A Poudlard, la fuite pouvait arriver de n'importe qui : amis, élèves, mais aussi fantômes... Même les profs pouvaient découvrir et répandre l’information très rapidement. Il fallait garder sa langue dans sa poche mais en plus, il fallait procéder avec beaucoup de discrétion…
Depuis ce baiser d’octobre, James et Lily avaient décidé d’être un nous, mais de ne pas annoncer le “nous” à tout Poudlard. James comprenait assez bien les raisons de la rouquine : à Poudlard, n’importe quel nouveau couple faisait parler de lui et très vite tout le monde était au courant et charriait les heureux élus. En plus de ça, James était plutôt populaire et il y avait un passif à leur histoire qui ne manquerait pas de faire la cible des commérages. Débuter un jeune couple dans ce contexte n’était pas aisé.
Contrairement à ce qu’il avait pensé, le plus dur n’avait pas été de ne rien dire à ses meilleurs amis. En fait, ceux-ci avaient déjà noté un comportement étrange de sa part, des sourires béats à des moments fortuits et des absences régulières qu’il mettait sur le compte de ses devoirs de préfet. Etre préfet facilitait d’ailleurs la tâche : Lily et James pouvaient passer du temps tous les deux sans avoir à se justifier. Mais face à ces drôles de comportements de leur ami, les maraudeurs s’interrogeaient du regard, haussaient un sourcil étonné mais n’insistaient plus auprès de James qui niait à chaque fois.
Non, le plus dur était de trouver des endroits dans Poudlard et des moments où ils pouvaient être ensemble et s’embrasser sans que personne ne tombe sur eux. James avait envie de l’embrasser tout le temps ! Et la croiser dans la salle commune tous les jours sans pouvoir le faire était le pire des challenges.


2 novembre 1977

“Je crois que Nick-Quasi-Sans-Tête se doute de quelque chose…” souffla James alors qu’il poussait la porte d’une salle inutilisée où ils pourraient parler plus librement.
Profitant de la pause entre le cours de métamorphose et celui de sortilèges, tous les deux avaient réussi à s’éclipser discrètement sans que leurs amis ne remarquent qu’ils étaient partis en même temps. Le matin même, il lui avait semblé que Nick posait sur lui un regard amusé, avec un sourire en coin qu’il avait interprété comme un “je sais tout”. Mais oubliant temporairement le sujet Nick-Quasi-Sans-Tête aussitôt la porte de la pièce fermée derrière eux, James se pencha vers sa dorénavant petite amie avec un grand sourire pour l’embrasser, glissant ses doigts dans ses cheveux roux pour approcher son visage du sien. Il rompit leur baiser mais conserva leur proximité pour continuer à lui faire part de son inquiétude.

“Et si lui sait, tout le monde ne tardera pas à le savoir…” Les fantômes étaient souvent les premiers relais des ragots du château, qu’ils découvraient facilement au gré des balades à travers les murs de Poudlard.

Cela faisait environ quinze jours que Lily et James se voyaient en cachette du château entier. Elle n'aurait jamais pensé faire ça un jour, elle l'aurait sans doute jugé immature mais cette situation lui convenait très bien. Chaque petit regard lancé à l'autre semblait téméraire et en même temps elle ne pouvait guère s'en empêcher. Elle ressentait de petits papillons s'agitaient dans son ventre chaque fois qu'elle rentrait dans une pièce où James se trouvait déjà.

James Potter. Son petit ami. Son incroyable petit ami qui embrassait divinement bien.
"Miss Evans peut-être ?"
Lily releva la tête surprise à la demande du professeur de métamorphose. Elle détestait être prise en pleine rêverie en classe. Un coup d'oeil au tableau et à l'oeil inquisiteur de sa directrice de maison, la poussèrent à tout de même tenter sa chance.
"Le sortilège d'attraction."
"Effectivement, ça pourrait être une éventualité. Quelqu'un aurait-il une autre proposition ? Plus orientée sur la métamorphose j'entends."

Lily entendait bien et entreprit de mieux écouter la suite en se forçant à prendre en note tout ce que disait le professeur. A la fin du cours, elle avait soudain sentit une main l’entraîner et lançant juste un rapide coup d’œil afin qu'on ne les surprenne pas, la jeune fille s'était laissé entraîné en souriant dans une salle vide non loin de là. Elle l'écoutait à peine tandis qu'il lui confiait ses inquiétudes avant de poser ses lèvres sur les siennes. Les bras de Lily se refermèrent sur lui, perdant ses mains dans ses cheveux.

Lily ne comptait plus les fois où ils s'étaient déjà retrouvés de la sorte mais elle savait déjà qu'elle avait plus embrassé James en quelques jours que Farell en quelques mois. Sans le moindre regret.
Il y avait ce paradoxe de vouloir y aller lentement entre eux et la réalité qu'ils cherchaient le moindre petit moment pour pouvoir s'échapper des autres et à être à proximité l'un de l'autre.

James rompit finalement leur baiser en répétant ses craintes.
Lily s'amusa à lui ébouriffer les cheveux avant de s'écarter en crainte de représailles. Mais devant l'air sérieux de James, elle réalisa un peu plus ce qu'il venait de dire.
Lily soupira.
"Tu es certain ? Nick est souvent du genre à ne pas parler...ce n'est pas comme le moine gras, grimaça-t-elle devant le fantôme de Poufsouffle qui se plaisait à répandre les rumeurs.
Tu crois que l'un de nous devrait aller le voir ? demanda-t-elle alors.

En même temps, si le fantôme n'était au courant de rien, ce serait lui servir leur secret sur un plateau d'argent.

"Ne tentons rien pour le moment." suggéra-t-elle finalement en venant lui caresser la joue.
"Et les maraudeurs ? Ils ne s'inquiètent pas de te voir disparaître dès la fin du cours à ton avis ?" Peter l'avait regardé bizarrement ce matin au petit déj'. A moins qu'il ne s'agisse d'un plat qui était trop près d'elle à son goût. Comment savoir avec lui ?

Le cas Nick-Quasi-Sans-Tête pouvait être délicat, mais rien qu’ils ne pouvaient gérer… Au contraire, si le Moine Gras ou pire, Peeves, découvraient l’existence d’une relation entre les deux préfets en chef, ils n’auraient même pas le temps de s’en méfier que déjà, tout le monde serait de toute façon au courant. James était d’accord avec Lily sur le fait de ne rien faire pour le moment, mais il comptait bien garder Nick à l’oeil pour découvrir si oui ou non le fantôme se doutait de quelque chose.

Les maraudeurs, c’était une toute autre affaire, bien plus difficile à gérer. Bien sûr, ils se doutaient de quelque chose, ses absences à répétition ne trouvaient pas assez d’explications à leurs yeux et son comportement mystérieux contrastait beaucoup trop avec leurs habitudes de toujours tout se dire. Il préférait éviter le sujet avec Lily.

“Hmm…" gémit James avec une moue boudeuse. "Ils disent que je suis bizarre en ce moment mais je crois qu'ils ne se doutent de rien par rapport à nous deux...” Il voulait être rassurant mais il savait marcher sur des oeufs avec ses meilleurs amis. L'avantage, c'est que son statut de préfet lui donnait une grande partie de ses excuses. “Mais je veux pas parler d’eux, je veux profiter du peu de temps qu’on a !” déclara-t-il en l’enlaçant et en glissant son nez dans son cou pour y déposer un bisou.

Bientôt, l’heure les rappela à l’ordre et ils durent se dépêcher pour rejoindre le prochain cours sans attirer l'attention en arrivant ensemble ou encore pire, en retard. Au pire des cas, ils pourraient dire qu'ils s'occupaient d'un premier année qui s'était perdu dans les couloirs du château (se perdre après seulement deux mois dans le château était chose courante !).

14 Novembre 1977

Lily avait donné rendez-vous à James dans un couloir désaffecté du quatrième étage. Il y avait de vieilles salles de classes inoccupées depuis bien des années où personne ne s'amuserait à venir les chercher.
La préfete s'y était rendue à plusieurs reprises entre la veille et aujourd'hui remontant différents paquets en plusieurs fois afin d'éviter les curieux. Elle préparait une surprise pour James afin de fêter leur premier mois passé ensemble.

A l'intérieur, Lily avait recrée une clairière paisible avec de l'herbe et des fleurs en guise de plancher et quelques guirlande pour ornementer les murs et faire oublier la tristesse de la salle. Elle verrouillait la salle d'un sortilège dès qu'elle en sortait, la paranoïa lui faisant présager qu'on allait lui voler ce petit coin de paradis.
Il ne restait que peu de temps avant l'arrivée de James à présent. Lily étendit une couverture moelleuse au milieu de la salle et entreprit d'y déposer ses trouvailles.

Grâce à son escapade nocturne avec Peter, elle avait découvert les cuisines du château depuis peu. La jeune fille s'y était rendue plus tôt pour demander de l'aide aux elfes afin d'étoffer sa surprise. Il y avait donc divers gâteaux de toutes les couleurs et toutes les tailles joliment préparé sur une assiette aux bords dorée. A côté, elle plaça un pichet de jus de citrouille ainsi que deux verres qui n'attendaient qu'à être rempli.
D'un coup de baguette, Lily métamorphosa deux boutons en petits feufolets afin de rajouter un peu de romantisme à cette atmosphère.

Voyant l'heure qu'il était la jeune fille ressortit de la salle et alla à la recherche de James dans le couloir. A sa vue, ses lèvres s'étirèrent en un grand sourire. "Viens." dit-elle simplement en le prenant par la main et en le guidant jusqu'à la salle qu'elle avait choisi. Ils devaient fréquemment en changer afin de ne pas être repéré aussi c'était toujours au dernier moment qu'ils se laissaient entraîner par l'autre.

"C'est ici" murmura Lily en poussant la porte. "Je voulais faire quelque chose de spécial pour fêter notre premier mois ensemble. Alors je te propose ce pique-nique !" dit Lily en révélant avec excitation le petit coin douillet qu'elle leur avait préparé.
Elle verrouilla la porte derrière eux pour plus de précaution et gardait toute son attention figée sur James pour voir ce qu'il en pensait.

Déjà un mois qu’ils s’étaient embrassés dans le parc, un mois qu’ils sortaient ensemble et donc un mois que James et Lily se retrouvaient en cachette. Un mois, ce n’était pas grand chose en soi, mais James en était quand même ravi et il estimait que ce premier mois avait été tout de même un vrai challenge. Ils étaient passés d’amis et petits amis et ce n’était pas forcément évident, après toutes les phases que leur relation avait traversé… Et surtout, ils avaient réussi à ne pas s’agacer l’un l’autre, ce qui était à souligner, pour deux caractères comme les leurs.
Il n’avait pas prévu quelque chose de spécial pour cette occasion, mais tous deux n’avaient pas cours de l’après-midi, aussi il savait qu’ils passeraient du temps ensemble. Au cas où ses amis le chercheraient, il avait pensé à cacher la carte du maraudeur au fond de sa valise, pour avoir l’esprit tranquille.
Quand Lily l’entraîna à sa suite, il se laissa guider avec un sourire qui se transforma en un “o” étonné et ravi, au moment où elle lui fit découvrir la salle qu’elle avait aménagée pour eux.

“C'est génial ! Tu es vraiment la meilleure en sortilèges !” fit-il en faisant un tour de salle pour relever tous les détails de la décoration, pendant qu’elle fermait derrière eux. Il avait l’impression de marcher dans l’herbe du parc au printemps. Il se tourna finalement vers elle, les mains sur les hanches et le regard à la fois suspicieux et amusé.

“Mais où est-ce que tu as trouvé toute cette nourriture ?” demanda-t-il, en réalisant qu’il n’y avait pas mille manières de se procurer autant de nourritures à Poudlard.

Lily arborait un grand sourire devant l'air émerveillé de son petit ami en découvrant la salle. Il paraissait vraiment heureux et cela était tout ce qu'elle en attendait.
Elle ne put empêcher ses joues de prendre une teinte rosée devant son compliment. Elle aimait les sortilèges il était vrai mais réaliser cette surprise l'avait plus amusé qu'autre chose. Elle voulait juste le rendre heureux.

Le prenant par la main, elle le ramena vers la couverture étendue sur le sol où de nombreux gâteaux avaient été installé.
- Oh, comme ça juste un tour de passe passe, répondit la préfète un peu évasive. Elle se doutait que si Peter connaissait les cuisines du château, James devait en savoir tout autant. Mais si elle avait demandé au maraudeur de ne rien dire de leur sortie nocturne qui lui avait fait découvrir l'endroit, elle ne comptait pas vendre la mèche elle-même pour autant.

- Je me suis rendue compte que je ne savais pas ce que tu préférais, alors j'ai pris un peu de tout ! avoua-t-elle avec franchise tout en lui montrant les différentes friandises.
Dis-moi, tout... je veux tout savoir ! l'invita la jeune fille à se confier afin qu'elle en sache un peu plus sur les goûts de son petit ami.

James n’aurait pas sa réponse aujourd’hui pour comprendre comment diable Lily connaissait l’accès aux cuisines du château, seul endroit où elle aurait pu se procurer autant de nourriture. Pendant un instant, il envisagea que c’était une information que l’on donnait aux préfets, mais il se serait très surement souvenu s’il avait eu un debrief sur les secrets de Poudlard quand il avait eu l’insigne : il aurait été tout ouïe de ne pas en connaître certains et amusé de s’entendre révéler ceux qu’il connaissait déjà. Cette piste était donc à éliminer, mais il ne désespérait pas de connaître les sources de sa petite copine.
S’installant sur la couverture moelleuse au sol, il prit le temps de détailler tous les mets qui s’offraient à lui. “Hmm… Je suis très classique : dès qu’il y a du chocolat et le plus possible, je suis un homme heureux ! Une seule chose peut m’en détourner… La tarte à la mélasse !” s’exclama-t-il en attrapant son dessert préféré dans lequel il croqua immédiatement. “Et chtoi, qu’est-che que tu aimes ?” demanda-t-il la bouche pleine, ce qui était très peu glamour...

Lily ne put empêcher son sourire de s'élargir lorsqu'elle vit James se précipiter sur la tarte à la mélasse. Elle avait bien fait de la prendre !
- Terriblement classique aussi ! répondit-elle d'un ton fataliste. Chocolat, chocolat, chocolat, chantonna-t-elle.

Lily et le chocolat, toute la tour des Gryffondors savait à quel point c'était une histoire d'amour durable. La jeune fille passa innocemment le bras devant son petit ami pour attraper une petite boule de chocolat au lait qu'elle déposa aussitôt dans sa bouche.
- Mmmh c'est trop bon, s'exclama-t-elle tout en dardant sur lui un petit regard amusé.

Se penchant davantage, elle s'étala cette fois-ci totalement sur lui, les renversant tout deux au milieu des mets étalés dans la plus grande des pagailles et...éclatant simplement de rire.
- Rho James ! Regarde ce que tu as fait !
S'emparant du bol des boules chocolatées-étrangement indemnes-la préfète se leva et s'éloigna de quelques pas. D'un air de défi vers le pauvre James étalé par terre, la tarte à la mélasse toujours plein la bouche, Lily reprit.
- Si tu en veux avant qu'il n'y en ait plus, viens les chercher !
Avant de s'échapper en courant, morte de rire.

Etant enfant, James n'avait jamais été un grand fan du chocolat : la tarte à la mélasse (et spécifiquement la recette de ses parents) était et restait son dessert favori. Mais depuis qu'il partageait son dortoir avec Remus, il avait appris à aimer le bon chocolat sous toutes ses formes ! Il dévorait plus qu’il ne dégustait son dessert avec pour objectif de le finir rapidement pour pouvoir goûter une partie des nombreux mets qui s’offraient à lui.
Soudain, Lily, qui semblait avoir le même objectif, s’étala au milieu de leur installation en entraînant James dans sa chute qui manqua s’étouffer avec la fin de sa tarte. Il était trop occupé à tousser pour se défendre de son accusation et n’eut pas le temps de réagir quand elle s’échappa avec le bol de boules chocolatées. « Je pourrais aussi les récupérer par la force, d’un simple sortilège ! » menaça James sans le penser : de toute façon, lorsqu’il porta un regard alentour sur leur espace de pique-nique, il ne la vit même pas, sa baguette s’était perdue dans le désordre qui y régnait désormais.
La pièce n’était de toute façon pas bien grande, elle ne pourrait pas fuir bien loin avec le bol de boules. Il se leva en essayant de ne marcher sur rien (et surtout pas sur sa baguette…) et s’approcha de Lily avec un avantage certain : il était plus rapide, plus grand et réussit à la coincer dans un coin de la pièce. « Hmm de toute façon, je préfère ça… » fit-il en embrassant sa petite copine. « Et ça, il y en aura toujours ! »