Née le 31 octobre 1943, vie de famille
Fille de Horace et Anthea Morrison, soeur de Lazare Morrison (de 5 ans son aîné). La relation presque inexistante entre les parents et les enfants n'améliore pas l'entente difficile entre le frère et la soeur. Lazare est le favoris, le favorisé surtout. Les deux enfants sont principalement élevés par des précepteurs et ont chacun leur propre destinée. Lazare promis à un brillant avenir sans doute politique, digne héritier de la famille Morrison; Morticia promise à un brillant mariage, digne avantage stratégique de la famille Morrison.

Les études à Poudlard de 1955 à 1962, la grande course
Envoyée comme prévu à Serpentard, elle va se fixer pour mission presque absolue d'être la meilleure, de surtout faire mieux que son frère qui l'a précédé. Si il avait été doué, elle s'est montrée effectivement meilleure, sans obtenir les résultats espérés. Ses parents indifférents elle multiplie les provocations parfois bien peu judicieuse, sauvée bien souvent par les conseils et le soutien de son ami Perseus. Elle sera fiancée à plusieurs hommes durant ces quelques années, les fiançailles brisées à chaque fois, Perseus ayant fait partie de la liste. La plupart du temps son caractère marqué et son manque de bonne volonté sur le sujet motivait la décision du côté du futur "chanceux".

Internée de juillet 1962 à mars 1963, l'enfer
Devenue ingérable aux yeux de ses parents, Morticia est placée en asile sorcier dès juillet 1962. La tenir tranquille, lui apprendre à le rester, c'est non seulement inutile mais très douloureux pour la jeune femme. De longs mois à lutter et se perdre dans les potions et les "bons soins" du personnel, c'est finalement elle qui aura découragé ses parents. Ils vont se décider à l'en sortir pour la renier et l'abandonner sur le champ.

Trouve une place en juillet 1963, le retour
Après quelques mois à jongler comme elle le peut et surtout mal, elle finit par postuler comme serveuse et chanteuse dans un pub sur recommandations de son dealer. Aussi étrange que soit le procédé cela fonctionne, ou presque. Piètre serveuse (ce qui lui est signifié sans le moindre ménagement) elle est tout de même gardée pour sa voix et son petit répertoire jazz. Commence alors son chemin de musicienne.

Mariage et enfant, la vie de famille
Se retrouvant à beaucoup fréquenter le patron du fameux pub, elle apprécie ses quelques conseils et surtout son habitude d'offrir repas et un verre pour peu que le public soit satisfait. Rapidement elle lui trouve bien d'autres bons côtés y compris dans un contexte bien plus intime. C'est pourtant bien involontairement qu'en mars 1964 Morticia comprend qu'elle est enceinte et c'est contrainte qu'elle se voit bien obligée de l'avouer au père et patron qu'est Marius Draven. Une chose qu'il prend étrangement bien et commence alors une toute autre relation, presque romantique et amoureuse. Si bien qu'en août 1964 Morticia Morrison devient Morticia Draven. En novembre arrive Eupraxia Draven, leur fille et petite merveille.

Premier album jazz 1964
Sur les conseils de Marius et avec l'aide de celui qu'il venait de sauver de la faillite Brian Chandler, Morticia travaille en 1964 sur son premier album, reprenant quelques standards du jazz mais aussi ses propres compositions. Un Répertoire qui faisait déjà son succès sur la petite scène du Gentleman Assoiffé.

Second album blues en 1966
Sans être une révélation le premier album de Morticia fonctionne plutôt bien. Portée par ce succès elle commence à travailler sur un nouveau projet. Une occasion pour elle d'explorer un peu plus ses envies, ses capacités, et d'exprimer ses troubles. La vie de famille et surtout les différents du couple son exprimés plus ou moins clairement dans un registre blues expressif.  Elle prend à cette époque le nom de Lady qui lui servira sur de plus grosses scènes où elle commence à se produire. L'album fonctionne plutôt bien jusqu'à ce qu'il soit éclipsé par une autre production de la WRR, la replaçant au second plan sans ménagement.

Fin 1966, le divorce
Les efforts de chacun n'y font rien, quelque chose cloche dans le couple et les époux Draven finissent par accepter l'évidence. Ils divorcent fin 1966, prenant les choses en main pendant que leur entente est encore assez bonne, souhaitant faire les choses au mieux pour Eupraxia. Suite à cela Morticia aura parfois du mal à se placer face à son ex-mari mais il a cet avantage de ne pas être trop rancunier, ou pas avec elle.

Adjointe de Brian Chandler à la White Raven Records en 1967, le changement
Mal assurée suite à ce semi-échec de 1966, Morticia a beaucoup de mal à travailler sur son album suivant. Face aux difficultés de gestion de Brian, Marius décide de laisser à Morticia la possibilité de s'associer à lui, lui trouvant les qualités qui font défaut au gestionnaire en titre. Commence alors une association assez fructueuse.

Troisième album blues/rock en 1969
Rassurée par sa place dans la WRR, c'est doucement que Morticia a commencé à travailler sur un nouvel album, explorant un registre très légèrement différent. L'ensemble légèrement plus sombre gagne une touche rock à travers le blues. La voix touchée par l'alcool et la cigarette a aussi pris en grain bien qu'elle n'ait pas perdu en puissance. Morticia chante là ses regrets, son ressenti. Cette fois c'est la bonne, le succès est au rendez-vous, lui redonnant une dose de confiance musicale.

Quatrième album en 1971
Suite à son précédent succès et après avoir retrouvé le plaisir du répertoire de la musique savante, la violoncelliste qu'elle est décide de travailler sur un album compilant des pièces romantiques au violoncelle et au piano. Il se fait contre l'avis de ses proches qui craignent la virage trop brutal qu'elle adopte. Les résultats ne se font pas attendre et c'est un échec cuisant.

Brian Chandler disparaît en 1974, la relève
Le gestionnaire retrouvé mort laisse la WRR dans un grand questionnement. Brian était un génie, un vrai, et continuer les enregistrements sans lui semble délicat. Marius prend la décision d'arrêter l'activité du studio pour se concentrer sur la gestion des enregistrements et l'évènementiel. Il place Morticia en gérante, elle-même ne produisant déjà plus rien pour elle-même, se contentant de collaborations et de compositions pour d'autres.


U.C précisions à venir...

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Premier album, 1964 - Living Ghost
Ce premier album sans être un grand succès introduit l'artiste dans le milieu du jazz en-dehors de la scène du pub où elle a fait ses premiers pas en professionnelle. Il fait faire connaissance avec la voix chaude et jazzy de la jeune femme.

1-Minnie the Witcher     Ref
Une jeune sorcière des quartiers difficiles et aux manières laissant à désirer rêvant de voyage et d'aventures se laisse séduire par un beau jeune homme la couvrant de beaux présents, l'empêchant de réaliser qu'elle a ainsi perdu sa liberté et s'est laissé acheter.

2- Desire     Ref
La narratrice s'adresse à un homme, lui décrivant relativement poétiquement les réactions qu'elle peut avoir à sentir étreintes ou baisers de sa part, laissant entendre toute l'envie bien moins poétique qu'elle peut en avoir.
Les spectateurs réguliers du Gentleman Assoiffé ont souvent supposé que Morticia s'adressait au propriétaire des lieux.

3- How I Feel     Ref
Le narrateur parle de ses ressentis face à de petits détails de la vie et célèbre cette simplicité, donnant une impression de renouveau après une période bien plus sombre.

4- The House Of The Dying Sun     Ref
Le narrateur raconte à mots couverts sa déchéance suite à son passage dans cette "House of the dying sun", la difficulté de la vie, les dérives qui peuvent survenir, et met en garde ceux qui pourraient l'écouter.
Ceux qui sont assez proches pour connaître son histoire savent que derrière cette maison se cache l'asile où Morticia a passé de longs mois.

5- Like They Do      Ref
La narratrice parle à un homme qui n'a su gérer ni sa fortune ni ses relations. Désormais fauché il essuie les reproches assez salés qu'elle a à faire.

Pochette:

Second album, 1966 - Turn On The Lights
Travaillé après la naissance de sa fille et son mariage, cet album bien plus blues est imprégné des ressentis de l'artiste, bien plus personnel que le précédent. Histoires d'amours, doutes et autres incertitudes dans un registre blues en font un succès rapide durant quelques mois jusqu'à ce qu'une autre jeune artiste ne sorte un album bien plus dans son temps.

1- My Only Hope     Ref
La narratrice se confie aussi bien sur le bonheur que représente sa maternité et les espoirs qu'elle place en son enfant que sur ses peurs de mal faire et décevoir son enfant, peignant un tableau réaliste du baby blues dont elle ne s'est pas débarrassé.
Cette chanson est assez évidemment dédiée à Eupraxia Draven, la fille de Morticia.

2- Stay With Me Deary     Ref
La narratrice offre une supplique à un homme visiblement décidé à la quitter, tentant de lui remettre en mémoire quelques doux moments pour le retenir, l'implorant de rester à ses côtés.
Les fans n'ont pas mis longtemps à faire le lien entre cette chanson et le divorce du couple Draven quelques mois plus tard bien qu'il ait été une décision commune.

3- Bang Bang       Ref
La narratrice semble éprise d'un homme dont le sens de la loi est discutable, se disant prête à le suivre malgré le danger des balles qui fusent, jusqu'à le rejoindre "de l'autre côté" si il le faut pour qu'ils soient unis.
Petite provocation de la sorcière en citant des méthodes et des armes moldues devant un public sorcier. Seul les initiés et proches savent qu'elle peut évoquer là les activités frauduleuses de son époux.

4- The One       Ref
La narratrice amoureuse interroge son amant en espérant qu'il répondra qu'elle est bien celle qu'il aime et surtout la seule.
Les différents du couple Draven a durant une courte période laissé Morticia soupçonner son époux de lui être infidèle. Même si il s'est avéré que c'était faux elle a changé ses sentiments en paroles d'une chanson. Il s'est avéré que c'est l'un de ses grands succès.

5- Setting Me Free       Ref  
La narratrice entre en contact et parle avec celle qu'elle était afin de tenter de la motiver à s'imposer, rompre avec tout ce qui l'a empoissonné et se battre. Elle parle de se libérer de s'imposer et changer sa vie pour le mieux.

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Troisième album, 1969 - Listen To The Night
La voix bien marquée par le temps et les excès donne l'occasion d'exploiter un aspect plus rock au blues expressif de l'artiste. Bien plus affirmée l'artiste parle de ses regrets et de ses sentiments encore vifs entre ses vieux démons qui refont parfois surface. Le succès est foudroyant et on entend parler de la Lady dans tout le Royaume-Uni voire plus.

1- I Wanna Live       Ref
Cette chanson nous laisse voir comment une enfance difficile a mené à une vie hasardeuse et de mauvais choix. La narratrice, l'enfant devenue adulte, raconte quelques étapes de cette vie (passant des violence du père par les excès de la jeune adulte qu'elle a été) et nous fait comprendre qu'elle n'est pas née comme une mauvaise fille mais est devenue une femme perdue ayant gardé la peur du noir et de ce qu'il cache.
Si les faits sont légèrement modifiés Morticia exprime sa propre frustration face à l'attitude de ses parents et ce qu'elle a entrainé de sa vie, exprimant également sa phobie de la solitude et sa volonté de bien faire autant pour elle que sa famille.

2- Bad Woman Blues        Ref
La narratrice assume ici un comportement discutable, laissant entendre à un homme qu'il peut toujours l'avoir sans attendre d'elle la sagesse et la constance d'une bonne petite femme. Elle donne donc ses avantages et promet une vie animée si il décide d'accepter.
Composition presque complète de Purdey Savage, une autre artiste de la WRR, cette dernière lui en fait cadeau trouvant le texte particulièrement adapté tant à la voix de Morticia qu'à son caractère. C'est assez amusée qu'elle en reprend quelques détails avant d'effectivement l'ajouter à son album.

3- I Don't Care      Ref
La narratrice exprime un regret, une peur, sa tristesse. L'homme qu'elle aime est bien son amant mais n'est pas réellement à elle, pensant à d'autres dans ses bras, et la situation lui pèse. Malgré les efforts qu'elle peut faire pour lui plaire et ses sentiments, elle sait qu'un jour il finira par ne plus revenir.
Bien que divorcés les proches de Morticia savent qu'il lui arrive de repasser quelques nuits avec Marius et que si elle le nie, elle est loin d'avoir enterré à ses sentiments pour lui. Ils sont pourtant bien séparés et loin d'être exclusifs.

4- I'm Not a Hero         Ref
La narratrice parle de ses faiblesses et de sa peur à l'idée de ressembler de plus en plus à ses parents qu'elle a tant détesté. Elle exprime autant ses regrets, ses fautes, et sa condition de simple être humain.
Morticia confie ses difficultés à résister à ses vieux démons et excès comme ces quelques similitudes qu'elle constate malgré elle avec ceux qui l'ont abandonné il y a des années.

5- Take iIt Easy On Me        Ref
La narratrice semble parler à quelqu'un à qui elle laisse la possibilité de la toucher jusque dans ses sentiments en sachant qu'il n'y fera pas que du bien. Elle se confie sur ses fragilités sans s'opposer réellement à celui à qui elle parle.
Morticia est une femme pleine de contradiction, depuis toujours. Elle sait qu'elle fait parfois confiance à tord et ne se bat pas toujours contre ce qu'il faudrait. Des contradictions qu'elle tente d'exprimer dans cette chanson sans forcément réellement arriver à exprimer tout ce qu'elle peut penser, ne le sachant probablement pas elle-même.

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Quatrième album, 1971 - Romantic Thoughts
Plus de voix, plus d'orchestre, Morticia enregistre un répertoire de musique savante pour violoncelle et piano, prenant de grands noms aussi bien sorciers que moldus. Personne ne sait réellement ce qui lui a pris de se lancer dans ce projet et si son jeu reste d'une très bonne qualité le public est déçu et cet album est un échec plus que total.

1- Suite pour violoncelle seul n°1 , J. S. Bach  
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2- Suite pour violoncelle seul n°2 , J. S. Bach
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3- Suite pour violoncelle seul n°3 , J. S. Bach
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4- Etude en ré majeur pour violoncelle , G. Mircellus
Compositeur sorcier du 19ème siècle

5- Nocturne op 9 n°2 , F. Chopin
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6- Sonate pour violoncelle et piano , C. Debussy
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7- Sonate pour violoncelle et piano , R. Carminati
Compositeur sorcier du 18ème siècle

8- Sonate au clair de Lune , L. van Beethoven
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The Lady est repartie et un nouvel album semble en préparation. Nouvelle page de sa vie, Morticia entend en faire part et se libérer de ses sentiment à sa manière, comme toujours, en le chantant haut et fort. N'attendez pas non plus ces nouveautés pour demain, la belle est assez perfectionniste...

1- Fire On The Floor       Ref
La narratrice est partagée entre l'amour pour un homme et la souffrance qu'il lui cause depuis un changement de situation. Elle ne parvient à lui tourner réellement le dos même si elle en souffre.

2- Love Is A Lie        Ref
La narratrice déçue et en colère contre cet "amour" qui fait tant de mal, qui est si trompeur. L'amour n'est pas une belle chose mais une tromperie et la narratrice semble s'en rendre compte.
Morticia jalouse et blessée prend cette chanson pour exploser alors qu'elle se sent trahie. Ce qui n'était l'intention de personne à vrai dire, mais les choses sont ainsi.

3- Elise       Ref
La narratrice s'adresse à Elise, une femme belle et pleine de charme qui s'apprête à lui prendre l'homme de sa vie. Au bord de la supplication elle tente de la faire changer d'avis.
Cette fois c'est une claire déclaration de guerre envers Elise Lerouge, nouvelle compagne de Marius Draven, l'ex-mari de Morticia. Reprise d'un répertoire moldu et adapté, elle en fait une provocation évidente.

4- I'd Rather Go Blind       Ref
La narratrice s'adresse à un homme, son homme, qu'elle a vu en galante compagnie. Une chose qu'elle aurait préféré ne pas voir, préférant être aveugle que de voir cette vérité en face: cet homme n'est plus le sien.
Il est difficile pour Morticia d'accepter que Marius Draven a refait sa vie même si ils sont divorcés depuis un bon moment. Cette reprise d'un standard moldu lui permet d'exprimer un peu de cette difficulté.

5- Tell her         Ref
La narratrice s'adresse à un homme qui semble en relation avec une autre femme. Elle veut le pousser à rompre sa relation pour la reprendre elle, faisant part de sa souffrance sans lui.
Même si elle sait la chose inutile, Morticia pense pouvoir laisser à Marius Draven l'occasion de l'entendre et qui sait, peut-être changer d'avis?




Les Croque-Mitaines
A Darker Shade of Black - ??? 3ème album des Croque-Mitaines
Un couple chante ses regrets suite à une rupture, remettant une part de la faute sur l'autre. D'abord un dialogue, la fin se fait en polyphonie, marquant l'incapacité des deux protagonistes à se comprendre.
Composition commune entre le groupe et la chanteuse de 1967. Le groupe a changé de label en pleine production mais les deux partis ont décidé de poursuivre le projet jusqu'au bout.


U.C

Dire qu’elle était éveillée était un bien grand mot. Elle ne dormait pourtant pas. Il en était ainsi la plupart du temps. Depuis quelques jours elle ne sortait même plus de cette chambre. Ses poignets commençaient se faire douloureux à cause des liens. Ils n’étaient pas trop serrés, pas à chaque fois, mais les porter si longtemps avait abîmé sa peau. Morticia ainsi éveillée savait que d’ici peu de temps elle serait capable de se lever et qu’ils ne tarderaient pas à apporter la dose suivante. C’était la méthode ces derniers temps pour qu’elle ne soit pas trop difficile. Régulièrement ils avaient tenté de “lui laisser de la marge” comme ils disaient. Cela se terminait toujours de la même façon. Immobilisée entre des bras bien plus solides qu’elle, à la limite de sentir ses côtes se briser sous cette immobilisation, on lui tenait la mâchoire pour s’assurer qu’elle boirait la potion avant de la ramener ici, replaçant les solides liens, et l’abandonnant simplement comme ça. Difficile pour elle de savoir réellement ce qu’elle préférait finalement. Quoi qu’on pouvait plutôt parler de ce qui était le moins pénible. A être embrumée ainsi elle en avait perdu le compte des heures et des jours.

Comme prévu, le son de la clé dans la serrure n’avait pas tardé à se faire entendre, laissant la lourde porte s’ouvrir. La pièce était si sombre que la faible lumière du couloir suffisait à l’éblouir. Qu’est-ce que cela serait cette fois? La fameuse potion? Quelque chose à manger peut-être? Un nouveau de leurs traitements “expérimentaux”? Un tout autre geste bien moins médical? Comme à chaque fois son coeur s’était emballé, sachant qu’elle n’était pas totalement éveillée, bien incapable de réagir, à peine capable de répondre si on lui posait une question. L’homme d’une carrure assez imposante (comme la plupart des infirmiers de l’endroit d’ailleurs) avait laissé tomber sans ménagement sur le bas du lit un tas de vêtements.

-Jour de chance Morticia, tes parents ont changé d’avis, tu sors aujourd’hui.

Sortir? Ses parents? Vraiment? Cela faisait des mois qu’elle était ici, des mois qu’elle vivait ce qu’elle imaginait terriblement proche de ce que l’on pouvait penser être l’enfer. Il avait libéré ses poignets avant d’ouvrir les rideaux qui obstruaient la petite fenêtre de la chambre. Une petite fenêtre assez grande pour laisser passer la lumière, pas assez pour qu’elle puisse imaginer y passer pour sortir. Suite à cela il était reparti, refermant à clé la lourde porte épaisse. Il n’était pas si difficile de comprendre ce qu’il attendait, y compris pour son esprit ralenti. Le tas de vêtements, c’était les siens, ceux qu’elle avait à l’époque où elle avait passé les portes de l’établissement la première fois. Autant dire qu’elle n’avait pas beaucoup hésité avant de les enfiler. Ils ne lui allaient plus exactement, mais qu’importe. Une robe qui n’était pas forcément de saison et une petit veste. Mais ce n’était que le temps de sortir, n’est-ce pas? Anxieuse, elle s’était assise sur le bord du lit, attendant avec patience. La jeune femme en venait presque à ressentir une certaine impatience à l’idée de revoir ses parents. Elle pourrait presque prendre Lazare dans ses bras sous l’excitation. Qu’est-ce qui leur avait fait changer d’avis? Aucune idée, aucune importance. Tout ce qu’elle voulait, c’était sortir d’ici. Le temps passait, les heures passaient, et elle sentait son esprit retrouver peu à peu ses marques. Ce n’était pas encore ça, mais elle serait sans doute capable de tenir une conversation actuellement. Après cette attente interminable, c’était un autre homme qui était revenu la chercher. La jeune brune ne s’était sans doute jamais montrée aussi docile qu’au moment de le suivre.

Au moment d’arriver dans ce grand hall d’entrée, elle s’était attendue à revoir sa famille, au moins l’un de ses membres. Mais personne. Ils étaient peut-être dehors? Il faut dire que l’endroit n’avait rien de bien avenant, même avec ces quelques plantes vertes qui faisaient illusion. Conduite jusqu’au guichet, c’est une femme au visage ridé et peu aimable, le rouge à lèvres débordant par endroits de ses lèvres fines et pincées, lunettes posées sur le bout du nez, qui s’était adressé à elle en ressortant son dossier.

-Morrison, Morticia, Morgane, née le 31 octobre 1943, entrée le 12 juillet 1962 pour hystérie et comportement dangereux. C’est bien cela?

Morticia avait hoché la tête. Elle n’était pas d’accord avec tout ce discours mais si on lui demandait son identité finalement elle n’était pas en position de discuter. Tant qu’on la laissait sortir au bout du compte…

-Les documents ont été signés, les décharges sont en règles, vos parents ont terminé les démarches ce matin. Je vais vous rendre vos affaires et vous pourrez sortir.

La femme à la voix nasillarde avait sorti d’un grand placard un petit casier avant de le tendre à la jeune femme. Dedans, sa précieuse baguette, une paire de chaussures… et c’est tout? Pas de documents, pas de jeu de clés, pas de bijoux, sur tout ce qu’elle avait eu sur elle au moment de son entrée dans ce lieu infâme ne restait que sa baguette et une paire de chaussures?

-Excusez-moi, mais il manque quelques objets.

Regardant à nouveau le casier puis le dossier l’antipathique femme avait fait un “non” de la tête.

-Non, vos parents les ont récupéré. Il semblerait que vous ne soyez plus attendue chez vous Mademoiselle. Ils ont plus ou moins récupéré “leurs” biens.

Morticia était effarée. C’était donc la raison de ce changement. Ils n’étaient pas revenus sur leur décision. Ils avaient simplement changé de méthode. Opté pour quelque chose de bien plus radical en somme. La jeune femme dépitée et sous le choc avait repris ce qu’on lui donnait avant de quitter les lieux, restant largement désireuse de sortir de cet endroit atroce. Elle avait donc passé les grandes et lourdes portes de l’entrée de l’asile, les entendant claquer avec force derrière elle. C’est un peu perdue qu’elle avait passé quelques minutes ici, devant ces grandes portes, ne sachant pas ni par où partir ni même simplement où aller. Elle était seule, abandonnée, perdue, mais libre. Difficile de savoir si c’était un soulagement ou non finalement. Morticia était libérée de cet endroit, abandonnée de sa famille, jeune femme seule dans les grandes rues de Londres et sans le moindre plan en tête. Les chose partaient assez mal.

Que pouvait-elle faire d’autre de toute façon? Ce n’était pas comme si elle avait une formation autre que de simplement être belle et élégante. Et encore, ça c’était ce qu’ils avaient voulu. Il ne lui restait donc pas grand chose du haut de ses 18 printemps. La simple beauté ne suffisait pas et son jeune âge ne lui laissait pas grand chose à espérer non plus. La voilà donc qui écoutait un conseil (plus qu’une réelle demande ou proposition) de celui qui gérait son vendeur de produits dont il vaut mieux éviter de parler… et éviter de prendre d’ailleurs. En bref pas le meilleur homme à écouter sans doute. Pas non plus du genre très fiable sans doute. Mais la qualité de ses… marchandises était assez bonne pour qu’elle lui soit assez fidèle. Finalement, elle ne risquait peut-être pas grand chose à essayer, non?

Morticia en était donc à refaire son maquillage pour la troisième fois ce soir, n’arrivant pas à trouver le bon équilibre pour ne pas faire vulgaire et en même temps pouvoir faire illusion avec les éclairages. Eh, jeune fille mais il lui restait quelques réflexes utiles! Mais l’heure tournait, dangereusement. Une fois son visage acceptable à son goût, elle s’était empressé de rassembler ses dernières affaires. Non sans heurter cette casserole recyclée en bassine récupératrice d’eau de pluie… en intérieur. L’un de ces moments où elle se rendait compte à quel point le luxe résidait dans des détails. Et les fuites du toit de son “palace” de location avaient largement passé le stade du détail. Après un juron elle avait saisi ce qu’elle pensait être sa plus belle robe sous le bras, une paire de chaussures de rechange, son sac, et filé pour le lieu de rendez-vous avant de risquer d’être en retard.

C’était un pub devant lequel elle était déjà passé plusieurs fois sans même y prêter attention. De ceux qui font partie du décors de toute façon et depuis toujours. La jeune femme avait assez récemment appris qu’il était lié d’une façon ou d’une autre à son fameux fournisseur, mais à quel point là c’était une autre question. Ce frenchy de René n’allait certainement pas lui dire de toute façon. Une fois sur place, la première impression fut… assez mauvaise en fait. Il y avait cet homme, ou plutôt cette montagne, qui gardait la porte. Alors qu’il lui demandait sa baguette, la belle avait eu le réflexe de vérifier plusieurs fois à une vitesse assez incroyable qu’elle était bien au bon endroit, faisant ensuite confiance de façon tout à fait déraisonnable à René et ses “bonnes ” adresses. Cédant finalement à cette… chose… très grande…

L’intérieur avait l’air plutôt sympathique finalement. Le cadre avait l’air tout à fait soigné, pas surpeuplé non plus. Elle n’irait pourtant certainement pas dire qu’elle y était parfaitement dans son élément. La belle Morrison n’avait pas pris pour habitude de fréquenter ces lieux, leur préférant certains bien plus… bien moins… disons qu’elle n’avait pas les moyens de briller dans une telle audience. Après tout, c’était bien pour ça qu’elle  venait ce soir les servir au lieu de profiter de l’endroit. René n’avait comme toujours pas été bien difficile à trouver. Pour une fois elle se faisait toute petite d’ailleurs. Après tout, elle savait qu’il n’était pas le patron des lieux. Et justement, le patron, elle ne savait pas qui c’était. Assez curieusement, il n’y avait pas eu de réelles présentations. René lui avait indiqué quoi faire, de façon très rapide d’ailleurs, et elle avait intérêt à s’appliquer. Mais avant de se lancer (en essayant de cacher ces tremblements), il avait désigné un homme. Il était appuyé sur cette rambarde, en hauteur, là où personne ne semblait regarder, alors que lui voyait tous le monde. Il avait à peu près le même âge que René, la quarantaine, grand, plutôt athlétique, il faut l’admettre. Mais un regard à faire froid dans le dos. Après avoir dégluti et pris une grande inspiration, la petite apprentie serveuse était allé poser ses affaires là où on le lui avait dit avant de se lancer.

Quelle calamité. Elle n’était pas faite pour ça. Elle ne l’avait jamais été. Il n’avait pas fallu plus de 10 minutes avant qu’elle ne soit tâchée de vin sur le tablier, 30 minutes avant sa première erreur sur une commande, et 45 minutes pour faire ses adieux à ces quelques efforts faits sur la manucure avec ses propres moyens. Celle qui avait passé son enfance à être servie ne pouvait définitivement pas se mettre au service de l’autre si facilement. La seule chose qui la sauvait c’était son équilibre malgré de hauts talons. Morticia ne passait donc pas sa soirée à s’écrouler sur le parquet. Plus le temps passait, plus elle savait qu’elle s’éloignait des attentes du patron. Parfois elle lui jetait un oeil. A vrai dire son regard ne croisait jamais le sien. Mais elle savait qu’il veillait, et ce n’était clairement pas à son avantage.

Son calvaire avait finalement pris fin. Ou il avait changé en tout cas. Morticia épuisée était arrivée à ses quelques minutes de pause pour changer de rôle. Ce soir, elle tentait d’être recrutée comme serveuse mais aussi chanteuse. La première partie il serait très ambitieux et sans doute peu réaliste de se dire qu’elle pouvait compter sur sa prestation précédente. Quand à la chanson… bof… c’était sans doute déjà fichu de toute façon. Mais pour l’honneur, il était hors de question de laisser tomber dès maintenant. Alors elle avait changé de robe, changé de chaussures, changé de coiffure, et cela ferait sans doute illusion pour un début. Très franchement, c’était plutôt bien. Morticia bien qu’assez jeune était une belle femme et savait tout de même le mettre en avant. Cette robe lui allait très bien et son maintiens savait lui donner de la prestance. Le regard faisait le reste du travail en lui donnant un air assuré, bien plus qu’elle ne l’était réellement.

Prête, au moins physiquement, Morticia avait avancé jusqu’à la scène, prenant quelques secondes pour donner ses consignes aux musiciens, elle s’était installé devant le micro. Après une hésitation, regardant la salle avec une appréhension immense, elle ne voyait plus le fameux patron à son poste haut perché. Son coeur s’était un peu emballé à l’idée qu’il pourrait ne pas voir ce qu’elle faisait de moins risqué pour elle dans cette soirée désastreuse. Le service, elle ne savait pas faire. Mais le chant, ça, déjà mieux. C’était d’ailleurs ce qui avait poussé René à la faire venir ici ce soir. Cette fois c’était fichu. Elle était cuite.

Après quelques secondes qui lui avaient semblé durer des heures, elle avait fini par se lancer. Cette partie-là elle était assez vite revenue. Reprendre un rythme dans son souffle, y mettre un peu de sentiments, les musiciens n’étaient pas étrangers à l’histoire non plus. C’est derrière le bar, occupé à elle ne savait quoi et visiblement concentré, qu’elle avait retrouvé le patron. Il ne levait pas même le regard vers elle. Alors la belle brune l’avait fixé avec intensité, guettant le moment où il finirait par lui prêter attention ne serait-ce qu’une seconde. Elle l’attendait, poursuivant son chant, prenant même un peu plus de profondeur dans la voix par sa concentration. Et finalement, il l’avait fait. Il avait levé les yeux, avait posé ces verres sur le comptoir, et l’avait regardé. De quoi donner une ombre de sourire à Morticia qui ne le quittait pas, le regardait droit dans les yeux. Ce petit jeu avait duré jusqu’à la fin de cette première chanson. Après ça, il avait été détourné et elle avait repris un regard bien moins fixe. C’était finalement le mieux…

Après cette prestation bien plus correcte que la précédente, le moment le plus difficile était arrivé. Elle devait finalement passer devant le patron, recevoir la sentence de celui qu’on semblait appeler “Le Cuisinier” dans les ruelles sombres, celui qui surveillait tout son petit monde depuis les hauteurs, ne se laissant éclairer que par le tabac brulant de son cigare. Tout à fait effrayant… Penaude, la belle Morrison se tenait droite devant le bureau, le laissant finir de lire un parchemin sans dire un mot.

-Morticia… Nous sommes d’accord pour dire que tu ne vaut rien comme serveuse voire que tu es une catastrophe?

Comment le contredire? Cela avait été un moment affreux. A croire qu’elle ne s’en sortirait jamais, qu’elle n’était bonne à rien et vouée à s’éteindre dans la rue comme ses parents l’avaient sans doute imaginé en la laissant seule sans même une veste assez chaude pour l’hiver. Quel enfer. C’était comme si c’était joué d’avance. Et son visage était déjà résigné. Alors elle acquiesçait sagement, ne pouvant pas le contredire sur une telle évidence.

-Par contre tu n’es pas mauvaise chanteuse.

Un espoir. Mince, très mince, mais existant. Assez pour qu’elle n’ose à nouveau le regarder plutôt que ses pieds toujours droits sur ses talons hauts.

-Je veux bien te garder pour chanter, mais tu vas devoir travailler dur et revoir certaines choses, c’est clair?

Il lui offrait une chance? Réellement? Voilà qui était aussi surprenant qu’inespéré et sans doute aussi une chance aussi grande que son talent pour le service était minime. Il serait idiot pourtant de passer à côté. Alors sans même laisser le temps de faire mine d’avoir un doute, elle avait accepté. Impossible de laisser passer une chance pareille, pas en ce moment. Morticia avait peut-être une chance ici, si elle s’accrochait assez. Et cette chance, c’était Marius Draven.

En temps normal la jeune femme pouvait déjà être très impulsive et tendue. La consommation de substances peu recommandées et peu recommandables ne jouait en général pas en sa faveur. Alors qu’elle était désormais privée de ces mêmes substances, c’était sans doute encore pire. Il en avait du courage Marius pour la supporter ainsi chaque jour. Remarquez, ses chiens aussi avaient de la patience… La belle devait bien se résoudre à faire ses efforts pourtant. Elle savait que c’était pour le mieux, pour préserver cet enfant à venir qui avait su surprendre son petit monde. Les premiers jours avaient été terribles et Morticia n’avait pas même été capable de tenir la scène le soir. C’était pour la bonne cause s’était-elle dit, c’était pour le bien de l’enfant. Le sien passait finalement au second plan, ce n’était plus la priorité. Plus donc de substances récréatives, plus non plus d’alcool. Le dernier point un peu sensible restait la cigarette… Marius disait qu’arrêter serait mieux. Et elle le comprenait, elle qui avait une consommation plutôt importante… Mais ça, c’était impossible. Pas totalement. Tout arrêter n’était simplement pas possible. Et la cigarette… Oh elle avait bien ralenti, ça c’était certain. Mais impossible de complètement arrêter.

Pour l’aider à occuper son esprit dans la journée entre douleurs et nausées à cause de la grossesse, Marius lui avait conseillé de se pencher plus sérieusement sur sa musique. Il la pensait  douée et capable de pouvoir créer par elle-même. Une façon sans doute aussi de la pousser à forger cette confiance qui avait été lentement mais sûrement brisée par les années et les efforts de ses parents et les psychomages et autres médicomages de cet institut terrible. Alors elle prenait une guitare, s’installait dans un coin de l’appartement de Marius qui semblait  être en partie le sien au moins quelques mois, et tentait de créer quelque chose.

Ces derniers temps, elle travaillait sur une chanson en échos à ses hormones en ébullition. “Desire” l’avait-elle appelée. Il fallait peaufiner, très clairement. Affiner les arrangements, et travailler les libertés vocales aussi. Ajouter quelques nuances, quelque mouvements rythmiques… Bref, il y avait encore de quoi faire sur ce morceau. Mais il l’amusait quelque part. D’un jour sur l’autre elle l’adorait ou le détestait, se sentant en danger si elle devait réellement exposer sa création. Fort heureusement pour elle, Marius n’était jamais très loin.

La belle chanteuse se souvenait encore parfaitement de comment elle l’avait perçu la première fois. Il avait été effrayant au possible. Et une vision différente de ce patron omniscient n’était finalement que très récente. Il était imposant, effrayant, semblait avoir des yeux et des oreilles partout. Morticia avait très sérieusement paniqué lorsqu’elle l’avait vu devant sa porte ce fameux soir où il avait appris la vérité. Le soir où il avait appris qu’elle était enceinte. Elle s’attendait à être renvoyée, exilée, ou même pire, juste pour couvrir les arrières du grand patron qu’il était. Cela lui semblait même logique à l’époque. Au lieu de cela, il avait fait preuve de droiture, d’honneur, même de sensibilité et de douceur. Avec la réputation qui était la sienne, Marius n’était pas un homme qu’elle aurait pensé père de l’année. Pourtant pour le moment il s’en sortait surprenamment bien, très bien même. Et même… même plutôt tendre avec elle. Morty avait presque l’impression de le découvrir. Un peu comme deux personnes différentes qui se révélaient dans un sens ou l’autre en passant la porte de cet appartement au-dessus du pub. Et à vrai dire… elle commençait à bien l’apprécier, même si il était exigeant. La plupart du temps il veillait sur elle, prenait soin d’elle, sans mieux mieux que n’importe quelle autre personne qui aurait pu le faire jusqu’à maintenant. La belle ne se faisait pas d’illusions, c’était pour ce bébé qu’elle portait. Cela ne l’empêchait pourtant pas d’en profiter, au moins le temps que cela pourrait durer.

"Mon cher enfant,

Les choses ne sont pas toujours les plus simples pour toi, je m’en rend bien compte. J’en suis désolée, je suis moi-même assez mal je dois dire. Les choses ne sont pas si évidentes pour moi non plus. J’essaye, je t’assure. Bien plus pour toi que pour moi, il faut bien le dire. J’ai pris de mauvaises, très mauvaises habitudes. Et elles ne sont pas bonnes pour toi. Pour moi non plus, mais j’ai plus que souvent manqué de force pour m’en défaire. Tu sais mon coeur, parfois je pense à toi et je me dis que tu seras sans doute un cadeau pour plus d’une personne. Ce n’est pas la partie la plus agréable du travail que je suis en train de faire et le chemin est encore long mais je crois avoir quitté quelques-unes de ces mauvaises habitudes. Tu pourras aussi remercier ton père qui continue à veiller sur moi pour m’aider à tenir. Il s'est même mis aux cigares pour m'éviter de le voir fumer la cigarette et ressentir la tentation. L’alcool est difficile à oublier, ne commence jamais mon petit ange. La cigarette est sans doute pire encore. je ne peux pas tout lâcher, je l’avoue, c’est sans doute la part de trop. Je te promets de faire mon possible pour prendre soin de toi et t’aimer au mieux, mais si je te prends à fumer tu t’en souviendras!

Cela me fait d’ailleurs penser que je ne suis décidément pas prête pour tout ça. Si tu venais à toucher effectivement à tout cela, si tu suivais mes pas, si tu faisais mes erreurs, saurais-je y répondre? Est-ce que cela serait un signe que j’ai échoué? Il y a des choses mon petit coeur que je veux te voir ignorer le plus longtemps possible, crois-moi. J’en ai une bien trop grande connaissance moi-même. Une part de moi pense que si j’y ai touché moi-même c’est parce que j’ai souffert et que je veux l’oublier. Est-ce que c’est vraiment une raison? Est-ce que c’est vraiment LA raison? J’ai attendu, j’ai eu peur, j’ai eu faim, et j’ai regretté. Tellement de choses en plus de cela. Aujourd’hui je ne crois plus en grand chose. Mais toi mon ange, toi tu as tout à apprendre, et je vais m’assurer que ce soit tout autre chose que ce que j’ai eu. Je sais aussi que ton père suivra la même voie. Lui et moi feront de toi un enfant aimé, heureux, et je te fais confiance pour déjà être plein de vie.

Pour le moment je fais mon possible pour avancer dans la bonne direction. Par la suite, je ferai en sorte de t’accompagner jusqu’à ce que tu sois prêt à nous rejoindre. Et à ce moment je ne pense plus avoir besoin de m’inquiéter autant car je sais que je serai loin d’être seule. tous ces gens, tous ceux qui entourent ton père et se mettent à faire de même avec moi, je sais que ce n’est pas tant moi que toi qu’ils veulent protéger et aimer. Ils prendront soin de toi et le feront même si je dois échouer quelque part. C’est ce qui me donne tant d’espoir aujourd’hui. le temps où je vais devoir être tout ce que tu as est assez court. Et mon état de fatigue actuel me fait dire que ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Mais pour toi je tiendrai le temps qu’il faut. Aussi fort et longtemps qu’il le faudra. J’espère tout de même que ce si doux moment qu’est la grossesse sera parfois effectivement plus doux qu’il ne l’est actuellement.

Je t’aime.

Ta maman"