Jyn arrachait l'herbe par touffes dans le parc du château, pensive. Le soleil était doux sur sa peau d'albâtre et elle se sentait bien. Un vent frais, mais sec, balayait ses cheveux blonds alors que le lac du château en face duquel elle se trouvait assise, était absolument paisible. La jeune fille réfléchissait. La fin d'année approchait mais elle ne savait pas encore si son été serait similaire au précédent. Comment le pourrait-il ? L'an passée, elle était encore une orpheline rongée par la curiosité de savoir qui étaient ses parents biologiques. Aujourd'hui, elle les avait trouvé, et elle était profondément déçue. Le dédain de sa propre mère à son égard l'avait laissé pantoise, le mutisme de son père dans un premier temps, l'avait profondément blessé parce que c'était de lui qu'elle se souvenait un peu. Il avait bien fini par la rattraper dehors, alors qu'il pleuvait des cordes. Mais le coeur de Jyn était en miettes. Elle arracha avec violence une nouvelle touffe d'herbe qu'elle envoya droit dans le lac. Un éclat de rire plus loin fit détourner les yeux bleus de la jeune fille pour les pointer sur... Horreur et malédiction. Alexander Sinclair. Sur le qui-vive, elle sortit sa baguette en bois de houx, prête à lui jeter le crache-limace de sa vie s'il s'approchait à moins de 3 pieds d'elle. « Va t'en ! » l'invectiva-t-elle en parlant bien fort pour qu'il l'entende. Jyn failli ajouter qu'elle désirait la paix mais se sentait-elle réellement d'humeur à se disputer avec ce petit noble ? Pas vraiment. Le coeur de la galloise saignait toujours de tous les événements qu'elle avait vécu malgré elle, et elle ne trouvait guère plus d'attrait à rien, pas même à la plus belle dispute du siècle avec Alexander Sinclair.

Le printemps était la saison préférée d’Alexander. La venue des beaux jours, les journées plus longues et le réveil de la végétation du château.
Les petites balades printanières étaient agréables et c’était l’occasion de prendre l’air avant d’attaquer les révisions du soir. Alexander était très organisé et ses études étaient millimétrées pour arriver au top. Il se baladait souvent accompagnés de camarades, souvent Barty son fidèle acolyte Serdailge, mais aussi Kalia avec qui il aimait passer du temps pour étudier les êtres magiques.

Ce jours là, il était seul pour une bonne raison. Il avait vu la petite Jyn Dawkins se rendre dans le parc du château. Jyn et Alexander était comme deux trolls des montagnes qui se battaient sans cesse pour se mettre des coups de gourdins. Depuis la première année, ils continuent à entretenir ce crépage de chignon éternel.
Mais, Alex aimait bien Jyn. Elle ne le savait sûrement pas mais l’héritier Sinclair avait remarqué le charme de la jeune poufsouffle. Sa chevelure dorée, ses beaux yeux bleus, son attitude réservée et parfois même sauvage épatait Alex. Les disputes qu’ils entretenaient faisait du bien au petit prodige. Comme si il en redemandait toujours. Et puis, elle était écossaise, ce qui l’a rendait forcément intéressante.
Au fond, il l’a considérait presque comme une amie, sans véritablement croire à cette réciprocité. Cette jeune femme incoercible et pour le peu grognon intriguait Alex. Il s’avait au fond que si Jyn n’avait pas beaucoup d’ami et qu’elle était si distante vis-à-vis des élèves de l’école, c’est qu’elle n’était pas bien. Quelque chose se tramait dans sa vie, et cette énigme faisait fabuler l’esprit de Sinclair.

Une fois dans le parc, Alexander remarqua facilement Jyn à son écharpe jaune. D’une humeur plutôt joviale, il avait l’intention d’embêter un peu la poufsouffle. Dès qu’il fut repérer, la baguette de Jyn était pointer sur lui. Il était impressionné, une telle dextérité méritait des louanges.
« Va t-en! » s’écria-t-elle. C’était clair comme de l’eau de roche. Elle n’avait vraisemblablement pas envie de discuter.  Ils avaient l’habitude de s’envoyer quelques sortilèges, mais la dernière fois, ils avaient éviter l’infirmerie de peu. S’envoyer des maléfice de croche-pied dans les escaliers du château avait été une mauvaise idée. Alors d’un ton plus diplomate, Alexander invoqua son air le plus charmant: « Écoute Jyn, je pense que tu te souviens des chutes que nous avons évité l’autre fois dans les escaliers. Et si tu baissais ta baguette s’il te plaît ? Tu avais l’air très pensive en arrachant tes touffes d’herbes ? »
Alexander esperait une réponse plus chaleureuse qu’un sort de crache limace.

Quiconque connaissait un peu Jyn ne pouvait que savoir qu'elle était une farouche étudiante, guère docile et qu'elle se montrait explosive avec toute personne ayant le malheur de la contrarier ou pire, la provoquer. Elle était faîte de cette pierre explosive, celle qui descend des grands écossais du nord de l'Ecosse, et bien qu'elle eut été élevée dans une famille galloise plus tempéré, son revêche ADN avait tendance à resurgir par vague. Aussi fut-il logique qu'elle invective Alexander Sinclair de cette étrange manière, sans grand espoir, toutefois, qu'il la laisse véritablement tranquille. Sa baguette avait beau être pointée sur lui, la jeune fille ne portait pas la magie dans son coeur parce qu'elle considérait celle-ci comme un parasite rampant qui lui donnait envie de vomir. La véritable magie de la poufsouffle était à trouver dans la nature elle-même et c'était là-dedans qu'elle se devait de puiser. Si elle ne comprenait pas encore tout à fait pourquoi elle était sensible à cette magie-ci, elle avait très bien conscience qu'elle n'était point sensible à celle canalisée dans une baguette. L'air le plus angélique du jeune homme ne pouvait suffire à apaiser le feu ardent de son coeur, bien que sa voix, plus douce que d'habitude ne semblait pas se moquer d'elle. Devait-elle se méfier de lui ? Devait-elle fuir ? Oh, l'envie de fuir, la jeune femme l'avait, elle l'avait profondément car elle n'avait pas le courage des Gryffondors. « Tu crois que j'ai envie de devenir ton amie ? » demanda-t-elle avec la force du désespoir, « tu penses que j'ai envie de te parler ? ». Jyn n'était pas faite un bois très flexible ayant tendance à se casser. Elle pouvait s'avérer rigide, intraitable, encore plus lorsqu'étaient en ligne de mire, ses sentiments les plus profonds et les plus secrets. Le secret de son abandon, elle le gardait au fond d'elle comme un pêché originel dont elle ne voudrait piper mot, pas même au prêtre. Personne, sauf Wilda qui n'était plus à Poudlard de toute manière, ne savait. Malgré tout, elle se sentit stupide à le pointer avec sa baguette, alors qu'ils savaient tous les deux qu'elle n'était pas d'humeur pour se battre avec lui aujourd'hui. Jyn baissa son arme, arborant néanmoins un air revêche, et retrouva sa place initiale dans l'herbe.

Spoiler:

Evidemment Jyn n’allait pas faciliter les choses. L’écossais voyait bien qu’elle n’utilisait pas son ton agressif comme à l’accoutumé. Elle était toujours sur la défensive mais bien plus affectée par les répliques d’Alex. C’est vrai, pour une fois, les deux élèves ne s’envoyaient pas de maléfice pour communiquer, ce qui était plutôt rare. L’attitude de la petite pouffy était bancale: elle semblait tout aussi sauvage, mais au lieu d’incendier son rival, elle lui posait des questions. Comme si finalement, elle avait peut-être envie que quelqu’un lui tende la main. Avec ses questions, Alex avait tout le loisir de lui répondre gentiment. Certes, leurs chamaillerie le faisaient rire mais cette fois c’était le grand coeur du sorcier qui parlait.
« On pourrait essayer de s’échanger quelques mots à la place de sortilèges en tout genre ? Je doute que tu veuilles de moi comme ami mais… » Alexander hésitait, il redoutait le caractère explosif de son interlocutrice mais il avait bien envie de l’aider et de percer à jours son ou ses secrets. Pourquoi avait-elle l’air si seule ? Et si perdue… si triste ?
Le fait qu’elle baisse sa baguette était une lueur de paix. Elle pouvait la dégainer aussi vite qu’elle l’avait fait précédemment mais c’était un bon début. Sinclair se voyait comme un écossais voulant dompter un Noir des Hébrides. Non pas pour la soumettre mais pour l'aprivoiser afin de l’aider.
« … mais on pourrait papoter en arrachant de l’herbe. » En arrachant de l’herbe sérieusement ? Quel piètre négociateur il faisait. Il ne s’attendait pas à un grand monologue de la part de Jyn, mais s’il arrivait à décrocher quelques mots, sans colère, se serait bien.

L'affabilité d'Alexander était surprenante aux yeux de Jyn. Elle ne savait pas bien s'il essayait de la piéger pour se moquer d'elle, ou s'il se montrait sincère. La galloise n'avait pas le troisième œil, elle n'avait même aucun talent particulier en divination de manière générale, et elle pensait que c'était mieux comme cela. Même si, toutefois, savoir qu'elle allait rencontrer de manière aussi abrupte ses parents - qu'elle avait fabulé de façon générale et de toute évidence, un peu trop à leur honneur - lui aurait été d'un grand secours pour la prévenir du choc psychologique qui avait ébranlé toutes les fondations de son esprit. Jyn avait passé toute sa vie, aussi loin qu'elle s'en souvienne, à ériger des murs pour vivre à peu près bien, pour profiter un minimum de ce qui se passait autour d'elle sans ressasser continuellement le traumatisme qu'elle avait subi à presque cinq ans. Au lieu de lui répondre, la jeune fille baissa sa baguette en signe de paix - temporaire - et s'assit à sa place précédente. Elle se remit, pensivement, à arracher l'herbe, malgré tout prête à décamper comme toujours. Vieille habitude qu'elle avait prise dans les forêts du Pays de Galles qui se trouvait derrière la maison de ses parents adoptifs. Elle avait toujours été perdue dans sa vie. "Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?" lui demandait-on tout le temps, "J'sais pas j'men fou" répondait-elle toujours. Qu'est-ce qu'elle voulait faire de sa vie ? Elle n'en savait rien, elle n'avait jamais envie de rien, sinon que de retourner à sa platonique vie moldue dans les forêts galloises... C'était en tout cas ce qu'elle pensait avant de rencontrer son père, son vrai père. Elle arracha une nouvelle touffe d'herbe pour l'écraser, cette fois-ci entre ses doigts qui prirent une jolie teinte verte. « Si tu veux... » formula-t-elle avec quelques hésitations néanmoins. Jyn ne pensait pas que sa conversation soit très intéressante. En fait, elle se trouvait même médiocre la plupart du temps, le manque d'intérêt qu'elle avait pour les autres ne l'aidait sans doute pas à se faire beaucoup d'amis. Elle s'entendait certes bien avec Vicky, mais enfin, elles passaient surtout leur temps à critiquer la serpillière que Fluvia Avery avait à la place des cheveux... Alexander était peut-être plus intéressant au fond : « Je ne t'ai jamais vraiment demandé mais... ». Jyn se tut. Lui demander cela serait le lancer sur une conversation personnelle et elle n'était pas certaine de vouloir jouer à ça. En même temps, au point où elle en était ? « Vu ton accent, et ton nom, tu viens d'Ecosse, c'est ça ? ».

La sincérité du jeune Sinclair avait l'air de frapper Jyn Dawkins. Ils n'avaient jamais eu le temps de véritablement parler. Comme chien et chat depuis la première année, ils partageaient des atomes crochus lorsqu'il s'agissait de battre.
Aujourd'hui c'était différent, Jyn avait l'air de s'ouvrir un peu à son camarade. Elle semblait même perturbée par les réponses d'Alex. Comme si c'était rare que quelqu'un lui tende la main. L'écossais avait vu une faille et il voulait l'exploiter. Il avait compris que Jyn n'allait pas bien et il voulait l'aider.
"Je crois qu'on ne s'était jamais parlé normalement auparavant en fait." dit-il d'un air étonné. "Je suis bel et bien écossais, et fier de l'être! Tu as aussi des origines écossaises ?" L'accent du jeune sorcier était prononcé. En même temps il ne venait pas du nord des Highlands pour rien! C'était une marque de fabrique, 100% écossais. Un accent rempli de fierté et de combativité.
Il était heureux, et elle semblait d'accord pour partager quelques mots. A vrai dire, Sinclair n'était pas d'humeur à se battre et il en avait assez de ce lien. Et puis, plus on a d'allié plus on est puissant. "Dis Jyn, au fond je sais que tu es une fille intéressante. On a qu'a voir tes résultats en botanique! Tu dois avoir un sacré talent en la matière!." D'un naturel certain, Alexander n'avait pas l'impression de jouer un rôle avec elle. Même si ça lui paraissait bizarre, la jeune pouffy était respective. Peut-être allait-il réussir à décrocher un sourire?
Au final, Jyn était sans doute ce genre d'adolescent perdu, qui ne savait pas où aller et à qui demander son chemin. Elle souffrait et cela se voyait, seulement, elle ne demandait l'aide de personne et avait même l'air d'haïr cette école... et ses élèves.

Jyn était assez rarement d'humeur bavarde. Elle ne l'était même pas vraiment présentement, en réalité. La jeune fille n'avait simplement pas le courage de se battre aujourd'hui, de l'envoyer voir ailleurs si elle y était. Peut-être qu'au fond, elle se sentait un peu seule de n'avoir personne avec qui discuter. Wilda loin du château, les lettres ne faisaient pas grand chose, sa cousine étant occupée par ses études et sa future carrière comme joueuse de Quidditch. Alors, la poufsouffle était seule. Victoria était gentille bien entendu, Jyn l'appréciait même peut-être un peu. Mais elle ne lui parlera jamais de ses états d'âmes, ni de ses problèmes. Elle était plus douée pour écouter ceux des autres sans rien y répondre. Alexander lui répondit qu'il était écossais et elle hocha la tête d'un air entendu. Cela ne la surprenait pas plus que cela. Elle s'en doutait déjà. En revanche, la question qu'il lui posa en retour la mit sans doute plus mal qu'il ne le désirait vraiment. Et la tentation de fuir était plus grande que jamais. Le jeune homme ne pouvait pas savoir ce qui se cachait derrière cette question innocente, ou en tout cas, tout ce que Jyn ressentait derrière cette question innocente. Après tout, on la poserait à n'importe qui. "D'où tu viens ?" : c'est une question banale. Mais pour elle... C'était beaucoup plus qu'elle ne l'admettra jamais. La jeune fille mit du temps à répondre. Elle se mordit l'intérieur de la joue, angoissée, le regard posé finalement sur l'eau calme du lac. « Mes parents sont écossais oui, mais j'ai grandi au Pays de Galles. D'où mon accent gallois » fit-elle. La porte de sortie était toute trouvée pour masquer toute la vérité. Sa mère et son père avaient décidé de la refourguer à des amis gallois. La voilà la vérité, la rude réalité. Et son père pouvait bien essayer d'adoucir le chien enragé qu'elle était devenu avec des lettres. Rien n'y faisait. Elle voulait juste rentrer au Pays de Galles et se terrer chez ses parents adoptifs en faisant mine que rien ne s'était passé, qu'elle cherchait toujours ses parents avec l'espoir qu'ils n'aient pas eu d'autre choix que de la refourguer à d'autres.
Le compliment du jeune homme, qui sortait de nulle part, arracha un sourire surprit à Jyn qui n'avait pas du tout l'habitude d'être au centre de l'attention sans l'avoir cherché, et qui n'avait pas l'habitude d'être complimentée. Ses parents adoptifs ne connaissaient ses notes qu'à la fin de l'année et ils ne communiquaient pas pendant les cours, pour la simple et bonne raison qu'ils étaient moldus et que les hiboux postaux les laissaient un peu dubitatifs. De ce fait, ses prouesses en botanique, ils ne s'en rendaient pas vraiment compte. « Je ne pensais pas que quelqu'un y faisait particulièrement attention » fit-elle d'un ton hésitant, « et encore moins toi... ». Pourquoi y faire attention après tout ? Jyn se mettait à la dernière place de la serre, loin du Professeur Chourave, pour s'occuper tranquillement. Elle passait parfois arracher des mauvaises herbes dans les pots qu'elle trouvait en dehors des cours. Mais outre tout cela... Elle évitait de se faire remarquer en cours. « Je ne crois pas, par contre, que tu sois très bon en la matière ». Elle essayait vaguement de s'essayer à l'art de la plaisanterie. Alexander ne pouvait pas savoir que sa facilité avec les plantes venait en fait de ce qu'elle avait dans les veines. Ou peut-être que si ? Qu'est-ce que ça changerait de toute façon ? Amelia Bones était au courant, un serdaigle de plus un serdaigle de moins... « Enfin en tout cas, j'ai moins de mérite que tu ne sembles le penser. Mon père est druide ».  Cela pouvait bien sembler absurde. Les sorciers semblaient assez peu connaître la magie druidique. En réalité, elle se puisait essentiellement dans les plantes et la nature et Jyn trouvait cela beaucoup plus admirable que de faire des tours avec un bâton enchanté. Elle haussa les épaules comme si ce n'était pas important en arrachant une autre touffe d'herbe. Jyn elle-même essayait de composer avec la chose qui l'étonnait encore lorsqu'elle y pensait. Elle ne savait pas quoi ajouter. Que dire de plus ?


(708)

La curiosité du jeune Sinclair lui avait déjà valu plusieurs problèmes. Parfois il se mêlait de ce qu’il ne le regardait pas, surtout quand il s’agissait de querelles entre élèves. Comme-ci il avait le pouvoir de les régler. Pourtant, il avait une certaine aura qui pouvait même relier les plus réfractaires.
Jyn était l’une de ces réfractaires. Le genre de personne isolée, rejetant l’aide des autres.
Après les quelques mots partagés l’ambiance était apaisée. L’air du printemps calmait les ardeurs et les coeurs des plus dissipés. Jyn et Alexander, les deux adolescents pourtant rivaux se partageaient des paroles sincères et amicales. C’était comme ci l’air de Poudlard était reposante.

Elle avait donc du sang écossais. Une bonne et grande nouvelle pour Sinclair. L’écosse, sa terre natale et chère patrie! Tout le monde savait que les écossais étaient de fervent patriote, portant fièrement leurs couleurs comme s’ils se baladaient constamment avec des cornemuses et des étendards. « Tu as donc du sang écossais ! Pourquoi tout a si mal commencé entre nous ? L’écosse coule dans nos veines. »
Les écossais sont des êtres de la Nature. Ils vouent corps et âmes à la puissance Naturelle, surtout les Highlanders. Ils vivent de la terre et sculptent leurs desseins dans la culture. Ce qui expliquait le talent inné de Jyn pour la botanique. D’ailleurs, le peu de talent qu’avait Alexander pour la botanique ne voulait pas dire qu’il n’était pas un véritable écossais. Cela n’avait rien à voir. Il ne s’y intéressait pas véritablement du fait qu’il se concentrait sur la Magie pure. « Une lignée druidique en plus ! Tu ne cesses de m’étonner Jyn Dawkins. Oui, comme tu le sais, je ne suis pas très doué en botanique, je concentre mes efforts dans l’apprentissage de la magie pure. J’ai le dessein de devenir un grand sorcier. » En effet, le jeune sorcier avait trouvé en la botanique son talon d’Achille. Pourtant loin de ne pas s’y intéresser, il n’avait tout simplement pas le temps de s’y concentrer à 100%. Il y avait déjà tellement à faire dans ce monde rempli de mystère. « Tu m’intrigues de plus en plus. On devrait parler plus souvent! Mais dis moi, pourquoi tes parents pourtant écossais et de lignée druidique aurait choisi d’aller s’installer au Pays de Galle ? »
C’était un mystère. Le Pays de Galle est un très beau pays mais comment peut-on choisir de quitter l’Ecosse, surtout quand on partage la puissance de la Nature en son propre sang. C’était un schéma incompréhensible pour Alexander.

Jyn n'avait pas le même attachement à son pays d'origine qu'Alexander, pour la simple et bonne raison qu'elle n'y avait pas vécu. Ses parents étaient peut-être écossais, il n'en demeurait pas moins qu'ils ne l'avaient pas élevés et qu'elle ne connaissait de l'Ecosse que les mythes que l'on contait sur elle. Le pays de Galles avait ce "je ne sais quoi" d'attachant aux yeux de la gamine, peut-être référait-il à ses joyeux souvenirs d'enfance lorsqu'elle crapahutait dans les bois derrière sa maison. C'était avec des petits gallois qu'elle avait passé son enfance, qu'elle avait côtoyé dans l'école moldue où elle était scolarisée. Jyn n'en avait pas forcément conservé des amitiés, la plupart de ses connaissances ne comprenant pas vraiment où elle était scolarisée, ni pourquoi. Une fois encore, la magie avait réussi à la couper de ce qu'elle appréciait. D'abord ses parents adoptifs, puis ses amis moldus. La solitude la hantait d'autant plus qu'Alexander ne se rendait pas compte du poids de ses paroles sur ses épaules frêles.
La jeune fille était certes descendante de druides, tout ce qu'elle ressentait de cela, c'était la Nature. Elle avait l'impression que cette dernière était exacerbée sous ses doigts et qu'elle vibrait sous ses paumes. Alexander ressentait-il la même chose ? Le regard admiratif qu'il avait la fit rougir, elle ne savait pas très bien comment prendre toute cette dose de gentillesse qui semblait émaner de lui - alors qu'elle avait toujours été habituée à des vacheries. La jeune fille afficha un doux sourire devant les ambitions de son camarade de Serdaigle. Un grand sorcier ? Qu'entendait-il donc par là ? Certains prendraient mal ce genre d'aveu, voyant en lui l'ambition ravageuse des plus noirs sorciers. Mais Jyn n'était pas certaine de sentir chez lui une âme sombre, tout au contraire. Alexander avait l'air d'être un bon garçon, sans mauvais fond. Vous-savez-Qui avait-il un jour eu la même âme ? « Et comment comptes-tu faire ? » demanda-t-elle sincèrement curieuse, « tu souhaites devenir un meilleur sorcier que Dumbledore ? ». Les connaissances du monde des sorciers s'arrêtaient là pour elle. Grindelwald, jamais entendu parler. C'était probablement mieux pour elle d'ailleurs. « Mais tu sais, je pense que le Dumbledore sait rempoter des mandragores... Il va peut-être te falloir travailler aussi tes cours de botanique » - Jyn plaisantait, mais elle le pensait un peu au fond. La botanique n'était pas un art moins noble à ses yeux, tout au contraire. Être en paix avec la nature, n'était-ce pas la plus belle des choses ?
La jeune fille se tendit néanmoins à la question suivante. Elle essaya d'esquiver le regard du jeune homme en arrachant frénétiquement plusieurs touffes d'herbe, signe de son évidente envie de fuir la conversation. Les yeux clairs de la farouche sorcière se posèrent un peu partout pour évaluer ses chances de fuite. Une partie d'elle - la plus grande, lui conseillait grandement de fuir - mais une autre, peut-être la plus réservée et posée, lui conseillait de suivre la conversation. Sa conscience semblait se dédoubler dans la tête de la jeune fille. Alexander avait réussi à l'apprivoiser un peu, mais ce n'était pas pour autant qu'elle comptait lui faciliter la tâche. « Ca ne te regarde pas... » fit-elle d'un ton sec. Elle continua d'arracher frénétiquement son herbe, le regard posé partout, sauf sur Alexander Sinclair.


(557)

Comment allait-il faire pour devenir un grand sorcier ? C’était une question qu’il ne s’était jamais posé. Etant donné la combativité du jeune homme, il ne s’était jamais demandé comment allait-il faire. Cela coulait de source pour lui. Il avait soif de connaissance et voulait utiliser son potentiel pour le bien du monde magique. Mais il avait tout de même quelques chose sous son chapeau. La création d’un tout nouveau sort. Ce n’était encore qu’un prototype mais Alexander était déterminé à le créer avant son départ de Poudlard. Enfin, quoiqu’il en soit c’était un secret.
« Je compte bien employé tout mon potentiel et ma jeunesse pour améliorer notre monde. Tenir compte des préceptes de nos anciens, avec l’oeil vif et fougueux de notre génération! » disait-il avec son air révolutionnaire.
Jyn avait raison, la botanique serait-elle aussi d’une grande aide dans les desseins d’Alexander. Il fallait qu’il s’améliore dans le domaine, qu’il se documente et surtout qu’il se motive! Peut-être avait-il besoin de quelqu’un pour l’aider ?  Une personne aussi douée que Jyn ? Encore faut-il qu’il l’apprivoise un peu plus.
« Tu as raison. Je dois m’améliorer dans ton domaine. Un jour peut-être tu m’aideras en cours, ou à la bibliothèque ? » Il avait un air espiègle, comme s’il voulait déstabiliser la poufsouffle.
Quoiqu’il en soit, Alex avait réussi à se rapprocher un peu de la sauvageonne. Par pur hasard, aujourd’hui ils ne s’étaient pas frittés. Un miracle. Et puis, il appréciait sa compagnie, même si elle était hostile.
C’est en pensant à ça qu’il fit surpris par la réponse brut de Jyn. D’un ton sec elle lui expliqua gentiment que sa privée ne le regardait pas. Il avait simplement demandé pourquoi ses parents Ecossais s’étaient installer au Pays de Galle. Il était gêné et ne savait pas quoi répondre. « Bon d’accord, tu n’es pas obligée de me répondre. C’est dommage. » L’air était devenue pesante et il ne voulait pas renchérir par peur de la brusquer. « Ecoute je dois y aller Jyn. J’ai passé un très bon moment avec toi. Je suis à la bibliothèque presque tous les soirs après les cours. Et j’ai vivement besoin d’une pro des plantes, si jamais tu as envie de m’aider. » Il se retourna et laissa paraître une forme d’amitié en lui faisant des grands gestes de la main pour la saluer.

La farouche belette qu'était Jyn n'aimait pas nécessairement lorsque l'on essayait de la comprendre, peut-être parce qu'elle savait que ce serait un travail de longue haleine et que ça n'en valait pas la peine. Elle n'était pas d'humeur, généralement, à remarquer les regards désespérés de gens qu'elle connaissait. La race humaine jugeait les autres, c'était ainsi. Elle-même jugeait tout le monde, même Alexander qui voulait faire avancer le monde. Il avait beaucoup de motivation, sans doute était-il trop optimiste, également. La galloise ne comprenait pas franchement cette volonté de briller, elle qui était plutôt quelqu'un de l'ombre. Elle ne supportait pas qu'on l'interroge en cours, elle ne supportait pas qu'on s'occupe d'elle. Le serdaigle semblait, à bien des égards, différents. Cette conversation entre eux, si calme au début, était d'ailleurs trop miraculeuse pour être ignorée. Il avait un mignon air révolutionnaire sur les traits. Mais elle ne rebondit pas sur ses paroles, parce qu'à quoi bon ? « Ce n'est pas à la bibliothèque que tu vas t'améliorer en botanique » lui répondit-elle en fronçant le nez. Quelle grossière idée que de croire qu'il allait s'améliorer en bouquinant. Les plantes, il fallait les apprivoiser, les domestiquer. Comme les Hommes, somme toute. Alexander n'avait peut-être pas la main-verte et certainement pas la main-Jyn. En effet, la suite de la conversation lui donnait envie de fuir et la galloise ne se faisait jamais prier pour le faire. Elle était inaccessible, ça ne lui donnait même pas du charme. C'était juste Jyn. Elle le regarda comme s'il était tombé sur la tête lorsqu'il lui dit qu'il avait passé un bon moment avec elle et son cerveau d'adolescente bizarre ne se demanda même pas s'il flirtait avec elle. La jeune fille répondit vaguement à son geste de la main, médusée, avant de prendre le chemin inverse. C'était bizarre. Vraiment bizarre.