attentifs devant lequel Svetlana avait pu jouer.

Du coin de l'oeil, Svetlana vit le jeune homme contempler son instrument, ouvrant les yeux tel un enfant dans un immense magasin de jouets. "Je l'ai fait faire par un luthier de Londres. Il est en bois d'un érable de la forêt de Brocéliance." Le bois de ces arbres était connu pour sa magie ancestrale. Avec un geste tendre, la soviétique caressa la caisse de résonance, le doigt retraçant le dessin des ouïes, ce "f" calligraphiés à travers laquelle on pouvait percevoir l’âme du violon. C'était de là que sortait le son.

Jouer ce qu'elle voulait. Son regard se tourna vers le plafond tandis qu'elle fouillait dans ses souvenirs. Puis, doucement, son visage s'éclaira. Il y avait bien une mélodie qu'elle adorait, son frère l'accompagnait souvent au piano alors une pointe de nostalgie anima son regard. Elle aimait cette mélodie qui lui inspirait le courage, l'envie d'aller plus loin, de se surpasser, encore et toujours. De ne pas abandonner.

Ses yeux étaient clos pendant toute la durée du morceau. Elle vivait la musique, elle était transportée. Elle en oubliait même la présence de Marcus. La musique avait cet effet là sur elle. Elle était tout. Rien d'autre ne comptait. Alors lorsque l'archet termina sa longue course sur les cordes, ses iris clairs se reposèrent enfin sur son camarade. "Je pourrai t'apprendre, si tu le veux."

Faire de musique, c’était comme faire de la magie ; Marcus en était persuadé. Le garçon ne faisait aucune différence entre les musiciens qu’il admirait et les grands sorciers du passé dont il entendait les prouesses en cours d’Histoire de la Magie. Pour lui, la musique était la magie des notes, des mélodies, des émotions. Alors, quand Svetlana commença à jouer, le jeune homme se tut religieusement, s’armant d’un silence respectueux dont il n’osa pas se défaire, même pour avaler sa salive ou pour toursser. Le moindre bruit risquait d’être parasite, comme une fausse note qui viendrait tâcher de sa noirceur l’harmonie maîtrisée de la musicienne. Son regard ne quittait pas la jeune femme. Les yeux fermés, elle lui paraissait en transe, sereine et apaisée. Il cru, pendant toute la durée du morceau, que sa camarade de classe était dans un autre monde, un univers pur et sain ; un univers de musique.

 «  Bon ok. Tu ne joues pas si mal que ça » dit-il enfin à la musicienne, un sourire joueur au coin des lèvres.  « C’est gentil mais je ne pense pas que le violon soit pour moi. Petit, je voulais apprendre à jouer de la guitare, mais j’étais trop feignant - ou mauvais - pour devenir bon ». Il fit ensuite un geste vague et imprécis de la main. « Peut-être que je m’y remettrai plus tard, quand je serai plus capable de m’investir dans quelque chose sans abandonner aussitôt après avoir commencé » . Parce que l’un de ses grands défauts résidait dans ce fait ; celui d’être incapable de faire les choses sérieusement, d’abandonner, de renoncer trop vite.

"Pas si mal que ça ?" répéta Svetlana d'une voix un peu plus haute, hésitant entre rire et s'offusquer. Puis, devant son sourire moquer, la jeune femme ne put retenir son poing qui s'écrasa gentille ment sur l'épaule du Serdaigle. Elle jouait de cet instrument depuis le plus jeune âge, c'était une particularité de la famille. Sans se vanter, Lana se trouvait plutôt douée mais surtout elle aimait voir l'émerveillement dans le regard des autres, non pas pour satisfaire son égo mais plutôt pour partager son amour de la musique. D'un apprentissage forcé, pour suivre la coutume familiale, c'était devenu une nécessité. La soviétique ne pouvait passer une journée sans faire glisser l'archet sur les cordes du stradivarius.

Elle écouta avec attention l'explication du jeune homme puis finit par hausser les épaules en rangeant le précieux dans son étui. "Tu le sentiras. Ca vient de là." dit-elle en désignant son coeur. Puis avec un sourire, elle se leva. "Il se fait tard. Je vais me coucher." Sa voix chantante articula alors deux mots en russe, sa langue maternelle, une langue qu'elle adorait, tout comme son pays qui lui manquait. Deux mots évidents qu'elle n'avait nul besoin de traduire. D'ailleurs, elle les prononçait souvent à ses amis. Des mots russes qu'elle gardait pour ne jamais oublier sa langue, sa terre, son héritage.

« Ça va je te charriais » dit Marcus lorsqu’il vit l’expression sur le visage de son amie. Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il avait apprécié le morceau joué par la soviétique, mais il fallait toujours qu’il désacralise, qu’il dédramatise la situation. Il avait la mauvaise habitude de minimaliser ce qu’il ressentait. Parce que le jeune homme n’était pas spécialement à l’aise lorsqu’il s’épanchait.

« Ouais bonne nuit » fit le garçon en la laissant s’éloigner. Quand elle quitta la pièce pour rejoindre son dortoir, Marcus se retourna vers la salle commune vide. D’habitude, il profitait de cet instant pour allumer le transistor et profiter de la musique, quitte à veiller encore un peu. Mais ce soir-là, la fatigue semblait avoir prit le dessus sur une quelconque envie nocturne. Mais le Serdaigle appréciait les moments qu’il passait seul face au transistor des bleus et bronzes, cela le mettait dans de bonnes conditions pour aller dormir, comme si la musique avait ce pouvoir de l’apaiser, de favoriser son repos dans les bras de Morphée.

Alors, avec aucune musique en tête que le souvenir qu’il avait gardé de la prestation de la soviétique, Marcus rejoignit son dortoir.