|
| D'invisibles barrières - Amelia | |
| Auteur | Message |
---|
| Sujet: D'invisibles barrières - Amelia Dim 23 Aoû 2020 - 23:17 | |
| Il était resté allongé dans le noir de sa chambre, une fois rentré, cette fameuse nuit.
Les événements de la soirée passaient en boucle dans sa tête. L'excitation, la fierté, l'envie de vivre... et puis la douche froide, aux premières lueurs du feu d'artifice. La silhouette sombre de corps flottant dans l'eau – et pourtant, pas de Marque flottant au-dessus d'eux, au milieu des jaillissements étincelants, pour que tous puissent la voir, immense, dominant toute l'assistance. La panique s'emparant de la foule – sans que ne soit venues d'autres attaques, tel qu'il l'avait lui-même craint, sans que se soient montrées les silhouettes sombres des Mangemorts. Qu'est-ce que c'était, tout ça ? Est-ce que ces deux morts étaient liées à la Guerre en cours ? Qui étaient-ils, d'ailleurs ? Leurs cadavres laissés là, s'agissait-il d'avertissements? Si oui, à qui étaient-ils adressés? Ou n'était-ce qu'un hasard, bien que cela ait pu sembler particulièrement improbable? Est-ce que, peut-être, leurs décès pouvaient n'avoir aucun lien avec la montée en puissance du Mage Noir... ?
D'autres pensées l'avaient assailli, plus prosaïques, plus personnelles, plus dérisoires sans doute, mais plus blessantes aussi.
La façon dont Amelia s'était débattue dans ses bras et l'avait fui.
Chaque fois qu'il en arrivait à ces moments-là de la soirée, sa mâchoire se crispait. Il ne comprenait pas. Dès la découverte des corps, lui n'avait eu qu'une seule chose en tête : elle. La mettre en sécurité, la protéger. Encore maintenant, il ne pouvait s'en empêcher, il aurait voulu veiller sur son sommeil. S'assurer qu'elle allait bien. …Elle, au même instant, avait manifestement eu d'autres réflexes, d'autres inquiétudes. Et Gauwain n'en faisait pas partie.
Il la savait indépendante, mais... …ce décalage le tenait éveillé, à regarder le plafond sombre, dans sa chambre de Saint Davids, un goût métallique dans la gorge. La façon dont elle l'avait fui. De temps à autre, il prenait une gorgée de ce qui lui restait de Whisky Pure Feu. Ca ne l'aida pas à trouver le sommeil, au contraire, renforçant ses pensées les plus amères.
La lettre d'Amelia, venue bien plus tard, une fois le soleil levé, n'arrangea pas tout à fait les choses.
D'un côté, elle avait compris ce qu'il avait pu ressentir, et s'en était inquiétée. Elle voulait le voir.
De l'autre... C'était court, et.... Il connaissait sa petite amie, il la savait toujours réservée et élégante dans l'expression de ses sentiments mais... ce matin là, sa façon de signer cette lettre, avec... toute son affection ? Ils en étaient encore là ? A de l'affection sincère ? Il ressentait pour elle bien plus que de l'affection. Tellement plus. Peut-être que c'était le point central, dans tout ça.
Il répondit néanmoins, aussitôt, ignorant son mal de crâne tandis qu'il traçait les lettres sur le parchemin. Il avait besoin de la voir. Avait besoin de lui parler, aussi, sans doute. Il ignora la façon dont Canu lui picora les doigts pour réclamer un salaire sous forme de nourriture avant de prendre son envol.
La fin de journée vînt à la fois trop lentement et trop vite. Il l'attendit comme convenu au Chaudron Baveur, l'air neutre tandis qu'il s'abîmait dans la contemplation d'un hydromel, en essayant de ne pas penser au fait que le liquide avait la couleur des cheveux d'Amelia Bones, à la lueur d'un feu de joie. |
| | | Amelia Bones COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 688 | AVATARS / CRÉDITS : Sophie Turner /bambieeyes/magma signature | SANG : Rouge sang
| Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia Lun 24 Aoû 2020 - 13:14 | |
| Alors qu'elle quittait Harpile Poil, elle se demandait comment elle avait survécu à cette journée sans s'effondrer au moins une fois. Elle supposait que le travail avait été une occupation bien suffisant pour son esprit. La bonne humeur de Marlene aidait également. Et le rendez-vous donné par Gauwain ne l'inquiétait pas outre mesure. Elle le verrait et ils s’expliqueraient. Voilà qui lui semblait logique et rationnel. Ni plus ni moins. Tout en marchant, Amelia sortit un élastique pour attacher ses boucles rousses - auburn serait plus approprié - afin de dégager son visage. Dès qu'elle fermait les yeux, elle revoyait les cadavres de ces personnes. Concrètement, elle ne se sentait pas au top de sa forme, elle n'avait pas dormi ou presque. Mais avec un correcteur, il avait été facile de cacher les cernes qui s'étaient installées sous ses yeux. Son regard se perdait des fois, bien malgré elle, mais rien qui ne laissait présager ce qui cachait au fond d'elle. C'est pourquoi elle avait préféré voir sa famille en premier, comme pour... s'assurer qu'ils étaient bien en vie. Après cela, au milieu de la nuit, elle avait essayé de formuler une demande pour obtenir sa journée ou tout du moins sa matinée, avant d'abandonner. Elle n'était pas faite pour prendre des pauses.
Elle parcourut la distance qui la séparait du chaudron baveur assez rapidement. Elle n'aimait pas foncièrement cet endroit. On y voyait et entendait de tout dans ce pub. C'était une vieille bâtisse que les sorciers de Londres fréquentaient tous ou presque. Certains de passages y dormaient. D'autres se contentaient de boire un verre. Amelia, elle y allait pour voir son petit ami, en espérant ne pas y rester longtemps. Ils pourraient certainement manger autre part, elle ne savait pas trop. Sa lettre avait été bizarre. Il disait ne pas être vexé, mais en même temps, elle le savait mécontent. Son message était passé. Dans un même temps, elle ne comptait pas s'excuser.
Déterminée, elle poussa la porte du chaudron baveur et découvrit un certain nombre de personnes qui s'affairait à l'intérieur. Typique. La fin de journée signifiait forcément cela : du monde. Peut-être avait-il choisi cet endroit précisément pour cela. Elle le chercha des yeux et finit par l'apercevoir de dos, le nez dans quelque chose, un verre. En s'approchant, elle reconnut évidemment l'hydromel pour toujours avoir aimé ceci. Mais elle n'était pas très boissons alcoolisées. “ Bonsoir Gauwain. ” Elle l'embrassa sur la joue. A côté de lui, elle était fraîche comme une fleur de printemps. Elle avait fait l'effort de paraître bien. Puis un serveur apparut pour sa commande : “ Alors qu'est-ce que je vous sers ma petite dame ? ” Un peu familier, mais pas impoli pour autant. Amelia leva les yeux vers lui pour l'observer quelques secondes, ne sachant pas vraiment ce qu'elle pouvait bien prendre. Finalement : “ Un jus de citrouille s'il vous plait. ” Au moins, elle restait raisonnable. Après la bière au beerquidditch, le champibulle de la veille... elle ne comptait pas retoucher à une goutte d'alcool avant longtemps. “ La soirée d'hier a été... terrible, j'espère que les aurors trouveront les responsables. ” Pendant une seconde, elle s'était demandé comment elle aurait réagi si ça avait été des personnes qu'elle connaissait, qu'elle connaissait bien. Elle espérait pour les familles des deux victimes que les coupables finiraient derrière les barreaux. Elle n'avait guère trouvé de mieux à dire à son petit ami. “ Est-ce que malgré tout, tu vas bien ? ” Oh il était évident qu'elle allait mal, mais elle ne voulait pas en parler. Pas maintenant. Le serveur posa son verre de jus de citrouille devant les yeux et elle décida d'en boire une première gorgée pour se donner de la contenance. |
| | | | Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia Lun 24 Aoû 2020 - 17:02 | |
| Quand elle apparut finalement, Amelia était impeccable. Impeccablement vêtue, impeccablement coiffée, toujours en contrôle. S’il n’y avait eu ce petit quelque chose de fatigué et de prudent dans ses yeux, s’il n’y avait eu la sorte de distance prudente qu’elle affichait, on n’aurait pas soupçonné les événements de la veille. « Salut… »
Les lèvres sur sa joue étaient délicates, douces ; une petite voix dans un coin de son esprit nota qu’elle avait voulu ce baiser chaste et discret. Il tenta de se raccrocher aux souvenirs d’autres retrouvailles, au fait qu’elle n’était jamais à l’aise avec les grandes démonstrations d’intimité en public, à la certitude que ce n’était pas la première fois qu’elle le saluait de la sorte ; la voix se contenta de rire. Il la regarda prendre place face à lui, beauté inatteignable et refusant de montrer une faille.
Il eut l’impression qu’elle lui faisait la conversation, choisissant un sujet d’actualité, un sujet neutre et que l’on pouvait commenter de façon impersonnelle. Il baissa les yeux sur son hydromel et prit une nouvelle gorgée, en se traitant d’abruti. S’humectant les lèvres, il hocha la tête, avant de relever les yeux sur elle. Jamais il n’avait senti un tel malaise entre eux deux, pas même quand il avait cru qu’elle allait le renvoyer dans ses foyers, en mai dernier.
« Je suis sûr qu’ils les trouveront. Ils leur mettent toujours la main dessus. »
Ca, c’était la vérité. Sans amertume, sans faux-semblant. C’était impersonnel, aussi, une conversation qu’il aurait pu avoir avec n’importe qui. Sans réfléchir, suivant un instinct, il posa sa main sur la sienne, tandis qu’elle reposait son verre. Ses doigts étaient frais sous les siens, presque froids.
Est-ce qu’elle allait tressaillir ? Est-ce qu’elle allait se dérober ?
Il ne répondit pas à sa question ; est-ce qu’il allait bien… Il était en vie, il n’était pas blessé, il supposait que c’était déjà beaucoup en demander. Au lieu de cela, il choisit de ne pas prendre de détours. D’aborder directement le sujet qui l’avait torturé une bonne partie de la nuit.
« Et toi? Ca va? … Je- Je sais bien que tout ça, ça a pas dû être facile. »
Lui n’avait pas été le premier à voir les cadavres. Il n’avait même pas vraiment vu les corps, hormis comme des masses sombres flottant à la surface de l’eau. Ils avaient eu une réalité distante, comme celle des photos de la Gazette. Sa petite amie, elle, s’était approchée. Néanmoins… elle s’était débattue dans ses bras avant même d’avoir pu s’avancer plus près de la rive.
« …Qu’est-ce qui s’est passé, hier soir, Amelia ? »
C’était une question stupide. Elle pouvait lui répondre que deux personnes étaient mortes, qu’une fête avait été gâchée de la plus horrible des façons, que personne ne pouvait répondre réellement à cette question à part le ou les meurtriers. Mais Amelia Bones était loin d’être stupide ; elle saurait que ce n’était pas ce qu’il voulait dire. Si elle se dérobait, ce serait sciemment.
Il aurait pu lui laisser la possibilité d’esquiver. Cependant, cette question l’avait rongé toute la nuit ; aucune des réponses qui lui venaient en tête ne l’apaisait. Aussi, il ajouta, de la façon la plus dépassionnée possible :
« Si t’avais pensé que j’avais buté ces gens, t’aurais pas réagi différemment. »
Enfin il espérait, quelque part, qu’il se trompait. Que dans ce cas de figure, elle l’aurait immobilisé et livré à la justice. |
| | | Amelia Bones COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 688 | AVATARS / CRÉDITS : Sophie Turner /bambieeyes/magma signature | SANG : Rouge sang
| Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia Mar 25 Aoû 2020 - 10:17 | |
| “ J'espère. Ils méritent justice et leurs familles également. ” Dit-elle en pensant à ce qu'elle voulait faire, à son avenir. La justice, c'était quelque chose qui attirait son intérêt depuis son enfance. Et maintenant... elle attendait. “ Je ne sais pas comment je réagirais si cela m'arrivait. ” Murmura-t-elle sans s'en rendre compte. Si cela avait été l'un de ses parents ou l'un de ses frères... Elle préférait ne pas y penser. Le toucher de Gauwain était rassurant. Et alors, avec son pouce, elle caressa la paume d'un de ses doigts. Elle avait toujours aimé ce geste; doux, discret, mais tendre. Simple, mais chaleureux. Ce dont elle avait besoin pour le moment. Elle n'avait pas tellement compris pourquoi il l'avait serrée si fort comme si elle avait été en sucre ou comme si elle ne savait pas se défendre. Comme une princesse dans une tour, comme l'avait dit Graham.
“ Tu ne réponds pas à ma question... ” Remarqua-t-elle avec une forme de tristesse dans la voix. Il évitait son interrogation comme si elle avait dit quelque chose de mal. Elle avait découvert des cadavres et avait donné l'alerte par un cri qu'elle n'oublierait jamais. Elle laissa échapper un soupir, peu certaine de savoir quoi répondre à cela. Mais si elle pouvait être franche avec quelqu'un, ce devait bien être son petit ami. Il pouvait bien comprendre, n'est-ce pas ? “ Je ne sais pas. J'ai encore l'impression que c'est irréel. Une partie de moi espère encore que c'est un cauchemar. ” Elle avala une nouvelle gorgée de son jus de citrouille. Cela lui faisait du bien en un sens, cela lui donnait une raison de ne pas faire attention à la tension qui régnait entre eux. Une pression qu'elle ne comprenait d'ailleurs pas vraiment...
Elle aurait pu s'étrangler avec son jus alors que Gauwain lui demanda ce qui s'était passé la veille. Elle savait qu'il ne faisait pas référence aux cadavres, ni au reste. Et pendant un instant, elle se demanda s'il, non, comment il pouvait accorder plus d'importance à la manière dont elle avait réagi plutôt que que les cadavres eux-mêmes. Et elle avait beau tourné tout cela dans son crane, elle ne voyait pas tellement comment cela était possible. N'était-ce pas... égoïste ? Était-ce réellement la seule chose qu'il avait retenu de ce drame ? Qu'elle n'avait pas pleuré dans ses bras comme une demoiselle en détresse ? Elle en avait la nausée. Et son cœur se brisait. Pas vexé, tu parles... Il le lui reprochait carrément. Elle l'avait su. Dès l'instant où elle avait écrit cette fichue lettre. Elle aurait mieux fait de pas le contacter du tout...
La suite ne fut guère plus facile à digérer que la précédente remarque. Elle aurait pu en pleurer, si elle n'avait pas déjà pleuré toutes les larmes de son corps, le visage enfoui dans l'oreiller. “ Je te demande pardon ? ” Sa voix se brisa. Et elle ferma les yeux, un instant, inspira profondément pour reprendre le contrôle d'elle-même. Elle repensa à Aurora, Nora et Soyle qui l'avaient tant aidé pour affronter ses crises. Mais aucune d'elle n'était là. Juste Gauwain et ses remarques désobligeantes. Il était odieux. Son coeur ralentit et reprit un rythme normal. “ Mais pour qui me prends-tu ? ” Elle marqua une pause pour rassembler toutes ses esprits. Puis elle choisit de reprendre la parole en faisant preuve du plus grand sarcasme dont elle était capable à l'instant présent : “ Je suis désolée d'avoir été choquée de découvrir des corps. Je suis désolée de ne pas m'être laissée faire comme une poupée de chiffon. Je suis désolée d'avoir été horrifiée pour les personnes dans le lac. Je suis désolée d'avoir fui la scène sans toi pour aller vomir en paix. Je suis désolée d'avoir voulu retrouver mes frères. Et surtout, je suis désolée d'être humaine et d'avoir eu peur. ” Elle n'était évidemment pas désolée, mais son coeur ne supportait pas le jugement plus que négatif qu'il portait sur elle. Puis finalement, elle ajouta : “ C'est ce que tu voulais entendre ? Que je suis désolée ? ” Elle ignorait ce qu'il allait répondre, mais elle n'était réellement prête à en entendre davantage. |
| | | | Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia Mar 25 Aoû 2020 - 12:47 | |
| Il ne s’était pas attendu à une telle réponse en retour. Une valse d’émotions passa dans les yeux bleus, le choc, la douleur ; après un moment de pause, comme si elle se préparait à une épreuve, il n’y eut plus dans le regard clair que de la colère. Il recula de quelques centimètres, tandis qu’elle lui énumérait d’un ton meurtrier tout ce pourquoi elle n’était pas du tout désolée. Il fronça les sourcils ; qu’est-ce que- ? C’était pas ça, qu’il avait voulu dire !
« Non. Non, c’est pas du tout ça. Je suis pas en train de te demander de t’excuser. »
Qu’est-ce qu’elle pensait, que c’était un procès ? Qu’il venait lui reprocher d’avoir craqué ? Quel abruti il faisait – Il savait qu’elle n’aimait pas paraitre faible, bien sûr qu’elle allait le prendre comme ça. Il se tendit, agacé, repensant à une situation similaire et pourtant différente.
« On réagit comme on peut. Je le sais. On le sait tous les deux. Enfin t’es bien placée pour le savoir, non ? Qu’est-ce que t’as pensé, quand j’ai débarqué chez toi en juillet ? Qu’il fallait que je m’excuse, après ? »
Il réalisa que son ton s’était échauffé, que sa voix s’était tendue ; il s’arrêta net. Ses doigts se retirèrent de ceux d’Amelia ; il se passa la main sur le visage, cherchant à reprendre le contrôle de lui-même, avant de poursuivre, d’une voix plus mesurée.
«….Pardon. Ecoute …Je suis juste en train d’essayer de comprendre. »
Il prit une inspiration prudente, sans détacher ses yeux d’elle.
« T’as le droit d’être- d’être humaine. D’avoir été sous le choc. Mais j’ai besoin de comprendre. Pourquoi- Pourquoi on est pas juste - partis ensemble, dès que t’as aperçu les corps ? Pourquoi – Pourquoi ton premier réflexe, ça a été de fuir toute seule ? »
Ou pire, ce qui l’avait torturé : que son premier réflexe, en pareil cas, ait été de fuir loin de Gauwain en particulier. Et ça, ça le dépassait. Il pensait pouvoir être à ses côtés en cas de problèmes, il pensait pouvoir veiller sur elle, et il savait qu’elle tenait à son indépendance, mais là – là, c’était pas de l’indépendance.
« …J’ai eu peur de te perdre, Amelia. Tu comprends ? Je suis resté, parce que c’était pas envisageable pour moi de partir sans toi. Sans être sûr que t’allais bien, que t’étais en sécurité. »
Tant pis si elle n’avait pas eu les mêmes inquiétudes, après tout, hein ? Cette pensée, seule, le frappa plus rudement qu’il ne l’aurait pensé. Il la fixa, sans rien dire, pendant un moment. Comme s’il la voyait enfin. Ses yeux bleus mangés d’orage, qui n’attendaient que la pluie pour pleurer. Sa peau pâle mais où les ombres semblaient se concentrer, lui dessinant un masque grave. Les lèvres fardées mais serrées comme pour retenir un hurlement.
Il baissa les yeux vers son verre, aux trois quarts vides.
« Je comprends que t’aies voulu voir tes frères, te rassurer, mais - J’aurais voulu – J’aurais voulu pouvoir être là pour toi. J’aurais voulu être là pour toi hier soir. Ce matin. »
Et puis, finalement, avec une forme d’amertume dirigée contre lui-même:
« Maintenant. »
Et au lieu de ça, ils s’engueulaient.
C’était pas ce qu’il avait voulu. A l’origine. C’était pas du tout ce qu’il avait voulu.
Bien joué.
« Est-ce que… est-ce que là, il y a quelque chose que je peux faire ? »
|
| | | Amelia Bones COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 688 | AVATARS / CRÉDITS : Sophie Turner /bambieeyes/magma signature | SANG : Rouge sang
| Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia Mar 25 Aoû 2020 - 16:36 | |
| “ Vraiment ? ” Hoqueta-t-elle. Pourtant n'était-ce pas un reproche qu'il lui avait fait ? Quand il lui avait dit qu'elle n'aurait pas réagi différemment si elle l'avait cru capable de tuer. Il l'avait interrogée sur ses réactions, sur la manière dont il l'avait traité spécialement. Il avait osé écrire "Je suis pas vexé. Je vais bien." pourtant. C'était écrit noir sur blanc. Elle s'en souvenait. Et plus il parlait, plus son cœur ralentissait dans sa poitrine. “ Je ne me souviens pas t'avoir demandé pourquoi tu avais réagi de cette façon pourtant. ” Lâcha-t-elle sans s'en rendre compte. C'était bien là la différence pourtant. Elle avait voulu savoir ce qui était arrivé, pas pourquoi il était venu la voir elle, recouvert de sang, sonnant à sa porte, sans donner d'explication à son père. Elle l'avait même défendue sans savoir ses raisons. Les deux situations était incomparables à tout point de vue, et elle n'aimait pas du tout la tournure de cette conversation.
Elle regarda leurs mains et suivit du regard le mouvement de celle de son petit ami. Elle resta silencieuse, même lorsqu'il s'excusa... Mais le pensait-il réellement ? Est-ce que... Sa tête ne voulait pas y penser. Cette discussion venait à peine de commencer qu'elle était déjà éreintée. A vrai dire, la fatigue se ressentait enfin, à la fin de journée, après de longues heures de travail. Mais elle prêtait une oreille attentive à chaque mot et phrase qu'il prononçait. Elle était comme un enfant devant l'un de ses parents essayant de saisir le sens des paroles qu'on lui adressait. Ils en revenaient au même problème pourtant. Il voulait savoir pourquoi elle n'était pas restée avec lui. Elle fut surprise de réaliser qu'elle ne lui avait jamais réellement parlé de ses angoisses. “ Je n'ai pas cherché à te fuir toi spécialement... mais j'avais besoin d'être seule pour gérer ce que je ressentais. ” Elle se mordilla la lèvre inférieure essayant de trouver un exemple qu'il pourrait comprendre... Mais le plus évident restait les notes aux aspics. “ Quand nous avons reçu nos résultats aux aspics, tu as ressenti le besoin de régler cela seul, sans m'en parler, eh bien, là c'est la même chose. J'avais besoin de rester seule pour encaisser le coup, revenir la réalité et ... vomir aussi bien évidemment. ” A vrai dire, elle avait su cela seulement quand ils s'étaient retrouvé face à son père. Ah tiens, un exemple parfait pour contrecarrer la plupart de ses arguments. Mais s'il voulait tout savoir, eh bien, elle lui dirait. Ce n'était pas vraiment un secret, ni pour sa famille, ni pour certains de ses professeurs et amis. “ Tu sais que j'ai tendance à stresser avant les examens n'est-ce pas ? ” Demanda-t-elle espérant qu'il ait au moins cette information. “ Eh bien, avant que nous devenions amis, c'était bien pire. Je faisais des crises d'angoisses. C'est ce qui m'est arrivé hier soir. Ce que je fais n'a jamais vraiment de sens, même pour moi. ” Elle marqua une pause, essayant de formuler la suite dans sa tête avant de la dire à voix haute. “ Je ne contrôle pas mes émotions pour m'amuser, je veux juste éviter ça... ce n'est pas contre toi ou contre qui que ce soit. Même moi, je ne peux pas me l'expliquer. ” Par Merlin, elle voyait même une psy à cause de son anxiété...
Elle savait qu'il voulait la protéger... constamment, comme si elle était une petite chose fragile. “ Je sais que tu veux prendre soin de moi et c'est tout à ton honneur. Mais des fois, cela signifie aussi me laisser le temps de vomir et pleurer seule dans un coin. ” Essaya-t-elle sur une pointe d'humour. Mais elle ne savait pas vraiment comment il allait le prendre. Pourtant, elle voulait lui expliquer et ce même s'il encaissait pas comme elle l'espérait. “ Ce que tu as fait hier... m'emmener là où je voulais et me laisser rentrer seule, c'était la chose à faire. C'est comme moi quand... après les résultats des aspics, je savais que tu me cachais quelque chose, mais je t'ai laissé garder cela pour toi, parce que je pensais que tu avais besoin de temps pour m'en parler. C'est aussi ça un couple, tu ne crois pas ? ” Laisser de l'espace à l'autre mieux revenir, pour mieux parler... Elle préféra garder cela pour elle. “ Je ne suis pas désolée de la manière dont je me suis conduite, mais je suis désolée que ça t'ai blessé. Je t'aime, n'en doute pas une seconde s'il te plait. ” Elle poussa les deux verres sur le côté pour tendre ses mains vers lui en espérant qu'une bonne fois pour toute, cette discussion s'arrêterait là. Car cela la mettait mal à l'aise plus que de raison. |
| | | | Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia Mar 25 Aoû 2020 - 20:56 | |
| « T’as pas eu besoin de me le demander… »
Il avait dit ça de façon tranquille, posée. Il n’avait pas eu les idées très claires ce matin-là, mais il était quasi certain de lui avoir expliqué spontanément. Et quand bien même… il lui semblait plus naturel de chercher à tout prix à rejoindre la personne qui nous était la plus chère, plutôt que de la fuir.
Le début de ses explications sembla répondre précisément à cette pensée. Quant à la suite… Amelia en appela à sa propre situation concernant son avenir. Il détourna les yeux, juste l’espace d’un instant, une façon silencieuse de lui concéder ce point-ci. Qu’y avait-il à répliquer, sur ce sujet ? Rien. Elle ne faisait qu’énoncer une vérité stricte. Il avait effectivement préféré régler ça à sa manière. Il aurait pu s’ouvrir à elle, chercher son appui. Il n’en avait rien fait. Il avait eu honte, avait voulu suivre des chemins qu’elle n’aurait probablement pas approuvé, avait voulu se prouver que ce qu’il avait causé, il pouvait l’arranger.
Il eut envie de protester. De lui montrer à quel point les deux situations différaient, parce que - Non, c’était pas comparable, ils n’avaient pas été en danger, ils n’avaient pas risqué leur vie !
Cependant… Gauwain le savait, et en eut confirmation quelques instants plus tard. Tout ça avait frustré Amelia ; ou plutôt... non, peut-être pas frustré… Blessée. Oui, ça l’avait sans doute blessée. Bien qu'elle ait choisi de n'en rien dire.
Finalement, il pouvait peut-être bien voir les parallèles qu'elle traçait.
Tout le reste des explications de la jeune femme jeta dans l'esprit de Gauwain un voile de confusion. C'était, comme il venait d'en faire l'expérience, comme regarder un tableau familier, et le trouver changé, d'une façon fondamentale.
Bien sûr qu’il la savait stressée avant des examens, mais… des crises d’angoisse ? Il comprenait les deux termes séparément mais saisissait en l'écoutant qu'il s'agissait de quelque chose d'autre qu'une simple peur. Il fronça les sourcils et ses yeux sombres s’accrochèrent à ceux de la jeune femme, la laissant expliquer, cherchant dans les prunelles bleu sombre des indices supplémentaires.
Quand elle eut fini, il laissa échapper une longue expiration, un souffle qui lui sembla emporter avec lui une grande partie de la tension qui s'était immiscée entre eux. Et sans détourner le regard, il répondit à sa tentative de réparer les choses. Ses mains trouvèrent celles d'Amelia, les étreignirent comme s'il avait craint de la perdre s'il la lâchait.
« J'ai cru- Je suis désolé. J'ai pensé que tu - »
Il se sentit crétin, doublement crétin même, parce qu’en quelques minutes, elle venait d’éradiquer chacune des idées qui étaient venues le torturer depuis la nuit passée. Et parce qu'elle avait réussi à comprendre ses craintes, et, afin de les apaiser, avait délibérément choisi de se montrer vulnérable, d'expliquer quelque chose dont ils n'avaient pas parlé jusque là, et qu'il devinait grave.
Par amour.
Quel abruti.
« Je… j’ai jamais entendu parler de crises d’angoisse. - Ca se traduit comment ? »
Il se sentit triplement crétin, parce que la façon dont elle venait d’employer ce mot était naturelle, ce qui voulait sans doute dire que c’était une chose courante ou du moins connue.
|
| | | Amelia Bones COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 688 | AVATARS / CRÉDITS : Sophie Turner /bambieeyes/magma signature | SANG : Rouge sang
| Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia Dim 30 Aoû 2020 - 18:19 | |
| Si Amelia ne regrettait pas de lui avoir dévoilé la vérité, elle ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi il s'excusait ? Regrettait-il d'avoir d'elle et de ses sentiments ? Pensait-il que sa conduite précédent méritait des excuses ? Elle se rappelait les propos exacts, et même s'il semblait s'adoucir à mesure qu'elle parlait, il ne paraissait pas comprendre que ses mots avaient été douloureux à entendre. Elle voulait savoir. Elle avait le droit de savoir. Soudainement, une phrase apparut à son esprit, prenant la voix étranglée de Freya Bakke. Heureux est l'ignorant avait-elle dit. Pourtant, Amelia prenait le risque. Elle désirait la vérité. “ De quoi es-tu désolé ? ” Demanda-t-elle dans un premier temps, sans jugement dans sa voix. Elle lui laissait la possibilité de s'expliquer, d'aller au bout des choses et de prendre la grande porte. Elle était prête à accepter ses excuses à la condition de connaitre le fond de sa pensée. “ Qu'as-tu cru ? ” Deuxième question, qui avait également toute son importance. Elle lui offrait une chance de préciser et espérait qu'il qu'il la saisirait. ne serait-ce que par honnêteté envers elle... envers eux. “ Je n'ai pas fui à cause de toi ou de nous, sois en assuré. ” Elle essayait de le tranquilliser, car au fond, il était peut-être le plus perturbé des deux à ce moment-là. Elle avait été tétanisée et avait pleuré également... Mais elle s'en remettrait. Plusieurs conversations, dont une avec Soyle, pour évacuer tout le stress et la panique causés par cet événement serviraient à cela. Peut-être même une séance avec la psy lui serait essentielle. Cela prendrait du temps, mais elle y arriverait.
Il la prenait au sérieux... c'était déjà une chose, elle supposait. Elle eut un faible sourire à la question de Gauwain. Comment devait-elle expliciter cela ? Mine de rien, se plonger à nouveau dans toutes ces crises de panique s'avérait éprouvant. Nora savait bien évidemment pour avoir été sa psychomage depuis si longtemps. Aurora, toujours présente dans sa vie, reconnaissait même les signes avant-coureurs. Soyle, dans sa grande générosité, avait accepté de la guider jusqu'à l'infirmerie et de prendre soin d'elle. Elle n'avait donc pas besoin de leur expliquer, elles le savaient. Elles l'avaient vu. Mais Gauwain était apparu bien plus tard dans sa vie, vers leur cinquième année, il ne pouvait pas être courant, pas entièrement. “ C'est un terme psychomagique. ” Il n'y avait rien de très étonnant au fait que Gauwain n'ait jamais entendu parler de crise de panique ou d'angoisse. Il la savait stressée et nerveuse, c'était déjà ça, elle imaginait. “ C'est différent d'une personne à une autre, je crois. Mais on a souvent des réactions disproportionnées ou du moins, c'est l'impression que j'en ai quand la crise est passée. ” Lorsqu'elle repensait à ces moments, à ces crises de moins en moins fréquentes, elle se trouvait ridicule, absurde. Et pourtant, elle n'avait rien fait de mal. Elle n'avait rien à se reprocher. Elle essayait de ne pas porter sur elle un jugement trop grand. Nora lui avait expliqué qu'elle ne pouvait pas tout contrôler et que ses réactions en faisaient partie. Mais elle pouvait anticiper d'où les exercices de relaxation et de respiration. Ainsi que toutes les petites techniques d'Aurora pour la divertir quand elle remarquait que son amie était au bord d'une crise de nerfs.
Elle lâcha les mains de Gauwain pour récupérer son verre de jus de citrouille pour se donner une dose de courage. Sa bouche était pâteuse et sa gorge sèche. La gorgée lui fit du bien pendant quelques secondes. “ Hier, j'ai eu une sensation d'étouffement comme si je ne pouvais plus respirer. Je crois que c'est pour cela que je me suis débattue. ” Cela avait été le début. Le reste, elle ne s'en rappelait pas vraiment. Elle n'avait pas vu le temps passé, ni réellement entendu les voix... seulement celle de Wilda, comme si seule une personne qu'elle avait connu avait pu la ramener à la réalité. “ J'avais l'impression d'être là et pas là à la fois. J'entendais les voix et les cris, mais comme si tout cela était lointain. J'ai fini par revenir à la réalité, mais tardivement... ” Elle avait senti son cœur ralentir, puis s'accélérer rapidement. Et bien entendu le souffle coupé, mais cela avait déjà été dit. “ Je ne crois pas que je marchais très droit et... j'ai eu besoin de m'isoler, comme si cela me permettrait de prendre l'air. ” Elle avait eu envie de vomir, mais cela il le savait déjà. De plus, elle ignorait s'il s'agissait là d'un symptôme d'une crise de panique ou le résultat d'avoir aperçu les corps. Elle se souvenait des tremblements également. Le problème... c'était que d'une crise à une autre, elle ne réagissait pas forcément de la même manière. Mais ça elle n'arrivait pas à le verbaliser. |
| | | | Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia Lun 31 Aoû 2020 - 17:37 | |
| Il la regarda longuement, avant de répondre. Est-ce qu’elle tenait vraiment à avoir la réponse à cette question ? Est-ce que ça changerait quelque chose, d’expliquer ce qu’il avait pensé, ce qui l’avait torturé, plus que de savoir qu’il y avait eu deux morts ? Est-ce que ça ne risquait pas de faire pire que mieux vu leur état respectif, de rappeler la tempête alors qu’ils étaient parvenus ensemble à une zone d’accalmie ?
Mais les yeux bleus restaient accrochés aux siens avec intensité, les doigts d’Amelia restaient entre ses mains. Alors, sans savoir s’il faisait une erreur ou non, il expliqua :
« … Je voulais qu’on soit en sécurité. J’ai eu peur de t’avoir perdue parce que… »
C’était le nœud du problème, sans doute. L’avoir perdue, sur le moment. Puis, plus tard, avoir l’impression qu’il l’avait perdue d’une toute autre façon : arriver à la conclusion qu’elle n’avait pas seulement fui, se dire qu’elle l’avait fui lui.
« J’ai cru… J’ai cru que tu avais agi par instinct. Et que ton instinct te criait d’être loin de moi. »
Et les sous-entendus étaient nombreux, derrière cette idée. Les craintes qu’ils ne soient pas sur la même longueur d’ondes, qu’ils ne l’aient jamais été. Qu’il soit seul, dans cette relation, qu’il ne soit pas pour elle ce qu’il voulait être. Peut-être que c’était surtout ses propres angoisses qui ressurgissaient à la surface, en même temps que les cadavres qui avaient flotté hier soir sur le lac aux eaux profondes. Ce qui le ramenait à la première question qu’elle lui avait posé.
« Je suis désolé parce que …je n’aurais pas dû me focaliser là-dessus, après coup. Cette nuit, j’arrivais à penser qu’à ça. Au fait que je pouvais pas être là pour toi. A l’idée que tu ne veuilles pas que je sois avec toi. Alors que c’est pas ça, le principal. J’ai occulté l’important. L’important, c’était que tu puisses… » retrouver le contrôle ? aller mieux ? « …te sentir en sécurité. J'ai pas imaginé ce qu'il y avait vraiment derrière tout ça. J'ai pas compris. »
Gauwain l’écouta de son mieux, le plus attentivement possible, sans la couper, pour essayer de comprendre. Il n’était pas certain de comprendre correctement ce qu’étaient ces crises, même si le descriptif des sensations qu’elle avait ressenties lui communiquait sans peine le sentiment d’oppression, d’étouffement… Il voulut rétablir le contact entre eux, mais resta immobile, continuant d’écouter, le regard préoccupé et fixé uniquement sur elle. Il voyait bien qu’elle faisait de son mieux pour lui expliquer, qu’elle était mal à l’aise. Il le voyait à la façon dont elle se déroba à son contact, aux ombres d’émotions qui jouaient sur son visage.
Lorsqu’elle eut fini, un silence s’invita entre eux. Mais il lui semblait avoir compris en gros l’idée, de ce que signifiait concrètement une de ces crises.
Restait le plus important.
« Si ça se reproduit… Qu’est-ce que je dois faire ? »
Le choix de vocabulaire n’était peut-être pas judicieux, aussi il se corrigea aussitôt :
« Qu’est-ce que je peux faire ? »
Peut-être parce qu'il anticipait un peu trop, il ajouta, au cas où elle veuille lui dire qu'elle était suffisamment forte pour se débrouiller seule :
« Parce que- Je pars pas en te laissant au milieu d’une foule alors qu’il y a un risque que ce soit le début d’un attentat. Je rentre pas chez moi en priant pour que tu m’appelles… J'abandonnerais jamais ma petite amie au milieu d'un merdier pareil. Jamais. Surtout si... si tu es piégée dans une de ces crises. » |
| | | Amelia Bones COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 688 | AVATARS / CRÉDITS : Sophie Turner /bambieeyes/magma signature | SANG : Rouge sang
| Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia Mer 2 Sep 2020 - 17:04 | |
| Elle avait voulu savoir... réellement, mais ignorait ce qu'elle devait penser de cette réponse. Cela rejoignait ce qu'elle avait soupçonné. Il avait cru qu'elle ne l'aimait pas... ou pas assez. Elle n'avait jamais eu cette impression et ne s'était jamais demandé cela. Elle n'était pas quelqu'un d'expressif, pas vraiment. Il l'était bien davantage qu'elle, elle n'en doutait pas une seconde. Mais elle avait pensé que tout ce qui rendait spécial cette relation pour elle était suffisant pour qu'il ne se demande jamais cela... Mais peut-être pas. Pourtant, elle n'avait rien d'autre à donner que ce qu'elle lui offrait déjà. “ Je vois. ” Souffla-t-elle simplement. Dans un sens, oui, elle avait réagi par instinct. L'instinct qui avait été le sien durant une crise de panique. Un instinct déréglé en quelque sorte. Elle n'était pas déçue ou blessée ni vraiment surprise. Cela ne la rendait pas indifférente non plus. mais ô grand jamais, elle ne voudrait le "rassurer" davantage. Parce qu'elle l'avait déjà fait. Elle s'était déjà expliqué. Et deux fois plutôt qu'une. Elle lui adressa un sourire en toute réponse. Il n'était donc pas désolé de la manière dont il lui avait parlé ? Parce que c'était pourtant ça la clef du problème. Les mots qu'il avait prononcé à son égard comme pour l'accuser d'un crime abject. Elle s'était sentie mal. “ Ce n'est pas... ” Commença-t-elle sans s'en rendre compte. Mais elle eut l'intelligence de s'arrêter en court de route plutôt que de formuler une bêtise grosse comme une maison. “ Ce n'est pas cette raison pour laquelle j'ai été blessée. Tes sentiments, je veux dire. ” Reprit-elle d'une voix douce. Elle n'avait pas envie de le braquer. Mais ne devait-il pas comprendre ce que cela signifiait ? Le nœud du problème, c'était ce qu'il avait dit. Les mots qui dansaient encore dans son esprit comme pour lui signaler qu'elle faisait une bêtise, qu'elle était stupide de se laisser avoir aussi facilement. Parce que franchement, elle se sentait mal et stupide. Comme elle ne l'avait jamais été auparavant. Peut-être que l'amour apportait également son lot de difficultés et de souffrance dans le processus. Mais finalement, elle reprit la parole : “ Tu n'as pas à être désolé pour ce que tu as ressenti, c'est humain. ” Elle avait eu des doutes elle-aussi mais pas sur lui, plutôt sur elle. Notamment pour savoir si elle était vraiment faite pour être en couple. Elle n'avait pas considéré cela comme une faute, pas vraiment.
Ce qu'elle éprouvait à ce moment-là, en lui résumant ses émotions durant une crise de panique ? Malaise, gêne, embarras. Rien qu'elle ne connaissait pas déjà. Mais ce sujet en particulier lui évoquait certains des pires moments de sa vie, dont l'agression des lutins de Cornouailles qui avait provoqué tout cela. “ Si cela peut te rassurer, je ne compte pas me mêler à ce genre d’événements avant longtemps. Avec la rentrée, je compte surtout travailler. ” Dans un premier temps, elle n'avait pas voulu se joindre à cette festivité... Elle préférait les soirées entre amies, ou avec son copain. Des repas tranquilles entre cinq ou six personnes au maximum. Pas qu'elle soit particulièrement introvertie, mais elle aimait sa tranquillité également. Ne pas être bousculée dans tous les sens. Ne pas entendre des cris dans ses oreilles toutes les deux secondes. Bref une petite soirée entre personnes qui se connaissaient et avaient prévu de la passer ensemble. “ Ce que tu as fait hier, c'est précisément ce qu'il faut faire. Ne pas me brusquer et laisser la crise passer. Je connais des exercices de respiration et de relaxation. Mais tu ne peux les faire pour moi. ” Il existait de nombreuses méthodes. Il lui fallait surtout de l'air pour respirer, de l'espace. Elle ne pouvait pas empêcher les crises ou les éviter. Elles arrivaient brusquement. Elle avait appris à essayer de se calmer quand elle sentait le stress monter. Mais une crise de panique, c'était quand-même différent. “ S'il y avait un remède miracle, crois moi, j'en sauterais de joie. ” Il n'y avait pas de potion anti crise de panique. Certaines lui permettaient de dormir plus facilement, sans se réveiller cinq fois la nuit et sans insomnies. Et elle savait les composer. Cependant, il ne fallait pas trop attendre de la médicomagie... jamais. |
| | | | Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia Jeu 3 Sep 2020 - 13:20 | |
| Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Il ne comprit pas ce qu’elle sous-entendait. Elle était à nouveau en contrôle, tendre. La colère avait déserté les yeux clairs, et elle paraissait avoir réussi à dominer l’assaut de sentiments qui l’avait étreinte. Fatiguée, certes, elle l’était encore. Mais elle était là, elle ne fuyait pas, ne fuyait plus. Il lui semblait que le lien était revenu, plus fort qu’auparavant. Il lui semblait avoir compris une part du mystère qu’était sa petite amie, avoir levé une partie du voile qui l’entourait parfois. Elle était à nouveau à portée. S’il avait eu une sensibilité autre, peut-être se serait-il questionné sur cette phrase. Sur la raison véritable pour laquelle elle avait été blessée. Peut-être aurait-il été curieux de savoir ce qu’elle avait voulu dire avant de s’interrompre. Peut-être se serait-il interrogé et serait-il parvenu aux conclusions correctes. Néanmoins, en cet instant, elle avait renoncé à exprimer ce qui lui avait broyé le cœur. Et le jeune homme, rassuré, se concentra sur l’après, sur le reste de la route à parcourir, sur les obstacles qui restaient à franchir. Les actions à mettre en place. Savoir qu’elle ne comptait pas participer à ce genre d’événements à l’avenir lui laissa une impression ambivalente. Il hocha la tête, comprenant totalement qu’il s’agissait de la solution la plus raisonnable dans le climat actuel, la plus stratégique pour leur avenir professionnel. Et en même temps… Il ne voulait pas non plus qu’ils s’enferment dans une tour d’ivoire. « Peut-être de temps en temps, dans des rassemblements qui présentent moins de risques ? Des moments plus rares mais bien choisis ? »Il faillit ajouter « et en restant ensemble », parce que c’était un fait, à deux, ils s’en sortiraient mieux que séparés, en cas d’attaque. Mais il lui restait un semblant d’instinct de préservation de son couple, apparemment. C’était ce même instinct de protection qui lui fit éprouver de la frustration sans qu'il l'exprime, à l'écoute de sa réponse. Comment accepter d’être un simple témoin impuissant, attendant que passe la crise, alors qu’elle aurait besoin de lui ? Ça allait à l’encontre de ce qu’il voulait être pour elle, de ce qu’il voulait être en général. Pourtant... si elle lui disait qu'il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre, il n'y avait pas grand chose d'autre à dire. Il hocha la tête, lui adressant un sourire piteux, dissimulant comme il pouvait sa déception. « Je serai là, alors. J'attendrai, mais... mais je serai là. Pour le moment où la crise sera passée. »A défaut de pouvoir faire quelque chose de concret pour aider... Et cette fois, ce fut lui qui lui tendit la main, un geste simple et silencieux, comme une confirmation physique que le monde s'était remis à tourner normalement. Quand la main d'Amelia fut logée dans la sienne, il sentit le monde se réchauffer un peu, reprendre de sa substance, de ses couleurs. « ....On s'en souviendra, de ce festival, hein? »C'était une tentative nulle de faire une plaisanterie, de détendre l'atmosphère. Le sourire qui l'accompagna était triste, piteux. Mais il le pensait : il n'était pas près d'oublier les différents moments qu'ils avaient passé au premier festival de musique de sa vie. Est-ce que tous les moments de ce genre recelaient les mêmes ascenseurs émotionnels et péripéties grandioses? L'avenir le dirait. - Citation :
- Eeeeet d'un commun accord, cette scène s'arrête ici
|
| | | | Sujet: Re: D'invisibles barrières - Amelia | |
| |
| | | | D'invisibles barrières - Amelia | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |