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Un pied dans la tombe | RAZVAN

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Alastor Maugrey

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ORDRE DU PHÉNIX
La meilleure défense, c'est l'attaque

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MessageSujet: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Lun 22 Avr 2019 - 1:06

11 février 1976
Cette nuit avait pas été folichonne. Les médicomages et même tous les autres patients devaient un peu me haïr. Les heures passées n'allaient sûrement pas aider ma réputation bien entamée de fou. Je vous recontextualise le tout.

Quand je suis arrivé à Sainte Mangouste, la veille, en début de soirée, faut dire que j’étais pas au top de ma forme. J’avais perdu beaucoup de sang, on avait emmené mon corps comme si j’étais déjà un cadavre, sous Levicorpus. Je n’avais pas trop conscience de mon état : c’est que j’étais vraiment mal en point. J’étais agité, je souffrais comme un chien, du coup on m’a administré une potion calmante. Sur le coup, j’étais bien, la petite médicomage s’occupait de mes doigts : deux phalanges coupées à la main gauche, les deux derniers doigts. Ca encore, c’était pas grave. Mais quand j’ai vu qu’ils m’avaient coupé plus, là je suis un peu devenu fou. J’avais perdu ma jambe. La droite. Juste au-dessus du genou. Jolie symétrie avec les doigts. Je voulais absolument me lever, alors on m’a donné une potion encore plus calmante et là j’ai fini dans les vapes. Je devrais vraiment arrêter de boire les trucs qu’on me refile, je ferais bien de me méfier. Même de ceux-là, les médicomages-là. Me dites pas qu'avec tout ce que les sorciers peuvent faire, ils pouvaient pas me remettre ma jambe ? On se fout de moi...
Un peu avant minuit, j’ai repris connaissance en ayant l’impression de me réveiller d’un cauchemar. En fait, j’étais encore dans le cauchemar. Ils m’avaient mis tout bien dans un lit aux draps plus propres que mon caleçon du matin. Et j’avais un voisin qui dormait, j’entendais son souffle paisible. Mais c’est pas trop à tout ça que j’ai fait attention sur le moment.
« MA JAMBE ! REMETTEZ-MOI MA JAMBE, BANDE D’ENFLURES !! » que j’ai commencé à crier, réveillant mon voisin – il avait pas le droit de dormir si paisiblement alors que moi j’avais plus qu’une jambe – et une partie du service au passage. « RENDEZ-MOI MA PUTAIN DE JAMBE !! »
J’ai eu le droit à une nouvelle dose de potion calmante. Ils comptent me rendre accro, c’est ça ? J’ai refait ça une autre fois un peu avant le lever du soleil et rebelotte, petite potion calmante : une dose d’hippogriffe qui m’a couché encore une fois jusque vers 10h du matin.
Là, c’est les collègues qui sont venus me voir. Qui m’ont rappelé comment j’avais perdu ma jambe, comment les médicomages y étaient pour rien et comment on pouvait pas me la recoller tout simplement parce qu’il en restait que des petits bouts par ci, par là, et que c’était pire qu’un puzzle dont on a perdu une bonne partie des 1000 pièces.
J’étais bien parti pour bouder pour toute la journée, surtout que finalement, mon voisin avait été changé de chambre parce qu’il était pas serein à côté de moi. Mais au moins, j’étais plus sous potion calmante. Je me contentais de fixer méchamment l’endroit où ma jambe aurait dû être, sous les draps. Alors, c’était comme ça que j’allais devoir prendre ma retraite ? Un vieux débris, c’est bon, c’est que j’étais. Un bon à rien, un gars qui a qu’une jambe. Je me voyais déjà relégué à la paperasse au ministère. Ha ça, il y en a plus d’un qui serait ravi.
Puis dans l’après-midi, alors que la plupart des médicomages et infirmages avaient abandonné de venir voir si j’étais toujours en vie, parce qu’à chaque fois que quelqu’un arrivait, je l’insultais jusqu’à ce qu’il reprenne la porte, il est arrivé. Razvan, mon médicomage. Lui, je savais que je pouvais lui faire confiance.

« Vacarezco… » j’ai fait, en le voyant, comme soudain soulagé, en me redressant brusquement dans mon lit. Lui, il allait pouvoir m’aider. « Tu vas me la faire repousser, c’est ça que t’es venu me dire, hein ? » Il y avait quand même une sale dose de désespoir dans ma voix et ça, c’était aussi humiliant que de se retrouver avec une jambe en moins.  

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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Lun 22 Avr 2019 - 19:34

Le temps passé à l'hôpital commençait à s'allonger doucement au fur et à mesure que la guerre entre les sorciers prenait de l'ampleur. Razvan aurait aimé n'être qu'un simple médicomage aux tendances neutres pour ne pas sortir meurtri par cette bataille acharnée entre le camp du "bien" et le camp du "mal". Pourtant, le tatouage sur son bras ne faisait aucun doute sur son allégeance, non pas choisie mais forcée, qu'il se contentait de cacher avec un habile sortilège de désillusion. Sa vie semblait n'être plus qu'une succession d'urgences à l'hôpital magique et une succession d'attaques dans les rangs de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. La dualité à l'équilibre relatif qui se jouait malgré lui dans son esprit d'homme résolument bon s'était trouvée franchement ébranlée lorsqu'Alastor Maugrey avait été amené en urgence à l'hôpital avec une jambe et des doigts en moins. Le roumain avait vu des horreurs, le problème n'était pas franchement là. Ça lui était même arrivé d'amputer le membre de quelqu'un. Il était certes sensible au désespoir des gens - cela faisait d'ailleurs de lui un médicomage apprécié dans les rangs des patients - mais le fait est qu'il savait, en gros ce qui s'était passé. Il ne l'avait pas apprit de la bouche de collègues de travail, mais de ses collègues de magie noire, qui s'étaient félicités de leur exploit. Mettre par terre un Auror de cette trempe valait bien un verre de Pur Feu avait-il entendu un soir, avant de partir de lui-même pour ne pas participer à une joie si démesurément malsaine. Lui, et un autre de ses collègues médicomages s'étaient occupés de soigner du mieux qu'ils pouvaient ce qui restait du corps du sorcier, lequel, fidèle à lui-même, avait passé son temps à brailler.
Dépassées, vaincues, les infirmières n'osaient plus rentrer dans sa chambre ni lui donner ses potions calmantes comme elles se faisaient copieusement insulter de la même manière que tous les médicomages qui daignaient entrer dans la chambre inviolable. Razvan aurait voulu éviter une confrontation avec son patient - qu'il avait l'habitude de soigner, en plus ! - pour éviter de se sentir encore plus coupable ou mal-à-l'aise. Il n'avait pas jeté le sortilège, c'était vrai. Mais n'était-il pas complice d'une certaine manière ? Le médicomage ne savait que trop bien que sa place devrait être dans une des geôles de la prison sorcière, tant ses agissements le rendaient coupable de mort. Il était devenu un artisan de celle-ci sans le vouloir et par obligation, mais cela ne changeait pas grand chose. Que pourrait-il dire aux familles des gens qu'il avait tué ? "Je l'ai fait parce que je n'ai pas le choix" ? Tout au plus se prendrait-il une gifle comme seul pardon, et il aurait tout à fait comprit pourquoi. C'est la bonté maladive de Razvan qui le rendait si incroyablement mal, et c'est cette même bonté qui le força à accepter d'aller parler à Alastor lorsqu'une infirmière le supplia de le faire, les yeux remplis de larmes et les mains remplies de fioles. Le roumain les lui avait gentiment enlevé des mains pour les mettre dans ses poches, puisqu'elles étaient destinées à l'Auror, et il se dirigea, malgré lui, d'un pas timide vers la porte de sa chambre. Dire qu'il n'espérait pas qu'on l'interrompe serait faux, il n'attendait que cela. Mais personne n'arrêta sa marche et il dû se résoudre à toquer doucement contre la porte avant d'entrer pour la fermer derrière lui.

Alastor Maugrey était en piteux état c'était le cas de le dire, et Razvan était soulagé de voir qu'on ne lui avait pas demandé de l'achever une bonne fois pour toute. Il vivait cependant dans l'angoisse que ce soit sa prochaine mission au service du Seigneur des Ténèbres, mais il fit de son mieux pour effacer sa crainte de ses yeux lorsqu'ils se posèrent sur l'homme parfaitement réveillé qui se trouvait dans son lit. « Bonjour Monsieur Maugrey » le salua-t-il poliment de sa voix chaude. Son accent, si reconnaissable, ne permettait toutefois pas de trahir l'état d'esprit de son propriétaire. L'espoir qui envahit le cœur du patient brisa un peu plus celui de son médicomage traitant, qui s'avança dans la pièce en s'asseyant à côté de son lit, mais à une distance raisonnable toutefois pour ne pas se faire étrangler si sa réponse ne lui convenait pas. « Eh bien... ». Hésitation. Malaise. Sa jambe était ruinée, elle ne pourrait absolument pas repousser. Rien de ce qu'il avait étudié en Europe de l'Est ne laissait envisager une telle guérison et les sorciers anglais semblaient tout aussi démunis que lui. La médecine, tout simplement, n'était pas encore suffisamment avancée pour permettre pareil exploit. « Je ne peux faire repousser un os que s'il reste la carcasse, Maugrey » avoua-t-il doucement en croisant ses mains sur ses jambes. Et autant dire qu'il ne restait rien de la jambe de l'Auror. Un puzzle, tout au plus. Impossible à réparer. Razvan prit un soin tout particulier à ne pas montrer encore les fioles que l'Auror refusait d'avaler. « Je suis infiniment désolé » lui confia-t-il sincèrement avant d'ajouter : « Elle vous fait mal ? » ajouta-t-il calmement de sa voix la plus douce. Ce n'était certainement pas une partie de plaisir que de se retrouver avec un membre en moins, mais tout ce que le roumain pouvait y faire, pour l'instant, c'était de lui donner du temps et du repos sans souffrance. Cela aurait pu être faisable avec un patient banal. Mais celui qu'il avait en face de lui était tout, sauf ordinaire.


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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Mar 7 Mai 2019 - 23:55

Un homme qui peut plus marcher et donc plus aller en mission. Un homme qu’on essayerait de convaincre que non, il pouvait encore faire des choses utiles dans cette guerre… Mais quoi ? De la paperasse alors qu’on manquait cruellement de sorciers sur le terrain ? Un homme désespéré qui implorait qu’on lui rende sa jambe comme un gamin qui pleurait pour sa maman. Même plus un homme, un demi homme, c’était tout ce que je pensais être devenu. A mesure que les souvenirs de la veille me revenaient, j’essayais d’analyser ce qui avait merdé dans le plan. Comment j’avais pu me laisser piéger au point de finir avec une jambe en moins. Je me souvenais bien de l’explosion, arrivée de nulle part, pendant que les sortilèges fusaient. Avant ça, on dominait assez bien la situation, bien qu’un sortilège tranchant comme un bon couteau de boucher m’avait déjà enlevé le bout de deux doigts. Mais après l’explosion, qui avait pris ma jambe et m’avait brûlé quelques bouts de peau (en plus d’un bout de barbe, les enfoirés !), j’avais perdu connaissance pour me réveiller seulement à Sainte Mangouste. Les collègues disaient que j’avais eu de la chance. De la chances mes fesses !
L’arrivée de Ravzan était la seule bonne nouvelle de la journée… quoi que très mesurée. J’étais assez lucide, malgré les bonnes doses de potions calmantes que les médicomages m’avaient donné. Je me doutais bien que j’allais faire un flop avec ma question. Si quelqu’un avait pu la faire repousser, ils auraient peut-être pas attendu que je hurle dans tout Sainte Mangouste et après toutes les personnes qui voulaient juste m'aider, pour me l’annoncer.
Alors dès qu’il a pris son air désolé, j’ai recommencé à me renfrogner en pensant à toutes les malédictions que je pouvais lancer aux fils de troll qui s’en étaient sortis la veille. Mais au fond, j’appréciais qu’il soit précis dans sa réponse. D’une logique implacable. Il s’agissait pas de guérir, mais de faire apparaître une jambe entière… J’étais certes têtu mais assez intelligent pour savoir que ça se faisait pas par magie, ni par aucun moyen.

« Un mal de chien. Comme si elle était toujours là… » marmonnais-je dans ma barbe en portant à nouveau mon regard sur le vide que formait l’absence de ma jambe droite, sous les draps.

J’avais déjà entendu parler de ce phénomène alors j’étais pas trop étonné que Vacaresco me pose la question. Mais j’étais loin de m’imaginer à quel point les mutilés exagéraient pas en parlant de leurs membres coupés comme s’ils étaient encore là. Tous les inconvénients et même pas l’avantage d’avoir encore ses deux jambes. C’était difficile à définir. Ca grattait comme si une colonie de botrucs était en train de faire son nid. Et en même temps, comme si j’avais la pire crampe de ma vie impossible à faire passer.
Razvan avait l’air sincèrement désolé alors j’ai décroisé les bras pour les laisser tomber sur les draps tout blanc. En même temps, je me déchargeais d’un coup d’une bonne dose de tensions et mes épaules et mon dos me donnaient l’impression d’être courbaturés d’être restés trop crispés. Je me sentais en confiance avec mon médicomage, alors enfin je pouvais me permettre de me montrer plus vulnérable.

« Qu’est-ce que je vais devenir ? Qu’est-ce que ça devient un auror avec une jambe en moins, hein ? »
C’est que c’est pas vraiment comme ça que j’avais imaginé prendre ma retraite. Et encore moins à cet âge-là, alors que j’avais à peine quarante ans. Dans ma famille, où pleins de mes parents avaient été aurors, il y avait des morts pendant l’exercice de leurs fonctions, d’autres qui avaient arrêté volontairement après une longue carrière, certains qui avaient préféré sacrifier leur carrière pour une vie de famille plus stable… Mais moi, je me voyais pas faire autre chose. Sans parler de l'Ordre du Phoenix. Et puis merde, c’était pas le moment de se reposer, avec l’autre fou qui prenait du pouvoir en Angleterre.
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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Jeu 9 Mai 2019 - 14:57

En tant que médecin, chaque journée apportait son lot d'horreur, et de malheur, mais également de joie. Peut-être que ces derniers moments étaient ceux qu'il fallait chérir pour faire abstraction du désespoir qu'amenait le reste. D'aucun pourrait dire que faire un métier dans lequel l'on assistait à des choses terribles signifiait surtout avoir un penchant vulgaire pour la souffrance que l'on s'inflige en regardant celle d'autrui. Toutefois en réalité, ce n'était pas cet aspect là qui motivait Razvan, mais bien la perspective de tendre une main et d'aider ceux qui en avaient besoin. Le regard désemparé d'Alastor Maugrey en disait long sur ce qu'il ressentait au fond de lui, amputé d'une partie de sa jambe et donc de lui-même. Si lui-même avait tous ses membres, il s'imaginait sans peine non seulement la douleur, mais également le choc de voir une partie de soit que l'on pensait éternelle, disparaître brusquement. Tous les amputés avaient une réaction similaire avait remarqué le médicomage, celle de ne pas y croire et de vouloir absolument le retour à une vie d'avant. Même si son patient sortait généralement de l'ordinaire sur tous les plans, il n'était finalement qu'un homme et l'on perdait souvent cela de vue lorsqu'on en venait à soigner des individus. On finissait par les voir comme des cas pratiques de ce que l'on avait étudié à l'école de magie, et non plus comme des êtres doués de sensibilité et d'intelligence. Aussi était-ce pour cela que Razvan avait toujours fait attention à écouter ce que ses patients avaient à lui dire, pour ne pas perdre une humanité qui le caractérisait... même si celle-ci tendait à être malheureusement engloutie par ses sombres activités.

Maugrey était un grand combattant, c'était un fait. Une partie de lui-même n'était-elle pas soulagée de savoir qu'il n'aura plus la même facilité à combattre ? Car le roumain n'était pas dupe et savait que tôt ou tard, sa baguette en bois de noyer noir finirait par croiser celle de l'Auror le plus célèbre du Ministère. Peut-être, alors, aurait-il sa chance ? Était-ce du soulagement ou de la culpabilité de penser cela ? Sans doute un peu des deux, en fait. Razvan n'était pas fou, il n'avait aucune chance contre un Alastor Maugrey en pleine possession de ses capacités. Mais ces dernières ne seraient-elles pas amoindries maintenant qu'il allait avoir des difficultés à marcher ? Comme notre homme culpabilisait de ses mauvaises pensées, qui se couplaient à ses mauvaises actions, il lui demanda s'il avait mal et en eut la confirmation. « Je suppose que vous ne voulez quand même pas de ça ? » demanda Razvan en extirpant de sa poche un petit flacon écarlate. Il soupira en le posant sur la table de chevet de Maugrey avant de se gratter le crâne d'un air circonspect. « Vous savez, Maugrey, quand je soignais encore des moldus dans les tréfonds de la Transylvanie, quand j'amputais des gens là-bas, ils n'avaient pas ça » - il fit un geste en direction du petit flacon, car il savait que son patient envoyait paître absolument tous les infirmiers qui essayaient de lui faire avaler quelque chose - « je me suis vite rendu compte à leurs dépends que nos organismes ne sont pas totalement similaires et que ce qui marche sur nous, ne marche pas forcément sur eux ». Il fit une pause pensive pendant laquelle il posa son regard sombre sur ce qui était, sous les draps blancs, le moignon du genoux de l'Auror. « Accepter les potions anti-douleurs et les potions calmantes, ne feront pas de vous quelqu'un de faible, ni même de pathétique » ajouta le médicomage d'un ton sage, sans cependant préciser que cela ferait au contraire de lui quelqu'un de particulièrement intelligent, « mais c'est vous qui voyez ».

Le roumain n'ajouta rien de plus. Il ne savait pas du tout si ses belles paroles convaincraient son patient d'accepter de boire ce flacon, mais au moins, il aurait essayé. Quoiqu'il en soit, il n'allait certainement pas le forcer. Maugrey était certes son patient, mais il était majeur et pire que ça, il était même son aîné. Il aurait été malvenu de lui faire avaler de force la potion anti-douleur pour qu'il cesse de penser à sa jambe pendant quelques heures. Pourtant, Razvan savait que même sans la douleur, l'esprit ne pouvait s'empêcher de se poser sur le membre manquant qui était toujours présent quelques jours auparavant. Une fois le corps guéri, c'était au tour de l'esprit. Et malheureusement, ce dernier ne se soignait pas de la même manière que la jambe. Nulle potion, nul élixir ne pourrait jamais remplacer une jambe. C'était certain. La plainte - ou en tout cas interprétait-il les paroles de Maugrey ainsi - le sortirent de ses réflexions et il ne sut pas quoi dire. Car le roumain doutait que lui conseiller une retraite bien méritée le satisferait. Ce qu'il voulait, c'était sa jambe et rien de plus. Toujours pensif, une main sous son visage aux traits durs, le médicomage se demandait s'il ne pouvait pas l'aider à sa manière. Ce ne serait pas une vrai jambe mais peut-être que cela le satisferait. « Vous désirez toujours travailler pour le Ministère ? » demanda le trentenaire en glissant ses yeux sur le visage émacié d'Alastor, « parce que j'ai peut-être la solution à votre problème ». Encore fallait-il qu'il l'accepte. Qu'il accepte la main tendue et qu'il accepte les échecs. Apprendre à marcher avec une jambe de bois n'était pas facile, et certains abandonnaient avant d'avoir pu maîtriser la chose. Cela faisait mal, aussi, surtout au début. Mais il avait devant lui un homme de conviction. S'il aimait réellement ce qu'il faisait, Razvan ne doutait pas qu'il était prêt à en payer le prix. Quel qu'il soit.


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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Jeu 23 Mai 2019 - 22:41

J’avais pêché par orgueil. De toute évidence, j’avais toujours pensé être intouchable, et même invincible. J’enchaînais les missions, un coup pour le ministère avec ma casquette d’auror, un coup pour l’ordre du phoenix, fidèle pion de Dumbledore, sans compter mes heures et surtout en oubliant mes besoins de faible être vivant – certes sorcier mais pas immortel. En témoignaient les cernes profondes qui marquaient mon regard de fou : elles ne dataient de toute évidence pas uniquement de ma nuit à dormir très mal, parfois assommé par les potions, puis hurlant comme un dément. La vérité était que je ne me rappelais même plus ma dernière nuit paisible, loin du demi-sommeil habituel ou des réveils en sursaut au moindre de bruit suspect dans la rue.
Cet échec qui m’avait coûté la jambe aurait même pu et même dû arriver bien plus tôt. Une distraction, un manque de concentration… Un trop plein de confiance en soi ? Les trois à la fois ?
Un auror têtu mais avec son lot de réussites, c’est ce que j’étais. C’était ? Mes désaccords avec le ministère – nombreux – n’avaient pas encore suffi à me faire renvoyer. Parce qu’ils avaient besoin de moi. Ma confiance en mes capacités, en mon talent dans la défense contre les forces du mal, m’avait mené à baisser la garde, malgré ce credo ancré en moi que tata Phylis répétait sans cesse jusque sur son lit de mort : Vigilance constante !

La potion que posa Razvan au bord de ma table de chevet me fit un instant de l’œil mais j’en détournais brusquement le regard, ma moue énervée vacillant pour laisser place, le temps d’une seconde, à une lueur d’envie de sauter sur la fiole pour la boire comme un homme qui n’aurait pas vu une goutte d’eau depuis des jours. Au même moment, les picotements de mon moignon semblèrent redoubler d’intensité et me firent l’effet d’une flamme qu’on passait inlassablement sur la peau à vif, meurtrie. La pensée fugace de tout arracher, le pansement, le bandage et même les draps dont je ne supportais plus le contact avec ma cuisse, me traversa et je posais une main crispée au niveau de mon aine. Mais la voix de mon médicomage reprit, chaude, presque une berceuse dont les accents emmenaient dans cette région, malgré les horreurs qu’il racontait.
Après un temps qui me sembla infini, la main hésitante, je me décidai à attraper la fiole, fis sauter son bouchon et la portai à mes lèvres tremblantes. Le liquide avait le goût de sa couleur, chaud, presque métallisé comme du sang qu’on viendrait de faire couler. Avec une grimace, je l’avalai et sa chaleur diffuse sembla cibler immédiatement ma blessure. Même mes doigts coupés en eurent pour leur douleur, que j’avais jusque-là ignorée, tout à ma jambe. « Ca fait du bien… » avouais-je dans un souffle, tout en me sentant encore plus faible ou pathétique, contrairement à ce que Razvan tentait de dire.
La douleur apaisée, mon corps se détendit, s’enfonçant plus profondément dans le matelas et mes pensées s’éclaircirent légèrement.
Devais-je m’estimer heureux d’être encore en vie ? Une jambe, qu’est-ce que c’était par rapport au corps entier ? Le destin m’envoyait-il un message m’intimant de lever le pied (au point de me le faire exploser ? Le destin aurait pu être un peu plus subtile…) ? Ou alors s’agissait-il carrément de prendre une retraite et d’aller couler des jours paisibles – peut-être même heureux – dans mon Ecosse natale ?
Maintenant que cette vie m’ouvrait les bras, l’idée de la frôler me hantait et m’angoissait. Etait-ce moi qui avais besoin du ministère ? Moi qui voulais m’y accrocher comme un enfant aux bras de sa maman la veille de partir pour une destination inconnue sans elle ?
Cette fois-ci, les paroles du médicomage n’eurent pas le même effet. Plutôt que de m’apaiser, elles me firent dresser la tête. Le seul mot « solution » s’imposa à mes oreilles et l’espoir de retrouver ma jambe vint à nouveau titiller mon esprit à la manière d'un moustique dont on n'arrive pas à se débarrasser. D’un geste agacé de la main devant mon oreille, je chassais cette idée : il avait été très clair sur l’impossibilité que je retrouve un jour ma jambe. Mais il ne semblait pas non plus mettre totalement de côté la possibilité que je puisse encore travailler au ministère.
« Si tu me dis que tu as des tuyaux pour que je bosse derrière un bureau… » continuais-je de tutoyer l’homme qui m’avait cessé de me vouvoyer depuis notre première rencontre, avant de continuer toujours maussade mais sans animosité pour mon ami : « tu peux aller te faire voir où je pense… »
Plutôt passer le balai dans l’allée des embrumes en sautillant d’une ruelle à l’autre que de faire de la paperasse pour le petit plaisir de Harold Minchum. Au fond, la jambe en moins n’était pas le problème : seulement la cause de ma déchéance à venir.
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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Dim 26 Mai 2019 - 1:58

La détresse autant que la souffrance étaient deux sentiments qui hantaient profondément Razvan Vacaresco comme il les avait ressenti un jour. Lors de certaines journées difficiles, le roumain continuait de les sentir, comme une terrible litanie qui lui rappelait tous ses plus mauvais souvenirs. L'angoisse et la peur des patients dont s'il devait s'occuper à l'hôpital, il avait l'habitude de les voir. Il avait l'habitude d'y assister. C'était d'autant plus dur lorsqu'il s'agissait de patients réguliers. Des gens à qui l'on s'est accommodé. Le médicomage faisait toujours attention à ne pas se montrer trop familier avec les gens qu'il soignait. C'était dans sa charte déontologique, après tout. Malgré cela, il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir souvent de la pitié, et de la compassion, lorsqu'il entendait les histoires qui avaient mené ses patients dans les lits impersonnels de Sainte-mangouste. Il aimait discuter avec les âmes qui se perdaient à l'hôpital, et il faisait parti de ceux qui pensaient que se faire soigner ne devait jamais être désagréable. Attendre le verdict était, en effet, suffisamment terrifiant comme cela. Si les médicomages étaient en plus insupportables, il n'y avait aucune raison de se rendre à l'hôpital. Aussi Razvan essaya-t-il de raisonner Maugrey calmement, simplement, et doucement, comme il savait si bien le faire, et comme il avait surtout apprit à le faire. Le forcer à avaler la potion n'était pas dans sa nature d'homme pacifique. Ironique adjectif pour un homme qui portait, sous un sortilège de désillusion, l'horrible marque qui présentait son allégeance au Mage Noir. Le sombre contraste entre sa vie officielle et sa vie officieuse était d'autant plus insupportable qu'une partie de lui ne pouvait pas s'empêcher d'être soulagée de l'affaiblissement de l'Auror. Malgré tout, l'autre partie de lui se demandait s'il n'y avait pas une solution à lui proposer, quelque chose pour l'aider. Le roumain aimait redonner un sourire, faire rire. Il aimait la joie et la bonne humeur, aussi solitaire fusse sa nature. Faire son métier lui apportait donc autant de joie que de malheur. Soigner les plus désespérés avec brio le faisait toujours sourire profondément. Échouer, à l'inverse, le rendait malade. Aider Maugrey lui permettrait assurément de dormir mieux le soir. Car même s'il n'avait rien à se reprocher dans la terrible attaque qui l'avait touché, Razvan connaissait ceux qui lui avaient fait ça. Il aurait pu donner leurs noms en quelques secondes à peine. Mais il ne pouvait pas. Il était autant lié à eux par sa parole que par le chantage qu'ils exerçaient sur lui. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était s'occuper correctement de son patient. Et cela passait par la solution calmante. Lorsqu'enfin, après son laïus, Maugrey accepta de boire la petite fiole, Razvan s'en sentit si profondément soulagé qu'il eut un sourire, ainsi qu'un petit soupir. Bien entendu que la potion le faisait aller mieux. C'était à cela qu'elle servait.

Pour autant, le roumain ne répondit rien à cela. Laisser le silence planer entre eux pour que son patient profite de la douceur de ses nouvelles sensations lui paraissait normal, et légitime. Il le méritait après la souffrance qu'il avait ressenti. Et puis, dans ce silence, Razvan commença à se dire que peut-être, il pouvait l'aider un peu plus. Il était son médicomage traitant, celui que l'on appelait toujours pour s'occuper de lui. Il connaissait davantage Maugrey que n'importe quel autre médicomage ici. Il le suivait depuis plusieurs années déjà. En un sens, sans doute qu'il le considérait comme un ami. Un ami un peu rustre, un peu particulier. Mais un ami quand même. S'il était difficile pour le commun des mortels d'avoir une conversation correcte avec l'Auror, lui, avait toujours su trouver les mots. Quoique la phrase insultante de l'Écossais veuille dire ! Sa vulgarité arracha un rire sincère au roumain qui en avait entendu bien d'autres dans son pays comme ici. Il était fréquemment insulté par certains patients, taxé soit d'insultes xénophobes, soit d'insultes que tous les médecins recevaient un jour. Cela ne dérangeait pas Razvan, et cela le dérangeait encore moins lorsque cela sortait de la bouche de Maugrey, qu'il connaissait assez pour savoir qu'il plaisantait. « Non non, vous n'êtes pas un homme de bureau » continua-t-il paisiblement en rangeant la fiole vide qu'il avait réussi à lui faire avaler dans sa poche, « je pensais plus à une jambe de bois. Vous pourriez continuer votre travail. C'est ce que vous désirez, non ? ». Attentif à toute réaction de l'Auror, le roumain le regarda attentivement, en attendant son assentiment. Il comprenait qu'il puisse refuser. Il comprenait qu'il n'y voit là qu'un objet de faible, que quelque chose qui rappelerait à tout le monde qu'il avait un jour failli. « Il faudrait un temps de rééducation... Mais je peux vous aider. Si vous le désirez ».


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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Jeu 4 Juil 2019 - 17:57

La douleur de ma jambe absente avait diminué, grâce à la potion de Vacaresco, jusqu’à ne devenir qu’une sensation désagréable qui provenait presque plus de mes propres souvenirs que de la réalité. Mes yeux ne cessaient de se poser furtivement sur ce trou sous les draps immaculés, comme d’une partie sur laquelle il ne fallait pas porter trop longtemps le regard, sous peine de rendre encore plus réelle la vérité. Chaque coup d’œil apportait un éclair de folie mélangé au désespoir, dans mon regard fatigué par la longue nuit que je venais de passer, et par les dernières semaines de travail et de missions combinés.
La potion ne voulait pas faire disparaître cette boule de regret qui se formait au creux de mon estomac, et me donnait envie de vomir de dégoût. Une part de moi s’imaginait toujours pouvoir retourner en arrière, corriger l’erreur qui avait coûté ma jambe. Cette part-là même qui osait à peine porter un regard sur la jambe coupée, comme s’il s’agissait de l’intimité d’une femme pudique que j’aurais respectée.
Mais le calme mesuré grandit au fur et à mesure que la potion faisait effet, ou bien la douleur ainsi disparue me rendit moins farouche de cette jambe qui n’était plus mienne. Aussi ce fut enfin l’occasion d’observer un peu mieux ce moignon nouveau, de se l’approprier comme une nouvelle cicatrice qui marquait mon corps d’homme de terrain. La pudeur et la honte de cet handicap m’empêchèrent d’enlever le drap et les bandages pour l’observer frontalement, en face de mon médicomage, mais même une fois que je serais seul, plusieurs jours seraient nécessaires avant d’oser porter un regard direct au moignon nu.  
Je tentais de soulever cette cuisse raccourcie, qui sembla alors secouée d’un léger spasme. Il n’y avait plus de genou, mais le muscle de la cuisse semblait vouloir plier cet absent. La seule articulation qui pouvait encore fonctionner était celle de la hanche. Il me semblait que même ce pied, ce mollet et ce genou en moins, ma jambe n’avait jamais été aussi lourde qu’à cet instant-là et que même toute la volonté du monde ne serait pas suffisante pour la faire se soulever.
Le médicomage éclaircit alors sa pensée et j’abandonnai ma tentative de faire plier ma jambe à ma volonté, portant un regard de fou sur l’homme dont les yeux noirs contrastaient avec le bleu limpide des miens.
Une jambe de bois. Je me remémorais les contes de pirates qu’on racontait aux enfants. Le désespoir ne m’avait fait envisager que des solutions assez extrémistes jusque-là : soit le retour de ma jambe par magie, soit la fin de ce reste de corps handicapé que mon esprit rejetait d’un bloc. La jambe de bois m’avait semblé une demi-solution à un moment dans ma nuit enfiévrée : assez pour me tenir debout, insuffisant pour me mouvoir avec discrétion et agilité. Mais je l’avais repoussé dans les limbes des non-solutions en imaginant qu’il était impossible d’avoir recours à celle-ci pour une jambe coupée juste au-dessus du genou.
« Vous mentez pas ? » fis-je en attrapant brusquement l’avant-bras de Razvan, avec l’énergie du désespoir, ma poigne renfermant les derniers restes de force que mon corps comptait à ce moment-là. Etrangement, j’étais repassé au vouvoiement, comme si la solution ainsi présentée devait être prise avec un plus grand respect que celui que j’avais pourtant déjà pour le médicomage.
Quels mécanismes pourraient faire plier cette jambe pour me permettre de marcher ? Par quelles étapes devrais-je passer ? Quand pouvais-je espérer marcher ? Et travailler ? Les questions se bousculaient dans mon esprit et je pressais Vacarezco d’y répondre au plus vite, pour entamer le processus encore plus vite.

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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Lun 8 Juil 2019 - 16:12

Razvan était conscient que la psychomagie était une lacune dans son expérience. S'il faisait de son mieux pour faire preuve de tact, pour comprendre ses patients, certaines psychologies et façons de penser lui échappaient. C'était bien normal. Toutefois, il ne lui semblait pas se tromper en disant que l'amputation elle-même du membre n'était pas la chose la plus difficile à supporter. Le pire n'était pas la douleur, c'était le mental. Voir une absence là où il y avait auparavant un membre, ne rien sentir là où il y avait des muscles, et des nerfs. Être incapable de faire certains mouvements, adapter son quotidien. Tout cela étaient des choses qui pesaient sur l'esprit des patients, et au regard de celui qu'il avait sous les yeux, Maugrey ne dérogeait pas à la règle. Peut-être ressentait-il en plus de cela de la colère. La colère de ne pas avoir réussi à empêcher cela. La petit fiole qu'il lui avait donné avait apaisé la douleur physique, mais peut-être qu'au final, elle avait souligné celle mentale. Car maintenant qu'il ne se concentrait plus sur sa souffrance, il pouvait voir l'étendue de ce qu'il avait perdu. Si Razvan ne doutait pas que son patient était un homme au mental fort, il savait aussi que toutes les falaises avaient une fissure quelque part. Cette amputation serait peut-être celle de Maugrey. Ou peut-être pas. En tout cas, mangemort ou médicomage, le roumain avait sincèrement à cœur de l'aider et de l'accompagner dans sa rééducation. Apprendre à marcher avec une jambe de bois était difficile, mais faire accepter à l'esprit que c'était nécessaire et qu'on ne pourrait revenir en arrière l'était encore plus. Lorsque l'amputé lui sauta presque sur le bras, les yeux déments d'un espoir qui voulait dire qu'il pourrait continuer à être Auror, Razvan réalisa que c'était la première fois qu'il le vouvoyait depuis qu'ils se connaissaient.

Il n'avait jamais réellement douté du respect de l'Auror envers lui malgré ses injures et ses phrases vulgaires. Le médicomage avait accepté la personnalité de son patient telle qu'elle était, et c'était sûrement pour cela qu'il avait fini par devenir son médicomage attitré. Bien entendu, c'était Razvan qui allait s'occuper de sa rééducation. Entendre pleurer des infirmiers et infirmières parce que leur patient était réfractaire était trop courant pour qu'il l'accepte. Et puis, il connaissait bien Maugrey. Il devrait survivre.
Pensait-il.
La salle de rééducation était une grande pièce qui ressemblait au reste de l'hôpital. Sol aux carreaux gris, murs blanc. Le directeur de l'hôpital, qui qu'il soit, avait eu la présence d'esprit de ne pas mettre d'affiches de Quidditch ici. De longs mois plus tard, après un repos bien mérité et des soins appliqués, le roumain finissait de montrer à Maugrey comment fixer sa jambe sur son moignon. « Ça va, c'est comprit ? » demanda-t-il, toujours agenouillé devant lui, « vous pouvez le faire avec la baguette mais je trouve personnellement que c'est mieux de serrer à la main. Ça évite les accidents ». Combien de fois avait-il vu des gens tomber en se relevant parce que leur jambe de bois se dérobait sous leurs pieds uniquement parce qu'ils l'avaient mal serré ? Ou bien d'autres, encore, qui ne sentaient même plus le haut de leur jambe et qui n'arrivaient plus à marcher ? A côté d'eux, se trouvait comme une petite piscine ancrée dans le sol, qui était là, tout simplement pour remuscler les muscles flasques. La plupart de ceux qui en avaient besoin sortaient de plusieurs mois de soins dans un lit de Sainte-Mangouste et en avaient besoin. La piscine rééducative était très longue, guère très profonde et  était surplombée de deux espèces de rambardes pour que le sujet puisse s'y appuyer. Une petite pente se trouvait à l'intérieur pour y entrer en douceur, suivie dans sa hauteur par les deux rambardes. « Bon ! » expia-t-il son interjection, car lorsqu'il fallait commencer, il fallait commencer. Razvan se leva et tendit ses deux mains à Maugrey pour l'aider à se relever. Ils n'étaient qu'à deux ou trois pas du bassin, mais pour quelqu'un qui avait perdu sa jambe, c'était plus de deux ou trois kilomètres. « C'est normal que  vous ne soyez pas très à l'aise » le rassura quand même le médicomage en affichant un sourire de circonstance, « et promis, je ne vais pas vous lâcher ». Autant le préciser.


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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Lun 21 Oct 2019 - 22:40

La convalescence était longue et me rendait agité. Les semaines s’étaient écoulées, puis les mois depuis cet échec monumental qui m’avait fait perdre la jambe… et un peu de ma raison. Alité pendant toute cette période, le temps m’avait paru long et pourtant je ne manquais pas de visiteurs : les aurors qui avaient repris mes affaires en cours venaient encore régulièrement pour faire le point sur mes missions, sur l’actualité au ministère et je soupçonnais que plusieurs venaient aussi s’assurer que je ne me remette pas trop facilement, espérant que je ne reprenne pas ma place. Certains aurors venaient avec une double casquette : aussi membre de l’Ordre du Phoenix, ils étaient les relais nécessaires entre les informations glanées au cours de mes missions.
Forcé de rester au lit, d’attendre la cicatrisation de ma jambe, mon corps se ramollissait comme une pomme de terre oubliée au fond d’un tiroir, mais mon esprit s’échauffait. Je voulais marcher et je ne le pouvais pas. Tout au plus, je pouvais naviguer de mon lit à un fauteuil roulant dans lequel j’avais honte de m’asseoir et qui me portait ainsi très rarement dans les couloirs de Sainte-Mangouste. Ma jambe valide ne me portait que depuis peu, sautillant maladroitement tandis que mes mains s’accrochaient aux rambardes. L’espoir qu’avait fait naître mon médicomage était instable, telle la flamme d’une bougie. A mesure que le temps passait, je voyais mon corps faiblir encore plus qu’il ne l’était et je soupçonnais le personnel médical de tout faire pour que je ne puisse jamais me lever. Il n’y avait bien qu’en Razvan que j’avais confiance et sa voix chaude était la seule qui me ramenait un peu à la raison.
La décoration neutre de la salle de rééducation, encore plus que sa disposition étrange avec son bassin enterré, ne m’était d’aucun intérêt. Mon regard n’était fixé que sur ma jambe, la nouvelle, celle-ci qui n’était composée d’aucun os, d’aucune chair, mais de bois, de petites pièces en métal et de cuir. Bon élève, je hochais la tête avec un grognement d’approbation quand Razvan vérifia que j’avais compris son mécanisme. Je ne pouvais qu’approuver ses recommandations de serrer la prothèse autour de mon moignon à la main plutôt qu’à la baguette. La jambe m’était encore terriblement inconnue et me semblait un artifice sans valeur à côté de ce que j’avais perdu. Pourtant, j’étais déterminé à l’accepter : une part de moi savait qu’elle deviendrait bientôt une nouvelle extension de mon corps acceptable et acceptée aussi bien que ma baguette magique.
Rien au monde ne m’aurait fait avouer la peur qui serrait mon coeur quand Vacaresco lança le mouvement et se leva. Le souffle qui s’échappait de mon nez était profond, bruyant, et trahissait mon appréhension ainsi que le courage que j’essayais de rassembler. Les dents serrées, je prenais les mains de mon médicomage, les yeux rivés sur la prothèse. J’ancrais mon pied gauche dans le sol et tentais une première fois de me redresser, en vain. Je savais me lever sur ma seule jambe quand mon corps était allégé d’une jambe disparue, mais la prothèse semblait à ce moment-là peser plus que le reste de mon corps. “C’lourd…” marmonnais-je dans ma barbe rousse. Mais je n’abandonnai pas et recommençai, m’appuyant encore plus sur le Roumain. Ce n’est qu’à la troisième tentative que je parvins à me redresser sur mes dorénavant deux jambes. Tout mon poids reposant sur ma vraie jambe, la nouvelle touchait certes le sol mais ne supportait presque rien. Mon membre fantôme se rappela à mon bon souvenir sous la sensation d’une crampe et je vacillai légèrement en tentant d’étirer ce membre de bois et de trouver mon nouveau centre de gravité. Je n’avais pas honte de me tenir à Razvan comme un enfant le ferait avec sa mère, ce qui aurait bien été impossible avec quiconque d’autre. Finalement après un temps d’adaptation qui ne serait jamais suffisant, je relevais les yeux vers lui. “Je sens que je suis prêt à danser une valse avec toi, Vacaresco.” ironisai-je en jetant un oeil vers le bassin qui me paraissait bien trop loin. Debout face à lui, je me sentais incapable de lâcher ses mains pour faire mes premiers pas : j’aurais fini au sol en moins de deux. Alors sans le lâcher, je poussais ma cuisse vers l’avant, la prothèse accrochée au bout, glissant sur le sol de quelques centimètres pour un pas traînant. J’y fis reposer mon poids, découpant chaque étape de ce pas qui m’avait toujours semblé une évidence à faire. Le poids sur mon moignon n’était pas douloureux, sans être agréable. Rapidement, j’avançai ma jambe gauche, concluant ce premier pas, et soudain un grand rire sonore s’échappa de ma gorge, mêlant joie de “marcher” et désespoir de voir tout le chemin qu’il restait à parcourir pour réellement marcher.

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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Lun 28 Oct 2019 - 11:51

Razvan avait bien conscience de l'outrage que cela représentait pour un homme tel qu'Alastor Maugrey d'être aidé comme un infirme pour faire quelque chose d'aussi simple que quelques pas. Il devait se dire, malheureusement, que même un enfant d'un an en serait capable et que lui, du haut de ses quarante-deux ans, il n'y arrivait même plus. Le roumain de ce fait, se contentait d'agir le plus normalement possible avec lui. Il était certes là pour lui proposer de l'aide et pour l'aider à s'habituer à la prothèse, mais il n'était ni là pour juger, ni pour le faire souffrir. L'Auror avait assez souffert et son travail désormais se résumait à lui en éviter plus. Patient, bien entendu, le médicomage se contenta d'un sourire encourageant devant les tentatives répétées de Maugrey pour se lever. Il comprenait bien qu'il voyait cette séance comme revêtant un caractère particulièrement humiliant. Et fort heureusement pour lui, il n'y avait pas grand monde dans la salle de rééducation vu l'heure. C'était bien pour cela qu'il avait placé leur première séance à ce créneau-là. « Vous n'aurez bientôt plus de crampes » le rassura-t-il devant sa légère grimace, « question d'habitude ». Avec le temps, son moignon le ferait moins souffrir également. Les premières marches ne sont jamais les plus aisées, ni les plus agréables. Razvan n'avait donc nullement l'intention de forcer la chose. Si son patient était fatigué à un moment donné, ou souhaitait arrêter, il ne dirait rien. Il n'était ni là pour le braquer ni là pour l'humilier et avec le temps et les années, le roumain avait compris qu'il y avait une méthode à suivre pour se trouver dans les faveurs de l'Auror. Sa plaisanterie l'étonna mais loin de le laisser pantois, elle arracha un grand sourire amusé au roumain qui répondit naturellement : « Jambe de bois ou pas jambe de bois, vous serez sans aucun doute plus gracieux que moi pour une valse ». Razvan n'avait aucune notion de danse et il n'était clairement pas battit pour cela. Si son métier requérait des gestes doux et consciencieux et s'il était capable de faire correctement les choses, dès lors qu'on le sortait de son domaine de compétence, c'en était fini.

Ils continuèrent de s'avancer lentement vers le bassin et Razvan, sans aucun doute, était agréablement surprit de ne pas entendre Maugrey se plaindre, ni même l'insulter. Cela n'avait même rien d'un calvaire et le médicomage, qui avait les yeux rivés sur la prothèse de bois pour vérifier les mouvements du pauvre homme, releva brusquement la tête en entendant son patient rire sincèrement. C'était incongru autant qu'inattendu. L'entendre rire lui fit prendre conscience qu'il avait sur ses épaules une chape de stress stupide alors qu'il était le médicomage et non le patient. Il ne saurait imaginer ce qu'il avait dû ressentir lui-même lorsqu'il lui avait serré la jambe de bois un peu plus tôt. La honte d'être jugé ? La honte d'être infirme ? L'angoisse de ne même pas être capable de se lever ? « L'eau vous servira à remuscler vos jambes » lui expliqua-t-il gentiment alors qu'ils avançaient lentement, « mais vous accomplissez plus là que n'importe quel autre patient que j'ai vu ». Peut-être que la hargne de Maugrey en combat se reflétait aussi dans sa farouche volonté de vivre et de se battre encore. Sa vie professionnelle et sa vie personnelle devaient être beaucoup trop imbriquées l'une dans l'autre pour en faire la différence, qu'il accumulait ainsi deux volontés pour n'en faire plus qu'une. « Votre volonté est meilleure que n'importe quelle prothèse que j'aurais pu vous mettre » lui dit-il avant de se taire. La volonté était le meilleur des traitements, il n'était pas le premier à le dire et il continuerait de le faire. Razvan avait vu des miracles dans son pays. Cela ne l'étonnerait pas au fond d'en voir un de plus ici.


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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Dim 3 Nov 2019 - 11:39

Spoiler:


Imaginer que Razvan pouvait être moins gracieux que moi-même lors d'une valse était à mourir de rire et m'arracha une exclamation amusée. Nous aurions très bien pu concourir pour la place du pire danseur d’Angleterre et se retrouver en concurrence pour remporter le trophée. Mon rythme de danse était comme j’étais sur le terrain : brusque et sans délicatesse, même si l’exactitude et la précision étaient parfois nécessaires pour mener à bien une mission. Marcher sur le pied de ma cavalière avec une jambe en bois serait à l’avenir bien plus douloureux dorénavant, mais avant qu’une cavalière ait envie de danser à mon bras d’ours, j’avais encore le temps de perdre ma deuxième jambe et de ne plus jamais pouvoir me relever.

Ce premier pas avait été douloureux et ardu… Mâchoire serrée, poignets accrochés aux avants-bras du médicomage et regard rivé sur mes pieds, mon rire soudain contrastait avec toute la situation. Profitant de la pause que me permettaient les courtes explications de Razvan, je me redressais de toute ma taille, le dos droit et le regard vers le bassin, tandis que je soufflais fort par le nez. Du haut de mon mètre quatre-vingt-trois, je me sentais bien diminué depuis la dernière fois que j’avais pu me tenir ainsi sur deux jambes et je savais que lâcher les deux bras du Roumain n’aurait fait que m’envoyer au sol. La confiance que mettait le médicomage en moi me semblait légèrement démesurée mais avait le mérite de m’encourager. L’entendre formuler me donnait l’impression que tout ça n’était pas vain et impossible.

« Actuellement je préférerais plutôt un verre de whisky pur feu… » grommelais-je quand il mentionna les bienfaits de l’eau du bassin pour mes muscles. « Si t'as ça sous la main, je peux te dire que j'y courrais ! » m'exclamais-je avant que je soulève ce qui me trottait dans la tête depuis quelques instants déjà. « T’aurais aussi pu me jeter directement dans ta piscine, plutôt que de me torturer à marcher jusque-là bas, non ? »

Pourtant je n’abandonnai pas et avec un signe de tête, je lui signifiai que j’étais prêt pour mettre à l’épreuve ma volonté comme ma prothèse en continuant mon avancée. Une voix d’enfant résonnait en moi, geignant qu’il n’y arriverait pas aujourd”hui, que c’était trop difficile, que ça faisait mal, ce à quoi une autre voix répondait que s’échapper aujourd’hui, c’était s’abandonner à une vie de vieillard incapable et qu’il faudrait que ce soit du sang qui coule pour accepter de s’arrêter aujourd’hui et pas des larmes de bambin effrayé.
La sueur s’accumulait sur mon front alors que les efforts pour me déplacer vers le bassin me semblaient requérir plus de ma force que tout dans ma vie jusque-là. Je n’osais regarder derrière Razvan de peur de voir le bassin toujours trop loin et de ne pas pouvoir retenir un sanglot désespéré.
« Y’s’passe quoi si j’arrête là ? » murmurais-je, honteux d’avoir laissé échapper cette demande, cette hésitation qui était aussi décevante pour moi qu’elle devait l’être pour le médicomage. Je ne capitule pas, je m’informe simplement, tentais-je de me convaincre. C’était peut-être trop pour une première fois, trop pour mes forces, pour mon moignon, pour ma tête. Je ne suis pas un être si exceptionnel.

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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Lun 11 Nov 2019 - 14:54

Razvan et la danse, ce n'était pas forcément une association logique de prime abord. Et lorsque l'on connaissait un peu mieux le roumain, cela ne devenait pas plus logique. Il n'était pas franchement très doué pour comprendre un rythme et s'il n'avait pas de difficultés pour apprendre toutes les vertèbres du corps humain, apprendre des pas de danse relevait de la torture la plus vulgaire. Il avait bien essayé, et il avait copieusement échoué. Avouer cela à Maugrey le rendait peut-être plus humain à ces yeux de patient qui ne le voyait sans doute que comme un médicomage. L'on avait souvent l'impression que les employés quelconques n'avaient pas de vie personnelle, pas de tracas, ils n'étaient que l'émanation de l'administration, alors qu'en réalité, ils étaient comme tout le monde. Ils avaient leurs convictions, leurs connaissances, et leurs amis. Ils avaient les mêmes problèmes que tout le monde et les mêmes joies.

Le premier pas de Maugrey était laborieux, mais c'était normal. Certains n'arrivaient pas à se lever, pleuraient, étaient résignés. Or il y avait chez son patient une farouche volonté de retrouver sa vie d'avant et Razvan ne s'attendait pas à autant de volonté pour simplement une jambe de bois. Aussi le roumain se montrait-il encourageant, bien que l'exercice qu'il exigeait de son patient était dur. Il avait grandi dans l'Est, il avait étudié à Durmstrang. Si le médicomage avait un caractère plutôt agréable et sympathique, toute une éducation restait ancrée en lui. Il n'était pas du genre à se plaindre, pleurer ou décider être aidé, ce n'était pas dans sa nature. Sans doute se rapprochait-il de Maugrey pour cela. Il se doutait que son patient ne pouvait l'en blâmer. Exiger le plus dur pour obtenir le meilleur, telle était peut-être sa philosophie. La remarque de son patient sur le whisky lui arracha un sourire sans commentaire d'abord. La seconde réflexion fit relever la tête du roumain qui étira un sourire plus défiant, quoique paisible toujours. Le calme de Razvan était toute une institution qu'on lui avait enseigné plus violemment qu'il aurait aimé. « Non » répondit-il paisiblement, « je veux vous montrer que vous êtes capable de le faire ». Son accent hachait davantage ses mots que son intention le voulait. « Si vous arrivez à marcher quelques pas pour une première fois, où serez vous la semaine prochaine ? Et la suivante ? Où pensez-vous être le mois d'après ? Si je vous ai fait marcher maintenant, c'est parce que je vous en croyais capable et j'avais raison, vous en conviendrez » continua-t-il calmement.
Ils avançaient, toujours ensemble, lentement mais sûrement, jusqu'à ce que la voix sourde de Maugrey ne les arrête tous les deux. Razvan releva ses yeux vers lui, surprit. « Mais nous sommes arrivés ! » répondit-il, ravi de lui montrer juste derrière lui, le bassin d'eau bien rempli. Ce dernier n'était qu'à trois pas, ou quatre, de la chaise de laquelle il l'avait fais se lever. Néanmoins, le roumain n'était pas un idiot. Forcer un patient n'était jamais l'idée du siècle et il se montra pédagogue : « Je ne m'opposerai pas à ce que vous vous arrêtiez là » lui confia-t-il gentiment, « vous êtes libre de moduler cela comme vous le désirez. Je n'ai jamais forcé personne et ne le ferai jamais ». Il accompagna ses paroles d'un geste, en sortant sa baguette pour faire approcher le fauteuil roulant de l'auror juste derrière ce dernier, pour qu'il puisse tomber dedans si l'envie le lui prenait.

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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Dim 12 Jan 2020 - 18:30

J’avais espéré que le médicomage prenne ma plaisanterie sur le whisky avec humour mais aussi un brin de sérieux et qu’il sorte d’une poche magique une bouteille au liquide ambré pour m’en proposer une rasade : ça aurait été un vrai plaisir. Mais mon espoir se trouva rapidement déçu quand il n’en fit rien. Il me faudrait souffrir sans le ravissement d’une gorgée d’alcool.
A la place, j’eus le droit à un petit discours d’encouragement sur le chemin parcouru et à parcourir. Encore une fois, l’humour me servit d’arme de réponse : je préférais rire et raconter n’importe quoi, à défaut de faire rire Vacaresco, ça me distrayait de la douleur et des petites gouttes qui se formaient sur mes tempes et mon front.

“A ce rythme, je vais finir chez les Froggies.” fis-je semblant de prendre ses mots au pied de la lettre. “Et la piscine, c’est pour m’entraîner à traverser la Manche ?” murmurais-je, le souffle me manquant un peu sous l’effort.

Je baissais finalement les bras, je rendais les armes, j’abandonnais le projet, je renonçais peut-être même à marcher un jour et la honte était bien présente, tellement que je fixais mes pieds comme un gamin pris en faute, plutôt que de regarder mon médicomage dans les yeux. Si les mangemorts m’avaient envoyé un pied dans la tombe, j’avais l’impression que l’aveu de ma faiblesse à ce niveau là signait mon propre suicide social et professionnel et que je terminais moi-même leur travail bâclé, inachevé. Ha qu’ils seraient satisfaits de me voir à cet instant, comme un vieillard qui ne peut pas tenir debout seul ni avancer sans s’appuyer sur un autre homme ! Le grand Maugrey réduit à l’état de bambin pleurnichard…

« Mais nous sommes arrivés ! » me déclara Vacaresco et je relevais les yeux de mes pieds pour constater qu’il ne se moquait pas de moi, que l’eau était en effet juste là, avec sa rampe descendante. J’osais pas regarder derrière moi, parce que je savais que le chemin parcouru était pas si important que ça, même si ça m’avait semblé colossal, et que je me sentirais pas mieux de voir que la chaise était qu’à trois ou quatre pas derrière nous.
“J’espère au moins qu’elle est bonne…” que j’ai fait avec un coup de tête vers la piscine. C’était ma façon de lui dire : ok, on continue alors, si on est si prêts du but de la journée, on se mouille jusqu’au bout, Fallait croire que c’était l’heure du grand bain !



Le grand bain, je l’avais pris encore et encore que je m’étonnais d’ailleurs que là, plusieurs mois plus tard, j’avais pas encore la peau toute frippée d’avoir passé toutes ces heures à évoluer dans la piscine. Les jours étaient devenus des semaines, puis des mois et comme Razvan avait dit, j’étais allé loin. Pas jusqu’en France, comme j’avais plaisanté au début, mais les exercices m’avaient repoussé dans mes retranchements, plus encore que la formation d’aspirant auror quand je sortais à peine de Poudlard.
Et aujourd’hui, j’étais prêt. Bientôt, je ferais mon grand retour au ministère de la magie. Entre temps, j’avais pu mettre mon temps à profit pour l’Ordre du Phoenix, mais bien sûr uniquement à des affaires de paperasses et d’organisation. Là, c’est bon, j’avais presque le feu vert pour reprendre le boulot et donc, refaire un peu de terrain. Plus de six mois étaient passés depuis l’attaque où j’avais perdu ma jambe.
J’avais mis ma jambe de bois articulée tout seul : avec le temps, j’avais appris à la serrer comme il le fallait et mon moignon s’était habitué à ce poids mort, la peau endurcie. J’avais fait le chemin jusqu’à la salle de rééducation où m’attendrait mon médicomage : ma démarche était loin de celle d’avant, plus lourde, moins rapide bien sûr et légèrement boiteuse parce que malgré l’articulation recréée par la prothèse, rien ne remplacerait la vraie chaire, les tendons et les os.
La porte de la salle était déjà ouverte et j’y entrais tout en m'éclaircissant la gorge. “Vacaresco.” ai-je salué en m’approchant de lui.
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MessageSujet: Re: Un pied dans la tombe | RAZVAN Un pied dans la tombe | RAZVAN  129196351Dim 12 Jan 2020 - 19:01

Avoir Maugrey en patient n'était sans doute pas la promesse d'une après-midi reposante, mais elle avait au moins le mérite d'être amusante. L'Auror avait un humour décapant qui amusait grandement le roumain. Il se sentait même soulagé de maîtriser assez la langue de Shakespeare pour comprendre toutes ses plaisanteries, bien que le terme de "Froggies" lui échappa complètement dans un premier temps. Cela dû se lire sur ses traits puisque que son patient évoqua l'idée de traverser la Manche. C'était immédiatement beaucoup plus amusant de comprendre qu'il désignait les français par cet adjectif fort peu sympathique. Mais il ne répondit pas, et se contenta de sourire. L'expression de ses traits ne sembla pas donner plus de courage au sorcier amputé, et Razvan cru, sincèrement, qu'il allait abandonner. Mais dans l'âme de Maugrey brûlait un feu ardent et une volonté sincère de s'en sortir et le roumain ne pouvait que reconnaître cela.

Les mois passèrent rapidement, les patients s'entassaient, toujours plus nombreux dans les salles d'attentes, mais aujourd'hui, Razvan Vacaresco avait rendez-vous avec un patient qui était enfin libre de voler de ses propres ailes. Maugrey avait accompli des progrès immenses qu'il ne cessait de lui souligner. Le roumain, qui signait des papiers derrière son bureau, releva ses yeux sombres sur l'homme qui l'avait interpellé. Il l'invita à prendre place en face de lui, se leva et lui tendit la main pour la lui serrer. « Bonjour Maugrey » le salua-t-il en retour de sa voix chaude marquée des accents de l'Est, « enfin une entrevue que vous ne regretterez pas, je l'espère ». Razvan afficha un sourire ravi. Le rétablissement de son patient était quasiment parfait, et il pouvait reprendre le travail. Il le lui avait déconseillé, bien entendu, animé par sa volonté de médecin autant que sa volonté de mangemort, mais il n'en laissait rien paraître alors que son tatouage morbide dansait sur son bras. « Vous vous êtes quasiment totalement rétablit, Maugrey, félicitation. Vous avez mon aval pour retourner travailler au Ministère » formula-t-il en lui tendant un premier papier à signer, « j'espère ne plus avoir à vous revoir à Sainte-Mangouste ». Razvan continuait malgré tout de sourire et lui tendit un second papier, pure formalité administrative dont il ne s'embarrassait pas en Europe de l'Est. Il se leva et l'invita d'un geste à se diriger vers la porte et se mit sur le pas de celle-ci en tendant de nouveau sa main à l'Auror. Le roumain espérait garder une relation cordiale avec lui plutôt que de l'affronter sur un champ de bataille... « Je vous souhaite le meilleur. Et veillez à vos membres » se permit-il un trait d'humour qu'il aurait jugé mal-avenu avec n'importe qui d'autre qu'Alastor Maugrey.
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