Enfin seul ! Marcus entra dans la salle de bain des préfets tel un conquérant. Rapidement, il ôta ses chaussures et les fit voler à différents coins de la pièce. D’un geste magistral et élancé, il jeta sa serviette bleue et bronze sur le sol, se retrouvant alors en short de bain. Puis il glissa jusqu’à son sac. Enchanté par magie, ce dernier pouvait transporter plus de choses qu’il n’y paressait. Ainsi, le jeune homme plongea son bras dans la gueule du sac pour en sortir un poste de radio. Concentré, il fit tourner l’un des boutons de la radio, faisant ainsi défiler les fréquences de radio. Concentré, le garçon tendit l’oreille à la recherche du moindre signal. Il connaissait la fréquence par cœur, et en quelques secondes à peine, il put capter les ondes de Radio Caroline, la radio pirate anglaise diffusant du rock et de la pop. Le DJ était en train de parler, « -Blue Swede, Hooked on a feeling ». Entendant cela, le Serdaigle tourne le second bouton du poste, et monta ainsi le volume. Un léger silence s’instaura alors, pendant une à deux secondes. Pendant ce laps de temps, Marcus leva le doigt comme pour signaler à l’assemblée – c’est-à-dire lui-même – de se taire en attendant le début.

Puis, en fondu, les premiers instants de la chanson arrivèrent. Aussitôt, et en rythme, Marcus se mit à chanter. « Ooga-Chaka, Ooga-Ooga, Ooga-Chaka » . En disant cela, il bougea alors en rythme, imitant un sauvage autour d’un feu. Il se dirigea jusqu’au plongeoir afin d’y déposer la radio. De là-haut, le son sera forcément meilleur. En descendant du plongeoir, Barksdale manqua de trébucher sur l’une des chaussures qu’il avait lancées plutôt. Il se pencha alors pour la ramasser et décidé de l’utiliser comme s’il s’agissait d’un micro. « I can’t stop this feeeee-ling » . Se prêtant au jeu de la chanson, Marcus imitait les mimiques d’un chanteur professionnel, ce qu’il n’était indéniablement pas, « Deep inside on me » . Le jeune homme progressait tout autour de la piscine, ne se déplaçant qu’en pas de danses rythmés par les notes de la musique. Seul, libre, il se sentait pousser des ailes. La chanson était sa raison de vivre, et en ce moment précis, il se sentait terriblement vivant. « Girl, you just don't realize / What you do to meee » . Après ce premier couplet, il effectua une pirouette maîtrisée, qui s’arrêta juste à temps pour le début du second couplet : « When you hold me / In your arms so tight / You let me know / Everything's all right – Aaaa-aaaa-aaahh» . En rythme avec la batterie, Marcus tourna de nouveau sur lui-même. En revenant à sa position initiale, il donna un coup de pied dans l’eau pour la projeter plus loin dans la piscine. « Hooked on a feeling » . A la fin de ce vers, il imita la trompette en mettant ses deux mains devant sa bouche, agitant les doigts comme s’il composait des notes. « I'm high on believing / That you're in love with meee » . A la manière d’un crooner, le préfet accentua et déforma la dernière syllabe du refrain.

Finalement, ça avait du bon d’être préfet.

(533)

Une journée bien longue qui s'était déroulée aujourd'hui. Agatha, qui pourtant avait l'habitude quasi-religieuse de faire ses devoirs en avance et d'y arriver, s'était trouvée coincée par un devoir d'arythmancie, sa matière préférée et celle où elle était la meilleure. La jeune femme avait passé quatre heures sur ses calculs avant de décider qu'une pause ne pouvait pas lui faire de mal. Quoi de mieux qu'une bonne douche pour s'aérer l'esprit et respirer ? Préfette de l'année, la jeune femme avait l'immense fierté de dire à qui voulait bien l'entendre qu'elle avait le privilège de pouvoir aller faire trempette dans la salle de bain réservée aux gens de sa fonction. Soit, aux élèves brillants. Et c'est avec un sourire immense qu'elle avait quitté la salle commune des Serdaigles avec un petit sac où se trouvait toutes ses affaires pour prendre un bain. Outre ses lotions pour les cheveux, Agatha avait également prit tout son nécessaire pour l'entretient du corps et de la peau. La soirée débutait à peine et il ne devrait y avoir, selon toute logique, personne à cette heure-ci. Elle ne s'imaginait pas encore comme sa logique était foireuse.
Toute seule devant le passage pour la salle de bain, elle prononça le mot de passe et fut autorisée à entrer, pour découvrir, à sa grande surprise, un Marcus Barksdale, en short de bain, en train de danser frénétiquement sur une musique qu'Agatha, bien entendu, ne connaissait pas. Bouche-bée devant le spectacle, elle en laissa tomber son sac, qui toucha le sol avec un bruit qui la sortit de sa transe. Sa lotion pour des cheveux ondulés ! Elle ouvrit son sac en grand pour voir une fissure sur son verre. Mince ! Elle releva néanmoins les yeux pour découvrir que Markus l'avait vu. « Ah tient » rit-elle d'un rire jaune, mal-à-l'aise, « je- euh... C'est une surprise de te trouver ici si tôt avec... avec... » - avec pour seul vêtement un short de bain, Merlin soit loué, il n'était pas nu - « Avec un poste de radio moldue ! ». Elle se racla la gorge en cherchant sa baguette pour réparer la petite bouteille de lotion couleur or. Toujours agenouillée par terre, les joues enflammées, elle ajouta mi-figue mi-raisin, « une chance que je ne sois pas arrivée un peu plus tard... ».

De la musique jusque dans les veines, Marcus vivait le moment présent. Guidé par le rythme et les notes transmises par la station de radio, il s’abandonnait pleinement à la musique. En ce moment précis, le jeune homme était un pantin animé par le son. Il n’entendit pas sa bulle, son intimité, éclater lorsqu’Agatha entra dans la salle de bain des préfets.   « Lips as sweet as candy … It's taste is on my mind » poursuivit-il naturellement, chantant plus au moins mal en même temps que la chanson diffusée sur les ondes. Alors qu’il chantait, ses pas de danse se poursuivaient tout autour du bassin. Marcus faisait preuve d’une souplesse que personne ne pourrait supposer en le regardant de loin, à croire que la musique lui donnait des ailes.

Mais son harmonie se brisa au son éclatant d’un pot en verre s’écrasant contre le sol. Retrouvant son naturel, le garçon sursauta et manqua de trébucher à l’eau. Son regard se porta sur Agatha. Surpris, il portait sur lui le ton de quelqu’un qu’on aurait interrompu pendant un moment intime. « Euh je... Ouais, ah ! » . Il bafouilla. Les mots s’enchaînaient dans son esprit sans qu’il ne sache dans quel ordre les prononcer. Marcus ne savait pas trop comment composer avec Agatha. Ils ne s’étaient pas parlé depuis des mois ; leurs derniers échanges datant du Printemps dernier et de l’incident de la Cabane Hurlante. Sans justification valable, les deux Serdaigles avaient cessés de se parler depuis ce moment. En revoyant Agatha, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de se sentir affreusement con. Au fond, il n’avait rien à lui reprocher ; l’erreur était sienne. « Euh je ne t’avais pas entendue arriver ! » fit-il les jours encore rougies par la honte. En fond sonore, la musique de Blue Swede continuait sa course lente contre le temps, approchant lentement de son terme. Le garçon força alors un sourire gêné quand il réalisa l’absurdité de la situation, ne relevant qu’après coup la dernière remarque de la jeune femme, « De ? Plus tard de quoi ? » .

Une certaine tension semblait virevolter entre les deux, une gêne, un malaise. « Et tout de suite, The Sound of Silence de Simon et Garfunkel » ajouta la voix à la radio. Quelques notes de guitare plus tard : « Hello darkness my old friend … ». Marcus se racla la gorge pour se redonner une constance. Il ne savait pas comment réagir, gérer ce genre de situation lui étant totalement inconnu. Fidèle à lui-même dans une situation qu’il ne maîtrisait pas, le bleu et bronze tenta de prendre la fuite, « Je … je vais te laisser, tu dois avoir des « trucs » à faire » dit-il en désignant d’un signe de tête parfaitement ignorant les fioles et flacons de la jeune femme.

Agatha avait vécu des situations dérangeantes.

Elle avait vécu des situations humiliantes.

Comment croire que tomber sur son collègue préfet en short de bain pourrait la gêner ? Elle qui vivait maintenant de moeurs d'adultes et non plus d'enfants, elle qui maintenant, connaissait la vie ! Eh bien cette même jeune femme avait les joues enflammées de honte de ne pas avoir fait attention. Heureusement qu'il était si démonstratif avec sa musique étrange. Et s'il était dans un recoin, et qu'elle s'était déshabillée, hein ? Et le pire, ce n'était sans doute pas ça. Non, le pire, c'était que cela faisait désormais des mois qu'ils ne se parlaient plus, à cause de ce qui s'était passé dans la cabane hurlante. Agatha en tremblait presque encore de regrets. Et c'était sans doute pour cette raison qu'elle était aussi mal-à-l'aise. « Oui, je m'en doute » répondit-elle. Bien entendu qu'il ne l'avait pas entendu arriver, avec une musique si forte ! Agenouillée, elle se pinça les lèvres pour ne pas lui faire remarquer qu'une attitude pareille le rendrait sourd bien trop tôt. La préfette préféra donc une solution plus pacifique et demanda : « Tu apprécies la musique moldue, toi ? ». Marcus préféra rebondir sur son sous-entendu et elle paniqua : « Rien rien ! ». Plutôt mourir que de devoir expliquer ses idées bizarres et pas très catholiques, n'est-ce pas ? Elle recomposa sa lotion et se releva, son sac toujours en main.
La serdaigle avait l'impression qu'il y avait un mur entre eux, comme si, d'une manière ou d'une autre, ils ne pourraient jamais séparer la distance qui s'était créée entre eux. Tout ça à cause d'elle, en plus. Elle avait provoqué cela avec son entêtement stupide dans la Cabane Hurlante et elle lui avait fait vivre quelque chose de terrible. Mais le temps des excuses était passé et la jeune femme s'était largement excusée. Remettre un épisode si douloureux dans la potion, cela ferait exploser le chaudron. Il profita de son inattention pour essayer de se carapater, mais une pulsion - sans doute débile admettons le - la fit le retenir lorsqu'il passa à côté d'elle en lui attrapant le bras. Réalisant son geste, les joues toujours enflammées comme si elle était la réincarnation d'une salamandre, elle s'empressa de lancer : « Tu peux rester, j'ai bien besoin de quarante minutes pour m'occuper de mes cheveux avant de devoir prendre mon bain » avant d'ouvrir grand les yeux, de peur qu'il la comprenne mal : « Promis je ne regarde pas ! ». Même s'il restait en short de bain. Autant le préciser.

Derrière eux, la musique de Simon and Garfunkel fanait lentement dans un effet fade. Le présentateur moldu à l’autre bout du pays parlait des derniers artistes en vogue en cette rentrée de 1977. Marcus avait tenté la fuite, et heureusement que sa camarade l’avait arrêté parce qu’il s’apprêtait à partir sans avoir au préalable récupéré ses affaires. Au lieu de ça, Agatha l’attrapa par le bras et planta son regard dans celui du jeune homme. Instinctivement, il en fit de même, tendant de décerner ce qui motivait un tel geste. « Euh ouais, d’accord » dit-il alors en plissant les yeux, ne saisissant pas réellement ce qu’elle sous-entendait. Voulait-elle vraiment qu’il parte dans quarante minutes pour la laisser prendre son bain ?  Il comprenait bien ... mais il était arrivé là avant, non ? Marcus sorti de ses pensées et revint à la réalité en entendant la prochaine phrase de la jeune femme. « Pareil promis ! » répondit le préfet sur un ton presque enfantin. En réalité, cela ne le dérangeait pas plus que cela. Agatha était une amie et il n’en pinçait pas pour elle. Son cœur était entièrement tourné vers une autre et Marcus n’envisageait même pas « l’option Agatha ».  

Le jeune homme retourna alors d’où il vint. « La musique ne te dérange pas au moins ? » . Il se doutait que non mais demanda quand même, probablement pour meubler un certain silence. Au dortoir des bleus et bronzes, Marcus programmait très souvent le transistor commun sur une radio pirate moldu. La musique était essentielle dans sa vie et il lui arrivait de négliger le confort des autres au détriment de ce qui le passionnait lui. Au même moment, les ondes étaient en train de diffuser For What It’s Worth de Buffalo Springfield. Plus question de danser ni de chanter maintenant, d’autant plus qu’il n’était plus seul et qu’il avait désormais un public.

Marcus s’approcha du bassin et y entra doucement. Il était venu pour ça après tout. L’eau était bonne, comme toujours dans la salle de bain des préfets. Lentement, il posa sa tête contre le rebord de la piscine et là ... là il était bien.

A certains moments, il jetait un regard sur la blonde en train de s’occuper de sa crinière. Totalement ignare face aux us et coutumes de la gente féminine, il ne comprenait que peu le soin qu’elles portaient à leurs cheveux. « Eh hum sinon ... Tu as passé de bonnes vacances ? » demanda-t-il pour tenter de détendre cette atmosphère tendue qui régnait entre eux.

Marcus était sans doute aussi gêné qu'elle puisqu'il ignora totalement sa question sur la musique moldue. Si cela surprit Agatha, elle était tellement perturbée qu'elle ne fit aucune réflexion supplémentaire particulière. La sorcière n'écoutait pas la musique moldue pour la simple et bonne raison que si elle était de sang-mêlé, cela faisait bien longtemps qu'un moldu était entré dans son arbre. Autant dire donc, que ses racines avec ce monde étaient ténues, sinon inexistantes. Ce n'était pas pour rien d'ailleurs qu'elle n'avait pas choisi étude des moldus en option. Non seulement elle trouvait la matière ennuyeuse - quitte à prendre une option, autant prendre quelque chose de vraiment intéressant ! - mais en plus, face à l'arithmancie et l'étude des runes, cette matière ne faisait pas le poids. Pour elle qui vivait pour l'arithmancie - et pour Orion Greengrass - étudier la forme des théières n'était pas franchement de son intérêt. Alors la musique moldue de Marcus... Elle lui passait au dessus de la tête. « Non non » fit-elle en ajoutant un geste vague de la main comme une petite bourgeoise généreuse, « écoute ce que tu veux ». Assise en face d'une glace, Agatha sortait toutes ses fioles et sa baguette pour se jeter un sortilège à la crinière afin de la rendre soyeuse et surtout, sans nœuds. Avec une brosse en bois, elle commença à se brosser les cheveux blonds sans jamais penser à s'arrêter. Le regard plongé dans la glace qui reflétait son reflet, Agatha repensait à l'été qu'elle avait passé.
Elle ne saurait dire si elle avait passé de bonnes vacances, pour être honnête. Elle n'était pas franchement sortie de Petersborough et si Walter l'avait fait transplaner au cirque Arcanus pour voir un spectacle, il avait vite dû s'en aller. L'appel de la Banque des Sorciers est toujours plus important qu'autre chose, pour un Lloyd. Le reste du temps, elle s'était disputée avec Boleslaw dans la maison familiale, sous les soupirs de leurs parents qui les regardaient s'entre-tuer sans rien dire. Parfois, ils les réprimandaient pour qu'ils fassent moins de bruit, ou pour qu'ils aillent se disputer dehors. Belle relation de famille. « C'était un peu trop paisible, si tu veux mon avis. J'ai passé l'été à me prendre le chou avec mon frère. Mais bon » fit-elle en posant sa brosse pour prendre son flacon doré et s'en enduire les mains, « et toi ? Tu as été au cirque ? ». Elle ne voyait pas franchement ce qu'il avait pu faire d'autre de son été. Lui, comparé à elle, n'avait ni frère, ni soeur.

Le préfet des bleus et bronzes se sentait léger et serein. Il laissait ses bras flotter dans l’eau tempérée de la salle  de bain. Il avait l’impression d’être dans un autre monde, en stase avec lui-même, profitant de l’instant à sa façon. Par moments, il observait son reflet déformé dans l’une des bulles de savon émise par l’un des robinets. Cette déformation accentuait ses traits et ses défauts si bien qu’il ne se fit pas prier pour détourner son regard. Le garçon tendit ensuite son bras vers le bouton de volume du transistor. D’un geste délicat, il baisa le niveau de la musique pour ne pas incommoder sa camarade.

« Le cirque ? Ouais, j’y ai fais un tour » . Le cirque Arcanus avait été sa seule occupation des vacances. Le reste de ses vacances n’avait été qu’ennui et dépression.  Loin de ses amis, Marcus avait passé son temps à attendre la rentrée comme un prisonnier guettant la fin de sa peine. « J’y suis allé avec Mary mais ... on a dû emmener sa petite sœur aussi » confia-t-il alors avec un sourire au coin des lèvres. « C’était quand même sympa » . Marcus aurait préféré se passer de la compagnie de la cadette de Mary, mais ils avaient dû composer avec.

Marcus s’appuya alors sur ses avants-bras pour se hisser hors de l’eau, s’asseyant sur le rebord de la piscine les pieds encore dans l’eau. « Je t’avoue que c’est à peu près tout pour mon été ... » ajouta-t-il. Entre l’ennui qu’il ressentait loin des siens et toutes les formalités liées au décès de sa mère, l’excursion de Marcus au cirque Arcanus avait été une véritable aubaine.

Curieux, il tourna la tête vers Agatha pour la regarder se coiffer les cheveux. La gêne entre eux ne s’était pas dissipée et Marcus soupira un grand coup. Il aurait aimer la relancer sur son histoire avec James Potter, mais Marcus était au fait des bruits de couloir du château et savait qu’ils n’étaient plus ensemble. Demander à Agatha le pourquoi du comment de cette rupture était quelque chose que Marcus s’interdisait. Simple curieux, il se refusait d’être un voyeur et de s’immiscer dans la vie privée des autres. Au lieu de ça, il se mit à fixer la surface de l’eau, battant des pieds comme s’il faisait de la bicyclette.

Des mois que la tension entre Marcus et Agatha ne s'éclipsait pas. Des mois et des mois de sourires gênés parce que la jeune femme avait fais une bourde sans le vouloir et que Marcus, en plus la lui avait pardonné. Pourquoi donc cette situation s'éternisait ? Elle ne comprenait pas et avait décidé de ne plus comprendre bien qu'elle n'apprécie pas cette situation. Sans doute que se brosser religieusement les cheveux alors qu'il se baignait derrière elle n'aidait point à arranger les choses, elle voulait bien l'entendre. D'ailleurs, la musique qui sortait de la radio la laissait dubitative, ce n'étaient pas des choses qu'elle écoutait en général. Elle était plus branchée sur le groupe des Chauves-Souris vampires que sur... Est-ce que cette chose avait seulement un nom ? « Ah Mary ! » s'écria la jeune femme - elle avait presque oublié l'existence de Mary McDonald « comment elle va ? Tu la fréquentes, non ? ». Parler amour était parfois le meilleur moyen de briser la glace. Enfin, il ne valait mieux pas aller sur cette pente avec elle, Agatha se remettait à peine à coller les morceaux de son cœur explosé par James Potter. Elle appliqua le liquide d'une fiole violette sur les mains pour s'en enduire le bout des cheveux. Apparemment, ça limitait les fourches, et rien que cette idée l'avait séduite pour en acheter une demi-douzaine. Agatha ne faisait jamais dans les détails comme elle avait les moyens de se payer tout cela. Elle releva sa crinière en une queue de cheval le temps que ça pénètre et regarda son camarade dans le miroir en face d'elle. Les bulles avaient l'air de beaucoup l'amuser, alors que le silence s'éternisait toujours plus entre eux. L'ennui qui avait eu l'air de le toucher pendant l'été semblait être tout aussi présent maintenant qu'ils se « parlaient » et l'aiglonne ne répondit pas par des mots mais par un sourire gêné qu'il ne pouvait pas voir. Elle soupira de constater les débris de leur relation et ce ne fut que lorsqu'elle se regarda dans le miroir qu'elle fut saisie d'une brusque pulsion pour s'écrier, en se retournant sur son siège pour voir Marcus directement : « BON ! Ça suffit cette gêne entre nous. Je suis désolée pour la Cabane Hurlante, tu me pardonnes et on reprend tout à zéro ok ? On en parle plus, je continue de te harceler pour les devoirs, tu continues de les faire de mauvais cœur et demain matin on prend le petit-déjeuné ensemble, ça te va ? » déblatéra-t-elle vivement sa litanie avant de rougir comme une tomate bien mûre, « hum hum... ».

Marcus haussa les épaules alors que son regard fixait un point invisible dans le vide. Le temps lui paraissait long, très long. Chaque seconde de silence entre eux rendait la situation encore plus gênante. Il ne faisait plus tellement attention à la musique moldu que son transistor diffusait alors il vint l’éteindre en appuyant sur le bouton principal. Quand les ondes de la radio cessèrent d’emmètre, Marcus et Agatha se retrouvèrent seuls sans bruit de fond. « Mary va bien oui » confirma-t-il en hochant la tête. Il l’avait par ailleurs croisé la veille et la gryffondore semblait plutôt bien se porter. « Et non, je ne la fréquente pas » . Prononcés avec dépit, ces mots témoignaient d’une triste réalité qui ne satisfaisait pas les émois du jeune homme. Lui, il se voyait déjà vivre le parfait amour avec l’élue de son cœur, comme dans une bonne histoire à l’eau de rose.

Un nouveau silence prit place entre les deux serdaigles. Celui-là fut particulièrement lourd et pesant. L’ambiance s’apparentait à ce que l’on pouvait trouver un l’intérieur d’un orage ; de l’électricité virevoltant çà et là, prête à s’abattre sur le sol. Agatha fut la première à éclater. Marcus sursauta et manqua de tomber à l’eau. Les yeux grands ouverts par la surprise que lui provoqua la réaction de la jeune femme, il écouta en silence sans oser broncher. Quand elle termina, Marcus la regarda sans parler, histoire d’être sûr qu’elle ait terminé. « Eeuh ok ! » commença-t-il en arquant un sourcil. Tout cela venait vraiment de se passer ? « On fait comme ça ! » lança le préfet avec un franc sourire ne sachant pas vraiment ce qu’il devait répondre à cela. « Et hum désolé ». Il s’était comporté comme un idiot. Ce ressentiment trainait dans un coin de sa tête depuis leur brouille il y a des mois. Et maintenant qu’une ouverture s’était faite entre les deux serdaigles, les tords du jeune homme profitaient de ce trou béant pour s’y engouffrer et ressurgir.

Agatha, les cheveux enduits de toutes sortes de potions pour en prendre soin, devait présentement ressembler fortement à sa très chère grand-mère autrichienne. Il ne manquait guère plus que les bigoudis, et la jeune femme serait son portrait craché. La réponse de Marcus la contraria sans qu'elle ne rajoute rien. Elle n'avait pas grand intérêt pour Mary McDonald en réalité, et elle demandait purement par politesse parce qu'elle les savait proche. Elle aurait mis sa baguette au feu qu'ils étaient ensemble. La nouvelle du célibat de son camarade la rendit donc heureuse. Les voici deux célibataires, tous les deux par dépit ! Le malheur du monde ne touchait donc pas qu'elle et cette brusque réalisation ne pourrait que l'aider à recoller les morceaux éparpillés de son petit coeur de jeune femme blessée par son premier amour. Son petit coeur était tout autant blessé du silence pesant qui s'étalait entre eux comme de la mauvaise pâte à tartiner moldue. Depuis qu'Agatha avait goûté de la Vegemite, elle ne voulait plus entendre parler de quoique ce soit qui ne soit pas sorcier. Et toute cette situation avec Marcus était semblable à de la Vegemite ! Son explosion soudaine eut le mérite de le faire réagir et elle dû se mordre la langue pour ne pas scander "Enfin !". Elle afficha un joli sourire lumineux made in Agatha et se pencha dans le lavabo pour laver sa tignasse. Comme quoi, il fallait parfois un peu de musique et des fioles de potions anti-fourches pour recoller les morceaux d'une amitié brisée par un funeste épouvantard.

Spoiler:

Le nouveau silence qui s’abattit entre eux était différent des précédents. Il ne ressemblait à cet état que prenait le ciel avant un orage, non. Ici, tout s’était apaisé. Un silence serein, accompli, où il n’y avait besoin de ne rien dire d’autre. Ces retrouvailles avaient été marquées par les silences, mais celui-ci, il valait mille fois plus que les autres.

Marcus coupa son transistor puis se leva. « Bon je te laisse » , fit-il en cherchant du regard ses affaires éparpillées aux quatre coins la pièce, « Je vais essayer de me replonger dans l’étude des runes avant le devoir de la semaine prochaine » . Une fois ses affaires récupérées – pourquoi diable avait-il fallu qu’il les balance n’importe où ? – le serdaigle fila vers les vestiaires. Il lui avait déjà fait l’affront de se dévoiler en maillot de bain, il n’allait tout de même pas se changer devant elle. « On se voit ce soir » , dit-il en ponctuant sa phrase d’un sourire, « enfin dans la salle commune quoi » , histoire qu’Agatha ne pense pas à mal sur ses intentions.

Dans les couloirs jusqu’à la salle commune des bleus et bronzes, le préfet ne pouvait s’empêcher de sourire bêtement. Au fond, Agatha lui avait manqué. Il se réjouissait de retrouver une amie qu’il avait perdu de vue depuis trop longtemps.

Spoiler: