Lily et Marlene, armées de pelles empruntés au garde-chasse de l’école, semblaient vouloir retourner toute la terre du parc. La plupart des élèves se trouvaient allongés pour présenter aux premiers rayons de soleil printaniers leur peau dépourvue de capes et écharpes à réchauffer … Le Professeur Brûlopot lui-même - qui n’était pourtant pas le dernier excentrique du château avec son miraculeux coup de soleil sur le nez ! - leur avait coulé un regard suspicieux en leur indiquant que la saison n’était pas idéale pour creuser des terriers de chartiers. Au moins les trous que les deux amies creusaient profitaient-ils aux gnomes, quelques uns quittèrent la lisière de la forêt interdite pour s’aventurer dans ces nouveaux terriers de luxe … « Je sais que c’est avant l’hiver, et pas après, qu’ils hibernent, tu penses pas qu’il va me saquer aux ASPIC, hein ? » s’inquiétait depuis lors la septième année, les gouttes de transpiration qui perlaient sur son front étaient néanmoins signe d’un effort plutôt que d’une angoisse sincère. Les soins aux créatures magiques, ça avait toujours été sa matière favorite. « J’aurais au moins tout bon en sortilèges si le jury me demande d’immuniser un objet à accio, on était quoi - en troisième et quatrième année ? - quand on a eu l’idée ? ». L’amitié des deux griffonnes avait débuté par une correspondance épistolaire après une malheureuse erreur de livraison de courrier à la grande table. Elles s’étaient longtemps écrit leurs secrets, rêves et aspirations, avant de s’échanger leur nom. Et le jour où elles s’étaient finalement fait face, elles avaient eu l’idée d’enfermer tous leurs courriers de jeunesse dans une boîte et de les enterrer précieusement dans le parc quelque part au pied d’un magnifique frêne. La boîte avait été soumise à de nombreux sortilèges - pas trop mal exécutés au vu de leur jeune âge - pour s’assurer que personne ne la déterre avant elles. Mais au fur et à mesure que les trous poussaient au pied de l’arbre, la plus âgée commençait à redouter de voir ses rêves d’enfant déjà dérobés par quelque profane. Le vent frais soufflait dans les feuilles sans parvenir à lui arracher les secrets qu’il gardait jusqu’à ce que … SHLONG ! la pelle de Marlene se heurte à quelque chose de métallique. « T’as entendu ? » releva-t-elle d’un coup sa tête vers la rousse.

Les deux amies s’agenouillèrent bientôt ensemble autour du trou pour y aller de leurs mains plus délicates - mais pas moins avides de curiosité - que leurs pelles. Finalement, Marlene dut bien enfoncer ses bras dans le sol jusqu’au coude pour en extirper, dans un dernier effort, la fameuse boîte oubliée. Elle chassa sans ménagement la saleté qui en recouvrait le couvercle, ses ongles déjà noirs de terre. « Oh mais oui, c’était ta boîte de chocoballes ! » reconnut-elle immédiatement l’inscription de la boîte avec nostalgie. « Ca au moins, ça n’a pas changé ! » adressa-t-elle un sourire amusé à celle qui s’était toujours trouvé la plus gourmande de ses camarades. Elle n’était pas certaine que le contenu de la boîte les amènerait à la même conclusion. Cela faisait déjà trois années !