Il sondait le contenu de sa garde-robe avec un certain désespoir. Tout juste sortant de la salle de bain en peignoir, il était pris au dépourvu. Il devait se rendre à l'évidence: c'était encore pire que ce qu'il pensait. Il allait lui falloir remplumer sa garde-robe. Il n'y avait que des vêtements vieux, abîmés, trop grands, importables au Royaume Uni... Si seulement il n'avait pas connu ce malheureux accident de transplanage au Chili ! Il n'aurait certainement pas été aussi embêté. Depuis son retour, il s'en sortait car il ne quittait pas sa maison. Et cela faisait une semaine qu'il avait recommencé à sortir. En prenant des pièces qui avaient été à son père — décédé depuis vingt ans. Il avait parfaitement conscience qu'il ne pouvait pas continuer ainsi. Comme sa sœur prenait plaisir à lui répéter tous les jours. Octavius décida alors que c'était le jour pour lui d'aller... Faire du shopping. Dépité, il sélectionna quelques vêtements, constituant une tenue simple et efficace mais élégante, pour se vêtir avant d'aller s'habiller et se coiffer.

Puis il transplana jusqu'au Chemin de Traverse et entra dans la première boutique de vêtement qu'il vit: Gaichiffon. Instantanément, il se sentit perdu au milieu de tellement de chiffons.  Il commença à buller dans la boutique, regardant les chemises, les pantalons, les capes. Parfois, il les touchait pour en percevoir la matière. Ou essayait de voir les tailles. Qu'il ne trouvait par ailleurs pas. Il leva son nez pour regarder autour de lui à la recherche d'une éventuelle vendeuse. Rapidement, il en repéra une. Mais il ressentit un certain embarras à demander de l'aide pour une chose aussi basique. Toutefois, il s'approcha quand même.
« Bonjour, excusez moi. Ce serait pour avoir des renseignements sur la taille des vêtements... Je suis un peu perdu avec tout ça. Comment est-ce qu'on connaît la taille d'un vêtement ? En fait je cherchais et je n'ai pas trouvé les tailles... »
A vrai dire, hormis pour son uniforme à Poudlard, c'était la toute première fois qu'il allait acheter des vêtements dans une boutique sorcière anglaise. Il n'en connaissait pas du tout le fonctionnement.

Glinda aimait bien son métier, même s'il ne répondait pas vraiment à toutes ses attentes et tous ses rêves. Ce qu'elle aimait notamment, c'était le look cliché de la couturière. Autour de son cou, mètre ruban et liserés colorés attendaient d'être utilisés, tandis qu'à son poignet trônait une pelote à épingles. Dans un coin de la boutique, elle profitait de ne pas avoir de clients pour travailler sur une création personnelle avec les chutes de tissus que lui laissait sa patronne et, toute concentrée à sa tâche créative, elle n'avait pas entendu la sonnette retentir à l'entrée d'un nouveau client. Sinon, pour sûre, elle n’aurait pas attendu que le jeune homme découvre lui-même la boutique et elle l’aurait assené de l’habituel « Je peux vous aideeeer ? ».
A la place, se fut le client qui la trouva et il lui fit un effet certain qui l’obligea à recracher l’épingle qu’elle avait coincée entre ses lèvres.
« Bonjour, bienvenue chez Gaichiffon ! » se rattrapa-t-elle en pensant à sa patronne qui aurait pu la virer pour avoir négligé un client prometteur. Elle se mordit l’intérieur des joues en l’écoutant poser sa question, elle aurait pu se moquer de voir le jeune homme si perdu au milieu des chiffons, mais décida d’être plutôt pédagogue et bienveillante.
« Chez Gaichiffon, il n’y a pas de tailles de vêtements, seulement des vêtements à votre taille ! » récita-t-elle consciencieusement le slogan de la marque, avant d’expliquer. « Vous le mettez et il s’adapte par magie… Vous savez, on dit que l’industrie du vêtement est très polluante, et Gaichiffon a des valeurs environnementales ! Mais laissez-moi vous aider… »
Aussitôt, elle se mit à fureter parmi les vêtements et dénicha plusieurs portants qu’elle ramena vers le sorcier. « Hmm, non… » fit-elle pour elle-même en passant une première robe devant lui qu’elle éloigna derrière elle pour qu’elle lévite jusqu’à sa place d’origine. « Pourquoi pas… » continua-t-elle, pas convaincue par la chemise qui suivit la robe. En passant le prochain vêtement devant lui, Glinda releva la tête pour tomber dans le regard profond du jeune homme et une expression perplexe prit place sur le visage de la vendeuse. « Vous me dites quelque chose… On se connait ? »  

Octavius fuyait les magasins de vêtement comme la dragoncelle depuis sa plus tendre adolescence. Il ne se sentait jamais autant juger que quand il essayait un habit qui ne les mettaient pas en valeur, lui et ses kilos superflus. Lors de son voyage, il avait appris à se débrouiller avec les moyens du bord pour se vêtir. Soit il faisait ses vêtements lui-même selon les techniques et la mode locale, soit il mettait des anciens bien qu'il lui était parfois arriver de se rendre dans les magasins pour se fondre dans la masse des pays occidentalisés ou survivre à certains climats.
De sa jeunesse, il avait conservé un réflexe : chercher systématiquement la taille d'un vêtement. Mais ici, on n'était pas chez les moldus. Cela ne fonctionnait pas de la même façon alors Octavius se retrouva contraint de demander de l'aide à une vendeuse. Il se sentait un peu ridicule. Celle-ci lui récita une espèce de slogan avec un enthousiasme de... Bah de commercial en fait. Elle lui expliqua rapidement le concept de la boutique. Il acquiesça. Elle l'avait mise dans sa poche avec ses valeurs environnementales ! Satanée société de consommation.
« Merci, c'est gentil... » la remercia-t-il avec un sourire poli tandis qu'elle se dirigeait vers les portants.
Elle sélectionna consécutivement plusieurs habits et semblait les sonder porté par lui d'un œil expert. Un peu perdu, Octavius suivait le mouvement des chiffons des yeux. Au bout de quelques instants, la vendeuse leva son regard vers lui. Il baissa le sien vers elle. Il lui disait quelque, disait-elle. Avec un sourire confus, il fronça les sourcils.
« Euh... Désolé mais votre tête ne me dit rien du tout... » s'excusa-t-il, un peu gêné.
Il y avait deux possibilités. Soit cette personne avait beaucoup changé ou qu'il n'avait jamais fait attention à elle. Soit elle faisait erreur. Il la regardait, essayant de se rappeler s'il ne l'aurait pas vu quelque part. Elle n'était pas bien vieille. Elle semblait avoir son âge approximativement. Peut être étaient-ils à Poudlard à la même période ? Si c'était le cas, il était normal qu'elle le reconnaisse. Le monde sorcier au Royaume Uni n'était pas grand.
« Vous m'avez peut-être vu à Poudlard... Comment vous vous appelez ? Quelle maison ? Octavius Martens, Serdaigle. »
Avec un peu de chance, il allait d'avantage se souvenir de son nom que de son visage. Il était bien connu qu'un visage s'oubliait plus rapidement qu'un nom et une personnalité. Particulièrement si la personne n'avait aucun signe distinctif hors du commun. L'idée qu'elle puisse se souvenir de lui à l'école le mettait dans un état de malaise. Sa présence à Poudlard n'avait pas été bien glorieuse. Seuls ses résultats brillaient. Il préférait rester tapis dans l'ombre au fond de la bibliothèque comme pour se cacher. Mais d'un côté, il était fier du changement qu'il donnait à voir. De l'autre, elle l'avait connu avant et devait avoir ce souvenir peu reluisant de lui. Si elle, elle se souvenait de lui et que lui ne se souvenait pas d'elle... Il craignait le pire.

Post 2 : 500 mots

Le jeune homme avait un charme qui ne laissait pas Glinda indifférente. Mais toujours professionnelle (et puis parce qu'elle tenait quand même à son travail, qui lui permettait de survivre mois après mois), elle n'en laissa rien paraître. Seulement, ce regard lui disait vraiment quelque chose. C’était assez perturbant, parce que Glinda n’oubliait pas si facilement les visages des gens… Enfin, en tout cas, pas les visages des gens qu’elle trouvait beaux. Et Merlin lui en soit témoin, il ne s’agissait pas d’une très mauvaise technique de drague !
Alors qu’elle continuait à réfléchir sur l’identité du jeune homme, jetant un œil régulièrement à son beau regard, elle tentait aussi de trouver des tenues qui lui conviendraient. En constatant la tenue très classique dans laquelle il avait franchi la porte du magasin, Glinda s’était donnée pour mission de trouver des vêtements un peu plus flatteurs pour le sorcier, sans non plus tomber dans le déguisement. « On va commencer par essayer ça, puis vous me raconterez ce dont vous avez vraiment besoin. » fit-elle en tendant un costume trois pièces au veston bleu ciel.
D’un geste, elle l’invita à se diriger vers les cabines d’essayage et le précéda au fond de la boutique, tandis qu’il émettait l’hypothèse d’une rencontre à Poudlard. En entendant son nom, elle s’arrêta sans prévenir et il manqua lui rentrer dedans.
« Octavius Martens ? Vraiment ? » s’étonna-t-elle en ne s’empêchant plus du tout de le dévisager… et même de le regarder de haut en bas. « Glinda Crook, poufsouffle ! »
D’accord, ils n’étaient pas du tout proches du temps de Poudlard, mais ils étaient dans la même promotion, alors elle espérait bien qu’il se rappelait un peu d’elle, même si elle avait un peu changé, son visage d’enfant devenant celui d’une jeune femme. En revanche, lui n’était plus du tout le même et ce n’était pas si étonnant qu’elle ne l’ait pas reconnu immédiatement. « Tu as… beaucoup changé. » déclara-t-elle, son ton professionnel totalement disparu. Si elle avait su que la chenille deviendrait un magnifique papillon, l'adolescente qu'elle était aurait sûrement eu un comportement tout à fait différent avec le serdaigle.

Il existe une phrase très connue qui dit : « Faîtes attention à qui vous traitez de moche au collège. ». Concrètement, elle signifie qu'une personne ayant été considérée comme étant laide ou peu attrayante à l'école peut, en grandissant, devenir magnifique et désirable. Cela n'avait jamais été aussi vrai que pour Octavius. Ils s'étaient avancés très des cabines d'essayage quand le jeune homme se présenta à la jeune femme qui semblait le connaître. Cette dernière fut véritablement choquée. Elle ne put s'empêcher de le dévisager, le toisant de haut en bas, ce qui rendit notre homme momentanément mal à l'aise. Il esquissait un léger sourire. On ne fixait pas ainsi les gens comme ça, voyons !
Ah ! Alors c'était Glinda Crook. Elle ne lui avait pas manqué, celle-là ! Malgré toute la courtoisie et la retenue dont Octavius était capable, il ne put s'empêcher d'avoir un poil de jugement dans le regard. Il n'avait pas un souvenir très reluisant de cette petite dame. Il n'avait jamais pu la supporter. Trop superficielle, en quête constante de popularité. A vrai dire, s'il avait fait attention à elle, c'était uniquement parce que c'était l'une des meilleures amies d'Alice qui était sa petite-amie à cette époque. Et Glinda prenait grand soin de le snober. Bien sûr, c'était trop la honte de parler au petit Serdaigle que tous les Serpentards prenaient plaisir à tourmenter. Ah et elle avait brisé le cœur de son meilleur ami aussi, accessoirement. Double raison de ne pas avoir une bonne image d'elle.
Il n'avait qu'une vision assez floue de l'adolescente que Glinda avait été physiquement. Son visage ne l'avait pas marqué. Mais il pouvait toutefois dire qu'elle avait changé.
« Oh tu sais, pas tant que ça... » répondit-il en détournant le regard.
A vrai dire, les seules choses qui n'avaient pas changé chez lui, c'était son sourire et ses boucles blondes. Même son regard avait changé. Il était beaucoup plus confiant.
« Toi, tu... » Que dire que dire ? T'as l'air moins peste ? « Tu as changé aussi. Tu es plus... Adulte. »
Il ne trouvait rien à dire de pertinent ET de correct. Cela aurait été très bas de lui rappeler à quel point elle avait été une gamine odieuse. Il suivait les vieux préceptes de sa grand-mère : « Si tu n'as rien de gentil à dire, ne dis rien. ».
« Je vais essayer ça. Tu m'excuseras... » dit-il en désignant les vêtements que Glinda lui avait donnés plus tôt.
Une bonne tactique pour fuir une situation un peu gênante. Il entra dans la cabine d'essayage en tirant le rideau derrière lui. Il commença alors à retirer les vêtements qu'ils portaient actuellement pour essayer ceux du magasin.

Glinda avait du mal à se rendre compte que le petit serdaigle pas très attirant et le beau jeune homme présent dans la boutique étaient une seule et même personne. Pourtant, maintenant qu’elle savait qu’il était Octavius Martens, il lui semblait deviner les traits de l’adolescent. Ces boucles blondes, le bleu de ses yeux… Et un quelque chose dans l’expression. Quoi que maintenant, son expression avait totalement changé depuis qu’elle lui avait révélé son identité. Glinda manqua de se vexer face au regard qu’il lui jeta et se retint de lui rendre le même. N’était-ce pas lui qui la snobait maintenant ?
Elle tenta de se remémorer les mauvaises choses qu’elle avait pu faire subir à Octavius du temps de Poudlard, comme elle l’avait fait quand elle était allée voir Wilhelm, quelques années auparavant. Ce ne serait jamais pire que les méchancetés qu’elle avait eu à l’égard de Will.
Quoi qu’il en soit, Glinda n’était plus l’adolescente cruelle et sournoise qu’elle était à Poudlard. Le passé devait rester le passé. Et sa patronne ne l’excuserait pas si elle perdait ce nouveau client parce qu’elle l’avait mal traité quand elle était gamine.
« J’espère ! » s’exclama-t-elle quand il déclara qu’elle faisait plus adulte. A presque trente ans, il était temps qu’elle n’ait plus l’air d’une enfant. Ni le comportement d’ailleurs. Le chemin parcouru avait été long.

L’atmosphère était devenue légèrement malaisante en une poignée de secondes. L’un comme l’autre ne savait vraiment quoi se dire et c’est avec soulagement qu’elle le laissa entrer dans la cabine pour essayer les vêtements. « Je me souviens que tu es parti après Poudlard… et que tu as brisé le cœur d’Alice… » fit-elle à voix haute après quelques instants. Ce n'était pas vraiment un reproche qu'elle lui lançait, mais elle avait déclaré ça sur le simple ton de la constatation. Peut-être une façon pour elle de rappeler qu’elle avait peut-être été une jeune femme odieuse, mais qu’il avait aussi eu un comportement plutôt limite. Qu'elle avait eu un comportement plus que limite mais qu'il y avait sûrement des choses dont il n'était peut-être pas très fier, avec quelques années de recul. « Besoin d’aide, là-dedans ? »

Octavius était complexé de la personne qu'il avait été par le passé. L'idée qu'on pût se remémorer comme il était à cette époque le mettait mal à l'aise. Autant physiquement que psychologiquement, il n'était plus du tout le même. Il était bien moins craintif à ce jour. Et plus désirable, accessoirement. Il n'apprécia que moyennement quand Glinda lui rappela qu'il avait brisé le cœur d'Alice à cause de sa lâcheté tandis qu'il était en train de retirer sa chemise.
« Merci de me le rappeler, j'avais totalement oublié. » répondit-il une ironie plus sèche qu'il ne l'aurait voulu.
Le comportement qu'avait eu la jeune femme et la décision qu'il avait prise n'avaient absolument rien à voir. Il trouvait cela très déplacé de le lui rappeler dans cette situation. Enfin bref. Il n'était pas là pour se prendre la tête et il voulait faire, en quelque sorte, table rase du passé.
Après avoir ôté ses vêtements, il enfila ceux du magasin. Force était de constater qu'ils lui allaient comme un gant, techniquement. Mais il était sceptique en se regardant dans le miroir de la cabine d'essayage. Quelques instants plus tard, Glinda s'enquit de savoir s'il avait besoin d'aide.
Octavius poussa le rideau de la cabine d'essayage et en sortit.
« Qu'est-ce que t'en penses ? » demanda-t-il de but en blanc en allant se regarder dans le miroir de la boutique qui lui permettait de se voir d'avantage d'ensemble.
Il se détailla sous toutes les coutures. Ce pantalon le tassait : trop long et trop ample. Il ne mettait pas en valeur ses jambes. Mais ce n'était pas la taille du pantalon qui posait problème, il était tout à fait adapté à son tour de hanche. Non : c'était la coupe en elle-même qui n'allait pas. Sinon, le haut, cela allait plutôt bien.
« On dirait que j'ai des jambes de nain. C'est affreux. »
On constatait facilement que le jeune homme était très exigeant vis-à-vis de lui-même. Il ne laissait passer aucun détail. Il cherchait toujours à donner l'impression qu'il n'était au moins pas plus petit qu'il ne l'était réellement. Il aurait voulu faire n'aurait-ce était que deux centimètres de plus.

Bon, apparemment, Octavius n’avait pas très bien pris la remarque de Glinda sur le petit coeur brisé de sa meilleure copine quand ils étaient adolescents. Elle ne s’attarda pas sur la réponse cassante du jeune homme et leva les yeux au ciel de son côté du rideau, tout en farfouillant parmi une pile de vêtements. Au moins, ils étaient quittes ! Elle se protégeait de tout reproche concernant Wilhelm !

Quand il sortit enfin de la cabine d’essayage, elle apprécia le jeune homme de haut en bas, détaillant comment les tissus tombaient, les formes qu’ils épousaient, la concordance des teintes… Bref, son job quoi. Et bien sûr, l’expression d’Octavius qui ne semblait de toute évidence pas convaincu du tout.

« Oh peut-être pas un nain… Je dirais plus que ça tient du gobelin ! » fit-elle en riant légèrement, bien d’accord avec son analyse. « Le haut, c’est pas mal… » Elle se permit de réajuster un peu son col et de fermer un bouton de sa veste avant de prendre un peu de recul. « Mais tu as raison, le pantalon, ça ne va pas du tout, mon chère ! »

Et aussitôt, telle la furie qu’elle pouvait être, elle le planta là pour aller fouiller parmi les rayons de vêtements et revenir avec trois nouveaux pantalons et une nouvelle chemise.

« Tu vas garder la veste, mais mettre cette chemise, et essayer ce pantalon là pour commencer… » Un peu directrice, mais après tout, elle était experte et savait ce qu’elle faisait !

Elle lui indiqua à nouveau le coin des essayages et pendant qu’il y entrait, alla chercher une paire de chaussures qu’elle posa devant le rideau en revenant.

« Et du coup… Tu as besoin de quoi, concrètement ? » fit-elle à voix haute. Parce que même s’il était venu dans sa boutique avec une tenue qui ne lui convenait pas du tout et qu’elle avait pris l’initiative de le rhabiller de la tête aux pieds, le jeune homme avait peut-être un besoin plus précis… « J’espère que tout le reste de ta garde-robe n’est pas à l’image de la tenue que tu avais en passant la porte… C’est un peu trop simple pour toi, si tu veux mon avis ! »

Octavius se laissait lentement détailler par le regard dextre de la couturière qui rejoignit son point de vue. Elle s'approcha pour ajuster son col de chemise avant de reprendre du recul. C'était toujours déroutant pour un homme de se faire dévisager par une femme de la sorte. Aussitôt, elle repartit pour aller chercher de nouveaux vêtements, le laissant seul, lui et son reflet dans le miroir. Très vite, elle revint avec quelques pièces qu'elle lui mit entre les bras pour le réexpédier dans la cabine d'essayage. Et Octavius, lui, se laissait porter sans poser de question. Après tout, c'était elle la professionnelle.
Il entra de nouveau dans la cabine d'essayage pour enfiler cette nouvelle série de chiffons, ayant au départ de la peine à se souvenir ce qu'il devait mettre avec quoi. Il l'entendit revenir quelques instants plus tard, posant une paire de chaussure devant la cabine, alors qu'il enfilait le pantalon qu'elle lui avait donné — était-ce vraiment celui-là qu'elle lui avait dit de mettre ? —. Ce ne fut qu'à ce moment là qu'elle s'enquit de savoir ce qu'il cherchait concrètement, glissant au passage une remarque désobligeante sur la tenue qu'il portait en arrivant.
« Euhm.... Disons que c'est assez hétéroclite. » répondit-il en boutonnant son pantalon.
Hétéroclite, le mot était faible ! Glinda ne pouvait à peine se figurer le contenu de sa garde-robe actuelle. Déjà, il comptait se débarrasser de tous les vêtements de son adolescence — hormis son vieil uniforme de Poudlard qui avait acquis une valeur sentimentale. Puis, il restait diverses catégories. Il y avait déjà des vêtements assez banaux en assez petite quantité — une grande partie s'étant perdu dû à un accident de valise — pour ne pas se balader nus ou avoir l'air ridicule en société. Il possédait encore des pièces issues de pays étrangers difficilement portables au Royaume Uni. Il avait repris des éléments de la garde-robe de son défunt père. Assez étrangement, il arrivait d'avantage à se retrouver dans cette dernière catégorie. Il aimait leur élégance classique et l'aisance avec laquelle il arrivait à les porter car ces vêtements ne lui donnaient pas une allure guindée.
« Avant, je ne me prenais pas vraiment la tête pour m'habiller. Je trouvais que c'était assez superficiel et futile. Mais j'ai reconsidéré cela. Dans toutes les sociétés, le vêtement revêt une importance primordiale. Non seulement parce que se vêtir, dans de nombreuses régions du monde, est un besoin essentiel. Mais aussi et surtout parce qu'il s'agit d'un indicateur d'un statut social. Parce que même dans des endroits où le vêtement ne s'impose pas comme un besoin compte tenu du climat, il demeure présent. » Quand il eut fini de se revêtir, il sortit de la cabine pour se regarder dans le miroir. « J'ai le sentiment qu'en Occident, le vêtement n'indique plus seulement un statut social. En t'habillant, tu veux montrer quelque chose de toi, de ta personnalité. Par exemple, tu as ton ruban pour prendre des mesures autour de ta nuque alors même que tu n'es même pas en train de t'en servir. Tu aurais très bien pu l'enlever. Enfin bref. Nous sommes d'avantage libres de choisir notre accoutrement. En rentrant au Royaume Uni, j'ai ressenti le besoin de me conformer aux codes d'ici, de ne plus seulement choisir des vêtements parce qu'ils étaient confortables. »
Il se tourna vers Glinda en souriant.
« J'aimerais trouvé quelque chose qui a de l'allure. »

Post 5 : 500 mots

La couturière avait choisi avec soin le terme de "simple", ne voulant pas froisser à nouveau le jeune homme comme elle avait pu le faire en faisant référence à Alice. Marchant sur des œufs, elle voulait maintenir une entente au moins cordiale entre les deux. Aussi fut-elle rassurée de ne pas l'entendre grogner derrière le rideau.
Glinda ne s'attendait vraiment pas au monologue d'Octavius. Elle s'attendait en fait plutôt à une réponse du genre "un costume pour bien présenter et une tenue moins formelle" ou quelque chose du genre. Elle aurait même accepté un "quelque chose qui ne me gratte pas". Alors quand un flot interrompu de paroles s'échappèrent de derrière le rideau, Glinda fut obligée de s'arrêter dans ses activités de rangement pour écouter les réflexions sociétales et sociales du jeune homme.
Au départ, elle était ravie d'entendre (plus que rassurée) qu'il avait changé son avis sur l'aspect futile et superficiel des vêtements... Deux adjectifs qui avaient été sûrement utilisés plus d'une fois par différents sorciers pour qualifier Glinda depuis son adolescence.
Quand il sortit de la cabine, elle crut un instant qu'il avait fini, mais elle était loin de se douter qu'il n'en était même pas à la moitié de ses réflexions. Elle toucha machinalement le ruban autour de son cou alors qu'il y faisait référence. C'est vrai qu'elle aimait bien le porter. A Poudlard, quand elle avait commencé ses "créations", elle avait adopté ce style "couturière/créatrice de mode sorcière", plutôt que de porter elle-même toutes ses créations (qu'elle préférait voir sur d'autres). Elle laissa bien en place son mètre-ruban et le réajusta même.
Vers la fin de son monologue, Glinda eut presque l'impression qu'il l'avait oublié. Elle n'avait d'ailleurs pas compris ce que signifiait sa dernière phrase sur le fait de se conformer aux codes d'ici. Qu'est-ce qu'il voulait, comme vêtements, du coup ? Heureusement, il se tourna vers elle pour synthétiser son idée et le regard perdu de Glinda se transforma en un regard enthousiaste.

« Eh bien, tu as plutôt de l'allure, comme ça ! » s’exclama-t-elle en le regardant de la tête aux pieds. « Le bleu marine, c’est assez sobre, mais en même temps loin des tons émeraudes que la moitié des sorciers portent de nos jours… Mais avec la couleur de tes cheveux et de tes yeux, ce n’est vraiment pas ce qui te mettrait en valeur. » Pour démontrer son argumentaire, elle passa une veste émeraude devant lui en regardant dans le miroir avant de la repousser dans un coin. « Non, le bleu marine, c’est certes sobre mais c’est déjà plus original, sans être extravagant. Tu vois ce que je veux dire ? Ce qui est pratique, c’est que tu peux mettre une chemise noire dessous, c’est très élégant, mais aussi une chemise couleur crème, comme maintenant, pour un côté plus classique. » Il n'y avait rien de négatif dans le terme "classique" pour elle. C’était maintenant son tour de faire un monologue, beaucoup plus éloigné des préoccupations idéologiques d’Octavius. « Pour le pantalon, une coupe assez droite et plutôt près du corps, ça met ta morphologie en valeur… » Elle s’agenouilla pour ajuster le bas du pantalon sur les chaussures. « On est loin du pantalon où tu avais l’air d’un gnome de jardin, non ? Ca te donne une autre prestance, là… »
Elle s’éloigna pour porter un nouveau regard sur la tenue, avant de fouiller dans la pile de vêtements qu’elle avait ramenée et qui lévitait doucement sur le côté. Elle en extirpa un nœud papillon, une cravate, une lavallière et un jabot, tous bleu foncé, avec des motifs discrets dorés. « Tu es plutôt quel genre ? » demanda-t-elle en passant chacun des accessoires devant lui. « Oh non, pas ça ! » fit-elle avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, en passant le col jabot devant lui. « Ca, mon chère, c’est un fashion faux pas, ce n’est plus du tout à la mode ! Les moldus disent ‘’ringard’’ d’ailleurs et crois-moi, ce n'est pas positif du tout. » Elle jeta l’accessoire derrière elle, il manquait bien plusieurs décennies à Octavius pour porter ça… Genre huit décennies, minimum.

Octavius n'avait que très rarement eu l'occasion de s'exprimer à travers ses vêtements. Etant enfant, il portait les vêtements que lui "imposait" sa grand-mère. A Poudlard, il portait un uniforme. En dehors du contexte scolaire, il s'habillait sans particulièrement chercher à se forger une identité vestimentaire, il cherchait juste à être à l'aise, à ne pas se sentir exposé. En fait, la tenue qu'il portait en entrant à Gaichiffon était étrangement semblable à celles de son adolescence. Puis, durant ses voyage, il avait réalisé l'importance d'un vêtement dans la quête d'identité d'un individu. Pour autant, il lui fallut quelques mois avant d'essayer d'explorer les possibles. Et encore, quand il eut commencé, ce n'était pas aisé puisqu'il se conformait aux usages des pays qu'il visitait en plus d'être limité par des contraintes techniques, climatiques et financières.
Mine de rien, Octavius aimait les styles classiques et le « so british ». C'était très stéréotypé de la part d'un anglais très britannique qui buvait du thé à n'importe quelle heure de la journée avec des bouclettes blondes. Mais n'était-il pas un cliché sur pattes ? Malgré tous les pays qu'il avait visité, dans son cœur, il allait rester à jamais un anglais. Bien sûr, il allait aimer ajouter de temps à autre une touche exotique à ses tenues parce que cela faisait autant parti de son identité.
Glinda semblait très apte à répondre à sa demande. Il écoutait attentivement ses explications même si parfois il se sentait un peu perdu dans tout ce charabia — elle parlait vite en plus. Il se contentait d'acquiescer. La jeune femme sortit alors successivement des accessoires type cravates et nœuds papillons en lui demandant lequel il préférait. Mais il n'eut pas le temps de répondre qu'elle rejetait catégoriquement le jabot.
« Oh pourtant j'aime bien... » avoua-t-il d'une petite voix déçue avant d'esquisser un sourire en haussant légèrement les épaules. « Finalement, c'est quoi la mode franchement ? Au final, c'est juste quelque chose de passager, n'est-ce pas ? On ne sait jamais, ça peut toujours être utile d'avoir un jabot dans sa garde-robe autant que d'avoir des intemporels. Ça pourrait revenir à la mode et là, on serait bien content d'avoir un jabot à exhiber avant tout le monde si l'on se soucie de ces questions. »
Il se tut avant de reformuler un long monologue. Il prit délicatement des mains la cravate que tenait Glinda.
« Mais je suis plus dirigé vers les cravates. »
Il entreprit de nouer lui même l'accessoire autour de son cou. Il avait le coup de main, le fruit de longues années d'entraînement.
« J'aimerais essayer des couleurs plus claires. C'est un peu triste toutes ces couleurs foncées, tu ne trouves pas ? Peut-être essayer du gris clair, du beige ou même du blanc. J'aime vivre dangereusement. » Il se mit à fouiller de lui-même dans les rayons. D'un coup, il sortit une chemise à motifs floraux assez élégantes. « Ah ! Des motifs aussi. Aussi ! Est-ce que tu as des cirés ? Avec toute cette pluie, il m'en faut un. J'ai perdu le mien. »
Il regrettait amèrement son ciré marin jaune de ses premiers voyages. En plus, il paraissait que c'était tendance.
Oui, il commençait à s'éparpiller.

Post 6 : 500 mots

Glinda était passionnée par les vêtements, les accessoires, les tissus, leurs couleurs et leurs matières. Elle avait l’oeil pour accorder les pièces ensemble et surtout pour les accorder au sorcier ou à la sorcière qui les portait. A chaque personne correspondait un style et les vêtements ne devaient pas effacer les porteurs, mais les mettre en valeur. Par exemple, elle aimait beaucoup certains styles de vêtements sur les hommes, mais tous les hommes ne pouvaient correspondre à ce style. Alors l’imposer à tous les clients de Gaichiffon aurait été une grosse erreur, à moins de vouloir les mettre mal à l’aise dans leurs tenues. Finalement, Octavius avait tout à fait raison en disant que le vêtement était utilisé comme un reflet de sa personnalité.
Mais si Glinda ne voulait pas imposer des styles à ses clients, il y avait des limites à ne pas dépasser : le jabot par exemple.

« Eh bien, si ça revient à la mode, il sera toujours temps de prendre celui-ci ! Promis, je ne le jette pas, je le garde de côté et si j’entends que ça revient à la mode - et je le saurais, tu peux me faire confiance - je suis même prête à te l’offrir ! » déclara-t-elle face à sa perplexité. Mais elle renvoya bien sagement le col jabot au loin pour porter son attention sur ce qui était encore d’actualité. Et le choix était large ! « Mais je suis d’accord avec le fait que la mode est passagère. D’ailleurs, il y a une grande créatrice française qui a dit que la mode se démode, le style jamais. »

Ce qui n’empêchait pas Glinda d’adorer découvrir les dernières pièces à la mode et même de vouloir en créer en espérant percer dans le milieu de la création. Finalement, Octavius sembla accepter sa proposition de ne pas choisir le jabot et noua avec dextérité la cravate autour de son cou.
Cette première tenue était concluante et semblait encourager Octavius à prendre les choses en main. Avec plaisir, elle le vit parcourir les rayons de vêtements en lui faisant part de ses envies.

« Des couleurs claires, oui bien sûr, ça t’ira très bien. Un pantalon blanc cassé, peut-être ? » Ils parlaient presque en même temps, chacun fouillant des étalages différents. Elle était ravie de le voir prendre un peu de plaisir à trouver des éléments pour sa tenue, alors qu’elle craignait qu’il ne soit là que pour un aspect pratique : trouver de quoi ne pas se promener nu partout. Il commençait à parler de motifs, puis de son ciré et elle se retourna vers lui avec une veste en tweed dans les tons beiges qu’elle venait d’extraire d’entre deux grands manteaux longs. Alors elle vit la chemise au motif floral qu’il avait sorti et elle ne put retenir une petite exclamation extasiée en s'approchant pour toucher la matière.

« J’adooooore cette chemise ! » Ce n’était clairement pas ce vers quoi elle se serait dirigée pour Octavius, de peur de se voir objecter un refus immédiat. « Tu as l’oeil ! Elle t’ira à ravir ! » fit-elle sincèrement avant d’enchaîner sur le sujet soulevé du ciré. « Un ciré, oui, c’est assez utile ici et à cette époque… Hmm, jaune ? Ou bien tu peux tenter une couleur un peu plus originale ? Bleu ciel peut-être ? Ou pourpre ? » osa-t-elle proposer maintenant qu’il semblait ouvert à quelques originalités.

Tous deux étaient maintenant dispersés dans tous les sens, Glinda appréciant de voir son client réceptif. Qui aurait pensé que ces deux-là échangeraient chiffons avec plaisir ?

« C'est Coco Chanel qui dit cela, n'est-ce pas ? »
Il lui semblait avoir entendu quelques fois cette phrase, notamment en France. Ou bien l'avait-il lu dans un livre — ou serait-ce dans un magazine de mode ? —. La France. Le pays de la mode. Chauvinisme ou constatation plus ou moins objective, il trouvait que cela ne valait pas le style anglais. C'était surcoté. Quoi ? La moitié de Paris, Ô grande ville de la mode, portait du noir comme si les habitants portaient un deuil national. Le Seigneur des Ténèbres avait-il imposé son style ?
Bon ! Il était un peu de mauvaise foi.
Pour rendre à César ce qui était à César, il était vrai que la France au fil des siècles avait été le lieu d'apparition de nombreuses modes européennes. Voilà.

« Blanc cassé, oui ! »
Un peu plus à l'aise, Octavius se lâchait dans les rayons de Gaichiffon. Il dénicha alors une chemise à motif floral qui flatta son œil. Glinda, toute excitée, salua ce choix vestimentaire d'une petite exclamation. En même temps, il toucha la veste en tweed que la vendeuse emmenait avec elle pour sentir le tissus entre ses doigts. « J'aime beaucoup la matière et la couleur de ça. » commenta l'anthropomage.
Un anglais n'en était pas un sans un imperméable. Avec la météo pluvieuse des îles britanniques, c'était un must-have dans la garde-robe. Aussitôt, Glinda s'enquit de savoir comment il voulait son ciré, lui faisait quelques propositions. Mais Octavius hésitait.
« Je ne sais pas, j'aime bien le jaune classique. Mais je me dis que ce serait cool de changer parce que j'en avais déjà un jaune avant. Je pourrais peut-être me laisser tenté par un bleu ciel en effet. »
Il aimait la couleur. Il n'y avait rien de plus qu'il abhorrait plus que le total look noir sur lui. Il trouvait que cela ne flattait pas son teint. D'autant plus qu'il en avait suffisamment porté durant son adolescence. Et puis c'était juste triste. Bien sûr, il ne s'agissait pas d'avoir l'air d'un arc-en-ciel. Mais pourquoi pas égayer sa tenue avec une pièce tape-à-l'œil ou trouver des alternatives au noir ?
« Ce qui serait bien, ce serait que je trouve un peu de tout. Quelque chose comme quatre hauts, deux ou trois pantalons, deux vestes éventuellement. Une paire de chaussure aussi. Une écharpe à l'occasion. » finit enfin par préciser Octavius en se mettant à regarder des pulls. « Si tu savais à quel point ma garde-robe fait peine à voir. J'ai fait un grand tri. Et je pense que ce sera suffisant pour repartir sur de bonnes bases. »
Ensuite, il allait étoffer tout cela progressivement. Dans son tri de ses vêtements portables au Royaume-Uni, il avait retenu une vingtaine de pièces à tout casser, toute catégorie comprise.

Le fait qu'Octavius sache associer la rare citation que Glinda connaisse à la personnalité qui l'avait déclarée l'étonna un peu plus : cette rencontre incongrue dans la boutique ne cessait de lui faire hausser les sourcils d'étonnement. « C'est cela ! Bien joué ! » déclara-t-elle comme si elle attribuait dix points à serdaigle, sans une once de moquerie.

Glinda et Octavius s’entendaient étrangement bien maintenant qu’ils avaient approfondi la recherche de vêtements. Mais le jeune homme semblait hésiter quant à la couleur du ciré, aussi décida-t-elle de faire venir, d’un coup de baguette magique, l’imperméable en trois exemplaires déclinés dans les trois coloris : jaune, bleu ciel et pourpre.

« Choisir, c’est renoncer ! Mais tu sais quel choix est le plus facile ? C’est celui qui n’existe pas ! » déclara Glinda, soudainement pleine de sagesse… « Tu n’as qu’à acheter les deux, un jaune et un bleu ciel, et tu n’auras qu’à alterner selon ton envie du jour ! »

Chassez la vendeuse, elle revient au galop ! Glinda n’était pas payée à la pièce vendue, mais elle gardait en tête d’impressionner la responsable de son magasin. Alors si elle pouvait réussir à vendre un ciré de plus à Octavius tout en rendant tout le monde content, ce serait un plus dans la journée.
Face à l’énoncé des besoins d’Octavius, une farandole des vêtements déjà choisis s’organisa dans une partie de la boutique, leur permettant de faire le point sur ce qu’il restait à trouver. Glinda prit un air très concerné alors qu’il lui racontait l’état de sa garde-robe : aucun doute que la voir en réalité lui aurait fait grand peine, elle dont l’armoire avait dû subir un sortilège d’agrandissement et malgré lequel des vêtements parvenaient encore à déborder des penderies et tiroirs… Bon, son manque d’organisation y était très probablement pour quelque chose.
Furetant à nouveau parmi les rayons, elle sortit plusieurs pièces qui se rangèrent à la queuleuleu devant les cabines d’essayage, essayant de respecter ce qu’il lui semblait analyser des goûts d’Octavius : des tons clairs, réhaussés de pièces originales et colorées. Mais en pleine exploration, la sonnette du magasin retentit et Glinda dut s’excuser auprès d’Octavius pour accueillir la nouvelle cliente : une habituée qu’elle connaissait bien.

« Essaye tout ça et n’hésite pas à m’appeler si tu as besoin d’aide. Miss Byers peut être très longue à se décider pour un simple ruban. Je reviens au plus vite ! » Et elle s’éloigna pour courir vers Miss Byers qui la salua d’un joyeux « Haaa, Miss Crook, comment allez-vous ? ». Elle aurait préféré rester avec Octavius pour observer tous ses essayages…

« Tu sais quoi ? Je prends les deux si tu me fais un prix. » répondit-il avec un sourire ultra-bright.
S'il pouvait négocier pour payer moins cher... Autant le faire. Voyager lui avait appris à négocier et faire des économies. Être constamment fauché avait ses avantages. Et si Glinda croyait qu'il allait tomber aussi facilement dans son piège de commerciale cherchant à lui faire acheter des biens superflus sans contrepartie, elle se trompait.
Mais rapidement, il se reconcentrait sur ce qu'il avait besoin en priorité. Il en fit part à Glinda et ensemble, ils firent une sorte de brainstorming de tout ce qu'ils avaient et de ce qui manquait à trouver. A partir, cela alla très vite pour trouver des pièces qui plaisaient à l'anthropomage et qui recevaient la validation de la vendeuse dans le même temps. Bien qu'il y eut quelques litiges. Quand ils eurent fini de rassembler un décent éventail de vêtements, la porte du magasin s'ouvrit, déclenchant un petit tintement de cloche. C'était une cliente qui entrait. Octavius la salua avec distance. Poliment, Glinda prit alors congé de lui pour aller s'occuper de la nouvelle arrivante qui semblait être une consommatrice fidèle. Il lui adressa comme seule réponse un sourire reconnaissant et cordial.
Ce fut alors seul qu'il se mit à essayer toutes les pièces qu'ils avaient sélectionnés. Il essayait de faire des ensembles assez chouettes pour voir tout le potentiel de chacune des pièces. Bien qu'à priori il avait pris beaucoup de grands classiques indémodables. En même temps qu'il essayait successivement les vêtements, des idées d'achat lui venaient en tête. C'était terrible. Foutue société de consommation !
Quand il eut fini ses essayages, il alla pour faire encaisser ses articles. Le voilà qu'il allait repartir avec pas moins de cinq hauts, deux pantalons, une paire de chaussures, deux vestes, deux cravates, un pull et un ciré. Non, il n'avait pas respecté la limite qu'il s'était fixé, en effet.
« Alors ? Pour cette réduction ? » redemanda-t-il avec un grand sourire tandis qu'il sortait ses galions.
Réduction ou pas, la vue du prix le fit lâcher un sourire.... Qui en disait long sur le fait qu'il vivait actuellement dans le regret. Mais il paya quand même. Malgré tout, il ressentit un étrange sentiment de satisfaction...