Cher Monsieur Crook,

Mon nom est Marlene McKinnon et je me permets de vous écrire de la part de Ludovic Verpey. Vous savez, le beau blond qui joue de la batte pour les Frelons de Wimbourne ? Lui et moi partagions une romance à l’époque de Poudlard et il semblerait que, bien malheureusement au moment de notre rupture durant l'été dernier, il ait parié contre vous que les carcasses de kangourous retrouvés en Australie n’aient constitué qu’une « rumeur tout juste bonne à figurer dans le chicaneur » …

Je tenais tout d’abord à m’excuser de la terrible théorie complotiste magizoologiste dont Ludovic a fait montre à votre égard. Je ne doute pas que, sans appartenir vous-même à la famille des marsupiaux, votre intelligence (sinon votre sensibilité) aura été choquée par la tenue de tels propos. La cause du charnier avait forcément à voir avec un opalœil des antipodes mâle, il n’est après tout pas rare de voir ces magnifiques dragons mâles chassés par les femelles dominantes de leur terre néo-zélandaise à cette période de l’année. Pas besoin d’avoir reçu l'Ordre de Merlin, Deuxième Classe, comme Newt Scamander pour faire le lien avec le triste destin des kangourous australiens, n’est-ce pas ?

Toujours est-il que le balai volant dont Ludovic s’est délesté auprès de vous en perdant son pari m’appartenait au moment des faits. Je le lui avais prêté à l'occasion des sélections, en aucun cas donné, et j’aimerais beaucoup que vous me le rendiez. Il s’agit du premier cadeau que mon père m’a fait, ayant appris que je rejoignais l’équipe de quidditch de ma maison. Et bien que j’en conserve aujourd'hui le moindre usage, après avoir été diplômée, je demeure très attachée à mon Astiqueur 7.

En espérant que ma demande vous paraîtra raisonnable, je vous prie d’accepter l’expression de mes sincères salutations.

Bien à vous,


PS : Je ne vous recommande pas de renouveler vos petits paris avec Ludovic si vous le revoyez. Aussi charmant notre sorcier soit-il, j’ai pu découvrir qu’il avait un certain problème avec le jeu et qu’il était de surcroît aussi pince qu’un crabe de feu.

Cher Monsieur Crook,

Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour la diligence avec laquelle vous vous êtes appliqué à répondre à ma missive. Entre vos lignes, je ne peux m’empêcher de vous imaginer comme un homme robuste et vigoureux, aussi j’espère qu’il s’agit du signe que vous avez depuis retrouvé votre pleine santé. J’ai été tout à fait désolée d’apprendre votre folle aventure avec mon Astiqueur 7. La chronologie de vos péripéties me demeure néanmoins assez nébuleuse. Les deux cent soixante-douze épines se sont-elles logées dans votre fessier avant ou après votre malencontreuse chute dans un fossé d’orties ? Je vous prie de m’excuser si ma curiosité vous pique (moins sans doute que ce jeu de mots) mais il s’agit d’une question qui a simplement surgi à la lecture de votre lettre.

J’accuse bonne réception de votre facture que je ne me trouve malheureusement pas en capacité de régler gallion sur l’ongle. Comme cela ressortait de ma précédente lettre, je suis en effet fraîchement diplômée de l’école et le marché du travail ne se révèle pas être un endroit impitoyable que pour les elfes. Vous trouverez d’ailleurs joint à mon courrier une nouvelle pétition que je démarre pour la libération de ces adorables créatures magiques, accepteriez-vous de me la renvoyer signée ?

Rassurez-vous malgré tout. Notre aubaine commune, sans aucun doute, est qu’il se trouve que l’un de mes trois frères travaille justement à Sainte-Mangouste. Peut-être l’avez-vous aperçu par chance lors de votre séjour à l’hôpital ? Il s’agit d’un médicomage spécialisé dans les contre sortilèges. Bien qu’il ne soit pas le plus grand de notre fratrie, il reste assez remarquable, avec ses larges épaules, du haut de son mètre soixante-dix huit. Je serai tout à fait prête à lui demander de faire un geste auprès de l’administration de l’hôpital pour que votre ardoise se trouve effacée. Cela ne nécessiterait pas forcément que je lui raconte la « rocambolesque » aventure (selon vos mots) qui est devenu la mienne.

Il s’agit d’un geste que je ne serai toutefois prête à exécuter qu’une fois que mon fidèle Astiqueur 7 me sera restitué. Je vous remercie de votre précaution à l’égard de ma santé mais je me vois, à ce sujet, obligée d’insister (s’agissant d’un cadeau de famille avant d’être une sauvage monture). Je vous garantis également que, quels que soient les dégâts qui auraient pu lui être occasionnés, je n’oserais jamais vous demander le règlement de sa facture de réparation. Vraiment, je considérerais notre affaire purement et simplement réglée.

Bien à vous,